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élections - Page 310

  • Macron et ses alliés centristes veulent faire exploser Les Républicains

    (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) :
    Comme le bulletin de réinformation en rendait compte, le nouveau président de la République a nommé Edouard Philippe Premier ministre. Ce dernier est chargé de composer le gouvernement, qui sera nommé aujourd’hui à 15 heures. Edouard Philippe est aussi chargé d’une mission très politique : faire exploser Les Républicains en suscitant le ralliement à Macron d’hommes politiques du centre droit.

    Philippe à peine nommé à Matignon, une vingtaine d’élus dits de droite ont lancé un appel à la collaboration

    Ces élus voient en la nomination d’Edouard Philippe un « acte politique de portée considérable ». Je cite leur communiqué : « Nos familles politiques de la droite et du centre doivent répondre à la main tendue par le président de la République ». Une forme d’impératif catégorique signé, sans surprise, par Nathalie Kosciusko Morizet, Franck Riester, Thierry Solère, ou encore Gérald Darmanin, ancien proche de Nicolas Sarkozy. Si Bruno Le Maire ne figure pas dans les signataires, ses récentes déclarations le placent sur une ligne similaire.

    Les Républicains ripostent et rappellent leur singularité

    Bernard Accoyer, secrétaire général du parti, a récusé la perspective d’une « coalition gouvernementale ». Il voit dans la nomination d’Edouard Philippe une « décision individuelle ». Il se contente de prendre acte de la nomination sans demander une exclusion du parti.

    Sur le fond, le projet politique défendu par François Baroin, chef de file des législatives, a été modifié par rapport à celui du candidat Fillon
    De quoi mettre l’accent sur les différences, par exemple sur le plan fiscal : Les Républicains veulent baisser l’impôt sur le revenu, comme le FN, alors que Macron veut augmenter la contribution sociale généralisée.

    https://fr.novopress.info/page/2/

  • Bienvenue dans la post-démocratie !

    La campagne présidentielle aura vu le débat confisqué par la finance, les médias, la justice. En parallèle, le contrôle social notamment sur internet n’a jamais été aussi fort. Bienvenue en post-démocratie, un régime où l’on donne la parole au peuple, du moment qu’il dit ce qu’on attend de lui.

    La plus folle des campagnes, titrions-nous avec une certaine indulgence en février dernier. Alors que la France vit une crise politique, économique, identitaire sans précédent, jamais en effet campagne électorale n'aura-t-elle été aussi marquée par le hold-up des médias, des politiciens, des juges et des grandes entreprises - bref, du Système que nous évoquions dans notre dossier de mi-mars dernier. Système qui au nom de ses intérêts, aura confisqué le débat public à coups de candidats promus comme on fait pour une marque de lessive 2.0. Il y avait aussi les indésirables, stigmatisés dans des campagnes de presse matraquant des arguments complaisamment « fuites » par des juges partisans, le tout avec le soutien financier de grandes entreprises à la manœuvre pour imposer leur agenda supranational et libéral ou libertaire pour faire passer la pilule.

    Ajoutez à cela l'Europe qui dépouille nos dirigeants de l'essentiel de leurs prérogatives et vous comprendrez que nous ne vivons plus la politique que comme un simulacre. Dans notre « démocratie », les médias centraux sont les gardiens du consensus et tentent de faire taire les voix dissonantes à coups d'accusations de « fake news » et de gloses sur « la post-vérité ».

    La campagne d'Emmanuel Macron aura été à ce titre un cas d'école parfait jusqu'à la caricature. Se présentant devant le peuple, il n'est en fait que le VRP des intérêts de l'oligarchie contre ce même peuple. Et si les puissances de l'argent ont toujours entretenu des liens incestueux avec le pouvoir politique, jamais sans doute cela n'a été à ce point.

    Son programme semble lui être dicté par le MEDEF et ses principaux soutiens sont, dès le début, des chefs d'entreprise, tel Laurent Bigorne, qui dirige l'Institut Montaigne, une très influente officine patronale elle hébergea En Marche ! à son lancement. Citons encore Marc Simoncini, PDG de Meetic ou encore Frédéric Mazzella, PDG de Blablacar. L'assouplissement (euphémisme) du droit social, l'uberisation de la société semblent tout droit sortis de leurs rêves les plus fous. Pas sûr en revanche qu'il corresponde aux intérêts des électeurs, qui sont toutefois sommés d'adhérer à ce programme de « progrès ».

