Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

entretiens et videos - Page 874

  • Entretien avec Yvan BENEDETTI : « Les Français doivent être et rester maîtres chez eux ! »

    ntretien avec Yvan BENEDETTI, président de l’Œuvre française, à paraître dans l’hebdomadaire RIVAROL du 9 novembre 2012.

     

     

    RIVAROL : Pouvez-vous revenir sur les événements qui se sont déroulés en marge de la manifestation qui devait se tenir le 29 septembre dernier à Paris ?

     

    Yvan BENEDETTI : Le samedi 29 septembre, la manifestation des Jeunesses Nationalistes qui avait pour thème « Maîtres chez nous ! »et à laquelle je devais participer en tant que président de l’Œuvre française a été interdite par la Préfecture de Paris. Les jeunes hommes qui avaient décidé de protester contre cette atteinte à leur liberté d’expression ont fait l’objet d’une véritable rafle, comme à Lyon, trois mois plus tôt. On peut parler de nouveau de Rafle des souchiens, Acte 2 ! Alexandre Gabriac, responsable des Jeunesses Nationalistes qui se trouvai0t seul sur la Place Saint-Michel et moi-même sur le Parvis de Notre Dame avons été interpellés par des membres des forces de l’ordre plutôt excités et très agressifs. M. Gabriac était alors conduit sans ménagement à l’intérieur d’un bus. En ce qui me concerne, après avoir été copieusement insulté, j’étais dirigé vers un groupement de jeunes gens parqués à l’intérieur d’un cordon de forces de l’ordre et qui ne cessait d’enfler du fait des interpellations successives. Après plusieurs minutes, notre groupe était orienté vers le bus-prison dans lequel nous devions être embarqués. Alors qu’Alexandre Gabriac était extirpé sans ménagement du bus, une bousculade a démarré et c’est à ce moment que le jeune conseiller régional a fait l’objet de violences policières à l’origine de son malaise cardiaque.

     

     

    R. : Et vous-même, avez-vous fait l’objet de telles violences ?

     

    Y. B. : Oui également ! Embarqués les uns après les autres sans manquer d’être fouillés individuellement, j’ai été le dernier à monter dans le bus sans opposer de résistance. Alors que je me tournais vers la caméra de France 3 pour lancer un slogan, j’ai été agressé par derrière, étranglé et jeté comme un sac au sol ou plutôt sur le plancher du bus avant d’en être extrait sans ménagement pour être balancé dans une fourgonnette de police. S’ensuivent 48 heures de garde à vue et d’audition, dans un premier temps rue de l’Evangile dans le 18e, puis au commissariat de La Bastille, dans le 4e arrondissement. Déféré devant un procureur aux ordres, je fais l’objet d’un contrôle judiciaire, d’une interdiction de me rendre à Paris, ce qui me limite dans mes prérogatives de président d’un mouvement dont le siège central est dans la capitale. Enfin je suis convoqué le 19 novembre devant le Tribunal de Grande Instance de Paris pour être jugé car je suis poursuivi pour “rébellion” et « participation à un regroupement interdit après injonction de se disperser ». 

    R. : Ce que vous contestez ?

     

    Y. B. : Et comment ! En guise de rébellion aux forces de l’ordre, c’est moi qui ai fait l’objet de violences verbales et physiques ! Les trois gendarmes mobiles qui portent plainte contre moi indiquent dans leur procès-verbal qu’à aucun moment je n’ai porté de coup. Et je n’ai pas participé à un rassemblement interdit puisque j’ai été interpellé seul et poussé de force vers le groupe de jeunes gens interpellés comme moi, parqués et retenus par un cordon de sécurité. Bien évidemment il n’y a pas eu de demandes de dispersion puisque l’on était retenu de force et contre notre gré.

     

    R. : Pourquoi une telle violence alors que vous ne montriez aucun signe d’hostilité ?

     

    Y. B. : J’avais eu des informations confidentielles en provenance d’amis au ministère de l’Intérieur m’informant que nous allions faire l’objet de provocations de la part du Système. C’est ce que je dénonce le matin pendant la conférence de presse que nous avons tenue, Maître Pierre-Marie Bonneau, notre conseil qui déposera un recours sur le fond contre l’interdiction de la manifestation par le Préfet de Paris, Alexandre Gabriac et moi. Le but était de faire dégénérer les éventuels regroupements spontanés qui ne manqueraient pas de se produire dans le but légitime de protester contre l’interdiction, pour pouvoir enclencher la machine répressive, engager des poursuites, nous jeter au trou et dissoudre les mouvements que nous présidons. Le complot a échoué car les militants n’ont pas répondu aux provocations policières et je tiens à rendre hommage à tous ces jeunes gens qui ont eu le courage de protester contre cette interdiction afin de rappeler que les Français doivent être et rester maîtres chez eux. A ce titre il faut se mobiliser pour défendre les deux militants qui sont poursuivis devant la justice. Ce complot a échoué aussi parce que suite aux violences policières, Alexandre Gabriac a perdu connaissance après un malaise cardiaque. Les représentants du système ont alors paniqué et les poursuites contre lui pour rébellion et organisation d’une manifestation interdite ont été abandonnées.

     

    R. : Vous donnez rendez-vous je crois le lundi 19 novembre devant le Tribunal de Paris où vous allez comparaître ?

     

    Y. B. : En effet comme je vous l’ai expliqué, je suis convoqué devant la 29e Chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris. J’appelle vos lecteurs, ceux qui sont disponibles, à se rendre au TGI, ce jour-là car je ne compte pas me laisser tordre le cou sans réagir. Dans cette affaire, tout relève du mensonge et de la provocation : c’est ce que je compte bien démontrer avec l’aide de mon avocat Maître Pierre-Marie Bonneau.

     

    Propos recueillis par Jérôme Bourbon. http://jeune-nation.com

  • Les non alignés ne représentent pas un poids décisif contre l’hyperpuissance

    Entretien avec le politologue danois Dr. Christof Lehmann

    Le Dr. Christof Lehmann est psychologue de formation. Depuis une trentaine d’années, il est actif en tant que conseiller en politique internationale. Depuis 1982, il traque les (réelles) violations des droits de l’homme. Ses articles de géopolitique sont publiés en plusieurs langues. Il est conseiller attitré du portail d’information chinois “The 4th Media” et gère son propre site sur l’internet nsnbc.wordpress.com

    Q.: Dr. Lehmann, les médias allemands inféodés à l’établissement ont délibérément ignoré le sommet des Etats non alignés qui s’est tenu récemment à Téhéran; seul le coup de gueule entre le président égyptien Mohammed Mursi et la délégation syrienne a suscité une fort brève évocation. Ce sommet était-il vraiment indigne d’être mentionné et explicité au public de nos pays?

