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Europe et Union européenne - Page 872

  • Viktor Orbán dit m… à l’Europe

    Je trouve inadmissible qu’un organisme supranational se mêle de définir ce qui est bien ou mal pour un pays. Seul le Conseil constitutionnel d’une nation doit avoir le dernier mot et aucune cour ou autorité internationale ne doit se prononcer sur la légalité d’une loi.

    Le charismatique (ou sulfureux, barrez la mention inutile suivant vos affinités politiques) Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, a évoqué le rétablissement de la peine de mort. Aussitôt, M. Juncker l’a sèchement rappelé à l’ordre. Mais le président de la Commission européenne a outrepassé ses droits car rien, dans la Constitution de l’Union européenne, n’interdit à un pays membre d’exécuter ses criminels. Par contre, le Conseil de l’Europe, organisation parallèle, plus contraignante (et surtout inutile, à mon sens), dont dépend la Cour européenne de justice, interdit, dans ses protocoles additionnels, la peine de mort. La France ne pourrait donc pas la rétablir même si le peuple le demandait à 99 % lors d’un référendum, sauf, bien sûr, à rompre les traités qui nous lient à la CEDH.

    M. Orbán ne s’est pas laissé démonter. Dans un deuxième discours, prononcé deux jours après le premier, il a indiqué que puisque la Hongrie était, après la Suède, le pays de l’Union européenne qui accueille le plus de réfugiés proportionnellement à sa population, il n’accepterait désormais plus aucun immigré sur son sol, la Hongrie n’ayant pas vocation à devenir le réceptacle de la misère du monde. Il a souligné que quels que soient les ordres, les règlements, lois et traités européens, les Magyars s’asseyaient dessus et resteraient maîtres chez eux.

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  • L’entretien de George Friedman par « Kommersant » | Sur Dedefensa.org

    Ce document fait suite aux déclarations de George Friedman, le fondateur et PDG du Think tank US « Stratfor »...

    Le site Dedefensa.org a publié l’entièreté du texte de l’interview de George Friedman par le quotidien russe Kommersant du 21 décembre 2014 (dont ils avaient parlés lors de sa parution initiale le 22 décembre 2014). Ce travail a été fait à partir de la traduction anglaise que vient d’en donner Russia Insider. Ils écrivaient hier à ce propos :

    «“Russia Insider” a eu l’excellente idée de reprendre l’entièreté de l’interview de Friedman à “Kommersant” et de le traduire en anglais. (Voir RI, le 20 janvier 2015, traduction en anglais de Paul R. Grenier, de “US-Russia.org”.) Nous-mêmes avons décidé de traduire cette version anglaise en français, car elle nous a paru particulièrement importante:
    1) d’abord par les vérités indubitables qu’elle établit sur les responsabilités fondamentales de la crise ukrainienne; ensuite, 
    2) parce qu’elle développe une conception géostratégique qui est celle de l’“establishment” US, et du Système lui-même à la lumière de l’idéal de puissance, avec son impeccable logique interne mais aussi et surtout avec ses distorsions fondamentales de conception et de vision du monde (y compris celle qui est attribuée à la Russie). 
    Tout cela explique la marche des événements vers l’inéluctabilité d’une crise majeure, sinon finale, dont la responsabilité sera tout entièrecelle des USA, c’est-à-dire celle du Système. Pas de surprise, certes, mais il est bon d’en avoir la documentation quasi-officielle et abondante.»

    Voici donc la traduction intégrale de l’interview, avec bien entendu la reprise de la première partie déjà présente dans le texte du 21 janvier 2015...

    Kommersant : «Dans vos analyses, vous vous référez à la fragmentation de l’Europe. Comment se manifeste cette fragmentation ?»

    George Friedman : «Durant la Guerre froide, les frontières en Europe ont été préservées. Il était entendu que, si l’on changeait quelque chose, une déstabilisation s’ensuivait. Une fois la Guerre froide terminée, le bouleversement des frontières a commencé avec la Yougoslavie. Ensuite, il y a eu les changements de facto dans les frontières des pays du Caucase. Très récemment, 45% des Écossais ont voté pour l’indépendance. Les Catalans veulent aussi leur indépendance.

    »Dans le contexte de ce mouvement de fond, je ne pense pas que la situation ukrainienne (où une partie du pays est attirée par un rapprochement avec l’UE tandis que l’autre veut être proche de la Russie) est unique. La situation ukrainienne prend parfaitement sa place dans les tendances centrifuges que nous avons observées en Europe depuis un certain temps. Bien entendu et jusqu’à récemment, personne ne pensait à la question des rapports entre l’Angleterre et l’Écosse, qui semblait être réglée depuis 300 ans, et qui est réapparue de façon si soudaine et urgente. En d’autres mots, la crise ukrainienne, si elle est connectées avec la situation russe, est aussi une partie d’un processus qui marque la crise européenne elle-même.»

    Kommersant : «Les politiciens européens disent que ce qui a causé la déstabilisation de l’Europe c’est l’action de la Russie en Ukraine.»

    George Friedman : «Les Européens sont très fiers de ce qu’ils nomment leur “exceptionnalité”. Cela implique qu’ils se sont débarrassés de toute menace de guerre interne, depuis au moins un demi-siècle, et qu’ils ont vécu dans un monde de stabilité et de prospérité. Mais jusqu’aux années 1990, l’Europe a vécu, en fait, sous l’occupation conjointe des USA et de l’URSS. Et puis, il y a eu la Yougoslavie, et puis le Caucase. Le continent européen n’a jamais été complètement pacifié.»