    L'électeur n'a de toute façon guère le choix, puisque les principales mesures économiques de Macron reprennent textuellement les recommandations de la Commission européenne, ce qui a au moins le mérite de la clarté. En effet, près de 80 % des textes législatifs votés en France sont la transcription du droit communautaire en droit français. Autant le dire ce ne sont plus les élus du peuple qui décident des grandes orientations qui les concernent. Et quand on connaît le processus de décision des instances bruxelloises, soumis à la pression constante de lobbies industriels et financiers, on se rend compte que la boucle est bouclée.

    Hormis les candidats qui préconisent la sortie de l'UE, les prétendants à l'Elysée sont donc pour le moins hypocrites quand ils prétendent incarner le « changement », mais les apparences sont sauves et le bon peuple est prié de se mobiliser pour la grande échéance électorale.

    Quand le marketing remplace le débat d'idées

    Une mobilisation qui se fait d'ailleurs de plus en plus sous influence numérique. Si l’on connaît depuis longtemps la puissance du marketing sur Internet et l'impact des réseaux sociaux sur la vie des consommateurs, l'utilisation massive de ces outils dans le champ politique est plus récente. Information, pétitions en ligne, budget ou rédaction de loi participative pour le côté citoyen, ciblage des électeurs, actions de marketing pour les candidats, les « civic techs » ont le vent en poupe.

    Là encore, Macron en fournit un exemple abouti en important en France des méthodes qui ont fait leurs preuves pour Obama en 2012. Avec ses milliers de « marcheurs », il a recueilli des dizaines de milliers de témoignages enregistrés puis passés dans les moulinettes du « Big data », le traitement de masse de l'information.

    Proxem, son prestataire, a ainsi pu non seulement identifier les problèmes concrets que se posent les gens, par catégorie et bassin de population, mais aussi les mots avec lesquels ils expriment leurs préoccupations. Facile alors pour Macron de parler à Quimper avec les mots des pêcheurs et de créer une identification à la « marque ». Facile aussi de présenter un programme aux allures consensuelles, qui semble ratisser aussi bien à droite qu'à gauche, ou plutôt ni à droite ni à gauche, la post-démocratie postulant l'existence d'une vérité politique objective, hors du champ de l'opinion, bref, le gouvernement des experts.

    Les médias traditionnels sont d'ailleurs aussi fervents partisans de cette « vérité objective », qu'ils défendent jalousement contre leurs concurrents alternatifs, coupables de ne pas distiller à longueur de colonnes la pensée unique. Autrefois contre-pouvoir, ils sont en effet maintenant des rouages essentiels de celui-ci, rouages soigneusement huilés à coups de subventions et surtout d'argent privé. La majorité des médias est désormais entre les mains de huit grands groupes industriels et financiers, pour qui ils sont de naturels débouchés publicitaires, mais surtout de formidables outils d'influence.

    « Quand les journalistes m'emmerdent, je prends une participation dans leur canard et ils me foutent la paix », se vantait Xavier Niel, le richissime patron de Free. Avec son concurrent Patrick Drahi, à la tête de SFR, ces deux tycoons des télécoms détiennent ou ont des participations significatives dans Le Monde, L'Obs, Télérama, L'Express, Libération, L'Expansion, RMC, BFMTV, etc.

    Autant de titres qui ont apporté leur soutien plus ou moins visible au candidat En Marche ! Plus de cinquante Une dans la presse écrite (L'Obs mettant encore Macron en tête de gondole la semaine précédant le 1er tour !), sans parler de ses apparitions télévisuelles vantant sa jeunesse, son dynamisme, sa « vision ». Niel et Drahi n'auront pas tellement eu à forcer leurs employés, d'ailleurs, tant Macron est en ligne avec l'idéologie dominante qu'ils défendent tous peu ou prou européisme, libéralisme, attentisme, immigrationnisme, « progressisme » social... En matière de diversité, on aura fait mieux, mais là encore, la post-démocratie s'accommode très bien des 50 nuances de gris de cette forme de pluralité de l'information.

