Voué aux gémonies par les chantres du politiquement correct, Renaud Camus n'en est pas moins un écrivain talentueux, dont les ouvrages sont de puissants antidotes à la "déculturation" qu'il dénonce par ailleurs.
Ce qu'il est désormais convenu d'appeler "l'affaire Camus" aura au moins eu pour mérite d'attirer l'attention de nouveaux lecteurs - et non des moindres, tels Paul-Marie Coûteaux, Élisabeth Lévy ou Alain Finkielkraut - sur l'oeuvre de l'un des plus grands écrivains français vivants dont seule une poignée de happy few se délectait jusqu'alors. La curée dont fut victime cet homme seul et libre aurait-elle donc été plus parfaite s'il n'avait eu des goûts "achriens" ? Probable : amoureux des femmes, Auvergnat de souche (sic), catholique de culture sinon de foi, son compte n'eût pas été seulement bon mais excellent. (On ne louera pourtant jamais assez les mérites de l'Homme républicain dont chacun sait qu'il n'a ni origine, ni langue, ni religion, ni préjugés, ni traditions, ni coutumes, ni usages, ni moeurs.)
Ligues de petite vertu
Souvenez-vous, les puissantes cohortes de catins germanopratines se constituèrent en ligues de très petite vertu pour écraser l'infâme auquel une émission de France Culture avait semblé par trop communautaire. Le regard sombre, la mine pensive, BHL pointa les ravages de l'éternelle « idéologie française » ; avec l'air entendu d'un ironiste chinois, Sollers dénonça la « France moisie » et regretta une nouvelle fois que les Plantagenêts n'aient pas triomphé des Capétiens, ce qui nous aurait évité le gouvernement de Bordeaux et l'armistice. Haro sur le disciple de Barrès, sectateur de la terre et des morts - soumis à la petite et à la grande questions, le coupable finit d'ailleurs par avouer que, lycéen, il avait fondé une revue, Les Taches d'encre, en hommage au Prince de la jeunesse (il n'y a pas de hasard) ! Sus au fidèle de Maurras halluciné par une anti-France surgie en extrême droite ligne de sa psychose - que ne s'est-il allongé sur le divan de la divine Roudinesco ! Mort au nostalgique du Volksgeist et du Blut und Boden dont la germanophilie est bien connue de nos services ! La reductio ad hitlerum analysée par Léo Strauss fonctionna à merveille : le suppôt du national-socialisme devait être lynché par les amis du genre humain et les défenseurs de la tolérance en vertu de l'immarcescible principe révolutionnaire selon lequel il ne saurait y avoir de liberté pour les ennemis de la liberté. Que le monde serait donc habitable s'il n'était peuplé que de vigilants anti-racistes peinturlurés aux chatoyantes couleurs de la diversité ! C'est bien simple, si Renaud Camus et quelques autres beaufs atrabilaires n'existaient pas, la gazelle viendrait se blottir contre le lion et les cobras feraient guili-guili aux nouveaux nés qui leur offriraient leur plus beau sourire.
Le parti de l'In-nocence
Banni, exilé, ostracisé, relégué, le châtelain de Plieux, en La Varende gascon définitivement "provincialisé" par le 6e arrondissement souverain (quel gâchis, après les années gauche-POL, poppers-Warhol, structuralo-textuelles...), aurait dû ruminer amertumes, ressentiments et aigreurs, visité seulement par quelques jeunes gens aux cheveux blonds et ras - mais au système pileux développé - auxquels, la larme à l'oeil, il aurait projeté Les Damnés.
Las... Non seulement le fantasmatique hobereau survécut au règne des droits de l'Homme et au jugement dernier de la Démocratie tel que formulé par les oligarques au nom du peuple français (dont le dos est aussi bon que les épaules sont larges), mais sa graphomanie obsessionnelle s'aggrava, encouragée peut-être par les nouveaux admirateurs que lui valurent ses déboires. Les chiens aboyèrent, sa caravane de voyageur enraciné passa, en quête - par exemple - de lieux où l'esprit continuerait de souffler (on nous pardonnera cette réminiscence mal inspirée) en France, certes, mais également en Grande-Bretagne, en Irlande, au Danemark et en Norvège. C'est ainsi qu'il partit saluer en leurs demeures d'aussi bons... esprits que Carlyle, Giraudoux, Knut Hamsum ou Barbey d'Aurevilly ; le fil des jours s'écoula aussi au rythme de son Journal marqué par des ennuis calorifères, bancaires et testiculaires certes mais, surtout, par une vision infiniment noble de l'existence caractérisée par la hauteur de vue et d'esprit, la droiture, la fidélité, l'urbanité, bref, par la civilisation dont chacun de ses livres constitue une enclave dans cet océan de laideur et de barbarie que sont devenues, après des siècles de défiguration - et pour des raisons différentes - la France réelle et la France légale. Saint-Exupéry écrivit Citadelle dont Pierre Boutang proposa une si juste lecture ; Vialatte jugeait urgent de faire naître des îles... Urbanité, disaisje, mais aussi courtoisie, politesse, civilité même, si ce mot n'était hélas pollué par l'usage que toutes les crapules "citoyennes" en font. Le combat désespéré pour l'ordre et la beauté poussa Renaud Camus à jouer le jeu de la démocratie en fondant un parti politique en 2002, le parti de l'In-nocence, de la "non-nocence" ou« "non-nuisance" dont la récente parution de l'Abécédaire des communiqués de presse permet de suivre la ligne.
Le grand remplacement
Entre "grand remplacement" « des populations indigènes par des populations immigrées, contre-colonisatrices » et "grande déculturation" par refus ou haine de l'héritage, soit, de la transmission, donc, de la tradition, Camus brosse un tableau parfaitement réaliste de ce que l'on ose encore appeler la France, ce vieux pays transformé en grande surface administrative par les thuriféraires du contrat et du « plébiscite de tous les jours » (de ce point de vue-là, nous ne suivrons pas les analyses proposées par l'écrivain mais notre désaccord vise simplement des définitions, non des faits), ces « amis du désastre » qui, en bons progressistes, se félicitent chaque jour du « réensauvagement » des moeurs.
« Communiqué n° 921, 26 octobre 2009 - Sur le réensauvagement de la société en France. Le parti de l'In-nocence voit dans les ahurissants événements de Marseille et les combats de rue auxquels a donné lieu l'annulation d'un match de football entre une équipe marseillaise et une équipe parisienne une nouvelle manifestation, et particulièrement criante, de la rapide décivilisation en cours dans notre pays et du réensauvagement du territoire par le double effet du naufrage de l'Éducation nationale et de la diversité tant vantée, si justement crainte par tous les régimes de la France historique et qui montre en de pareilles circonstances son véritable visage, haineux et barbare. » Lucide et courageux, l'auteur de Roman Roi pourfend la vulgate antiraciste et l'idéologie du métissage mais, également, défend notre patrie avec de beaux accents barrésiens et péguystes - ainsi de la grande pitié de nos églises, « édifices qui, tout au long de la période historique de la France, ont été l'un des principaux centres de gravitation de la vie des villages, le point de référence essentiel de la présence humaine dans le paysage sensible, enracinés qu'ils étaient dans la terre et tendus vers le ciel ».
Dans l'arène politique
Enfin, candidat à la présidence de la République, il présente les grands axes de son programme en matière de culture et communication - si "antinomique" soit l'association de ces deux mots -, de démographie, d'écologie, d'éducation, de politique européenne, de fiscalité, d'immigration et de politique internationale.
