élections - Page 308
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Têtes à clash #6 : Retour sur la présidentielle
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Tractage FN à Saint Chamond (42) : "Les allocs j'en profite grave"
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Marion Maréchal : « La question identitaire permet de transcender les clivages »
Marion Maréchal-Le Pen a accordé un long entretien à Valeurs actuelles, qui doit être lu dans son intégralité. L’hebdomadaire l’appelle son « testament politique ». Il aurait pu être titré Messages d’espoir. Nous en avons extrait ces passages.
V. A. : François Fillon s’adressait à la droite traditionnelle, Marine Le Pen a séduit les classes populaires. Tous deux ont perdu cette élection présidentielle. Est-il possible de réconcilier ces deux électorats ?
MMLP : Je pense que la stratégie victorieuse réside dans l’alliance de la bourgeoisie conservatrice et des classes populaires. C’était la synergie qu’avait réussie Nicolas Sarkozy en 2007. Indéniablement, il y a des gagnants et des perdants de la mondialisation, une fracture territoriale, une France périphérique, une fracture mondialistes-patriotes, mais je crois que la droite traditionnelle et les classes populaires ont un souci commun, c’est celui de leur identité. Pas l’identité comme un folklore artificiel ou comme un musée qu’on dépoussière, mais comme un ciment social.
L’identité, c’est ce qui nous donne le sentiment d’être un peuple, en dépit de lieux de vie différents, de modes de vie différents. Et ce ciment social a été brisé à plusieurs égards. L’enjeu essentiel de civilisation, à mon sens, est de savoir comment conserver, protéger, transmettre et vivifier ce ciment social. C’est là qu’intervient la question de l’école, de la transmission, de la culture, de nos traditions, de notre patrimoine, d’un certain mode de vie.
Le philosophe François-Xavier Bellamy dit que l’avantage de la culture, c’est que c’est le seul bien qui se partage indéfiniment sans jamais léser personne.Si on s’attache à la transmission et à la vivification de la France, nation littéraire, nation philosophique, nation historique, à partir de là, on peut défendre ce ciment social et sauver le pays des fractures qui l’attendent.
V.A. : La question identitaire unifierait donc toutes les droites ?
MMLP : La question identitaire permet de transcender les clivages. Elle comporte une dimension abstraite, c’est vrai, avec des symboles, la Marseillaise, la devise, notre patrimoine républicain, et une dimension charnelle, notre terre, notre terroir, notre gastronomie, la pierre locale avec laquelle on construit sa maison. Ces deux dimensions sont complémentaires.
Pour parler de stratégie, le souci commun de l’électorat de la droite conservatrice et de la France périphérique, qui n’ont pas le même rapport à la mondialisation, c’est le souci de la transmission de leur patrimoine matériel et immatériel. À partir de ce constat, on peut imaginer des passerelles pour les rassembler et apporter des réponses en commun.
V.A. : Mais le programme très libéral de Fillon était un repoussoir pour les classes populaires, et la sortie de l’euro de Marine Le Pen effraie la droite…
MMLP : Voilà pourquoi je parle de passerelles. Quand une partie de la France conservatrice défend le mariage et la filiation, elle défend aussi une partie de l’identité française avec une certaine idée des rapports humains basée sur le bien commun et l’intérêt du plus faible plutôt que sur la jouissance et l’envie de l’individu dans une liberté sans limite.
C’est donc un combat identitaire, qui peut rejoindre le combat identitaire des classes populaires plus axé sur les questions liées à l’immigration et au multiculturalisme. Bien sûr, il peut y avoir des divergences économiques, mais les moteurs de vote sont essentiellement spirituel, culturel et identitaire : les masses ne bougent pas autour de l’économie.
Ce qui relie ces deux électorats, c’est donc le conservatisme. Il peut s’agir de conservation de l’identité, d’un mode de vie, mais aussi du patrimoine, des entreprises, d’un modèle économique à défendre en régulant la mondialisation.
V.A. : Vous revendiquez-vous conservatrice ?