    La loi confisquée par les juges

    Le traitement médiatique des affaires pendant la campagne aura été particulièrement révélateur de ce soutien. Trafic de médailles, déclaration de patrimoine à trous, frais de bouche de Bercy... la litanie des casseroles macronniennes, sitôt sorties dans la presse, sitôt enterrées par des démentis du candidat pris pour argent comptant par nos confrères donne le vertige.

    À l'inverse, pour Fillon, pas une semaine sans que Le Canard ne sorte un nouvel épisode du PenelopeGate, du CostumesGate et pourquoi pas du CaleçonsGate. Il fallait en général moins de 24 heures pour que le moindre rebondissement judiciaire aboutisse dans les médias... et là, le sens critique de nos confrères vis-à-vis de la défense était bien affûté. Même combat d'ailleurs pour Marine Le Pen et ses emplois présumés fictifs au parlement européen.

    La presse n'aurait donc pu discréditer le candidat conservateur, principal obstacle entre Macron et l'Elysée et créer un bruit médiatique propre à annihiler tout débat de fond sans le concours bienveillant de la justice. Celle-ci contribue pour beaucoup à développer la postdémocratie. Les juges nourrissent la presse, bien sûr, mais surtout ils confisquent le pouvoir législatif au peuple. Toute loi votée peut être retoquée par le Conseil constitutionnel, le plus souvent au nom de la Déclaration des droits de l'homme, interprétés de manière discrétionnaire.

    Et au-dessus du Conseil constitutionnel, la Cour européenne des droits de l'homme produit sa jurisprudence abondante et contraignante, qui peut invalider les lois nationales. C'est elle par exemple qui a rendu une série d'arrêts bloquant une bonne partie des reconduites de clandestins à la frontière ou qui a condamné la France pour avoir refusé de transcrire les actes de naissance d'enfants nés d'une GPA à l'étranger, pratique pourtant illégale dans notre pays.

    Richard Dalleau monde&vie  27 avril 2017

  • Sens Commun et François Fillon : sans regret ?

    Lu ici :

    "Pas un mot. François Fillon se fait tout petit depuis sa cuisante défaite au premier tour, le 23 avril dernier. Samedi 20 mai, petit événement puisque un journaliste du Parisien a réussi à obtenir un commentaire de l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy (...) S’il a quelques regrets dans cette campagne, François Fillon vise directement le mouvement qui fait partie de LR, Sens commun. Dans des propos rapportés par un ancien ministre au Parisien, il reconnaît avoir "sûrement fait une connerie" :

    "Par rapport à Sens commun, j’ai sûrement fait une connerie. Je n'aurais pas dû leur donner autant de place dans ma campagne.

    Un sacré revirement de position pour le candidat de la droite à la présidentielle. Et pour cause, une semaine avant le premier tour, il assurait encore qu’il nommerait des membres de Sens commun au gouvernement en cas de victoire. Il avait déjà regretté d'avoir trop "parlé" de cette organisation pendant la dernière semaine de campagne. Mais François Fillon ne l'avait pas aussi fortement mise en cause."

    Ces déclarations vont probablement clore le débat sur l'utilité ou non d'un vote utile...

    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Législatives 2017, Alain Escada s'adresse aux candidats PDF, Civitas et Comités Jeanne

  • Il faut beaucoup d'optimisme pour applaudir

    En dehors de Daniel Cohn-Bendit, fidèle soutien d’Emmanuel Macron, qui n'hésite pas à saluer ce qu'il considère comme un "coup de génie", peu nombreux semblaient en cette après-midi retardataire les enthousiastes du nouveau gouvernement.

    Certes l'équipage ne se compose pas uniquement de gens irrespirables. On répétait depuis plusieurs années, par exemple, et à l'envi, que Le Drian connaissait une solide popularité en milieu militaire. Ceci justifiait, pouvait-on penser, qu'il soit maintenu en poste. Eh bien, non : il ne le désirait pas, dit-on, et sa vision de la défense s'écarte de celle du président, le voici donc aux Affaires étrangères.

    Quant aux armées, elles seront confiées à Mme Goulard dont on croyait savoir la compétence et l'engagement dans les institutions européennes mais, sans préjudice de sa réussite future, dont on ignorait l'intérêt et la compétence pour la chose militaire.