    Kommersant : «Mais les officiels US, aussi bien que les directions des États-membres de l’UE, ont justifié leur politique très dure contre la Russie par le fait que, avec l’annexion de la Crimée, la Russie a “redessiné des frontières par la force” depuis la Seconde Guerre mondiale.»

    George Friedman : «Les Américains savent que c’est un non-sens. Le premier exemple de changement des frontières par la force a été la Yougoslavie. Et le Kosovo fut seulement l’achèvement du processus. Et les USA sont directement impliqués dans ce processus.»

    Kommersant : «Quel est le but de la politique US pour ce qui concerne l’Ukraine ?»

    George Friedman : «Durant les cent dernières années, les Américains ont poursuivi avec constance une politique étrangère très consistante: empêcher quelque nation que ce soit de constituer une trop grande puissance en Europe. D’abord, les USA ont cherché à empêcher l’Allemagne de dominer l’Europe, ensuite ils ont cherché à limiter l’influence de l’URSS.

    «L’essence de cette politique est ceci: maintenir aussi longtemps que possible un certain rapport de forces en Europe [qui les avantage], en aidant les partis les plus faibles, et lorsque le rapport de forces existant était [ou est] sur le point d’être modifiée, – en intervenant au dernier moment. Ce fut le cas durant la Première Guerre mondiale, lorsque les USA intervinrent seulement après l’abdication du tsar Nicolas II en 1917 pour éviter que l’Allemagne s’affirmât d’une façon prééminente. Durant la Deuxième Guerre mondiale, les USA ouvrirent un second front très tardivement (en juin 1944), après qu’il fût devenu évident que les Russes allaient l’emporter sur les Allemands.

    »Par-dessus tout, l’alliance potentiellement la plus dangereuse, selon le point de vue des USA, a toujours été une alliance entre la Russie et l’Allemagne. Cela serait une alliance entre la technologie et le capital allemands avec les ressources naturelles et humaines de la Russie.»

    Kommersant : «Aujourd’hui, que croyez-vous que les USA tentent de contenir ?»

    George Friedman : «Aujourd’hui, les USA cherchent à bloquer l’émergence d’un ensemble d’hégémonies régionales potentielles : la Serbie, l’Iran, l’Irak. En même temps, les USA utilisent des attaques de diversion. Par exemple, dans une bataille, quand l’ennemi est sur le point de parvenir à une victoire, vous le frappez de façon à déstabiliser son avantage. Les USA ne cherchent pas à “vaincre” la Serbie, l’Iran ou l’Irak, mais ils cherchent à créer le chaos dans ces zones pour empêcher ces pays de devenir trop forts.»

    Kommersant : «Et pour ce qui est de la Russie, quelle tactique utilisent-ils ?»

    George Friedman : «La fragmentation de l’Europe est accompagnée par l’affaiblissement de l’OTAN. Les pays européens n’ont pratiquement par de réelles armées qui leur soient propres. Dans l’alliance, seuls les USA sont puissants en termes militaires. Dans le cadre de l’affaiblissement de l’Europe, la puissance relative de la Russie a considérablement grandi.

    »L’impératif stratégique de la Russie est d’établir une zone de sécurité la plus profonde possible sur ses frontières occidentales. Par conséquent, la Russie a toujours été particulièrement sensibles à ses relations avec la Biélorussie, l’Ukraine, les pays baltes et les autres pays d’Europe de l’Est. Ils sont d’une très grande importance pour la sécurité nationale de la Russie.

    »Au début de cette année [2014], il existait en Ukraine un gouvernement assez pro-russe mais très faible. Cette situation convenait parfaitement à la Russie: après tout, la Russie ne voulait pas contrôler complètement l’Ukraine ni l’occuper; il était suffisant pour elle que l’Ukraine ne rejoignît ni l’OTAN ni l’UE. Les autorités russes ne peuvent tolérer une situation où des forces militaires occidentales seraient stationnées à une centaine de kilomètres de Koursk ou de Voronezh.

    »Les USA, pour leur part, étaient intéressés par la formation d’un gouvernement pro-occidental en Ukraine. Ils voyaient que la puissance russe augmentait et ils cherchaient à empêcher la Russie de consolider cette position dans l’espace post-soviétique. Le succès des forces pro-occidentales en Ukraine devait permettre de contenir la Russie.

    »La Russie définit l’événement qui a eu lieu au début de cette année [en février 2014] comme un coup d’Etat organisé par les USA. Et en vérité, ce fut le coup [d’État] le plus flagrant dans l’histoire.»

    Kommersant : «Vous parlez bien de la liquidation de l’accord du 21 février [2014], c’est-à-dire du processus Maidan ?

    George Friedman : «Tout le processus. Après tout, les USA ont soutenu ouvertement les groupes des droits de l’homme en Ukraine, y compris par des soutiens financiers. Pendant ce temps, les services de renseignement russes rataient complètement l’identification de cette tendance et sa signification. Ils n’ont pas compris ce qui était en train de se passer, et quand ils ont enfin réalisé ils se trouvèrent incapables de stabiliser la situation, et ils firent une mauvaise évaluation de l’état d’esprit dans l’Est de l’Ukraine.»

    Kommersant : «En d’autres mots, la crise ukrainienne est le résultat de la confrontation entre la Russie et les USA ?»

    »Vous avez là deux puissances: l’une veut une Ukraine neutre, l’autre une Ukraine qui forme un élément d’une ligne de restriction de l’expansion russe. On ne peut dire que l’une des deux parties se trompent: tous les deux agissent selon leurs intérêts nationaux. Il y a juste le fait que leurs intérêts nationaux sont antagonistes.

