En Europe, la capacité de production des usines automobiles est sous-employée. En 2010, elle atteignait seulement 69 %, elle est remontée à 82 % en 2011. Le patron de Fiat-Chrysler, Sergio Marchionne, ne voit pas d'autre solution que de fermer de nombreuses usines en Europe, une dizaine... Il saute directement à la solution sans dire pourquoi le marché en est arrivé là. Nous l'apprendrons un peu plus loin. Il pointe certes la mévente des petites voitures, et leurs prix tirés vers le bas qui ne génèrent pas une rentabilité suffisante. Est-ce la seule explication ? On peut assurer que non, il y a la solvabilité des acheteurs, leur vieillissement, la concurrence étrangère, le prix des carburants et de l'entretien, les assurances, la répression routière, la difficulté d'obtenir son permis, et son prix, etc. Qui dit fermeture dit licenciements. Rappelons qu'en 2008, les industries de la construction automobile des 27 pays de l'Union européenne employaient 2 420 000 salariés.
Selon lui, « c'est à l'Europe de prendre en charge cette transition, car individuellement, les gouvernements des différents pays ne le feront pas. » Il suggère un « effort coordonné » de façon que « la douleur soit partagée [...] Si l'Europe bloque cette restructuration, les constructeurs ne pourront pas investir suffisamment pour moderniser leur outil de production et monter en gamme » Monter en gamme signifierait-il que les petites voitures sont abandonnées et laissées aux constructeurs automobiles situés hors d'Europe, y compris des marques européennes, pour ne conserver que les véhicules haut de gamme ? Certes, mais les modèles premium ne sont-ils pas déjà monopolisés en très grande partie par les constructeurs allemands ? Et l'export en direction de la Chine en particulier restera-t-il longtemps encore ouvert aux importations sans que les autorités chinoises imposent l'implantation d'usines sur place ? Quid alors de l'exportation et de la production européenne ? Ce qui est certain, c'est que l'Europe serait alors condamnée à importer ses petites voitures ! Fabuleux, non ? Néanmoins, Sergio Marchionne suggère que l'Europe mette en place « un mécanisme de soutien financier » pour rendre supportable les inéluctables licenciements et un « système de protection sociale (qui) assure la transition » de manière à donner du « soin et de l'attention » aux futurs licenciés. Mais quid des dizaines de milliers de ceux qui ne seront pas embauchés ? Qui osera affirmer que la crise est derrière nous ?
LA COMMISSION EUROPÉENNE TIRE CONTRE SON CAMP
En 2011, la Commission européenne a signé un accord de libre-échange avec la Corée du Sud. Le patron de Fiat-Chrysler lui reproche sa vision "bucolique" des relations commerciales internationales. Il ajoute, nous partageons son opinion depuis bientôt 20 ans : « Nous sommes tous, bien sûr, pour un monde meilleur où il n'y aurait plus de barrière : c'est une idée séduisante. Mais quand on regarde la réalité, c'est plus compliqué à faire fonctionner. » Quels sont les résultats immédiats de l'application de l'idéologie libre-échangiste bruxelloise, fanatique de la concurrence libre et non faussée ? En 2011, la Corée du Sud a exporté 436 000 véhicules vers l'Union européenne, plus 150 000 en un an. Les constructeurs européens 75 000 seulement, le marché leur restant relativement fermé. Il faut oser ! Soit 15 000 exemplaires supplémentaires seulement. Et encore, souligne M. Marchionne, s'agit-il de modèles haut de gamme allemands. Conclusion « Cet accord a été une erreur, personne n'y a rien gagné sauf les marques premium. »
Et ce n'est qu'un début. Sont en cours des négociations de libre-échange avec l'Inde, le Japon, d'autres pays asiatiques et du Mercosur. Ce patron qui mériterait de militer dans un parti souverainiste ou de figurer au Comité de soutien de Marine Le Pen ou de M. Dupont-Aignan considère que le problème ce sont « les conditions de concurrence (qui) ne sont pas comparables », du fait du soutien de la Corée à son industrie et de barrières non douanières. Un exemple, le gouvernement coréen pénalise les concessionnaires qui distribuent des voitures étrangères. « Au Japon, l'État soutient la demande de mini-voitures, un segment réservé aux Japonais », précise-t-il. Le mot est lâché, pour se protéger, oui, se protéger « l'Europe devra vérifier la prochaine fois qu'elle sait ce qu'elle signe » avant de conclure un nouvel accord de libre-échange, insiste-t-il.
À ce point de la rédaction, on ne peut que se scandaliser de l'indifférence, de l'incompétence, de la nocivité, de la complicité sans doute, à la fois des fonctionnaires, hauts notamment, des conseillers des ministres, des ministres eux-mêmes. Comment peuvent-ils ainsi tirer contre leur camp ? Le réquisitoire se poursuit « L'Europe pousse à signer des accords de libre-échange, souvent inégalitaires, alors même que l'industrie manque de compétitivité sur ce continent et ne peut pas survivre par elle-même » On comprend mieux maintenant pourquoi les constructeurs sont en situation de surproduction. Il s'agit du manque de compétitivité aggravée par les conséquences du libre-échangisme qui permet l'introduction en masse de véhicules bon marché. Pour la France, le coup de grâce a été porté à notre industrie automobile par Renault, entreprise dont l'État français est actionnaire, avec l'ouverture d'une usine au Maroc, dont la production est majoritairement destinée au marché français. Depuis 1945, sous l'impulsion des grandes firmes américaines l'enseignement de la doctrine idéologique libre-échangiste a été imposé aux universités américaines financées par ces entreprises ; les prix Nobel assurèrent le relais, à l'exception notoire de Maurice Allais, méprisé et ignoré ; les organismes internationaux mondialistes (FMI, GATT, OMC, OCDE), le Siècle, Bilderberg, etc. propagèrent et imposèrent le dogme ; les "élites" économiques issues des grandes écoles qui avaient tété le lait empoisonné à la source du "savoir" n'imaginaient pas que le libre-échangisme est nocif, etc. Résultat, il fallait abattre les frontières et laisser les portes grandes ouvertes, s'opposer aux partis souverainistes et nationaux, ridiculiser leurs critiques et leurs propositions. Etc. On en est là, et on vient de voir ci-dessus que les conséquences de l'idéologie triomphante sont désastreuses. Combien de politiques, combien de chefs d'entreprise, combien de gestionnaires, combien d'experts, combien de journalistes liront le réquisitoire implacable de M. Sergio Marchionne, autrement plus responsable et au fait des réalités que les clowns clones qui baragouinent ou écrivent dans les divers média ?
Pierre PERALDI. Rivarol du 20 avril 2012
Europe et Union européenne - Page 986
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Europe : la construction automobile a-t-elle un avenir ?
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Élargissement de l'Union européenne : un chaos annoncé (arch 2002)
❏ Si Jean de La Fontaine était encore de ce monde, sa fable sur la grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf caricaturerait à merveille le processus d'élargissement du Moloch européiste. 6 hier, 15 aujourd'hui, 25 demain ... Où s'arrêtera la boulimie fédéraliste des technocrates qui nous gouvernent ? L'Europe de Madère à Riga fait rêver tous les ayatollahs du mondialisme. Or, comment une Europe déjà incapable à 15 d'adopter une position commune sur la crise irakienne pourrait-elle dégager un semblant de consensus à 25 ? Pourquoi cacher plus longtemps que ce énième charcutage vise à rogner au nom de la nécessaire cohésion les dernières parcelles de souveraineté que possèdent encore les États ?
Après le «oui» arraché à des Irlandais soumis à une intense campagne de désinformation aux accents comminatoires, Bruxelles est prête pour le saut dans l'inconnu, disposée à accueillir dix nouveaux pays d'Europe centrale et de l'Est, dont le revenu par tête n'atteint en moyenne que 40 % de celui des Quinze et qui entrent dans l'Union européenne plus pour bénéficier de la manne financière que pour contribuer à sa relative prospérité. Et dans un marché européen où la récession et le taux de chômage touche déjà près de 9 % de la population active, l'entreprise est plus que risquée, elle est suicidaire. Tout d'abord pour les finances d'États déjà fortement endettés et qui devront débourser 40 milliards d'euros pour financer l'élargissement (une hausse de 5 % pour la France dont la contribution au budget communautaire pour 2003 est déjà de 15,8 milliards d'euros), mais aussi pour les fonds structurels et plus précisément la Politique agricole commune qui constituent à eux deux les trois quarts du budget européen.
❏ La France n'a rien à gagner
En se mettant d'accord sur un plafonnement du budget européen de 2007 à 2013, Chirac et Schroder vont contraindre les 25 à vivre sur le même budget que celui attribué aujourd'hui aux Quinze. La mort à court terme pour des agriculteurs qui devront de surcroît subir la concurrence déloyale des produits fabriqués à des coûts moindres.