    Finalement les responsables de droite sont restés chez eux, préférant sans doute la proposition hybride de Juppé : je me rallierai, mais après la victoire, et au camp qui l'aura emporté. En bonne chauve souris je trouverai d'excellents arguments prouvant que de toute éternité j'appartiens à cette catégorie politologique qui mérite de s'appeler la droite-gauche : "je suis oiseau voyez mes ailes, je suis souris vivent les rats."

    L’absence d’un ministère dédié officiellement à la famille désole, par exemple, les cercles catholiques. Et elle ne peut pas être considérée comme absolument innocente. (1)⇓

    Mais observons plutôt les ministères effectifs.

    Leur caractère de combinaison typiquement technocratique, de gens, tous ou presque sortis du même moule, et dont les flatteurs vantent la compétence, ne peut échapper à personne.

    Faut-il considérer à cet égard comme une heureuse exception le retour de François Bayrou dans les cercles de pouvoir qu'il avait quittés en 1997, il y a donc 20 ans, après 5 années d'immobilisme à l'Éducation nationale, sous Balladur puis Juppé ?

    En dehors de son honnête désir de combattre les phénomènes de corruption et les "abus de pouvoir" (2)⇓ on peut se demander si la préoccupation actuelle des Français, en matière de politique pénale et pénitentiaire, dont il reçoit la charge, ne requiert pas d'abord un garde des sceaux enterrant radicalement l'ère Taubira.

    Guillaume Tabard dont habituellement nous partageons les conclusions entomologistes relatives à la classe politique, ne nous convainc donc qu'à moitié, quand il écrit : "l'équipe mise en place autour d'Édouard Philippe tourne radicalement la page Hollande." (3)⇓

    Tout dépend en effet de ce qu'on appelle la page François Hollande.

    Pour l'instant par exemple on ne perçoit guère l'intention macronienne novatrice en matière de lutte contre le totalitarisme islamique.

    Hélas, au contraire, dans la foulée de la campagne électorale, on perçoit la même volonté que sous Hollande : celle de ménager l'électorat communautariste, auquel furent vouées tant de déclarations du candidat Macron, parfait héritier sur ce point des pires aspects du hollandisme.

    Oui, véritablement, il faut pas mal d'arrivisme pour se rallier, et beaucoup d'optimisme pour applaudir.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    (1) cf. "Après la nomination du gouvernement" par Tugdual Derville.
    (2) Titre du virulent livre à charge qu'il publia en 2009 contre les années Sarkozy.
    (3) La gauche tonne et la droite marmonne, développe-t-il dans Le Figaro. Et d'ajouter : Mélenchon est énervé et le Medef soulagé. Les réactions politiques à ce premier gouvernement Macron en montrent le centre de gravité idéologique. 

    http://www.insolent.fr/

  • Vers des élections législatives anticipées en Autriche

    FRANCE (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) : Dimanche dernier, Sebastian Kurz (photo), a été désigné à la tête du Parti populaire (ÖVP), au positionnement chrétien-conservateur. Agé de 30 ans, le ministre autrichien des Affaires étrangères a annoncé dans la foulée qu’il mettrait un terme à l’actuel gouvernement de coalition avec les sociaux‑démocrates (SPÖ), ce qui va entraîner la tenue d’élections législatives anticipées à l’automne prochain.

    L’an dernier, l’élection présidentielle avait permis au Parti de la Liberté (FPÖ) de réaliser un score historique de près de 50 % des voix en mai, ramenés à 46 % en octobre.

    Mais Sebastian Kurz veut aller vite et profiter de sa grande popularité. Les sondages lui prêtent chez les électeurs une confiance supérieure à celle de l’actuel chef du gouvernement ou à celle du dirigeant du FPÖ. D’après le chercheur du CNRS Patrick Moreau, Kurz « veut casser le système en profitant de sa jeunesse » : « Il n’a pas d’offre idéologique précise et reste très mobile pour dépasser les clivages traditionnels ».

