http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=a_naD9zTYxY
Europe et Union européenne - Page 990
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Pierre Hillard - Autour de l'actualité
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Irlande : plus de 35 000 marcheurs contre l’avortement
Plus de 35 000 personnes ont manifesté samedi à Dublin contre la légalisation de l’avortement, rapporte Associated Press. La presse indienne, elle, parle de « plus de 60 000 » marcheurs (chiffre des organisateurs). Pas mal pour une île qui compte 6,5 millions d’habitants !
De nombreuses pancartes disaient « Tuez le projet de loi ! Pas l’enfant » tandis qu’une majorité de participants ne cachaient pas leur foi chrétienne. La manifestation s’est achevée devant le Parlement où doit être votée cette semaine la « Protection of Life During Pregnancy Bill » qui permettra l’avortement en cas de danger pour la vie de la mère, en réaction au décès en couche d’une dentiste indienne l’année dernière. En pratique, l’exemple espagnol a montré qu’une telle autorisation amène à autoriser l’avortement dans tous les cas. Le projet de loi irlandais permet d’ailleurs l’avortement si la femme menace de se suicider et si un obstétricien et deux psychiatres jugent à l’unanimité qu’il ne s’agit pas d’une simulation. On imagine aisément les abus que ne manqueront pas d’entraîner cette mesure parfaitement hypocrite… Les manifestants « pro-vie » ont réclamé samedi la tenue d’un référendum, comme en 1986, scandant « Votons ! »
NdF
http://www.actionfrancaise.net -
Elections municipales et européennes de 2014 : la branlée qu'on va leur mettre...
( L'ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement Fillon s'est inquiété des élections européennes de juin 2014, où les partis anti-européens «vont faire campagne de manière virulente» et pourraient faire un bon score. « Aujourd'hui, l'Europe est menacée de dislocation et pour moi c'est un enjeu essentiel », a-t-il dit, en estimant qu'il fallait «absolument se mobiliser» )(1).
Et bien sur, l'ancien premier ministre, au demeurant intellectuellement brillant, de ne pas se tromper.
A moins d'un an des échéances électorales, on peut déjà dresser un tableau de la situation telle qu'elle se présente aujourd'hui, mais aussi en extrapolant la conjoncture actuelle, en déduire ce que sera demain.
Tour d'horizon
L'extrême gauche : alors qu'elle avait le vent en poupe en 2002, ce au point d'obtenir 10% des suffrages lors du premier tour des élections présidentielles, elle a aujourd'hui presque disparu. Pourtant, ces marxistes de vocation, sont dans une situation optimale puisque justement le capitalisme est en crise. Paradoxalement, ils ont donc disparu des écrans radars et ce pour plusieurs raisons: la fin de la personnalisation du vote extrême gauche qui passait principalement par la sympathie naturelle qu'enfantaient les personnalités originales de Besancenot et Laguiller sont la conséquence de la disparition de ces deux acteurs politiques majeurs voici une dizaine d'années. On peut aussi ajouter à des fins d'explication de la quasi disparition de l'extrême gauche, la bêtise proverbiale des militants, par trop férus d'idéologie, ce qui répugne aux Français soucieux de résultats concrets. Lorsque à l'époque, la Lcr avait le vent en poupe, se transformant en Npa, ils furent nombreux et de bonne foi à le rejoindre, espérant la naissance d'un monde meilleur. Décontenancés par les discussions idéologiques et stériles des anciens de la Lcr, ils partirent...
La vraie gauche : Melenchon, qu'on l'aime ou pas, la représente. L'ancrage à gauche, avec toutes les caricatures idéologiques que cela présuppose, est ici marqué. Le problème du front de gauche, c'est qu'il repose uniquement sur la personnalité de son chef qui apparaît, malheureusement pour lui même s'il a sa part de responsabilité, comme fantasque aux yeux des Français. Plus grave, les études de sociologie politique montre que son électorat n'est nullement populaire alors que c'est justement celui-ci qui était de prime abord visé. Cela ne signifie nullement qu'il faille voir l'avenir de la structure en noir. Il faudra bien que l'électorat qui a porté François Hollande au pouvoir, suite aux désillusions qu'il est en train de connaître, se trouve une nouvelle auberge. Il ne faut pas sous-estimer un fait essentiel: bien des électeurs de gauche préfèrent voter pour le Front National plutôt que pour l'Ump. De même, et c'est évidemment encore plus flagrant, bien des électeurs Ump préfèrent voter pour le Front National plutôt que pour la gauche. Le Front National recueille ici les bénéfices de son refus de choisir entre droite et gauche, se déclarant français. Alors, cet électorat hollandiste, logiquement déçu ira ailleurs, dont une partie vers le front de gauche. C'est ainsi que François Hollande va être atteint du syndrome Jospin: à faire une politique considérée comme pas assez à gauche, son électorat va se déporter vers le front de gauche, les écolos et l'extrême gauche. L'idée que François Hollande, de nouveau candidat en 2017 puisse être absent du second tour est à prendre en considération.
« Nos amis les bêtes » : Parce que bêtes ils le sont vraiment... La candidature et la campagne d'Eva Joly sont ici éclairantes. Ce qu'eurent du faire les écologistes, c'est prôner le courant environnementaliste qui n'est ni de droite et de gauche, et ainsi ratisser très large. A titre d'exemple, c'est Nicolas Hulot qui eut du être choisi en 2012, parce que personnage humainement aimé par les Français, qui eut alors réalisé très probablement un bon score. Las, ce sont les idéologues qui ont triomphé, assez facilement d'ailleurs, idéologues dont les Français ne veulent justement plus, ce, quelle que soit leur tendance. A moins donc, d'une prise réelle de conscience, les écolos vont dans l'avenir végéter.