    CL: Il aurait valu la peine, je pense, de mentionner par exemple la requête des non alignés de réanimer le rôle de l’assemblée générale de l’ONU, ce qui aurait exigé, dans la foulée, de procéder à des modifications structurelles du Conseil de Sécurité de l’ONU et aurait mis un terme aux abus que pratique ce Conseil de Sécurité quand il cherche à justifier des crimes contre la paix. Les non alignés ont également critiqué, et de manière sévère, les abus dérivés du fameux principe de “responsabilité à protéger”, par lequel on justifie des interventions militaires. Ensuite, ils ont réclamé une réforme de la Cour pénale internationale, dont on abuse aussi pour fabriquer des procès-spectacles et imposer une justice de vainqueur. Toutes ces requêtes des non alignés méritent pourtant bien qu’on en parle, surtout dans les Etats qui sont les victimes potentielles des dysfonctionnements évoqués; en effet, dans les mass-media des Etats responsables de tous ces dysfonctionnements, on ne parle que rarement de ceux-ci, surtout pour les critiquer. Lorsque l’on évoque, comme vous le faites, le fait qu’il existe, dans nos médiasphères, des nouvelles qui sont soit dignes soit non dignes d’être révélées dans la presse télévisée et écrite, il faut bien savoir que tout gouvernement, et surtout tout gouvernement qui déclenche et mène des guerres, dispose non seulement d’une puissance militaire mais aussi d’un appareil de propagande qui agit en parallèle avec ces forces armées.

    Q.: Bon nombre d’Etats soi-disant non alignés, comme par exemple, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, l’Azerbaïdjan et d’autres encore, sont des alliés affichés des Etats-Unis et coopèrent étroitement avec l’OTAN. Le mouvement des non alignés peut-il constituer un contre-poids à cet Occident surarmé et ubiquitaire?

    CL: Le mouvement des non alignés n’est en aucune façon un bloc politique et militaire cohérent comme le sont l’UE ou l’OTAN, mais constitue une association lâche de quelque 120 Etats souverains. Les non alignés n’ont pas une politique extérieure et sécuritaire commune car cela n’irait pas dans le sens de leurs intentions premières. Les non alignés ne seront donc pas, dans un avenir proche, un contre-poids à la prépondérance occidentale car, comme vous venez de le dire en formulant votre question, bon nombre d’Etats soi-disant non alignés se sont tournés vers l’américanosphère occidentale et entretiennent des relations fort étroites avec Washington. D’autres pays non alignés se tournent vers d’autres alliances comme par exemple celle qui rassemble les Etats dits du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ou celle qui constitue le marché commun sud-américain, le Mercosur. Tout contre-poids à la prépondérance occidentale et à la volonté atlantiste de dominer le globe émergera forcément au sein d’autres structures que le mouvement des non alignés.

    Q.: Comment jugez-vous l’exigence iranienne de contrer “la mafia médiatique occidentale en créant un bloc médiatique alternatif”? Est-il vraiment possible de faire émerger une telle alternative au départ du mouvement des Etats non alignés?

    CL: Les principes de base qui animent le mouvement des non alignés sont a) celui de la souveraineté des nations et b) celui de la non immixtion dans les affaires intérieures d’un Etat. Ce dernier principe devrait aussi valoir dans le domaine de la politique médiatique. Le mouvement des non alignés n’est toutefois pas le forum idoine pour former à terme une sorte de “contre-bloc”. Cela ne signifie pas pour autant que le mouvement des non alignés doit demeurer passif dans le domaine de la politique médiatique. Par exemple, le mouvement des non alignés pourrait fort bien —et c’est inscrit dans sa déclaration d’intention— exiger que le blocage illégal des canaux de la télévision syrienne et le boycott des agences de presse de Damas soient rendus immédiatement caducs.

    Q.: La Russie n’est pas membre du mouvement des non alignés. Quant à la Chine, elle n’y a que le statut d’observateur. Existe-t-il dans le mouvement des non alignés une puissance que l’on pourrait qualifier de “dirigeante”?

    CL: Il n’y a pas de puissance “dirigeante” au sein du mouvement des non alignés. Car un tel état de choses reviendrait aussi à enfreindre les principes mêmes du non alignement. La politique actuellement poursuivie par la Russie et par la Chine est en soi une sorte de politique de non alignement, parce qu’elle accorde une grande valeur au principe de souveraineté nationale. La politique de Moscou et de Beijing repose sur le principe de réciprocité, de commerce et sur une doctrine militaire fort différente de celle de l’Occident, une doctrine militaire qui s’axe sur la seule défense (du périmètre national). Le double veto russe et chinois et l’opposition qu’affichent Moscou et Beijing contre toute réédition en Syrie du fiasco libyen montre comment fonctionne et devrait toujours fonctionner une véritable et légitime politique de non alignement. Voilà pourquoi, je pense, de plus en plus d’Etats membres du mouvement des non alignés finiront par s’orienter selon les politiques suggérées par la Russie et la Chine. Cette politique est effectivement le contraire diamétral de la politique hégémoniste et néo-coloniale de l’Occident. La stratégie mise en oeuvre par les Américains repose surtout, à l’heure actuelle, sur la théorie du “coup d’Etat post-moderne” qui prend le visage des “révolutions colorées” ou “révolutions des fleurs”, c’est-à-dire une stratégie de la subversion active. La Russie et la Chine en ce domaine agissent de manière plus intelligente et plus légitime. Tandis que l’OTAN prétend vouloir imposer une hégémonie globale, Russes et Chinois offrent de respecter le principe de souveraineté nationale dans le cadre du droit international en vigueur. La République Fédérale allemande serait d’ailleurs bien inspirée si elle choisissait une nouvelle orientation diplomatique et stratégique. Acquérir un surplus de souveraineté ne ferait pas de mal à Berlin.

    Q.: Dr. Lehmann, nous vous remercions de nous avoir accordé cet entretien.
    Entretien paru dans le magazine “Zuerst!”, n°10/2012; zuerst.de

    http://fr.altermedia.info

  • La Russie sur l'échiquier mondial

    En 1991, la Russie renaissait des débris de l'empire soviétique. L'objectif primordial de la Russie était de rejoindre les rangs des « peuples civilisés » selon les termes du Ministre des affaires étrangères de l'époque (Andreï Kozyrev). La classe politique et la population russes étaient convaincues dans leur majorité que le pays obtiendrait de sa démocratisation des résultats politiques mais aussi une aide économique massive. Ces espoirs seront rapidement déçus. Par ailleurs, la Russie allait ressentir le mépris des occidentaux à son égard dans la gestion de la crise irakienne puis dans celle du Kosovo. Aussi les Russes se sont-ils écartés de l'Occident.

    Pour sa part, l'Occident espérait que la Russie se transformerait rapidement en une démocratie avancée, avec une économie de marché prospère, et qu'elle serait solidaire sur les grandes questions internationales. Ces attentes excessives ont conduit au désenchantement et au refroidissement des relations diplomatiques. La politique étrangère russe, peinant à parler d'une seule voix, réagissant au coup par coup, a irrité ses partenaires. Les scandales de corruption dans l'entourage de Boris Eltsine, les chassés croisés ministériels, la nouvelle guerre de Tchétchénie alimentèrent en Occident une hostilité croissante envers la Russie.

    Mais la diplomatie russe connaît aujourd'hui un revirement. Malgré les incompréhensions qui se sont accumulées au cours des dernières années, les dirigeants sont aujourd'hui conscients que tout repli sur soi aurait de lourdes conséquences pour le pays (la modernisation de l'économie est notamment impossible sans des investissements étrangers massifs).

    Arrivé au pouvoir le 31 décembre 1999, Vladimir Poutine a adopté une nouvelle doctrine qui peut se résumer par une combinaison : libéralisme économique, renforcement du pouvoir d'État, politique extérieure indépendante et active. Il s'est engagé dans la double voie de l'alliance avec les pays européens et du retour de l'influence russe dans l'espace anciennement soviétique et en Asie. Il s'agit de redonner à la Russie le statut de grande puissance.

