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Europe et Union européenne - Page 617

  • Venus pour durer

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    Comment les partis populistes de droite ont changé la politique en Europe du Nord. Par Mathias Wyssuwa, journaliste au Frankfurter Allgemeine Zeitung ♦ Le soulagement fut grand au Parti du Progrès en Norvège après l’élection de la mi-septembre. La première participation au gouvernement aurait pu être la catastrophe car cette compromission aurait pu être interprétée comme la fin de la protestation. Mais les électeurs n’ont pas puni les populistes de droite. Ils ont perdu très peu, avec 15,3%. Le parti se réjouit car il peut continuer à participer au gouvernement.

    La nouvelle question qui se pose en Allemagne depuis le succès de l’AfD n’est pas une nouveauté en Europe du Nord. Comment faire avec les populistes de droite ? Ceux-ci sont présents depuis plusieurs années dans les parlements du Danemark, de Norvège, de Suède et de Finlande. Les autres partis ont donné des réponses variées à la question. Mais il y a deux constantes : les populistes ont modifié le discours politique. Ils sont toujours présents.

    La montée du Parti du Progrès norvégien date des années quatre-vingt ; elle est due au discours sur l’immigration et hostile à l’islam. En 1989, le parti a dépassé pour la première fois 10%. Même tenu à l’écart par les autres, il a eu beaucoup d’influence. La politique des migrations s’est durcie. Puis il fut dédiabolisé, d’abord au niveau local où il a pu faire des alliances. Lorsqu’en 2006, Siv Jensen a pris la direction, il fut accepté. Jensen a réduit les aspérités et a adopté d’autres sujets. En 2013, le Parti du Progrès a fait une coalition avec le premier ministre conservateur Erna Solberg. Jensen devint la ministre des finances. Le grand parti conservateur tint des propos favorables. Lorsque la crise des réfugiés toucha le pays, presque tous les députés du Parlement demandèrent de durcir le droit d’asile. La ministre de l’intégration du Parti du Progrès joua la carte de la peur et la colère. Elle provoqua ses partenaires et fut rejetée par la gauche. Mais les électeurs l’ont récompensée.

    Le Parti du peuple danois a eu autant d’influence sans participer au gouvernement. Il a soutenu les partis bourgeois minoritaires de 2001 à 2011 puis à nouveau depuis 2015. Il a obtenu un durcissement de la politique migratoire. Il a modifié le paysage politique du Danemark comme aucun autre parti ne l’a fait dans le nord.

    Le Parti du peuple danois a bénéficié des mêmes circonstances que les autres populistes de droite des autres pays du nord. Ils ont avancé dans un domaine déserté. Le langage dominant des sociaux-démocrates ne correspondait plus à ce que les gens voyaient autour d’eux : les problèmes d’intégration des immigrés, par exemple. Les partis de la droite bourgeoise se sont centrisés car ils ont cru ainsi trouver des électeurs. A cela s’ajoute ce qui a partout aidé les populistes : la déception à l’égard des élites et la crainte de la globalisation. Un espace s’est dégagé à droite que le Parti du peuple danois a occupé sans attendre. Il est entré en 1998 au Parlement. En 2015, il est devenu le deuxième parti avec 21% des voix. Cela a non seulement conduit à durcir la politique migratoire mais cela a obligé les autres partis à venir sur le terrain des populistes en durcissant le ton à l’égard des migrants et de l’islam. On alla même jusqu’à faire une conférence de presse commune entre le président du Parti social démocrate et le Parti du peuple danois où chacun a félicité l’autre pour le travail en commun ! Au Danemark, on est heureux de dire ce qui est impensable en Suède.

    Au Danemark et en Norvège, on se moque ouvertement du politiquement correct des Suédois. En Suède, on a choisi d’isoler les « Démocrates suédois ». Mais en 2010, ils sont entrés au Parlement. En 2014, ils ont atteint 13% ; lorsque les Rouges et les Verts au gouvernement, minoritaires, ont failli ne pas pouvoir faire voter leur budget, ils ont passé l’accord de décembre pour isoler les seuls populistes. Lorsque le chef de l’opposition de droite bourgeoise Anna Kindberg Batra au printemps dernier a envisagé de coopérer avec les « Démocrates suédois », la colère se déchaîna et elle dut quitter sa présidence.

    Pourtant, le problème des relations avec les démocrates suédois doit être résolu car ils font maintenant 20% dans les sondages. Jimmie Akesson, le président, a fait beaucoup pour rapprocher son parti du pouvoir. Il a abandonné les racines racistes, du moins en apparence. Il se veut posé. Il incarne une continuité personnelle. Dans tous les pays du nord, même si cela bouge dans le parti, la progression est liée à très peu de personnes qui sont là depuis longtemps.

    C’est pareil en Finlande. C’est Timo Soini qui a fait des « vrais Finlandais » un parti important. Son résultat a quintuplé en 2011 pour atteindre 19%. En 2015, il a fait 17,7% et est entré au gouvernement. Soini devint ministre des Affaires étrangères. Mais cela n’a pas vraiment plu aux électeurs. Soini fut contesté et son successeur choisi par lui fut écarté. A la place fut élu Jussi Halla Aho connu pour ses provocations xénophobes. Le premier ministre conservateur Juha Sipila fut mécontent et le gouvernement failli sauter. Soini fit alors une scission dans son parti et sauva le gouvernement. Depuis lors, le parti des Vrais Finlandais s’est stabilisé avec un bon score. Par contre, le nouveau parti de Soini « Avenir bleu » s’est effondré dans les sondages.

