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Europe et Union européenne - Page 1051

  • Myret Zaki : Les banques centrales fabriquent l’hyperspéculation et l’hyperinflation

    J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Jacques Cheminade, homme politique français et fondateur du parti Solidarité et Progrès.

    Nous avons évoqué la déconnexion entre les marchés boursiers euphoriques et le marasme économique ; la nécessité de séparation des banques d’affaires des banques de dépôt; le véritable rôle de Mario Draghi (président de la BCE) ; le marché de l’or et son importance aujourd’hui ; et le déséquilibre sans précédent entre les gains réalisés par les responsables de la crise (banques, fonds spéculatifs, finance de l’ombre, renfloués malgré leurs échecs) et les pertes réalisées, sous couvert d’austérité, par les populations occidentales, qui ne sont pourtant pas responsables de la crise, ni des chocs récessionnistes qu’elle a entraînés.

    Bilan

  • Le pari de la post-modernité

    La post-modernité est ce qui semble traduire l'esprit de notre temps, de notre Zeitgeist. On en a donné mille définitions, toutes subjectives, incomplètes ou superficielles. Dans la perspective philo-marxiste, la post-modernité est le prolongement de la “fausse conscience” qui inhibe les pulsions révolutionnaires. Selon les thèses philo-libérales, la post-modernité n'existe que comme mode. Elle serait donc passagère. Pourtant le phénomène ne manque pas d'importance car il caractérise une société fondée sur l'ambiguïté. La post-modernité recèle en elle tout le désenchantement à l'égard du système mais simultanément aussi, l'installation hédoniste en ce même système. Cette ambiguïté, qui est consubstantielle à la post-modernité, fait de celle-ci un sujet difficile à définir et à étudier. Ici, la post-modernité sera envisagée comme le contexte social dans lequel s'imbrique la nouvelle barbarie [allusion à une expression polémique, alors  popularisée, de Michel Henry, librement empruntée à  un aphorisme nietzschéen, désignant l'effondrement des valeurs de l’art, de l’éthique ou de la religion, traditionnellement associées au savoir, au sein des sociétés dites modernes et matérialistes au nom d'une véritable religion de la technique fondamentalement anti-humaniste]. Audacieusement, nous avançons la thèse que post-modernité et nouvelle barbarie sont les 2 faces d'un même phénomène : le désenchantement à l'égard du système. Et précisément parce qu'elle est ce désenchantement, la post-modernité peut devenir le creuset d'une formidable révolution culturelle.

    La post-modernité est à la mode depuis une bonne décennie. Le terme “post-moderne” a été forgé par le philosophe français Jean-François Lyotard qui entendait exprimer un sentiment hyper-critique, généré par le désenchantement que suscitaient notre époque (in : La condition postmoderne, Minuit, 1979). Depuis lors, les interprétations du phénomène post-moderne se sont succédé pour être appliquées sans trop d'ordre ni de rigueur. On en est même venu à l'identifier à une mode musicale, ce qui, finalement, revient à ne percevoir que la partie d'un tout. La musique hyper-sophistiquée par la technique, les comics américains ou la bande dessinée européenne, la mode, le foisonnement des manifestations artistiques de coloration dionysiaque ne sont ni plus ni moins que des facettes de la post-modernité. Mais les facettes les plus visibles donc, a fortiori, les plus appréciées par la culture mass-médiatique. Avant toute chose, il convient de comprendre ce qui a précédé ces phénomènes pour éviter de nous fourvoyer dans une analyse trop fragmentaire de la post-modernité.

    Présentisme et désenchantement

    Quels sont les facteurs sociologiques qui définissent la post-modernité ? Pour Fernando Castello, journaliste à El País, il s'agit de la vogue post-industrielle, portée par l'actuelle révolution scientifique et technique qui implique l'abandon des fonctions intellectuelles à la machine et se manifeste dans l'univers social par une espèce de nihilisme inhibitoire, par un individualisme hédoniste et par le désenchantement (1). D'autres, tel Dionisio Cañas, nous décrivent l'ambiance émotionnelle de l'attitude post-moderne comme un déchantement par rapport au passé marqué par l'idéologie du “progrès”. Cette idéologie a donné naissance à la modernité et aujourd'hui, sa disparition engendre une désillusion face à un présent sans relief ainsi qu'une forte sensation de crainte face au futur immédiat. L'ensemble produit une vision apocalyptique et conservatrice, négatrice de la réalité, vision qui, selon Cañas, coïncide avec une esthétique “réhumanisante”, anti-moderne et, parfois, engagée. Une telle esthétique avait déjà été annoncée par Gimenez Caballero, dans son ouvrage Arte y Estado, publié en 1935 (2). Pour ces 2 auteurs, il s'agit, en définitive, d'un retour au conservatisme.

    Entendons, bien sûr, que ce conservatisme ne saurait se réduire à un mental “droitier”. Guillaume Faye (3) parle, par ex., d'un néo-conservatisme des gauches, régressif mais toujours égalitaire, qui survient lorsque le progressisme se rétracte en un présent sans perspective, une fois coupées la mémoire et la dimension vivantes du passé. La post-modernité, l'attitude post-moderne, restent “progressistes” (du moins en paroles) et égalitaire, mais le progrès qu'elles évoquent est mis à l'écart lorsqu'il affronte, dans la réalité concrète, un futur incertain et critique. Le discours progressiste est, à l'épreuve des faits, freiné et immobilisé par la menace d'une crise mondiale. Mais s'il veut conserver sa valeur et sa légitimité, il doit continuer sa marche en avant tout en maintenant son utopie de normalisation du monde. Le résultat est que l'utopie progressiste commence à perdre sa crédibilité, faisant place à une forme élégante et sophistiquée de présentisme en laquelle le lyrisme technique de la modernité devient un snobisme technologique.