    La perte d'influence de la Russie au niveau international est en grande partie due à l'enlisement des réformes intérieures. L'autorité centrale est détériorée et la corruption bien installée. Les sorties de capitaux atteignent des sommes vertigineuses. La société russe présente de nombreux signes de fragilité, dont le principal est le déclin démographique. La Russie est atteinte dans son image.

    I - Les relations de la Russie avec l'Occident

    Malgré ses handicaps, la Russie compte par ses ressources et sa capacité nucléaire (elle reste en ce domaine la deuxième puissance après les États-Unis). La Russie conserve-t-elle un rêve impérial ? Son lourd passé alimente toujours les craintes des occidentaux.

    Les événements du 11 septembre sont venus modifier la façon dont la Russie est perçue, permettant un rapprochement sans précédent avec les États-Unis. L'hostilité ancestrale a laissé place à des déclarations amicales étonnantes.

    Rappel des faits

    La volonté de rapprochement du Président Poutine était perceptible depuis plusieurs mois. Lorsque les attentats du 11 septembre frappèrent de plein fouet les Américains, Vladimir Poutine fut le premier chef d'État étranger à présenter ses condoléances au Président Bush. Cet événement représentait alors un test décisif pour sa carrière politique. De symbolique, l'élan russe allait devenir concret en l'espace de deux interventions télévisées. Le 22 septembre, le Président Poutine déclarait : « la Russie n'a pas d'autre choix que de participer à la coalition contre le terrorisme, car ce dernier ne peut être vaincu que par un front uni de toutes les forces du monde civilisé ». Deux jours plus tard, en Allemagne, il énonçait les « cinq points » de la participation russe à la coalition internationale menée par les États-Unis (échange de renseignements, permission de survol de l'espace aérien russe pour des missions humanitaires, contribution à d'éventuelles opérations d'extraction en Afghanistan même, utilisation de bases militaires en Asie centrale, aide accrue aux forces de l'Alliance du Nord).

    Depuis les échanges se sont multipliés, George Bush arguant de sa totale « confiance ». Ni Gorbatchev ni Boris Eltsine n'avaient pu susciter ainsi l'intérêt américain.

    Quelles sont les raisons du rapprochement, côté américain ?

    Le terme de « fatigue russe » caractérisait encore récemment la relation des États-Unis avec la Russie.

    Les États-Unis se sont, à de multiples reprises, félicités de la coopération sans précédent apportée par Moscou après les attentats du 11 septembre en matière de lutte contre le terrorisme et d'aide dans leur campagne en Afghanistan. Les Américains peuvent pourtant clairement se passer d'une entente sur ces points. Mais ils peuvent ainsi espérer supprimer des points de blocage venant des Russes, sur des sujets jusqu'à présent litigieux.

    Les marques d'intérêt accordées par les États-Unis n'empêchent pas ceux-ci de rester sur un plan de supériorité : ils veulent donner à la Russie l'impression de traiter d'égal à égal, lui laissant la satisfaction d'une image flatteuse vis-à-vis de la communauté internationale. Mais dans les faits, les Américains ne cèdent rien sur ce qu'ils estiment être de leur intérêt supérieur.

    Une illustration récente en est le retrait des États-Unis du traité ABM. Le traité ABM conclu entre les deux pays du temps de l'Union soviétique interdisait le déploiement d'un système d'interception des missiles balistiques tel que celui envisagé par Washington. La Russie était farouchement opposée à toute remise en cause du Traité. Pourtant, le 13 décembre dernier, George Bush a annoncé le retrait des États-Unis du traité dans le but de préparer le déploiement d'un bouclier national antimissile efficace. La Russie a exprimé son désaccord mais n'a pas adopté de position dure, restant fidèle à sa ligne de conduite récente.

    Le second point de conflit à venir reste la question de la réduction des armements stratégiques. Si les États-Unis n'a pour l'instant rien concédé, les apparences sont sauvées pour la Russie grâce à la multiplication des rencontres portant sur le nombre de têtes nucléaires à conserver par les deux pays.

    Les Américains accompagnent le traitement rapide de ces dossiers stratégiques (à leur avantage) par des concessions diverses (appui pour l'adhésion rapide de la Russie à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), question de la dette russe.

    Quelles sont les raisons du rapprochement, côté russe ?

    Les spéculations abondent sur la nature des bénéfices que Vladimir Poutine peut espérer retirer de ce tournant.

    L'objectif invoqué est la lutte contre le terrorisme en Asie centrale. Selon Vladimir Poutine cet objectif devient déterminant alors que traditionnellement, le renforcement de la position américaine en Asie centrale est craint : « ce qui m'inquiète ce n'est pas la position des États-Unis en Asie centrale, c'est le terrorisme qui passe de l'Asie centrale à la Russie ». Il s'agit donc de la raison officielle.

    Mais le bénéfice le plus évident pour la Russie est de justifier sa lutte contre les insurgés tchétchènes en les assimilant aux terroristes. Les Occidentaux ont reconnu le rôle joué par le fondamentalisme religieux et le terrorisme international dans le conflit tchétchène. Ils ont aussi promis de fermer les robinets financiers alimentant les combattants. A travers la lutte contre le terrorisme, c'est l'indépendantisme tchétchène qui est visé par la Russie.

    Plus largement, la Russie veut utiliser politiquement cette crise internationale, qu'elle perçoit comme un chamboulement complet des équilibres stratégiques, afin de participer à part entière au « monde du XXIème siècle ». Cela signifie une volonté d'intégration de la Russie dans l'Union européenne, et surtout une coopération nouvelle avec l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Depuis son arrivée au pouvoir, Vladimir Poutine a montré sa volonté de négocier avec l'Union européenne comme avec l'OTAN pour trouver des solutions qui prennent en compte ses intérêts. Selon lui, la Russie n'aurait rien à gagner à déserter ces institutions.

    La volonté de se rapprocher de l'Union européenne se traduit par de nombreuses initiatives multilatérales et bilatérales. La Russie a resserré ses liens avec tous les pays européens. Le partenariat avec l'Allemagne(son principal créditeur) domine car elle est perçue comme la « locomotive des rapports de l'Union européenne et, plus généralement, de l'Europe avec la Russie ».

    Les événements du 11 septembre ont permis une avancée spectaculaire sur le dossier de l'OTAN. Puisque la Russie participe alors à une coalition menée par les États-Unis et que le secrétaire général de l'OTAN reconnaît que le terrorisme est une question de sécurité, il importe selon elle de trouver de nouveaux mécanismes l'associant plus directement aux décisions.

    La prise de position de la Russie sur le terrorisme lui permet d'entrevoir une transformation de la nature de l'OTAN. Le vieux conflit concernant l'élargissement de l'OTAN à d'anciens pays communistes serait alors oublié.