Le centre : il représente, et c'est là une constante en France, environ 15% de l'électorat. On comprend donc très bien pourquoi que depuis le début de la cinquième république, aucun candidat centriste n'ait été élu à la présidentielle. Comme de surcroît, il se partage désormais entre deux hommes, Bayrou et Borloo, l'avenir est assez sombre pour eux. Pour autant, l'élection européenne est pour eux majeure, européistes qu'ils sont. Encore faudrait-il savoir combien de listes seront constituées, ce que nous ne savons toujours pas à ce jour. Bayrou ne recueille nullement les bénéfices de son positionnement atypique préférant le Ps à l'Ump, démocrate chrétien d'origine qu'il est: je crains pour lui qu'il ne soit désormais politiquement fini, ne serait-ce qu'en raison de son trop important nombre de candidatures, vieux qu'il apparaît donc aujourd'hui...
L'Ump : elle n'est à l'évidence pas en joie actuellement. Les difficultés qu'elle connaît, aussi bien en matière de recrutement de candidats que de d'équilibre financier, sont à ce titre emblématiques. Le désamour des militants parisiens, ne renouvelant pas leur adhésion, aussi. La guerre entre Fillon et Copé semble avoir disqualifié les deux hommes, Sarkozy et Nkm tirant les marrons du feu. Et le choix viscéralement européen de l'Ump, comme du centre d'ailleurs, ne va pas les gratifier aux yeux des Français, de plus en plus opposés à Bruxelles, la dernière déclaration provocatrice de Barroso ne les ayant pas aidé.
Le Front : parti de 10% en 1984, il a désormais franchi la barre, à l'échelle nationale, des 20%. Par voie de conséquence, sa présence au second tour est désormais, bien davantage qu'une simple probabilité. Les derniers scrutins le montrent d'ailleurs. Le slogan de Coluche, « un pour tous, tous pourris » fait maintenant des ravages, de plus en plus de Français l'ayant adopté. A force de voir alterner des gouvernements de droite et de gauche pratiquant la même politique, les Français sont écoeurés. Et fatalement, le Front National, tant insulté et diffamé par la gauche comme par la droite, se trouve aujourd'hui de facto valorisé par réaction. A titre d'exemple la dernière élection de Villeneuve-sur-Lot est assez révélatrice. Les voix qui se sont reportées au second tour sur le candidat du Front National sont issues aussi bien des terroirs de droite et de gauche. Là encore, la stratégie «ni droite, ni gauche» du Front paie. Au sujet des européennes à venir par exemple, ils ne sont vraiment pas nombreux les partis à être viscéralement anti-européens et il y a matière à en déduire puisqu'il s'agit d'Europe, que le Front devienne la bouée de secours et le refuge de tous les eurosceptiques. Au sujet des municipales, le sujet est plus complexe, au motif des deux tours qui implique un report des voix. Si l'idée du splendide isolement est théoriquement séduisante, elle risque de différer la victoire du Front National, dont il faut bien admettre au motif de la situation catastrophique dans laquelle se trouve notre pays – les problèmes majeurs sont en plus devant nous – qu'elle est désormais vitale pour notre pays. À titre d'exemple, le Front pourrait de facto sanctionner les candidats de droite comme de gauche, qui ont fait preuve d'une haine marquante à son encontre. À titre d'exemple, Nkm candidate à Paris, qui par haine du Front National, n'a pas hésité à commettre un livre, mensonger d'ailleurs, se doit à mon avis, d'être sanctionnée. Réciproquement, des alliances locales ponctuelles peuvent être nouées dans le cadre d'un second tour, aussi bien avec des candidats de gauche que de droite, à condition que ceux-ci aient fait preuve de respect envers le Front National et qu'ils aient de la gestion des villes une approche positive. D'ailleurs, ces alliances locales ponctuelles, dans la mesure où elles s'opéreront avec droite et gauche, renforceront chez les Français que le Front est honnête quant à son refus de la bipolarisation. Quant au candidats battus en raison du positionnement du Front, ils comprendront très vite la leçon.
L'essentiel n'est-il pas que cela soit la France qui gagne ?
Alain Rebours http://www.voxnr.com
notes :
(1) http://www.20minutes.fr/politique/1183589-20130703-juppe-candidat-ump-a-presidentielle-on-verra#xtor=EPR-182-[welcomemedia]--[article_politique]-- -
NSA, Snowden, Assange…: cette « lâcheté visqueuse » de l’UE
Explication de vote de Bruno Gollnisch ayant trait à la résolution sur le programme de surveillance de la NSA (4 juillet 2013)
J’entends mes collègues, M. Hanan, M. Tannock et d’autres, dire que tout cela n’est pas très grave parce que tous les pays, finalement, s’espionnent les uns les autres. Oui mes chers collègues. Mais le problème, c’est que tous les pays résistent.
Si cela se passait sur le territoire américain, quand cela se passe sur le territoire russe, nous avons une réaction sérieuse de la part des Russes et des Américains. Nous n‘avons pas cette espèce de lâcheté visqueuse que nous rencontrons aujourd’hui de la part des européens.
L’attitude, hier, du gouvernement du Portugal, de l’Italie et de la France est véritablement déshonorante. Ce Parlement, qui ne cesse de parler d’asile politique devrait évidemment en priorité l’accorder à Julian Assange et à Edward Snowden qui ont été dans cette affaire nos utiles informateurs.
