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élections - Page 312

  • Le FN est-il responsable de l'échec de la droite ?

    C'est une idée récurrente à droite, notamment chez Les Républicains, ex-UMP, ex-RPR (mais pas seulement), déçus du retour de la gauche aux affaires qu'elle n'avait pas quitté : le FN empêche l'élection de personnes de droite, c'est une impasse pour nos idées, "cornérisées" par ses excès et son amateurisme (il ne suffit que de songer au dernier débat...). Il freine donc le renouveau de notre pays. 

    C'est notamment l'avis de François-Xavier Bellamy, candidat LR à la législative de Versailles, dans un texte publié avant le second tour (texte habile permettant d'éviter à appeler à voter pour l'un comme pour l'autre des finalistes) :

    "[...] Le Front National apparaît donc pour ce qu’il est : une formidable machine à empêcher le renouveau, et à maintenir en fonction les tenants de la déconstruction. Mme Le Pen avait fait élire François Hollande en 2012, et elle s’apprête à rééditer l’exploit : il aura fallu tout son poids pour réussir aujourd’hui cette incroyable prouesse, que le premier président à avoir été assez impopulaire pour ne même pas oser se représenter soit pourtant remplacé par celui qu’il voit comme son « fils », son double et son héritier. La situation est donc claire : au terme d’une campagne qui n’aurait hélas pas pu lui être plus propice, il est désormais certain que le Front National ne sera jamais qu’une impasse pour les électeurs qui se tournent vers lui. Il les condamne ainsi au désespoir politique. [...]"

    Sur Breizh.info, on trouve ce jour une tribune encore plus radicale, signée d'un collectif "pour en finir avec le Front National", demandant expressément de se désolidariser totalement du FN :

    "Le Front national est un mouvement politique qui stérilise depuis 45 ans les réactions vitales des Français de souche, face au Grand remplacement. [...] Chaque année avec le Front national est une année perdue pour réagir, construire, bloquer l’invasion migratoire. Le constat à en tirer est simple.

    1 – Tout ce qui est susceptible de détruire ce mouvement, de saper sa légitimité, sa crédibilité et celle de ses dirigeants est souhaitable et ce, dés aujourd’hui.

    2 – La disparition ou la minimisation de ce mouvement est la condition préalable à l’apparition de réponses politiques (électorales, militantes, solidaires) capables de porter un sursaut vital avant une mort annoncée irrémédiable si rien n’est fait.

    3 – Chaque personne convaincue de ce constat doit cesser d’apporter toute contribution au Front national. [...]"

    Ces constats, qui peuvent parfois toucher juste au regard des carences réels de ce parti, s'avèrent néanmoins limités, en ce qu'ils font l'impasse sur les multiples trahisons de la droite parlementaire. Ce n'est pourtant pas nouveau. Nous pourrions remonter aux tentatives d'Ivan Blot et Bruno Mégret au début des années 1980 pour tenter d'influencer de l'intérieur le RPR (l'histoire bégaie: ce n'est pas le lieu de revenir ici sur la stratégie déplorable de Sens Commun, critiquée même en interne LR par certains de nos amis) et, n'y parvenant pas, se rabattant vers le FN de Jean-Marie Le Pen.

    A ceux qui se désespèrent de l'élimination de François Fillon, il faut surtout répondre que, au-delà des candidatures de Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen, au-delà des invraisemblables attaques médiatiques que le candidat n'a pas du tout vu venir, François Fillon ne doit son échec qu'à lui-même. En effet, après avoir fait une belle campagne à droite lors des primaires, il a tenté le grand écart, de Bruno Le Maire à Sens Commun, en passant par NKM à qui il a confié sa belle circonscription parisienne, alors que la pauvre risquait de ne pas être réélue dans la sienne. Il lui a manqué moins de 500 000 voix pour être au second tour face à Emmanuel Macron. Nous pouvons tranquillement affirmer qu'il a perdu ses voix à cause de son incohérence, comme lorsqu'il a confié, après la manifestation du Trocadéro, 96 circonscriptions à l'UDI, retirant par la même occasion l'investiture à Xavier Lemoine, le maire PCD de Montfermeil.

    Les électeurs ont vu en effet, et ils ont certainement eu raison, le retour de la trahison sarkozyste. Contrairement à ce qu'écrit injustement François Xavier Bellamy, ce n'est pas Marine Le Pen qui a fait élire François Hollande en 2012, c'est Nicolas Sarkozy. Après sa belle campagne inspirée par Patrick Buisson en 2007 (qui avait permis de vider le FN, réduit à 10% au 1er tour et à moins de 5% aux législatives suivantes), il a terriblement déçu son électorat, avec l'ouverture à gauche et toutes les mesures que nous avions alors dénoncées et sur lesquelles il est inutile de revenir. En 2012, en rejouant une campagne à la Buisson, et malgré sa perte de crédibilité, il a réussi à atteindre 27% dès le 1er tour. Chiffre dont était très loin François Fillon, qui a juste réussi à mobiliser le coeur de l'électorat de droite, celui qui votait péniblement Chirac en 1995 et 2002 : 20%. Et que dire de sa cruauté à l'égard de ses électeurs lorsqu'il a appelé à voter Emmanuel Macron, quelques minutes seulement après l'annonce des résultats ?!