MMLP : Oui, car je défends la conservation de ce qui est beau et juste dans notre histoire, je souhaite conserver les leçons de nos expériences passées ainsi qu’une certaine vision de l’homme, de sa dignité, du refus de sa marchandisation, d’ailleurs partagée par une majorité de Français.
Extrait d’un entretien avec Marion Maréchal-Le Pen paru dans Valeurs actuelles
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Au bonheur des vestes retournées
La nomination d'Édouard Philippe comme Premier ministre ce 15 mai a aussitôt donné lieu à une réaction alambiquée de son mentor Juppé. Ce petit événement confirme à sa manière le projet présidentiel. Faussement réconciliateur il s'inscrit en fait dans une continuité assez repérable.
Il ne s'agit pas seulement de la volonté des derniers survivants de la démocratie chrétienne et des rogatons barbus de nos plus anciens partis de revenir aux régimes des IIIe et IVe république.
Il s'agit plutôt d'une conjonction, que certains nomment énarchie, d'hommes issus de la même école technocratique tous désireux de gommer le rôle des élus. Cette identité de formation et de réseau, à Matignon et à l'Élysée, s'est rencontrée 3 fois en 59 ans de Ve république, 6 ans de gouvernement en tout : Giscard-Chirac entre 1974 et 1976, Chirac-Juppé entre 1995 et 1997, Chirac-Villepin entre 2005 et 2007. Aucun de ces attelages n'a laissé le souvenir d'une réussite.
Dans cette réitération de l'expérience, tant le Premier ministre, que l'équipe de "compétences" dont il affirme vouloir s'entourer, resteront sur un siège éjectable jusqu'au 18 juin, date du second tour des élections législatives.
Certes ces gens peuvent l'emporter, car l'impopularité reste un plat qui ne se mijote généralement pas en 24 heures. Mais ils peuvent aussi perdre car trop de problèmes non résolus les assaillent, trop de promesses incertaines les alourdissent, trop de revirements cocasses ternissent leur crédibilité.
On a charcuté maintes fois la constitution de 1958, mais son article 24, à peine modifié en 2008 (1)⇓, dispose toujours que le parlement "vote la loi" et qu'il contrôle l'action du gouvernement."
C'est donc bien la composition des deux assemblées qui jouera un rôle décisif.
On présente en effet le nouveau chef du gouvernement comme un fils spirituel de Juppé, désormais au service de Macron. Cette petite famille s'étiquette elle-même de droite. Or, elle ne manifeste pratiquement rien de commun avec les références culturelles auxquelles on associe la droite. Ceci souligne aussi à quel point la gauche est démonétisée : autrefois tout le monde voulait être considéré comme "de gauche", aujourd'hui en dehors de Mélenchon et du parti communiste, on dirait que ce voisinage sent le poisson.
Juppé, sur BFMTV, souhaite donc "bonne chance" au nouveau premier ministre Édouard Philippe. "C'est un maire apprécié par la population de sa ville. C'est aussi un député qui connaît parfaitement les rouages" du pouvoir. "Je lui souhaite évidemment bonne chance. Cela dit, nous entrons maintenant dans une séquence nouvelle de la vie politique."
Sur cette séquence Juppé "le meilleur d'entre nous" – Chirac dixit : ce "nous" s'appliquait aux chiraquiens… – reste encore assez évasif.
Il affirme en effet qu'il soutiendra, pour sa part, "les candidats investis par LR et UDI". Le Juppé considère que c'est "à la lumière du résultat de ces législatives et des initiatives que le président de la République prendra" qu'il conviendra aux Républicains de fixer leur ligne. "Si la droite n'est pas majoritaire à l'Assemblée nationale, les citoyens ne comprendraient pas que nous soyons" dans une attitude de blocage, a-t-il lâché.
Attention, avant de prendre parti choisissons bine le camp du vainqueur, telle reste la formule prudentielle de ces gens qui ne finissent jamais les batailles dans le camp où ils les ont commencées, à moins d'avoir eu le temps de trahir deux fois.