    Le manque de perspectives que nous offre le futur crée un vide fatal, une sensation de désenchantement vis-à-vis du présent. Dans la modernité, le présent avait toujours été la préfiguration du futur, sa mise en perspective, qu'il s'agissait de la lutte des classes pour une société communiste ou de la normalisation légale pour aboutir au règne sans partage de la société marchande. Lorsque l'idéologie sociale, la modernité, n'a plus la possibilité de préfigurer quoi que ce soit, la post-modernité émerge. Mais pourquoi la modernité n'est-elle plus à même d'offrir un futur ? Pourquoi est-on arrivé au point final de la modernité ?

    La mort du finalisme

    L'idée de fin se trouve dans l'embryon même des idéologies de la modernité. Toutes partent d'un point de départ négatif (exploitation d'une classe prolétaire par une classe plus élevée, impossibilité de mener à bien les échanges naturels entre les individus, etc.) pour arriver à un point final positif (la société sans classes, le libre-échange, etc.). Dès lors, le finalisme est partie intégrante de la modernité en tant qu'idéologie.

    Il est évident que la modernité n'est pas seulement une idéologie. La modernité est un phénomène ambigu parce qu'elle contient tant une idéologie homogénéisante et inorganique qu'un vitalisme transformateur de la nature organique. Ainsi, aux yeux d'Oswald Spengler, la modernité présente d'un côté la vitalité faustienne et aventurière qui est en grande partie à la base de la force d'impulsion du devenir historique européen, mais d'un autre côté, elle présente des tendances meurtrières qui prétendent normaliser (moderniser) la planète entière, en promouvant une vision inorganique. Une telle normalisation signifie pour Spengler la fin de l'âge des “hautes cultures” (Hochkulturen), la fin de l'ère des spiritualités et de la force vitale des peuples. Il existe donc un divorce entre la modernité comme vitalisme, comme aventure, comme “forme”. La première est la vision progressiste de l'histoire, la seconde est la vision tragique du monde et de la vie. La première est celle qui a prédominé.

    Le souci d'homogénéiser et de normaliser le monde, pour qu'il accède enfin à la fin paradisiaque promise, trouve son cheval de bataille dans l'idéologie du progrès, véhiculant une vision du temps linéaire qui relie le monde réel négatif au monde idéal positif. Cette particularité rappelle ce que Nietzsche nommait l'inversion socratique : la césure du monde en 2 mondes, germe de toutes les utopies. Le progrès idéologique se perçoit comme matrice de la modernité. Mais ce progrès signifie aussi la certitude de l'existence d'un point final, puisqu'on ressent l'infinitude du progrès comme une hypocrisie et que, dans ce cas, il faudra un jour cesser de croire en lui. Nietzsche n'a-t-il pas écrit dans L'Antéchrist : « L'humanité ne représente pas une évolution vers quelques chose de meilleur ou de plus fort, ou de plus haut, comme on le croit aujourd'hui ; le progrès est purement une idée moderne ; c'est-à-dire une idée fausse ». Par sa propre nature, la notion de progrès implique la fin de l'histoire. C'est ce que pressentait sans doute Milán Kundera, lorsqu'il écrivait : « Jusqu'à présent, le progrès a été conçu comme la promesse d'un mieux incontestable. Aujourd'hui cependant, nous savons qu'il annonce également une fin » (4). Cette certitude qu'une fin surviendra est cela précisément qui produit le désenchantement. Tous les finalismes sont à présent morts parce qu'ils ne sont légitimes que dans la mesure où ils atteignent un but hic et nunc.

    Régression et fin de l'histoire

    Mais quid dans le cas où l'on affirmerait aucun finalisme ? Dans le cas où l'on ne prétendrait pas arriver à une fin de l'histoire, à la fin des antagonismes et des luttes entre volontés opposées ? Cette conclusion, consciemment ou inconsciemment, des milliers d'intellectuels l'ont déjà tirée. En se posant une question très simple : où se trouve ce fameux paradis annoncé par les progressistes ? La réponse est lapidaire : nulle part. Déduction : la seule possibilité qui reste pour sauver l'utopie, c'est de cultiver une idéologie de la régression. On passe de ce fait à un culte du “régrès” qui remplace la culte du “progrès” devenu désuet et sans objet.

    Ce n'est pas un hasard si la gauche de notre époque vire au “vert” et à un certain passéisme idyllique. Pour la gauche actuelle, l'Arcadie pastoraliste s'est substituée à l'Utopie constructiviste. Cette mutation est dans la logique des choses. Le progrès avait été conçu selon une double optique : idéologique et technologique. Le progrès technologique, véhiculé par cet esprit faustien et aventurier (Spengler), qui donna toute son impulsion au développement de l'Europe, a, plutôt que de normaliser et de pacifier, créé plus de tensions et d'antagonismes. Prométhée, dit-on, est passé à droite... La gauche a réagi, consciente que le progrès technique était par définition sans fin et limitait ipso facto son “monde idéal” ; elle délaissa la technique, abandonna son prométhéisme (sauf, bien sûr en URSS où le technicisme marxiste se couple au mythe de Gengis Khan). La gauche a opéré un tour de passe passe conceptuel : elle n'a plus placé la fin de l'histoire, l'homogénéisation de la planète, dans un avenir hypothétique. Sur le plan des idées et de la praxis, elle a replacé cette fin dans l'actualité. Attitude clairement observable chez les idéologues de l'École de Francfort et leurs disciples.

    Cette mutation s'est effectuée de manière relativement simple. Il s'agit, dans la perspective actuelle de la gauche, de vivre et de penser comme si la révolution et le paradis sans classes, idéaux impossibles à atteindre, existaient de manière intemporelle et pouvaient être potentialisés par l'éducation, le combat culturel et la création de mœurs sociales nouvelles. On constate que la gauche intellectuelle effectue cette mutation conceptuelle au moment où sociaux-démocrates et sociaux-libéraux affirment de fait la fin de l'histoire parce qu'ils estiment, sans doute avec raison, que leur société-marché a abouti. On croit et l'on estime qu'est arrivé le moment d'arrêter le mouvement qui a mis fin jadis à l'Ancien Régime et implanté l'ordre social-bourgeois.

