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Europe et Union européenne - Page 1049

  • La Hongrie se donne une constitution taillée pour défendre les valeurs nationales

    Le président hongrois Janos Ader a signé l’amendement de la Charte Constitutionnelle qui vise à consolider l’unité de la patrie

    Le président hongrois Janos Ader a annoncé qu’il signera l’amendement modifiant la Constitution en dépit des avertissements lancés par la Commission Européenne, les Etats-Unis et les associations et ONG qui défendent soi-disant les droits de l’homme, qui tous, estiment que cet amendement contient des “risques” pour la démocratie en pays magyar; sans doute, l’UE et les Etats-Unis, flanqués de leurs ONG subversives, préfèrent-ils une Hongrie entièrement dominée par les grands oligopoles, par les banques et les technocrates, à la solde des usuriers internationaux et refusent-ils une Constitution qui soit réellement au service du peuple hongrois. Eurocrates, Américains et ONG ne veulent apparemment pas comprendre qu’une Charte Constitutionnelle de ce type permet de défendre la souveraineté monétaire et les valeurs nationales magyares. Lundi 11 mars 2013, le Parlement, entièrement contrôlé par la majorité parlementaire, démocratiquement élue par le peuple hongrois et surtout représentée par le parti Fidesz du premier ministre Viktor Orban, a approuvé l’amendement contesté 1) qui limite notamment le pouvoir de la Cour Constitutionnelle, en annule toutes les sentences énoncées avant l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution au début de l’année 2012, 2) qui favorise toutes les normes permettant la sauvegarde des institutions d’enseignement supérieur, 3) qui maintient le contrôle des pouvoirs publics sur les personnes sans domicile fixe, ainsi que sur les lois électorales et 4) qui défend la famille traditionnelle.

    Dans une déclaration affichée sur son site officiel, le Président Ader, proche d’Orban, a expliqué que sa signature relève d’une obligation inscrite dans la Constitution selon laquelle le Président est obligé de signer la Charte et ses modifications endéans les cinq jours, après son dépôt. Et Ader commente: “C’est le seul choix que m’offre la Constitution, en phase avec mon serment, avec les normes actuelles et avec les sentences de la Cour constitutionnelle au cours de ces vingt dernières années”. “Etre démocrate signifie suivre les règles d’un Etat légal en toutes circonstances”, a-t-il encore précisé. “C’est, sans équivoque, mon devoir constitutionnel de signer et de déclarer que cet amendement à la Constitution fait désormais loi”, même après “avoir lu des arguments intelligents dans la presse politique et dans les avis de bon nombre d’experts indignés”, hostiles à la réforme, a ajouté Ader, vu que la question cruciale soulevée par l’amendement concerne “l’unité nationale”, indépendamment du fait que “cela me plaise ou non”. Poursuivant son raisonnement, Ader précise: “le Président de la République ne doit pas simplement agir au-dessus de la politique des partis, il doit toujours se placer aux côtés de la politique nationale, en tous moments et en toutes occasions”.

    Mais les opposants à cet amendement ne manquent pas, y compris en Hongrie. Le lundi 11 mars 2013, des milliers de personnes ont manifesté devant les bureaux d’Ader, l’exhortant à ne pas signer l’amendement. Les adversaires de cet amendement, dont l’ancien Président Lazslo Solyom, prétendent que le Président peut renvoyer un texte en sa qualité de garant du fonctionnement démocratique de l’Etat. Le gouvernement Orban, pour sa part, observe que son ample mandat parlementaire l’autorise à réformer une Constitution vieillie, vestige du régime communiste du passé, contrôlé par feue l’Union Soviétique.

    Le Parlement hongrois en 2011 avait approuvé une nouvelle Constitution mais il avait été obligé de la modifier à cause des avertissements que ne cessaient de lancer les technocrates de Bruxelles et à cause des réticences de la Cour Constitutionnelle sur des questions comme l’indépendance de la Banque centrale hongroise, de l’indépendance de la magistrature ou d’autres institutions. Ces affrontements politiques avaient favorisé les attaques des spéculateurs internationaux contre le forin hongrois sur les marchés boursiers. Le gouvernement a été obligé de demander un prêt au FMI qui a certes promis une “aide” mais en échange de toute une kyrielle de contraintes très pesantes pour Budapest. Mardi 19 mars 2013, Olli Rehn, Commissaire européen des affaires économiques et monétaires, sera en Hongrie pour rencontrer le premier ministre Orban et le ministre des affaires économiques Mihaly Varga. On ne connait pas encore l’ordre du jour de la rencontre et on ne sait pas encore si le quatrième amendement à la Constitution hongroise sera évoqué ou non, alors que c’est précisément cet amendement-là qui a déclenché une avalanche de critiques de la part des Etats-Unis, de la Commission Européenne et du Conseil de l’Europe, toutes instances préoccupées de voir que le gouvernement hongrois, lui, défend au moins la souveraineté et l’indépendance nationales face aux potentats politiques et économiques téléguidés par les technocrates européens et internationaux. En somme, nous avons affaire là à des ingérences indues, perpétrées par une puissance d’au-delà de l’Océan et par des technocrates qui se permettent de s’immiscer dans les affaires intérieures d’un Etat souverain.
    Andrea Perrone.
    (article paru sur le site de “Rinascita”, 15 mars 2013; http://www.rinascita.eu/ ).

    merci R.Steuckers

  • Même le FMI le dit…

    Des déclarations du FMI qui heurtent les dirigeants européens

    En octobre 2012, le FMI a fourni une clé d’explication de l’approfondissement de la crise en Europe. Son service d’étude a affirmé que chaque euro de réduction de dépenses publiques entraînait une réduction du Produit intérieur brut (PIB) comprise entre 0,9 et 1,7 euro. Wolfgang Münchau, éditorialiste au Financial Times, en déduit qu’en ces temps de crise, un ajustement budgétaire de 3% (c’est-à-dire une réduction de dépenses publiques de 3%) produit une réduction du PIB de 4,5% |1|. Dès lors, la politique suivie par les gouvernements européens conduit à une baisse de l’activité économique et empêche de réduire le poids de la dette publique. Comme le dit Wolfgang Münchau, il ne faut pas se méprendre sur la motivation du FMI :« Le FMI ne dit pas que l’austérité est trop forte, injuste, provoque trop de souffrance à court terme ou que les pauvres sont plus touchés que les riches. Il dit simplement que l’austérité risque de ne pas permettre d’atteindre l’objectif de réduction de la dette dans un délai raisonnable |2|. »

    De son côté, si Christine Lagarde, directrice générale du FMI, a laissé entendre qu’on devrait répartir sur une plus longue période le démarrage de certains efforts d’austérité et qu’on pourrait augmenter certaines dépenses publiques afin de stimuler l’économie, c’est qu’elle est mise sous pression par les pays émergents membres du FMI (notamment les Brics, avec en tête la Chine et le Brésil) qui craignent l’effet boomerang de la baisse des importations européennes et critiquent l’importance de l’engagement financier du FMI en Europe. La directrice du FMI a exprimé ce point de vue à Tokyo, lors de l’assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale en octobre 2012. Le document du FMI et les recommandations de Christine Lagarde ont soulevé des réactions de mécontentement de la part des dirigeants européens. Par exemple, à Tokyo, Wolfgang Schaüble, ministre des Finances du gouvernement Merkel, a publiquement critiqué Christine Lagarde pour son intervention intempestive |3|.