    Conclusions

    1/ Les partis populistes sont apparus et ont monté en puissance autour du thème de l’immigration ;

    2/ Les alliances se font toujours avec les conservateurs. L’isolement des démocrates suédois ne leur a pas nui électoralement mais le pays n’a pas durci sa politique en comparaison avec le Danemark où les populistes font partie d’une coalition au pouvoir ;

    3/ L’exemple finlandais montre que les scissionnistes modérés sont sanctionnés par les électeurs ; un discours plus brutal, par contre, n’est pas sanctionné ;

    4/ Les populistes sont tiraillés entre des électeurs très hostiles à l’immigration et la tentation de faire des alliances avec la droite modérée. L’alliance peut donner de bons résultats comme au Danemark à condition que les modérés se durcissent sur l’immigration. Par contre, l’abandon des positions dures sur l’immigration coûte toujours cher en termes électoraux.

    Mathias Wyssuwa,
    Frankfurter Allgemeine Zeitung

    29 septembre 2017, p.8

    Traduit de l’allemand par Ivan Blot

    https://www.polemia.com/venus-pour-durer/

  • Elections autrichiennes : arrêtons de crier au loup

    Par  Jean Sévillia

    TRIBUNE - Les élections en Autriche ont vu la victoire des conservateurs ( ÖVP) et la percée des « populistes » du FPÖ. Ces deux mouvements pourraient travailler ensemble. Jean Sévillia rappelle [Figarovox, 16.10] que la démocratie autrichienne ne fonctionne pas selon les critères du politiquement correct à la française. Cette tribune nous renseigne en tout cas sur la réalité de la situation politique en Autriche.  LFAR

    Un peu éclipsé, dimanche soir*, par l'intervention télévisée d'Emmanuel Macron, le résultat des élections législatives autrichiennes a provoqué des commentaires prouvant la méconnaissance ou l'incompréhension du système politique de ce pays. 

    En l'attente du dépouillement des votes par correspondance, qui sera publié jeudi, le scrutin a placé en tête les conservateurs de l'ÖVP, le Parti populaire autrichien (31,4 % des voix), suivis des populistes du FPÖ (27,4 % des suffrages), puis, au terme d'un duel très serré pour la troisième place, des sociaux-démocrates du SPÖ (26,7 % des voix, soit une différence de 25 000 voix avec les précédents, sur 4,2 millions de suffrages exprimés).

    Depuis dimanche*, le message médiatique délivré en France est que la droite conservatrice autrichienne, emmenée par le jeune Sebastian Kurz, va gouverner avec les populistes du FPÖ, ce qui signifie que « l'extrême droite » est « aux portes du pouvoir ».Or cette hypothèse est une possibilité, mais elle n'est pas la seule. Selon la Constitution autrichienne, c'est le président de la République qui nomme le chancelier chargé de former le gouvernement. Bien qu'il soit libre de son choix, il nomme celui-ci, par tradition, au sein du parti qui a gagné les élections législatives. Au chancelier pressenti, il appartient de réunir une majorité parlementaire sur son programme.Depuis 1945, sauf lors de courtes périodes, aucun parti n'a eu la majorité à lui seul, si bien que la petite République alpine est habituellement dirigée par des coalitions. Au début des années 1990, on a assisté à l'éclatement du traditionnel bipartisme autrichien (à gauche les socialistes devenus sociaux-démocrates, à droite les conservateurs devenus un centre-droit modéré et européiste) : les populistes du FPÖ, alors pilotés par le défunt Jörg Haider, ont atteint et parfois dépassé les deux grands partis, tandis que les Verts et les libéraux des NEOS complétaient la palette politique. Au terme du scrutin de 2017, si le scénario d'une coalition gouvernementale entre les conservateurs de l'ÖVP et les populistes du FPÖ parait s'imposer, il se heurte à l'engagement pris par le chef de l'Etat, Alexander van der Bellen, autrefois porte-parole des Verts, élu en 2016 contre Norbert Hofer, le candidat du FPÖ, de refuser d'investir des ministres populistes, et spécialement leur leader, Heinz Christian Strache. Le président de la République autrichienne peut avoir changé d'avis, mais rien de l'y oblige.

    Sebastian Kurz, 31 ans, actuel ministre des Affaires européennes et internationales, a pris la tête de l'ÖVP au mois de mai dernier, après une carrière éclair : responsable de la branche jeunes du parti conservateur à 23 ans, secrétaire d'Etat à 24 ans, placé aux manettes des Affaires étrangères à 27 ans. Jeune homme brillant, pressé et ambitieux, il a été comparé à Emmanuel Macron. L'analogie a ceci de vrai que c'est avec des candidats novices en politique et qui se sont présentés comme des représentants de Sebastian Kurz plus encore que de son parti que le nouveau dirigeant de la droite autrichienne a emmené à la victoire un Parti populaire autrichien qui allait de défaite en défaite depuis dix ans.A cet égard, il y a un abus de langage à qualifier de « très conservateur », comme on l'a lu et entendu çà et là, un homme qui a adopté tous les codes de la modernité, du mépris de la cravate à la distribution de préservatifs, il y a quelques années, lors de sa campagne pour l'élection au conseil municipal de Vienne. Kurz, comme Macron, a quelque chose d'un ovni politique, mais il a suivi une stratégie différente en faisant le choix non de constituer sa propre formation mais de s'emparer, avec l'ÖVP, d'un parti installé dans le paysage, et aussi de marcher sur les brisées d'un autre parti, le FPÖ, en empochant des voix sur des thèmes qui étaient naguère l'apanage des populistes : contrôle accru de l'immigration, critique du communautarisme musulman, refus de l'entrée de la Turquie dans l'Europe.