    Mais que faire si ce mouvement ne s'arrête pas partout, en tous les points de la planète ? Si le principe de révolution agite encore certains peuples sur la Terre ? En Occident, on a décrété que l'histoire était terminée et que les peuples devaient mettre leurs volontés au frigo. Et en ce bel Occident, c'est chose faite. Elles croupissent au frigidaire les volontés. Ailleurs dans le monde, la volonté révolutionnaire n'est pas extirpée. Le monde effervescent du politique, la Vie, les relations entre les peuples et les hommes n'obéissent pas partout à la règle de la fin des antagonismes. Croire à cette fiction, c'est se rendre aveugle aux motivations qui font bouger le monde. C'est déguiser la réalité effervescente de l'histoire et du politique avec les frusques de l'idéologie normalisatrice et finaliste.

    Là nous percevons clairement la contradiction fondamentale de la société post-moderne.

    Un doux nihilisme

    Dans de telles conditions, nos sociétés ne peuvent que vivre en complet dysfonctionnement. D'un côté, nous avons un monde idéal, suggéré par les idéologies dominantes, conforme à ses présupposés moraux qu'il convient de mettre en pratique dans sa vie quotidienne pour ne pas se retrouver “marginal” (humanitarisme, égalitarisme, bien-être). D'un autre côté, nous voyons un monde réel qui, en aucun cas, n'obéit à l'idéologie morale moderne et qui nous menace constamment d'une crise finale, d'une apocalypse terrible.

    La technique qui nous permet de survivre dans cette contradiction est simple : c'est la politique de l'autruche. Le divorce entre les 2 réalités crée une formidable schizophrénie sociale. Selon les termes de Baudrillard : Perte du rôle social, déperdition du politique... De toutes parts, on assiste à une perte du secret, de la distance et à l'envahissement du domaine de l'illusion... Personne n'est actuellement capable de s'assumer en tant que sujet de pouvoir, de savoir, d'histoire (5). Le spectateur a supplanté l'acteur. Quand les hommes, les citoyens avaient un rôle, le jeu social détenait un sens. N'étant plus que des spectateurs impuissants, tout sens s'évanouit. Et derrière le spectacle, en coulisses, se déploie un monde qui n'a rien à voir avec celui qui nous est offert, suggéré, vanté. Le système cherche à ce que nous vivions comme si la fin de l'histoire, du politique, du social était déjà survenue. Autrement dit, le système simule la disparition du sens que nous évoquions.

    Il ne reste plus aux hommes qu'à s'adonner au nihilisme “soft” d'un monde sans valeurs. Mais le sens des valeurs a-t-il réellement disparu ? Non. Il se cache. Il est imperceptible dans les sociétés de consommation de masse d'Europe mais reste vivace là où se manifeste une volonté collective d'affirmation. Du point de vue de l'idéologie occidentale dominante, les signes d'un tel sens restent cachés comme un visage derrière un masque. Pourtant, ce visage est celui d'un être bien vivant. C'est ce qui explique pourquoi l'homo occidentalis ne mesure les phénomènes nationalistes du Tiers-Monde que sous l'angle de folies individuelles alors qu'en réalité, il s'agit de volontés nationales d'échapper à la déprédation américaine ou soviétique. Dans nos sociétés, au contraire, il n'y a déjà plus de volonté collective mais il règne un individualisme englouti dans l'indifférence généralisée de la massification. C'est un univers où chacun vit et pense comme tous sans pour autant sortir de son petit monde individuel. C'est là une autre forme de nihilisme et l'on ne détecte rien qui puisse affirmer une quelconque volonté.

    Cet individualisme a déteint sur toute la société post-moderne. Il a suscité tous les phénomènes qui caractérisent ce post-modernisme, y compris ce nihilisme hédoniste, né de la disparition du sens. Gilles Lipovetsky confirme cet individualisme intrinsèque de la société post-moderne en énumérant les traits qui la caractérisent : recherche de la “qualité de la vie”, passion pour la personnalité, sensibilité “écolo”, désaffection pour les grands systèmes qui exigent la motivation, culte de la participation et de l'expression, mode rétro,... (6).

    Arrêtons nous un moment à ce culte de la participation et de l'expression qui sont symptômes supplémentaires de la schizophrénie sociale et, par là, facteurs de nihilisme. Il existe dans nos sociétés une impulsion de type moral qui appelle constamment à la participation dans la vie publique et à l'expression de la volition individuelle par le biais de la communication. Ainsi, l'on prétend que nos sociétés sont des sociétés de communication, thème que l'on retrouve chez des auteurs aussi éloignés l'un de l'autre que Habermas, Marshall McLuhan ou Alvin Toffler. Mais où participer, où s'exprimer quand les institutions qui avaient traditionnellement la fonction de canaliser ces pulsions et ces nécessités ont cessé de posséder un sens, ont succombé aux impulsions commerciales de la communication de masse ? Comme l'a vu justement Baudrillard (7), le système appelle sans cesse à la participation, il veut sortir la masse de sa léthargie, mais la masse ne réagit pas : elle est trop bien occupée à assurer son bien-être individuel. La participation et l'expression jouent aujourd'hui le même rôle de norme sociale que l'idée que le souverain était l'incarnation d'un pouvoir divin. Actuellement, les normes morales  — déjà non politiques — du système social-démocratique ne sont qu'un simple vernis, comme le fut, à la fin du XVIIe siècle, l'idée du souverain comme principe incarnateur. Cela signifierait-il que nous sommes à la fin d'un cycle ? En termes clairs : le silence des masses, l'impossibilité des dogmes fondamentaux du système démocratique signifieraient-ils le terme, la mort de l'idée démocratique de participation du peuple, laissant cette participation à une simple fiction juridique, comme le pense Jürgen Habermas (8) ?