    Surnommé le Wunderkind, c’est‑à‑dire l’enfant prodige, Kurz est encensé par la presse et apprécié de la population. Il a eu une ascension spectaculaire. Bien qu’il n’ait pas terminé ses études de droit, il était nommé à tout juste 24 ans secrétaire d’État à l’Intégration. Il se sera fait remarquer en travaillant, avec les pays des Balkans, à la fermeture de la frontière aux migrants entre la Macédoine et la Grèce. Il aura été le seul ministre des Affaires étrangères de l’UE à refuser l’adhésion de la Turquie. Enfin, il soutient fermement le chef du gouvernement hongrois Viktor Orban.

    Sebastian Kurz, déjà qualifié par certains de « Macron de droite », pourrait‑il redessiner le paysage politique autrichien ? Sa stratégie sera de séduire les citadins et les musulmans, peu acquis à son parti, afin d’en renouveler les réserves de voix. Malgré tout, avec le système électoral à la proportionnelle intégrale, il devra former des alliances, notamment avec le Parti populiste de droite qui trouve ici l’occasion de revenir au pouvoir. Les derniers sondages donnent les trois principales formations, ÖVP, SPÖ et FPÖ, dans un mouchoir de poche, entre 26 et 28 % des suffrages chacune.

    https://fr.novopress.info/

  • Le FN est-il réformable ? (2/3)

    Voici le deuxième volet d’une étude en 3 volets, rédigée par Philippe Christèle, qui analyse le bilan de la séquence présidentielle et de la performance de la candidate du FN, et pose clairement les points de débat autour de l’annonce de « transformation » du parti annoncée par Marine Le Pen dès le soir de sa défaite.

    L’intérêt du texte est à la fois qu’il dépasse l’analyse purement politique et stratégique pour ajouter un regard technique et managérial ; mais aussi qu’il propose un fil rouge pour la grande recomposition promise.
    Nous le proposons en 3 parties :

    -La nouvelle donne idéologique, l’état des lieux des forces en présence et un bilan de la stratégie présidentielle ;
    -Une méthode pour la remise en cause ; analyse de la capacité du FN à se transformer ;
    -Une analyse de la capacité du FN à se transformer (suite) et des scénarios possibles pour l’avenir.

    Les lecteurs qui le souhaiteront pourront lire l’intégralité de l’article en PDF ICI
    Polémia


    Deuxième partie : Une méthode pour la remise en cause ; analyse de la capacité du FN à se transformer

    4- Les règles d’or de la stratégie : une méthode pour la remise cause annoncée

    La stratégie de conquête d’un corps social doit respecter un minimum de règles intellectuelles, globalement établies sans contestation particulière dans des dizaines d’ouvrages à savoir :

    • D’abord, s’identifier clairement sur son propre projet ;
    • Puis, mobiliser ses soutiens immédiats et les plus proches ;
    • Puis, repérer et identifier les alliés;
    • Entrer en contact avec eux en créant des zones de combat commun lesquelles, pour eux comme pour soi, ne doivent pas remettre en cause le « non négociable » du projet initial ;
    • Créer ainsi la dynamique du « 1+1 = 3 » qui réveille les passifs, embarque les hésitants et organise le rapport de force avec les opposants ;
    • Eviter la stratégie du « saut de l’ange » qui consiste à abandonner une partie de ses fondamentaux pour espérer rallier un autre camp. Elle n’est jamais payante.

    On voit bien d’ailleurs que la question, par exemple, d’un changement de nom n’est qu’une joyeuse péripétie de marketing. Le changement de nom doit s’apprécier en tant qu’il favorise la mise en œuvre d’une stratégie de défense et illustration d’un projet d’abord, puis comme appui dans une stratégie de mouvement vers d’autres alliés ensuite. Traiter le sujet du changement de nom en en faisant une clé d’entrée de la transformation, c’est prendre la question à l’envers.