    »Pour les Américains, comme je l’ai dit, il est important d’empêcher l’émergence d’une hégémonie en Europe. Récemment, les USA ont commencé à s’inquiéter des intentions et du potentiel de la Russie. La Russie est en train d’évoluer de la position défensive qu’elle avait depuis 1992 vers une restauration de son influence. Il s’agit d’une divergence des intérêts nationaux de deux grandes puissances»

    Kommersant : «Quels actes du côté russe pourraient avoir causé la préoccupation des USA ?»

    George Friedman : «La Russie a commencé à entreprendre certaines initiatives que les USA considéraient comme inacceptables. D’abord en Syrie. C’est là que les Russes démontrèrent aux Américains qu’ils étaient capables d’influer sur les processus en cours au Moyen-Orient. Les USA ont assez de problèmes au Moyen-Orient sans y ajouter la concurrence des Russes.

    »Les Russes sont intervenus dans les processus du Moyen-Orient parce que, entre autres raisons, ils espéraient acquérir une capacité de levier pour influencer la politique étrangère des USA dans d’autres domaines. Mais ils ont fait une erreur de calcul. Les USA ont pensé qu’ils cherchaient à s’opposer à eux.

    »C’est dans ce contexte que l’on doit évaluer les événements en Ukraine. Apparemment, les Russes n’ont pas bien mesuré avec quelle hostilité les USA percevraient leur action [en Syrie] , ou bien ils n’ont pas vu la capacité des USA à trouver aisément des contre-mesures. C’est dans cette situation que les USA ont observé la Russie et en sont arrivés à conclure qu’ils pouvaient au moins prendre cette mesure de riposte : l’instabilité en Ukraine.»

    Kommersant : «Donc, vous pensez que l’Ukraine est une sorte de revanche sur la Syrie ?»

    George Friedman : «Non non, pas une revanche. Mais l’intervention des Russes dans le processus syrien, alors que les USA étaient encore en train de traiter les problèmes d’Irak, et qu’ils négociaient avec l’Iran ... A Washington, beaucoup de gens ont eu l’impression que les Russes voulaient déstabiliser la position US déjà bien fragilisée au Moyen-Orient, – Une région d’une importance capitale pour les USA.

    »A propos de cette question, il y avait deux points de vue différents à Washington : celle selon laquelle les Russes essayaient maladroitement de jouer un rôle [pour faire les importants], et celle selon laquelle ils avaient trouvé un point faible dans la position des USA et qu’ils essayaient d’en tirer avantage. Je ne suis pas en train de dire que l’intervention en Syrie de la Russie est la cause de la crise ukrainienne, cela serait simplifier et caricaturer. Mais cette intervention a achever de faire pencher la balance de l’opinion prédominante à Washington vers l’idée que la Russie était un problème. Et alors, que fallait-il faire? Il valait mieux ne pas les affronter directement au Moyen-Orient, il fallait orienter leur attention vers un problème nouveau dans une autre région.

    »Bien sûr, tout cela est très simplifié, c’est beaucoup plus complexe dans la pratique mais la cause et l’effet sur les relations sont exactement comme je le dis. Le point central, l’argument fondamental, c’est que l’intérêt stratégique des USA est d’empêcher la Russie de devenir hégémonique. Et il est dans l’intérêt stratégique de la Russie de ne pas permettre aux USA de venir jusque sur ses frontières...»

    Kommersant : «Selon vous, quelle est l’idée qui se trouve derrière les sanctions US ? Les autorités russes disent que les USA veulent parvenir à un changement de régime en Russie.»

    George Friedman : «Le but des sanctions, c’est, – avec un minimum de dommages pour les USA et des dommages un peu plus conséquents pour l’Europe, – de faire pression sur la Russie de façon à ce qu’elle capitule et remplisse les conditions exigées par les USA.

    »Les sanctions démontrent la puissance des USA. Et les USA sont très heureux d’en faire usage contre les pays qui n’ont pas les moyens de répondre et de riposter d’une façon adéquate. C’est aussi une opportunité pour “réaligner” les Européens. Je ne pense pas que le but principal des USA soit le changement de régime en Russie. Le but principal, c’était de limiter le plus possible les capacités de manœuvre des autorités russes, ce qui est effectivement en train de survenir. Mais il y a bien sûr d’autres facteurs qui jouent un rôle, comme par exemple le ralentissement de l’économie russe et la chute du prix du pétrole.»

    Kommersant : «En Russie, beaucoup disent que les prix du pétrole ont été manipulés par une conspiration entre les USA et les pays du Golfe.»

    George Friedman : «Il est toujours plus facile d’expliquer une difficulté par une référence à des actions délibérées d’autres personnes. Il est un fait qu’un certain nombre de pays, dont la Chine, l’Inde et le Brésil, ont réduit leurs prévisions pour ce qui concerne leur rythme d’expansion économique. Et, par ailleurs, l’Europe est au niveau zéro pour sa croissance. Et là-dessus, une révolution se développe dans le secteur pétrolier, et le volume de pétrole disponible grandit.

    »La chute des prix du pétrole était inévitable. Qu’est-ce que vous pouviez attendre d’autre ? Mais vous [vous, Russes] avez construit toute votre stratégie économique non seulement sur un prix levé du pétrole, mais aussi sur l’exportation des ressources d’énergie en tant que telles. Cela vous rend si vulnérables ! Vous auriez dû employer les 10 ou 15 dernières années de rentrées importantes de la vente des ressources d’énergie à la diversification de l’économie, mais votre gouvernement n’a pas fait cela.»

    Kommersant : «Peut-on attendre une amélioration des relations entre les USA et la Russie après les prochaines élections présidentielles US ?»