    Ainsi, l'impossibilité de réaliser ce qui paraît le plus important dans toute société démocratique qui se respecte pourrait donner naissance à un nouveau facteur de nihilisme qui s'ajouterait à ceux déjà énumérés. D'autre part, à la vision apocalyptique inhérente à tout finalisme, se joignent actuellement divers paramètres de crise : économiques, écologiques, géostratégiques... Tous pourraient, à un moment donné, converger. En réalité, la crise est l'état habituel du monde depuis que l'homme existe sur cette planète. Le sens que l'on donnait à la vie était celui qui réduisait l'acuité des crises ; il y avait alors quelque chose à leur opposer. Aujourd'hui, en revanche, la crise se profile avec netteté et le consensus a disparu. L'appareil macroéconomique transnational qui régit actuellement l'Occident est occupé à régulariser un système de crise. Mais cette crise ne peut être régularisée indéfiniment. Après la crise viendra inéluctablement la guerre... ou une autre situation conflictuelle qui ne prendra pas nécessairement le visage de la confrontation militaire directe ; Songeons aux guerres économiques et culturelles qui affaiblissent déjà l'Europe, avec parfois la frappe chirurgicale et précise d'un terrorisme manipulé...

    Parier pour l'interrègne

    Le nihilisme de notre actuelle quotidienneté n'a rien à voir avec le nihilisme classique, exprimé par le terrorisme urbain et le chaos social. Le nihilisme actuel est un nihilisme doux, “soft”, accepté comme tel par le système en tant que rouage de son mécanisme complexe. Un nihilisme qui peut se présenter comme inhibiteur, c'est-à-dire comme une acception des normes politiques et morales du système couplée à un refus d'avaliser son fonctionnement et les hiérarchies qu'il implique. Mais un nihilisme qui peut aussi se présenter comme nihilisme “exhibé”, comme c'est le cas pour les “nouveaux barbares”. Finalement, aucun des 2 modèles n'est réellement nocif pour le système. Ce flou est précisément ce qui fait de la post-modernité une époque potentiellement décisive, dans la mesure où on peut franchement la définir comme un interrègne. Interrègne obscur, chargé d'ivresse dionysiaque sourde, comme nous l'a décelé Guillaume Faye (9). Interrègne qui est prémisse de quelque chose d'encore incertain. Quelque chose qui pourrait rendre à notre monde son enthousiasme, son sens de l'aventure, la nécessité du risque et la volonté de prendre à nouveau des décisions. Tel est le pari de tout interrègne.

    Giorgio Locchi écrit que les représentants les plus autorisés de la  Révolution conservatrice allemande du temps de Weimar, de Jünger à Heidegger, ont appelé “interrègne” cette période d'attente durant laquelle le destin bascule entre 2 possibilités : 1) achever le triomphe de la conception du monde égalitaire avec sa “fin de l'histoire” ou 2) promouvoir une régénération de l'histoire (10). La post-modernité actuelle est un interrègne. Pour cela elle peut être le creuset d'une nouvelle révolution culturelle comme celles qu'a connues l'Europe tout au long de son histoire. En dernière instance, la balance penchera de l'un ou de l'autre côté...

    Dès lors, nous pouvons affirmer qu'il existe 4 attitudes fondamentales en jeu actuellement. L'une de ces attitudes est proprement post-moderne, elle est hédoniste, éclectique, dionysiaque, indécise. Cette attitude-là est celle du pari pour les mutations superficielles mais contestatrices. Une deuxième attitude est également conforme au système ; elle intériorise les présupposés “progressistes” et prône l'aveuglement face à l'histoire en marche, face au devenir du réel ; elle fuit tout espèce de pari. Une troisième attitude pourrait être celle de nouveaux barbares, citadins ou ruraux. Elle consiste à sortir du système, à en sortir psychiquement pour les premiers, physiquement pour les secondes. Il s'agit de tuer les parieurs en “cassant le jeu”. Enfin, la quatrième attitude est l'attitude faustienne et aventurière : miser et gagner. Mais pour quel enjeu ? La régénération de l'histoire européenne. La décision de miser constitue alors un moment-clef.  Telle pourrait être l'attitude d'une Nouvelle Révolution, inspirée de la Révolution conservatrice allemande des années 20. Tous les révolutionnaires conservateurs, écrit Louis Dupeux (12), se définissent comme résolument modernes... Loin de la peur et des tourments qu'engendre le pessimisme conservateur traditionnel, la Révolution conservatrice  dégage une modernité contre le modernisme ou le progressisme, une contre-modernité. Il s'agit, en clair de se décider pour le côté organique de la modernité et d'abandonner les chimères inorganiques. Accepter et assumer la modernité comme forme vitale, comme impulsion et non comme sens orienté vers un finalisme inéluctable (et finalement misérabiliste) qu'on n'atteindra en fin de compte jamais. Rappelons-nous l'expression de Jünger : fondre passé et futur en un présent vivant, ardent.