Dois-je cependant l'avouer ? Leurs ralliements opportunistes me semblent prometteurs d'un débarras que l'on pourrait souhaiter plus généralisé encore. La combinaison, certainement très calculée, qui déterminera la formation du cabinet, qu'on doit nous annoncer ce 16 mai dans la journée, ne nous donnera qu'un aperçu de la manœuvre générale, pour une raison toute simple : les portefeuilles ministériels, étant promis pour demeurer peu nombreux, même si les ralliés se bousculaient en nombre au portillon du macronisme, beaucoup resteront dans l'antichambre du pouvoir et on se contentera de sourire de leurs professions de foi à géométrie variable.
La machine à identifier les impurs opportunistes en stigmatisant les ralliements restera sans doute à parfaire. Au peuple français, sur ce point, de se fier à son instinct. Il les sentira, nous devons l'espérer, comme les chevaux qui rejettent les mauvais cavaliers.
JG Malliarakis
Apostilles
(1) Issu de la réforme sarkozienne, le texte toiletté précise désormais le nombre de sénateurs qui ne peut excéder 348 et celui des députés qui reste limité à 577 soit un total de 925, pour parler au nom de 67 millions d'habitants, et il ouvre aux représentants des Français de l'Étranger, qui ne figuraient qu'au sénat, la voie de l'assemblée nationale.
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Leur plan si Marine Le Pen avait gagné : ils seraient restés en place !
Hollande et sa clique étaient prêts à jeter le pays dans la guerre civile pour justifier leur refus de la démocratie.
C’est L’Obs, dans sa dernière livraison, qui révèle le plan inouï concocté par le gouvernement sortant en cas de victoire de Marine Le Pen aux présidentielles, ce qui, à l’évidence, était réellement envisagé comme possible. Ce « Plan de sauvetage de la République », c’était tout simplement de… rester en place contre le choix des urnes !
Rien de ce plan ne fut écrit, bien sûr, mais tout était « fin prêt », assure L’Obs :
« Son déroulé était si précisément envisagé qu’une poignée de membres du gouvernement, de directeurs de cabinet et de très hauts responsables de l’État peuvent encore le décrire de tête, étape par étape. »
Au prétexte que « des remontées d’informations faisaient craindre des troubles majeurs à l’ordre public si elle [Marine Le Pen] était élue » – ce qu’on peut, en effet, supposer vu l’aperçu qui nous fut servi en 2002, et surtout vu la manière dont ce gouvernement laisse prospérer les Black Blocs depuis cinq ans –, on craignait que le pays ne bascule « dans le chaos ». Des notes confidentielles de la DCSP remontées au sommet de l’État annonçaient, dès la mi-avril, que « des mouvements d’extrême gauche, plus ou moins implantés, chercher[aient] sans nul doute à organiser des manifestations dont certaines pourraient entraîner des troubles sérieux ».
On fera remarquer ici que, nonobstant ces mises en garde, l’arrivée de Marine Le Pen au second tour a suscité quelques manifestations houleuses qu’on s’est bien gardé de réprimer. Au point que le ministère de l’Intérieur s’est, paraît-il, inquiété des remontées du terrain, le responsable du syndicat UNSA Police ayant, le 4 mai, « dénoncé “la frilosité de certains responsables” qui empêchent d’utiliser “les moyens mis à disposition des unités spéciales dans le maintien de l’ordre” ».
L’ordre venu d’en haut était donc de laisser faire les casseurs pour mieux faire prendre la mayonnaise, histoire de donner aux électeurs encore indécis un aperçu de ce « chaos » qui ne manquerait pas de mettre le pays à terre.
Face à ce scénario catastrophe, pas question de changer de ministre de l’Intérieur pour confier la sécurité à un autre, « éventuellement inexpérimenté ». Mais sans doute faut-il comprendre ici « partisan de l’autorité ». Si bien que nos guignols, voyant avec angoisse arriver la date fatidique du 7 mai et la possible victoire de Marine Le Pen, ont ainsi planifié la suite :
« Dans cette configuration, une passation de pouvoir aurait bien eu lieu entre François Hollande et Marine Le Pen, mais Bernard Cazeneuve serait donc resté à Matignon. »
En effet, « la démission du gouvernement après l’élection présidentielle n’est pas une obligation constitutionnelle ». D’autant, rappelle un professeur de droit, que « la Constitution fait qu’un Président élu ne peut agir que s’il possède une majorité personnelle à l’Assemblée, donc après le résultat des législatives ».