    Si Sebastian Kurz possède des chances d'être le prochain chancelier autrichien - et le plus jeune dirigeant européen -, ce n'est pas non plus acquis. Tout dépend des tractations qui vont avoir lieu dans les prochaines semaines afin de former un gouvernement rencontrant une majorité parlementaire. Reconduction, avec d'autres ministres, de la grande coalition entre les conservateurs de l'ÖVP et les sociaux-démocrates du SPÖ ? Coalition entre l'ÖVP et les populistes du FPÖ ? Ce fut le cas de 2000 à 2007, et on se souvient que les sanctions prises initialement par l'Union européenne avaient dû être levées au bout de sept mois, tant il était évident que l'Autriche restait un tranquille Etat de droit. Christian Kern, l'actuel chancelier social-démocrate, n'exclut pas non plus de discuter avec les populistes : il faut se souvenir que deux régions autrichiennes, la Haute-Autriche et le Burgenland, sont déjà gouvernées localement par une coalition SPÖ-FPÖ, illustrant le fait que la démocratie autrichienne ne fonctionne pas selon les critères du politiquement correct à la française. Tout est ouvert. Avant de crier au loup avec des mines préoccupées, les commentateurs feraient mieux d'observer la suite.  

    * 15 octobre 2017

    Journaliste, essayiste et historien, chroniqueur au Figaro Magazine et au Figaro Histoire, Jean Sévillia est un spécialiste de l'Autriche.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • ROBERT MÉNARD : « VIVE LA CATALOGNE LIBRE ! »

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    « Attention, les peuples se réveillent. Et pas seulement en Catalogne… »

    À la lecture de vos tweets, on sent une certaine sympathie pour les indépendantistes catalans…

    J’ai envie de vous répondre « Vive la Catalogne libre ! » à l’instar de ce que proclamait le général de Gaulle au Québec en 1967 lors de sa visite officielle. Une visite dont il disait que l’atmosphère lui rappelait celle de la Libération… Aujourd’hui, dans les rues pavoisées de Barcelone, un peuple ne réclame, ni plus ni moins, que ce droit à disposer de lui-même, ce droit à l’autodétermination, inscrit dans l’article 1er de la Charte des Nations unies. Même si, bien sûr, parler de Catalogne « colonisée » prête à sourire… Mais je trouve un brin contradictoire d’avoir applaudi aux propos du père de la France libre et de traiter aujourd’hui, comme je l’entends ici et là, les indépendantistes catalans de « chauvinistes », de « xénophobes ».
    Comment ceux-là mêmes qui n’ont à la bouche qu’un seul mot – l’identité – peuvent-ils vouer aux gémonies un peuple – parce qu’il y a bien un peuple catalan, comme il y a un peuple français, un peuple corse, un peuple espagnol – qui veut prendre son destin en main. De plus, il y a dans la revendication catalane la volonté d’inventer une démocratie plus proche, plus vivante. Comment ne pas les entendre alors que nous ne cessons de nous plaindre des rapports distendus entre les simples citoyens et ceux qui sont censés les représenter et en être les porte-parole ?

    Vous accepteriez donc, demain, une Corse indépendante ?

    Il ne s’agit pas d’accepter ou non ! Je dis simplement qu’on n’impose pas indéfiniment à un peuple un projet, un cadre, des institutions dans lesquels il ne se retrouve pas. Si je me sens français jusqu’au plus profond de mon être, je suis prêt à entendre ceux qui partagent une autre identité. Si je ferai tout pour les convaincre de continuer à partager un destin commun, je ne vois pas au nom de quoi je m’opposerais à une volonté majoritaire si elle devait, demain, s’exprimer – à l’issue d’un processus démocratique, bien évidemment – en Corse, par exemple. Plus généralement, il s’agit, me semble-t-il, de concilier la nécessité de protéger ces liens charnels qui nous attachent à un territoire et à son histoire tout en n’enfermant pas chaque individu dans une communauté étouffante, sclérosante. Difficile exercice. Les soubresauts de la Catalogne devraient nous interroger. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la classe politique ne pipe pas mot ou presque. Si ce n’est pour témoigner, comme l’a fait le chef de l’État, de sa solidarité avec Madrid… de peur de la contagion, peut-être.