Qu'a donc à gagner la France d'une Union européenne élargie, contraire aux intérêts de ses peuples et qui ne sert, comme le souligne Jean-Marie Le Pen, que « les intérêts mercantiles des uns (les multinationales) et les idéaux utopistes et antinationaux des eurocrates de Bruxelles » ? Rien si ce n'est une perte d'influence dans une Europe noyautée par Berlin et dans une moindre mesure par Londres et un afflux d'immigrés attirés par une législation sociale incitatrice. Sans compter une hausse du chômage qu'entraîneront inéluctablement les délocalisations d'entreprises soucieuses de s'installer dans des pays où les salaires sont largement inférieurs à ceux en vigueur à l'Ouest. C'est dans ce magma fédéraliste où la France ne conservera qu'un commissaire sur vingt-cinq, 9 % des voix au Conseil et 9 % d'élus au Parlement européen, que les nations européennes sont invitées à se dissoudre, passant du mirage européiste à la prison des peuples.
✍ Éric Domard FDA décembre 2002 -
La Hongrie dit adieu au FMI
Le gouvernement conservateur hongrois dirigé par Viktor Orbán (photo ci-contre) a annoncé qu’il rembourserait avant la fin de l’année, avec un trimestre d’avance, la dernière tranche de 2,2 milliards d’euros du prêt de 20 milliards accordé par le FMI au gouvernement de la coalition socialiste-libérale en 2008.
La Hongrie avait alors été le premier pays de l’Union européenne à obtenir un prêt du FMI. En 2011, après des négociations infructueuses entre le gouvernement du Fidesz et le FMI, la Hongrie avait décidé de ne pas renouveler ce prêt et de se débrouiller seule pour remonter la pente après la gestion désastreuse de ses prédécesseurs. Viktor Orbán avait ouvertement critiqué les conditions que le FMI voulait imposer à la Hongrie et il s’en était pris à l’institution internationale pour sa politique en Grèce, à Chypre et en Espagne. Aujourd’hui, la Hongrie a renoué avec une croissance modeste, le chômage y est en légère baisse, à 10,5%, et la Commission européenne a abandonné en juin sa procédure pour déficits excessifs puisque le déficit des finances publiques a été ramené par le gouvernement du Fidesz en dessous de la barre des 3% du PIB. Le FMI a d’ailleurs reconnu lui-même récemment que ses politiques menées de concert avec l’Union européenne avaient contribué à aggraver la situation dans les pays d’Europe qui ont eu recours à son « aide », notamment en Grèce. [...]
La suite sur NdF http://www.actionfrancaise.net
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L’Irlande toujours surveillée de près par la Troïka
DUBLIN (NOVOpress Breizh) – « Les progrès sont fragiles et doivent être préservés par une volonté sans faille d’exécuter le programme ». Selon l’agence Reuters les inspecteurs de la Troïka – Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne – chargés de veiller à l’application des mesures de tutelle prises à l’égard de l’Irlande suite à la crise des subprimes, ont rappelé au gouvernement de Dublin qu’il n’était pas question que ce dernier relâche ses « efforts ».
Des efforts jugés encore insuffisants. Pour la Troïka, l’Irlande doit entamer de nouvelles réformes économiques et s’en tenir scrupuleusement aux critères de son programme de renflouement international « afin de capitaliser sur des progrès ‘fragiles’ et de pouvoir revenir sur les marchés financiers ».
Selon The Irish Times, le FMI a ainsi demandé au gouvernement irlandais de maintenir son plan d’austérité, lequel prévoit de réduire encore de 3,1 milliards d’euros le projet de budget qui sera présenté en octobre prochain. Compte tenu de l’amélioration de la conjoncture économique, le gouvernement irlandais peut en effet envisager atteindre ses objectifs de déficit budgétaire (5,1% du PIB) tout en réduisant les mesures d’austérité.
Pas question estime l’organisme présidé par madame Lagarde (photo), qui entend que l’Irlande ne change rien à son programme, même si les accords de remboursement de la dette, renégociés au début de cette année ont permis de relâcher la pression sur l’économie du pays. Ces économies, estime le FMI, pourraient permettre de faire passer l’objectif de déficit de l’Irlande à 4,5%.
Pour mémoire, le rôle du Fonds monétaire international est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la stabilité financière, de faciliter les échanges internationaux, de contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et de faire reculer la pauvreté ».
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Clause de l'Européenne la plus favorisée / S'il y a pire qu'en France, il va falloir s'aligner ! (archive 2010)
L'examen jeudi à l'Assemblée nationale de la proposition de résolution socialiste lourde de conséquences prétendant « améliorer les droits des femmes » s'est déroulé dans le plus parfait consensus. Cette clause dite de « l'Européenne la plus favorisée » vise à faire l'inventaire des législations les plus progressistes à l'égard des femmes en Europe et à aligner la loi française sur celles-ci. C'est la mise en œuvre d'une idée de Gisèle Halimi et de son association « Choisir la cause des femmes » qui a beaucoup travaillé sur le projet ...
Dans son Hebdo n°14, Yves Daoudal a étudié en détail les avancées de ce projet : « Ainsi a été constitué un bouquet législatif qui a pour vocation d'être appliqué dans toute l'Europe. »
On sait bien quelles sont les lois qui favorisent les femmes, surtout aux yeux de Gisèle Halimi. Les lois allongeant le délai légal de l'IVG notamment. En matière d'avortement, la loi la plus progressiste est la loi de boucher des Pays-Bas qui autorise l'IVG jusqu'à la 24e semaine de grossesse ou encore celle de la Suède, 18 semaines et même au-delà sur l'avis d'une commission sociale. Il faut donc pour le bien des femmes l'appliquer dans toutes les autres législations à commencer par la nôtre.
Pour les lesbiennes voulant se faire implanter un embryon, la loi belge est la meilleure. C'est là qu'elle est également la plus favorable pour le Contrat d'union civile des homosexuels. Il faudra aussi retenir la loi non obscurantiste autrichienne sur le mariage civil qui prime sur le mariage religieux, la loi espagnole sur le divorce, etc. Où l'on se rend compte qu'il y a encore plus pourri qu'en France et qu'il va donc falloir s'aligner. Plusieurs chapitres sont concernés : la famille, les violences, le travail, la politique.
La « clause » qui invite le gouvernement à déposer un projet de loi en ce sens devrait être adoptée mardi lors d'un vote solennel. Son examen à l'Assemblée nationale s'est déroulé dans le plus favorable des climats consensuels, tous les amendements de droite comme de gauche ayant été adoptés.
« Aujourd'hui, nous sommes très heureux », s'est félicité le rapporteur socialiste Pascale Crozon. « Nous ne pensions pas que cette résolution serait acceptée telle quelle, qu'elle ferait l'unanimité. »
La veille, le patron des députés UMP Jean-François Copé avait pourtant indiqué que son groupe ne voterait pas cette proposition en raison de « réserves » sur certains points : « Le caractère général et absolu de ce projet peut-il s'appliquer dans tous les domaines ? » Le groupe UMP a déclaré qu'il voterait la clause sous réserve de l'adoption de leurs amendements. Nadine Morano a précisé que l'UMP refusait de voir appliquer automatiquement des législations sur des questions de société comme l'IVG. Alors pourquoi votent-ils pour ?
Son objection a d'ailleurs été vite balayée par le patron des députés PS Jean-Marc Ayrault : « Nous demandons un rapport de droit comparé et ensuite le gouvernement pourra proposer un projet de loi. » Mais la socialiste Danielle Bousquet, qui fait pression avec son groupe, a son avis bien arrêté sur la question : « Pourquoi l'exemple suédois est valable lorsqu'il s'agit d'allonger l'âge du départ à la retraite et ne le serait pas quand il s'agit d'allonger la durée de l'IVG ? »
Départ à la retraite ou mise à mort des fœtus de quatre mois (ou de six mois aux Pays-Bas) en effet où est la différence ?
CAROLINE PARMENTIER PRESENT du 13 avril 2010 -
Rattacher la Wallonie à la France ?
Cette question à l'ordre du jour alors que la Flandre est de plus en plus tentée par l'air du large est d'abord l'affaire des Belges mais cela pourrait finir par concerner les Français, qui ont le droit de donner leur avis. Il faut donc que les Wallons sachent que la France les accueillera avec enthousiasme si leur pays continue à se désagréger. La France et la Wallonie ont tout intérêt à s'unir.
Un Etat confetti n'est pas viable ; quant aux Français, leur pays, en ayant quatre millions et demi d'individus supplémentaires (même si une partie des «Wallons» actuels ne le sont que de papiers), deviendrait plus qu'une puissance moyenne.
Une nation, pour être viable, doit posséder une certaine homogénéité. Or les Wallons ont toutes les caractéristiques pour devenir Français en gardant leur spécificité. Wallonie (comme Wales) veut dire pays des Celtes, ses habitants ont encore une culture chrétienne, parlent notre langue et sont plus proches de Paris que beaucoup de Français. Leur appartenance à la France pourra même dynamiser notre pays, lui qui est actuellement bien morose.
La Belgique a toujours été un Etat artificiel sans nation, créé pour que la France ne soit pas trop forte alors que ses habitants faisaient déjà partie de la Gaule ou des Gaules (populations celtes mélangées avec des éléments germaniques). Cette association avec une autre communauté ne parlant pas la même langue va sans doute aller à son terme ; une cohabitation entre deux communautés qui passent leur temps à se dénigrer est vouée à l'échec.
La France, qui dépasserait soixante millions d'habitants, augmentera son territoire, sa population ; il en résultera une synergie profitable aux Français de l'hexagone actuel et aux nouveaux Français que seront les Wallons. Et dont il faudra bien sûr respecter absolument l'identité comme la nation doit apprendre à respecter les particularismes régionaux, corse, breton, basque... Cette nouvelle France équilibrerait le couple franco-allemand en Europe et serait profitable à tous les Européens.