    Wolfgang Münchau considère que les réserves exprimées par le FMI sur la profondeur des mesures d’austérité ne modifieront en rien l’attitude des dirigeants européens qui campent sur une ligne dure : « Les gouvernants européens sont paranoïaques quand leur crédibilité est en jeu, et je prévois qu’ils vont maintenir le cap sur l’austérité jusque sa conclusion amère, quand cette politique implosera |4|. »

    Les tensions entre le FMI et la Commission européenne se sont de nouveau exprimées publiquement le 14 novembre 2012. Christine Lagarde a contredit l’optimisme affiché par le Luxembourgeois Jean-Claude Junker, président de l’Eurogroupe, concernant les perspectives de la Grèce. Il semble que le FMI veuille mettre la pression sur la Commission afin de peser davantage dans l’orientation à prendre en Europe. Les pays émergents et les États-Unis interviennent à l’intérieur de FMI afin que leur opinion soit retenue dans la solution de la crise européenne, d’autant qu’on leur demande de mettre la main au portefeuille .

    Le FMI revient sur les échecs historiques des politiques brutales d’austérité

    Une autre étude du FMI a fait couler beaucoup d’encre, il s’agit d’un chapitre des Perspectives de l’économie mondiale publiées juste avant son assemblée annuelle d’octobre 2012. Dans ce chapitre, le FMI étudie 26 épisodes de crise de la dette publique depuis 1875 en prenant comme critère les cas où la dette publique a dépassé 100 % du PIB. Il passe en revue les politiques de sortie de crise qui ont été appliquées. Un des épisodes analysés est celui qui s’est déroulé au Royaume-Uni après la première guerre mondiale |5|. La dette publique britannique atteignait 140% du PIB. Le gouvernement britannique a appliqué une politique radicale d’austérité budgétaire et une politique monétaire très stricte. Le gouvernement dégagea un excédent budgétaire primaire (avant paiement des intérêts) d’environ 7% du PIB pendant toute la décennie 1920 afin de réduire la dette en la remboursant à marche forcée. Mais la dette publique ne diminua pas : en 1930, elle s’élevait à 170 % du PIB et, trois ans plus tard en 1933, elle équivalait à 190 % du PIB.

    Martin Wolf, commentateur au Financial Times, affirme que l’objectif réel de la politique du gouvernement britannique « était de briser le mouvement syndical. Ces politiques aboutirent à la grève générale de 1926. Elles suscitèrent une amertume qui perdura pendant plusieurs décennies après la seconde guerre mondiale |6|. » Cela rappelle tout à fait ce qui est mis en œuvre aujourd’hui en Europe |7|. Wolf explique que les dirigeants européens et le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy veulent faire baisser fortement les salaires en utilisant l’arme du chômage. Il affirme : « Dans le même temps, le PIB réel de l’Espagne se contracte. Les efforts pour resserrer la politique budgétaire auront pour effet de le réduire encore. ». Il poursuit en disant que cette politique inspire aussi le gouvernement italien. Il conclut son éditorial par une affirmation qui peut paraître inhabituelle sous la plume d’une icône d’un des principaux quotidiens financiers de la planète : « L’austérité budgétaire et les efforts pour diminuer les salaires dans les pays subissant un étranglement monétaire pourraient briser les sociétés, les gouvernements, voire les Etats. ». En fait, depuis des mois, Martin Wolf enfonce le clou : l’austérité mène les pays droit dans le mur. Il en prend pour preuve le cuisant échec électoral de Mario Monti en mars 2013 en Italie.

    Comme l’écrit Wolfgang Münchau déjà cité, les dirigeants européens vont prolonger et approfondir cette politique.

    Pourquoi les dirigeants européens radicalisent-ils les politiques d’austérité ?

    Ce serait une erreur de considérer que les dirigeants européens sont devenus aveugles. Leur motivation n’est ni le retour à la croissance économique, ni la réduction des asymétries au sein de la zone euro et de l’UE afin d’en faire un ensemble plus cohérent où serait de retour la prospérité. Le patronat qui guide les actes des gouvernements veut avancer dans la plus grande offensive à l’échelle européenne contre les droits économiques et sociaux conquis après la seconde guerre mondiale. De ce point de vue, les politiques menées ces dernières années sont des réussites. Avec les politiques d’austérité qui augmentent le chômage, ils réussissent à accroître toujours plus la précarisation des travailleurs, à diminuer radicalement leur capacité de résistance et de lutte, à réduire les salaires et les différentes indemnités sociales tout en maintenant les énormes disparités entre les travailleurs dans l’UE afin d’augmenter la compétition entre eux. Un des objectifs poursuivis par les dirigeants européens est d’améliorer la capacité des entreprises européennes à conquérir des parts de marché face à leurs concurrents ailleurs dans le monde. Pour ce faire, il faut réduire radicalement le coût du travail, pour reprendre leur expression. Cela implique d’infliger une défaite majeure aux travailleurs d’Europe. D’autres objectifs sont poursuivis : pousser plus loin l’offensive contre les services publics, éviter autant que faire se peut de nouveaux krach bancaires, renforcer le pouvoir des exécutifs (Commission européenne, gouvernements nationaux) face aux pouvoirs législatifs, renforcer les contraintes imposées par les traités de manière à couler dans le bronze les politiques favorables au Capital…

    Le coût politico-électoral peut être élevé, mais globalement les grandes familles politiques traditionnelles qui dominent la scène européenne font le pari que si elles perdent les élections, elles reviendront au pouvoir aux élections suivantes. De toute façon, passer dans l’opposition n’implique pas de perdre toute une série de positions acquises dans l’appareil d’Etat central, dans les institutions européennes, sans oublier les pouvoirs locaux (grandes villes, gouvernement des régions).