    Qu'en conclure ? Que le FN est fort de la faiblesse et des trahisons de la droite. C'est d'ailleurs ce que ne veulent pas voir les dirigeants actuels du FN, qui cherchent vers Mélenchon des électeurs qui ne se rallieront pas... LR a la main qui tremble alors qu'il lui faudrait se séparer de ses membres qui votent à gauche. Les documents du Macronleaks, dévoilé samedi dernier, laisse entendre qu'Emmanuel Macron avait des taupes au sein même de l'équipe de François Fillon. C'est de bonne guerre, mais c'est tellement facile d'infiltrer une équipe ouverte à tous les vents (sauf au FN)... Le fait que EM ne présente pas de candidats aux législatives face à certains candidats LR classés à gauche devrait mettre la puce à l'oreille de LR quant à l'identité de ces informateurs...

    L'exemple de Nicolas Sarkozy aurait pourtant du être un électrochoc chez LR : c'est lorsque la droite est clairement à droite qu'elle regagne ses électeurs et affaiblit le FN. Encore faut-il qu'elle ne soit pas à droite seulement le temps d'une campagne électorale (voire juste le temps d'une primaire...). En septembre 2016, dans un entretien à Valeurs Actuelles, Patrick Buisson mettait en garde cette droite des trahisons électorales :

    Patrick Buisson n'a pas été entendu. Et il est à craindre qu'il ne le soit pas plus prochainement. C'est dommage. Néanmoins, vous pourrez l'écouter mardi prochain, avec les Eveilleurs d'Espérance à Versailles.

    Il ne sert à rien de croire affaiblir ou éliminer le FN autrement : d'autres s'y sont déjà cassés les dents (Bruno Mégret avec le MNR, Carl Lang avec le PDF...). Au contraire, il est même certainement utile de voter FN, au sens idéologique, car ce vote permet de faire progresser certaines idées portées traditionnellement par ce parti (même si parfois mal défendues) comme la lutte contre l'immigration, la défense de l'identité française, le principe de subsidiarité contre l'Europe de Bruxelles... L'élection n'a pas seulement pour but d'élire une personne à une fonction, elle a aussi pour mérite de défendre des idées et de les faire progresser dans l'opinion. D'où l'intérêt des candidatures dites de témoignage et la profonde nocivité du vote appelé "utile". A méditer pour les législatives...

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Hiérarchiser les priorités, préparer l’avenir

    Floués, manipulés, baladés selon leurs dires par PSA et Renault, Les salariés de l’équipementier GM&S Industry à la Souterraine ( Creuse) menacent de faire sauter leur usine, faute de réponse des ces deux constructeurs automobiles qui bloqueraient les négociations pour la reprise du site en difficulté. François Bayrou lui aussi menace de tout faire péter, s’estimant pareillement cocufié par Emmanuel Macron. Le dirigeant du petit  MoDem dit à qui veut l’entendre que c’est grâce à lui que l’héritier de François Hollande a été élu, et qu’en récompense de ses bons et loyaux services, M. Macron lui avait promis l’investiture de 120 candidats du MoDem (sur les 577). Or à ce jour, seulement … 35 ont été estampillés officiellement sous le sigle La République en marche. M. Bayrou, dont on ne peut croire à la naïveté – « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » selon l’adage chiraco-pasquaïen bien connu- feint aussi de découvrir ce qui se cache derrière la promotion par le parti macroniste de candidats, de femmes et d’hommes neufs, issus de la société civile. En fait fulmine le maire de Pau se confiant à L’Obs,  « C’est une opération recyclage du Parti socialiste. La grande lessiveuse. Je ne laisserai pas faire ça» (sic) . Quel scoop!

    Du cocufiage à la mystification il n’y a qu’un pas, et les macronistes serviront les deux aux Français, n’en doutons pas, dans les années qui viennent. Dans ce registre, L’Express a publié un article laudateur consacré à  la manière dont les informaticiens d’ En Marche! ont su faire face au Macron Leaks, à la divulgation vendredi de 9 gigaoctets de données internes. Notamment grâce au «soutien des Etats-Unis, de  Michael S. Rodgers, le directeur de la NSA, l’agence de sécurité américaine», En effet , « alertées de longue date des risques de hacking (de documents internes (les équipes macronistes) avaient prévu une riposte et aucun document compromettant n’a pour l’instant filtré… » Ah bon?

    « Mounir Mahjoubi, responsable de la campagne numérique »,  explique que «si les cyberattaques n’ont pas été revendiquées, l’identité idéologique des pirates ne fait aucun doute (…): l’extrême droite. Cette attaque est symptomatique de la lutte des conservateurs contre les progressistes (sic). Ce sont des gens d’extrême droite, qui ont tout intérêt à agir de concert, explique-t-il, interrogé par France Inter. A nouveau questionné  jeudi (…) , celui qui est également candidat aux législatives à Paris pointe également les liens de certains de ceux qui ont menacé la campagne, à des Etats comme la Russie. »

    Il semblerait plutôt que les attaques émanent de hackers Américains et si manip il y a eu au cours de cetre campagne,  elle n’est pas imputable à l’extrême droite fantasmée par certains.  Sur le site sputnik (horresco referens!),  Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R),  a donné « sa vision de la provenance des Macron Leaks ».