    Puisque le FN se pose la question de sa refondation, je lui propose donc la méthode de questionnement suivante :

    • Remettre en avant le projet de civilisation : pourquoi se bat-on ? Quel est l’objet de valeur de notre quête commune ? Que veut-on obtenir ? Quelle est la cause exaltante qui doit mériter les efforts et les sacrifices ? Et enfin, qu’est-ce qui nous relie tous ?
    • Etre dans une logique inclusive pour l’ensemble des organismes capables d’unir les énergies. Au sein même du camp national, cultiver les passerelles, les gestes, les têtes de pont, qui permettent de multiplier les « têtes chercheuses » et les contributions pour enrichir le vaisseau amiral. Sortir d’une atmosphère de terrorisme intellectuel et de soumission au politiquement correct. Insuffler une culture de coexistence et de réseau plutôt que d’affrontement et de soumission.
    • Faire l’inventaire lucide du terrain de jeu électoral et se reposer la question des alliés potentiels à l’aune du projet de civilisation qui aura été adopté. Si l’objet de valeur absolue du FN devient l’aboutissement heureux d’une société sans classes ni races, alors les mélenchonistes insoumis deviennent nos alliés naturels. Si le projet du FN consiste à préserver d’abord, pour adapter ensuite, les grandes permanences identitaires, culturelles et sociales d’une France française dans une Europe européenne qui retrouvent les premières places dans la vie du monde, alors notre allié naturel sera ce camp de la droite conservatrice.
    • Créer une dynamique de co-construction en décentralisant profondément la nature de fonctionnement du parti actuel. Ouvrir aux initiatives locales, nécessairement protéiformes, dont les efficacités ne devront toutes être jugées qu’à l’aune du « non négociable » du projet de civilisation porté.

    5- Le FN est-il capable de cette transformation ?

    Si l’équation stratégique est assez simple à comprendre, sa mise en œuvre va se heurter à au moins trois grosses difficultés qui ouvriront nécessairement le doute sur la crédibilité de la transformation annoncée. Ces difficultés, qui sont autant de pièges, tiennent d’abord à la structuration politique personnelle de Marine Le Pen, puis dans ce que révèle l’analyse de sa capacité de dirigeante d’un appareil politique, puis enfin dans la technostructure du FN lui-même.

    • La structuration politique personnelle de Marine Le Pen

    Eric Zemmour l’a déjà dit et c’est vrai : Marine Le Pen n’est pas de droite. Pire que cela, Marine Le Pen déteste la droite. Sans faire de psychologie de comptoir, on peut le comprendre. D’abord, il y a eu la vieille extrême droite française, celle des années 1970, peuplées de survivants plus ou moins exotiques d’un siècle de combats perdus, entre les reliques de l’Action Française, les vétérans du Front de l’Est, les réprouvés de l’Algérie, j’en passe et des meilleurs. Cette population-là a eu table ouverte à Montretout et, pour la petite Marine, elle est synonyme de l’explosion. De l’appartement familial une nuit ; puis de la cellule familiale. Puis il y eut la construction d’une adolescente en opposition à ce monde-là. La tournée des boîtes les plus en vue, la fréquentation des milieux les plus interlopes, les plus choquants aussi pour les amis de papa, nationaux-catholiques en tête, qui en ont rajouté dans la critique de la fêtarde, à juste titre mais accroissant sans cesse le fossé. Puis il y eut la révolte des mégrétistes de 1998. Ils étaient à la fois les plus politisés, les plus structurés et les plus à droite ; ils voulaient aussi des alliances avec la droite molle. Encore et toujours trop de droite. Mais cette épopée mégrétiste, à l’époque, lui a fait très peur par sa capacité à interrompre la transmission d’un héritage économico-politique prévue de longue date. Et puis il y eut enfin ces restes de droite, incarnés, bien que faiblement, par Bruno Gollnish dans la campagne pour la présidence du parti ; puis cette lutte contre papa au nom de la dédiabolisation qui, in fine, s’est surtout traduite par une volonté d’éradiquer et de mettre au pas les survivances politiques de la vieille droite dure.

    Marine n’aime pas la droite et c’est de là aussi que vient son coup de foudre avec Florian Philippot, bien au-delà de la séduction pour un cerveau bien fait et bien rangé. On parle souvent de ce dernier comme d’un gourou qui aurait envoûté Marine Le Pen. C’est assez faux car cette dernière ne se laisse pas envoûter facilement. L’alchimie fonctionne parce que l’émetteur comme le récepteur sont sur la même longueur d’onde. Et il n’a pas déplu, au moins au début, à Marine Le Pen de montrer aux caciques du parti qu’ils pouvaient être avantageusement remplacés par un énarque de gauche et à l’homosexualité assumée.