Constatant la disparition de la civilité, Renaud Camus atteste en définitive et d'un même mouvement celle de toute cité au profit… des « cités », voire, des abominables - sur un plan sémantique au premier chef - « quartiers ». La « France » se divise ainsi, d'une part, entre des meutes barbares dont aucune frustration - contrairement à ce qu'il se dit d'ordinaire - n'est venu tempérer le sentiment infantile de toute-puissance et, d'autre part, de folles monades démocratiques enivrées d'une volonté… de puissance enragée qui vont et viennent où leurs caprices les mènent, bardées de droits dont elles considèrent que l'extension illimitée constitue la raison d'être : quand l'ignoble « vivre ensemble » prospère, quand l'« autre » (« Autrui est un cul », écrivait justement Rebatet dans Les Deux étendards), dont l'exaltation contemporaine désespèrerait un saint, oblitère avantageusement le prochain - qui commence par l'entourage immédiat, fût-ce le voisin de bureau, de palier ou de chambre -, la sociabilité est morte comme, avant elle, la socialisation. C'est ainsi qu'en moraliste, ce contemporain capital qu'est Renaud Camus a redécouvert l'une des vérités de la science politique la plus classique.
Louis Montarnal L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 16 décembre 2010 au 5 janvier 2011
✓ Renaud Camus : Krakmo - Journal 2009, Fayard, 614 pages, 32 € ; Abécédaire de l'In-nocence, éditions David Reinharc, 590 pages, 29 €.
élections - Page 763
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La citadelle de Renaud Camus
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Un nouveau sondage montre l’écart entre les souhaits des Français et l’oligarchie qui nous gouverne
PARIS (NOVOpress) - L’on comprend mieux pourquoi les Socialistes ne veulent pas user du référendum et faire appel au peuple quant au mariage civil pour les homosexuels. En effet, un sondage réalisé par le Cevipof et publié sous forme d’infographie par le quotidien Le Monde (ci-dessus) montre que les souhaits des Français sont bien loin de ce que l’oligarchie qui nous dirige veut nous imposer.
Ainsi, 65% des Français considèrent qu’il y a trop d’immigrés en France, considération en hausse depuis plusieurs mois. Tout comme est en augmentation la volonté des Français de rétablir la peine de mort. Par contre, l’on voit que malgré une propagande politico-médiatique stupéfiante, les Français semblent assez rétifs quant au fait d’accorder le mariage civil pour les homosexuels.
De même en économie, Les Français veulent que l’Etat cesse de tout réglementer et laisse au contraire plus de libertés.
De plus, la défiance de nos compatriotes à l’égard de nos gouvernants se manifestent dans la hiérarchie des institutions qu’ils apprécient où l’on voit que les échelons locaux et européens sont préférés au gouvernement, à l’Assemblée nationale et à des organismes supranationaux comme l’OMC.
Un sondage qui confirme plus que jamais que les Identitaires sont au coeur des préoccupations des Français.
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Sondage : droitisation spectaculaire de l’opinion des Français
Mis en avant
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Italie: pour Beppe Grillo, « Casapound, ça vaut mieux que Monti ! »
ROME (NOVOpress) – Scandale en Italie après les déclarations de Beppe Grillo (photo), le très médiatique leader du mouvement « 5 Stelle »( 5 étoiles) parti populiste et « anti-système » qui occupe une place croissante dans la vie politique italienne.
L’ancien comédien a en effet déclaré que « Casapound, ça vaut mieux que Monti » et que « un militant de Casapound pouvait entrer à 5 Stelle ».
Ces phrases ont été prononcées à l’occasion d’un débat improvisé avec Simone Di Stefano le candidat de Casapound pour les élections régionales dans le Lazio. Les deux hommes politiques se sont en effet croisés devant le tribunal de Rome à l’occasion du dépôt des logos de leurs mouvements respectifs en vue de la campagne électorale.
Au milieu des militants des deux mouvements et de nombreux journalistes, Beppe Grillo a également refusé de se définir comme « antifasciste » arguant que « c’était une problématique qui ne l’intéressait pas ».
Des propos qui ont immédiatement déclenché l’ire de l’extrême-gauche italienne dénonçant rageusement la « complaisance » de Beppe Grillo envers les « fascistes du troisième millénaire ».
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Minable, vous avez dit minable ?
Ce texte est anonyme et circule actuellement sur Internet. Il nous a été transmis par Martine, une fidèle lectrice du Gaulois. Néanmoins, neuf mois après l’élection d’un président minable, beaucoup de Français s’y reconnaitront.Quand on vit de la naissance à la mort avec de l'argent public, comme MM. Hollande, Ayrault, Sapin et quelques millions d'autres, que l'on ne paie pas ou peu de cotisations sociales, qu'on bénéficie d'un système de retraite réservé à sa seule catégorie, d'un système de placement financier défiscalisé, et qu'on n'a jamais investi un euro dans une entreprise mais tout placé dans des résidences secondaires, on doit à minima avoir l'honnêteté de ne jamais prononcer le mot Egalite, ni d'exiger des autres fussent-ils devenus riches, plus de solidarité qu'on ne s'en impose à soi-même”.38 ministres et ministres délégués qui se goinfrent (le mot est faible) à nos frais, n’est-ce pas cela qui est VRAIMENT minable ? Demander aux contribuables de payer plus d’impôts pour financer 4 personnes au service de la concubine de Hollande, n’est-ce pas minable ? Duflot et Filippetti qui bradent des Légions d’Honneur à tous leurs copains, n’est-ce pas minable ? Un premier ministre qui veut un nouvel aéroport plus grand, à sa gloire, alors que personne ne prend l’avion à Nantes grâce au TGV. Des ministres sans aucune exemplarité dont certains ont été condamnés ou devraient l’être..., un gouvernement incompétent et non coordonné qui gesticule au gré du vent, n’est-ce pas minable ?
Insulter un homme qui a choisi de s’expatrier, alors que nous sommes censés être libres de nos mouvements dans ce pays, n’est-ce pas minable ?..., sachant que Depardieu a rapporté à la France des centaines de millions d’euros, directement et indirectement ! Combien coûtent ces donneurs de leçon du gouvernement et du PS, qui passent leur temps à nous culpabiliser mais ne veulent surtout pas réduire leur train de dépenses, alors qu’ils détruisent la France, ses emplois et ses valeurs ? N’est-ce pas minable ?Un premier ministre qui sort de son devoir de réserve et sans aucune dignité, insulte un citoyen illustre, talentueux et créateur d’emplois, n’est-ce pas minable ?Que veut dire l’expression "la citoyenneté française est un honneur" quand une personne veut acquérir la citoyenneté belge ?Que la citoyenneté belge est une honte ?...A-t-on oublié les accords d’Helsinki qui permettent à toute personne de franchir les frontières ?A-t-on oublié le principe européen du droit de s’installer là où l’on veut en Europe ?A-t-on oublié l’existence de la citoyenneté européenne ? Le Gouvernement veut-il créer un incident diplomatique avec la Belgique ?Comment la ministre de la culture (ou plutôt de l’inculture) ose-t-elle faire un procès d’antipatriotisme à Depardieu, elle a oublié semble-t-il que pendant la campagne, elle parlait de la France "rassie et moisie", déclarant en même temps son amour aux immigrés à qui elle attribuait la libération et la construction de la France ! C’est sûr que côté patriotisme, elle en connait un rayon !Comment osent-ils parler de patriotisme alors qu’ils ne rêvent que de brader la nationalité française en la donnant contre un bulletin de vote...CE "PRÉSIDENT" ET SES "MINISTRES" SONT LA HONTE DE LA FRANCE.Ce pays qu’ils sont en train de détruire est devenu la risée du monde entier.Bravo Depardieu, d’avoir quitté la France et d’avoir créé un débat sur la fiscalité confiscatoire du à tous ceux qui vivent au crochet de l’État. -
Guillaume Bernard : le populisme pourrait conduire à une recomposition de la droite
Maître de conférences à l'ICES (Institut Catholique d'Etudes Supérieures à La Roche sur-Yon), Guillaume Bernard a, notamment, codirigé l'ouvrage « Les forces politiques françaises »(1).