    « Ce qui fait basculer une élection, c’est une opération de longue date montée, dans laquelle on a la totalité des médias qui vont dans le même sens, donc les journalistes ou les rédactions en chef qui sont payés pour faire des reportages sur les mêmes candidats, alors des très grosses déstabilisations (…).  Les élections françaises finalement semblent bien avoir été une farce gigantesque entre les déstabilisations de François Fillon et l’élection d’Emmanuel Macron ». Et d’ajouter qu’« il est évident (que),  dans le contexte français, le mouvement de Marine Le Pen était ciblé, tout a été fait, mais déjà au niveau national, pour qu’il n’arrive pas au pouvoir ».

    « Il n’y a peut-être même pas une volonté de déstabilisation d’Emmanuel Macron par qui que ce soit, il y a peut-être une volonté d’acteurs extérieurs — et pourquoi ne pas penser aux Américains — de pourrir les relations entre la Russie et le nouveau Président avant même qu’il arrive dans ses fonctions pour être sûr qu’il n’y ait pas un changement de politique étrangère et qui ne provoque pas un rapprochement avec Moscou », suppose-t-il. D’où M. Denécé tire notamment la conclusion qu’ on est peut-être sur une opération dont la véritable portée n’est pas tant de déstabiliser le candidat, qui de toute façon a gagné les élections, que d’empêcher l’établissement des relations sereines entre Paris et Moscou ». A fortiori difficile au vu de l’entourage « néo-conservateur français » proche des positions américaines de M. Macron.

    De déstabilisation il est encore question avec celle que subirait un FN en pleine crise si l’on en croit les médias, après l’éloignement pour un temps de la vie  politique  de Marion et les discussions sur la place que devrait avoir la question de l’euro dans le programme frontiste. Florian a précisé sur RMC hier que la renonciation à la sortie de la monnaie unique n’était pas envisageable de son point de vue: « On ne peut pas décemment gérer un pays qui ne maîtrise ni ses lois, ni son budget, ni ses frontières, ni sa monnaie. L’euro est plus qu’un problème économique, c’est un problème politique. Vous dépendez d’une banque centrale à Francfort et elle peut vous couper les vivres si elle estime que vous avez fait de mauvais choix politiques ou de mauvais choix économiques. »

    A contrario,  le député  Gilbert Collard a lui expliqué au Parisien en début de semaine que « pour nous, la question de l’euro c’est terminé, le peuple a fait son référendum dimanche dernier. Marine doit entendre ce message ». Un abandon de cette question qui permettrait au FN de passer un cap supplémentaire et d’accéder au pouvoir. Une  analyse déjà  faite par Alain Minc dernièrement.  Il  affirmait que selon lui cette volonté de sortir de l’euro est un  frein sans lequel le FN serait potentiellement un mouvement capable de conquérir  la magistrature suprême.

    Une conquête du pouvoir qui passe aussi par la capacité de l’opposition nationale à élargir sa base, à trouver des alliés, stratégie d’alliance à laquelle Bruno Gollnisch n’est pas opposé,  comme le disait très légèrement Eddy Fougier,  politologue, chercheur associé à l‘IRIS,  sur le plateau de BFMTV

    Invité lundi sur LCP, Bruno Gollnisch a affirmé qu’il « (faut) nous adapter et nous transformer pour mieux répondre aux attentes de nos concitoyens (…). Dans le cadre d’une alliance électorale qui s’est nouée avec Nicolas Dupont-Aignan mais peut-être demain avec d’autres, je comprendrais très bien qu’il y ait en quelque sorte une étiquette qui coiffe cette alliance et qui ne soit pas le Front National ». Pour autant at-il ajouté, «Je crois que le nom de Front National est honorable, il traduit quantité de sacrifices, de résistance à des persécutions. »

    Nous l’avons dit ici, le FN devra bien sûr tirer les enseignements de cette campagne présidentielle, avec la sérénité qui sera celle d’un Mouvement politique majeur,  mature et conscient de son rôle, de sa responsabilité devant l’Histoire. Le débat ne sera pas occulté. Bruno Gollnisch, sur France Info le 5 mai le précisait aussi: «Je pense qu’il y aura bientôt un congrès au FN et je ne pense pas qu’il y aura un candidat face à Marine. Le seul qui pourrait être candidat, c’est moi. Mais je n’en ai pas l’intention, sauf cas de force majeure.» Bien sûr et c’est normal dans le cadre de la respiration démocratique du FN, « Il pourrait y avoir de la compétition interne dans les élections au Comité central et dans le renouvellement du Bureau politique ».