Reste le cas de Bruxelles, ville où 85 % de la population est francophone. Il existe actuellement pour notre pays des DOM ou des TOM. On pourrait créer le terme DOT ou TOT (départements ou territoires d'outre-terre).
La spécificité de Bruxelles, ville d'Europe, serait préservée dans ce cadre. Les quartiers flamands appartiendraient à la Flandre s'ils le désirent. Cette association se ferait par des voies uniquement pacifiques. L'Histoire actuelle n'est plus propice aux coups de force ou à la brutalité.
Il faut aussi tenir compte des Flamands qui sont de plus en plus nombreux à vouloir leur indépendance comme l'a encore montré la récente prise de position de plusieurs de leurs décideurs - et l'on connaît le slogan du Vlaams Belang : « Que crève la Belgique ! »
La France qui verra ses frontières s'étendre, apprendra à connaître ce petit peuple du Nord qui lui apportera beaucoup, entre autres un renforcement de notre position en Europe du Nord. Tayllerand disait : « Les Belges n'existent pas : ils n' existeront jamais. » Quant aux Wallons, ils continueront à exister dans un pays qui les aimera quand ils l'auront rejoint.
Patrice GROS-SUAUDEAU. 2010
NDLR. Sur les racines et le fondement historique du "rattachisme", lire Humour - Histoire et Méditations - Morceaux choisis II où Georges Tribolet évoque longuement les liens millénaires entre Belgique et Celtique et souligne « leur intime communion de sentiments et la communauté de leurs intérêts » (éd. La Société des Ecrivains. 147/149 rue St-Honoré, 75001 Paris. 165 pages, 15 €)., -
Crédit à la consommation : Les ménages qui s’endettent sont de moins en moins européens
Entre 2009 et 2012, le montant global des crédits à la consommation a crû de 15% dans le monde. Mais c’est surtout dans les banques des pays émergents que la demande progresse.
Le marché mondial du crédit à la consommation ne connaît pas la crise. Le volume des encours mondiaux est passé de 5.523 milliards d’euros en 2009 à 6.383 milliards fin 2012, soit une progression de 15% en trois ans, selon l’étude annuelle du Crédit Agricole Consumer Finance.
Les encours de crédits à la consommation dans l’Europe des 27 accusent une baisse de plus de 100 milliards d’euros sur 4 ans
Dans le détail, la situation entre les pays est assez disparate. L’essentiel de la croissance du marché est porté par les pays émergents. Ainsi la Russie, l’Argentine, la Thaïlande et l’Azerbaïdjan ont rencontré des progressions supérieures à 30% des encours durant l’année 2012. La Chine et l’Inde voient le nombre d’adeptes du crédit à la consommation fortement augmenter avec le développement d’une classe moyenne avide de pouvoir consommer “à l’occidentale”.
Dans le même temps, les pays développés ont connu pour leur majorité une stagnation voire une baisse du volume des crédits contractés par les ménages. Parmi les pays “riches”, seuls les États-Unis et le Canada connaissent des progressions significatives, respectivement +5,8% et +2,8%.
Répartition des encours de crédit à la consommation fin 2012
Malgré cette poussée des pays émergents, les États-Unis conservent leur position de 1er pays consommateur de crédit à la consommation (2.162 milliards), loin devant le Japon (714 milliards) et la Chine (433 milliards).
Une baisse quasi-généralisée en Europe
En ce qui concerne la France, les ménages ont contracté fin 2012 environ 149 milliards de crédit à la consommation. Un montant qui permet à la France d’arriver à la troisième place du classement européen des pays les plus friands de crédit à la consommation, juste derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne. Un résultat qui s’explique par l’importance de ces trois marchés intérieurs dans l’Union Européenne. A l’échelle mondiale, la France est le 9ème pays le plus adepte du crédit à la consommation.Mais la France pourrait rapidement se faire dépasser dans ce classement par les pays émergents. En effet, les encours français ont diminué de 0,3% entre 2012 et 2011. Sur 4 ans, la baisse atteint même 5% dans l’Hexagone. Une tendance que l’on retrouve dans 21 pays d’Europe. La faute à la période d’incertitude dans laquelle sont plongés de plus en plus de foyers européens. Pour le seul mois de juin, le crédit à la consommation a reculé de 7% en France par rapport à juin 2012 selon l’Association française des sociétés financières.
“On le voit le moral des ménages en Europe est au plus bas avec la montée du chômage et la précarisation de l’emploi. Or, on ne contracte pas un crédit lorsque l’on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir”, explique l’auteur de l’étude. Mais également plus directement à cause de la crise économique et de la baisse du pouvoir d’achat : “Les courbes de consommation et du crédit à la consommation se suivent. Comme il n’y a pas de consommation, les foyers ne contractent pas de crédit”.
910 euros de crédit à la consommation en moyenne
Au niveau des sommes empruntées par les ménages, les montants varient dans un rapport de 1 à 55. Les foyers nord-américains contractent un crédit de 5.620 euros en moyenne contre 96 euros en Afrique. La moyenne mondiale s’établissant à 910 euros fin 2012.
En Europe, le montant moyen demandé aux établissements de crédits atteint 2.094 euros. Mais là encore les différences sont importantes. Les Lituaniens ont un crédit à la consommation de 186 euros en moyenne contre 3.984 euros chez les Britanniques. Les Français se situent légèrement au-dessus de la moyenne, à 2.267 euros.
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Grande-Bretagne : Les Blancs pauvres, une minorité ethnique
Vingt ans après une première étude sur les résultats scolaires des enfants pauvres dans le système éducatif, le dernier rapport du Bureau de l’inspection de l’Éducation nationale britannique (Ofsted), intitulé « Unseen Children » (« Enfants invisibles »), jette à nouveau un pavé dans la mare. Aujourd’hui, et contrairement aux années 80-90, les enfants pauvres des grandes villes, majoritairement issus des minorités ethniques, s’en tirent de mieux en mieux.
Les écoles du grand Londres, de Birmingham, de Manchester ou de Liverpool ne les abandonnent plus à leur sort et les investissements des trente dernières années portent leurs fruits. En revanche, les enfants pauvres des zones rurales et littorales de l’est et du sud-est de l’Angleterre, ceux de la white working class, fréquentant souvent des écoles où dominent les classes bourgeoises, sont sur la touche, avec un personnel enseignant qui semble indifférent.
Michael Wilshaw, directeur de l’Ofsted, les appelle « la minorité invisible des beaux quartiers ». Invisible, car blanche, mais pourtant défavorisée. Il préconise la manière forte : parachuter des « superprofs » dans ces écoles parfois huppées mais délaissant leurs élèves blancs et pauvres. Il a agité la menace d’inspections en rafale.
En janvier, c’est le ministre de l’Enseignement supérieur, David Willetts, qui a tiré la sonnette d’alarme, demandant qu’une discrimination se fasse à l’entrée de l’université en faveur des mâles blancs d’origine modeste et affirmant que ceux-ci ont leur place aux côtés des minorités ethniques et d’autres minorités dites désavantagées.
Faute de statistiques ethniques, il n’aurait pas été possible de réaliser une telle étude en France. A cela, on répondra aussi que le fait de fonder une politique sociale non sur l’origine ethnique mais sur le niveau de pauvreté, évite, ici pour le moment, ce type de disparités.
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Refuser l’euro-balkanisation des nations d’Europe
Depuis plusieurs années, le PRCF, son journal Initiative communiste et sa revue théorique Etincelles, mettent en garde les communistes, les syndicalistes, les patriotes républicains, les véritables internationalistes, contre l’existence et la mise en œuvre méthodique d’un plan européen de l’oligarchie capitaliste visant à asservir et/ou à démanteler les États historiquement constitués, qu’ils soient déjà membres de l’UE ou qu’ils demandent à y adhérer.
Le but de ce plan, dont l’application subit aujourd’hui une sensible accélération, est de constituer un Empire européen du grand capital. Centré sur Berlin (avant-poste : Bruxelles) et largement téléguidé par Washington au moyen de l’OTAN et du FMI, cet Empire dont le nom de code est « Europe fédérale », aurait pour mission d’araser les ultimes obstacles nationaux qui freinent encore la concentration monopoliste et la chasse au profit maximal sur le sous-continent européen.
Bien que l’Axe Washington-Berlin soit le vrai pivot de cette manœuvre giga-impérialiste, la grande bourgeoisie « française » est totalement complice de ce suicide organisé des nations d’Europe, à commencer par celui de la nation française – laquelle fut pourtant à la base du « mouvement des nationalités » qui défia les Empires féodaux dans la foulée de la Révolution française et du Printemps des peuples de 1848.