Cramponnés à leurs fauteuils, le Premier ministre Cazeneuve et son gouvernement auraient ainsi contraint Marine Le Pen à une « cohabitation forcée » jusqu’aux nouvelles législatives programmées les 11 et 18 juin. « Le pays aurait été à l’arrêt. Le gouvernement n’aurait eu qu’une seule priorité : assurer la sécurité de l’État. »
Une fiction, ce scénario ?
C’est, bien sûr, ce que prétendent aujourd’hui les intéressés, mais L’Obs assure avoir « recoupé les éléments auprès de trois sources, au sein du gouvernement sortant et d’institutions de l’État ». Le magazine rappelle, en outre, que Challenges avait révélé, dès le 30 mars, que « Bernard Cazeneuve confiait à ses visiteurs qu’il n’avait “aucunement l’intention de déserter le front de Matignon, au cas où Marine Le Pen emporterait la présidentielle” ».
En langage simple : Hollande et sa clique étaient prêts à jeter le pays dans la guerre civile pour justifier leur refus de la démocratie. Au nom, comme ils disent, « des valeurs de la République »…
http://www.bvoltaire.fr/plan-marine-pen-avait-gagne-seraient-restes-place/
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La chanson du mal élu
Il existe évidemment deux thèses très différentes à propos du resultat de l'élection présidentielle.
Pour les uns, M. Macron a été triomphalement plébiscité par 66,6 % des Français, séduits par sa jeunesse, par sa nouveauté, par son élan réformateur. C'est probablement ce que voudraient croire certains opérateurs à la hausse sur les marchés financiers.
Vu de Shanghaï ou de Doha on peut en effet, d'ailleurs, se représenter ainsi la situation de la France.
L'autre thèse extrême, à l'inverse, se fonde d'abord sur les résultats chiffrés les plus officiels.
Ceux-ci sonnent d'une manière légèrement différente quand on les observe dans le détail. Le 23 avril, certes, au soir du premier tour, le candidat Macron arrivait en tête. Mais il ne recueillait sur son nom que le quart des suffrages exprimés.
Pour le second tour, sa victoire, ou plutôt la déroute de sa très incompétente rivale, se peut observer à partir de nombreux autres clignotants chiffrés. Outre les 10,6 millions d'abstentions, 25 % des inscrits, 3 millions de votes blancs, un million de votes nuls, contre 950 000 blancs et nuls du premier tour : cela veut bien dire qu'au-delà du prétendu choix rhétorique entre "diabolisation" et "dédiabolisation", étiquetage usé jusqu'à la corde, il reste une très forte réserve pour l'opposition nouvelle, celle qui a commencé le 8 mai au matin.
Ceci sanctionne notamment l'erreur stratégie majeure de son adversaire et de ses conseillers. Ces immatures et arrogants petits oligarques, se prétendant les aruspices d'un "peuple" dont ils osent interpréter les entrailles, sans en avoir jamais partagé la vie professionnelle ou familiale, avaient voulu à tout prix transformer le second tour en un choix binaire à la mesure de leur sectarisme.
À les entendre, il fallait se prononcer pour ou contre l'Europe, – identifiée à ses institutions, celles de l'union européenne, – et à sa monnaie, l'Euro. Les Français dans ce qui leur reste de bon sens, de vision de l'avenir et de connaissance du grand passé de leurs ancêtres francs, burgondes ou gallo-romains ont répondu en corrigeant le tir de 2005 : oui, ceux qui ont voté pour l'Europe, pour ce que représente le programme Erasmus, pour l'entente franco-allemande – appelons les choses par leur nom – ont été deux fois plus nombreux que ceux qui se sont laissés prendre aux vieilles lamentations soi-disant "patriotes", "résistantes", "souverainistes", etc. Toutes les études sérieuses démontraient qu'à froid nos compatriotes rejettent ce refrain hideux dans une proportion située entre 65 et 70 %, et ce jour-là on ne s'étonnera donc pas d'un taux de 66 %.