    Cette analyse de fond, Louis Aliot l’a notamment affirmé, ne peut avoir lieu qu’après les législatives qui sont pour l’instant la priorité afin de faire front à l’assemblée, de la manière  le plus massive possible,  aux agissements du futur gouvernement Macron. Selon le sondage OpinionWay-SPV Analytics pour Les Echos, le FN obtiendrait entre 15 et 25 députés, FN « en position de force dans 80 circonscriptions, où il a dépassé la barre symbolique des 30% au premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 23 avril. S’y ajoutent quatre autres circonscriptions de Polynésie française et de Nouvelle-Calédonie, où la candidate frontiste a enregistré des scores similaires. »

    « Au total, le Front National pourrait arriver au second tour des législatives dans environ 300 circonscriptions.»  Certes, précise Bruno Gollnisch,  « il est difficile d’anticiper les résultats, car un déplacement de 1% des voix peut nous faire perdre ou gagner 25 ou 30 sièges ». Comprendre par là que la capacité du FN à mobiliser sa force militante dans les semaines à venir sera déterminante. 

    https://gollnisch.com/2017/05/12/hierarchiser-les-priorites-preparer-lavenir/

  • Interview de Stéphane Ravier : “L’opposition c’est nous !”

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    8860-20170513.jpgLe sénateur-maire des XIIIe et XIVe arrondissements de Marseille est candidat aux législatives. Il se présente sur la 3e circonscription qui recoupe le territoire de sa mairie de secteur, les quartiers nord. Déjà candidat en 2012, il avait échoué de peu au second tour face à la socialiste Sylvie Andrieux qui n’a pu aller au bout de son mandat car condamnée définitivement pour détournement de fonds publics et déclarée inéligible…

    — Pourquoi Mélenchon a-t-il choisi de se présenter à Marseille ?

    — Il a besoin d’un nouveau souffle électoral. Loin de lui l’envie de répondre aux attentes des Marseillais, il répond à sa propre ambition. Cela correspond assez bien à ses convictions d’immigrationniste, lui-même est une sorte d’immigré politique. Marseille dit-on, est une ville d’accueil, elle va accueillir un réfugié de plus, j’espère qu’il a ses papiers. Il a déjà essayé d’obtenir son statut de réfugié politique à Hénin-Beaumont qui lui a été sèchement refusé par les électeurs. Il n’a pas regardé quelles étaient les attentes des habitants du centre-ville en matière d’immigration massive ou d’insécurité, il a regardé les chiffres électoraux. Pas ceux du chômage. Il essaye de relancer sa carrière politique, lui qui se voyait au second tour de l’élection présidentielle. C’est un calcul électoral. Ce n’est pas par amour de Marseille ni des Marseillais. Il vient ici poser ses valises, peut-être n’aura-t-il pas le temps de toutes les ouvrir qu’il faudra déjà qu’il les referme pour aller sous d’autres cieux.

    — Comment se présentent les élections législatives à Marseille pour le Front national ?

    — Tous les candidats sont investis. Je suis moi-même candidat dans la 3e circonscription de Marseille, celle où je me suis présenté il y a cinq ans face à Sylvie Andrieux. On sait comment elle a procédé pour sauver son siège et on sait comment ça s’est terminé. Depuis, elle porte un bracelet, pas au poignet mais à la cheville. Les candidats et les militants sont sur le terrain pour obtenir à Marseille et dans tout le département des Bouches-du-Rhône le maximum d’élus patriotes Front national. Marine Le Pen a réalisé le score de 10,6 millions de voix dans un contexte où les médias officiels du système, c’est-à-dire quasiment tous sauf Présent, ont été à l’unisson pour porter leur candidat au sommet de la pyramide, si j’ose dire. Le symbole se voyait bien sur les images, le soir de l’élection. Une élection qui n’est pas un plébiscite loin de là, avec ses abstentions records et ses votes nuls. Les Français sont assez dubitatifs et méfiants sur le candidat des banques. Il en sera de même et de façon plus affirmée encore aux élections législatives. Il n’est pas du tout acquis et les sondages le démontrent, qu’Emmanuel Macron remporte le troisième tour ni qu’il obtienne le blanc-seing qu’il espère. Ce refus passe par l’élection des députés Front national et la présence à l’Assemblée d’un groupe important qui puisse s’opposer à la politique antisociale, européiste et mondialiste que le nouveau président commence à dévoiler.

    — Qu’en est-il de l’alliance avec Nicolas Dupont-Aignan à Marseille ? Est-ce qu’il y a des circonscriptions où vous ne présenterez pas de candidats ?