Monde et Vie : Existe-t-il sinon des types d'homme du moins des valeurs de droite distinctes de celles de gauche ?
Guillaume Bernard: De récentes enquêtes d'opinion ont confirmé que certaines valeurs pouvaient être identifiées comme des marqueurs de droite (l'ordre, la nation, le mérite) ou de gauche (la solidarité, la tolérance, les services publics). Il en va de même pour les préoccupations. En dehors des angoisses communes - comme le chômage -, les sympathisants de droite s'inquiètent plutôt de l'insécurité, ceux de gauche plutôt des inégalités sociales.
Le clivage droite-gauche est donc une réalité ?
La majorité des Français (environ 60 %) le considèrent comme dépassé, cette position étant dominante depuis le milieu de la décennie 1980. Et pourtant, de trois quart à 80 % d'entre eux acceptent de se positionner à droite ou à gauche. Ainsi, le clivage droite-gauche est-il un critère de classement relatif, mais psychologiquement intégré et électoralement efficace. Il n'est cependant pas le seul, ni même le plus pertinent pour analyser la composition des forces politiques françaises. Doctrinalement parlant, les lignes de fracture passent plus au sein même de la gauche (acceptation ou non de l'économie de marché) et de la droite (acceptation ou non du multiculturalisme) qu'entre elles.
Le référendum de 2005 sur le traité établissant une constitution pour l'Europe a montré qu'il existait une véritable opposition entre modérés (plus ou moins de droite ou de gauche) et extrêmes (effectivement de droite ou de gauche), étant précisé que le fait de se trouver, à un moment donné, dans une position extrême sur l'échiquier politique, ne signifie pas nécessairement que l'on est idéologiquement extrémiste.
Historiquement, qu'est-ce que la droite ?
Il est communément admis - depuis René Rémond - qu'il a existé, depuis la Révolution française, même s'ils sont inégalement distribués selon les époques, trois courants concurrents de droite : la droite traditionaliste (contre-révolutionnaire, catholique sociale), la droite autoritaire (bonapartiste, gaulliste) et la droite libérale (orléaniste). La première a toujours été de droite tandis que les deux autres ont glissé du centre à droite. C'est ainsi que, à la fin du XIXe siècle, la droite réactionnaire a été repoussée à l'extrême droite. De nos jours, ces étiquettes sont difficilement utilisables, ne serait-ce que parce qu'aucun des partis classés à droite n'incarne à lui seul une tendance doctrinale. Plusieurs classifications ont donc été proposées : elles distinguent généralement les droites libérale, conservatrice (ou morale) et protestataire (ou nationale).
Faut-il comprendre qu'il n'a quasiment jamais existé une droite mais toujours des droites ?
Oui. Car, depuis deux siècles, la vie politique française connaît un mouvement « sinistrogyre », selon l'expression d'Albert Thibaudet : les nouvelles tendances politiques apparaissent par la gauche de la scène politique, ce qui provoque un glissement vers la droite des idées et des organisations nées antérieurement à gauche. Entre le XVIIIe siècle et la fin du XIXe siècle, le libéralisme est passé de gauche à droite. Le radicalisme a connu le même mouvement, le faisant évoluer de l'extrême gauche au XIXe siècle au centre-gauche ou au centre-droite au XXe siècle.
Ce mouvement de fond est-il toujours à l'œuvre ?
La chute du mur de Berlin a, semble-t-il, mis un terme à cette évolution. Toutefois, cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas, encore, une domination dans le monde intellectuel et médiatique des hommes se réclamant d'une des idéologies de gauche. Mais, le renouvellement de ces dernières est comme au point mort : lorsqu'elles apparaissent prétendument nouvelles, comme l'écologisme, il s'agit surtout d'une présentation rénovée d'idées souvent anciennes (le malthusianisme). À l'inverse, il semble que la novation vienne de la droite avec ce qu'il est convenu d'appeler, faute de mieux, le populisme qui s'épanouit partout en Europe. Cette tendance a composé, comme l'a analysé Dominique Reynié, un discours réunissant une défense des patrimoines matériel (le niveau de vie) et immatériel (le mode de vie). En réussissant à rassembler des électeurs venant de droite et de gauche, le populisme peut être le déclencheur d'un mouvement dextrogyre, repoussant vers le centre et la gauche les organisations de droite modérée. En France, cela pourrait conduire à une recomposition de la droite, passant par une refondation de partis unissant des tendances appartenant, à ce jour, à des organisations distinctes.
Peut-on se dire, sans schizophrénie, libéral en économie et conservateur d'un point de vue culturel et social ?
Le libéralisme repose sur le principe qu'il n'existe pas de valeurs en soi, mais uniquement par la rencontre des volontés. Par conséquent, il paraît plus que délicat de combiner une authentique philosophie libérale avec la défense des corps sociaux naturels (famille, nation). En fait, l'incompréhension dans ce domaine vient d'une confusion entre le libéralisme et l'hostilité à la bureaucratie et au fiscalisme : or, la seconde n'implique nullement l'adhésion au premier, de même que la défense d'un Etat fort et protecteur n'est pas synonyme de collectivisme.
On entend dire que Nicolas Sarkozy a « droitisé » son discours tandis que Marine Le Pen l'a, au contraire, « gauchi » ; qu'en pensez-vous ?
La nécessité pour tous les partis d'être des organisations « attrape-tout » se traduit par la coexistence en leur sein de « sensibilités » différentes et une segmentation du discours électoral. Les partis ne s'adressent plus à la nation en général, ni même à un milieu social déterminé (prolétariat, bourgeoisie), avec un programme d'ensemble. Ils visent des types d'individus identifiés par leurs faiblesses ou leurs inquiétudes. Le discours devient donc modulaire : au fur et à mesure d'une campagne, les offres idéologiques peuvent se succéder sans qu'il y ait forcément la recherche d'une cohérence. Raisonner en terme de doctrines est, électoralement, obsolète. La campagne de Nicolas Sarkozy de 2007 en est une parfaite illustration. En outre, les mots sont souvent polysémiques : l'identité nationale, par exemple, renvoie-t-elle à l'idée d'un corps social ayant une identité propre au-delà de ceux qui le composent (d'où l'exigence d'assimilation des étrangers), ou à celle d'une société dont l'identité n'est que le résultat de la somme des parties qui y coexistent (d'où l'acceptation du multiculturalisme) ? Une habile imprécision permet à chacun de trouver son compte dans le discours électoral.
Nicolas Sarkozy vous paraît-il être un homme de droite ?