    George Friedman : «En Russie, vous personnalisez trop la politique américaine. Aux USA, le président est seulement une des institutions du pouvoir, il n’est pas tout-puissant. Obama est aussi pieds et poings liés que ses prédécesseurs. Si au Moyen-Orient des groupes comme l’“État Islamique” se développent à un rythme très rapide, peu importe que le président soit démocrate ou républicain, – il devra intervenir avec force contre eux.

    »Aucun président américain ne peut se permettre de rester assis sans rien faire si la Russie devient de plus en plus influente. Les actions de la Russie au Moyen-Orient ou, disons, dans le cas de l’asile politique accordée à Edward Snowden, ont été perçues aux USA comme des attaques directes contre les intérêts US. N’importe quel président doit réagir contre cela. Il y a trois ans, dans un de mes livres, je prédisais que dès que la Russie commencerait à accroître sa puissance et à montrer cet accroissement, une crise éclaterait en Ukraine. C’était évident.»

    Kommersant : «Que croyez-vous qu’on puisse dire du rapprochement entre la Russie et la Chine ?»

    George Friedman : «La Chine a beaucoup de problèmes qui lui sont propres, – freinage de la croissance, inflation élevée, chômage. Il n’y a aucun cadeau à espérer de Pékin. Et la construction du pipeline vers la Chine, où les autorités russes vont devoir dépenser beaucoup d’argent, n’aura probablement aucun impact tangible sur l’économie russe.»

    Kommersant : «Comment croyez-vous que la situation en Ukraine va se développer?»

    George Friedman : «La Russie ne fera aucune concession sur la Crimée, c’est évident. Mais je pense qu’elle aura de sérieux problèmes pour assurer le ravitaillement et la subsistance de la péninsule. D’autre part, elle ne peut pas reculer sur certaines de ses positions vis-à-vis de l’Ukraine. Elle ne peut pas permettre à des forces militaires occidentales de stationner sur le territoire ukrainien. C’est un cauchemar pour la Russie, avec fort peu de possibilités de manœuvres.

    »Les USA vont devoir prendre une décision stratégique, pas maintenant mais dans le futur, soit pour intervenir plus activement en Ukraine, ce qui présente beaucoup de difficultés, soit pour construire une nouvelle alliance, – au sein de l’OTAN ou hors de l’OTAN, – avec la Pologne, la Roumanie, les pays baltes et, par exemple, la Turquie. Cela a déjà commencé à se former, doucement mais cela a commencé. Et c’est quelque chose que les Russes n’accepteront pas, – un “cordon sanitaire”. Pour les USA, l’essentiel n’est pas de contrôler l’Ukraine; l’essentiel est que les Russes ne la contrôlent pas.

    »Beaucoup dépendra de Kiev. Le gouvernement de Kiev est le maillon faible. S’il se fragmente, – ce qui, de façon assez surprenante, n’est pas encore arrivé, – alors les Russes essaieront de faire tourner les choses en leur faveur.

    »Mais la question principale est bien de savoir si la Russie peut évoluer dans tout cela en n’éclatant pas. Elle fait face désormais à tous les facteurs qui ont conduit à l’effondrement de l’Union Soviétique: l’absence d’un système de transport efficace; une attitude de scepticisme dans beaucoup de régions du pays pour la capitale, du Caucase à l’Extrême-Orient; mais la chose principale est une économie qui ne fonctionne que dans certaines circonstances, – essentiellement, le prix de l’énergie élevé. Vous n’avez qu’un seul produit, et il est aujourd’hui en offre excessive sur le marché global. »

    http://www.scriptoblog.com/index.php/archives/le-meilleur-du-web/60-geopolitique/1698-l-entretien-de-george-friedman-par-kommersant-sur-dedefensa-org

  • TVL : Adriano Scianca : la Casapound ou la reconquête culturelle et sociale en Italie.

  • Face à la submersion migratoire de l’Europe, Nigel Farage veut s’inspirer de l’exemple australien

     

    Il bat la campagne, à la pêche aux voix. Celui qui mène un combat contre l’immigration sait la tâche ardue, mode de scrutin oblige. Pourtant, Nigel Farage, 51 ans, leader du UKIP, UK independance party depuis 2006 a fait passer son parti de perturbateur anecdotique à une force politique qui compte et qui fait de plus en plus d’adeptes.

    face à la submersion migratoire de l’Europe, le message de Nigel Farage est clair :

    Nous ferons campagne pour que ce pays ait un système de points, à la façon australienne, afin de décider de qui peut s’installer dans notre pays

    http://fr.novopress.info/

  • Vladimir Poutine en abominable homme des neiges

    Dernière nouvelle de Russie, dernière mauvaise histoire russe : Vladimir Poutine aurait commandité le meurtre de Boris Nemtsov, 1 % des voix aux élections. Mais qui en veut au Président russe - qui assurément n'est pas un saint, mais qui, en tout cas, n'est pas un imbécile ?

    La Russie est un pays merveilleux. Dirigé par un autocrate autiste (hypothèse subtile envisagée par le Pentagone en 2008 et rendue publique en février 2015) obsédé par un rêve impérial aussi vain qu'injuste, il offre l'horrible visage de l'ogre tapi au fond de la forêt ou de la sorcière touillant ses infâmes brouets. Il est par excellence la menace menaçante, la puissance corrompue, la force dévoyée. Et chaque jour apporte son lot de confirmations stupéfiantes et dignes de foi : quand Poutine ne s'acharne pas à envahir l'Ukraine, qu'Européens et Américains s'acharnaient à ignorer, il assassine ses opposants, détruit des avions en plein vol, noue des alliances commerciales avec Fu-Manchu (enfin, la Chine, mais qui n'est pas la même Chine que la Chine des accords américains, qui est une autre Chine, un double mystérieux, maléfique et parfaitement superposable) et déstabilise les pays baltes. Et même, horresco referens, distribue des décorations. Signe infaillible s'il n'en fallait qu'un, que le Fantomas russe a atteint les derniers stades de la folie sanguinaire et n'a plus que l'apparence d'un homme. C'est bien simple, sur l'échelle de la déchéance et de la surveillance, il n'y a que les candidats frontistes aux départementales qui sont plus bas et mieux surveillés.