    — Non, pas à Marseille. Marine a réalisé 37 % des voix à Marseille au second tour. C’est un très bon résultat dans une ville aussi cosmopolite pour employer un terme politiquement correct, une ville où la mobilisation de cet électorat fraîchement national a été importante. A Marseille, les candidats seront estampillés Front national. Dans le reste des Bouches-du-Rhône hors Marseille, il y aura une circonscription réservée à Debout la France. Il est très important que les électeurs aient conscience que l’élection législative est toute aussi importante si ce n’est plus, que l’élection présidentielle. Jusqu’à présent nous avons toujours subi une déperdition de voix aux législatives parce que les électeurs considéraient que la présidentielle était passée et que le président allait pouvoir présider. Justement, ce président-là, il ne faut pas le laisser faire. Les députés ont un droit et un devoir d’agir. J’appelle à la mobilisation des électeurs à Marseille et partout en France, de ces 10,6 millions de Français, pour qu’ils confirment leur choix à travers les élections législatives et qu’ils envoient à l’Assemblée une force d’opposition massive. Il faut 12,5 % des inscrits pour être au second tour. Il faut que les candidats du Front national arrivent en tête dès le premier tour dans le plus grand nombre de circonscriptions, pour qu’il y ait une dynamique. Après, ce sera à nos adversaires de se déterminer, aux Républicains de confirmer leur choix comme ils l’ont fait aux présidentielles en appelant à voter pour le candidat de Macron ou au parti de Macron d’appeler à voter pour le candidat des Républicains. De toute façon ce sont les mêmes. Comme ils l’ont prouvé dès 20 h 03 le soir du premier tour avec l’appel de Fillon et le reste du troupeau qui a suivi. Y compris à Marseille, où Jean-Claude Gaudin qui reste le leader de ceux que certains nomment encore la droite, a appelé à voter Macron comme la plupart de ses lieutenants. Lui, il a attendu 20 h 15 !

    — Est-ce que vous ne pensez pas que le retrait de Marion Maréchal-Le Pen risque de faire perdre des électeurs et de l’ancrage sur une terre qui était fertile pour le Front national ?

    — Je suis comme tout le monde au Front national et en particulier ceux qui ont eu la chance de travailler avec Marion. Je l’ai découverte à l’occasion des élections régionales, elle m’avait demandé de mener la liste dans les Bouches-du-Rhône ce qui m’a conduit à l’accompagner sur le terrain. J’ai été bluffé par ce petit bout de femme – le terme n’est pas péjoratif – déterminée, intelligente, courageuse, passionnée. Et passionnée en particulier – et c’est là où, en soi, son choix ne m’étonne pas – par l’entreprise. Lorsque nous étions sur le terrain du monde du travail, que ce soit chez un agriculteur, dans une entreprise high-tech des quartiers nord de Marseille qui lui expliquaient leur développement ou leurs difficultés, je la sentais vraiment attirée, très intéressée par cet univers-là. Tout juste si elle ne leur disait pas : « Embauchez-moi, j’ai envie de bosser avec vous. » On sentait à ce moment-là qu’elle sortait du corps de la candidate. Elle me l’avait dit : si elle n’avait pas été convaincue par son grand-père d’entrer en politique en 2012, elle aurait entamé une carrière dans le privé. Si vous ajoutez à cela qu’elle est maman – j’entendais le scepticisme affiché par certains de vos confrères à ce sujet ! – qu’ils accordent au moins à Marion cette sincérité et cette liberté de mère qui a le désir de s’occuper de son enfant. En plus, elle est en cohérence avec les valeurs qu’elle défend, en particulier celles de la famille.

    — Mais sur le terrain, est-ce que son absence peut démobiliser des électeurs ?

    — Par sa sincérité et sa jeunesse, son attachement à la France, elle a su convaincre les esprits et les cœurs. Son départ est pour nous un déchirement, nous la regrettons tous. Mais il faut bien que la vie continue. Je demande aux militants qui la connaissent et qui ont de l’estime pour elle de comprendre que Marion avait envie de faire autre chose de sa vie. Certains ont qualifié cela de « désertion ». Marion est une femme de 28 ans, elle a le droit – on n’est pas encore en République islamique – de faire ce qu’elle veut. Et de revenir. Elle nous a dit qu’elle soutiendrait les candidats du Vaucluse et qu’elle restait patriote et Front national. Elle apportera à la France sa volonté de créer une entreprise ou de participer au développement d’une entreprise et puis elle reviendra. Pendant ce temps, la vie politique du Front national continue, il y a d’autres cadres et il y en aura d’autres, nouveaux et ils porteront eux aussi les couleurs, les valeurs et les convictions du Front national sur l’immigration, l’identité, la lutte contre le communautarisme. C’est auprès de ces nouveaux cadres qu’il faudra travailler, la vie commence toujours demain.

    Propos recueillis par Caroline Parmentier

    Article paru dans Présent daté du 13 mai 2017

    https://fr.novopress.info/

  • Législatives: les surprises des investitures d’En Marche

    Si selon un sondage Harris Interactive pour RMC et Atlantico les trois quarts des Français jugent positivement le profil des candidats de La République en Marche, ce n’est pas le cas de tout le monde. Dès hier soir François Bayrou a manifesté son mécontentement pour ne pas dire sa colère. L’accord conclu entre le MoDem et En marche n’aurait pas été respecté. Selon le maire de Pau, il prévoyait un quart des circonscriptions pour le MoDem.