Au lieu de cela, l’un est pratiquement reclus prisonnier, sous une menace d’extradition absurde, dans l’ambassade de l’Equateur à Londres. L’autre est toujours en transit à Moscou.
Véritablement, les gouvernements européens, par leur faiblesse, par leur lâcheté, et ce Parlement aussi, se sont déshonorés dans cette affaire.
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Persécution politique des opposants à l'avortement au Fine Gael en Irlande
Au lendemain du premier vote très favorable (138 voix contre 24 dans la chambre basse) à la loi mettant fin au principe de l’interdiction de l’avortement en Irlande – et même dans les 24 heures – quatre membres du parti au pouvoir, Fine Gael, ont été aussitôt exclus de leur mouvement pour avoir osé refuser de soutenir cette loi de mort.Terence Flanagan, Peter Matthews, Billy Timmins et Brian Walsh ont été radiés sans préavis jeudi et aussitôt leurs fiches de contact ont été effacés du site du parti, comme s’ils avaient commis un crime abominable méritant une forme de mort civile. Ils ont également été invités à libérer leurs bureaux, et le Fine Gael a fait savoir que lors de la prochaine élection générale, ils ne seront plus investis. On trouvera, pour les remplacer, des candidats mieux soumis à la culture de mort.Le Premier ministre Enda Kenny (Fine Gael), malgré les pression de membres sans portefeuille, avait clairement refusé à ses troupes la liberté de vote sur le texte qui autorise l’avortement pendant les neuf mois de grossesse en cas de « danger pour la vie de la mère » (un concept paradoxal en Irlande, où malgré – ou à cause de – l’interdiction de l’avortement on peut se vanter d’avoir le plus bas taux de mortalité maternelle au monde !), y compris lorsque la femme enceinte menace de se suicider si elle n’y a pas accès.Les quatre élus récalcitrants avaient été dûment avertis qu’ils perdraient le soutien et l’accès aux infrastructures du parti si jamais ils osaient quand même voter contre l’avortement. Mais ils ont tenu bon. Ils n’ont jamais fait mystère de leur intention de voter « non ».Leur courage paraît d’autant plus grand lorsqu’on voit de quelle manière leur carrière politique a été brisée, immédiatement et sans appel.Niamh Uí Bhriain, du Life Institute irlandais, souligne à quel point le Fine Gael et son Premier ministre se comportent de manière « autocratique » et « arrogante » – car le choix des candidats dans les circonscriptions n’appartient pas aux chefs du parti, mais à ses membres locaux. Elle estime qu’il s’agit d’une manœuvre d’intimidation pour empêcher d’autres membres de l’assemblée irlandaise de faire preuve d’autant de respect de leurs propres principes.On peut regretter d’avoir à se battre aujourd’hui sur le terrain de l’objection de conscience. Mais l’affaire devient de plus en plus urgente pour empêcher que la persécution active des défenseurs de la vie et de la famille ne devienne de plus en plus généralisée. -
Nigel Farage détruire l'Union d'État Barroso
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Les charmes de la diversité culturelle…
Le commissaire européen Michel Barnier a déclaré récemment sur LCI : « Quand on défend la diversité culturelle, [...] on est dans un combat d’avenir. » Corollaire : quand on critique la diversité culturelle, on est dans un combat du passé. Cela s’appelle la dialectique…
Il se trouve que la seule diversité culturelle palpable consiste en un brassage forcé et subi de populations européennes et extra-européennes dans le cadre d’une « construction » européenne elle-même inscrite dans une « mondialisation », le tout agrémenté de flux migratoires notoirement hors de contrôle. Sous couvert de diversité culturelle, cette idéologie vise à forcer les cultures « d’accueil » à renoncer à toute exigence d’intégration ou d’assimilation à l’égard des cultures « arrivantes », faute de temps, d’argent et surtout de courage politique. [...]
Silvio Molenaar - La suite sur Boulevard Voltaire
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La place de la Russie dans l'histoire de la diplomatie européenne
Intervention de Robert Steuckers lors du 1er Colloque de l'Atelier régional d'Ile-de-France de Synergies Européennes, le 8 mars 1997
On ne peut évaluer la place et l'importance de la Russie dans la tradition diplomatique européenne que sur base des textes existants. Les premiers textes valables pour juger l'émergence de la Russie dans la réalité politique européenne datent de l'époque de Pierre le Grand. Ce Tsar a manifesté durant son règne la volonté de faire de la Russie un Etat organisé à l'européenne, participant pleinement au concert des Etats européens. Cette volonté peut se concrétiser dès l'effondrement de la puissance polono-lithuanienne qui conduira aux partages successifs de la Pologne, achevés tout à la fin du XVIIIième siècle.
Cependant, en dépit de la volonté de Pierre le Grand, la Russie ne se laissera jamais appréhender par les mêmes concepts politiques et géographiques que le reste de l'Europe. Cette différence est due à la qualité, aux dimensions et à l'immensité de son territoire, qui fait charnière entre l'Europe et l'Asie. Dès le départ, dès les premiers textes rédigés en Europe sur la Russie et destinés aux chancelleries, on perçoit la dimension eurasienne de la Russie, malgré la volonté de Pierre le Grand de s'aligner exclusivement sur l'Europe.