Le candidat Sarkozy est, du moins, un homme de la synthèse des droites. Il y puise certaines idées et références. Cela permet de réconcilier des tendances concurrentes, parfois hostiles. Mais cela présente le risque de réduire la pensée de droite à un « PPDM » (plus petit dénominateur commun).
Avec Marine Le Pen, le discours du Front national a-t-il changé ?
Les fondamentaux restent les mêmes. Le discours du FN s'articule autour de la dénonciation d'une triple insécurité : physique et matérielle (délinquance), économique (mondialisation) et culturelle (immigration). Certains semblent regretter que la candidate de ce parti ait édulcoré les positions de la droite extrême en matière de mœurs. Mais, en termes purement électoraux (et non doctrinaux), elle ne prend pas de risque inconsidéré car, d'une part, les cathos « tradis », qui sont a priori plutôt réactionnaires, ne représentent qu'un poids électoral infime ; et, d'autre part, les cathos « modernes » se prononcent majoritairement pour des forces politiques m rées. La question de fond est de savoir, ce que j'ignore, si elle adapte son discours par stratégie ou par conviction.
Un pronostic pour les prochaines présidentielle et législatives ?
Les droites sont très largement majoritaires mais l'anti-sarkozisme, par hostilité ou par déception, est susceptible d'empêcher un candidat de droite de gagner la présidentielle. Par conséquent tout est possible, y compris, pour le vainqueur de la présidentielle, s'il s'agit du Président sortant une cohabitation ou, du moins, une majorité parlementaire relative.
Propos recueillis par Jean-Pierre Nomen monde & vie. 24 mars 2012
1). Guillaume Bernard, Les forces politiques françaises, Paris, PUF, 2007 -
« Parrainage citoyen » des candidats à la présidentielle : Hollande renonce !
François Hollande avait exprimé le souhait, durant la campagne présidentielle, de remplacer le parrainage des candidats par 500 élus par un « parrainage citoyen » : une idée qui avait été reprise ensuite par la commission Jospin sur la rénovation de la vie politique. Celle-ci proposait de fixer le seuil des parrainages à 150.000, confiant aux préfets le soin de comptabiliser et de vérifier la légalité des signatures.
Hé bien le chef de l’État vient d’oublier hier le souhait qu’il avait publiquement manifesté : en recevant les vœux du Conseil constitutionnel à l’Elysée, François Hollande a annoncé hier qu’il renonçait finalement à instaurer « un parrainage citoyen » pour les candidats à la présidentielle, la concertation des partis l’ayant « finalement convaincu de la difficulté de sa mise en œuvre« .
En attendant, la démocratie qu’ils prétendent vouloir défendre à tout bout de champ sera la première victime de ce renoncement. Car si au départ, le parrainage n’est qu’une démarche administrative qui vise à écarter les candidatures farfelues, il reste que cette démarche revêt toujours un caractère politique, en raison des enjeux et des intérêts en présence, des pressions exercées sur les élus : or ces élus, à la volonté desquels est suspendue l’identité des candidats qui resteront en lice, ne sont aucunement représentatifs du peuple d’où ils sont normalement issus, la proportionnelle étant étrangère aux modes de scrutin. Si peu représentatifs que 20% de l’électorat n’est pas représenté à l’Assemblée Nationale ; si peu représentatifs que lorsque 92% des parlementaires sont favorables au traité constitutionnel, 55 % des Français le rejettent !
Et cette soi disante « représentation nationale », soumise à la pression politique, doit décider qui peut ou non se présenter ou non à la présidentielle ! On sait en effet quel mal les candidats de la droite nationale ont toujours eu pour faire valider leur candidature auprès des maires, quoiqu’ils représentent 20% des électeurs : peut-on pourtant parler de candidature fantaisiste dans un cas pareil ?
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Le FN marque des points
Si Marine Le Pen, Bruno Gollnisch, le FN tout entier voulaient une confirmation du caractère légitime de leur opposition au mariage pour tous, le sondage paru jeudi dans Valeurs actuelles en est une preuve éclatante. Pour 69% des personnes sondées (et comme le Mouvement national le réclame depuis le départ) , les Français « doivent être appelés à décider par référendum » sur cette question. Dans le détail, aucune différence n’est constatée en fonction de l’âge des personnes interrogées et, autre mauvaise surprise pour le gouvernement, 55% des sympathisants de gauche sont favorables à une consultation référendaire. Cela n’étonnera personne, cette opinion est encore plus largement partagée par les sympathisants de l’UMP (86%) et du FN (84%).
Face à cette fronde qui se dessine dans le pays réel au sujet de ce projet de loi qui sera examiné le 29 janvier, Vincent Peillon tente de cliver le débat sur une thématique gauche droite, pour tenter de remobiliser le camp des progressistes.
C’est la raison pour laquelle, avec le soutien de François Hollande, des humanistes du gouvernement ou encore de l’inénarrable Jack Lang, le ministre de l’Education « nationale » a mené en fin de semaine dernière une charge contre l’école libre pour tenter de ressusciter de vieux antagonismes, bien qu’il s’en défende assez maladroitement.
Dans une lettre adressée aux recteurs,le ministre a appelé à « la plus grande vigilance » autour du débat qui entoure le mariage pour tous dans les écoles catholiques, demandant de la « retenue » pour éviter la « stigmatisation homophobe ». Toujours volontairement hors sujet, Il demande ainsi aux recteurs de l’informer « au plus vite des incidents éventuels et de toute initiative contraire à ces principes » dans les établissements publics comme privés…
« Il est hors de question de remettre en cause la neutralité de l’enseignement et le respect des programmes » a réagi le « patron » des établissements catholiques, Eric de Labarre. Certes, « Il n’est pas question d’organiser spontanément des débats dans les classes avec les élèves», «même si, lorsqu’il y a des questions posées par les jeunes et les enfants, le pire c’est évidemment de garder le silence », a-t-il ajouté…
Un PS qui manœuvre lourdement dans ce débat avec le couteau dans les reins de son aile gauche et de ses alliées d’EELV. Les députés écolo-gauchises Noël Mamère et Sergio Coronado ont accusé samedi dans un communiqué, le gouvernement de « jouer les honteuses » (sic) : « Rarement un gouvernement aura autant louvoyé sur un projet de loi dont il avait pris l’engagement », ont-ils écrit.
Mais c’est bien une nouvelle fois l’hypocrisie de la très grande majorité des dirigeants de l’UMP dans cette affaire – caciques que nous ne confondons certainement pas avec la bonne foi de leurs électeurs et de leur base- qui est ici la plus écœurante.
L’ex ministre et actuel député UMP de la Haute-Loire,Laurent Wauquiez, qui avait annoncé lors des dernières législatives qu’il était prêt à voter PS pour faire « barrage » au FN, a dénoncé samedi dans les colonnes du Figaro la « grande manipulation politique» à laquelle se livre M. Peillon, « qui cherche à culpabiliser les chrétiens et à faire croire que l’opposition au mariage homo et à l’adoption est le fait d’une minorité ». « Au lieu d’être le projet de tolérance dont se réclament ses défenseurs, cette réforme est d’abord la réforme du rejet, du mépris et de la haine envers les religions » ; « jamais on n’aurait accepté ces propos (stigmatisant sur les établissements catholiques, NDLR) sur l’islam et sur les juifs » a-t-il affirmé. Quelle audace !