    Ce qui complique un peu le projet des dirigeants européens, c’est la décision de l’administration Obama d’approfondir radicalement les politiques d’austérité qu’elle avait menées dans la foulée de l’administration Bush. Les coupes budgétaires dans les dépenses publiques et sociales en particulier vont s’accroître aux États-Unis. Cela n’aidera pas les entreprises européennes à gagner des parts de marché. Seul le Japon semble vouloir adopter une timide politique de relance, ce qui reste à confirmer.

    Conclusion : À l’aune des objectifs décrits plus haut, la convergence est totale entre le FMI et les dirigeants européens. D’ailleurs, depuis décembre 2012, moment où l’administration Obama a annoncé qu’elle allait radicaliser les politiques d’austérité aux États-Unis, on n’a plus entendu de déclarations critiques de la part de Christine Lagarde ou d’autres dirigeants du FMI à l’égard de la politique menée en Europe.

    Il ne faut donc pas se méprendre sur le sens des déclarations du FMI : s’il a pris un peu de distance par rapport aux dirigeants européens, ce n’est pas pour les convaincre d’abandonner les politiques structurelles favorables aux privatisations et à l’approfondissement de l’offensive contre les conquêtes sociales de l’après seconde guerre mondiale. Il souhaite gagner du poids dans les décisions et il donne de la voix. On verra dans les mois qui viennent s’il continuera à affirmer qu’il convient de ralentir un peu le rythme auquel les dirigeants européens veulent se rapprocher de l’équilibre budgétaire. Si les travaux de certains services de recherche du FMI contiennent des arguments qui vont plus ou moins clairement à l’encontre des politiques dominantes, l’action globale du FMI n’a pas changé d’un iota. C’est cette action qu’il faut combattre de toutes nos forces.

    Eric Toussaint http://www.legrandsoir.info

    http://cadtm.org/Meme-le-FMI-le-dit

    |1| Wolfgang Münchau, “Heed the siren voices to end fixation with austerity”, Financial Times, 15 octobre 2012.
    http://www.ft.com/cms/s/0/07f74932-13bb-11e2-9ac6-00144feabd...

    |2| “The IMF does not say that austerity is too hard, too unfair, causes too much pain in the short term or hits the poor more than the rich. It says simply that austerity may not achieve its goal of reducing debt within a reasonable amount of time.”

    |3| Financial Times, « German minister rebukes IMF head. Schaüble criticises Lagarde call to ease up on austerity », 12 octobre 2012.

    |4| Article déjà cité de Wolfgang Münchau, “Heed the siren voices to end fixation with austerity”, Financial Times, 15 octobre 2012. “European policy makers are paranoid about their credibility, and I expect them to hold on to austerity until the bitter end, when the policy implodes”.

    |5| Martin Wolf, « Ce que nous enseigne l’histoire de la dette publique », Le Monde, 15.10.2012, http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/10/15/ce-que-nou...

    |6| Martin Wolf, « Ce que nous enseigne l’histoire de la dette publique », Le Monde, 15.10.2012, http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/10/15/ce-que-nou...

    |7| Voir Éric Toussaint, « La plus grande offensive contre les droits sociaux menée depuis la seconde guerre mondiale à l’échelle européenne », 3e partie de la série « Banques – Peuples : les dessous d’un match truqué ! », publié le 23 décembre 2012, http://cadtm.org/La-plus-grande-offensive-contre--