    Or donc, Poutine, le 8 mars, a décoré de l'Ordre de l'honneur le président de la république autonome de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov (c’est une manie, il se fait décorer de la collection complète, depuis plus de dix ans). C'est donc bien la preuve que les Tchétchènes arrêtés pour le meurtre de Boris Nemtsov ne sont que hommes de paille. Voilà une preuve irréfutable et seuls des esprits peu avertis ou volontairement aveugles, tels un Mélenchon moyen, sont incapables de décrypter des signes aussi clairs. D’autres preuves suivront, mais vraiment, pourquoi s'en inquiéter ? Poutine n'est-il pas responsable de « la plus grande menace » qui pèse sur l'Europe en matière de sécurité (Philip Hammond, ministre anglais des Affaires étrangères), à cause de son action en Ukraine ? Alors que les Etats-Unis s'efforcent de maintenir la paix en envoyant des chars, des hommes et des armes, selon l'infaillible méthode qui leur a permis de garantir une paix durable en Lybie, en Irak, en Syrie, en Afghanistan et partout où la Pax Americana règne. Et qu'on ne vienne pas parler de terrorisme islamique : l'exemple merveilleux des attentats en France, en Belgique, au Danemark, etc., et du Kosovo (ravagé, ruiné, déserté) sont là pour nous prouver qu'il n'y a de vrai danger que la seule Russie, et que Poutine est son prophète. Russie d'autant plus dangereuse qu'elle réussit à paraître régulièrement innocente : alors qu’il était évident qu'elle avait abattu un avion au-dessus de l'Ukraine, John Kerry se dépêchant de proclamer qu'il en avait les preuves (souvenez-vous, c'était en juillet 2014, le vol MH-17), où en sommes-nous aujourd'hui ? Un rapport sera publié à l'été 2015 et les dernières hypothèses agitées font état d'un tir de missile par un pilote ukrainien. D'ailleurs, que dit-on depuis en décembre 2014 ? Rien. L'avion abattu s'est en plus abîmé dans l'oubli. Merveilles russes ! C'est encore plus fort qu'une ville magique au fond d'un lac, qui ne ressurgira plus jamais. La Russie est un mirage oriental, un djinn glacé qui dissout la vérité officielle et vraie des démocraties occidentales.

    Remontons le temps. Quelles victimes l'ogre russe avait-il médiatiquement dévorées naguère ? Les Pussy Riot, grotesque groupe punk. Arrêtées pour avoir « chanté » et « dansé » en février 2012 dans la cathédrale du Christ Saint-Sauveur (une prière punk, selon elles...), elles sont devenues l'emblème des droits de l'homme immolés sur l'autel de la terreur. Et aujourd'hui ? Aujourd'hui, elles tournent dans la série américaine House of Cards, car après avoir été jugées en public et devant les caméras de la chaîne américaine HBO (super totalitaire, le coup des caméras étrangères !), avoir été condamnées à deux ans de camps de travail après un procès rapide - plus rapide qu'en France, en tout cas -, avoir fait appel et avoir été libérée en octobre 2012 pour l'une d'entre elles, bénéficiant d'un sursis, après tout ça les Pussy Riot sont libres comme l'air et manifestent régulièrement contre Poutine. L'ogre Poutine n'a réussi à offrir à son Baal personnel que 22 mois à deux gourdes, ce qui n'est pas très fair-play pour tous ceux qui lui demandent d'être un méchant très fou. Sinon, Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème en novembre 2010, est en prison depuis 2009, au Pakistan.

    Est-ce à dire que Poutine et la Russie sont à jamais innocents de tout crime et qu'ils ont abdiqué toute volonté de puissance ? Non. La Russie est un état moderne à souhait, corrompu comme un vieil Etat européen, autorisant la GPA et acquis à l'idéologie libérale. Mais son impérialisme dénoncé n'est que sa volonté d'échapper à la vindicte américaine. Nous faut-il à tout prix voir Poutine et sa patrie avec les yeux des Etats-Unis, qui veulent transformer l'Europe en front militaire et ne fonctionnent qu'avec les vieilles théories géopolitiques (elles datent de 1904) du contrôle de l'Europe de l'Est permettant de contrôler « l’île monde » (que serait la Russie) et donc le monde ? Qui menace vraiment la paix dans le monde, et qui a véritablement intérêt à ce que l'Europe ne s'entende pas avec la Russie ? Le mirage russe est essentiellement dans les yeux de celui qui regarde Poutine et la Russie. Et les vraies histoires russes dorment encore dans l'archipel du goulag.

    Hubert Champrun monde & vie 18 mars 2015

  • Une Europe sans énergie

    Tandis que nos campagnes se hérissent d'éoliennes fort coûteuses, de rapport discutable, et pas tellement écologiques, nous dissipons peu à peu notre secteur Energie. Côté français, la quasi-totalité de notre nucléaire est désormais aux mains des Américains; côté européen, sous prétexte de nous défaire de la tutelle russe, nous allons revoir nos partenariats énergétiques, ce qui aura non seulement un coût économique, mais surtout une incidence politique encore difficile à évaluer.