Aujourd'hui, les cercles politiques et culturels européens, toutes tendances confondues, font désormais face à une Russie complexe, immense, tout à la fois européenne et asiatique, échappant aux règles des idéologies occidentales. Ils ne font plus face à une URSS à l'idéologie monolithique, parfois plus aisée à comprendre, encore que les arcanes peu déchiffrables de la soviétologie ont souvent induit en erreur des soviétologues patentés comme Alain Besançon ou Hélène Carrère d'Encausse... Récemment, pendant l'été 1993, la presse à sensation de Paris a parlé d'une alliance entre “rouges” et “bruns”, de l'émergence inquiétante d'un bloc “national-communiste”, en embrayant sur des phénomènes somme toute superficiels et sans tenir nullement compte de la longue histoire des rapprochements et des ruptures entre la Russie, d'une part, et les autres puissances européennes, d'autre part. La phobie du complot “rouge-brun” a fait long feu car les connaissances historiques lacunaires des quelques journalistes fort prétentieux et très braillards qui ont déclenché le scandale étaient bien maigres. Leur bricolage n'était qu'un jeu médiatique. Quant à ceux qui se sont déclarés “rouges-bruns” dans la foulée, pour entrer dans le jeu des hystéries médiatiques et faire parler de leurs personnes, on décèle aisément chez eux une volonté d'apparaître comme de “grands scandaleux”, de “grands méchants loups”, additionnant toutes les rigueurs des totalitarismes stalinien et hitlérien de ce XXième siècle.
Pour éviter la répétition malheureuse de telles sensations médiatiques, pour échapper aux hyper-simplifications de la presse parisienne, il m'apparaît nécessaire de retourner à l'histoire de la diplomatie européenne et de voir comment le rapport Europe/Russie est perçu dans les chancelleries et comment il transcende et chevauche les étiquettes de “gauche” et de “droite”. Il convient d'examiner comment les concepts de la géopolitique sont nés il y a près de 300 ans, au départ de réflexions sur l'immensité du territoire russe, ensuite de voir comment ils ont été articulés dès l'époque napoléonienne. Il convient de déceler quelles polarités ont été mises en exergue dans le contexte tourmenté des guerres de la Révolution et de l'Empire, de voir comment les conflits ont été explicités.
Accusé d'avoir fait partie de ce complot “rouge-brun” pour avoir participé à un débat avec Ziouganov, président du PCFR, et Volodine, son ajoint et conseiller, à Moscou en avril 1992, débat portant sur une alternative éthique au néo-libéralisme (!), sur l'œuvre de François Perroux, sur l'anti-utilitarisme, débat retransmis ensuite dans la presse russe (Dyeïnn) et serbe (Duga), j'étais redevable d'une explication, non pas aux ignares de la presse parisienne mais à mes lecteurs et à mes abonnés. Je m'étais déjà expliqué par bribes dans un interview (cf. NdSE n°2; versions portugaise et néerlandaise également disponibles). J'entends, dans cette allocution qui deviendra très prochainement texte, être plus exhaustif. J'avais le devoir d'approfondir la question pour confondre les piteux, médiocres et minables journalistes parisiens du Monde et d'autres gazettes de bas étage qui se sont donnés en spectacle pendant l'été 1993. J'avais le devoir intellectuel de retourner au réel pour réduire à néant les simplifications esthétisantes des néo-droitistes et nationaux-révolutionnaires parisiens, relevant de la même engeance journalistique que leurs adversaires, qui n'ont pas de projets cohérents ni de discours étayés, mais qui aiment à répéter “je suis un grand méchant” ou un “grand-pervers-qui-pense-tout-ce-qui-est-interdit-de-penser”. Afin, bien sûr, de ne plus jamais se laisser embarquer dans un jeu médiatique aussi stérile que celui de l'été 1993.
Les spéculations sur la nature politique et géographique de la Russie commencent dans l'œuvre de Leibniz, qui a cumulé les positions de philosophe, de mathématicien, de conseiller du Prince et de diplomate. Pour la première fois, Leibniz livre à ses lecteurs européens une réflexion politique profonde sur la Russie. Leibniz a forgé des concepts instrumentalisables pour faire face à la nouvelle réalité géographique et politique qui se présentait aux portes de l'Europe. Pierre le Grand venait en effet d'annoncer qu'il ferait de la Russie un Etat européen, participant au concert des nations européennes. En 1669, Leibniz réagit face à la question polonaise. La Pologne, voisine de la Russie, était, avant l'émergence de celle-ci, la puissance la plus “orientale” de l'Europe. Cette Pologne était une “république aristocratique”, tolérante sur le plan religieux, fantaisiste sur le plan culturel et littéraire, brillante dans les arts, fébrile et mobile sur le plan militaire, avec sa cavalerie portée par un “mythe sarmatique”, où l'aristocratie polonaise se décrivait comme la descendante de cavaliers sarmates venus d'Iran, du Caucase et des régions pontiques. La monarchie de cette Pologne était élective. Avant l'élection du nouveau monarque, l'Allemand Leibniz donne son avis: il est alors “russophobe”, se méfie de cet immense pays dont on connaît finalement peu de choses, et espère la défaite du candidat qui a les faveurs de la Moscovie. Sinon, dit-il, le “rempart polonais” qui protège l'Europe va tomber, ce qui amènera les “barbares asiatiques” au centre de notre sous-continent et aux frontières du Reich. Ceci est la première position de Leibniz et elle est anti-russe.