    Déclaration après déclaration, vous ne cessez de dénoncer ce que vous considérez comme des contradictions, y compris chez vos amis politiques…

    Méfions-nous des idées simplistes. Comme de cette tentation qui existe partout – et je ne m’en exonère pas, bien entendu – de transformer un adversaire en ennemi. De la même façon que je ne pense pas que l’on puisse faire de l’Europe et de sa dérive bureaucratique l’explication de tous nos maux, je me refuse à faire des flux migratoires l’origine de tous nos malheurs ou à réduire nos débats politiques et intellectuels à une guerre de religion. La vie est un peu plus compliquée, n’en déplaise aux idéologues de tout poil. Et les solutions aux questions que chacun se pose – sur son avenir, sur son identité, sur le bonheur, sur la vie – n’appartiennent pas à un seul camp. Les années passées à la tête d’une ville moyenne comme Béziers m’ont appris la complexité des problèmes et la difficulté à mettre en œuvre ce qui semble des réponses. Il ne s’agit pas d’acquiescer à ceux qui nous expliquent qu’on ne peut rien y faire. Il ne s’agit pas de se résigner. Mais, bien au contraire, de refuser de se réfugier dans des slogans, de ressasser le même bréviaire, pour mieux appréhender les problèmes que rencontrent nos concitoyens et tenter – modestement, humblement – de leur rendre leur quotidien plus supportable, leurs lendemains plus enviables.

    Mais comment tout cela peut-il se traduire dans le champ politique ?

    Je suis sidéré de voir comment des hommes et des femmes qui se sont fait élire sur le refus du clivage droite/gauche, sur le rassemblement des bonnes volontés, se sont mués en des sectaires d’une stupidité sans limite. Regardez un peu les débats à l’Assemblée. Il suffit qu’une proposition – fût-elle de bon sens, fût-elle simplement technique – émane d’un autre groupe que La République en marche pour qu’elle soit aussitôt repoussée. Et ils nous parlaient de faire de la politique différemment… La fameuse « société civile » est, en fait, le cache-sexe d’ambitieux sans autre colonne vertébrale que la fidélité aveugle à celui qui les a portés aux responsabilités. Cette dérive me conforte dans ma conviction : il y a la place, en France, pour une force, un mouvement, un rassemblement qui, fort des valeurs communes à la droite – oui, de droite –, serait capable de réinventer la démocratie, de donner toute sa place à la liberté, de chanter le bien commun, d’imaginer un enracinement qui ne soit pas un appauvrissement.

    C’est l’ambition de la plate-forme Les Amoureux de la France que vous avez lancée avec Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Frédéric Poisson et votre épouse, Emmanuelle Ménard, notamment…

    Absolument. Qu’on fasse taire les ego et qu’on écoute le peuple ! À Barcelone comme au fin fond de cette France qu’Emmanuel Macron ne fait pas qu’ignorer, mais qu’il méprise. Plus que le Président des riches, il est celui qui foule au pied, qui se rit de la France de nos campagnes, de nos villes moyennes, de ce peuple qui souffre et qui se tait tant il est inscrit dans sa mémoire que Paris le moque, que Paris se gausse de lui. Mais attention, les peuples se réveillent. Et pas seulement en Catalogne…

    http://www.bvoltaire.fr/vive-catalogne-libre/

  • Suisse : nouvelle initiative anti-immigration de l'UDC

    6a00d83451619c69e201b8d2b945eb970c-800wi.jpgD’ici à deux mois, l’UDC va lancer une nouvelle initiative populaire sur le contrôle de l’immigration. Après de longs mois de discussion, et l’étude de plusieurs variantes, le texte final a été approuvé vendredi par le comité du parti.

    Il ne s’agit plus de renégocier l’accord de libre circulation des personnes, mais de l’abroger. Le Conseil fédéral a douze mois pour convaincre l’Union européenne d’accepter cette sortie partielle des accords bilatéraux. Au terme de ce délai, si aucun accord pour un divorce à l’amiable n’a pu être trouvé, le gouvernement aura trente jours pour résilier l’accord de son propre fait!

    Le nouvel article constitutionnel 121 b précise la nouvelle donne:

    «La Suisse gère de manière autonome l’immigration des étrangers. La Confédération n’a pas le droit de conclure de nouveaux traités de droit international et de prendre des engagements pour accorder la libre circulation des personnes à des ressortissants étrangers.»

    L’immigration liée au travail reste possible pour autant qu’elle réponde aux besoins de l’économie et de la population, lorsqu’il s’agit d’occuper des postes pour lesquels on ne trouve pas de nationaux. Aucun plafond n’est articulé. Le parti estime cependant qu’un solde migratoire de 60 000 à 80 000 personnes par an, soit la moyenne de ces dernières années, est insupportable.

    En lançant cette initiative, l’UDC inscrit la question migratoire à l’agenda des élections fédérales de 2019. Mais ce n’est pas la seule que le parti veut voir davantage débattue. Ce week-end, les délégués ont aussi adopté un document, fort d’une vingtaine de revendications, pour lutter contre l’islam radical. L’UDC veut ainsi fixer des conditions strictes pour la pratique de l’islam en Suisse. Les mosquées doivent être accessibles en tout temps au public et à la police. Les prêches doivent se faire dans une langue nationale. Pas question d’introduire des jours fériés musulmans officiels. Enfin, l’UDC demande de supprimer le travail pastoral des imams dans les prisons et de les remplacer par des psychologues de prison.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Europe : « le succès des partis populistes incarne la résistance face aux migrants »

    Les scores historiques de l’extrême droite aux dernières élections en Allemagne, Autriche et en République tchèque menacent-ils l’unité de l’UE? Anti-Europe, anti-immigration, parfois ouvertement islamophobes, comment l’UE doit-elle réagir face à ces partis populistes qui gagnent du terrain? Des députés européen de France, d’Allemagne et de Slovénie en débattent avec Caroline de Camaret.

    http://www.fdesouche.com/899953-europe-le-succes-des-partis-populistes-incarne-la-resistance-face-aux-migrants

  • Fabrice Robert : « Nous avons imposé les slogans d’un peuple qui ne veut pas mourir »

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    Entretien avec Fabrice Robert paru dans le journal Présent (numéro 8718) le 20 octobre 2016.