    Rien de cela ne disqualifie Marine Le Pen a priori. Cette construction politique est la sienne et c’est humainement respectable. Mais elle est profondément dans ses gènes et, s’il était besoin, le débat de l’entre-deux-tours l’a largement démontré. Les points de repère, l’aisance, la jouissance même à porter certaines attaques et la disparition totale d’autres thèmes, la capacité de rebond instinctif sur les slogans de la gauche, la façon dont elle est sortie du débat, persuadée d’avoir fait le job, y compris en ayant parlé aux électeurs de droite en citant sans arrêt la filiation Hollande/Macron, ont montré qu’elle porte ces gènes de gauche au plus profond d’elle-même.

    Saura-t-elle, pourra-t-elle demain accepter la remise en question attendue par tous vers un projet qui soit à la fois plus droitier, plus identitaire et moins économiste ? Le désirera-t-elle ? Pourra-t-elle endosser un nouveau costume, quand bien même elle l’aurait désiré ? Elle seule connaît la réponse.

    • Marine Le Pen comme dirigeante d’une organisation humaine

    Le second élément de personnalité inquiétant tient à la façon dont Marine Le Pen dirige. Comme on le vérifie dans toutes les entreprises et organisations, un dirigeant faible produit une organisation faiblement efficace.
    L’autre paradoxe de Marine Le Pen, à l’opposé (comme souvent !) de l’image qu’elle projette dans le débat public ou que le grand public retient d’elle, c’est que, d’une part, elle a très peu confiance en elle ; et que, d’autre part, elle aime profondément les gens, à mesure d’ailleurs de leurs propres faiblesses et insuffisances.

    Jusqu’au fatal débat, ceux qui ont observé Marine Le Pen lors de cette campagne attestent, à juste titre, d’une certaine présidentialisation du personnage. Cette présidentialisation a d’ailleurs été parfaitement perceptible dans les rencontres internationales (Liban, Tchad, Russie) qui font partie des rares succès indiscutables de cette campagne. Mais s’il y a une dimension sur laquelle Marine Le Pen n’a pas progressé, c’est celle de dirigeante, de chef d’équipe, de « manageuse » de l’équipe de campagne comme de l’équipe dirigeante du parti.

    Or, le mélange entre le manque de confiance en soi – avec pour conséquence la propension à n’avoir autour de soi que des gens de puissance inférieure – et la trop grande affection pour les faibles – qui sont souvent des incompétents – aboutit à un mélange explosif de nullité crasse, de courtisanerie poussée à l’excès et d’absence totale de regard croisé sur les fonctionnements du quotidien. Or, depuis 6 mois, les bévues techniques de l’évanescente direction de campagne (oublions dans cette énumération toutes les erreurs stratégiques de la campagne) ont été spectaculaires. On pourrait citer, en vrac :

    • Les comportements personnels totalement hors-jeu de personnalités du premier cercle, capables de perdre tout contrôle suite à forte absorption d’alcool, voire d’autres substances, au point de ne pouvoir prendre la parole lors d’événements majeurs ;
    • La désorganisation absolue de la production du programme présidentiel : les fameux Horace qui ont tant et tant travaillé pour la candidate et qui, eux, sont tous issus de fonctionnements publics ou privés généralement assez performants, n’en sont toujours pas revenus ;
    • L’incapacité à envoyer la bonne affiche aux bureaux de vote des Français de l’étranger. Le FN a été le seul à ne pouvoir le faire ; même les campagnes Cheminade, Lassalle ou Asselineau y sont parvenues !
    • L’absence totale de traitement, de suivi ou de recherche de mise en contact avec les donateurs qui font un don au plafond ; et plus généralement l’absence totale de stratégie de levée de fonds alors que l’ensemble des partis politiques majeurs ont pris beaucoup d’avance sur le sujet ;
    • L’absence, à deux jours du premier tour, de toute stratégie de campagne de second tour en fonction des divers scénarios possibles ;
    • L’amateurisme de la rédaction du discours de Marine. Ne peut-on trouver personne au FN pour écrire quelques belles pages sur la France et ainsi éviter que les amateurs ou les fainéants qui collationnent des bouts de texte sans en connaître l’origine mettent la candidate en porte-à-faux sur une accusation de plagiat ?
    • Des déplacements de campagne de second tour mal préparés (le fiasco de Reims, qui devait produire les belles dernières images de la campagne ; le déplacement breton post débat sous les œufs – quelle idée d’aller se mettre à 50 km du plus gros nid de militants de gauche à ce moment-là de la campagne ; le ridicule déplacement auprès du confidentiel et non moins ridicule Comité des Africains de France, …) ;
    • La calamiteuse préparation du débat. Au-delà du choix stratégique contestable, c’est la préparation technique qu’il faut incriminer. Pas de répétition physique en offensif, puis en défensif ; pas de stratégie « plan B » en cas d’échec de la stratégie « plan A ».