Mais très vite, cette position se juxtaposera à une deuxième: il faut inclure la Russie dans une grande alliance européenne anti-turque («Quid si ergo posset Moscus quoque in anti-turcicum foedus pellici»). En effet, avant sa longue désagrégation, la Pologne était forte. Rappelons l'intervention des troupes de Jan Sobiesky et du Hongrois Janos Hunyadi lors des Croisades anti-ottomanes dans les Balkans et lors de la défense de Vienne aux XVième et XVIième siècles. La Russie de Pierre le Grand devra reprendre à son compte la fonction de cette puissante Pologne de Sobiesky. Telle est la seconde position de Leibniz.
Dans la troisième position qu'il adopte face à la Russie montante, Leibniz jette les bases de ce qu'il est convenu d'appeler l'“eurasisme”. Dans son texte de 1697, Novissima Sinica, Leibniz écrit que la masse continentale euro-asiatique compte deux anciennes civilisations: 1. Rome/Europe (le Reich); 2: La Chine. La Russie, poursuit-il, doit faire le lien entre ces deux civilisations en organisant son propre territoire. L'Europe acquerra un avantage si c'est elle qui communique à la Russie les recettes de la “bonne” organisation politique, territoriale, administrative, etc.
Dans sa quatrième position, Leibniz parle de la Russie comme d'une tabula rasa, comme d'un espace vierge, où l'on pourra tester toutes sortes d'expériences. La Russie est un pays qui offre des milliers de possibilités (comme on le dira plus tard des Etats-Unis). Il permettra d'absorber une immigration paysanne allemande.
Dans sa cinquième position, prise en 1712 lors de la guerre entre la Suède et la Russie pour la maîtrise de l'axe fluvial “gothique”, joignant la Baltique à la Mer Noire, afin d'assurer la translation de l'héritage polono-lithuanien. Leibniz, Allemand, s'oppose à toute expansion de la Russie vers le Nord, mais favorise toute expansion vers le Sud. Cette position allemande est une constante: on l'a vu se manifester lors de l'indépendance des Pays Baltes (en 1919 comme en 1991), de la Finlande, dans les intentions lisibles en filigrane dans les clauses du Pacte germano-soviétique de 1939, dans les concessions accordées en théorie par Jirinovski aux Suédois et aux Allemands dans son projet de “grande avancée vers le Sud”. Symptomatique est le fait que Jirinovski insiste si fortement en Allemagne et en Suède sur l'orientation méridionale des hypothétiques efforts de “sa” future Russie.
Dans sa sixième position, Leibniz approfondit sa réflexion sur la qualité de tabula rasa du territoire russe. La Russie est vierge, dit-il, on peut y importer tant les vices que les vertus de l'Europe. Mais Leibniz est pessimiste, conservateur. Pour lui, l'Europe décadente est travaillée et minée par ses vices. Il raisonne binairement en opposant une Europe décadente à une Russie pure. Adepte de l'idéologie des Lumières à ses débuts, Leibniz poursuit un objectif pédagogique: si la Russie est pure, vierge et “mineure”, elle peut devenir l'objet d'une pédagogie vertueuse et éviter ainsi d'entrer directement en décadence à cause de ses nouveaux contacts avec l'Europe malade.
En résumé: l'Europe, par la voix de Leibniz, est favorable à la Russie quand elle avance ses pions vers le Sud contre les Turcs, vers la Mer Noire, mais pas encore vers les Balkans, territoire réservé à l'époque aux Hongrois et aux Autrichiens, protecteurs des Serbes, après la libération de Belgrade en 1717/18. En revanche, l'Europe se montre hostile à la Russie quand elle avance ses pions vers le Nord. Comme Leibniz, elle se montre pro-suédoise, pro-polonaise (puis pro-ukrainienne), car, pour elle, l'axe gothique est un espace intermédiaire entre la Russie et l'Europe, qui a une logique propre qu'il convient de conserver, tandis que l'espace balte est un indispensable espace de transition entre Russes, Suédois et Allemands
Herder précisera cette vision d'un espace balte d'échange culturel. Herder est le père des nationalismes germaniques et slaves, le théoricien de la relativité culturelle, des différences, de la valorisation des origines de toute culture au détriment des époques plus tardives, jugées déclinantes. En 1769, dans le journal qu'il a écrit au cours de son voyage de la Livonie (en Lettonie actuelle) à Nantes, Herder écrit que l'Europe est vieillie, décadente, qu'elle a épuisé ses potentialités. Face à elle, la Russie possède encore des atouts, des potentialités. Il faut travailler la Russie, dit Herder, pour en faire un modèle pour le reste de l'humanité. La pensée de Herder est à la fois liée aux Lumières car elle est pédagogique, elle veut étendre au monde entier des idées européennes qui ne sont ni le rationalisme occidental ni le césaro-papisme catholique. Mais si cette pensée de Herder est liée aux Lumières, elle est en même temps critique à leur égard. La critique de Herder s'articule surtout autour de l'optimisme et de la prétendue unicité du modèle des Lumières. Pour Herder, théologien protestant, toute culture est une manifestation voulue par Dieu et celui-ci se manifeste de multiples façons, donc seule la pluralité des cultures est légitime, est œuvre de Dieu. L'histoire d'un peuple particulier est simultanément l'histoire d'un possible humain, universellement valable.