    Il faut que dès maintenant, ceux qui ont décidé de parier pour cette nouvelle révolution spirituelle prennent conscience que le destin de notre culture et de notre continent se trouve entre leurs mains. Il serait toutefois assez ingénu de rejeter simplement les manifestations sociales et esthétiques de la post-modernité au nom d'un “conservatisme” qui, au bout du compte, ne pourrait conduire à rien. Il s'agit de savoir ce que peut donner comme résultat “l'orgiasme” en lequel se plonge la post-modernité. Faye a écrit que dans les orgies romaines, seul l'amphitryon reste sobre : parce que le “climax” [point d'acmé], l'apogée du dionysisme n'est autre que le signal du prochain retour d'Apollon. Dans la perspective de cette nouvelle révolution culturelle, notre nouvelle révolution culturelle, la post-modernité ne peut être que la certitude, esthétique et mobilisatrice, que Dionysos sait ce qu'il fait même si ses serviteurs ignorent ses desseins.
    Javier Esparza, Vouloir n°27, 1986. (tr. fr. Rogelio Pete, article extrait de Punto y Coma n°2, déc. 1985). VOULOIR
    Notes :
        * (1) Castello, F., « Tiempos Posmodernos », in :  El País, 30/1/1985.
        * (2)  Cañas, D., La posmodernidad cumple 50 años en España, in : El País, 28/4/1985.
        * (3) Faye, G., « La modernité, ambigüités d'une notion capitale », in : Études et Recherches n°1 (2ème série), 1983.
        * (4) Kundera, M., cité par Régis Debray in Le pouvoir intellectuel en France, Ramsay, 1979.
        * (5) Baudrillard, Jean, Les stratégies fatales, Grasset, 1983.
        * (6) Lipovetsky, G., L'ère du vide, Gal., 1983.
        * (7) Baudrillard, J., Cultura y Simulacro, Kairos, 1984.
        * (8) Habermas, J., Historia y crítica de la opinión pública, Gili, coll. Mass Media, 1982.
        * (9) Faye, G., La nouvelle société de consommation, Le Labyrinthe, 1984.
        * (10) Locchi G., Wagner, Nietzsche e il mito sovrumanista, Akropolis, 1982.
        * (11) L'auteur du présent article ne trouve pas, dans la “révolution conservatrice” actuelle des États-Unis, d'éléments valables pour une régénération historico-culturelle de l'Europe. Il estime que ces éléments sont davantage à rechercher dans le sillage de la “Nouvelle Droite” française et des mouvements qu'elle a influencé ou dont elle a reçu l'influence en Europe.
        * (12) Dupeux L., « Révolution conservatrice et modernité », in Revue d'Allemagne n°1/XIV, 1982.

  • Grèce : Du champ à l’assiette

    Semences locales et biodiversité, agriculture biologique, permaculture et agroécologie, réseaux de producteurs-consommateurs, jardins urbains autogérés et cuisines collectives : les grecs s’approprient leur agriculture et leur alimentation !

    C’est dans un contexte difficile pour les agriculteurs et les consommateurs que naissent ou se consolident des initiatives pour former et informer sur d’autres modes de production agricoles, plus écologiques mais aussi plus économes.

    D’une manière générale, ces initiatives visent une nouvelle population plutôt jeune qui cherche à la fois un échappatoire économique et un projet de vie.

    Depuis quelque temps, il semblerait qu’on assiste à un retour à la terre, et même s’il ne s’agit pas d’un phénomène social de masse (40.000 agriculteurs de plus pendant la période 2009-2010), une aspiration à un rapprochement à la vie agricole et rurale semble s’ancrer dans une majorité de la population (sondage Kappa Research, 70% des sondés désirent s’installer à la campagne).

    Plantation d’arbres fruitiers et d’oliviers dans un parc métropolitain grec.

    Via l’excellent blog Au Bout de la Route

  • L’UE mesure enfin l’urgence sociale de la crise

    Réunis en sommet à Bruxelles les dirigeants européens ont évoqué la guerre civile en Syrie, qui entre dans sa 3e année. Sur le plan interne, ils veulent se donner des moyens pour accélérer la croissance et la création d’emplois, face à la colère qui monte et à l’euroscepticisme qui gagne du terrain.

    Rome, 14 novembre 2012 : heurts entre police anti-émeute et manifestants contre l’austérité

    L’emploi, plus particulièrement celui des jeunes, est redevenu une préoccupation de premier ordre au sein de l’Union européenne. Alors que la colère gronde dans la rue face à un taux de chômage battant record après record et face à des millions de jeunes en manque de perspective, alors que l’euroscepticisme gagne du terrain, les dirigeants européens ont consacré leur sommet de ces 14 et 15 [mars 2013] au volet social de la crise. Ils ont décidé de mettre les bouchées doubles pour favoriser la croissance et l’emploi.

    Jusqu’ici, pour les dirigeants européens, issus pour la plupart des partis politiques conservateurs, la priorité était de redresser les finances publiques, corriger les déséquilibres macroéconomiques et restaurer la confiance des investisseurs. Il ne fallait en tout cas pas dépenser ce qu’on n’avait pas. La croissance et l’emploi allaient suivre. L’Allemagne d’Angela Merkel, était le modèle tout indiqué à suivre.
    Ce raisonnement n’est pas faux. Grâce à des mesures prises, mais aussi aux sacrifices consentis depuis bientôt cinq ans, l’économie européenne a fini sa descente aux enfers. Elle est certes en récession et le restera encore en 2013 et 2014, mais petit à petit, les conditions se réunissent pour négocier un tournant. Grâce à l’assainissement des comptes, les pouvoirs publics pourront consacrer plus de ressources à l’éducation, la formation et la recherche qu’aux intérêts de la dette.

    José Manuel Barroso, président de la Commission européenne et partisan d’une politique économique rigoureuse, a affirmé jeudi soir que le bout du tunnel était en vue. « Notre économie est plus stable qu’il y a une année, a-t-il dit. Le taux d’intérêt que réclament les investisseurs pour prêter aux Etats est en baisse. La confiance revient. Nous avons gagné en compétitivité et les exportations sont en hausse ». Face à ces perspectives, il a invité les vingt-sept dirigeants de l’UE à maintenir le cap de réformes.

    Mais le président de la Commission a aussi concédé que les budgets bien équilibrés ne remplissaient pas les ventres, plus particulièrement ceux des couches les plus défavorisées. Il a remarqué que tout l’effort de redressement pourrait être réduit à néant par un populisme grandissant qui se nourrit du chômage et d’autres frustrations nées de la crise.

    En Grande-Bretagne, les sondages indiquent que la moitié des Britanniques seraient prêts à voter leur départ de l’UE. Aux récentes législatives italiennes, plus de la moitié des électeurs ont déposé un vote de protestation contre l’Europe dans les urnes. « Aucun dirigeant ne peut être satisfait d’une situation où 26 millions de personnes sont sans emploi en Europe », a fait remarquer jeudi le premier ministre irlandais Enda Kenny, dont le pays assure la présidence de l’UE jusqu’au juin.