Si M. Wauquiez se souvient que les établissements cathos ne scolarisent pas que les enfants des bobos, soucieux de préserver leurs rejetons d’une mixité qu’ils prônent pour les autres, la montée au créneau de l’ex ministre de l’Education Luc Chatel contre le courrier de Vincent Peillon est toute aussi « paradoxale », pour rester poli.
Dans le JDD, il affirme ainsi être « surpris que, d’un côté, on trouve normal d’organiser des débats dans les établissements publics par toutes les associations partenaires de l’Education nationale, sur tous les sujets, sans jamais dans ces cas-là invoquer la neutralité pour les empêcher, et que, de l’autre, on refuse que les établissements privés sous contrat organisent des débats sur l’évolution de la famille et le mariage homosexuel »
Rappelons ici l’évidence, comme l’a fait Marine en fin de semaine, à savoir que si la famille a «toujours été considérée comme l’ennemi à abattre par les socialistes», «c’est sous le mandat de Nicolas Sarkozy et grâce au ministre Luc Chatel (qui autorisa notamment a diffusion du film de propagande Le Baiser de la lune dans les classes de CM1, CM2, NDLR) que les portes des écoles ont été ouvertes au micro-lobby LGBT afin d’y diffuser auprès de nos enfants la délirante théorie du genre».
Une théorie du genre dénoncée également avec force par l’ancien ministre de François Mitterrand, Georgina Dufoix, dans le magazine La Vie, dans lequel elle prend position contre le mariage pour tous et annonce qu’elle ira manifester le 13 janvier. « Si François Hollande avait posé la question suivante: êtes-vous d’accord pour supprimer les mots père et mère du droit civil français et des codes qui régissent la famille, les Français s’y seraient opposés », a-t-elle estimé. « Nos concitoyens n’ont pas compris que derrière le mariage des homosexuels, c’est la théorie du genre qui est insufflée dans la société française. Cette théorie qui vient des États-Unis estime qu’homme et femme sont interchangeables », conclut-elle
Ce qui ne semble pas choquer M. Chatel outre mesure puisque avec l’aval de Jean-François Copé, de François Fillon et consorts, rappelions nous en novembre, il avait accepté l’enseignement dans les établissements scolaires (et à science-po) de cette fameuse la théorie du genre (gender), défendue notamment par le lobby homosexualiste et popularisée par l’universitaire gauchiste américaine Judith Butler.
Un gouvernement UMP qui a financé aussi le groupuscule extrémiste Act Up, celui là même qui avait organisé la promotion du « mariage gay » à Notre-Dame de Paris en 2005, groupuscule auquel la droite au pouvoir a versé de généreuses subventions (125 000 euros par an).
Alors, certes, Marine a eu raison de rappeler encore que la manifestation du 13 janvier «ne doit pas masquer la double instrumentalisation dont elle est l’objet de la part de l’UMP et du PS, dans le seul but de faire oublier leur proximité idéologique sur la politique d’austérité, de saccage social, de défense de l’ultralibéralisme destructeur tout comme leurs échecs patents dans la lutte contre l’immigration massive, l’insécurité permanente, le chômage de masse et les vagues de délocalisations».
Mais la présidente du FN a aussi apporté son « soutien » à la base militante, aux adhérents frontistes, aux cadres, élus, et électeurs de la droite nationale, populaire et sociale qui défileront dimanche prochain avec Bruno Gollnisch, « contre un projet de loi porté par ce qui n’est plus le parti socialiste mais est devenu le parti sociétaliste» -la formule est heureuse.
Bruno Gollnisch l’a rappelé sur ce blog, les questions dites sociétales, celle du mariage de l’adoption, de la PMA ne sont pas accessoires et secondaires. Elles sont pleinement et entièrement des questions de haute politique. Le sondage que nous évoquions plus haut le prouve, elles sont bien plus ou moins consciemment perçues ainsi par les Français.
Cette opposition frontale des frontistes à ce projet a suscité de nombreux commentaires dans les medias. Nous entendons ici réagir déjà à deux d’entre eux. Contacté par francetv info, « le politologue Jean-Yves Camus », est-il rapporté, explique qu’ « un homme pourrait tirer profit de l’absence de Marine Le Pen dans les cortèges : Bruno Gollnisch. Lui a toujours tenu des positions claires sur le sujet. Il est hostile à l’union homosexuelle, fidèle à la défense des valeurs traditionnelles, fait remarquer le chercheur. Il pourrait attirer à lui les électeurs du FN qui sont sensibles à cette question.Moralité, conclut-il, c’est un test important pour Marine. »
Rappelons à M. Camus que la question ne se pose pas en ses termes. Il peut certes exister parfois au sein du FN des différences d’analyses, bien normales dans un mouvement politique « adulte », « qui fait vivre le débat ».
Mais l’ambition de Bruno n’est pas différente de celle de la direction du FN : porter nos idées au pouvoir, ce qui induit nécessairement un travail collectif. Aussi, il ne cherche pas tant à « attirer à lui les électeurs du FN qui sont sensibles à cette question » , auprès desquels il est déjà connu et apprécié, qu’à attirer les électeurs qui ne votent pas encore FN et/ou qui sont demandeurs d’une ligne forte au sujet de la défense des valeurs traditionnelles.
Enfin, un autre spécialiste es « extrême droite », Nicolas Lebourg dans un entretien accordé au magazine les Inrocks, affirme qu’«il n’y a que des coups à prendre pour le FN en se lançant dans ce débat (sur le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, NDLR) ». «Le FN ne va pas marquer des points sur l’homophobie, sa martingale c’est l’anti-immigration. Ils ne vont pas faire de la politique sur une demande sociale homophobe car il n’y a pas la clientèle politique pour ça.»
Alors, rassurons là aussi M. Lebourg. Non, en effet, le FN ne va pas marquer de points sur l’homophobie, pour la simple et bonne raison que ce n’est pas de cela dont il s’agit comme il feint de le faire croire ; quand bien même cette revendication du mariage pour tous serait très minoritaire chez les homosexuels.
Mais a contrario affirme Bruno Gollnisch -http://www.gollnisch.com/2012/12/31/manifestation-du-13-janvier-pourquoi-bruno-gollnisch-y-sera/- il y a bien une « clientèle politique » désireuse, sans outrances mais avec fermeté, de voir une force politique cohérente défendre la loi naturelle, les valeurs traditionnelles, une éthique de civilisation.
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Droit de vote des étrangers : quand Hollande demande des manifs à Poutou
Philippe Poutou, reçu le 7 décembre en tant qu’ancien candidat à la présidentielle du NPA, avait déjà raconté au Lab les doutes présidentiels sur une réforme constitutionnelle introduisant la proportionnelle.
On apprend dans L’Express ce mercredi que François Hollande lui a confirmé qu’il lui paraissait « compliqué » de faire appliquer sa promesse de permettre aux étrangers hors Union Européenne de voter en France aux élections locales :
Je suis vraiment pour, mais c’est compliqué, à cause de la droite. Ce serait utile, pour appuyer cette réforme, qu’il y ait des mobilisations dans la rue.
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Manuel Valls, nouveau Sarkozy au ministère de l’esbroufe
Tribune libre de Paysan Savoyard
Comme le notent la plupart des observateurs, M. Valls a adopté une stratégie proche de celle qu’avait choisie M. Sarkozy dans sa marche au pouvoir : il a décidé d’occuper à son tour le ministère de la parole martiale. Les actes sont inexistants ou dérisoires, comme c’était déjà le cas avec M. Sarkozy. Mais, instruit par le succès de son devancier, M. Valls sait qu’il n’est nullement besoin d’agir et d’obtenir des résultats pour séduire une majorité d’électeurs.