    Au mois de décembre dernier, dans un silence qui confine à l'indifférence, une majorité des actionnaires d'Alstom a approuvé la cession à l'américain General Electric du pôle Energie d'un de nos fleurons industriels. Ce faisant, le groupe américain réalisait une superbe opération. En se défaisant, tout d'abord, d'un de ses concurrents les plus importants - avec Mitsubishi et l'Allemand Siemens (qui lorgne, lui, sur le pôle ferroviaire du Français). Et en augmentant, de ce fait, son influence dans le secteur énergétique. Alstom est en effet un des principaux leaders mondiaux dans les secteurs du transport de l'électricité, des centrales à charbon, des centrales hydrauliques, des turbines à vapeurs - ce qui ouvre aussi ses activités aux questions de défense nationale.

    Quant au nucléaire, Alstom couvre aujourd'hui 30 % du parc nucléaire mondial ; et assure, bien sûr, la maintenance des 58 centrales françaises.

    Le nucléaire français aux mains des Américains

    Dans ces domaines sensibles, les décisions seront donc désormais américaines. Imagine-t-on que ce sont les USA qui détiendront désormais, par la mainmise sur Alstom, 80 % de ce secteur ? Quoi qu'il arrive dans ce secteur, en France en out cas, c'est au fin fond du Connecticut, au siège de General Electric, que se prendra la décision. Même chose si l'un de nos sous-marins SNLE a besoin d'une nouvelle turbine...

    Paris se rassure en évoquant un droit de regard en la matière. Sans doute... tant que nous sommes en terme amical avec les Américains, qui possèdent désormais sur notre gouvernement, et sur leurs successeurs, un formidable moyen de pression, économique certes, mais surtout politique. A l'heure où les spécialistes estiment que l'énergie nucléaire risque de croître de 60 % - en Asie surtout - dans les vingt-cinq prochaines années, le calcul n'apparaît pas très bon... Et que se passera-t-il si, demain, Paris et Washington s'opposent ?

    Tout plutôt que la Russie

    Même question sur l'énergie à l'autre bout de la planète. Ainsi, derrière le conflit ukrainien, on ne saurait oublier le différend gazier avec la Russie, qui affecte les pays européens dans leur très large majorité.

    Bruxelles, qui réfléchit intensément à la mise en œuvre d'une Europe de l'énergie, veut se débarrasser de la tutelle russe en l'affaire, d'autant qu'elle considère que Moscou est loin de présenter toutes les garanties en matière de démocratie. Aussi envisage-t-elle de nouer de nouveaux partenariats dans le secteur de l'énergie avec des pays tels que l'Iran, l'Irak, l'Algérie, la Turquie, etc., qui, comme chacun le sait, sont des modèles de démocratie...

    Peu importe ! Jean-Claude Juncker a fait de ce dossier l'une des priorités de son mandat Le président de la Commission européenne voit grand: il estime à plus de 1000 milliards d'euros les investissements nécessaires sur cinq ans, et 2 000 milliards d'euros sur dix ans. Un coût qui - il l'affirme haut et fort - sera essentiellement supporté par le secteur privé.

    Notre dépendance énergétique s'accroît

    Et, sans même parier de la réflexion sur l'énergie « propre », il y a du pain sur la planche... En dehors des coûts, qui sont souvent plus importants en Europe qu'ailleurs, l'Union européenne, premier importateur d'énergie au monde, est aussi très dépendante de l'extérieur. Ainsi importe-t-elle 53 % de son énergie, pour quelque 400 milliards d'euros par an. La quasi-totalité de ses transports (94 %) fonctionnent grâce aux produits pétroliers, dont 90 % sont également importés. Quant au fameux gaz russe, objet du ressentiment bruxellois, il représente 27 % de la consommation de l'Union - sachant que la moitié de ces achats transitent par l'Ukraine.

    En définitive, en larguant Alstom, on ne fait qu'amplifier le problème…

     

    Hugues Dalric monde & vie  18 mars 2015

  • Pour une contre-révolution européenne

    L'immigration massive a, au moins, eu cette vertu qu'elle nous mit devant notre propre vide existentiel. Si ces populations allogènes ne s'intégreront jamais à notre civilisation, elles nous obligèrent à nous regarder.

    La philosophe Simone Weil, morte en 1943, en rappelant l’impérieux besoin d’enracinement, combattu de toutes leurs armes par tous les pouvoirs qui se sont succédé depuis l’avènement de ce que les historiens appellent la « période contemporaine », considérait comme nécessaire la suppression des partis, perçus comme des factions, des parasites prospérant sur un grand corps vivant. Les organisations politiciennes sont, en effet, des prismes par lesquels la réalité est déviée, déformée, trafiquée, pour servir à des causes qui n’ont rien à voir avec l’intérêt de la communauté. C’est là le résultat néfaste d’une « table rase » révolutionnaire, qui a arraché le peuple à ses racines millénaires, pour le faire entrer, volens nolens, dans la modernité individualiste, utilitariste, et amnésique. Encore au milieu du XIXe siècle, la plupart des Français parlaient encore leur langue régionale, avant d’user du français. Depuis, l’École républicaine, la presse, puis la télévision, enfin le « nomadisme », ont éradiqué les restes d’identités liées aux patries charnelles.

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  • Kiev contre la Novorossiya: guerre sur le terrain et contre les opposants – Les USA à la manœuvre.