    En effet, la Russie est longtemps restée inébranlablement hostile à ce qu'elle considère comme un « grignotage stratégique progressif » de la part de l'OTAN. Son inquiétude s'est traduite dans le passé par de nombreuses menaces de représailles plus ou moins crédibles, qui restèrent sans effet. Finalement en 1997, la Russie et l'OTAN signèrent un accord instituant un conseil permanent permettant aux deux parties de coopérer. Ce changement démontrait que Moscou ne pouvait s'opposer à la volonté américaine. En 1999, la Pologne, la République tchèque et la Hongrie ont adhéré à l'OTAN. Neuf pays entendent être candidats : la Roumanie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Slovénie, la Macédoine, l'Albanie et les trois pays baltes, la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie. La Russie espère que les pays baltes, à ses frontières, soient exclus du processus d'élargissement.

    Peut-être ces pays deviendront-ils membres de l'OTAN, mais il s'agira alors d'une autre OTAN, avec une Russie traitée en partenaire privilégié, associée aux décisions de l'organisation au point de pouvoir exercer une sorte de droit de veto de fait.

    Quels sont les risques politiques encourus par le Président Poutine ?

    Les réactions hostiles proviennent de cercles qui ne sont plus aussi importants qu'auparavant (armée, services de renseignement). Par ailleurs, au cours de la dernière décennie s'est développée une classe moyenne qui semble plutôt avide d'intégration avec l'Ouest. Globalement, la population reste assez indifférente à la politique étrangère. La popularité de Vladimir Poutine lui permet pour le moment de garder le champ libre.

    II - Une politique multipolaire

    Tout en souhaitant éviter de se placer en situation conflictuelle avec l'Occident, la Russie est fidèle à une politique multipolaire.

    La politique étrangère russe se présente comme un compromis :
    - rechercher des points d'accord avec la politique américaine ;
    - resserrer les liens avec des partenaires également préoccupés par « l'hyperpuissance » américaine et aspirant à un nouvel équilibre.

    La Russie présente la particularité d'appartenir géographiquement et historiquement à l'Europe, à l'Asie extrème-orientale et au Moyen-Orient. Elle a donc des intérêts nationaux dans ces trois directions, ce qui suscite de vifs débats internes sur sa vocation occidentale ou asiatique et sur son lien indissoluble avec l'Islam.

    Lorsque les tensions se sont multipliées avec l'Occident dans les années 90, la Russie s'est rapprochée de la Chine . Un partenariat s'est alors mis en place. Les deux nations ont des préoccupations communes :

    - la Chine comme la Russie reprochent à l'hégémonie américaine la rupture d'équilibre qu'elle entraîne sur la scène mondiale ;
    - les deux pays craignent l'islamisme politique radical ;
    - ils partagent les mêmes vues sur des dossiers tels que le rôle de l'ONU (rejet du concept d'ingérence), l'élargissement de l'OTAN ou la stabilité stratégique (attachement au Traité ABM et hostilité aux projets américains de défense antimissile) ;
    - la Chine soutient l'intervention militaire russe en Tchétchénie et la Russie se déclare solidaire sur la question de Taiwan.

    Les liens se traduisent surtout par des ventes de matériel militaire. La Chine a décidé de faire de la Russie son partenaire essentiel pour la modernisation de l'équipement de ses forces armées. Elle représente 30 à 40 % des exportations d'armes de la Russie pour un montant annuel estimé à plus d'un milliard de dollars (en constante augmentation). Les observateurs occidentaux estiment que la Russie va devenir en grande partie « l'arsenal » de la Chine.

    Il faut cependant noter les limites de ce partenariat. La Chine veut éviter l'émergence de pôles concurrents. La Russie ne l'intéresse que si elle garde ses faiblesses et si elle renonce à ses relations avec le Japon et l'Inde (la Russie vend presque autant d'armements à l'Inde qu'à la Chine). Par ailleurs, les craintes russes sur d'éventuelles revendications territoriales chinoises sont perceptibles à travers le refus de Moscou de livrer à la Chine des armements trop sophistiqués. Et le soutien de la Chine au Pakistan est mal perçu.

    L'Inde représente un autre partenaire privilégié de la Russie. Comme pour la Chine, la Russie n'a plus de moyens économiques ou financiers et doit s'en tenir au terrain politique et militaire. Les contrats d'armement ont représenté un tiers des 4,4 milliards d'euros de ventes d'armes réalisées en 2000 par la Russie.

    L'attention portée à l'Asie par Vladimir Poutine depuis qu'il est au pouvoir montre qu'il entend relancer la diplomatie russe dans cette région.

    Dans le reste du monde, la Russie tente de renouer avec les anciens alliés de l'URSS. La plupart (Cuba, Algérie, Vietnam, Irak) sont des pays fortement endettés à son égard. Dans d'autres pays, comme l'Iranou la Turquie, la Russie entend gagner de nouvelles parts de marché. Les ventes d'armes à l'Iran sont à l'origine de l'hostilité américaine : la Russie joue sur deux tableaux.

    III - La Russie et son « étranger proche »

    En améliorant son image sur le plan international, la Russie peut également espérer reprendre de l'autorité sur les États de la CEI. Le Président Poutine a la volonté de rétablir sa « sphère d'influence » à l'intérieur des anciennes frontières de l'URSS, et en a expressément fait sa priorité.

    Précédemment, on peut parler d'un échec de la politique russe avec les nouveaux États indépendants.

    L'erreur originaire réside dans le choix russe au lendemain du démantèlement de l'URSS. Certes, la Russie a toujours considéré « l'étranger proche » comme sa sphère naturelle d'influence, mais la région n'a pas fait partie de ses priorités. Elle représentait un fardeau trop important pour la Russie qui souhaitait une transition rapide vers l'économie de marché. Aussi la position de la Russie dans la région s'est-elle beaucoup dégradée au cours de la dernière décennie.

    La CEI, Communauté des États Indépendants créée en 1991 aurait pu être l'instrument de l'intégration. Mais l'absence de consensus entre les pays membres sur les fondements et sur l'avenir de la CEI l'a privée de cohésion (crainte des ambitions des pays voisins, d'une perte de souveraineté). L'objectif d'intégration ne paraissant pas réaliste à court terme, les dirigeants russes ont maintenant décidé de privilégier l'approche bilatérale dans leurs relations avec leurs partenaires de la Communauté. Les cas de figure sont variés selon l'historique des ex-républiques. Citons trois d'entre elles :

    La Biélorussie est très proche de la Russie. En 1999, les deux pays ont conclu avec la Russie un traité débouchant sur une sorte de confédération (à terme, sur une fusion). La dépendance biélorusse est grande sur le plan financier et surtout énergétique. La Biélorussie joue un rôle stratégique de bouclier, troupes et infrastructures russes étant installées sur son territoire.

    Si la Biélorussie est le plus proche partenaire de la Russie parmi les anciennes Républiques de l'URSS, l'Ukraine a toujours cherché à prendre ses distances. Le dialogue russo-ukrainien a échoppé dès le début sur des questions politico-militaires. Est venu s'ajouter un lourd contentieux économique portant sur la dette ukrainienne à l'égard de la Russie (hydrocarbures). Les tracasseries douanières entre la Russie et l'Ukraine sont devenues les pires de toute la CEI. Malgré ces frictions, Moscou et Kiev ne sont pas allés jusqu'à une rupture irréversible. Politiquement affaibli par des scandales, le Président ukrainien Koutchma a eu besoin de soutiens extérieurs. Aussi Vladimir Poutine a-t-il relancé de manière spectaculaire le dialogue politique. Parallèlement, la Russie a pris une place croissante dans les infrastructures économiques de l'Ukraine. Le Président Poutine est parvenu en quelques mois à transformer la difficile relation russo-ukrainienne.