- La posture de la fermeté théâtrale
M. Valls a choisi, à la suite de son modèle, de devenir ministre de l’intérieur, reprenant à son compte la même stratégie : ce poste de ministre lui permet d’adopter la posture de la fermeté, en phase avec les souhaits d’une opinion majoritairement avide d’ordre et de sécurité. M. Valls sert ainsi ses intérêts personnels de carrière. Mais il occupe en même temps une fonction indispensable pour le système.
Il est en effet vital pour le système UMP-PS de donner l’impression qu’une opposition vigoureuse existe au sein de la classe dirigeante sur les questions de sécurité et d’immigration : opposition entre la gauche et la droite ainsi qu’au sein de chacun des deux camps. L’objectif de l’oligarchie est simple : il faut donner aux électeurs qui souhaitent une plus grande détermination en matière de sécurité et d’immigration le sentiment que cette aspiration à la fermeté est bien présente au sein de la droite comme au sein de la gauche et qu’ils peuvent donc continuer à faire confiance aux grands partis, sans se laisser tenter par le vote extrémiste pour le FN.
C’est avec cet objectif que M. Sarkozy occupait le terrain de la « droite ferme » face au laxisme de la gauche et de la partie molle de l’UMP et du centre. M. Valls joue ce même rôle au sein de la gauche et du PS, dont il incarne l’aile droite.
Dans cette perspective M. Valls forme avec Mme Taubira un binôme très utile, les deux acteurs se répartissant les rôles. Les positions laxistes du ministre de la justice permettent à son collègue d’apparaître par contraste comme une personnalité ferme et réaliste. « Il est quand même moins pire que Taubira » estime le militant ingénu de l’UMP. « Heureusement tout de même qu’il est là », pense l’électeur socialiste ou centriste (qui préfère tout de même in petto que les cambrioleurs soient en prison plutôt qu’ils viennent s’en prendre à son pavillon).Ces électeurs candides ne voient pas qu’ils sont en présence d’un arrangement tout à fait étudié entre les deux duettistes : tandis que l’un fait les gros yeux, l’autre insiste sur les injustices dont seraient victimes ceux qui se laissent aller à des actes violents. Ce partage des rôles permet au gouvernement de conserver la sympathie des différents courants qui composent la gauche.
Il s’agit là d’un grand classique de la politique de ces dernières décennies : le ministre de l’intérieur et celui de la justice font traditionnellement mine de s’opposer et de se critiquer, ce jeu-de-rôle abusant les naïfs à tout coup. Au sommet de l’État, M. Sarkozy et M. Fillon s’étaient de la même manière distribués les rôles avec un objectif similaire : le cogneur volontariste et énergique d’un côté, le responsable prudent et bien élevé de l’autre.
D’autres ministres du gouvernement actuel ont chacun leur partition dans ce théâtre. Les gauchistes, comme Mme Duflot, prennent des positions en pointe, souhaitant par exemple que les communes soient contraintes d’accueillir un nombre croissant de logements sociaux, ou sommant l’Église de prendre en charge les mal-logés (les bénéficiaires potentiels des projets de ce ministre étant en pratique le plus souvent des immigrés).
Ces positions de boutefeu sont utiles pour M. Hollande qui pourra apparaître le moment venu dans une position d’arbitre au dessus de la mêlée. Elles sont également profitables à M. Valls, dont elles mettent en évidence par différence la posture de fermeté.
- La vigueur des paroles, la vacuité des actes
Il va sans dire que cette position de fermeté relève du marketing politique : elle ne correspond à aucune conviction et ne traduit aucune volonté d’agir. M. Valls, et M. Sarkozy avant lui, ont choisi le positionnement qui leur paraît électoralement le plus efficace : ils seraient tout à fait à même de tenir le discours inverse si cela leur était profitable.
C’est ainsi que l’action de M. Valls, comme c’était le cas pour son prédécesseur, repose sur la parole, la gesticulation, la mise en scène. Les actes ne tiennent dans cette stratégie marketing qu’une place accessoire. M. Valls multiplie les déclarations de fermeté : « Je ne laisserai pas faire ceux qui… » ; « Les délinquants doivent savoir que… » ; « Le gouvernement mettra tout en œuvre pour… » ; « L’État ne tolèrera pas que… », etc. Tous les ministres de l’intérieur se coulent d’ailleurs dans ce rôle de composition. On se souvient de M. Pasqua assurant qu’il allait « terroriser les terroristes », ou de M. Sarkozy promettant de « nettoyer les quartiers au Karcher ».
M. Valls comme M. Sarkozy savent qu’à l’ère médiatique, seules comptent la parole et l’apparence, les actes étant de peu d’importance. Les mots en effet sont prononcés en prime time devant les caméras dûment convoquées, dans le cadre d’une mise en scène étudiée. Tandis que les actes, ou plutôt l’absence d’actes, restent tout à fait inaperçus.
Pour s’apercevoir que les rodomontades de M. Sarkozy ne se traduisaient pas aucun acte sérieux, voire même qu’elles s’accompagnaient de décisions exactement contraires aux proclamations martiales, il fallait suivre attentivement l’actualité, faire le tri entre les annonces, les projets et les textes effectivement votés, consulter les statistiques rendant compte des résultats, détailler les rapports, les tableaux, les sites spécialisés. Le nombre d’électeurs qui se livrent à ce travail est évidemment infime.
Aucun électeur UMP ou presque n’a vraiment pris conscience, entre autres nombreux exemples, de ce que M. Sarkozy avait supprimé de fait la « double peine » (en rendant inexpulsables les étrangers délinquants se trouvant dans l’une des situation suivantes : nés ou arrivés en France avant l’âge de 13 ans ; conjoints de Français ou de résident régulier ; parents d’enfants Français ; résidant en France depuis 20 ans ; loi du 26 novembre 2003) ; ou qu’il avait fait passer de un à deux ans la durée en deçà de laquelle les condamnations à la prison ferme ne donnent pas lieu à un emprisonnement effectif (article 132-25 du code pénal modifié par la loi du 24 novembre 2009).
Quoique de grande portée, de telles mesures techniques ne peuvent que rester inaperçues. De même que sont passées « comme lettre à la poste » les 200 000 entrées légales d’immigrés intervenues chaque année pendant son mandat. Marine Le Pen les a seule dénoncées : elle a fait dix points de moins que M. Sarkozy, lequel n’a raté la réélection qu’à un peu plus d’un point.
Seules, donc, importent les paroles. La raison de cet état de fait est facile à saisir. Abreuvé d’informations superficielles, l’électorat ne retient que très peu de choses de ce qu’il entend, voit et lit : il capte des impressions. Il retient le ton de voix, le style et la posture politique d’ensemble. C’est ainsi qu’avec un costume seyant, un titre de ministre, le prestige qui s’attache à la fonction, les gardes du corps qui vous entourent, les gendarmes qui vous saluent, les portes qui claquent, les motos qui démarrent, il n’est pas difficile d’être perçu comme quelqu’un d’important, qui dit des choses importantes, qui fait des choses importantes ; il n’est pas difficile de donner l’image d’un chef.