    L’ex-président de l’eurogroupe, le luxembourgeois Jean-Claude Junker, a évoqué jeudi le risque de « rébellion sociale ».

    Dans son allocution au sommet, le président du parlement européen Martin Schulz a rappelé que depuis le dernier sommet du printemps, l’Europe avait détruit deux millions d’emplois. « Les gens attendent légitimement que l’UE prenne en compte leurs soucis et leurs difficultés », a-t-plaidé.

    A l’issue de la réunion au sommet jeudi soir, José Manuel Barroso a, non sans une certaine solennité et pour la première fois, déclaré que le taux de chômage avait atteint un niveau insupportable et que l’ensemble de la société devait participer à combattre ce fléau.

    Dès lors, il a mentionné de nombreuses pistes pour accélérer la mise en œuvre de nombreuses mesures déjà annoncées : réduire la bureaucratie, gagner en compétitivité et redevenir une puissance exportatrice, moderniser l’administration publique, restaurer le crédit pour les petites et moyennes entreprises…

    Le président de la Commission européenne a par ailleurs rappelé que 16 milliards d’euros ont été affectés en 2012 à la lutte contre le chômage de jeunes et que le nouveau budget européen – il doit encore être voté par le parlement européen – prévoit encore 9 milliards d’euros. Reste à voir si ces bonnes intentions se traduiront en résultats concrets.

    Le Temps  http://fortune.fdesouche.com

  • Magouilles au Parlement européen !

    Il faut lire le blog de Jean Quatremer, le correspondant de Libération à Bruxelles. On y apprend, par exemple, que le Parlement européen discute actuellement d’un drôle de projet : il s’agit, ni plus ni moins, que de modifier le système de répartition des sièges dans cette belle enceinte.

    Je vous explique.

    Aujourd’hui, explique notre confrère, pour élire un député maltais il faut seulement 69 352 citoyens contre… 883 756 pour son homologue français. On est loin, très loin, vous en conviendrez, du principe démocratique : un homme égale une voix !

    Eh bien, imaginez-vous que nos eurocrates veulent aller encore plus loin dans cette véritable dérive. Profitant de l’arrivée de douze députés croates, ils proposent « d’améliorer » le système. Dorénavant, pour sauvegarder les intérêts des petits et moyens États et… de l’Allemagne, ils proposent une nouvelle clé de répartition des sièges qui devrait se faire au détriment de pays comme… la France notamment. [...]

    Robert Ménard - La suite sur Boulevard Voltaire

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  • Oligarques en péril

    La défaite cuisante subie par Mario Monti lors des élections italiennes n’a pas fait dévier d’un pouce la ligne fixée par les oligarques à Berlin, à Bruxelles, à Paris. L’austérité sera maintenue, au besoin renforcée, dans le parfait mépris des peuples qui la subissent.

    Ecoutons la rumeur médiatique : les foules qui apportent leurs suffrages à Beppe Grillo ou à Silvio Berlusconi, nous dit-on, ne sont pas dignes de la moindre considération. Le premier n’est-il pas un humoriste ? Le second n’est-il pas perdu de réputation ?

    En haut lieu, on se rassure à bon compte en personnalisant à l’excès les enjeux. Quel que soit le pays, la protestation populaire se fixe sur les tribuns tels qu’ils se présentent, de droite ou de gauche, vulgaires ou distingués, intelligents ou obtus. C’est sans doute regrettable mais on n’arrêtera pas le mouvement en plaçant des millions d’électeurs dans la catégorie infamante du populisme. Pour les citoyens révoltés, ce n’est qu’une humiliation supplémentaire. Pour ceux qui, parmi eux, cherchent une issue positive à la crise générale, c’est une nouvelle source de confusions et de disputes stériles. Le populisme, aujourd’hui, englobe l’extrême droite, l’extrême gauche, les adversaires de l’euro, les ennemis de l’élite, les classiques démagogues. C’est trop. Trop de simplifications et trop d’amalgames qui ne sont d’aucune aide quand on essaie de penser, tâche difficile, la catastrophe en cours. Les mouvements populaires qui sont en train de se manifester dans les rues espagnoles et portugaises ou qui s’expriment dans les urnes grecques et italiennes sont la conséquence de trois phénomènes : [...]

    La suite sur le blogue de Bertrand Renouvin

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  • Philippe Villin : “Sortir de l’euro, non ! Le faire exploser, oui !”

    Entretien avec Philippe Villin, ancien inspecteur des finances et ex-directeur du Figaro devenu banquier d’affaires, à propos du résultat du scrutin italien qui signe l’échec de la politique de Mario Monti et un refus de l’euro.

    NB: La Rédaction de Fortune tient à préciser qu’elle ne partage pas les vues ultra-libérales du banquier d’affaires Philippe Villin, “l’éminence gay des grands patrons” selon Le Monde et par ailleurs partisan du mariage “pour tous”.

    Pour retrouver une compétitivité face à une Allemagne toute-puissante et s’engager sur la voie de la croissance, dit Philippe Villin, les pays de l’Europe du Sud, y compris la France, doivent initier de profondes réformes structurelles et surtout sortir du carcan de l’euro en le faisant exploser. Démonstration.

    Comme interprétez-vous le résultat des élections italiennes ?

    Il montre un rejet de Mario Monti et de sa politique déflationniste. Les élites européennes le considéraient pourtant comme porteur de la quintessence du bonheur en Europe et leur sauveur face à l’échec pourtant patent de l’euro… Je l’ai toujours considéré au contraire comme un technocrate, aux ordres de madame Merkel et de monsieur Trichet. Je suis donc ravi que les Italiens l’aient désavoué : sa politique et son incapacité à rendre l’Italie compétitive rapidement ne pouvaient conduire qu’à sa ruine [...] Mario Monti a plongé son pays dans la récession- déflation entraînant une explosion du chômage.