    Fabrice Robert, le 13 juillet dernier, vous avez annoncé la transformation du Bloc Identitaire en un mouvement associatif baptisé Les Identitaires. Quelle portée à cette transformation ? A quels objectifs répond-elle ?

    Ce n’est pas la première fois que le mouvement identitaire connaît une telle mue afin de s’adapter au mieux à une situation nouvelle. Du côté des jeunes militants identitaires, la résistance s’est incarnée, dès 2002, à travers les Jeunesses identitaires. Puis sont venues L’Autre Jeunesse et, enfin, Génération Identitaire.

    Dans le domaine de l’action politique, le réel impose sa loi : la suivre, c’est être en mouvement. Là est la seule condition de l’efficacité. A chaque fois, les mues – au sein du mouvement identitaire – répondent à un impératif de développement dans un contexte différent.

    Le Bloc identitaire s’est transformé en parti politique en 2009. Mais, au fond, cela ne correspond pas à notre ADN. Plus qu’un parti, nous sommes avant tout un réseau, une communauté. Depuis quelques années, nous avons cessé toute confrontation électorale avec le Front National. Nous avons refusé de persister dans une concurrence sans issue tout en mettant en avant notre complémentarité. Partout, nos militants ont agi là où les militants du FN ne le pouvaient. Cette complémentarité est essentielle. Quand nous montons sur le toit d’un chantier de mosquée à Poitiers, nous donnons des voix à marine Le Pen. Quand celle-ci parle à la télévision, elle éveille des consciences qui, parfois, viendront à nous pour des questions de caractères. Le mouvement identitaire ne vaincra pas seul. Mais personne ne vaincra sans nous. Personne ne vaincra si nos méthodes, nos mots d’ordre ne sont pas repris.

    Pour mieux coller au réel et continuer à jouer un rôle politique, nous avons considéré que le temps était venu de transformer le Bloc identitaire en un mouvement baptisé Les Identitaires. Les Identitaires sera une centrale d’agitation et de formation. Seule habilitée à décerner un label identitaire, elle sera la rampe de lancement des principales offensives identitaires, qu’elles relèvent de l’agit-prop ou de la pénétration de nos idées dans la société française.

    Les Identitaires sont dirigés par 2 directeurs nationaux : Jean-David Cattin et moi-même.

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    En parallèle, le mouvement Génération Identitaire poursuit un fort développement sur le terrain, permettant à la fois un ancrage local et des actions coup-de-poing qui obtiennent un écho national voire international …

    Génération Identitaire continue, bien évidemment, sa route sous son nom. Fort de ses 2 000 adhérents, il est un des plus importants mouvements de jeunesse de France. Ses actions coup-de-poing ont, par ailleurs, suscité de nombreuses vocations en France mais aussi en Europe. Aujourd’hui, des mouvements identitaires locaux – s’inspirant de notre ligne politique – ont vu le jour en Italie, en Suisse, en Autriche, en Tchéquie, en Allemagne.

    Plus de 14 ans ont passé depuis la création des Identitaires, quelles sont vos plus grandes satisfactions ?

    En 14 ans d’existence, nous avons su innover et surprendre. Nous sommes parvenu à transformer un petit groupe en un mouvement qui existe sur la scène nationale. Nous avons fait le plus difficile : nous avons créé une marque.
    Notre principal succès est donc surtout d’ordre sémantique. Qui employait – voici à peine quinze ans – le terme identitaire ? Quasiment personne. Aujourd’hui, tout le monde utilise ce concept. Soit pour le dénoncer soit pour se l’approprier.

    En soi, notre bilan est, tout de même, assez remarquable. Je ne connais pas d’autre exemple sur ces vingt dernières années de mouvement passé du néant à une existence réelle et reconnue comme telle.

    Nous avons réussi à imposer nos méthodes, nos slogans, nos combats, dans le paysage médiatique. En incarnant un rôle d’aiguillon politique, nous sommes parvenus à influencer, de manière indéniable, le débat politique  français sur des questions cruciales telles que l’islamisation de la France, la racisme anti-blanc, la banalisation du halal, le Grand Remplacement ou encore la Remigration. « Les nôtres avant les autres » et « On est chez nous ! » sont devenus les slogans d’un peuple qui ne veut pas mourir !

    Aujourd’hui, Les Identitaires, c’est : un mouvement activiste, un pôle de réflexion et de création, un réseau de Maisons de l’identité, un magazine, une maison d’éditions, une agence de presse indépendante, des associations sportives, culturelles, sociales, des cercles de formation et de conférence et une Université d’été.