  • Le populisme, condition du réveil des peuples

    Les dirigeants occidentaux se méfient du peuple. Le plus souvent, ils refusent de prendre en compte l'expression de ses choix. Ou bien encore ils tentent de biaiser les modes de son expression publique. Les modifications de lois électorales y contribuent à l'occasion, instaurant un seuil de voix pour avoir des élus, envisageant telle mesure pour empêcher quadrangulaires ou triangulaires. D'une façon ou d'une autre, et ne serait-ce que par l'abstention, le peuple manifeste qu'il n'adhère pas à ces caricatures de démocratie. Il ne veut pas n'avoir le choix qu'entre des partis, UMP ou PS ou prétendus écologistes, qui sont d'accord sur des points aussi essentiels que la construction d'une Europe libérale, et plus précisément libre-échangiste, et sur une idéologie qui désarme les peuples d'Europe, l'idéologie dite « des droits de l'homme ».
    ENTRE L'ISLAMISATION ET L'AMÉRICANISATION DES MŒURS
    L'électeur ne veut pas cautionner des "libéraux", souvent libéraux-libertaires qui, par un paradoxe apparent, sont d'accord pour instaurer une société de plus en plus policière, sécuritaire sans sécurité réelle, inégalitaire et communautarisée.
    Dans ces conditions, qu'est-ce que le populisme ? Que peut être le populisme ? Que doit être le populisme ? Le populisme est la réaction hors système des peuples dont une fraction de moins en moins négligeable dit non à la pensée imposée sur les vertus du Nouvel Ordre mondial. Réaction face à la pensée unique, réaction face au Politiquement Correct, réaction face à la super-classe mondiale et mondialiste.
    Le populisme peut ainsi être non pas toute la solution pour redonner ses libertés au peuple mais un préalable à la solution. À quelles conditions ? Commençons par ce que le populisme ne doit pas être. Il ne peut se borner à mettre en cause les ruptures du lien social liées à l'immigration. La mondialisation, l'américanisation et l'uniformisation des peuples amènent à une perte des repères et à une difficulté d'en fonder de nouveaux. L'immigration de masse que connaît l'Europe et particulièrement la France est une conséquence majeure, et parfaitement négative, de ce processus. Mais elle ne peut être combattue sans comprendre et sans combattre l'ensemble du processus. De même, l'islamisation, ravageuse mais au demeurant moins massive que l'américanisation des mœurs, est à la fois une conséquence de l'immigration et une réaction identitaire de certains immigrés.
    UNE POLITIQUE POUR LE PEUPLE ET PAR LE PEUPLE
    Surmonter la perte de sens qui envahit notre peuple, surmonter la défiance du politique, c'est cela qui constitue la vocation du populisme. Celui-ci a une définition : faire une politique pour le peuple et par le peuple. Une politique pour le peuple, c'est une politique qui ne dissocie pas la souveraineté nationale de la souveraineté populaire. C'est une politique pour le peuple et la nation. Les questions d'indépendance nationale, ou encore les transferts de souveraineté à une Europe politique - contrairement aux souverainetés actuellement évanouies dans une Europe libre-échangiste - sont des questions qui relèvent de la souveraineté populaire, et non de traités opaques. C'est le peuple qui doit décider sur les questions essentielles qui concernent son destin : immigration, protectionnisme, préférence nationale, service public, gratuité de l'école, agriculture et ruralité, grands principes de la fiscalité, retraites... C'est pourquoi le populisme nécessaire ne peut que se distinguer absolument de l'esprit "réactionnaire", antidémocrate, et des nostalgies monarchiques. Depuis Rome, le populisme, c'est la République. Le populisme nécessaire est nécessairement républicain. Et c'est justement pour cela qu'il veut une autre République que celle que nous connaissons.
    POUR LE RÉFÉRENDUM D'INITIATIVE POPULAIRE...
    Le populisme, c'est la démocratie poussée jusqu'au bout. C'est-à-dire le contraire de la démocratie muselée actuelle. Ce qui a de la valeur, c'est ce qui a été sanctionné par la volonté populaire. Le peuple doit décider et il doit intervenir. Le populisme nécessaire, c'est le référendum d'initiative populaire. Ce sont des modes de scrutins clairs et lisibles. C'est le choix des élus par le peuple, notamment par la proportionnelle avec vote préférentiel. Mais c'est aussi la gouvernabilité, qui implique une prime majoritaire. La démocratie poussée jusqu'au bout, c'est la gouvernance au plus près des besoins des gens à chaque fois que c'est possible, et c'est donc le respect de l'échelon communal mais avec des communes fédérées dans les communautés de pays et communautés urbaines. C'est un nombre important d'élus locaux, et c'est pour eux les moyens de travailler avec un statut d'élus locaux, et avec une rémunération dès l'échelon du conseiller municipal. La démocratie poussée jusqu'au bout, c'est la liberté d'expression restaurée, pleine et entière et sans tabous, et donc sans lois perverses et inquisitoriales. C'est le droit de polémique et la fin des sujets interdits.
    Le populisme nécessaire, c'est aussi une politique exigeante d'assimilation. Qui veut être citoyen français et est régulièrement en France depuis longtemps doit pouvoir l'être, mais à l'exclusion de toute autre citoyenneté, et s'il adhère à la conception française, laïque mais non pas antireligieuse de la société, et ce quelle que soit sa nationalité d'origine. Être citoyen, c'est choisir, ce n'est pas consommer des droits. Cela ne peut être banalisé. Qui veut rester étranger le peut mais n'aura ni tous les devoirs du Français ni ses droits. La notion de séjour transitoire en France, hors regroupement familial, dans le cadre d'une coopération avec le pays d'origine, doit être réhabilitée.
    ... ET LA PROGRESSIVITÉ DE L'IMPÔT
    Le populisme nécessaire, c'est aussi le retour à l'impôt progressif, par opposition à l'impôt proportionnel. Qu'il n'existe plus que cinq tranches d'impôts sur le revenu est une injustice majeure alors que les inégalités sociales explosent, et que les très riches sont de plus en plus riches. Que CSG et CRDS soient des impôts proportionnels est aussi totalement injuste. La progressivité de l'impôt est un principe intrinsèquement républicain. Il n'y a pas de République sans impôt progressif. Le bouclier fiscal créé par Chirac et Villepin, et amplifié par Sarkozy au profit des très riches, est une injustice quand l'argent des très riches n'est pas le fruit de leur travail mais provient de la financiarisation parasitaire ou encore de la dépravation du goût (les salaires des footballeurs ou des chanteurs par exemple). Le populisme nécessaire, dans le domaine fiscal comme dans les autres domaines, c'est le pouvoir donné au peuple travailleur d'ajuster les inégalités de revenus aux différences de compétences, d'engagement, d'énergie et de responsabilité dans le service rendu à la société. Le critère, c'est le service social. Personne ne conteste, dans le peuple travailleur, qu'il soit nécessaire et normal qu'un chirurgien soit mieux payé qu'un gardien de square. Mais même le second a droit de pouvoir vivre décemment de son travail.
    Le populisme nécessaire, c'est garantir que chacun donne à la société en fonction de ses capacités et que personne ne connaisse la misère. Ce n'est pas l'égalitarisme c'est l'égalité des droits, c'est l'égalité des chances, c'est l'égalité d'accès à l'éducation et à la culture. Ce n'est jamais la discrimination positive - qui rompt le pacte républicain - mais c'est l'accès à des internats gratuits pour les enfants travailleurs et doués issus de milieux pauvres. Le populisme, c'est la méritocratie républicaine.
    NI CULTE DE LA CROISSANCE NI INTÉGRISME ÉCOLOGISTE
    Le populisme, c'est aussi l'ambition d'ouvrir un nouvel « espace utopique ». Une utopie réaliste et concrète. Pas le meilleur des mondes mais un monde où le meilleur soit possible. Le populisme pour l'Europe, c'est la civilisation de la mesure. C'est la fin de la recherche de la croissance pour la croissance. Ce sont des objectifs « à taille d'homme », « à l'échelle humaine » disait Léon Blum, qui n'avait pas si tort, face aux démesures staliniennes et aux ivresses bolcheviques - et à leur prix de sang. Le populisme, c'est refuser le culte de la croissance dans lequel communient droite et gauche institutionnelles, sans pour autant tomber dans l'intégrisme écologiste qui, paradoxalement, renoue avec une vision prométhéenne de l'homme en lui donnant pour mission de « sauver la planète », de « rétablir les équilibres », en niant la légitimité et la fragilité inhérente à l'agir terrestre de l'homme. Le principe de précaution absolutisé, c'est encore une croyance qu'avec la science l'homme évitera toutes les erreurs.
    Le populisme nécessaire, c'est en finir avec le productivisme sans se référer à la décroissance, terme ambigu qui peut laisser croire que « toujours moins » serait « toujours mieux ». Le populisme, c'est viser réellement le développement durable qui, au-delà des récupérations qui peuvent affecter tout concept, correspond à l'équilibre à trouver en Europe entre ambition collective - il n'y a pas de peuple sans ambition collective, sans visée créative pour les temps futurs - et refus de l’hybris, c'est-à-dire refus de la course en avant sans but, refus de la démesure, qu'il s'agisse par exemple du refus de l'architecture fanfaronne ou du refus d'une ville totalement aseptisée, muséifiée et sans liberté des usages et des inventions.
    Le populisme nécessaire, c'est retrouver la fierté de la présence du peuple français dans les centres-villes, c'est imposer la décence commune dans les espaces publics, et pousser au retour à l'usage de la langue française dans ces espaces, c'est reconquérir ces espaces publics contre la privatisation de la politique et la privatisation de la société. Contre les communautarismes, c'est affirmer la communauté du peuple. Le populisme nécessaire, c'est, au nom de la pensée des droits de l'homme, qui vaut bien plus et mieux que son idéologie, dénoncer la segmentation de ces droits humains par la discrimination positive et notamment par la Halde.
    Le populisme nécessaire, c'est relocaliser l'économie. C'est, dans toute la mesure du possible, aller vers l'objectif de produire localement, pour les marchés locaux, avec des travailleurs locaux, de produire national pour le marché national, avec des travailleurs nationaux, de produire européen avec des Européens et d'abord pour le marché intérieur européen.
    NE PAS CONFONDRE PEUPLE ET POPULATION
    Le populisme nécessaire, c'est le refus des leçons données par le pouvoir "d'en-haut" ou par quelque "avant-garde" que ce soit. C'est, contre tous les communautarismes, réaffirmer la centralité du Peuple Constituant, constituant de la République et constituant de la Nation. En 1989, les Allemands de la RDA communiste clamaient : « Nous sommes le peuple » (Wirsind das Volk). C'était renouer avec l'esprit européen de 1848, la Nation se voulant le Peuple Constituant. Cela a été reproché aux Allemands. Déjà, en 1935, Bertolt Brecht avait défendu, de son point de vue, les vertus de la notion de population contre la notion de peuple. De fait, quand on parle de la population, on désigne simplement « les gens qui sont là », aujourd'hui, sur ce sol, comme la population d'un grand magasin, tel jour à telle heure. On conçoit que les "peuplophobes", nombreux et puissants, préfèrent parler de population plutôt que de peuple. La notion de population, avait remarqué Michel Foucault, s'oppose à celle de dépopulation. Le peuple, c'est autre chose. Ce n'est pas la populace, ce n'est pas simplement « le nombre », ce sont les travailleurs qui se reconnaissent dans ce pays, ce sont ceux qui partagent depuis longtemps les épreuves et les peines et les joies des enfants de France. « Il y a une bourgeoisie de gauche et une bourgeoisie de droite. Il n'y a pas de peuple de gauche ou dépeuple de droite, il n'y a qu'un peuple » disait Bernanos.
    Pierre Le Vigan Écrits de Paris octobre 2010