    Il y a ceux qui se sont retrouvés candidats avec l’étiquette En Marche sans l’avoir demandé. Ainsi Mourad Boudjellal, le président du Rugby club toulonnais. Contacté par franceinfo, La République en marche a reconnu « une petite erreur matérielle », provoquée par « un mauvais copier-coller ». Il y a aussi Stéphane Saint-André, député PRG sortant du Pas-de-Calais. L’élu dit pourtant avoir refusé l’investiture. Et encore François Pupponi, député socialiste sortant du Val-d’Oise, désigné candidat EM alors qu’il a déjà été investi par le Parti socialiste, toujours selon les informations de franceinfo.

    Autre surprise, autre source de mécontentement, en Bretagne cette fois. Selon Ouest-France, Jean-Yves Le Drian, ex-ministre de la Défense, soutien d’Emmanuel Macron et président du conseil régional de Bretagne n’était pas au courant de l’investiture de Gaspard Gantzer dans la 2e circonscription d’Ille-et-Vilaine, celle de Rennes-Nord.

    Si Jean-Yves Le Drian ne s’est pas exprimé publiquement, le 1ervice-président de la région, Loïg Chesnais-Girard, dénonce un « parachutage ».

    Pour rappel, Gaspard Gantzer, énarque de la promotion Léopold Sédar Senghor (celle d’Emmanuel Macron) est un très proche collaborateur de François Hollande : conseiller chargé des relations avec la presse, chef du pôle communication à la présidence de la République.

    Après l’investiture qui ne passe pas, celle qui est retirée aussitôt après avoir été attribuée. Cela concerne le député MoDem sortant de La Réunion, Thierry Robert. L’homme été condamné en 2016 pour diffamation et, révèle L’Express, il est actuellement visé par au moins trois enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Saint-Pierre entre janvier et mars 2017.

    L’une porte sur des soupçons d’emploi fictif liés à l’embauche d’un ancien assistant parlementaire, une autre vise des soupçons de harcèlement sexuel sur une ancienne employée et une dernière concerne un dossier de favoritisme sur l’attribution d’un marché public.

    Thierry Robert n’aura été condidat En Marche que quelques heures puisque le mouvement l’a rayé de sa liste dans la soirée. Cela fait donc un MoDem de moins alors que François Bayrou trouve qu’il n’y en a pas assez et convoque en urgence un Bureau politique ce soir.

    http://www.bvoltaire.fr/actu/legislatives-les-surprises-des-investitures-den-marche/

  • Emmanuel Macron ne présentera pas de candidat face à Manuel Valls

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    Au bal des faux-culs, Emmanuel Macron est bien parti pour être champion du monde. Son mouvement En Marche ! a en effet décidé de ne pas accorder son investiture à Manuel Valls, au motif qu’il ne répondait aux critères exigés, mais, dans le même temps, il a également décidé de ne pas présenter de candidat contre l’ancien premier socialiste dans sa circonscription de l’Essonne ! L’annonce vient d’en être faite par Richard Ferrand, le secrétaire général de République en marche, l’intitulé sous lequel se présenteront les candidats de la majorité présidentielle.

    https://fr.novopress.info/

  • Bouffon Ier et Jeunot Ier : au service de qui ?

    Bernard Plouvier

    On le sait : le premier passe avec grand plaisir le sceptre au second, qui doit poursuivre les « actions » du quinquennat échu.

    L’honnête citoyen s’étonne, le 10 mai, à l’occasion de l’ultime conseil des ministres, d’ouïr l’ensemble des journalistes & politologues, unanimes à vanter la mesure-phare du quinquennat : l’allègement massif des charges patronales… un observateur attentif aurait pu croire que la–dite mesure était la stimulation de l’immigration mahométane et son corollaire, les attentats djihadistes. Mais, soit : allègement de la fiscalité des entreprises, il y eut et même largement.

    L’on vivrait dans un monde merveilleux, si cette diminution de revenus fiscaux pour l’État, cette diminution de dépenses pour les entreprises s’étaient traduites par des créations d’emplois ou une baisse des prix à la vente.

    Hélas ! Le chômage atteint des records inédits et nul n’a vu de baisse – sauf pour les prix des produits pétroliers, ce dont on ne peut créditer, même avec la plus plate déférence, le sieur Hollande et son équipe de pantins ministériels qui passeront à la postérité comme ayant été les plus nuls de l’histoire de France depuis le règne du triste Charles VI (Jeanne d’Arc étant la mascotte de tous les partis, aussi bien de Macron-démagogue que de sa concurrente, il est bon de rappeler que la France s’est parfois trouvée dans des situations lamentables, mais que c’est par eux-mêmes, exclusivement, que les Français se sont tirés de l’ornière où ils s’étaient embourbés).

    Une grave question se pose : au service de qui Hollande et consorts du Parti soi-disant « socialiste » ont-ils roulé ? La réponse est évidente : au service des entrepreneurs et de leurs actionnaires.

    Le Président Macron, formaté dans la haute finance, peut-il « rouler pour le peuple » ? C’est une bête question !