    Évoquons encore le cas de la Géorgie. Ce pays en ruine ne semble tenir qu'à un fil, celui de l'assistance internationale. La Russie a imposé des visas aux Géorgiens en exemptant les régions sécessionnistes d'Abkhasie et d'Ossétie du Sud. Pour justifier cette action inamicale, les Russes accusent la Géorgie de soutenir le terrorisme tchétchène. Il s'agit en réalité d'une politique de rétorsion au refus géorgien de laisser les troupes russes s'installer en Géorgie. La Russie est donc capable de montrer qu'elle n'hésite pas à faire pression sur les récalcitrants.

    L'axe est-ouest contestataire arrive au premier lieu des préoccupations de Vladimir Poutine. Comme nous venons de le voir, les cas de figure sont variés. Mais d'une façon générale, la Russie n'a pas les moyens qui lui permettraient de reprendre durablement l'initiative : dans certaines parties de ce qui était son empire, la Russie n'est plus qu'un acteur parmi d'autres.

    C'est aussi le cas en Asie centrale.

    Le Tadjikistan (où la Russie garde une importante présence militaire) et le Kirghizstan, deux pays pauvres et vulnérables sont restés très dépendants de la Russie. Le Kazakhstan reste proche (forte population russe, longue frontière commune) mais s'efforce de diversifier ses relations extérieures. En revanche, l'Ouzbékistan et le Turkménistan poursuivent un objectif prioritaire : l'autonomie. La méfiance domine, Moscou pouvant reprendre pied militairement et politiquement dans la zone. Pourtant, le climat d'insécurité qui s'est développé depuis 1999 en Ouzbékistan a poussé le président Karimov à rechercher le soutien russe. La lutte contre le terrorisme devient ainsi un facteur important de rapprochement.

    Conclusion

    La Russie va-t-elle parvenir à obtenir la reconnaissance et le soutien qu'elle espère ? L'avenir de la Russie sur le plan international se jouera surtout au plan interne :
    - tout d'abord il dépendra du maintien au pouvoir des dirigeants actuels, rompant avec l'action précédente des oligarques ;
    - la situation économique du pays sera déterminante ;
    - l'absence de solution à la crise tchétchène pourrait renforcer le discrédit du pouvoir russe, avec des risques de paralysie.

    Il est impossible de faire aujourd'hui des pronostics. Mais il semble bien que l'événement du 11 septembre peut être qualifié de tournant dans la politique étrangère russe.
    Xavier de VILLEPIN
    Intervention « La Russie sur l'échiquier mondial : les moyens et les objectifs de la puissance russe aujourd'hui ? » au Colloque organisé par l'Association des Historiens au Sénat.
    15/01/2002 http://www.polemia.com
    SOURCE : 15/01/2002
    SOURCE : http://www.senat.fr/

  • L'Afrique à l'endroit : Entretien avec Bernard Lugan

    On ne présente plus Bernard Lugan. Historien prolifique, professeur à l'Université Lyon III, auteur d'ouvrages indispensables, il est beaucoup plus qu'un spécialiste de l'Afrique. Un passionné qui la connaît de fond en comble. Ce qui lui épargne les habituelles billevesées sur le sujet, du pillage à la repentance. Très sévère avec la colonisation, dans laquelle il voit un drame de part et d'autre de la Méditerranée, il appelle Africains et Européens à retrouver leurs racines. Et non pas à adopter celles des autres. Politiquement et historiquement incorrect. Il dirige la revue L'Afrique réelle.

    Le Choc du mois : L'histoire de la colonisation et de la décolonisation reste encore aujourd'hui un sujet très sensible en Europe et tout particulièrement en France. Comment expliquez-vous que, malgré le passage du temps, les crispations demeurent et même s'exacerbent ?
    Bernard Lugan : Pour trois grandes raisons. D'abord parce que les témoins disparaissant, ne restent plus que les écrits de l'école de la culpabilisation européenne qui entretiennent le mythe du pillage colonial. Ensuite, parce que ce mythe incapacitant est l'arme absolue que les ennemis de notre identité utilisent pour procéder au « Grand Remplacement » de la population européenne selon la belle expression de Renaud Camus. Enfin, parce que, pour nombre de groupes de pressions, d'associations et même d’États, il s'agit de rentes de situation.

    Toutes ces tensions semblent montrer qu'en France, la décolonisation n'a toujours pas été «digérée» alors que, sans être idéale, la situation quant à cette question paraît plus apaisée chez, par exemple, nos voisins anglais. Comment appréhender cette différence ? Résulte-t-elle de la « nature » divergente des démarches coloniales française et britannique ? Est-elle une énième conséquence du climat de « culpabilisation » et de « repentance » régnant dans l'hexagone ?
    Tout le problème vient du fait que, à la différence de la colonisation britannique, la colonisation française fut idéologique. Pour la gauche, coloniser était un devoir révolutionnaire qui allait permettre de briser les chaînes des peuples tenus en sujétion par les tyrans noirs qui les gouvernaient tout en détruisant leurs cultures enracinées vues comme incompatibles avec les «idées de 1789». Pour la droite, à la mystique universaliste des droits de l'homme, ont largement correspondu l’évangélisation visant à éliminer l'animisme vu comme le paganisme des Noirs, l'élan vital, la recherche des horizons lointains et la gloire du drapeau. Mais en faisant sienne l'expansion coloniale définie par la gauche, la droite nationaliste et catholique se rallia aux principes qu'elle combattait depuis 1789 et elle y a perdu ses repères.
    Le système colonial français, reposant sur l'assimilation, était ancré sur le postulat de l'identité du genre humain. Son corollaire était l'éducation, car il était postulé que, une fois éduquées, les populations coloniales et la population métropolitaine se fondraient dans une France multiraciale et planétaire. La colonisation française fut donc un humanitarisme civilisateur et assimilateur, idée qui anima le courant intégrationniste de l'Algérie française, incarné par Jacques Soustelle, et auquel se rallièrent nombre d'hommes de droite. S'étant fourvoyée dans l'aventure coloniale, la droite française est entrée dans un piège dont elle est aujourd'hui incapable de se sortir comme le stérile débat sur « les apports bénéfiques de la colonisation » l'a montré.