Sur base de ces principes, Herder énonce des projets pour l'Europe orientale et la Russie. Il privilégie les Pays Baltes, dont il est issu, comme espace d'échanges entre l'Europe germanique et la Russie. Mais il concocte également des projets séduisants pour l'Ukraine, la Crimée et la rive septentrionale de la Mer Noire. La mission de la Russie, à ses yeux, est de recréer un nouvel hellénisme sur le pourtour de la Mer Noire et de faire de la Crimée sa capitale. En énonçant ce grand projet, il reprend l'idée allemande d'un “Drang nach Süden” russe et souligne l'importance capitale de la Crimée sur le plan géopolitique (pendant la guerre civile entre Blancs et Rouges, la Crimée, sous le Général Wrangel, a été un enjeu majeur du conflit; le IIIième Reich concoctait également des plans germanisants/hellénisants pour la Crimée et le conflit russo-ukrainien d'aujourd'hui rappelle l'importance géopolitique de cette presqu'île). Le “Projet grec” de Herder sera repris par Catherine II et instrumentalisé contre l'Empire ottoman que la fougueuse Tsarine chassera des rives septentrionales de la Mer Noire.
Le jugement que porte Herder sur l'œuvre de Pierre le Grand est également fort intéressant. Herder reproche au Tsar Pierre d'avoir négligé la culture “naturelle” de la Russie, de ne pas avoir tablé sur ses atouts nationaux et surtout d'avoir fait de la Russie une “pyramide inversée” qui risque de s'effondrer tôt ou tard dans la catastrophe. Herder prédit ainsi pour la première fois la révolution russe de 1917.
De 1789 à 1820, c'est-à-dire de la Révolution française à l'avènement de la Monarchie de Juillet, la réflexion sur la Russie va s'articuler autour de trois oppositions:
1. L'opposition entre liberté et despotisme, où l'Ouest est la liberté et la Russie, le despotisme (Marx reprendra cette dichotomie russophobe, et, dans le marxisme, on parlera parfois de “despotisme oriental”).
2. L'opposition entre légitimité et révolution, où la Russie est le bastion de la contre-révolution. Nous avons là ante litteram une dialectique Est-Ouest, où la droite légitimiste est pro-orientale et anti-occidentale, contrairement à ce que nous avons connu pendant la guerre froide. Dans l'Allemagne de la “révolution conservatrice”, Moeller van den Bruck, traducteur de Dostoïevski, réfléchit sur l'itinéraire de ce dernier: révolutionnaire dékabriste, il deviendra légitimiste, en percevant l'insuffisance des idées occidentales. Moeller et, à sa suite, les diplomates allemands conserveront l'espoir légitimiste-conservateur en la Russie, en dépit de la révolution bolchevique.
3. L'opposition Terre/Mer ou Russie/Angleterre. Ces réflexions ont annoncé la géopolitique de McKinder et de Haushofer, ainsi que l'œuvre de Carl Schmitt. Face à cette dualité Terre/Mer, notons la position intermédiaire prise par la France. La France est une “civilisation équilibrée” entre Terre et Mer, elle s'oppose également au “navalisme anglais” et au “despotisme exclusivement tellurique” de la Russie. Quand, sous Napoléon, la France s'identifie à l'Europe, comme l'Allemagne s'y identifiera pendant les deux guerres mondiales, les Continentaux percevront l'Europe comme le centre du monde et de l'histoire mondiale.
La période qui s'étend de 1789 à 1830 est une période de grande effervescence. Pour reprendre la terminologie de Carl Schmitt, c'est la fin du jus publicum europæum. L'idée révolutionnaire veut se planétariser, ne connaît ni repos ni mesure. Au cours de cette période, les diplomates écrivent une quantité impressionnante de rapports dont la teneur est proprement géopolitique. Nous allons examiner ceux qui concernent notre propos d'aujourd'hui: la Russie.
En 1791, un rapport anglais anonyme, intitulé Russian Armament, jette les bases de l'hostilité anglo-saxonne à l'encontre de la Russie. La Russie est désignée clairement comme l'ennemi car elle vise l'élimination de la présence ottomane en Mer Noire et dans les Balkans. Nous avons là le premier indice de l'alliance réelle et tacite entre Londres et la Turquie, entre la thalassocratie anglo-saxonne et la Sublime Porte. Le rapport poursuit: l'avancée de la Russie vers Constantinople menace 1) l'Egypte (on prévoit déjà en Angleterre le percement du Canal de Suez) et 2) le commerce du Levant. Donc, pour les diplomates anglais, l'existence de l'Empire Ottoman, y compris sa présence dans les Balkans, garantit l'équilibre européen (l'argument sera repris lors de la Guerre de Crimée); l'Empire Ottoman est un barrage contre la Russie qu'on soupçonne vouloir s'emparer des Indes (en 1800-1801, effectivement, le Tsar Paul I, allié de Napoléon, projette l'invasion des Indes). Dans d'autres manifestes anonymes parus entre 1792 et 1793, des observateurs anglais envisagent une alliance entre la France, l'Angleterre et la Turquie, pôle de la liberté, contre l'Autriche, la Prusse et la Russie, pôle du despotisme.