    Il y a un an, nul ne pensait à ce ministre ultraréactionnaire de l’économie, qui ne cherchait qu’à faire plaisir aux employeurs, en « assouplissant », en dérèglementant, etc. En un peu plus d’un semestre, le grand capital lui permet de mettre sur pied un Parti et de gagner haut la main une élection, grâce à la mise à disposition de tous les media… et l’on voudrait nous faire croire que ce serait pour le peuple ?

    Les media sont le nouveau Jupiter des légendes antiques : ils aveuglent et rendent stupides ceux qu’ils veulent manipuler. Dans la défunte URSS, alors que tout manquait sauf la trinité marxiste - terreur, propagande et vodka -, le slogan était : « Nous forgeons un avenir radieux ». La seule différence entre le totalitarisme globalo-mondialiste et le stalinien réside dans l’abondance des jouissances matérielles des victimes.

    Français, vous avez triomphalement élu Macron-capital, consommez donc (de préférence à crédit, c’est excellent pour les institutions financières) et continuez d’écouter journalistes et politologues… jusqu’à ce qu’un jour, la République de Franchiaoui soit gouvernée selon les merveilleux principes de la charî’a. Ainsi, vos descendants seront encore plus stupides et plus facilement manipulables que vous !

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Pierre Vial salue le départ de Marion Maréchal Le Pen

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    Un communiqué de Pierre Vial,

    Président de Terre et peuple

    Ainsi Marion quitte un FN devenu une boutique électorale comme les autres, un panier de crabes où se bousculent les arrivistes et où, pour être bien vu, il faut être dépourvu de toute conviction forte (ou, encore mieux, l’avoir abandonnée comme une tunique de Nessus).

    Marion, évidemment, a raison. D’autant que beaucoup de gens ont confiance en elle et que cette confiance va se maintenir. Ce qui lui permettra, le jour où elle le souhaitera, de pouvoir compter sur un capital de fidélités permettant de construire quelque chose. Une espérance existe. Nous sommes un certain nombre à vouloir la faire vivre.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • L'épouse de Robert Ménard candidate dans la 6e circonscription de l’Hérault

    C'est officiel :

    Capture d’écran 2017-05-10 à 19.49.03

    C'est une circonscription dans laquelle Marine Le Pen a réalisé 34,04% au premier tour et 51,58% au second. Cette candidature est soutenue par le FN, Philipe De Villiers, le SIEL de Karim Ouchikh, le CNIP et le parti de Nicolas Dupont-Aignan, Debout La France. Enseignante à l’Institut des Hautes Études de Journalisme de Montpellier, Emmanuelle Ménard dirige le site Boulevard Voltaire.

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2017/05/l%C3%A9pouse-de-robert-m%C3%A9nard-candidate-dans-la-6e-circonscription-de-lh%C3%A9rault.html

  • La dynamique de la La Manif Pour Tous a été brisée par Sens Commun

    6a00d83451619c69e201b8d2814c84970c-200wi.jpg Guillaume Bernard sur Aleteia :

    "[...] La stratégie des ténors de LR est très étonnante. Puisqu’ils déclarent chercher à gagner les législatives pour imposer une cohabitation au chef de l’État, pourquoi ont-ils choisi de soutenir (avec un empressement qui a choqué nombre de leurs partisans) l’un des deux finalistes de la présidentielle ? C’était dire implicitement qu’ils sont plus proches de l’un que de l’autre (alors que, sur ce point, la moitié de leur électorat ne partage pas leur position). En outre, quelle sera la crédibilité des candidats de ce parti quand ils affronteront les représentants d’Emmanuel Macron qu’ils ont contribué à faire élire ? En fait, LR est un parti profondément écartelé dont l’unité n’a, jusqu’à présent, été maintenu que par l’exercice ou l’espérance du pouvoir.

    Quelle leçon tirer désormais du ralliement de Sens commun à François Fillon ? Etait-ce la meilleure opération à faire ?

    Quant à Sens commun (sujet qui me navre très sincèrement), il y a évidemment eu de la naïveté à croire possible de changer un parti politique (LR) sans en prendre le contrôle. Les contraintes partisanes (comme les investitures pour les élections) sont telles que c’est le plus souvent le parti qui formate ses membres et non l’inverse. Que sont devenus les trotskistes ayant fait de l’entrisme au Parti socialiste parce qu’ils ne pouvaient entrer au Parti communiste stalinien ? « Au mieux », des sociaux-démocrates…

    En outre, alors que la grande force de la Manif pour tous (LMPT) a été d’être un mouvement trans-partisan, je suis au regret de dire que sa dynamique a été freinée et son unité brisée par la création de Sens commun. LMPT aurait pu être l’un des instruments de l’explosion des partis et de la recomposition de l’ensemble de la droite (FN compris) selon des critères doctrinaux clairs. Au lieu de cela, la direction de Sens commun est entrée dans des stratégies et combinaisons politiciennes. Les concepteurs de ce mouvement ont terriblement manqué d’imagination. Il y a cependant fort à parier que les militants de Sens commun auront rapidement à cœur de participer à la recomposition de la droite qui se fera sous la pression de ce que j’ai proposé d’appeler le « mouvement dextrogyre ».