M. Valls a bien compris la leçon de M. Sarkozy. Dès qu’un acte délinquant grave est commis quelque part, il se précipite, et prononce face aux caméras, entouré de policiers, le regard sombre, la mâchoire serrée, le ton étudié, des paroles martiales qui conduisent le spectateur à penser que l’État est tout de même tenu : « Nous ne laisserons pas… Les délinquants doivent savoir… Il n’est pas acceptable… ». Avec des ministres prestidigitateurs comme MM. Sarkozy et Valls, les évènements délinquants n’apparaissent nullement comme des preuves de leur inefficacité : par la gesticulation ils parviennent au contraire à les transformer en manifestation de fermeté et en occasion de se faire valoir.
Quant aux actes, rien de sérieux n’est entrepris. Et ce pour une raison simple. Non que MM. Sarkozy, Valls ou Hollande aient nécessairement plaisir à ce que s’installe le désordre et s’étende la délinquance. Peut-être préfèreraient-ils à titre personnel mener s’ils le pouvaient une politique d’ordre. Mais ils savent bien qu’une telle politique leur est de toute façon interdite.
Une politique de remise en ordre nécessiterait en effet des actes de rupture (tels que l’arrêt de l’immigration légale, l’interruption du regroupement familial, l’arrêt de la délivrance de visas dans les pays d’immigration, la réservation des prestations sociales aux seuls nationaux, le renvoi des clandestins et des délinquants étrangers ou encore la mise à l’écart des récidivistes par un fort durcissement des règles pénales à leur égard).
La classe politique ne peut se permettre de telles mesures : elles seraient en effet en contravention avec les analyses qu’elle met en avant depuis quarante ans ; et surtout elles seraient contraires à ce que souhaitent les véritables maîtres du système d’ensemble (propriétaires et dirigeants des multinationales et des groupes financiers, membres des lobbys, réseaux et sociétés secrètes).
Les actes pris par des ministres de l’intérieur comme MM. Sarkozy ou Valls se limitent dès lors au registre de la mise en scène. C’est ainsi que M. Valls a fait procéder au cours de l’été à de nombreux démantèlements de camps de Roms, devant les caméras. Ces scènes de cinéma sont évidemment sans efficacité, les camps étant immédiatement reconstitués un peu plus loin (à moins que les Roms en question ne soient séance tenante hébergés à l’hôtel aux frais du contribuable).
- La stratégie des deux bords : un pied à gauche, un pied à droite
M. Valls affiche bruyamment sa fermeté contre la délinquance et contre le terrorisme. Dans le même temps, sur les questions les plus sensibles, celles de l’immigration et de l’intégration, il prend, plus discrètement, des positions ouvertes, les mêmes que celles de M. Sarkozy.
Il distingue ainsi soigneusement les islamistes, qu’il entend combattre, et « l’immense majorité des musulmans » désireux, selon lui, de s’intégrer et qu’il faudrait accompagner dans cette démarche en s’appuyant sur le concept de laïcité : la république étant censée être neutre vis-à-vis des religions, elle permet selon M. Valls aux adeptes des différents cultes de s’y agréger.
C’est ainsi que M. Valls est favorable à la construction d’un islam de France et à l’édification de mosquées. « Notre responsabilité, c’est de progressivement construire un islam de France, un islam qui trouve pleinement ses racines dans notre pays » (Inauguration de la mosquée de Cergy, 06/07/12). « L’islam a toute sa place en France car l’islam de France c’est aussi la France »… « Soyez fiers de l’islam que vous bâtissez »…« La République tend la main. C’est à l’islam d’aller avec confiance vers la République. » (Inauguration de la mosquée de Strasbourg, 27/09/12).
Notons au passage que les deux mosquées inaugurées récemment par M. Valls ont l’une et l’autre bénéficié de financements publics, en violation de la loi de 1905 (la ville de Cergy a garanti à hauteur de 50% l’emprunt de 2,2 millions d’euros souscrit par la fédération musulmane maître d’ouvrage et a consenti un bail emphytéotique de 99 ans sur le terrain qui accueille l’édifice ; la grande mosquée de Strasbourg a été financée à 22% par les collectivités et pour le reste par le Maroc, l’Arabie Saoudite, le Koweït et les fidèles ; sources : AFP).
De même M. Valls s’est déclaré en faveur d’une augmentation des naturalisations. Dénonçant la baisse enregistrée ces dernières années, il déclare : « Nous voulons revenir aux chiffres d’il y a deux, trois ans » et ajoute « Il ne faut pas avoir peur de ces nouveaux Français qui sont une force pour la République ». (28/09/12) Dans cette perspective il a fait paraître le 28/09/12 une circulaire assouplissant les critères de la naturalisation (suppression du QCM de culture générale, suppression de l’obligation de détenir un CDI).
De même encore il se déclare en faveur du vote des étrangers. « J’ai suffisamment défendu le droit de vote des résidents étrangers à la tribune de l’Assemblée pour dire qu’il faut y arriver « , mais « il ne faut pas se précipiter si on veut réussir et tenir cet engagement » (20/09/12)
Ce positionnement était très précisément celui de M. Sarkozy : à la fois ferme (en paroles…) contre la délinquance et l’intégrisme ; et favorable à l’intégration des immigrés au nom des valeurs républicaines. Cette posture habile, alliant la rigueur et l’esprit progressiste, le place à la fois à droite et à gauche. Elle a plusieurs avantages :
A court terme, M. Valls réduit les angles d’attaque et désarme une partie des opposants. Même si elle réprouve son orientation droitière, l’aile gauche de la majorité modère ses critiques envers un ministre qui donne régulièrement des gages de conformité progressiste et républicaine. La droite le ménage également dans la mesure où il apparaît pour elle « moins pire » que les autres socialistes. A plus long terme cette méthode permettra à M. Valls de se trouver dans une position centrale lorsqu’il se présentera à une future élection présidentielle, pouvant ainsi espérer recueillir les voix des centristes et de la droite modérée.
Ce positionnement quelque peu ambigu démontre la bonne connaissance qu’ont des gens comme MM. Sarkozy et Valls de la façon dont fonctionnent la plupart des électeurs.
Un premier élément joue en faveur de M. Valls. Beaucoup sont tout prêts à penser que M. Valls ne va pas aussi loin qu’il le souhaiterait parce qu’il n’est « que ministre ». De nombreux électeurs de droite avaient ainsi exonéré M. Sarkozy de tous les échecs de son passage au ministère de l’intérieur : « Il n’a pas les mains libres : ce sera différent lorsqu’il sera président ». M. Valls bénéficiera probablement à son tour de la même bienveillance des électeurs crédules.
Plus généralement, on sait que les électeurs retiennent des déclarations des politiciens ce qu’ils ont envie d’entendre. Il s’agit là d’un mécanisme classique : désireux de conserver une espérance, la plupart des gens sont naturellement enclins, lorsqu’ils écoutent un leader en qui ils ont mis leurs espoirs, à percevoir ce qui les arrange et à occulter le reste. C’est ainsi qu’un électeur inquiet de l’évolution du pays vers la violence et le communautarisme se souviendra des déclarations martiales de M. Valls, mais aura tendance à oublier les moments où le même M. Valls se prononce par exemple pour la poursuite de la construction de mosquées.
Mais il y a plus. Paradoxalement l’ambiguïté apparaît souvent profitable et contribue à forger une posture de présidentiable. Même lorsqu’ils s’aperçoivent des non-dits et des contradictions, les électeurs les portent au crédit des leaders à qui ils attribuent un « destin national ».