Cette tentative de rapprochement, en pleine guerre, de l'Angleterre avec la France révolutionnaire peut s'expliquer clairement si l'on a lu le livre de l'historien français Olivier Blanc, Les hommes de Londres. Histoire secrète de la Terreur (Albin Michel, 1989). Blanc nous y démontre les mécanismes d'organisation de la guerre civile en France, mis en œuvre depuis Londres, afin de venger la bataille de Yorktown (1781) qui avait donné la victoire aux insurgés américains avec l'appui de troupes et de vaisseaux français. Par ailleurs, l'Angleterre visait à détruire les ressorts de la politique navale de Louis XVI, qui avait connu quelques succès militaires. Les manifestes anonymes réclamant une alliance avec la France demandent implicitement l'arrêt de cette politique secrète d'organisation de la guerre civile en France, d'autant plus que les troupes autrichiennes et prussiennes avancent dans le Nord et en Lorraine, risquant d'affaiblir définitivement la France et de souder au Nord et au centre de l'Europe un bloc germanique et impérial solide. L'Angleterre, au nom de l'équilibre continental, cherche à changer d'alliés et à se ranger du côté du plus faible. Mais, coup de théâtre, la France est victorieuse à la bataille de Fleurus en 1793: elle devient la plus forte puissance européenne, s'installe en Brabant et à Anvers, ce qui, pour Londres, est intolérable. L'Angleterre, pour respecter sa politique d'équilibre, doit lui faire la guerre, de concert avec les Prussiens et les Autrichiens. Quand l'Allemagne, après Bismarck, sous Guillaume II et avec la politique navale de von Tirpitz, deviendra la plus forte des puissances européennes, l'Angleterre fera la guerre contre elle, en utilisant les ressources humaines de la France.
C'est sur cet arrière-plan que Wilhelm von Byern en 1794 propose une alliance germano-russe contre la France révolutionnaire et E. von Zimmermann une alliance germano-franco-anglo-russe contre le challengeur qui pointe à l'horizon, l'Amérique. Mais le théoricien le plus pointu qui a esquissé les grandes lignes d'une politique générale pour vertébrer l'Europe, pendant cette époque de troubles et de désorientements, reste le Français Bertrand Barère de Vieuzac. En 1798, il rédige un manifeste intitulé La liberté des mers ou le gouvernement anglais dévoilé; ce texte fondamental annonce et anticipe véritablement le noyau central des doctrines géopolitiques allemandes de ce siècle (Haushofer) et les positions telluriques et anti-thalassacratiques de Carl Schmitt. Pour Barère de Vieuzac, le véritable principe dissolvant n'est pas tant la révolution que le “principe industriel”, générateur de flux incontrôlables. L'industrie anglaise, dit Barère de Vieuzac, découle de la navigation, dès lors les flots générés par la production de marchandises correspondent aux flots océaniques, sur lesquelles rien ne peut se construire. L'industrie induit une démonie de la technique, qui abolit toutes les barrières, frontières, etc. Elle abolit le principe traditionnel de la famille avec son ancrage dans la Terre. C'est au départ de ce texte de Barère de Vieuzac que le poète Rudolf Pannwitz (cf. NdSE n°19) chantera son apologie de la Terre et de l'Imperium Europæum et que le Carl Schmitt d'après 1945 élaborera son anti-thalassocratisme fondamental (cf. Terre et Mer & Glossarium). Pour Barère de Vieuzac, l'Europe est une terre de civilisation et d'enracinement qui s'oppose tout naturellement à l'Angleterre, qui domine l'espace fluide de la mer sur lequel aucune civilisation ne peut éclore, et à la Russie, qui domine un espace mouvant de terres non travaillées. Son disciple Eschasserieux propose dès lors une alliance franco-prussienne contre l'Angleterre et la Russie. C'est dans les travaux de Barère de Vieuzac et d'Eschasserieux qu'on trouve l'origine des rapprochements franco-allemands, depuis le napoléo-gaullisme de Pannwitz jusqu'à la réconcialisation préconisée par Adenauer et De Gaulle en 1963 et à la présence d'un Ernst Jünger lors de la visite de Kohl et Mitterand à Verdun.
Chez les nationalistes allemands de la première génération, nous trouvons d'autres approches, qui, elles aussi, ont connu une postérité. Pour Ernst Moritz Arndt, auteur de Deutsche Volkswerdung, l'analyse est plus subtile: l'opposition fondamentale, pour Arndt, n'est pas tant la révolution ouest-européenne contre la contre-révolution russe, ou la civilisation française, allemande et européenne contre la barbarie russe (comme le voulaient les russophobes napoléoniens), mais l'opposition entre pays fermés non organisés et pays ouverts à la mer (sans pour autant être thalassocratiques). Arndt préfigure là la géopolitique de Ratzel.
Quant au poète Jean-Paul en 1810, il se moque de la russophobie qui décrit les Russes comme des “barbares”, mais reste attaché à l'idée pédagogique de l'Aufklärung (que l'on a repérée de Leibniz à Herder). Selon cette idée laïque et missionnaire, la Russie est certes encore “barbare” mais elle se civilisera sous l'influence européenne. Remarquons que la russophilie de Jean-Paul n'est pas encore celle des narodniki russes: il ne rejette pas l'intellectualisme de l'Aufklärung mais ne parie pas sur les ressorts naturels du peuple russe, qu'il juge encore “inférieurs” et “mineurs”.
Heinrich von Kleist, dans son essai Über das Marionettentheater (1810) décrit un monde futur totalement technicisé et rationalisé, mais, dans ce monde figé, tout à coup, un ours déboule sur la scène; il est le symbole de l'Est, de la Russie; il représente la force de l'instinct qui domine toute technique. Contre l'instinct, inutile de se battre, il ne faut attendre aucune victoire. L'Ouest, c'est Napoléon, l'ours, c'est la Russie. Cette argumentation sera reprise par Niekisch dans ses articles “nationaux-bolcheviques” de la revue Widerstand.