Ayant moi-même déposé dans l'urne du 7 mai un bulletin identique à celui du 23 avril, et comptabilisé comme "nul" par les scrutateurs, je ne cherche pas à chanter victoire. Je n'y vois pas nécessairement la revanche de Robert Brasillach et de Drieu La Rochelle. Je constate.
Dans Figarovox Ivan Rioufol qualifie "l'élection de Macron", de "farce démocratique". (1)⇓ Sans chercher à contredire ici ce chroniqueur de qualité, sans mobiliser Platon et Aristote, n'y a-t-il pas au moins une petite part de pléonasme dans l'expression "farce démocratique" ?
Les conséquences en ont commencé à s'observer dès cette semaine. Tout le monde semble avoir perdu la tête dans tous les partis, y compris les deux partis vainqueurs, la République en marche et le Modem, qui se révèlent déjà cafouilleux s'agissant de présenter aux électeurs les heureux investis porteurs de leur casaque dans 450 circonscriptions législatives sur 577.
Certains y voient déjà le retour aux délices des IIIe et IVe républiques.
Reste pourtant en place ce que l'on considère, depuis la réforme de 1962, comme la clef de voûte de l'édifice du régime, l'élection du p. de la r. au suffrage universel. Mécanisme désormais désuet, cette forme perverse de l'électoralisme n'en constitue plus la sauvegarde, il risque bientôt d'en être considéré comme la tare.
JG Malliarakis
Apostilles
- Le Figaro édition du 12 mai. ⇑
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Vraies et fausses victoires
En ce 8 mai, anniversaire tant soit peu factice d'une victoire à laquelle les armées de la France n'avaient guère participé, (1)⇓ chaque citoyen conscient devait et pouvait s'interroger.
Doit-on considérer que le nouveau président bénéficie d'un soutien populaire massif de 66 % des Français ou, au contraire, qu'il fait figure de dirigeant le plus mal élu de l'Histoire de la cinquième république ?
Ceux qui ne s'en seraient pas rendu compte à l'avance doivent, certes, savoir que l'on est entré dans une nouvelle époque et que celle-ci semble caractérisée par la post-vérité, autant dire par le mensonge. Y voir seulement le produit d'un sordide complot relève de la dérision et du fantasme.
Nous nous trouvons en présence de la victoire d'un candidat résiduel. Nous avons aussi assisté à la défaite, indiscutable, de celle dont on annonçait la présence au second tour comme inéluctable, l'ascension comme irrésistible, la popularité comme invincible. Quand on donne le résultat en pourcentages, 66 % contre 34 % cela ne se discute même plus, 32 points de différence cela peut sembler définitif. Sans appel.
De nombreux superlatifs s'imposent en effet au lendemain de ce second tour du scrutin présidentiel : à 39 ans on le désigne comme le plus jeune dirigeant d'une démocratie. Cela revient un peu partout. À son âge, il est vrai, Bonaparte ne porta jamais, en son 35e printemps que le modeste titre d'empereur, après avoir été institué premier consul à 30 ans. Et l'horrible Kim Jong-un à la tête de la Corée du Nord, fêtant son 34e anniversaire est trop rarement loué pour sa précocité.
Mais au bout du compte, l'avènement du successeur et continuateur de François Hollande pourrait être observé de divers autres points de vue, moins transitoires et anecdotiques que l'âge du capitaine.
Mettons dès lors les pieds dans le plat.
Sans chercher à accabler les perdants de ce second tour, soulignons qu'ils n'ont pas démérité la sanction du suffrage universel.
Les Gaulois disaient et pensaient : Malheur aux vaincus. Injuste et cruel direz-vous ?
On observera quand même la persistance stratégique desdits vaincus dans une erreur remontant au moins à 2002, tout sauf innocente. Perseverare diabolicum.