  • Livre : Mourir pour Sarajevo, de Maya KANDEL

     

    Un conflit qui oppose une armée à des civils, l’ONU paralysée par ses divisions, le monde entier saisi d’effroi face au drame des réfugiés et à la mise en œuvre du « nettoyage ethnique »… C’était la dernière guerre européenne du XXe siècle, conséquence sanglante de la chute du mur de Berlin et jalon essentiel pour comprendre les débuts de l’après-Guerre froide.

    Vingt ans après, Maya Kandel de voile les dessous de la guerre de Bosnie et de l’intervention américaine. L’histoire d’une paralysie européenne qui marque aussi l’apogée de l’« effet CNN », avec la diffusion des images de camps de prisonniers et le parallèle avec l’Holocauste pour mobiliser les opinions publiques. Une guerre d’un genre nouveau, soulignant le poids des lobbies américains, l’implication des cabinets de relations publiques au service de chacune des parties, de Milosevic a Tudjman, le rôle des organisations juives américaines aux cotés des musulmans de Bosnie…

    Après trois années de tergiversations et de massacres, les Américains vont recourir aux vieilles méthodes pour renverser la situation : faire la guerre aux Serbes par Croates interposés. Sur la base d’archives inédites, Maya Kandel révèle qu’en 1994, pour contourner l’embargo onusien, Clinton donne son feu vert aux livraisons secrètes d’armes iraniennes et turques aux Croates puis aux Bosniaques.

    Un décryptage historique à rebours des interprétations dominantes sur la désintégration de la Yougoslavie.

    Prologue écrit par le colonel Michel GOYA (IRSEM).

    Editions du CNRS, 384 pages, 25 €

    L’auteur

    Docteur en histoire de l’Institut d’Études politiques de Paris, Maya Kandel est également diplômée de Columbia University, chargée d’études à l’Institut de Recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) et chercheuse associée au sein de l’Observatoire de la Politique américaine de l’université Sorbonne Nouvelle (Paris 3)

    http://theatrum-belli.org

  • Intégrisme économique : La grande illusion

    Une tentative de remise en cause du modèle idéologique dominant de croissance.

    Mauvaise nouvelle : le Père Noël n’existe pas. Et puisqu’on en est aux vérités qui fâchent : la croissance ne repartira pas. A l’origine de cette annonce à contre-courant des promesses officielles : Olivier Berruyer. Un spécialiste des chiffres et des risques, actuaire de son état – autrement dit expert en risque financier – créateur d’un blog économique, les-crises.fr – totalisant 200 000 visiteurs mensuels et auteur de deux livres sur les crises et leurs origines qui, il y a quelques années, entreprend une vaste démarche de recherche sur la base d’un désir impérieux. “Comprendre ce qui s’était passé” – en 2008 et avant cela, en 1971 et en 1929.

    Rapidement, il en retire une certitude : les mécanismes menant aux crises économiques tout comme ceux permettant leur résolution ne tiennent ni du hasard, ni du miracle. Uniquement d’une accumulation de faits. Ceux-là mêmes qu’il a passé près de deux ans à amasser dans les bases de données économiques mondiales – celle de la BCE, de la Fed, de la Banque mondiale… – avant de les réunir dans ce qu’il appelle “une photographie d’ensemble”.

    …“Les décideurs envisagent systématiquement les questions économiques selon un angle mathématique, explique-t-il. Avec la conviction qu’elles sont régies par des vérités absolues.” Résultat : les modèles économiques reposent sur des hypothèses de base erronées, parmi lesquelles celles voulant que les marchés soient efficients, que leurs acteurs disposent tous des mêmes informations, soient intègres…

     

    Une vaste démonstration qui présente le double avantage de la simplicité – des centaines de graphiques donnant littéralement à voir les différents facteurs de la crise – et de la mise en perspective. Car pour Olivier Berruyer, pas question de cantonner l’investigation au seul champ économique. C’est l’ensemble des facteurs – démographiques, politiques, sociétaux, historiques même – ayant contribué à l’émergence du phénomène qui l’intéresse. Ceux qui, regroupés dans un “même espace d’analyse”, offrent une vision globale de la réalité ; hors positions de principe et “hypothèses de base” erronées.