    Vous ne voyez pas d'un bon œil ces « apports bénéfiques de la colonisation » intégrés dans les programmes scolaires ?
    Quels « apports bénéfiques de la colonisation » et pour qui ? Je pense qu'il faudrait au contraire parler des conséquences négatives d'une colonisation faite au nom des «bons» sentiments. Je prendrai deux exemples. Nous avons, au prix du sacrifice de nos médecins, fait de l'Afrique, continent de basse pression démographique, un monde surpeuplé, aujourd'hui étranglé par sa démographie : 100 millions d'habitants en 1900, un milliard en 2010. Au regard de la morale gnangnan, nous avons indubitablement fait le bien, mais en réalité nous avons provoqué la catastrophe. De même, en colonisant, nous avons établi la paix et mis un terme aux luttes interafricaines. Certes, mais ce faisant, nous avons arrêté l'histoire du continent au moment où des « Prusses africaines » étaient en phase de coagulation politique régionale. Comme si des extraterrestres étaient intervenus en Europe au VIIIe siècle pour mettre un terme aux dévastations ; certes, ils auraient alors sauvé des vies, mais ils auraient aussi et surtout interdit la gestation de nos sociétés. Là encore, il n'y a d'« apport positif » qu'aux yeux de notre propre morale. Avec le recul du temps et au terme d'une lente évolution personnelle, je considère aujourd'hui que la colonisation fut une erreur majeure, un désastre pour l'Afrique et une catastrophe irrémédiable pour l'Europe. Je ne retiens plus qu'un seul aspect «positif» de la colonisation, celui de certaines aventures individuelles qui, pour l'essentiel, tournèrent autour de la notion de l'effort gratuit, du dépassement, du « plus est en nous ». Des hommes comme Cortez, Pizarre, mais également Voulet et Chanoine furent à cet égard les porteurs de l'élan vital de l'Europe. Il eut certainement mieux valu qu'ils l'eussent exercé en direction de Constantinople, mais là est une autre histoire... Il est désormais indispensable pour la survie de notre identité de refermer la parenthèse coloniale et de mettre une fois pour toutes un terme aux débats passéistes et au romantisme liés à cette époque, car ils nous paralysent au moment où la survie de notre identité est en jeu.

    Certains activistes noirs radicaux, tel que Kemi Seba, réclament non seulement l'annulation de la dette africaine, mais également le versement de réparations. Comment jugez-vous ces revendications ?
    Tout n'est pas à rejeter chez Kemi Seba. Autant sa logorrhée africanocentriste qui n'est que le copié-collé des délires pseudo scientifiques de Cheikh Anta Diop est scientifiquement irrecevable, autant son évolution doctrinale qui l'a conduit de l'idée de la suprématie de la «race noire» à l'ethno-différencialisme présente bien des intérêts aux yeux d'Européens enracinés. Quand il déclare que l'Afrique doit être aux Africains et l'Europe aux Européens, on ne peut que souscrire à une telle évidence et sur ce point, je me sens plus en accord avec lui qu'avec les universalistes de «droite» qui défendent les « apports positifs de la colonisation » ou la mortelle assimilation. Ceci étant, l'idée de versement de réparations est une imbécillité, car si nous faisons les comptes, ce serait plutôt l'Afrique qui devrait en verser à l'Europe, la colonisation lui ayant coûté des sommes considérables pour des profits inexistants.
    Plus généralement, il serait intéressant de nous rapprocher de la nouvelle génération d'intellectuels africains qui a dépassé le stade de la récrimination. Comme elle n'a pas été déformée par nos universités, et cela à la différence de nombre de ses aînés, elle a une morale d'hommes libres et elle considère que la manifestation de la véritable émancipation de l'Afrique serait l'abandon de l'utopie aliénante de l'émigration vers les pays occidentaux. Oui, les élites africaines ont mieux à faire en Afrique pour construire leurs pays respectifs que de gémir en Europe sur des aliénations passées.

    Combien l'aventure africaine a-t-elle vraiment coûté ?
    Il a fallu attendre la thèse de Jacques Marseille (1984), puis celle de Daniel Lefeuvre(1) pour voir que loin d'avoir exploité et pillé son Empire, la France s'y est au contraire ruinée, même si des Français s'y sont enrichis. Avant 1914, comme les deux tiers des investissements privés français qui y furent réalisés portaient sur le commerce, les plantations ou certaines mines facilement exploitables, l’État fut contraint de se substituer au capital privé. Ceci fait que la mise en valeur de l'Empire africain fut totalement supportée par l'épargne des Français et les sommes considérables qui y furent investies ont été retirées du capital disponible français afin de financer outre-mer des infrastructures pourtant nécessaires en métropole. Les chiffres sont éloquents : de 1900 à 1914, Algérie mise à part, les dépenses coloniales représentèrent ainsi en moyenne 6,5% de toutes les dépenses françaises. Après 1945, la France qui sortait ruinée du conflit et qui avait à reconstruire, 7000 ponts, 150 gares principales, 80% du réseau de navigation fluviale, 50 % du parc automobile, etc., lança dans son Empire et donc à fonds perdus pour elle, une fantastique politique de développement et de mise en valeur qui se fit largement aux dépens de la métropole elle-même. De 1945 à 1958, l’État français investit outre-mer 1700 milliards de francs, dont 800 en Afrique noire, 60 % de ces investissements allant à la création d'infrastructures de transport. Entre 1955 et 1958, les investissements français en Afrique représentèrent le chiffre effarant de 22 % du total de toutes les dépenses françaises sur fonds publics. À ces sommes, il convient encore d'ajouter les budgets de fonctionnement, les salaires des fonctionnaires et les dépenses militaires. De plus, l'empire boulet n'était même pas un fournisseur de matières premières agricoles ou minières à bon compte pour la métropole, cette dernière ayant toujours payé les productions impériales, quelle avait pourtant subventionnées, environ 25 % au-dessus des cours mondiaux. Quant à l'Algérie, en 1959, toutes dépenses confondues, elle engloutissait à elle seule 20 % du budget de l'Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Éducation nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l'Industrie et du Commerce ! Daniel Lefeuvre a démontré que, contrairement aux idées reçues, la main-d'œuvre industrielle algérienne était plus chère que celle de la métropole. Un rapport de Saint-Gobain daté de 1949 en évaluait le surcoût à 37 %.

    En marge des États, la colonisation n'a-t-elle pas néanmoins permis à des compagnies privées, des groupes commerciaux et des « familles » de commerçants ou de financiers d'amasser des fortunes considérables ? Dans ce cas, trouvez-vous illégitime que certains africains puissent envisager de demander des comptes à leurs ayants droit ?
    Si l'Empire fut une erreur économique majeure pour la France, ce fut en revanche une bonne affaire pour l'Afrique, car, au moment où elle leur accorda l'indépendance, elle y laissa en héritage 50 000 km de routes bitumées, 215 000 km de pistes toutes saisons, 18 000 km de voies ferrées, 63 ports, 196 aérodromes, 2000 dispensaires équipés, 600 maternités, 220 hôpitaux, dans lesquels les soins et les médicaments étaient gratuits. En 1960, 3,8 millions d'enfants africains étaient scolarisés et dans la seule Afrique noire, 16 000 écoles primaires et 350 écoles secondaires, collèges ou lycées fonctionnaient, tandis que 28 000 enseignants, soit le huitième de tout le corps enseignant français exerçaient sur le continent africain.

    L'Afrique a-t-elle réellement été décolonisée ? La décolonisation étatique n'a-t-elle pas simplement cédé la place à une colonisation privée d'ordre économique ? Ce système néo-colonial (avec notamment son pendant « France-Afrique ») ne revient-il pas finalement à retirer à l'Afrique toutes ces problématiques « apports bénéfiques » (sécurité, hôpitaux, entretien des routes, écoles, santé, paix...) pour ne conserver, pour le coup, que le pillage ?
    L'Afrique a perdu ses colonisateurs amoureux qui ont été remplacés par des capitalistes rapaces et des prédateurs, notamment Chinois. Elle a chassé les colons blancs, mais aujourd'hui, elle vend ses terres à des sociétés capitalistes qui y pratiquent la plus honteuse des exploitations. C'est en effet aujourd'hui qu'il est donc possible de parler de pillage de l'Afrique, et non à l'époque coloniale.