    Il est incontestable que les thématiques identitaires se sont imposées dans le paysage médiatique et politique … Cela suffira-t-il à imposer une « politique identitaire » – telle qu’elle existe en Hongrie par exemple – à court ou moyen terme ?

    Remporter la bataille culturelle nous permet d’espérer l’amorce de futures victoires politiques. Ensuite, toutes est question de véritable volonté politique. Être élu pour ne pas mettre en place une politique identitaire serait pire que ne pas être élu.

    Les succès des « petits gaulois » ont accompagné ceux des Identitaires dans d’autres secteurs : la réinformation, les écoles indépendantes, la formation de la jeunesse via le scoutisme, l’entraide professionnelle. Là encore, c’est la force du réseau qui a triomphé ? Ou tout simplement le choc du réel ? Les deux ?

    Je pense surtout que la stratégie du réseau s’adapte au réel. D’ailleurs, au sein du mouvement identitaire, nous avons toujours privilégié l’action en réseau qui nous paraît plus souple et plus interactive. En fédérant des hommes et des projets, il est possible de relancer une dynamique de résistance face aux tentatives d’effacement de notre identité. Avec le déploiement de structures variées et complémentaires, ce travail en réseau permet alors de développer une contre-culture tout en faisant émerger des contre-pouvoirs.

    http://www.les-identitaires.com/2016/10/fabrice-robert-avons-impose-slogans-dun-peuple-ne-veut-mourir/

  • ANGELA MERKEL CONTESTÉE POUR SA POLITIQUE MIGRATOIRE AU SEIN DE SON PROPRE PARTI

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    Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne.

    Alors que la chancelière démocrate-chrétienne Angela Merkel a, contre vents et marées, imposé à son parti, la CDU, et à son pays, l’Allemagne, une immigration de masse, les revers électoraux subis au fil du temps par la CDU et son allié social-chrétien bavarois la CSU portent peu à peu leurs effets. Un vent de fronde souffle désormais au sein des deux partis politiques contre la chancelière, responsable, en ayant ouvert à tout vent en 2015 les frontières du pays et engendré ainsi un flux migratoire important dont la population subit au quotidien les répercussions négatives, de ces piètres résultats obtenus dans les urnes.

    Les conséquences du recul de la CDU et de la CSU lors des élections législatives du 24 septembre 2017, les deux partis ayant subi une lourde défaite et obtenu, chacun, leur plus mauvais score depuis 1949 – auquel s’ajoutent les résultats des élections pour le Parlement de Basse-Saxe du 15 octobre 2017 qui ont vu, contre toute attente, la CDU reculer légèrement et perdre la première place au profit des sociaux-démocrates du SPD, qui ont progressé, ainsi que l’entrée au sein de cette assemblée du parti patriotique Alternative pour l’Allemagne (AfD) décrochant du premier coup 6,2 % -, engendrent des contestations au sein même du parti de la chancelière.

    De plus, la victoire, sous la direction de Sebastian Kurz qui a axé sa campagne sur une politique restrictive en matière d’immigration, des sociaux-chrétiens autrichiens de l’ÖVP arrivés premiers lors des élections législatives du 15 octobre 2017 et qui négocient désormais la formation d’un gouvernement avec les patriotes du FPÖ dirigés par Heinz-Christian Strache apporte de l’eau au moulin des contradicteurs d’Angela Merkel. Cette dernière déclarait pourtant, à l’issue du scrutin autrichien, qu’elle ne voyait pas dans la percée de l’ÖVP un exemple et ne se réjouissait pas non plus des bons résultats des patriotes du FPÖ, ayant finalement obtenu, à l’issue de l’addition des nombreux votes par correspondance qui leur sont défavorables, la troisième place. Par contre, la CSU se félicitait des résultats de l’ÖVP et estimait que le futur chancelier Sebastian Kurz serait un partenaire fort de la Bavière, aussi dans la lourde tâche de la limitation de l’immigration en direction de l’Europe.

    Après les législatives allemandes, des sections de la CSU demandaient le départ du poste de président du parti de Horst Seehofer. Depuis lors, le nombre de cadres et membres de la CSU qui adhérent à cette revendication augmente sans cesse.

    Angela Merkel est désormais atteinte par le même phénomène au sein de son propre parti. Alors qu’en Saxe, le ministre-président CDU Stanislaw Tillich a annoncé, le 18 octobre, sa démission, conséquence du fait que, lors des législatives, l’AfD est arrivée en Saxe devant la CDU, diverses voix s’y élèvent afin de demander une modification de la ligne idéologique du parti. Un élu local exige même qu’au niveau municipal, une coalition entre la CDU et l’AfD ne soit plus exclue. Un député CDU au Parlement de l’État de Berlin, qui demande le rejet définitif de la politique migratoire de la chancelière fédérale, écrit que la CDU a dégénéré et qu’elle applaudit inconditionnellement la chancelière. Dans le sud du pays, le secrétaire général de la CDU du Bade-Wurtemberg demande que le parti soit au centre, mais pas à gauche du centre.

    Même si Angela Merkel reste encore accrochée solidement à son siège, en continuant à ignorer la contestation, par une partie de la population et des cadres de son propre parti, de sa politique migratoire, elle se place dans une situation de plus en plus inconfortable. Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne.