L’ambiguïté en effet crée une distance avec les gens ordinaires, qui alimente par elle-même l’aura du leader. Elle laisse penser que celui-ci dispose d’informations et subit des contraintes qui restent ignorées de l’électeur moyen. Lorsqu’un leader pratique le double langage, l’opinion ne réagit pas en l’accusant d’hypocrisie : elle considère au contraire, dans le droit fil des analyses de Machiavel, que les dirigeants sont contraints d’appliquer les règles propres à l’univers du pouvoir, l’ambiguïté, la duplicité et le mensonge d’État apparaissant comme la marque du monde des gouvernants.
C’est ainsi que plusieurs dirigeants importants ont cultivé avec profit l’art de l’ambiguïté et du double langage. Le « Je vous ai compris » gaullien relève évidemment de ce registre. De Gaulle est aussi celui qui déclarait que la France devait rester un pays « de race blanche et de culture chrétienne… », tout en engageant la politique d’immigration de travail.
M. Mitterrand était orfèvre dans ce domaine de l’hypocrisie et du double langage. Parmi les exemples fameux on se rappelle qu’il se faisait applaudir en dénonçant « ceux qui gagnent de l’argent en dormant », tout en laissant son gouvernement prendre d’énergiques mesures de libéralisation économique favorables au développement de la spéculation et de la sphère financière (libération des mouvements internationaux de capitaux, dérégulation …).
Revenons à M. Valls. On se souvient de cet épisode enregistré à son insu au cours duquel, parcourant les allées d’un marché de la ville d’Evry dont il est maire, il demanda à son directeur de cabinet de prévoir davantage de stands tenus par « des Blancs, des White, des Blancos ». Il y avait là un modèle de déclaration ambiguë. Révélait-elle l’exaspération d’un maire constatant que sa ville est envahie par des immigrés ? Nous pensons plutôt qu’elle illustrait la volonté cynique de M. Valls de cacher la réalité.
Il reste que cet épisode a contribué à installer l’image d’un personnage réaliste et en phase avec l’opinion, mais également d’une personnalité difficile à cerner et offrant une part de mystère : le profil du présidentiable se construit.
- Un personnage arriviste et cynique
Comme celui de M. Sarkozy, le parcours personnel de M. Valls est entièrement dédié à la politique professionnelle. M. Valls est un militant actif du Parti socialiste depuis les années de lycée et n’a jamais eu d’activité professionnelle en dehors de la sphère politique. Élu pendant plusieurs années dans le Val d’Oise, il s’est transporté dans l’Essonne où l’ampleur des scores de la gauche lui permettait sans difficulté de devenir maire d’une grande ville (il va sans dire que, comme tous les politiciens, M. Valls ne réside pas dans la ville de banlieue dont il est maire).
Comme M. Sarkozy, M. Valls a nourri probablement très tôt une ambition présidentielle. Son accession à un poste de ministre important à seulement cinquante ans est un facteur favorable : c’est à peu près au même âge que M. Sarkozy était devenu ministre de l’intérieur.
L’abondance des points communs avec M. Sarkozy ne peut que frapper. Notons par exemple que, comme lui, M. Valls s’est remarié avec une artiste. Surtout M. Valls se révèle aussi cynique que son devancier : selon le Canard Enchaîné (17/10/12), M. Valls a usé de sa position pour faire évacuer, à la demande de sa femme, les SDF et les Roms du quartier parisien du 11earrondissement où il réside.
- Une personnalité antifrançaise
Tout montre que, comme M. Sarkozy avant lui, M. Valls n’aime pas les Français, du moins les Français de souche, et encore moins la France française.
Comme on l’a vu plus haut, M. Valls est favorable à la construction de mosquées, à l’augmentation des naturalisations, au vote des étrangers et à la poursuite de l’immigration (« Notre pays est en capacité d’accueillir les étrangers à condition que cette immigration soit maîtrisée. » 06/12/12).
Sur le plan économique, il a les mêmes positions libérales que M. Sarkozy, qui débouchent sur la mondialisation, les délocalisations et le chômage des Français. Membre dans sa jeunesse au sein du PS du courant Rocard favorable à l’économie de marché mondialisée, il a depuis maintes fois confirmé ces options.
Comme M. Sarkozy, il entretient différents liens avec des pays étrangers. On sait que M. Sarkozy admire les États-Unis. M. Valls a lui fait partie, comme plusieurs autres oligarques français, des bénéficiaires du programme « Young leaders » de la French American Fondation. De même il a admis avoir participé en 2009 au séminaire du groupe Bilderberg, qui réunit des personnalités américaines et européennes favorables aux thèses atlantistes.
Par ailleurs M. Valls est proche des différents réseaux qui ont pour objectif de promouvoir le mondialisme et les valeurs universalistes. Il est membre du club le Siècle, qui réunit le cœur de l’élite française, gauche et droite confondues. Franc-maçon, il a appartenu au Grand Orient de France (il indique l’avoir quitté depuis). Un ancien grand maître du GO, M. Bauer, est l’un de ses plus proches amis depuis les années d’université. M. Bauer est actuellement son conseiller officieux… après avoir été celui de M. Sarkozy. Au ministère de l’intérieur M. Valls retrouve de nombreux frères en maçonnerie, la hiérarchie de ce ministère étant traditionnellement, et ce depuis deux cents ans, fortement infiltrée.
C’est donc en toute logique que M. Valls a repris la même posture que celle de M. Sarkozy vis à vis des mouvements nationalistes. En réponse à l’occupation de la mosquée en construction de Poitiers par le mouvement « Génération identitaire », M. Valls a ainsi dénoncé « la provocation haineuse et inadmissible », garantissant « que l’État fera preuve de la plus grande fermeté face aux manifestations d’intolérance qui déchirent le pacte social« .
Il désigne de même le Front national comme un ennemi privilégié. « Marine Le Pen fait mal à la France ». (27/09/12 inauguration de la mosquée de Strasbourg). « Le discours de haine, de rejet ne peut pas être accepté, et renvoie à ce que sont Mme Le Pen et le Front national, un parti qui est très loin, tellement loin, des valeurs de la République » (23/09/2012). Lors d’une récente émission télévisée (06/12/12) il déclare que la laïcité « c’est la meilleure réponse contre le communautarisme mais aussi contre le FN ».
Ajoutons que M. Valls vient d’annoncer le durcissement de la politique de sécurité routière, comme M. Sarkozy l’avait fait avant lui (nous avons essayé de montrer dans un article précédent que cette politique de diversion était de fait dirigée contre les Français moyens, que l’on essaie de faire taire et d’intimider en les assimilant à des délinquants).
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A l’instar de son modèle M. Sarkozy, M. Valls apparaît comme un cynique avant tout préoccupé de lui même et de son ambition personnelle. Il est également un idéologue : ce point le distingue peut-être de M. Sarkozy, qui lui est manifestement dénué de toute conviction.
M. Valls peut espérer réussir à tromper de nombreux électeurs, aussi efficacement que l’avait fait M. Sarkozy. Déjà l’on voit les électeurs de droite le considérer de façon assez favorable. Même des électeurs nationalistes se laissent aller à le juger « moins pire » que les autres.
Il est pire pourtant, bien sûr, plus hypocrite donc plus dangereux. Il a manifestement l’étoffe pour rivaliser en matière de cynisme, dans la lignée des Mitterrand et des Sarkozy. Pour l’heure, Manuel Valls occupe à son tour avec talent le ministère de l’esbroufe.