    L'observation de l'Afrique conduit souvent à un certain fatalisme tragique. Le continent semble enfoncé dans des problématiques inextricables et des drames perpétuels dont on peine à percevoir une possible issue positive. Partagez-vous ce sentiment ? Comment voyez-vous l'avenir de l'Afrique ?
    L'Afrique est définitivement condamnée si elle continue à vouloir imiter l'Europe, car on ne greffe pas des prunes sur un palmier. En d'autres termes, les Africains ne sont pas des Européens pauvres à la peau noire, mais les héritiers d'une vieille histoire ancrée sur le communautarisme et la continuité temporelle. Ils se suicideraient donc s'ils abandonnaient ce qui fait leur identité. Si, au contraire, ils répudient le modèle européen fondé sur l'individualisme et l'oubli des racines, alors, tout leur sera possible. Mais pour cela, ils doivent auparavant rejeter les modes intellectuelles européennes et expliquer aux ONG qu'il y a suffisamment de malheureux en Europe pour occuper le temps de leurs membres, même si la misère est plus agréable à soulager au soleil des tropiques que durant les frimas de l'hiver septentrional...!
    Propos recueillis par Xavier Eman LECHOCDUMOIS septembre 2010
    1 Jacques Marseille, Empire colonial et capitalisme français. Histoire d'un divorce, 1984, réédition en 2005, Albin Michel ; Daniel Lefeuvre, Chère Algérie. La France et sa colonie (1930-1962), 2005, Flammarion.

  • Interview de Alain Escada dans le journal RIVAROL de vendredi 23 nov

     

    Alain Escada est le président de l’Institut Civitas, moteur de la mobilisation contre l’ouverture du mariage civil aux homosexuels. Nous avons voulu recueillir ses propos au lendemain de la grande mobilisation parisienne organisée par cet institut.

    RIVAROL : L’Institut Civitas organisait ce dimanche 18 novembre une grande manifestation nationale à Paris contre l’ouverture du mariage aux homosexuels. Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs le pourquoi de cette mobilisation ?

    Alain ESCADA : Il s’agissait pour nous, ce dimanche, de manifester contre le projet de loi présenté en conseil des ministres le 7 novembre dernier et visant à dénaturer le mariage et la parenté. Un projet de loi qui, selon les mots de François Hollande, n’est qu’une “étape”. Un projet de loi qu’on peut qualifier de boîte de Pandore et qui, après le “mariage” homosexuel, permettra demain, au nom d’un droit au « mariage pour tous », le mariage polygame et le mariage incestueux. Il faut être bien conscient que le gouvernement veut nous imposer une véritable révolution sexuelle et défigurer le concept de famille, brisant ainsi le socle de base de la société.

    R. : Ne pensez-vous pas que le “mariage” homosexuel est moralement bien plus grave que le mariage polygame ?

    A. E. : Sans aucun doute. Son effet est bien plus déstructurant pour la société. Mais il est néanmoins utile de noter que l’un entraînera l’autre. C’est une question de délai. Jacques Attali, au cours d’un entretien à la télévision en janvier de cette année, avait estimé que la polygamie serait l’un des enjeux de la prochaine campagne présidentielle.

    R. : Quels soutiens politiques et religieux avez-vous reçus pour votre initiative ?

    A. E. : A l’échelon politique, nous avons reçu le soutien du Collectif « Elus locaux pour la Famille », lancé fin octobre par des maires de petits villages, sans étiquette politique, et qui regroupe aujourd’hui plus de 500 élus. Nous avons aussi pu compter sur le soutien de quelques élus locaux de l’UMP, du PCD, du MPF, du PDF et du FN. De façon générale, quasiment l’ensemble des mouvements de la « droite nationale » ont appelé à participer et à manifester le 18 novembre. Il faut aussi souligner la présence à notre manifestation de Jacques Bompard, député-maire d’Orange, et de Bruno Gollnisch, député européen. Par contre, Marine Le Pen s’est abstenue d’appeler à se joindre à notre manifestation et, par la suite, après la déferlante médiatique qui a suivi le “montage” réalisé par Caroline Fourest, elle a même cru stratégique de prendre ses distances avec notre manifestation, cédant à un « politiquement correct » dont elle est pourtant par ailleurs elle-même victime.

    Du côté religieux, nous avons pu compter sur l’appui discret mais efficace de quelques prêtres diocésains, notamment de la Communauté Saint-Martin et de l’Emmanuel, ainsi que sur toutes les communautés « Ecclesia Dei » et, naturellement, sur la Fraternité Saint-Pie X.

    R. : Savez-vous pourquoi le Front National de Marine Le Pen n’a pas appelé ses militants à se joindre à vous ?

    A. E. : Il me semble que c’est notre aspect confessionnel qui la dérange. Je le regrette. Ceci dit, c’est un travers très présent parmi nos contemporains que de demander aux catholiques de s’abstenir d’afficher leur foi, leurs convictions dans la vie publique. Et c’est justement le rôle de Civitas de rappeler qu’au contraire, il ne faut pas des catholiques tièdes, “branchés”, consensuels, mais des catholiques fiers et audacieux.

    R. : Quel bilan tirez-vous de la mobilisation de dimanche ?

    A. E. : Cette manifestation a été un succès, surtout compte tenu de la campagne de dénigrement dont elle a fait l’objet de la part de certains milieux « cathos branchés ». Avec près de 20 000 participants, nous avons pu réaliser une union de diverses forces de la mouvance catholique et des patriotes sincères au service du bien commun. Nous avons pu mobiliser à nos côtés des élus dont le raisonnement ne se limite pas à de sombres calculs électoraux. Tout cela est bien sûr prometteur pour la suite. Cela permet à bien des catholiques de constater qu’ils peuvent s’exprimer en tant que tels. Non seulement ils le peuvent mais ils le doivent. Nous avons un devoir de vérité, loin des concessions et des compromis.

    J’ajoute que le succès de foule de la manifestation de la veille n’aurait pas existé si Civitas n’avait pas appelé à manifester le dimanche 18 novembre puisqu’il ne fait aucun doute que la manifestation du samedi s’est organisée par des milieux “branchés” pour ne pas nous laisser occuper tout le terrain de la défense de la famille. Ainsi, nous avons, par notre démarche, réussi également à faire sortir de leur torpeur des milieux timorés. Et, telle une mauvaise conscience, nous avons poussé des évêques à sortir de leur silence. Pas avec la vigueur qu’on attend d’un prélat face à un tel sujet, mais tout de même, c’est un pas et nous sommes l’aiguillon !

    R. : La « Manif pour tous », organisée la veille de la vôtre par la “catholique” « déjantée et branchée » Frigide Barjot a réuni près de 100.000 personnes. Quelle analyse en faites-vous ? Quelles sont vos différences ?