    Écrivain et journaliste belge francophone Son blog
  • LES BANQUES GAGNENT DE L’ARGENT SUR LE DOS DES « PAUVRES »

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    En France, en 2017, les établissements bancaires jouent ce rôle de vampire et ponctionnent une part importante (10 à 20 %) des revenus des « pauvres ».

    Une banque n’a aucun intérêt à n’avoir que des clients à hauts revenus et qui n’utilisent jamais leur découvert, car ils sont difficiles à séduire et à garder. Elle doit leur concéder des taux d’emprunt bas, leur présenter des placements qui rapportent vraiment (ils existent, mais ne sont pas rentables pour la banque). Au final, un établissement qui ne compterait que ce type d’usagers risquerait de faire faillite. Par contre, un « pauvre » à faibles revenus, qui n’arrive pas à joindre les deux bouts, qui utilise et dépasse régulièrement son découvert autorisé est une vraie mine d’or. Et, en toute logique capitaliste, les banques devraient se disputer cette clientèle et tout faire pour l’attirer, car elle les rentabilise.

    En dehors des agios pour découverts autorisés (que 61 % des foyers utilisent chaque mois), les frais pour dépassement du plafond rapportent 6,5 milliards d’euros aux banques. En effet, 25 % des Français dépassent cette limite une fois par mois, dont 28 % parmi ceux qui gagnent moins de 1.500 € et 16 % de ceux dont les revenus sont compris entre 1.500 € et 3.000 €. Au-dessus de 3.000 €, 52 % rencontrent ce problème, mais une seule fois fois par an

    Les coups du sort, les factures imprévues, l’incapacité à gérer le budget et à prévoir les grosses dépenses annuelles comme les impôts expliquent ces dépassements excessifs, mais surtout le phénomène s’auto-entretient. Lorsque vous avez fini de régler votre dette et les frais afférents, vous démarrez avec un reliquat bien trop faible pour finir le mois et vous serez obligé de contracter un nouveau découvert. Or, un dépassement coûte 60 € en moyenne, mais la facture s’élève à 300 € pour les plus fragiles qui ne parviennent pas à rembourser rapidement ce qu’ils doivent ; ils n’arrivent jamais à se remettre à flot.

    La loi essaie de limiter les sommes demandées, mais les banques contournent les obstacles. Dès qu’un frais est plafonné, elles en augmentent ou en inventent un autre. Par exemple, on fait payer de 12 à 20 euros le courrier envoyé à cette occasion. (Un timbre coûte 0,73 € !)

    Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un racket. Au Moyen Âge ou dans beaucoup de pays comme l’Inde, les usuriers saignent à blanc les pauvres. En France, en 2017, les établissements bancaires jouent ce rôle de vampire et ponctionnent une part importante (10 à 20 %) des revenus des « pauvres ».

    Que faire ? Interdire le découvert, même autorisé, aux plus fragiles ? Il existe quelques banques qui fonctionnent sur ce schéma et pour cette clientèle. Elles n’ont pas de guichets et utilisent les buralistes comme intermédiaires. Mais elles ne sont pas, pour l’instant, rentables et ne le seront jamais. Ensuite, les découverts existant toujours, des usuriers, plus ou moins liés à la mafia, prendraient la place laissée vacante. Les taux exploseraient et il n’y aurait alors plus aucune protection pour les pauvres. Et le pire de tout : cette extorsion de fonds est vitale pour les banques, sinon elles feraient faillite, ruinant l’économie.

    http://www.bvoltaire.fr/banques-gagnent-de-largent-pauvres/

  • Europe : ceux qui ont été privés du droit de naître sont trop nombreux

    Le pape a participé, samedi 28 octobre, à 17h30, au « dialogue » entre représentants des communautés chrétiennes et de la vie politique, sur le thème « (Re)penser l’Europe. Une contribution chrétienne à l’avenir du projet européen », promu par la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne (COMECE)Extraits de son discours :

    6a00d83451619c69e201b8d2b8dcda970c-250wi.jpg"[...] La première, et peut-être la plus grande contribution que les chrétiens puissent offrir à l’Europe d’aujourd’hui, c’est de lui rappeler qu’elle n’est pas un ensemble de nombres ou d’institutions, mais qu’elle est faite de personnes. Malheureusement, on remarque comment souvent tout débat se réduit facilement à une discussion de chiffres. Il n’y a pas les citoyens, il y a les suffrages. Il n’y a pas les migrants, il y a les quotas. Il n’y a pas les travailleurs, il y a les indicateurs économiques. Il n’y a pas les pauvres, il y a les seuils de pauvreté. Le caractère concret de la personne humaine est ainsi réduit à un principe abstrait, plus commode et plus apaisant. On en saisit la raison : les personnes ont des visages, elles nous obligent à une responsabilité réelle, active ‘‘personnelle’’ ; les chiffres nous occupent avec des raisonnements, certes utiles et importants, mais ils resteront toujours sans âme. Ils nous offrent l’alibi d’un désengagement, parce qu’ils ne nous touchent jamais dans la chair.