Nous avons souvent signalé au PRCF le Manifeste patronal typiquement impérialiste et antinational publié par Laurence Parisot et intitulé Besoin d’aire : le MEDEF y exige cyniquement de « nouveaux transferts de souveraineté », la « reconfiguration des territoires » (en fait, la länderisation à l’allemande – ou mieux, l’hol/länderisation – de l’ex- « République française une et indivisible ») et bien entendu, les « États-Unis d’Europe » nommément désignés comme sa « nouvelle patrie » par l’organisation patronale. C’est d’ailleurs ensemble que le 8 octobre 2012 les représentants qualifiés des grandes entreprises allemandes, françaises et italiennes ont fixé la feuille de route institutionnelle de leurs gouvernements respectifs : les vrais maîtres de l’Union européenne y exigent un « bond en avant » vers une « intégration européenne plus poussée » qui déboucherait sur un « nouveau traité » (sous-entendu : constituant) apportant une « Union politique et économique plus étroite » : en clair, les grands patrons d’Allemagne, d’Italie et de France exigent un État fédéral européen dans lequel les États européens forgés par l’histoire – qu’il s’agisse d’États-nations comme la France ou l’Italie, ou d’États plurinationaux comme l’Espagne ou la Belgique – ne seraient plus que des euro-provinces destituées de toute souveraineté politique [2]…
Il s’agit là clairement d’un projet doublement impérialiste puisque,
- dans le cadre des limites de l’UE émerge clairement un nouvel Empire – nommément appelé de ses vœux par D. Strauss-Kahn, quand ce glauque personnage participait encore à la course pour l’Élysée ;
- à l’extérieur des limites de l’UE, les oligarchies européennes travaillent à mettre en place une « Union transatlantique » (figurée en bleu à la Une de Besoin d’aire) fusionnant peu à peu l’UE et l’Amérique du nord avec de claires projections hégémoniques ciblant la Russie, le Proche-Orient, la Chine, la Méditerranée et l’Afrique. En plein cœur de la crise de l’euro, les représentants du CAC 40 « français » et de son équivalent « allemand » avaient d’ailleurs publié un communiqué commun sommant les gouvernements de l’UE d’avancer à marche forcée vers « l’Europe fédérale », quitte à balayer les réticences populaires que venaient d’étayer une série de « non » retentissants lors des référendums français et néerlandais sur la Constitution européenne…
On sait par ailleurs que le cœur de ce projet typiquement impérial serait la mise en place d’une « Françallemagne », voire d’une nouvelle « Carolingie [3] » unissant l’Allemagne et son arrière-cour (Autriche, pays de l’embouchure du Rhin) aux zones « utiles » (pour la production de profit !) à la France et à l’Italie du nord.
A l’arrière-plan de ce projet féodal-capitaliste, il y a la contre-révolution capitaliste qui, sur la base de l’Europe occidentale intégrée à l’OTAN et dans le cadre de la seconde guerre froide antisoviétique (1975/1991), a permis la restauration capitaliste en Europe de l’Est et l’annexion de la RDA à la RFA capitaliste. Dopée par la « réunification », l’Allemagne capitaliste s’est notablement renforcée économiquement, démographiquement et géopolitiquement. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » : la « réunification » allemande a permis la satellisation par la RFA [4] et les USA des Pays baltes ex-soviétiques, la semi-recolonisation de la Pologne et la partition-satellisation de l’ex-Tchécoslovaquie et de l’ex-Yougoslavie (une partie de cette dernière basculant carrément dans la zone mark !) ; le démantèlement ethnique de la République socialiste fédérative de Yougoslavie, qui fut déclenchée par la reconnaissance unilatérale de la Croatie par Helmut Kohl et par le Vatican, fait d’ailleurs figure de banc d’essai de la balkanisation en cours de notre sous-continent…
L’Oncle Sam et l’Allemagne fédérale sont ainsi les grands vainqueurs de la seconde guerre froide qui vit l’implosion sous influence de l’URSS et du camp socialiste ; une implosion applaudie par tous les partis euro-« communistes » et par toute la « gauche » petite-bourgeoise comme un grand « bouleversement démocratique » (!), alors que toute la partie orientale de l’Europe était livrée à la chasse aux sorcières, au négationnisme anticommuniste et antisoviétique, ainsi qu’à la réhabilitation rampante du fascisme et de l’intégrisme religieux !
La mise en œuvre de ce plan féodal-capitaliste subit actuellement une brutale accélération du fait de la crise récurrente de l’euro et de la réponse austéritaire et supranationaliste qui lui est donnée, non seulement par l’oligarchie financière, mais par les forces politiques interpénétrées du Parti Maastrichtien Unique (le PMU bis, composé de la droite libérale, de la « Démocratie » chrétienne et du PS Européen) : le « saut fédéral européen » commande de détruire les États constitués à la fois par le haut (« Europe fédérale » centrée sur Bruxelles et Francfort – en réalité sur Berlin et Washington – provisoirement unis ? -) et par le bas (les euro-régions, les métropoles européennes, les euro-régions transfrontalières).
Notons enfin qu’il est faux, du point de vue des rapports de forces réellement existants, de mettre un trait d’égalité entre les rôles respectifs de l’impérialisme allemand et de l’impérialisme français dans la marche vers l’Europe fédérale. Non pas que les usuriers rapaces de l’impérialisme français méritent la moindre indulgence de la part des progressistes de notre pays [5], mais parce que les rapports de forces géopolitiques résultant de l’implosion contre-révolutionnaire du camp socialiste et de la re-mondialisation du système capitaliste ont « remis en circuit » et fortement relancé les ambitions continentales et planétaires de l’impérialisme allemand ; à l’inverse, la politique néo-gaullienne de l’oligarchie française a été déstabilisée par la disparition de l’URSS, par l’annexion de la RDA, par le recul géopolitique de la Russie et par l’hégémonie planétaire du complexe militaro-industriel états-unien. L’Oncle Sam est désormais délesté du contrepoids politico-militaire de l’URSS (désormais Washington détient 80% de l’arsenal mondial des armes de guerre !) ; celle-ci contenait en effet l’hégémonisme états-unien depuis 1945 en favorisant l’émergence mondiale du Mouvement de Libération national et du Mouvement des non-alignés.
Le gaullisme classique s’est en effet historiquement construit sur un subtil jeu d’équilibre géopolitique entre les deux « superpuissances » (sic) américaine et soviétique. Tout en restant solidement arrimé au camp occidental, De Gaulle [6] s’employait, en effet, à faire valoir la « grandeur » française contre les USA en flirtant avec l’URSS et avec la Chine populaire [7]. Cette forme subtile de bonapartisme international [8] qu’était la politique internationale gaulliste est devenue plus difficile à tenir depuis que les États-Unis et l’OTAN ont pris barre sur toute l’Europe de l’Est et que l’Allemagne capitaliste [9], décomplexée par la mythique « révolution démocratique en RDA », s’est remise à exporter ses troupes d’occupation et/ou ses ventes d’armes, de l’Afrique à la Syrie en passant par les Balkans et par l’Afghanistan. Aujourd’hui, l’armée française – dont la langue de travail officielle est devenue l’anglais ! – s’est muée en une pure force de projection impérialiste sur des théâtres lointains [10] et elle se désintéresse, de fait, de la protection directe du territoire national. Symboliquement, un régiment allemand campe d’ailleurs à deux pas du Struthof de brunâtre mémoire. Militairement, la force de frappe française est sur la table des négociations inter-impérialistes [11], comme l’est implicitement le siège dont dispose historiquement la France au Conseil de sécurité de l’ONU [12] et les enragés de l’effacement euro-atlantique de notre pays pressent les autorités d’abandonner à l’Union européenne ces deux « exceptions françaises » scandaleuses...
Et surtout, la dissymétrie est flagrante entre les positions respectives de la France et de l’Allemagne à l’égard du fait supranational européen. Alors que le Conseil constitutionnel « français » a piteusement proclamé la suprématie des directives européennes et des traités supranationaux sur les lois nationales et sur la constitution française – au point que très officiellement les « Sages » ne vérifient plus que les misérables 20% de lois « nationales » qui ne sont pas des transpositions des directives bruxelloises – la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe a plusieurs fois proclamé, sans que cela émeuve les autorités françaises, la subordination des décisions et des traités européens aux délibérations du Bundestag. Il en va de même en Grande-Bretagne, où l’obéissance aux directives européennes reste tout-à-fait conditionnelle, où les dérogations aux Traités européens sont systématiques et où l’allégeance directe à Washington interdit structurellement toute « indépendance » de l’UE à l’égard du tuteur états-unien où le drapeau de l’UE est totalement ignoré. Même le récent TSCG n’a été accepté par Karlsruhe – la ville où repose le corps de Charlemagne, premier Empereur allemand d’Occident et précurseur du Saint-Empire romain germanique – que du bout des lèvres et avec certaines réserves – alors que ce bon Monsieur Hollande a très « normalement » accepté, sans réserve, ce traité inégal (RFA créditrice, France débitrice, qui décidera du sens de rotation de l’« Axe franco-allemand » ?) qui anéantit à la fois notre souveraineté budgétaire et la possibilité pour notre pays de nationaliser son industrie, de se réindustrialiser et de mener une politique intérieure progressiste…
Bref, la construction supranationale s’opère très officiellement à deux vitesses, y compris au cœur de ce qu’il est convenu d’appeler l’Axe franco-allemand. Car tout en parlant d’Europe fédérale et en réclamant pour autrui un strict cadrage supranational des décisions budgétaires (fédéralisme), l’Allemagne capitaliste dispose unilatéralement d’un droit de veto en Europe, à l’égal de la Grande-Bretagne, ce cheval de Troie européen des États-Unis… Ce n’est pas là une « opinion », c’est un fait juridique des plus constants. Alors pourquoi diantre tout l’arc politique français, du FN aux euro-trotskistes en passant par un certain nombre de « marxistes-léninistes » d’apparat, fait-il pudiquement silence sur cette asymétrie délétère, qui dénote clairement le caractère inégal, foncièrement germano-américain de la « construction » fédérale européenne [13] ? Pourquoi diable ceux qui pointent le fait patent de cette inégalité, sont-ils taxés de « germanophobie », alors qu’ils se contentent de refuser l’inégalité entre les peuples en tant qu’elle signifie forcément l’inégalité entre les gens [14] ? Pourquoi d’ailleurs serait-il « germanophobe » de dénoncer l’arrogant hégémonisme de l’impérialisme allemand, qui a « dikté » sa loi durant toute la crise de l’euro aux peuples grec, italien, irlandais, espagnol et portugais qualifiés de « PIGS », et qui la prescrit aussi désormais au peuple français par commissaires européens interposés, surveillant le débat budgétaire français jusque dans les travées de l’Assemblée « nationale » ? Rappelons aussi que les fondateurs du PRCF – parmi lesquels figure l’auteur de ces lignes – ont toujours été parmi les plus actifs militants de la solidarité internationale franco-allemande au bénéfice des communistes de l’ex-RDA persécutés pour délit d’opinion par les « réunificateurs » [15]. Pourquoi ne pas voir qu’il y a deux Allemagne(s), l’Allemagne progressiste héritière de Kant, Heine, Marx, C. Zetkin, Brecht… et l’Allemagne impérialiste qui ne cache même plus [16] sa volonté politique d’atteindre par d’autres moyens – pour l’instant, ceux de la domination économique, du chantage financier et de l’euro-bidouillage institutionnel – les sinistres objectifs continentaux de domination qui furent ceux des trois premiers « Reich » ?