    En Diafoirus de la médecine allemande, il avait prodigué à son pays le même traitement diabolique que celui appliqué à la Grèce, au Portugal, à l’Espagne et maintenant à la France, c’est-à-dire une augmentation massive des impôts et une tentative de baisser les salaires. Il aurait dû faire des réformes structurelles, n’augmenter les impôts qu’à la marge et surtout dévaluer.

    Mais il eût fallu bien sûr pour cela que l’euro explose. En effet, l’euro est devenu intolérable pour les Italiens comme pour les Français tandis qu’il fait “crever la gueule ouverte” la Grèce et le Portugal et mourir à petit feu l’Espagne. Car il est à la fois trop fort vis-à-vis du reste du monde et, à l’intérieur de la zone euro, le taux de change unique qu’il impose rend impossible toute dévaluation vis-à-vis de la zone rhénane, la zone la plus productive d’Europe.

    L’Italie aurait ainsi besoin d’une dévaluation externe d’au moins 30 % par rapport au dollar et encore bien supérieure par rapport à l’Allemagne.

    Comment jugez-vous la classe politique française face à l’euro ?

    Qu’elle soit de droite ou de gauche, je regrette son aveuglement : nous avons affaire à des représentants de la pensée unique, sortis pour la plupart de l’Ena et nourris à un “delorisme” médiocre. Que ce soit le gouvernement de François Fillon pendant cinq ans ou celui de Jean-Marc Ayrault depuis bientôt un an, tous deux appliquent la même politique, avec simplement un peu plus de professeurs et un peu plus de médiocrité pour le second.

    Parce qu’il n’y a pas de réformes structurelles, ni de chasse aux dépenses publiques inutiles, et que le credo européen — l’euro doit exister même s’il nous tue — est inlassablement répété. La croissance française est cassée. Car elle ne peut re poser que sur une compétitivité re trouvée par une monnaie nationale correspondant à notre niveau de productivité et une bien meilleure gestion du secteur public.

    Que préconisez-vous ?

    Il ne s’agit pas de sortir de l’euro mais de le faire exploser ! Ainsi notre capacité à exporter hors de l’Europe serait retrouvée. Car, le “nouveau nouveau franc” vaudrait probablement 105 à 115 cents le dollar. Une dévaluation externe modérée mais efficace. L’impact serait immédiat, à la différence de la dévaluation interne par la baisse des salaires qu’on tente de nous imposer.

    Mais l’effet principal incroyablement efficace serait vis-à-vis de l’Allemagne. Car le mark vaudrait probablement 160 à 170 cents le dollar. Nos produits se revendraient là-bas tout de suite et nous importerions moins d’outre-Rhin

    Imaginons que l’éclatement de l’euro se fasse plutôt par une sortie de l’Allemagne…

    Ce serait une solution bancale. On aurait un euro trop faible pour la France. Il vaudrait probablement 90 cents face au dollar, ce qui est trop bas pour nous et trop haut pour l’Europe du Sud.

    D’où viendra l’élément déclencheur de l’explosion de l’euro ?

    Faudra-t-il un jour qu’un dirigeant d’Europe du Sud soit assassiné par un chômeur ou un entrepreneur ruiné pour que les autres se rendent compte qu’ils conduisent l’Europe vers l’abîme ? Faudra-t-il que le taux de chômage des jeunes en Espagne atteigne 80 % pour que la population comprenne que monsieur Rajoy l’emmène à sa perte ?

    Je pense en fait que le craquement viendra de la France : le gouvernement Ayrault est en situation d’échec dans tous les domaines. Le président de la République perd peu à peu la confiance de la quasi-totalité de la population. D’ici quelques mois, le pouvoir ne sera soutenu que par la fonction publique, qui sait que le gouvernement sert ses intérêts, comme nous l’avons constaté avec la suppression scandaleuse du jour de carence.

    Que craignez-vous ?

    La pire des solutions serait de remplacer Ayrault par un clone français de Monti : Pascal Lamy, par exemple, dont certains susurrent au président de la République qu’il serait le seul capable de faire les réformes dont la France a besoin. Or, à l’OMC, il a d’abord servi les intérêts des concurrents de l’Europe.

    L’idée d’un Lamy, sorte de père la rigueur bien pensant, protégeant l’euro, est cauchemardesque. Monsieur Hollande, choisissez Pascal Lamy, vous mettrez la France en feu ! C’est simple, si l’on continue avec l’euro, l’économie française poursuivra son effondrement. Je prends le triste pari qu’avant la fin du quinquennat, nous aurons plus de cinq millions de demandeurs d’emploi.

    Comment rétablir la croissance ?

    L’idée largement répandue que la reprise économique est au coin de la rue n’est que pure illusion. Dans les pays où elle est appliquée, la médecine Trichet-Merkel entraîne ce que j’appelle la “merkelite”, c’est-à-dire une baisse continue du PIB, sans redressement du commerce extérieur, faute de dévaluation. Il est donc impossible de faire disparaître les déficits malgré des impôts sans cesse augmentés, puisque le PIB diminue…

    C’est pourquoi, pour faire repartir l’économie européenne, il n’y a pas d’autre solution que de faire exploser l’euro. Chaque économie européenne retrouverait une monnaie qui correspond à ses capacités productives.

    La disparition de l’euro sera-t-elle suffisante pour ramener la croissance ?

    Non. Le nouveau gouvernement devra engager des réformes structurelles importantes en réduisant fortement à terme les dépenses publiques. Il devra aussi reprendre du pouvoir d’achat à la fonction publique nationale et territoriale trop bien payée compte tenu de la sécurité de l’emploi dont elle bénéficie. Il faudra aussi réformer le marché du travail.