    Espionnage d’un ONG américaine

    Les autorités des républiques de Nouvelle Russie ont expulsé l’ ONG humanitaire Internationale américaine, Rescue Committee (IRC),  en raison de ses activités d’espionnage au profit du régime fantoche de Kiev. Cela alors que l’on sait que trois ministères-clefs du gouvernement prétendument ukrainien sont occupés par des personnes imposées par Washington, dont deux sont de nationalité américaine et que l’armée ukrainienne est encadrée par les forces américaines.. 

    Selon les insurgés, les membres de l’IRC opéraient dans des régions attenantes à la ligne de front où ils recueillaient des informations sur les forces armées de la république. 
    « Ils affirment que leur mission consistait à aider les femmes victimes de violences et éprouvant un stress post-traumatique. » (Source)
    C’est bien connu que les ONG humanitaires sont truffées d’espions. Cela n’a pas échappé aux autorités de la République de Donetsk;  du matériel d’écoute électronique a été découvert dans les bureaux de l’organisation qui n’opérait étrangement que sur la ligne de front. 
     

    De l’ONU à l’OTAN ?

    Alors que le pouvopir fantoche de Kiev tente d’obtenir une intervention de l’OTAN dans le Donbass, Washington aimerait bien faire intervenir directement les troupes de l’OTAN, mais l’Ukraine n’en fait pas partie et les autres membres de l’Alliance ne sont pas tous favorables. Pour pouvoir intervenir l’idéal serait donc un mandat de l’ONU, afin que l’intervention se fasse sous le couvert de casques bleus.

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  • Victor Orban : « Nous ne voulons pas d’immigrés en Hongrie »

    Lors d’un entretien télévisé, Victor Orban le Premier ministre hongrois a déclaré :

    Nous ne voulons pas d’immigrés en Hongrie. Si d’autres États membres veulent en recevoir, libre à eux, mais ils ne doivent pas les renvoyer ici ni les faire transiter par chez nous

    Dans une interview accordée vendredi soir à la chaîne Echo TV, le Premier ministre a estimé que la Hongrie devait prendre des mesures législatives afin de stopper l’immigration en provenance des pays pauvres et son transit dans son pays, quand bien même, cela contreviendrait au droit européen en matière d’immigration.

    Face au constat que son pays était celui qui accueillait le plus d’immigration par rapport à sa population après la Suède, le chef du gouvernement a jugé nécessaire la remise en question de règles européennes extrêmement permissives dans ce domaine.

    http://fr.novopress.info/

  • L'idée choc étudiée en Islande : et si on retirait aux banques la capacité de créer de la monnaie ?