Pour compléter cette étude de l’hégémonisme allemand, il faudrait bien entendu étudier les différentiels économiques écrasants entre les balances commerciales allemandes et françaises, l’inégalité encore plus marquée (ou « markée » ?) des deux économies dans le domaine industriel – la base réelle de toute puissance politique durable – et surtout, il faudrait analyser de près la farce du libre-échangisme européen et mondial, telle que nous la vend la « Troïka » et ses innombrables zélateurs médiatiques. Nous avançons en effet l’idée que la zone euro, en réalité, la zone euro-mark, est d’abord une zone crypto-protectionniste germano-yankee. Globalement, cette zone monétaire permet en effet aux États-Unis de continuer à écouler leur dollar – monnaie mondiale de référence (essentiellement gagée sur la puissance de l’US Army) – tout en surfant sur le dollar faible pour dynamiser leurs exportations ; parallèlement, l’euro fort permet d’imposer aux pays européens du sud – interdits de « dévaluation compétitive » puisqu’ils ont abandonné leur arme monétaire nationale – les exportations industrielles allemandes libellées en euro fort, ce clone du mark. Libre-échange de l’Empire anglo-saxon vers l’UE et de la RFA vers l’Europe du sud donc, mais protectionnisme caché de la RFA à l’encontre des exportations de l’Europe méridionale : la voilà la réalité de ce libre-échange inégal qu’est en réalité la zone euro, cette sous-continentalisation de la zone mark qui, à l’arrivée, gave l’Europe du sud des produits allemands et américains, tout en interdisant aux « PIGS » d’exporter largement vers l’Allemagne et l’Amérique…
En réalité, dans une telle épure, l’Europe du sud est vouée à la tiers-mondisation et à la sous-industrialisation à perpétuité : que la Grèce, l’Espagne, l’Italie, la Costa Brava se contentent donc à l’avenir de vendre du tourisme et de l’immobilier, voire de céder quelques îles méditerranéennes au Minotaure berlinois quand la balance commerciale hellène, espagnole ou italienne redeviendra à nouveau par trop déficitaire ! De plus ces pays connaissent, de nouveau, une vague d’émigration qui les prive de forces vives, en attendant de former, pour ceux qui restent, une main d’œuvre sous payée, comme le chantage de Renault en Espagne le montre bien.
Quant à la France bourgeoise, elle a scellé son sort industriel quelques décennies plus tôt ; c’est en effet au sortir des grèves de masse à répétition qui eurent lieu en France dans les années 1968/1974, que le « libéral » français V. Giscard d’Estaing et que le social-démocrate allemand Helmut Schmidt se sont partagé les « créneaux » dans la chaotique division capitaliste internationale du travail : effrayée par la puissance socio-politique de la trop frondeuse classe ouvrière française, alors très influencée par le PCF et la CGT (qui étaient sortis renforcés des combats de la Résistance) – l’oligarchie « française » a fait une croix sur sa grande industrie, notamment sur la machine-outil, cette mère de tout développement usinier, qui formait le noyau dur de la grande usine combative de Renault-Billancourt (cerveau et poumon de la grève de masse de mai 1968) ; l’oligarchie monopoliste « française » s’est délibérément spécialisée dans la banque – en réalité dans le prêt usuraire international – dans le transport transeuropéen (autoroutes, TGV, aéroports), dans l’industrie d’armement (avec ses retombées aéronautiques et énergétiques) ainsi que dans le tourisme, pendant que la RFA – où le prolétariat était alors moins remuant [17] – mettait le paquet sur l’industrie et sur la recherche-développement, ces sources durables de la puissance… A l’inverse, de gouvernement de droite en gouvernement de « gauche », c’est à qui, en France, aura le plus sabré les Charbonnages de France, la sidérurgie lorraine, le textile du nord, l’électronique, les Chantiers navals, et maintenant la production automobile et équipementière, sans parler de ces deux autres secteurs productifs méthodiquement démantelés que furent la pêche artisanale et l’agriculture familiale où, là aussi, l’influence « rouge » était loin d’être négligeable, des vignerons de l’Hérault aux pêcheurs du Guilvinec…
Tout en poussant les feux de la Nouvelle-Carolingie (belle « modernité » en vérité !), le « saut fédéraliste » actuel se complète désormais d’une « reconfiguration » à marche forcée des territoires et des rapports de forces inter – faut-il encore dire « intra » ? – nationaux dans les pays extérieurs au Saint-Empire germano-romain en voie de reconstitution. Tout le monde garde en mémoire la manière dont les gouvernements en place en Grèce, au Portugal ou en Italie ont été grossièrement congédiés par la « Troïka ». Sans qu’il soit question une seconde d’idéaliser les reptiles politiques que furent et que restent les Papandréou (Grèce, PS), Socrates (Portugal, PS) et autre Berlusconi (Italie, droite dure), en quoi les actuels gouvernants de ces pays, proconsuls zélés de l’UE et exécutants même pas dissimulés de l’hyper-banque américaine Goldman Sachs (on pense en particulier à Mario Monti, qui appartint à son directoire) sont-ils encore des gouvernements grec, portugais ou italien ? Il s’est agi là, dans des formes manifestement « post-démocratiques », d’un coup d’État européen quasi-permanent [18] ; seuls les aveugles volontaires n’auront pas saisi que la seule valeur absolue servie par l’UE n’était pas la « démocratie », mais le sauvetage à tout prix de la monnaie unique !
Et surtout, l’euro-balkanisation sous influence impériale des États historiquement constitués d’Europe subit actuellement un coup d’accélérateur brutal et généralisé.
La Belgique poursuit un processus d’« évaporation » rapide – que nous avions annoncé parmi les premiers dans un article alors paru dans L’Humanité – sous la pression de la droite patronale dure (la NVA, flanquée du fascisant Vlaams Belang) ; et le gouvernement fédéral belge présidé par le « socialiste francophone » E. Di Rupo est plus empressé à renier la Francophonie internationale qu’à défendre l’intérêt national belge ou qu’à protéger les droits grossièrement bafoués des francophones vivant dans la partie nord du pays. Qui peut croire une seconde que la grande bourgeoisie portuaire d’Anvers puisse pousser les feux de l’indépendance flamande (formelle ou seulement… réelle !) sans avoir reçu l’aval, pour ne pas dire plus, du grand voisin allemand dont Anvers constitue un important débouché maritime à proximité de l’axe rhénan ?
Provisoirement en recul en raison des démêlés judiciaires de son chef de file, l’extrémiste de droite Umberto Bossi, la Lega del Norte continue de caresser l’espoir d’une indépendance – ou d’une autonomie quasi-totale de la « Padania » – c’est-à-dire du Nord de l’Italie désireux de divorcer d’avec le Mezzogiorno pauvre. Berlusconi vient d’ailleurs de signer avec Bossi un accord électoral qui, de l’aveu même du journal Le Monde [19] peut mener à l’éclatement de l’Italie avec des conséquences imprévisibles. Est-il si difficile pour des marxistes de démêler la signification de classe de ce nationalisme-là qui, de la Slovénie à la Tchéquie, de la Flandre belge à l’Alsace, de la « Padanie » milanaise à la Catalogne, du (relativement) riche Pays basque à l’Ecosse pétrolière, est toujours un nationalisme des régions riches visant à se délester des régions pauvres (de la Yougoslavie, de la Tchécoslovaquie, de la Belgique, de la France, de l’Italie, du Royaume-« uni », etc.) de manière à réduire obsessionnellement l’impôt dû par les privilégiés au titre de la « solidarité nationale » ?