    Tâtonnement pragmatique

    Un travail pour lequel, selon lui, un économiste pur et dur n’est pas nécessairement le plus qualifié.

    “Un économiste est un type brillant qui se passionne pour les équilibres parfaits, résume-t-il. Quelqu’un doté d’une vision étroite et pointue. Or pour comprendre la crise, il faut l’appréhender sans religion attitrée. Il faut du recul. Un angle de vue aussi large que possible.”

    Tout l’opposé, en clair, de l’approche de dirigeants politiques comme de leurs experts économiques qui, selon lui, restent prisonniers de schémas figés et surtout, dangereusement dépassés.

    Les décideurs envisagent systématiquement les questions économiques selon un angle mathématique, explique-t-il. Avec la conviction qu’elles sont régies par des vérités absolues.” Résultat : les modèles économiques reposent sur des hypothèses de base erronées, parmi lesquelles celles voulant que les marchés soient efficients, que leurs acteurs disposent tous des mêmes informations, soient intègres…

    En réalité l’économie est l’interaction d’une multitude de facteurs dont certains, comme la confiance et tout ce qui a trait à l’humain, ne sont pas rationnels”, souligne-t-il. C’est pour capter cette multiplicité d’influences qu’Olivier Berruyer décide il y a quelques années de “travailler autrement”. Sans hypothèse de base mais “en tâtonnant de façon pragmatique”.

    Autrement dit, en explorant toutes les pistes, de la dégradation de la dette publique à l’augmentation des inégalités en passant par l’évolution de la participation électorale, du PIB, ou encore de la population mondiale. Une démarche de chercheur, rigoureuse et exhaustive, menée dans un objectif : comprendre ce qui fait la croissance et surtout son ralentissement amorcé au lendemain des Trente Glorieuses et poursuivi depuis au rythme moyen d’un point par décennie.

    L’idéologie de la croissance

    A l’origine de ce mouvement inéluctable, une série d’orientations stratégiques malheureuses. Mises en évidence par l’accumulation et la mise en perspective de données chiffrées, elles consisteraient, selon lui en une succession de choix politiques – en faveur de la finance, de la dérégulation, du court terme…, qui, privilégiés dans le but de relancer la croissance, auraient fini par lui porter atteinte en “contaminant l’économie réelle”.

    “Voilà des décennies que les politiques fondent leurs décisions sur une conviction : celle selon laquelle la croissance reviendra, ce qui n’est évidemment pas le cas étant donné qu’on est désormais dans une économie de services”, résume celui qui voit dans l’acharnement des gouvernements à prétendre le contraire une démarche relevant moins de la science économique que de l’idéologie politique. Idéologie qui, selon lui, explique nombre de nos difficultés actuelles, à commencer par l’augmentation des déficits budgétaires et d’explosion de la dette. Car au lieu de s’interroger sur la façon de “faire tourner l’économie sans croissance”, regrette-t-il, on a préféré parier, dès le milieu des années 80, sur l’avènement d’une économie financière.

    Apte à relancer la croissance à court terme, certes, mais pas à la pérenniser, bien au contraire. “Pendant dix ans il est vrai que la finance a créé de l’activité et des profits disproportionnés, reconnaît-il ; mais ceux-ci n’ont eux-mêmes créé aucune richesse et pendant ce temps-là l’économie réelle survivait par endettement.” Preuve de la fracture : en 2007, le poids des opérations spéculatives menées chaque jour sur la planète atteint 3210 milliards de dollars alors que celui des exportations ne dépasse pas 64 milliards.

    L’illusion de la relance

    Pour Olivier Berruyer, cette disproportion explique beaucoup : le poids de la finance – écrasant – sur le politique, la disparition de visées collectives comme de toute approche à long terme… Des dérives qui, rappelle-t-il, existaient déjà en 1929 : “Le politique le sait et pourtant, il n’a rien fait pour réguler la finance. Pour rétablir les équilibres.” Une aberration qui, selon lui, s’explique une fois encore par un choix idéologique. Celui consistant à vouloir “relancer la croissance par la finance” et pour cela, à parier sur un modèle dérégulé. “Or le passé l’a prouvé : maintenir les équilibres exige un cadre normatif, assène-t-il. On ne peut obtenir de croissance à long terme dans un système dérégulé.

    Une réalité rendue illisible par ce qu’Olivier Berruyer appelle “l’intégrisme économique et politique” de l’époque. Celui qui interdit de “penser hors croissance et persiste dans cette hypothèse de base erronée selon laquelle la relance est pour bientôt”. Un mirage qui a déjà mené à l’effondrement de 2008 et provoquera inéluctablement d’autres séismes, il en est convaincu. “Pour l’heure le système de dette publique maintient les équilibres de façon artificielle et permet à l’illusion d’une relance prochaine de perdurer, explique-t-il.

    Mais le fait est qu’après l’explosion de la croissance qui a caractérisé les Trente Glorieuses et l’explosion de la dette qui a caractérisé les trente années suivantes, il devient impératif d’inventer autre chose car désormais nous ne pouvons plus miser sur aucun de ces ressorts.” Reste à penser un autre modèle économique ; sans croissance ni dette. Autrement dit, à renoncer au “confort du toujours plus”. Chiche ?

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  • « l’Union Européenne a laissé ses banques faire n’importe quoi »

    Marianne: Que pensez du plan de sauvetage de Chypre présenté par la troïka, Union européenne, Banque centrale européene et FMi, visant à taxer les comptes courants?

    Frédéric Lordon : L’Europe nous a certes habitué à son attraction pour le pire, mais on ne pensait tout de même pas qu’elle pourrait aller jusque là. Il y a donc à Bruxelles, Commission et Conseil confondus, un don pour la performance herculéenne – en l’occurrence : comment transformer un problème de la taille d’un confetti en potentielle déflagration nucléaire? Pour réussir pareil exploit, il faut produire une solution qui, très au delà des intéressés – les déposants des banques chypriotes –, soit de nature à frapper, mais catastrophiquement, les esprits dans toute la zone européenne.