Sans doute s'agissait-il, à l'époque, de répondre du tac au tac, à la stratégie suicidaire imposée à droite par les chiraquiens à partir de 1998, refusant toute alliance, en toutes circonstances, avec les élus du front.(2)⇓
Mais, depuis, l'absurdité symétrique, exactement aussi sectaire, a pris corps et il suffit d'écouter 10 minutes, car au-delà c'est trop, le discours autosatisfait d'un Philippot pour le comprendre.
Acharnés à détruire la droite classique, dans l'espoir, sans doute un peu vain, de la supplanter, les dirigeants, les inspirateurs, les manipulateurs et les conseilleurs de ces campagnes ont constamment cherché à récupérer pour eux-mêmes les électorats supposés "chevénementistes", "souverainistes", et pourquoi pas "gaullistes"(3)⇓, qualifiés pour la circonstance de "patriotes". Un concept trop connu : dans le passé il a désigné, sous la Terreur jacobine, entre 1792 et 1795, les braves gens qui noyaient les Nantais dans la Loire et s'employaient à exterminer les Vendéens. En 1944-1945 il a servi à exalter les hommes de main du parti communiste.
Le référendum de 2005 les aura induits dans cette impasse, alors qu'ils y servirent surtout à une campagne de gauche : les "non" de 2005 venaient aux 2/3 de la tendance du parti socialiste qui misait sur la défaite des chiraquiens. Seulement le 1/3 restant venait de la droite. Croyant dès lors, proclamant même avec jubilation, à partir de cette date que "l'Europe de Jean Monnet est morte" tout ceci pour le plus grand profit de la gauche, ils ont continué tels des zombies leur marche vers l'abîme.
L'outrecuidance, l'incompétence évidente, et par-dessus tout l'ignorance, de la prestation imposée aux spectateurs du débat télévisuel ont achevé d'enfoncer, 12 ans plus tard, le camp qui avait adopté cette grille d'analyse et la stratégie de communication correspondante.
On peut expliquer cela par un affreux complot. On peut aussi y voir l'effet victorieux du coefficient C, auquel les historiens ne pensent jamais assez. C comme bêtise.
JG Malliarakis
Apostilles
- Hormis, bien sûr, la Première armée française et la division Leclerc. Mais, infestée de Français d'Algérie, la Première armée ne témoignait-elle pas, à en croire le nouveau p. d la r., du "crime contre l'Humanité" ? ⇑
- Stratégie que je dénonçai dans mon petit livre "La Droite la plus suicidaire du monde" ⇑
- Rappelons qu'en septembre 1971 la déclaration fondatrice du front national considérait que "le gaullisme a vendu la France en viager au parti communiste". ⇑
http://www.insolent.fr/2017/05/vraies-et-fausses-victoires.html
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Macron et ses alliés centristes veulent faire exploser Les Républicains
FRANCE (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) :
Comme le bulletin de réinformation en rendait compte hier, le nouveau président de la République a nommé Edouard Philippe Premier ministre. Ce dernier est chargé de composer le gouvernement, qui sera nommé aujourd’hui à 15 heures. Edouard Philippe est aussi chargé d’une mission très politique : faire exploser Les Républicains en suscitant le ralliement à Macron d’hommes politiques du centre droit.Philippe à peine nommé à Matignon, une vingtaine d’élus dits de droite ont lancé un appel à la collaboration
Ces élus voient en la nomination d’Edouard Philippe un « acte politique de portée considérable ». Je cite leur communiqué : « Nos familles politiques de la droite et du centre doivent répondre à la main tendue par le président de la République ». Une forme d’impératif catégorique signé, sans surprise, par Nathalie Kosciusko Morizet, Franck Riester, Thierry Solère, ou encore Gérald Darmanin, ancien proche de Nicolas Sarkozy. Si Bruno Le Maire ne figure pas dans les signataires, ses récentes déclarations le placent sur une ligne similaire.
Les Républicains ripostent et rappellent leur singularité
Bernard Accoyer, secrétaire général du parti, a récusé la perspective d’une « coalition gouvernementale ». Il voit dans la nomination d’Edouard Philippe une « décision individuelle ». Il se contente de prendre acte de la nomination sans demander une exclusion du parti.