C’est l’Espagne qui est présentement sur le trajet direct du « front cyclonique » de l’euro- balkanisation. Confronté à d’intenses luttes de classe (mineurs asturiens, personnels de la santé et de l’Education, pompiers, etc.), les composantes castillane, catalane et basque de la grande bourgeoisie espagnoles jouent une étrange… partition – c’est le cas de le dire : pour reporter sur « Madrid » la responsabilité de la méga-austérité infligée aux habitants de la Catalogne, et pour obtenir la mise en place d’une « union sacrée » euro-austéritaire entre la droite indépendantiste d’A. Mas et la Gauche républicaine catalane (ERC), les autorités de Barcelone prévoient un référendum sur l’indépendance (ou sur l’autodétermination, les contenus restent encore flous) en 2014, si possible au moment même où sera convoqué… le référendum sur la séparation de l’Ecosse et de l’Angleterre auquel D. Cameron vient de donner son feu vert. Comme on le voit, les « coïncidences » dans la désarticulation des Etats constitués relèvent d’une planification mal dissimulée à l’échelle du continent, même s’il est vrai que certaines forces s’inquiètent ici et là d’un processus qui pourrait échapper aux apprentis-sorciers. Néanmoins le cap reste fixé principalement par les « dé-nationaliseurs » et, sous couvert d’aider les « minorités opprimées », un slogan fait le tour du Vieux Continent : « euro-sécessionnistes de toute l’Europe, épaulons-nous » !
Croyant ainsi avoir éradiqué la lutte armée de l’ETA (laquelle se référait au socialisme), la bourgeoisie basque s’apprête à imiter son homologue barcelonaise… et à dire elle aussi bye-bye à « Madrid ». Certains ultra-catalanistes réclament même déjà le « rattachement » de la « Catalogne-Nord », en clair des Pyrénées-Orientales françaises, de même que nombre d’indépendantistes basques du « Pays basque sud » rêvent d’annexer au futur Euzkadi indépendant la partie « basque » des Pyrénées-Atlantiques : bref, si les choses continuent, « il n’y aura plus de Pyrénées » : à l’avantage des travailleurs ou au bénéfice des capitalistes avides de « reconfigurer les territoires » tout en divisant les populations ?
Bien entendu, la grande bourgeoisie madrilène – dans laquelle abondent les nostalgiques du franquisme – pousse des cris d’orfraie ; mais est-elle si fâchée que cela de se poser en championne de l’unité espagnole menacée par les sécessions ? Diviser les travailleurs d’Espagne sur une base linguistique pour pouvoir mieux imposer l’ultra-austérité du fascisant gouvernement Rajoy et des gouvernements provinciaux, tous plus austéritaires les uns que les autres, n’est-ce pas une tactique gagnante pour un patronat espagnol qu’a fait récemment trembler la Marche noire qui vit des milliers de mineurs asturiens envahir Madrid en ravivant les craintes patronales mal éteintes d’une insurrection prolétarienne (et républicaine !)
Bien entendu, les marxistes ne peuvent ignorer que la problématique « décentralisatrice » - en réalité dé-nationalisatrice – ne se pose pas du tout sous les mêmes auspices de part et d’autre des Pyrénées. En Espagne, la centralisation et l’uniformisation linguistique drastique mise en place par le fasciste Franco portait un caractère entièrement réactionnaire et l’on sait que nombre d’autonomistes basques et catalans se sont vaillamment battus du côté républicain (chacun garde en mémoire le Guernica de Picasso). En France au contraire, le processus centralisateur, entrepris dès le 10ème siècle par la Royauté capétienne, était globalement progressiste ; il était porté par l’alliance historique qui a longtemps lié la monarchie capétienne à la bourgeoisie « communaliste » et il visait principalement à limiter le pouvoir régressif des grands feudataires, souvent tentés de s’allier à l’étranger pour brider la monarchie francilienne et agrandir leur propre duché. Appuyée par les Sans-Culotte, la République jacobine de Robespierre a repris l’œuvre centralisatrice entreprise par la monarchie sur de tout autres bases sociales : le but, éminemment progressiste, était d’offrir à tous l’égalité devant la loi, alors que la grande bourgeoisie « girondine » – celle-là même qui mettra en place par la suite le Consulat et l’Empire – eût préféré « fédéraliser » la jeune République pour diviser un peuple français, marginaliser les Sans-culotte parisiens et ancrer localement le pouvoir des notables bourgeois. Notons que cette centralisation républicaine-révolutionnaire s’est avérée parfaitement compatible en son principe avec la dévolution de pouvoirs étendus aux communes, et qu’il est abusif de parler avec dédain de « centralisation jacobine » à propos des mesures ultra-autoritaires mises en place par Napoléon pour stabiliser sa dictature thermidorienne[20].
Bien entendu, il faut considérer avec faveur tout ce que porte de justes revendications à la dignité nationale, l’aspiration légitime des peuples à préserver leur langue historique, voire, dans le cas espagnol, à constituer un Etat confédéral démocratique et multinational (comme le propose par ex. le PC des Peuples d’Espagne). Mais le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, que Lénine n’a pas moins invoqué que Bolivar, Marti ou Garibaldi – doit toujours s’interpréter dans un contexte de classe global et international. Si complémentaires qu’ils soient dans leur concept, l’articulation du patriotisme et de l’internationalisme [21] doit se lire à notre époque dans le contexte géopolitique ultraréactionnaire et impérialiste de la mise en place de l’Union transatlantique, du saut fédéral européen et de l’ « évaporation » [22]-balkanisation des nations d’Europe dont nous venons de montrer à quel point il est déterminant : si paradoxal que ce soit, alors que le mouvement des nationalités du 19ème siècle était autogène et tourné contre les Empires féodaux (russe et autrichien notamment), les mouvements sécessionnistes actuels sont déterminés, voire pilotés et cadrés de manière exogène, et à partir du projet ouvertement impérial d’Europe fédérale, d’Union transatlantique, d’Europe des régions… et d’austérité tous azimuts contre les acquis sociaux.
On pourrait certes imaginer que la possible sécession de l’Ecosse en 2014, peut-être suivie d’un référendum sur l’indépendance du Pays de Galles, peut présenter un caractère partiellement progressiste : après tout, ces peuples celtiques ont été niés par l’Angleterre qui n’a eu de cesse d’arracher leur langue et de noircir leurs héros nationaux, comme le « ténébreux » Macbeth. Après tout, l’émergence d’un « Royaume désuni » au nord du continent pourrait être une bonne nouvelle pour tous ceux qui veulent combattre le tout-anglais mondial, réunifier l’Irlande sur des bases républicaines, réhabiliter le gaélique et revitaliser la noble culture celte ! Il n’est jamais exclu, comme l’a montré Lénine dans son analyse de la Première Guerre mondiale, que des éléments politiques minoritairement progressistes soient enchâssés dans des processus globalement réactionnaires (et vice-versa, d’ailleurs !). Mais là encore, les internationalistes doivent d’abord analyser les dynamiques politiques à l’échelle globale en cherchant leur signification de classe principale ; car, comme l’enseigne la science linguistique, un « joli mot » isolé n’a jamais de sens qu’en fonction du contexte global de la phrase dans laquelle il est placé…
D’abord, le tout-anglais est bien moins porté par le Royaume-Uni comme tel que par les États-Unis d’Amérique (il s’agit en réalité d’un tout-américain) et par leurs vassaux des pays européens eux-mêmes, qui se moquent bien de Shakespeare et qui veulent surtout disposer d’une novlangue unique pour « fluidifier » le futur marché unique mondial, d’un code linguistique idéologiquement aseptisé permettant de dominer les esprits et d’une « langue de classe » permettant à la nouvelle oligarchie euro-mondialisée de se distinguer du bas peuple. A l’heure où j’écris ces lignes j’ai sous les yeux le projet de « jeunes décideurs » européens qui proposent carrément que l’anglais devienne la seconde langue officielle (en réalité, la première !) de chacune des « nations » d’Europe… En réalité, les « sécessions » prévues à la chaîne pour 2013/2015 s’effectueront dans une UE qui est en passe d’adopter officiellement le tout-anglais comme la seule langue véhiculaire de l’Union, laquelle se conçoit elle-même comme le pilier européen de l’Union transatlantique centrée sur Washington : dans ce contexte, la défense du gaélique, du catalan ou du corse risque fort d’être un pur prétexte ! Il serait très risqué de parier qu’une future Écosse indépendante, fût-elle sympathiquement dirigée par des travaillistes formellement anti-thatchériens, imposera réellement le gaélique dans les échanges commerciaux et les entreprises pétrolières...
Enfin et surtout, répétons-le, en Écosse, comme en Catalogne, au Pays basque comme en « Padanie », en Flandre comme en Savoie ou dans le riche « Comté de Nice » (où l’oligarchie semi-mafieuse garde en réserve la carte indépendantiste actuellement marginale), ce sont toujours les riches qui veulent « claquer la porte, ce sont toujours les gavés et les repus qui refusent de payer l’impôt pour les « assistés » des régions prolétariennes et paysannes qu’ils ont précédemment exploitées jusqu’à la corde (régions désindustrialisées d’Angleterre, Nord-Pas-de-Calais, Andalousie, etc.). Et toujours, ces bourgeoisies séparatistes veulent sortir des États nationaux ou multinationaux historiquement constitués, non pas pour sortir de l’UE réactionnaire, mais pour s’ériger en « régions d’Europe » (c’est le thème du référendum prévu en Alsace pour février 2013). Quant aux « républicains » bourgeois catalans, ils viennent clairement, en échange du référendum sur l’autodétermination, d’accepter une série de hausses d’impôts que mettra en application le gouvernement de droite d’Artur Mas. Qu’auront à gagner à cette union sacrée entre la droite patronale et la « gauche » indépendantiste les travailleurs catalans et castillans de Barcelone, sinon des divisions supplémentaires et des difficultés plus grandes encore pour s’unir à leurs frères de classe du reste de l’Espagne pour combattre la misère, l’injustice et les inégalités galopantes ?