    C’est précisément ce que réussit l’extravagante idée de renflouer les banques en taxant les dépôts, c’est-à-dire en envoyant urbi et orbi le signal tout à fait explicite qu’aucun déposant européen n’est plus en principe à l’abri de voir ses encaisses mises à contribution pour rattraper les petits déboires des banques. Aurait-on voulu provoquer une panique bancaire et un run sur les dépôts dans tous les pays où la situation des banques, loin d’être réglée, appellera probablement de nouvelles opérations de sauvetage – on pense en particulier à l’Espagne –, qu’on ne s’y serait pas pris autrement.

    Ajoutons, par extension, que  l’inquiétude serait alors susceptible de gagner les déposants des banques (réputées) saines par le simple jeu des interconnexions bancaires européennes. Il faut prendre vraiment les déposants pour des crétins pour s’imaginer qu’ils resteraient bras ballants sans se rendre compte de rien si une banque tierce, dans laquelle leur banque propre se trouve notoirement engagée, venait à être victime d’un run – spectacle dont on ne peut douter qu’il soit absolument frappant, et dont la probabilité a maintenant été singulièrement relevée quand les clients des  banques à problème sont susceptibles de passer au tourniquet en cas de bail out.

    Le scandale des renflouements bancaires avait pourtant fini par faire émerger la notion de « bail-in », c’est-à-dire l’idée que l’addition devraient être réglée par qui de droit, ou plutôt de devoir, en l’occurrence non pas par « l’extérieur » (out) des contribuables (qui n’y sont pour rien), mais par « l’intérieur » (in) des créanciers, qui ont sciemment pris des risques en prêtant aux banques, dûment touché les taux d’intérêt quand tout allait bien, mais qui ont été soigneusement exonérés (par les gouvernements) de tout effort quand les choses ont mal tourné. Il y avait là au moins le commencement d’un progrès intellectuel… que le plan « Chypre » réussit à inverser en scandale redoublé en donnant au bail-in le sens du sauvetage non par les créanciers mais par les déposants ! – en effet, eux aussi, pour leur malheur, sont « à l’intérieur »…

    Marianne: Mais en sauvant les banques chypriotes, sans mettre à contribution les déposants, on aurait aussi sauvé les mafieux «gratuitement». Cet argument a-t-il du sens?

    Frédéric Lordon: Même « l’objection » des déposants à moralité douteuse, dont les banques chypriotes se sont fait une spécialité, ne peut justifier d’avoir envisagé une mesure aussi dangereuse. Il est bien certain que l’idée de devoir sauver les dépôts d’un bataillon d’oligarques aux fortunes pestilentielles, de mafieux, trafiquants d’armes ou d’êtres humains, a tout pour rester en travers du gosier. Mais au lieu d’une décision qui ne produit aucune discrimination, on pouvait commencer par garantir absolument les dépôts des résidents pour envisager de ne s’en prendre qu’aux dépôts des non-résidents (au sens de l’UE).

    C’est bien ce qu’ont fait les Islandais qui n’ont pas hésité à refuser d’indemniser les clients britanniques et hollandais de leurs banques quand celles-ci étaient sur le point de s’écrouler. On ne sache pas d’ailleurs que ces pauvres clients non-résidents des banques islandaises aient eu quoi que ce soit à se reprocher, sinon d’avoir été victimes des promesses de la mondialisation financière et de s’être laisser tourner la tête par des promesses de rémunération accrue… mais sans se préoccuper de la sécurité de leurs avoirs dans des institutions situées hors de leur propre espace juridique – mais il n’est probablement pas d’autre moyen que ces déconvenues cuisantes pour venir à bout de l’esprit de cupidité; on peut d’ailleurs parier que tous ces infortunés déposants resteront maintenant tranquillement chez eux plutôt que d’aller courir la banque en ligne mondialisée pour gratter quelques points de taux d’intérêt en plus.

    Quant aux oligarques et autres mafieux qui ont, ou se sont arrangés pour avoir des passeports chypriotes (ou intra UE), eh bien tant pis – pour nous ! Dans une situation pourrie, la rationalité est de choisir entre deux maux le moindre. Rien ne surpassant le risque de la panique bancaire, la seule ligne de conduite raisonnable consistait à l’éviter à tout prix – quitte à devoir sauver au passage quelques crapules.

    Marianne: Selon vous, comment aurait-il fallu agir ?

    Frédéric Lordon: La constitution même du problème chypriote en dilemme suggère de sortir de l’affrontement sans issue des deux arguments opposés :

    1) taxer les dépôts envoie un signal potentiellement désastreux;
    2) ne pas les taxer exonère des déposants auxquels on aurait volontiers fait la peau et dont l’idée qu’ils vont bénéficier du sauvetage choque la moralité élémentaire.

    Mais voilà, le dilemme est constitué et il faut faire avec. La ligne de conduite aurait donc dû être la suivante :

    1)  dans une situation aussi défavorable, choisir ce qui sauve, et tant pis pour les coûts (de moralité) qui doivent s’en suivre, il est trop tard pour se préoccuper de ce à quoi on n’a prêté aucune attention dans le passé ; mais
    2) se poser aussitôt la question de savoir comment cette situation de dilemme en est venue à  se constituer, et taper aussi fort que nécessaire pour qu’elle ne se reproduise plus !

    En l’occurrence, une fois de plus, la réponse est très simple : l’UE a laissé ses banques faire n’importe quoi. Dans le cas chypriote, le « n’importe quoi » créateur du dilemme est d’une nature un peu particulière puisqu’il a à voir avec la tolérance coupable aux activités de blanchiment d’argent sale à une échelle extravagante relativement à la taille du secteur bancaire. Si l’UE avait eu tant soit peu de jugeote, elle aurait annoncé, sitôt un plan de sauvetage (non suicidaire !) décidé, de mettre les banques chypriotes sous tutelle et de passer au Karcher leurs livres pour en exclure tous les clients douteux, avant de prendre des mesures draconiennes et générales afin d’en finir avec cette invraisemblable négligence qui a conduit à ce que l’un des secteurs bancaires de l’Union se fasse quasiment un business model du recyclage d’argent sale.

    Le plus extravagant dans cette affaire est que le cas chypriote n’est formellement pas autre chose qu’un dérivé particulier de la situation tout à fait générale où se sont trouvés les gouvernements quand il a fallu sauver les banques en 2008-2009, à savoir:

    1) on a laissé les banques faire n’importe quoi – le n’importe quoi en l’espèce n’ayant pas de caractère proprement crapuleux mais « seulement » celui de prises de risques invraisemblables;
    2) la capacité du secteur bancaire à tenir otage toute l’économie a crée une situation de dilemme où ne restaient que des mauvais choix: sauver les banques mais au prix d’un scandale moral sans précédent, ou ne pas les sauver mais tous y passer derrière !