    La technostructure du FN

    La réalité, c’est que Marine Le Pen garde autour d’elle trois types d’entourage :

    • Des éléments notoirement faibles, incompétents, dépassés par l’enjeu et inorganisés, dont elle est la première à brocarder l’incompétence, voire à réprimander vertement et en public, mais dont elle ne parvient pas à se séparer ;
    • Un cercle familial ou péri-familial qui n’a malheureusement pas beaucoup d’autres lettres de noblesse d’efficacité politique que les liens du sang. Sœurs, beau-frère, conjoints divers, encombrent les accès à la candidate pour des bénéfices plus que discutables ;
    • Un cercle d’affidés qui, pour certains, peuvent être compétents (Florian Philippot) mais ont tous une fragilité, une fêlure intime que Marine connaît et qui les unit, créant ainsi un rapport malsain, au-delà de toute efficacité, de soumission – loyauté qui ne permet pas les remises en cause ou même les analyses les plus rigoureuses.

    Il n’y a aucun secret dans la grande loi des organisations. Le dirigeant a les collaborateurs qu’il mérite. C’est lui qui fixe le niveau d’exigence, le système d’animation, de délégation, de reporting. Organiser cela n’est pas tomber dans une espèce de délire technocratique de l’entreprise privée et, au FN, les marges de progression sont considérables.

    Là encore, la tâche de Marine est immense si elle veut changer les choses, dégager enfin un niveau d’efficacité et de professionnalisme à la hauteur des enjeux et surtout faire de son organisation quelque chose d’attractif pour l’extérieur. Il faut relever l’extraordinaire écart entre la propension du FN, de par son développement électoral, à proposer des postes et la très faible attractivité de ce dernier, qui n’a pris dans ses filets aucune pointure, ni comme tête d’affiche électorale ni comme profil « techno » désireux de se dévouer à la structuration ou l’animation du parti.

    Entre sa structuration politique personnelle et sa capacité de dirigeante d’une organisation humaine, on voit que les enjeux personnels de transformation (de transfiguration ?) de Marine Le Pen sont immenses. Elle a néanmoins trois atouts qui plaident pour elle et pour cette capacité de remise en cause individuelle :

    • Un très fort instinct politique qui lui tient lieu de boussole pour compenser son absence de structuration idéologique. Si elle est lucide sur l’analyse de 2017 et déterminée (pour de bonnes ou de mauvaises raisons, la nature humaine étant ainsi faite) à être de nouveau en première ligne en 2022, elle est capable de profonds changements ;
    • Une très bonne capacité d’écoute. Il y a les leaders qui ne changent pas parce qu’ils n’écoutent ni n’entendent. Ce n’est pas le cas de Marine, qui sait entendre beaucoup de choses. Chez elle, c’est le passage à l’acte qui est souvent perçu comme trop coûteux. Sauf à ce qu’elle considère enfin comme un enjeu de survie pour elle la nécessité d’agir enfin ;
    • Une très grosse capacité de travail. Contrairement à l’image futile et désinvolte de sa jeunesse, la Marine Le Pen d’aujourd’hui est sérieuse, travailleuse et presque monacale. Son image est d’ailleurs la première victime de ce débat horrible où elle a renvoyé une cruelle image d’incompétence et d’impréparation qui ne correspondent pas à la réalité.

    (A suivre)

    Philippe Christèle 16/05/2017

    https://www.polemia.com/le-fn-est-il-reformable-23/