Sur le fond, le projet politique défendu par François Baroin, chef de file des législatives, a été modifié par rapport à celui du candidat Fillon
De quoi mettre l’accent sur les différences, par exemple sur le plan fiscal : Les Républicains veulent baisser l’impôt sur le revenu, comme le FN, alors que Macron veut augmenter la contribution sociale généralisée. -
Marion Maréchal Le Pen appelle de ses voeux l'union des droites
À 27 ans, Marion Maréchal Le Pen quitte la politique. Elle déclare dans un entretien très intéressant dans Valeurs Actuelles :
"Je pense que la stratégie victorieuse réside dans l’alliance de la bourgeoisie conservatrice et des classes populaires. C’était la synergie qu’avait réussie Nicolas Sarkozy en 2007. Indéniablement, il y a des gagnants et des perdants de la mondialisation, une fracture territoriale, une France périphérique, une fracture mondialistes-patriotes, mais je crois que la droite traditionnelle et les classes populaires ont un souci commun, c’est celui de leur identité. Pas l’identité comme un folklore artificiel ou comme un musée qu’on dépoussière, mais comme un ciment social. L’identité, c’est ce qui nous donne le sentiment d’être un peuple, en dépit de lieux de vie différents, de modes de vie différents. Et ce ciment social a été brisé à plusieurs égards. L’enjeu essentiel de civilisation, à mon sens, est de savoir comment conserver, protéger, transmettre et vivifier ce ciment social. C’est là qu’intervient la question de l’école, de la transmission, de la culture, de nos traditions, de notre patrimoine, d’un certain mode de vie. Le philosophe François-Xavier Bellamy dit que l’avantage de la culture, c’est que c’est le seul bien qui se partage indéfiniment sans jamais léser personne. Si on s’attache à la transmission et à la vivification de la France, nation littéraire, nation philosophique, nation historique, à partir de là, on peut défendre ce ciment social et sauver le pays des fractures qui l’attendent."
Elle a visiblement retenu les leçons métapolitiques de Patrick Buisson (elle déclare se reconnaître dans la "droite Buisson"). Et elle poursuit :
"La question identitaire permet de transcender les clivages. Elle comporte une dimension abstraite, c’est vrai, avec des symboles, la Marseillaise, la devise, notre patrimoine républicain, et une dimension charnelle, notre terre, notre terroir, notre gastronomie, la pierre locale avec laquelle on construit sa maison. Ces deux dimensions sont complémentaires. Pour parler de stratégie, le souci commun de l’électorat de la droite conservatrice et de la France périphérique, qui n’ont pas le même rapport à la mondialisation, c’est le souci de la transmission de leur patrimoine matériel et immatériel. À partir de ce constat, on peut imaginer des passerelles pour les rassembler et apporter des réponses en commun.
Mais le programme très libéral de Fillon était un repoussoir pour les classes populaires, et la sortie de l’euro de Marine Le Pen effraie la droite…
Voilà pourquoi je parle de passerelles. Quand une partie de la France conservatrice défend le mariage et la filiation, elle défend aussi une partie de l’identité française avec une certaine idée des rapports humains basée sur le bien commun et l’intérêt du plus faible plutôt que sur la jouissance et l’envie de l’individu dans une liberté sans limite. C’est donc un combat identitaire, qui peut rejoindre le combat identitaire des classes populaires plus axé sur les questions liées à l’immigration et au multiculturalisme. Bien sûr, il peut y avoir des divergences économiques, mais les moteurs de vote sont essentiellement spirituel, culturel et identitaire : les masses ne bougent pas autour de l’économie. Ce qui relie ces deux électorats, c’est donc le conservatisme. Il peut s’agir de conservation de l’identité, d’un mode de vie, mais aussi du patrimoine, des entreprises, d’un modèle économique à défendre en régulant la mondialisation.
Vous revendiquez-vous conservatrice ?
Oui, car je défends la conservation de ce qui est beau et juste dans notre histoire, je souhaite conserver les leçons de nos expériences passées ainsi qu’une certaine vision de l’homme, de sa dignité, du refus de sa marchandisation, d’ailleurs partagée par une majorité de Français.
Croyez-vous à la persistance du clivage gauche-droite ?