    A. E. : Les différences les plus évidentes portent sur les principes qui sous-tendent l’action. L’artiste qui se fait appeler Frigide Barjot se dit catholique mais souhaite que les catholiques masquent leur foi lorsqu’ils s’expriment ou manifestent.
    Première incohérence. Frigide Barjot voulait par contre que sa manifestation dite « a-confessionnelle » regroupât également des juifs et des musulmans, ce qui, pour que ce ne soit pas qu’un effet d’annonce, aurait nécessité de permettre à des croyants du judaïsme et de l’islam d’exprimer leurs convictions religieuses, mais alors comment le refuser aux catholiques ? D’où, au final, une manifestation dont le profil sociologique était très homogène et reflétait la grande bourgeoisie catholique malgré toutes les demandes de Barjot de s’habiller comme pour un bal masqué.
    Deuxième incohérence. Par ailleurs, Barjot appelait tout à la fois à marcher contre le mariage homosexuel et contre l’homophobie. Or le concept d’homophobie a été créé de toutes pièces par le lobby homosexuel pour intimider ses adversaires. En 2004, le président de SOS-Homophobie avait tout résumé de la sorte : « Quiconque est contre le mariage homosexuel est homophobe. » En adoptant la sémantique du lobby qui est à l’origine de la loi qu’elle prétend combattre, Barjot commet une faute grave. C’est se tirer une balle dans le pied.
    Troisième incohérence. Ajoutons que Barjot cultive une attitude « gay friendly » pour le moins curieuse, allant jusqu’à porter un blouson avec inscription publicitaire pour un bar gay de Paris, le 7 novembre dernier, lors de sa conférence de presse de présentation de sa manifestation. J’en arrête là. Je ne peux, quant à moi, accepter de mélanger l’erreur et la vérité. Un combat, quel qu’il soit, doit reposer sur des principes solides.

    R. : Votre manifestation a été attaquée par un groupe féministe extrémiste, les Femen. Pouvez-vous nous en dire plus ? Que s’est-il vraiment passé ? […] suite dans le journal

    Propos recueillis par Paul THORE.http://fr.altermedia.info/

  • La crise révolutionne-t-elle la pensée économique ?

    L’économie mondiale connait une dépression d’une ampleur au moins équivalente à celle qui a débuté dans les années 1970. Les réponses apportées aujourd’hui se différencient pourtant des solutions proposées il y a trente ans.

    Quatre ans après le début de la Grande Récession, l’économie mondiale ne va pas toujours pas mieux, les électeurs perdent patience et les gouvernements tombent comme des quilles. Selon les données de l’OCDE, le PIB des États-Unis a reculé de 3,9% entre la fin 2007 et la fin 2009. En comparaison, la contraction économique fut plus sévère au Royaume-Uni (5,5%), moins prononcée en France (-2,8%), et à peu près identique en Allemagne (-4,0%).

    Cette situation laisse ainsi de l’espace à une révolution dans la manière de penser, et si ce n’est pas encore en politique, on commence à assister à une modification de la pensée économique.

    Prenons d’abord l’exemple du Fond monétaire international (FMI). Jusqu’alors bastion de l’austérité, l’institution se met depuis quelques mois à se prononcer en faveur de politiques fiscales expansionnistes. La Réserve fédérale américaine (Fed) s’est quant à elle engagée en faisant tourner la planche à billets sans limite, tant que l’emploi ne s’est pas rétabli.

    Et la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé des achats d’obligations illimités avec l’impression de billets, une politique dénoncée comme étant le travail du démon par le président de la Bundesbank allemande.

    Sir Mervyn King, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, a lui choisi de se battre contre un raz-de-marée de soutiens en faveur d’un “dropping money from helicopters”, c’est-à-dire de laisser tourner la planche à billets. King a tenu à distinguer “la bonne et la mauvaise création d’argent“. Selon lui, de telles opérations combineraient des politiques fiscales et monétaires et il n’y a aucun besoin de le faire. Lorsque la Banque a décidé combien d’argent elle devrait créer, c’est au gouvernement seul d’augmenter la dépense ou de réduire les taxes. Il estime cette répartition des responsabilités nécessaire et démocratique.

    Une solution extrême comme celle-ci commence à trouver un certain écho en Angleterre. Le principal rival de King à la tête de la Banque d’Angleterre, Lord Adair Turner, est connu pour trouver des solutions imaginatives dans des situations insolubles et il soutient l’idée d’une grosse création d’argent. Son discours a d’ailleurs été soutenu par pas mal d’éditorialistes.

    Sir King, comme la plupart des banquiers centraux, redoute la perspective de combiner politique fiscale et monétaire. Pourtant, les deux deviennent presque indiscernables du moment où les taux d’intérêt avoisinent les zéro, parce qu’il n’existe quasiment plus aucune différence entre l’argent et les obligations de l’État. Ces dispositifs pourraient ainsi être mis en place sans augmentations fiscales pénibles ou coupes passantes, en restituant aux gouvernements le droit exclusif de créer de l’argent qu’ils ont perdu progressivement aux banques commerciales. Mais si la stagnation économique globale continue, la patience publique pourrait se lasser des réponses habituelles… Les idées qui semblent maintenant révolutionnaires pourraient-elles alors devenir la sagesse conventionnelle ?

    L’avis de Nicolas Goetzmann, gérant de fortune privée:

    Atlantico : La crise économique de 2008 a t-elle débouché sur une refonte idéologique économique ? Est- ce que certains présupposés ont volé en éclat ?

    Nicolas Goetzmann : Ce qui a volé en éclat depuis 2008, c’est la doctrine monétaire des grandes banques centrales, consistant à confondre taux bas et politique monétaire souple. C’est la victoire de Milton Friedman qui évoquait ce problème comme déjà responsable de la grande dépression de 29 et du Japon des années 90. Les États-Unis ont réagi en septembre dernier avec le soutien illimité de la Fed à l’économie. Le Japon va peut être suivre la même voie avec la probable victoire de M. Abe aux élections de décembre. En Europe, nous attendons une prise de conscience.

    Face aux risques de récession, le Fond monétaire international a récemment lancé un appel à soutenir la demande dans les pays en excédent. Face à la difficultés des économies du Sud de l’Europe de sortir de la récession, les politiques d’austérité et de rigueur instaurées ont-elles, sur le plan idéologique, de moins en moins de soutiens ? Que révèle l’assouplissement monétaire accordé par la BCE ?

    La rigueur ne peut fonctionner qu’avec un soutien monétaire. Nous avons actuellement une double austérité en Europe, budgétaire et monétaire. C’est une politique de destruction. Nous pourrions avoir une rigueur budgétaire couplée à une relance monétaire. mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Il n’y a pas d’assouplissement monétaire en Europe, rien. Les OMT ne sont pas de la relance monétaire, elles seront “neutralisées” automatiquement comme cela a été annoncé par Mario Draghi. Un soutien de la demande doit se faire au niveau de la BCE.

    Qu’est ce que le “helicopter money” ? Peut-il constituer un bon compromis entre effort budgétaire et la planche à billet ?

    Le helicopter money, la planche à billets, c’est la même chose. C’est une vision populaire de décrire un accroissement de l’offre de monnaie. Le problème est que cette vision provoque la peur de l’inflation, alors qu’il n’en est rien. Une augmentation de l’offre de monnaie provoque tout d’abord un impact positif sur la croissance, puis, dès lors que le croissance revient, sur les prix. C’est un choix entre une stricte stabilité des prix et le plein emploi. La voie la plus efficace serait une rigueur budgétaire menée de concert avec une nouvelle doctrine monétaire, qui consiste à lier emploi et maîtrise des prix qu’est le market monetarism.

    Atlantico via http://fortune.fdesouche.com/

  • Le nationalisme, solution contre les méfaits du mondialisme

  • Johan Livernette - Entretien de présentation (avec Florian Rouanet)


    Johan Livernette - Entretien de présentation... par Floriano75011