    Là encore la solution consistait à choisir, dans l’urgence, ce qui sauve, pour aussitôt après fracasser les structures bancaires et financières qui ont produit le dilemme. Comme on sait les banques ont été sauvées sans la moindre contrepartie, les rodomontades de régulations financières sont restées à l’état de… rodomontades, comme l’atteste l’indigente loi Moscovici de « séparation » bancaire (qui ne sépare rien), et rien des dilemmes de la finance en folie n’a été attaqué si peu que ce soit. Pendant ce temps, interloqués, ajoutant les erreurs techniques au scandale politique et moral de la « gestion » de la crise financière, eurocrates et responsables nationaux s’étonnent d’avoir « un problème » avec les populations…

    Marianne  http://fortune.fdesouche.com/

  • La bombe de la dette vient de grossir

    Traduction par notre lecteur Boreas d’un article de Max Keiser, paru le 18 mars 2013 sur le site Russia Today.

    Le montant mondial de la dette dépasse l’ensemble des dépôts bancaires dans le monde, et la situation financière actuelle à Chypre est l’inévitable prochaine phase : la confiscation.

    Toute prétention à une « titrisation » de la croissance par les banquiers centraux ou la finance mondiale en conditionnant et reconditionnant la dette, en hypothéquant et ré-hypothéquant la dette, en régulant et en re-régulant la dette, est désormais révolue.

    Depuis le début de la reprise du marché obligataire dans les années 1980 (oui, c’est si vieux que ça), les banques centrales et la finance mondiale – le FMI, l’UE et la BCE, pour n’en nommer que quelques-uns – et leurs frères de Wall Street et de la City de Londres ont fait face à chaque crise par une augmentation de la dette et une extension de la maturité de la dette.

    Le résultat a été – en 2007 – la plus haute montagne de dette au bilan et hors bilan dans l’histoire : une dette astronomique de 220.000 milliards (si l’on inclut toutes les dettes publiques, privées et contingentes des programmes de prestations non financés) dans l’économie américaine seule, avec ses 14.000 milliards de dollars de PIB. Le volume des dérivés mondiaux de la dette se situe maintenant à plus de 1.000.000 de milliards de dollars, surfant sur un PIB mondial d’environ 60.000 milliards de dollars.

    Mais à partir de 2007, puis devenant spectaculairement apparente en 2008 avec la faillite de Lehman Brothers, la capacité des contribuables du monde entier à payer les intérêts ou le principal de la dette a heurté un mur de briques.

     

    Et depuis plusieurs années, les gouvernements du monde entier ont essayé les mêmes vieux trucs : « faire comme si ». Reconditionner et allonger la maturité, et prier pour que les recettes fiscales permettent de récolter assez pour rembourser une partie de la dette. Cela n’a pas fonctionné. La bombe de la dette vient de grossir. Maintenant, à Chypre, nous voyons l’inévitable prochaine phase : la confiscation.

    Pour payer les dettes qui ont été contractées pour financer la plus forte ponction de richesses de l’Histoire, nous voyons à Chypre, ainsi que chez les institutions bancaires centrales et la finance mondiale, une tendance à juste capter et saisir l’argent des gens sur leur compte bancaire « assuré ». Nous aurions dû avoir compris ce qui se préparait quand JP Morgan (lisez : Jamie Dimon) a capté et saisi illégalement plus de 1 milliard de dollars en devançant les clients de MF Global [juste avant la faillite de celle-ci], avec l’aide de son copain-copain Jon Corzine.

    Avons-nous appris notre leçon ? Ils ont plus de dettes à payer qu’il n’y a d’argent sur tous les comptes bancaires dans le monde. Cela signifie qu’il y a des chances pour que vous – qui que vous soyez, et quel que soit votre pays de résidence – ayez un pourcentage non négligeable de votre épargne volé par les banksters.

    Depuis que la crise a frappé (et depuis plusieurs années qui ont précédé), nous avons recommandé sur le « Keiser Report » de convertir autant d’argent que vous le pouvez en or et en argent. Notre conseil hier et aujourd’hui est : le seul argent que vous devriez garder dans une banque, c’est de l’argent que vous êtes prêt à perdre.

    Vers la Révolution  http://fortune.fdesouche.com

  • Jacques Sapir - Le problème de Chypre et ses conséquences

    Cette panique devrait probablement se continuer dans les jours qui suivent. Alors que la confiance des épargnants dans la solidité de leurs banques est relativement faible dans une bonne partie de l’Europe du Sud, cette mesure revient à agiter un chiffon rouge devant leurs yeux.

    Le risque est donc que l’on assiste à une contagion qui toucherait d’abord la Grèce, puis l’Espagne et enfin l’Italie...

    http://www.actionfrancaise.net

  • L’OCDE invite la France à supprimer les départements et fusionner les communes

    Dans un rapport, l’Organisation de coopération et de développement économiques s’étonne que l’Etat ne se mobilise pas plus pour faire le ménage dans les collectivités. Le sujet reste tabou face aux élus locaux, arc-boutés.

    (…) Ailleurs en Europe, les pays ont multiplié les réformes, parfois au prix d’une rationalisation drastique (division par 3 du nombre de communes en Grèce, par 2,5 au Danemark…).

    A l’heure où le gouvernement s’interroge sur les économies à réaliser en 2014, l’OCDE propose de s’attaquer à cette spécificité territoriale française par une formule polie : il faut « simplifier la structure des administrations infranationales », réclame l’organisation dans un rapport publié le 19 mars.

    1.800 habitants par commune en France, 5.500 dans l’UE « En moyenne, une commune française compte environ 1.800 habitants contre 5.500 pour l’Union européenne et 55.000 au Danemark. L’intercommunalité, qui aurait dû permettre de rationaliser les dépenses entre communes, est venue dans les faits surtout ajouter un niveau supplémentaire à une organisation territoriale déjà complexe », explique le rapport.

    D’ici 2015, l’Etat a prévu de diminuer de 4,5 milliards d’euros les dotations aux collectivités locales. Dénoncé par les maires de France comme « un coup de massue sans précédent », l’OCDE salue au contraire l’action engagée : « La pression actuelle est de nature à encourager la mutualisation des services et de dégager ainsi des économies ». L’organisation va plus loin, en suggérant la fusion des plus petites communes et la suppression pure et simple du département. (…)

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  • Nigel Farage - Retirez votre argent pendant qu'il est encore temps !