Je pense que les courants de droite et de gauche continuent d’exister et de structurer la vie politique, car il y a des héritages philosophiques, culturels, des références et des logiciels qui continuent d’irriguer la vie politique française. C’est un clivage qui continue d’exister mais qui est inexact dans la structuration actuelle des partis. Pour caricaturer un peu, je reprendrais la phrase de l’historien Ghislain de Diesbach : « Il existe en France actuellement deux grands partis de gauche, dont l’un s’appelle la droite. » Pour être plus exacte, je dirais que les deux grands partis, Les Républicains et le PS, se retrouvent aujourd’hui dans un grand bloc centre droit, centre gauche en accord sur tous les sujets fondamentaux.
L’union des droites reste-t-elle un de vos objectifs ?
Ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui, cette union patriotique que j’appelle de mes vœux n’a pas de sens en prenant en compte les partis actuels : je ne vois pas comment le FN pourrait faire une alliance nationale avec Les Républicains au regard de la façon dont ils gouvernent et du logiciel qui est le leur.
Et au regard du logiciel du FN, qui se situe à gauche sur de nombreux sujets, notamment en économie ?
Ce qui reste possible, c’est l’union des hommes. Il existe aujourd’hui une zone blanche, entre certains courants chez Les Républicains, que je qualifierais de droite nationale conservatrice, Nicolas Dupont-Aignan, ceux qui sortent du champ politique, comme Philippe de Villiers, certains élus et cadres de la droite, et le FN. Dans cette zone blanche, il y a une recomposition à opérer, qui s’apparenterait à l’union de certaines droites. Mais sans doute pas avec cette droite des Républicains, qui est une droite reniée.
Vous avez à de nombreuses reprises cité des personnalités de droite comme Henri Guaino, Jacques Myard, Pierre Lellouche, Alain Marsaud, Éric Ciotti, en disant que pourriez travailler avec eux. Si, demain, Laurent Wauquiez dirige Les Républicains, cela changera-t-il la donne ?
Oui, un profil comme Laurent Wauquiez change la donne. Mais il faut voir ce qu’il fera de ce pouvoir ! Si c’est pour avoir un nouveau Sarkozy, ce n’est pas utile… Laurent Wauquiez est-il sincère ? Je ne sonde pas les cœurs et les reins. Est-il capable de mettre en place des alliances intéressantes ? Seul l’avenir le dira. Ce qui est sûr, c’est que, dans le paysage politique actuel à droite, il fait partie de ceux dont les déclarations laissent penser qu’on aurait des choses à se dire et à faire ensemble, je ne vais pas dire le contraire. Néanmoins, pour être honnête, je ne suis pas certaine que Laurent Wauquiez mènerait spontanément cette politique au conseil régional s’il n’y avait pas un groupe FN aussi fort, devenu incontournable électoralement. La présence du FN contraint la droite à mener une certaine politique et à se remettre en question. La réalité, c’est que la droite a été sous la coupe psychologique de la gauche pendant des années et que le poids du FN la force aujourd’hui à se repositionner.
Pourquoi la tentative de structurer une droite “hors les murs”, à mi-chemin entre Les Républicains et le FN, a-t-elle échoué politiquement ?
Elle ne pouvait marcher que dans l’optique d’être une passerelle entre la droite et le FN, or Les Républicains ne sont pas suffisamment en difficulté électorale pour accepter de bouger. La droite a une clientèle électorale, notamment chez les personnes âgées, qui lui reste très fidèle, lui permettant de survivre, en l’empêchant d’envisager cette recomposition. Les choses seront peut-être différentes dans dix ans. La génération qui vient a déjà mis un bulletin FN dans l’urne, elle est complètement décomplexée, plus du tout sensible à la diabolisation, n’a pas baigné dans le rêve européen et n’a rien à perdre. Dans les dix ans qui viennent, les cartes seront totalement rebattues…
Dans deux quinquennats elle sera toujours plus jeune qu'Emmanuel Macron aujourd'hui....
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Avec le SIEL, Karim Ouchikh entre en résistance contre Macron. Cap sur les législatives : à droite !