    Enfin, il n’est pas inutile de noter que la ligne libérale-conservatrice de Sens commun était doctrinalement incohérente (même si l’on comprend bien qu’il s’agit de ratisser électoralement le plus largement possible). Cet attelage peut, à première vue, séduire : le libéralisme pour l’économie (libérer les forces et les initiatives), le conservatisme pour le sociétal (maintenir les liens traditionnels dans la société). Mais, la doctrine libérale ne se résume pas à une dénonciation d’une trop forte (et très réelle) fiscalité (il n’est d’ailleurs nullement nécessaire d’être libéral pour partager une telle position). Le libéralisme repose sur une approche subjectiviste (il n’existe pas de valeur en soi mais uniquement par la rencontre de volontés) qui, inexorablement, détruit toute tradition. L’incompatibilité entre le libéralisme et le conservatisme peut d’ailleurs être électoralement illustrée : une moitié de l’électorat de François Fillon s’est reportée sur Emmanuel Macron tandis l’autre s’y est refusée soit en votant pour Marine Le Pen (24 %) soit en se réfugiant dans l’abstention ou le vote blanc (26 %).

    Les catholiques semblent en tout cas en incapacité de « penser le politique » selon ses propres règles. La confusion entre l’ordre de la morale et l’ordre de la res publica est fréquente. Nous faut-il relire saint Thomas d’Aquin ?

    Vous mettez le doigt sur un problème crucial. Un certain nombre de catholiques sont portés vers l’augustinisme politique. Il n’est pas inutile de noter que cette tentation est partagée dans toutes les sensibilités liturgiques : il me semble, sans leur faire aucunement offense, qu’elle est le ressort commun des démarches de personnes pourtant aussi différentes qu’Erwan Le Morhedec ou Alain Escada.

    L’augustinisme politique part de l’idée parfaitement catholique que la grâce (divine) surpasse la nature (humaine). Mais, il procède ensuite à une absorption du temporel par le spirituel sous prétexte que la finalité du second (le salut des âmes) est supérieure à celle du premier (le bien vivre). Cela induit de nombreuses conséquences : par exemple, la vertu de justice (avoir une conduite qui plaît à Dieu) rendrait inutile la réalisation de la justice rétributive (commutant ou distribuant les droits). La loi morale (qui dicte les conduites) remplace alors le droit naturel (qui répartit les choses extérieures entre les personnes) alors que, distincts, ils convergent naturellement.

    Or, la hiérarchie des domaines (supériorité du religieux sur le politique) n’implique pas la dé-légitimation du second. De même, chercher la justice particulière (répartir l’avoir) ne détourne pas de la justice générale (être juste). Mais, l’augustinisme politique en vient, quant à lui, à nier l’irréductibilité du politique (pourtant inscrite dans l’ordre cosmologique des choses) et, par voie de conséquences, de la nécessité d’attribuer à chacun selon son mérite : reconnaître à César ce qui lui revient serait superflu puisqu’il faut rendre prioritairement à Dieu ce qui lui est dû. Cette critique de l’augustinisme relève, vous l’avez bien compris, du thomisme. Pour celui-ci, l’existence de la patrie céleste ne fait pas disparaître la patrie terrestre, l’objectif (religieux) de la vertu ne détourne pas de la recherche (politique) du bien commun.

    L’Église souhaite aller vers les périphéries à l’invitation pressante du pape François. Mais a-t-elle mesuré la souffrance de la France périphérique ? Entend-on assez les évêques sur ce sujet ? Selon le nouveau clivage entre « Anywheres » et « Somewheres » introduit par David Goodhart, n’est-il pas urgent de répondre à la soif de racines ? Qui cherche une incarnation spirituelle et… politique ? Il est à craindre qu’une partie non négligeable des prélats de l’Église soit comme le reste des élites : hors sol. Certains évêques ne semblent pas avoir pris la mesure de la crise identitaire qui frappe le pays. Elle est le fruit, d’une part, du déracinement (non-enseignement de l’histoire, standardisation des modes de vie) et, d’autre part, du multiculturalisme (non-assimilation des populations d’origine étrangère, communautarisation du lien social). Il y a là la perception d’une perte de contrôle de son destin. Ce n’est pas une hostilité envers autre que soi, mais une réaction de survie : le refus de ne plus être soi-même.

    De ce point de vue, les catholiques sont directement concernés. Le « sursaut » identitaire d’un certain nombre d’entre eux (pas de tous) se traduit de deux manières : d’un côté, ils ont pris conscience qu’ils étaient devenus minoritaires (déracinement social du catholicisme) et qu’ils subissaient des agressions (venues en particulier de l’islamisme) et, de l’autre, ils sont plus fermes sur leurs valeurs et osent s’afficher (LMPT, marche pour la vie, pèlerinages dont celui de Chartres, etc.). Électoralement, cela se traduit notamment par une forte progression du vote catholique en faveur du FN, même s’il reste encore minoritaire (38 % au second tour de la présidentielle 2017). [...]"

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html