    Reconnaître que l’autre est surtout une personne signifie valoriser ce qui m’unit à lui. Le fait d’être des personnes nous lie aux autres, nous fait être communauté. Donc, la deuxième contribution que les chrétiens peuvent offrir à l’avenir de l’Europe est la redécouverte du sens d’appartenance à une communauté. Ce n’est pas un hasard si les Pères fondateurs du projet européen ont choisi précisément ce mot pour identifier le nouveau sujet politique que se constituait. La communauté est le plus grand antidote contre les individualismes qui caractérisent notre temps, contre cette tendance, aujourd’hui répandue en Occident, à se considérer et à vivre dans la solitude. On comprend mal le concept de liberté, en l’interprétant presque comme s’il s’agissait du devoir d’être seuls, affranchis de tout lien, et par conséquent on a construit une société déracinée, privée du sens d’appartenance et d’héritage.

    Les chrétiens reconnaissent que leur identité est de prime abord relationnelle. Ils sont insérés comme membres d’un corps, l’Église (cf. 1 Co 12, 12), dans lequel chacun, avec sa propre identité et particularité, participe librement à l’édification commune. De manière analogue, ce lien se retrouve aussi dans le domaine des relations interpersonnelles et de la société civile. Devant l’autre, chacun découvre ses qualités et ses défauts ; ses points forts et ses faiblesses : en d’autres termes, il découvre son visage, comprend son identité.

    La famille, en tant que première communauté, demeure le lieu le plus fondamental de cette découverte. La diversité y est exaltée et en même temps est comprise dans l’unité. La famille est l’union harmonieuse des différences entre l’homme et la femme, qui est d’autant plus authentique et profonde qu’elle est procréatrice, capable de s’ouvrir à la vie et aux autres. [...]

    Cela pousse à prendre en compte le rôle positif et constructif de la religion en général dans l’édification de la société. Je pense par exemple à la contribution du dialogue interreligieux pour favoriser la connaissance réciproque entre chrétiens et musulmans en Europe. Malheureusement, un certain préjugé laïciste, encore en vogue, n’est pas en mesure de percevoir la valeur positive pour la société du rôle public et objectif de la religion, préférant la reléguer à une sphère purement privée et sentimentale. On instaure ainsi la prédominance d’une certaine pensée unique, assez répandue dans les réunions internationales, qui voit dans l’affirmation d’une identité religieuse un danger pour elle et pour sa propre hégémonie, en finissant ainsi par favoriser une opposition artificielle entre le droit à la liberté religieuse et d’autres droits fondamentaux. [...]

    Depuis les années soixante du siècle passé, on assiste à un conflit des générations sans précédent. En remettant aux nouvelles générations les idéaux qui ont fait la grandeur de l’Europe, on peut dire de manière hyperbolique qu’à la tradition on a préféré la trahison. Au rejet de ce qui provenait des pères a ainsi succédé le temps d’une stérilité dramatique. Non seulement parce qu’en Europe on fait peu d’enfants, et que ceux qui ont été privés du droit de naître sont trop nombreux, mais aussi parce qu’on s’est découvert incapable de transmettre aux jeunes les instruments matériels et culturels pour affronter l’avenir. L’Europe vit une sorte de déficit de mémoire. Redevenir une communauté solidaire signifie redécouvrir la valeur de son propre passé, pour enrichir le présent et transmettre à la postérité un avenir d’espérance.

    Beaucoup de jeunes se trouvent au contraire désemparés face à l’absence de racines et de perspectives, « secoués et menés à la dérive par tous les courants d’idées » (Ep 4, 14) ; parfois également ‘‘prisonniers’’ d’adultes possessifs qui ont du mal à assumer leur devoir. Elle est grave, la tâche d’éduquer non seulement en offrant un ensemble de connaissances techniques et scientifiques, mais surtout en œuvrant « pour promouvoir la personne humaine dans sa perfection, ainsi que pour assurer le bien de la société terrestre et la construction d’un monde toujours plus humain » (Concile Œcuménique Vatican II, Décl. Gravissimum educationis, 28 octobre 1965, n. 3). Cela exige l’engagement de toute la société. L’éducation est une tâche commune, qui demande la participation active concomitante des parents, de l’école et des universités, des institutions religieuses et de la société civile. Sans éducation, la culture ne se forme pas et le tissu vital des communautés se dessèche. [...]

    L’auteur de la Lettre à Diognète affirme que « ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde » (Lettre à Diognète, VI). En ce temps, ils sont appelés à redonner une âme à l’Europe, à réveiller sa conscience, non pas pour occuper les espaces, mais pour encourager les processus (cf. Exhort. Ap. Evangelii gaudium, n. 223) qui créent de nouveaux dynamismes dans la société. C’est précisément ce qu’a fait saint Benoît proclamé, non pas par hasard, patron de l’Europe par Paul VI : il ne s’est pas soucié d’occuper les espaces d’un monde désorienté et confus. Soutenu par la foi, il a regardé au-delà et depuis une petite grotte de Subiaco il a donné le jour à un mouvement contagieux et irrésistible qui a redessiné le visage de l’Europe. Lui, qui a été « messager de paix, artisan d’union, maître de civilisation » (Paul VI, Lett. Ap. Pacis Nuntius, 24 octobre 1964), qu’il nous montre à nous aussi chrétiens d’aujourd’hui combien de la foi jaillit une espérance joyeuse, capable de changer le monde."

    Michel Janva

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