L’ultime signification de classe de cette évaporation-balkanisation organisée des nations est bien, en résumé, que les euro-régions riches – y compris le futur « domaine royal » francilien que le ternissime « socialiste » Huchon 1er désire proclamer à… Paris [23] – veulent se délester du « boulet » que constituent, dans la conquête de « nouvelles aires », les régions pauvres de leur État-nation d’origine, pour jouer EN SOLO, ou en association avec d’autres régions riches, leur carte égoïste dans la chasse euro-mondialisée au profit maximal. Peut-on concevoir projet de classe plus égoïste, plus rétrograde, moins patriotique, moins internationaliste, moins humaniste et solidaire, plus impérialiste en un mot ?
En 1914, Lénine concédait volontiers que la lutte nationale du peuple serbe, qui fut un des déclencheurs – ou plutôt un des prétextes – de la 1ère guerre mondiale, portait un caractère national progressiste face à l’Empire autrichien. Mais Lénine n’en montrait pas moins que cette dimension patriotique et anti-impérialiste légitime était SECONDE à l’échelle mondiale et dans le cadre d’une période historique donnée – celle de la montée des impérialismes mondiaux – comparée au caractère globalement impérialiste du premier conflit mondial. De même les soldats français qui allaient mourir pour rendre Strasbourg à la « mère-patrie » étaient-ils abusés par la propagande impérialiste (« on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », écrivait Anatole France, l’un des premiers intellectuels à rallier le tout jeune PCF) : car le but principal de la première Guerre mondiale était bien le repartage impérialiste-colonialiste du monde et non l’affranchissement de l’Alsace ou l’émancipation des Serbes du joug autrichien ! Or aujourd’hui, est-il progressiste ou réactionnaire de voir la banderole de tête de la manifestation indépendantiste catalane de l’automne 2012 proclamer – en anglais ! – « Catalunya, the next nation in Europe » ? Même si des centaines de milliers de « petites gens » abusées portent ces banderoles au lieu de mener la lutte aux côtés de leurs frères de classe hispanophones contre les capitalistes catalans et castillans, qui ne voit que c’est la bourgeoise qui, principalement, mène le bal indépendantiste et qui, au moment où il faudrait crier España fuera del euro y la UE !, crient au contraire « Catalunya out of Spain and into the EU ! ».
Quant à la France, la décomposition nationale s’y accélère également : en février 2013 devrait avoir lieu un référendum portant sur la fusion des trois collectivités territoriales alsaciennes et instituant une région d’Europe tournée vers l’espace germano-suisse et ébréchant sérieusement le principe de la République une et indivisible… A qui le tour ensuite et pour le bénéfice de quels secteurs de la population française ?
Par ailleurs, l’Acte III de la décentralisation porté par F. Hollande est déjà dans les tuyaux législatifs : il devrait accorder aux régions, et plus encore aux « métropoles », la réalité du pouvoir politique en matière de développement économique et de subventionnement patronal, avec un « pouvoir réglementaire » leur permettant de moduler la loi nationale et de négocier directement avec Bruxelles. Le MEDEF disposerait alors de leviers institutionnels décisifs pour démolir les statuts nationaux, les conventions collectives, le SMIG, le droit du travail national, et pour mettre en concurrence les territoires « français » : ce sera très vite à qui, « président de région » (sic) ou de « métropole », accordera les plus grosses subventions au patronat pour l’attirer sur son « territoire », à qui offrira aux « entrepreneurs européens » le cadre salarial le plus minimaliste, à qui privatisera au maximum les services publics d’État et de territoire, à qui contournera le plus la loi laïque de 1905, etc. Bonjour aux délocalisations internes à l’hexagone et à la ronde des entreprises dans le cadre de feu le territoire national, bienvenue aux « compétences » scolaires et à l’ « apprentissage pour tous » exigés par le patronat sur le modèle anglo-saxon, exit le bac et les diplômes nationaux, welcome au détricotage des syndicats nationaux et à la recomposition du mouvement ouvrier « français » sur des bases ethnolinguistiques… Et bienvenue à la compétence linguistique dévolue aux euro-régions, donc au désétablissement de la langue française, déjà si malmené bien que la langue nationale jouisse encore en France du statut de « langue de la République » de par l’article II de la Constitution...
Car déjà le président du conseil régional corse, Dominique Bucchini [24] demande que la France ratifie la Charte européenne des langues minoritaires et régionales. Un texte dangereux qui dévalue l’idée même de langue nationale, qui « ethnicise » le territoire national au lieu de considérer les langues régionales comme un patrimoine culturel de toute la nation et d’offrir à ces langues, basque, breton, occitan, corse, catalan, alsacien, etc. – mais aussi, pourquoi pas, aux langues de l’immigration de travail [25] – les moyens budgétaires de leur diffusion par l’Education nationale. Qui ne voit que le but réellement poursuivi par l’oligarchie (et pas seulement en France !) est d’utiliser le prétexte de la régionalisation linguistique pour dés-officialiser le français et pour officialiser l’anglais (que peut bien être une langue européenne minoritaire et non régionale dans la France actuelle ?). Pendant que le béarnais, le français et le basque se disputeront la Navarre historique, le vorace Raminaglobish promu par l’UE ne fera qu’une bouchée des trois langues « indigènes » de ladite Navarre, et le business-English deviendra très vite la langue officielle bis [26] de notre pays – et plus vite encore, au rythme où vont les choses, celle de plusieurs pays voisins, où la résistance linguistique est inexistante. A marché unique et à monnaie unique, langue unique, culture unique, pensée unique, économie unique et politique unique, le tout sous les auspices mensongers de la « diversité linguistique » et de l’ « ouverture culturelle »…Déjà en octobre dernier l’ensemble des associations de défense de la langue française avait lancé ensemble une Alerte rouge sur la francophonie en constatant combien le tout-anglais patronal progressait en France et en Europe, combien la Francophonie internationale était délaissée par la France officielle, mais aussi en réalité, par la Wallonie, par la Suisse romande et même, à un moindre degré, par les élites capitalistes de plus en plus anglophiles du Québec ![27]
Le tableau serait incomplet si l’on n’y ajoutait pas la mise en place insidieuse de régions transfrontalières – dont le prototype est l’euro-région mise en place par Martine Aubry avec le regroupement du Nord-Pas-de-Calais, du Kent et de la Flandre belge sur la base d’une anglicisation à outrance de Lille, de Lens et du Littoral français. D’un côté on feint de s’étrangler d’indignation quand B. Arnault, J. Hallyday, G. Depardieu – ces ‘bons Français’ friqués qui ont tous soutenu Sarkozy – répudient leur nationalité pour payer moins d’impôts : mais qui, sinon MM. Hollandréou et Zapat-Ayrault travaille avec acharnement, après Sarkozy, à effacer les limites internes et externes de l’hexagone ? Les mêmes qui veulent fermer les frontières aux étrangers pauvres et qui traquent les sans-papiers surexploités du bâtiment, de la restauration et du maraichage, les mêmes qui, comme Manuel Valls, « reconduisent à la frontière » des milliers de prolétaires étrangers NON-EUROPEENS (ni « blancos » ni « white », en clair : africains) sont les premiers à diluer les frontières d’Etat dès lors que cela satisfait au « besoin d’aire » du MEDEF. Lequel importe dans les pires conditions des centaines de milliers de travailleurs des pays de l’Est, et masque aux « intellectuels », dénués d’esprit critique, cette idée dialectique fort simple que la frontière, selon la manière dont elle est conçue, peut à la fois être la limite qui me définit et la membrane vive par laquelle j’échange de manière équilibrée avec tout ce qui n’est pas moi !
En dépiautant de manière aussi acharnée l’Etat-nation et la langue de la francophonie, l’oligarchie hexagonale – nous ne pouvons ni ne devons plus dire « française » - est fidèle à la honteuse tradition de trahison nationale des grands privilégiés de France, de l’Evêque « français » Cauchon condamnant Jeanne d’Arc au bûcher à P. Pétain kollaborant avec Hitler, en passant par les Emigrés de Koblenz ralliant les armées autrichiennes pour étouffer la Révolution, sans oublier A. Thiers, le « nabot sanglant » qui appela Bismarck à la rescousse pour l’aider à écraser les Communards défenseurs de Paris.