    Un rapport parlementaire islandais suggère de donner à la seule banque centrale le monopole de la création monétaire. Une vraie révolution, si l'idée était appliquée... 
    Décidément, l'Islande est le pays de la créativité financière. Après avoir montré, en 2009, qu'il existait bien une alternative au transfert de la dette bancaire vers la dette publique, l'île nordique pourrait s'apprêter à réaliser une grande expérience monétaire. 
    Le 31 mars dernier, en effet, le président du comité des affaires économiques de l'Althingi, le parlement islandais, Frosti Sigurdjonsson, a remis un rapport au premier ministre, Sigmundur Gunnlaugsson, sur la réforme du système monétaire islandais. Et c'est une véritable révolution qu'il propose. 
    L'absence de maîtrise de la banque centrale sur le système monétaire 
    Le rapport cherche en effet à réduire le risque de bulles et de crises dans le pays. En 2009, l'Islande a connu une crise très aiguë qui a fait suite à une explosion du crédit alimenté par un système bancaire devenu beaucoup trop généreux dans ses prêts et beaucoup trop inconscient dans sa gestion des risques. 
    Ni l’État, ni la Banque centrale islandaise (Sedlabanki) n'ont pu stopper cette frénésie. « Entre 2003 et 2006, rappelle Frosti Sigurdjonsson, la Sedlabanki a relevé son taux d'intérêt et mis en garde contre une surchauffe, ce qui n'a pas empêché les banques d'accroître encore la masse monétaire. » 
    Comment fonctionne le système actuel 
    Dans le système actuel, ce sont en effet les banques commerciales qui créent l'essentiel de la masse monétaire, en accordant des prêts à discrétion. La banque centrale ne peut que tenter de décourager ou d'encourager, par le mouvement des taux ou par des mesures non conventionnelles, cette création. Mais la transmission de la politique monétaire aux banques n'est jamais une garantie. 
    Malgré la hausse des taux de la Sedlabanki, la confiance et l'euphorie qui régnait en Islande au début des années 2000 a soutenu le processus de création monétaire. Lorsque la demande existe, rien ne peut empêcher les banques de prêter. Lorsqu'elle disparaît, rien ne peut les contraindre à le faire. Et souvent, ces mouvements sont excessifs, ce qui créé des déséquilibres, puis des corrections par des crises où l’État doit souvent venir au secours des banques. Et lorsqu'il faut faire repartir l'activité, les banques centrales ont souvent des difficultés à être entendue. 
    Le cas de la zone euro en est une preuve. Il a fallu que la BCE use de moyens immenses, l'annonce d'un QE de 1.140 milliards d'euros, pour que le crédit commence à se redresser dans la zone euro et encore, de façon fort limitée pour l'instant. 
    Une idée ancienne 
    D'où cette idée centrale du rapport de Frosti Sigurdjonsson : ôter aux banques le pouvoir de création monétaire. Comme le souligne l'ancien président de l'autorité financière britannique, Aldair Turner, qui préface le rapport, « la création monétaire est une matière trop importante pour être laissée aux banquiers. » 
    Cette idée n'est, en réalité, pas neuve. Après la crise de 1929, des économistes étatsuniens avaient proposé en 1933 le « plan de Chicago » qui proposait d'abolir la capacité des banques à créer par elle-même de la monnaie. Il avait eu un grand succès, mais pas de traduction concrète véritable. 
    En 1939, l'économiste Irving Fischer, un de ceux qui avaient examiné de plus près la crise de 1929, avait proposé de transférer le monopole de la création monétaire à la banque centrale. James Tobin, Milton Friedman et d'autres ont également réfléchi sur ce sujet. Mais la proposition islandaise, que Frosti Sigurdjonsson présente comme « une base de discussion » pour le pays, est la première proposition de passage à un autre système qu'il appelle le « système monétaire souverain. » 
    Décider de la création monétaire dans l'intérêt de l'économie 
    Quel est-il ? Le rapport indique que l'Islande « étant un État souverain avec une monnaie indépendante est libre de réformer son système monétaire actuel, qui est instable et de mettre en place un système monétaire de meilleure qualité. »Dans ce système, seule la Banque centrale aura le monopole de la création monétaire, aucune couronne ne pourra circuler si elle n'a pas été émise par la Sedlabanki à l'origine. 
    Cette dernière pourra donc faire évoluer la masse monétaire en fonction de ses objectifs « dans l'intérêt de l'économie et de toute la société. » Frosti Sigurdjonsson propose qu'un « comité indépendant du gouvernement prenne des décisions sur la politique monétaire de façon transparente. » 
    La Banque centrale créera de la monnaie en accordant des prêts aux banques commerciales pour qu'elles prêtent ensuite des sommes équivalentes aux entreprises et aux particuliers, mais aussi en finançant des augmentations de dépenses publiques ou des exemptions d'impôts, ou encore par le rachat de dettes publiques. Pour empêcher la création monétaire par le système bancaire, deux types de comptes auprès de la banque centrale seront créés. 
    Comptes de transactions et d'investissements 
    Les premiers seront les « comptes de transactions. » Ces comptes représenteront les dépôts des particuliers et des entreprises. Les banques commerciales administreront ces comptes, mais ne pourront pas en modifier les montants.L'argent déposé sur ses comptes ne rapportera pas d'intérêt, mais sera garantie en totalité par la banque centrale. 
    Un deuxième type de comptes, les « comptes d'investissements », sera créé en parallèle. Les agents économiques pourront transférer des fonds des comptes de transaction vers les comptes d'investissements. L'argent placé sur ses comptes seront investis par les banques et seront bloqués durant une période déterminée. 
    Les banques pourront alors proposer à ceux qui placent leur argent dans ces fonds différents types de produits, notamment des produits risqués à haut rendement. Il s'agit concrètement de séparer autant qu'il est possible l'argent du crédit. Le risque lié au crédit ne disparaît pas, mais il est limité par l'obligation de ne prêter que l'argent déposé sur ces comptes d'investissements. 
    Plus de Bank Runs 
    Pour Frosti Sigurdjonsson, ce système permettra une gestion plus réaliste de la masse monétaire non plus dans l'intérêt des agents privés, mais dans celui de la collectivité. La garantie sur les dépôts permettra d'éviter une course aux guichets (Bank Run), sans réduire, du reste, la responsabilité de ceux qui auraient investi dans des produits à risque. 
    Avec ce système, une séparation bancaire entre banque d'investissement et banque de dépôts n'est pas nécessaire, puisque l'activité de banque de dépôts sera garantie par la banque centrale. Du reste, la garantie implicite de l’État dont bénéficient les grandes banques disparaîtra d'elle-même. 
    Gérer la transition 
    Pour la transition, Frosti Sigurdjonsson propose de transférer les dépôts détenus dans les banques commerciales vers les comptes de transaction. Ce transfert se fera par l'émission d'une créance sur les banques qui sera détenue par la Sedlabanki et qui sera payée sur plusieurs années par les banques. 
    Ce « passif de conversion » s'élèverait à 450 milliards de couronnes islandaises, soit 3,05 milliards d'euros. Cet argent issu des banques commerciales sera donc progressivement remplacé par de l'argent issue de la banque centrale. Dans cette phase de transition, les sommes versées par les banques pourraient servir soit à réduire la dette publique, soit à réduire, si besoin, la masse monétaire, par l'annulation d'une partie des fonds versés. 
    Les problèmes posés 
    Cette proposition ne règlera certes pas tous les problèmes. Certes, les prêts seront sans doute moins importants et la croissance de l'économie sans doute moins forte. Mais le projet est d'avoir une économie plus stable et, sur le long terme, tout aussi performante. Plutôt que de voir l'économie croître de 5 % par an, puis de corriger de 3 % ; on pourrait avoir une croissance stable de 2 % par an sans à-coup... 
    L'indépendance du comité de la Banque centrale sera très hypothétique, car l’État sera une courroie naturelle de la création monétaire et un risque d'excès n'est pas, ici, à exclure, même si l’État peut aussi bien prétendre représenter l'intérêt général que ce comité indépendant. 
    Mais une ambiguïté peut ici être problématique. Les liens avec les autres systèmes monétaires classiques pour une petite économie comme l'Islande sont encore à explorer. Matthew Klein, dans le Financial Times, a souligné également que ce nouveau système ne réduit pas le risque de financement d'investissements à long terme par des investissements à court terme qui avait été à l'origine de la crise de 2007-2008. 
    Enfin, il ne s'agit là que d'une proposition. Le premier ministre a bien accueilli le rapport. Mais ira-t-il jusqu'à lancer un tel chambardement de grand ampleur ? Les Islandais seront-ils prêts à franchir le pas ? La discussion est, du moins, lancée.