    Lire la suite de l’entretien sur  Valeurs Actuelles

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  • Revue de presse économique de Pierre Jovanovic (13/03/2013)

    Émission diffusée sur Radio Ici et Maintenant le 13 mars 2013

    Nouveau : écouter l’émission au format mp3


    (pour télécharger le fichier mp3, cliquer sur la flèche bas du lecteur puis cliquer sur le bouton Download now de la page qui s’ouvre)

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  • Farage: “Les économies française et allemande divergent, nous allons vers un désastre”

    Nigel Farage dénonce le déni de réalité des députés européens donne sa vision des choses à propos de l’Italie, de la France et de l’Allemagne. Il s’exprime également au sujet de l’insécurité grandissante en Grande-Bretagne en raison de la délinquance des gangs de Roms.

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  • Nous sommes tous des chrétiens hongrois !

    Dans une tribune publiée 27 janvier 2012 sur ce blog, Bruno Gollnisch avait dénoncé les attaques des bruxellois contre la Hongrie et le gouvernement du Premier ministre conservateur Viktor Orban. Un homme coupable de défendre les valeurs helléno-chrétiennes, une vraie politique familiale, nataliste, d’accueil de la vie, et désireux de ne pas se laisser imposer les oukases des cénacles européistes. Budapest est de nouveau cette semaine la cible des adversaires de la souveraineté des Etats-nations et de l’Europe des patries. Porte-parole de la doxa officielle, Le Monde s’en est ému le 12 mars. Prenez la mesure du scandale braves gens : « Insensible aux critiques des dirigeants européens comme aux réserves des Etats-Unis », la Hongrie (aurait) franchi un pas de plus dans la réduction des libertés démocratiques en faisant adopter par le Parlement, lundi 11 mars, un amendement à la Constitution qui place de fait les pouvoirs législatif et exécutif au-dessus du pouvoir judiciaire . »

    Dans les faits a relevé un communiqué du Front National, cette révision entraîne notamment et plus prosaïquement une « réaffirmation du principe de la primauté du droit national hongrois sur celui de l’Union européenne ». « Ce qui est en réalité le point précis qui horrifie les européistes et qui constitue en quelque sorte une véritable victoire souverainiste pour les Hongrois. »

    Cette volonté de s’émanciper des diktats de l’Union soviétique européiste a fait bondir les membres du Politburo de Bruxelles et Le Monde rapporte que celle-ci « a réagi avec une rapidité et une unité inédites au vote des législateurs à Budapest ». « Un communiqué commun du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et du secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorjborn Jagland, souligne que ces nouvelles modifications de la Loi fondamentale hongroise soulèvent des préoccupations en ce qui concerne le principe de la primauté du droit, le droit de l’Union européenne et les normes du Conseil de l’Europe ».

    Au cas où le message ne serait pas assez clair, le quotidien du soir précise que « C’est en effet la première fois qu’un pays membre de l’Union, à laquelle la Hongrie a adhéré en 2004, s’aventure aussi loin des valeurs communautaires (sic), construites sur les ruines des dictatures fasciste et communiste qui avaient dominé le continent européen. » La bête immonde est de retour, des salauds veulent se réapproprier leur souveraineté et en user !

    Un des plus virulents contre cette décision des représentants du peuple hongrois a été le président de l’Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (ADLE),  le belge Guy Verhostadt, vertement « recadré » par Bruno Gollnisch hier dans l’hémicycle -voir la vidéo mise en ligne aujourd’hui sur notre blog.

    Notons au passage que les 35 députés de l’opposition nationale siégeant à l’Assemblée hongroise , nos amis du Mouvement Jobbik membre de l’Alliance Européenne des Mouvements nationaux (AEMN) présidée par Bruno Gollnisch,  se sont abstenus et que ce texte a été adopté par 265 voix. Seuls 11 députés ont voté contre.

     Sur le site Nouvelles de France, Olivier Bault constate qu’«après trois ans à la tête du pays,  un sondage réalisé du 22 au 25 janvier pour Nézőpont Intézet, indique que si des élections avaient lieu aujourd’hui, le Fidesz (parti majoritaire de M. Orban) obtiendrait 48 % des voix, devant les socialistes (18 %), Jobbik (15 %) et le mouvement gauchiste « Ensemble 2014 » (12 %).

    « L’eurodéputé Daniel Cohn-Bendit doit être vert de rage, lui qui prétendait sans vergogne lors d’une audition du Premier ministre hongrois devant le Parlement européen que ses amis juifs à Budapest lui disaient avoir peur sous le gouvernement Orban. Mais cet ancien militant d’extrême-gauche connaît-il seulement des juifs qui résident à Budapest ? ».

    Une popularité indéniable« dans un contexte économique extrêmement difficile, alors que son gouvernement a fait voter pas moins de 365 lois nouvelles au cours de sa première année d’exercice du pouvoir pour réformer le pays, et que la gauche libertaire, qui domine aussi dans les médias hongrois, lui est terriblement hostile ».

    Oliver Bault cite les réformes courageuses qui ont été entreprises : « : réduction de 5 % du nombre de fonctionnaires, réduction à 8 du nombre de ministères, division par 2 du nombre de députés, interdiction faite aux ministres de verser des primes aux hauts fonctionnaires tant que le budget du pays est en déficit, rejet des conditions du FMI et, tenez-vous bien, réduction des déficits publics en dessous des fameux 3 % du PIB malgré la crise. »

    Mieux encore, « En l’absence d’aide du FMI, ce sont les grandes multinationales qui ont dû mettre la main à la poche pour contribuer à la résorption des déficits accumulés par les gouvernements socialistes qui ont précédé le Fidesz au pouvoir : banques, grande distribution, compagnies de télécommunications, compagnies énergétiques…

    Et de noter fort justement que ce déchaînement de Bruxelles, Washington et de leurs relais politico-médiatiques contre la Hongrie s’explique en effet grandement par cette « taxation », « en raison de l’influence des grandes multinationales sur les médias et les décideurs politiques. »

    Bref,  cette résistance victorieuse des Hongrois est à saluer affirme Bruno Gollnisch, et aujourd’hui, pour plagier le sinistre Cohn-Bendit, nous pouvons clamer haut et fort que Nous sommes tous des chrétiens hongrois !

    http://www.gollnisch.com