Aujourd’hui, parce qu’il a « besoin d’aire » pour projeter ses prédations sur toute la planète, pour préserver ses lambeaux de domination sur l’Afrique et la Méditerranée, pour gagner sa « place au soleil de la mondialisation » et disputer ses surprofits monopolistes et néocoloniaux[28] à ses concurrents de la mondialisation capitaliste, parce qu’il veut obtenir de l’impérialisme allemand, son frère-ennemi traditionnel, un appui décisif pour reprendre à la classe ouvrière de France les acquis lâchés par les patrons en 36, 45 et 68, l’impérialisme français démonte pas à pas la France républicaine, y compris l’héritage des Lumières et de la Révolution bourgeoise de 1789/94. Réitérant le « choix de la défaite » et de la Kollaboration qui fut celui du Comité des Forges patronal en 1940, les maîtres du CAC 40 croient le moment venu d’araser les conquêtes populaires obtenues dans l’« étouffant » et si « ringard » cadre national : Sécu, régimes de retraite, mais aussi laïcité, indivisibilité de la République, existence de 37 000 communes parfois indociles aux désirs des monopoles et plus généralement, cette culture millénaire de la Gabaude, de la Jacquerie, de la Fronde et de la Révolution que symbolise la Liberté guidant le peuple de Delacroix. Quelle aubaine si, à la faveur d’une évaporation en douceur de la nation, les maîtres du capital pouvaient reléguer au musée le drapeau tricolore, encore vibrant de Ça ira ! et d’appels aux armes citoyennes, ainsi que le drapeau rouge brandi en 1792 en Place de Grève, afin de leur substituer le drapeau de l’UE avec ses douze étoiles apostoliques rayonnant sur fond bleu-marial ! Et quelle aubaine pour le MEDEF si, demain, les euro-régions de la Dé-France hyper-décentralisée se font concurrence pour « attirer l’emploi », impulser le moins-disant social et désosser les marchés national et local qui permettent encore l’existence de PME échappant encore à l’emprise des donneurs d’ordres des monopoles capitalistes !
Communistes héritiers des Francs-Tireurs et Partisans de France et des FTP-MOI, syndicalistes ouvriers, enseignants, étudiants, paysans, gaullistes sincères attachés à l’indépendance du pays, républicains laïques fidèles à l’universalisme révolutionnaire, socialistes héritiers du patriotisme internationaliste et anti-impérialiste de Jean Jaurès, pouvons-nous assister sans nous insurger – car à quoi bon « s’indigner » si l’on n’est pas près à tout donner pour son peuple – à l’évaporation sous influence des acquis sociaux, des conquêtes démocratiques et des nations souveraines qui ont coûté à nos peuples d’innombrables sacrifices héroïques ?
D’autant qu’il faut s’y attendre : quand le grand dépiautage européen aboutira à l’effacement doucereux ou brutal des frontières d’Etat au sein du futur Quatrième Reich en gestation, qui peut croire, contre-exemple yougoslave à l’appui, que ce monstrueux redécoupage digne du Traité de Vienne, Maastricht faisant écho à Metternich, pourra s’accomplir sans que le sang des peuples d’Europe ne finisse par couler ? Que chacun regarde une carte de l’Europe, qu’il avise la position géographique centrale de l’hexagone au cœur de l’explosif puzzle-monopoly actuel, et il comprendra qu’il faut éteindre l’incendie MAINTENANT, avant que l’« Europe de la paix » qu’on inculque aux enfants de la maternelle à l’Université, n’ait montré son visage barbare !Georges Gastaud http://www.voxnr.com
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BCE-FMI-UE : la troïka censée sauver l’Europe de la crise a-t-elle organisé un énorme hold-up des contribuables ?
La BCE, le FMI et l'Union européenne, que l'on appelle la troïka, ont refusé une restructuration immédiate de la dette grecque dès le début de la crise. Résultat de cette décision : ce sont les contribuables européens qui ont payé la facture.
Atlantico : Après l'adoption de plusieurs plans de sauvetage pour les pays en difficulté, notamment la Grèce, la Troïka (le FMI, la Commission européenne et la BCE) est sous le feu de nombreuses critiques. Parmi celles-ci : ne pas avoir accepté une restructuration immédiate de la dette grecque afin que les détenteurs de dettes grecques puissent transférer ces "actifs", et donc le risque, vers les Etats européens, et donc les contribuables. L’action de la Troïka dans la crise a-t-elle consisté à faire peser le coût des mécanismes de sauvetage sur les contribuables européens ?
François Lenglet : Il y a eu effectivement un transfert du risque des banques vers les contribuables de façon spectaculaire. Les banques ont fait plus ou moins faillite et se sont retrouvées dans des situations d'illiquidité. Par conséquent, le coût fut transféré sur le bilan des Etats, et donc sur celui des contribuables, avant de le déplacer de nouveau dans le bilan des banques centrales (au pouvoir financier en théorie illimité puisqu'elles sont à l'origine de l'émission de monnaie, NDLR) comme ce fut davantage le cas dans les pays anglo-saxons. Avec toutes les techniques de monétisation de la dette, nous allons dorénavant vers une diminution de la charge pesant sur les contribuables pour la reporter sur les épargnants. Les banques ont certes effacé pour 107 milliards de dette grecque début 2012, mais elles les avaient déjà transférés vers des détenteurs publics ou parapublics, même si ces opérations furent réalisées à perte pour elles.
De manière générale, tout l'effort de redressement de l'Europe a été essentiellement concentré sur les contribuables. La Troïka, qui comprend le Fonds monétaire international, dirigé à l'époque par Dominique Strauss-Kahn, avait dès le début conçu un plan absurde en soi : la charge à la solde du contribuable était tout simplement trop élevée. Il y a eu dans un premier temps un véritable déni du problème. Nous nous sommes alors rapidement rendus compte que ce n'était pas tenable.
La morale de l’Histoire est que les dettes excessives ne sont jamais remboursées. Résultat, petit à petit, nous avons commencé à alléger la dette grecque non plus en ne faisant payer que les contribuables, mais également les détenteurs de capital en imposant un "haircut", une restructuration de la dette, comme ce fut le cas dans les pays d'Amérique du Sud dans les années 1980. Ce qui a été fait pour la Grèce, et en partie pour l'Irlande où la durée de remboursement a été allongée, sera de nouveau décidé pour l'Italie, l'Espagne ou le Portugal. Ces pays se trouveront bientôt dans l'impossibilité complète de faire face à leurs engagements, ces derniers étant beaucoup trop lourds au regard de leur compétitivité et autres perspectives de croissance. Les calendriers de retour à 3% de déficit ont été détendus, ce qui est une façon de reconnaître que les contribuables ne peuvent en supporter davantage.
Olivier Demeulenaere : Oui, ce fut un hold-up par lâcheté. L’Europe n’a pas eu le courage de trancher immédiatement. Il aurait fallu restructurer dès le début de la “crise grecque”, en 2010 et non en 2012 où il était déjà trop tard. Un défaut de paiement de la Grèce, accompagné d’une sortie de l’euro et d’une dévaluation, aurait certes été dommageable pour les banques allemandes et françaises, mais une action concertée de la BCE et des Etats à ce moment-là aurait pu leur sauver la mise et éviter un krach du système financier. Au lieu de cela, on a socialisé la dette en refilant le mistigri aux Etats, c’est-à-dire aux contribuables. C’était reculer pour mieux sauter : ces prêts des Etats furent en réalité des dons, puisque la Grèce était incapable de rembourser. Pire encore, on lui a enfoncé la tête sous l’eau en exigeant d’elle, en contrepartie de l’aide européenne, des mesures drastiques qui ont eu pour effet de plomber son activité économique et d’accentuer la casse sociale. Le bilan est catastrophique : tout le monde a plongé.
Cette succession d’erreurs s’explique plus profondément par une raison politique, pour ne pas dire idéologique : Il fallait à tout prix sauver l’euro, ce dogme absurde, cette religion imposée aux peuples par les élites fédéralistes.
Cependant, laisser la Grèce faire faillite, et mettre les banques qui en détenaient des actifs en difficulté, aurait-il davantage touché les citoyens européens par l'aggravation de la crise que cela aurait causé - surtout au regard des conséquences de la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008 ?
François Lenglet : Pour faire simple, nous acceptons aujourd'hui les solutions que nous avons refusé hier. Il n'est pas certain que le coût en termes de "déstabilisation de l'Europe" et d’"aggravation de la crise" aurait été plus fort s'il y avait eu une restructuration de la dette grecque dès le début de la crise. La bonne solution aurait même été de sortir la Grèce de l'euro. Soyons honnêtes : ce qui est inévitable finira de toute façon par se produire. Avec son niveau de compétitivité, il n'y a aucun avenir pour la péninsule hellénique en zone euro. Elle ne pourra jamais rétablir sa situation sans retrouver la liberté de son taux de change, sans quoi nous tuerons ce pays auquel cas il faudra lui envoyer des milliards d'euros d'aide annuels tout comme Paris aide la Lozère ou la Corrèze.
Maintenir une situation économique intenable uniquement pour le symbole est aberrant : il est aberrant que la Grèce soit encore dans la zone euro au même titre qu'il est aberrant qu'elle y soit tout simplement entrée. D'autres pays d'Europe du Sud auraient d'ailleurs eux aussi tout intérêt à sortir sans quoi nous alourdissons sans cesse le coût de la crise. Un coût à la charge des contribuables.
Ainsi, pour éviter le risque de panique généralisée suite à la sortie d'un pays, il faudrait parallèlement renforcer les liens entre les autres économies restantes. Il faut donc à la fois redéfinir la zone euro et intégrer de façon plus profonde, durable et solide les autres pays membres.
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