En France, c'est le traditionalisme anti-révolutionnaire qui développera des réflexions intéressantes sur la Russie. Pour Louis de Bonald (1754-1840), dans ses Discours politiques sur l'état actuel de l'Europe (1802), la Russie est, depuis la chute de l'Empire romain, la plus grande force d'expansion à l'œuvre en Europe. Mais, ajoute-t-il, son christianisme est “byzantin”, donc, du point de vue catholique de Bonald, il est un mélange de “superstitions” d'“idolâtrie” et de “morceaux de christianisme”. Dans les droites catholiques et françaises, Bonald introduit un ferment russophobe d'anti-byzantinisme, contre lequel s'insurgera le Russe Leontiev (cf. Vouloir n°6/1996). A cet anti-byzantinisme, Bonald ajoute un jugement sur l'œuvre de Pierre le Grand: il estime qu'avoir voulu l'européanisation de la Russie est une bonne initiative, mais, déplore Bonald, “il a introduit la corruption avant de former la raison”. Bonald veut dire par là que Pierre le Grand a d'abord favorisé le commerce et l'industrie avant d'établir des lois. Il aurait dû favoriser les classes rurales, puis assurer le primat de la chose militaire, de la souveraineté et de la paysannerie sur les fonctions de négoce. Bonald développe une critique conservatrice de l'idéologie marchande, vectrice de corruption, mais souhaite la conversion de la Russie au catholicisme. Il introduit ainsi un motif de russophobie récurrent dans la pensée politique conservatrice en France.
Joseph de Maistre (1753-1821) critique à son tour l'œuvre de Pierre le Grand, qui s'est laissé entraîner par “l'esprit de fabrication”. Comme cet esprit de “fabrication” (on dirait aujourd'hui: ce “constructivisme”) s'est insinué dans la vie politique russe dès l'origine de son européanisation, il est appelé à s'accentuer en dépit des barrières traditionnelles et provoquera une révolution (avec la critique de Herder qui voit dans la Russie de Pierre le Grand une “pyramide inversée” prête à basculer, la critique de J. de Maistre est la seconde prédiction de la révolution russe, un siècle avant les faits).
La fin de l'aventure napoléonienne se déroule sous le règne du Tsar Alexandre I. Celui-ci fournit le gros des troupes de la coalition anti-napoléonienne, si bien qu'il acquiert le titre de “Libérateur de l'Europe”. Il est forcément peu perçu comme tel en France mais bien en Allemagne ou en Belgique (où le souvenir de “Pietje le Cosaque”, à Gand, au moment des premières manifestations flamingantes, reste dans les mémoires). L'idée motrice d'Alexandre I était de constituer une “Sainte-Alliance” en Europe. La mission de la Russie est de donner corps à cette initiative, visant à terme la “monarchie universelle”, que ses adversaires déclareront bien vite “despotique”. Cette idée du Tsar Alexandre I provient de deux sources:
1) La “pansophie” de Louis-Claude de Saint-Martin, qui visait à transcender les clivages religieux en Europe entre orthodoxes, protestants et catholiques.
2) Le “Mouvement du Réveil” de l'Allemand Jung-Stilling.
Jung-Stilling (1740-1817) veut fusionner le piétisme et la mystique protestante. Il élabore le concept de “nostalgie” (Heimweh, également titre d'un roman). La nostalgie est toujours nostalgie de la patrie céleste, de l'Empire de Dieu à construire. Pour Jung-Stilling, cet empire commencera à l'Est. Le christianisme s'est développé d'Est en Ouest et a décliné. Il faut faire le chemin inverse. Son disciple Johann Albrecht Bengel voit dans la Russie l'instrument de Dieu pour punir les nations : Napoléon est l'Antéchrist, Alexandre I, l'Ange de l'Apocalypse. En 1817, quand une famine éclate en Allemagne du Sud, les paysans adeptes du “Mouvement du Réveil” (catholiques et protestants confondus) émigrent vers la Russie, afin de s'installer dans l'antichambre du futur paradis et de fuir l'Europe qui allait subir une punition méritée.
Franz von Baader (1765-1841) recueille l'héritage de la mystique allemande de Jakob Boehme, de Louis-Claude de Saint-Martin, de Jung-Stilling et de Görres. Son objectif se confond avec celui d'Alexandre I: réconcilier catholiques et protestants dans l'orthodoxie, raviver la dimension religieuse eschatologique et mystique, faire de la Russie le site de la synthèse de ce renouveau religieux et de son armée l'instrument destiné à sauver l'Europe de la dissolution révolutionnaire.
Les idées traditionalistes, la coalition anti-napoléonienne, le “Mouvement du Réveil” poursuivaient un même objectif. D'où la théocratie chrétienne et pansophique, l'utopie tirée du “Mouvement du Réveil”, l'“entremission organique” (organische Vermittlung) participent du “Principe d'Etat” qui s'oppose à l'Etat mécanique des révolutionnaires (procédant de l'“esprit de fabrication”) et au “Dieu mécanique” des philosophes. Mais la grande différence entre, d'une part, Baader et les catholiques pansophiques et pro-orthodoxes et, d'autre part, et Bonald, de Maistre et les catholiques stricto sensu, c'est que Baader est moniste (il veut façonner le futur et affirme que la bonne politique organique adviendra) tandis que Bonald et de Maistre sont dualistes et prétendent que la bonne politique est une chose définitivement passée. Face à la position pro-orthodoxe de Baader, de Maistre avance que l'orthodoxie est figée. Baader lui répond que cela la rend imperméable aux idées révolutionnaires. Pour Baader en revanche, c'est le “papisme” qui est figé car il jette le soupçon sur l'intelligence et le savoir (selon l'adage: “point trop de science”). Le protestantisme selon Baader laisse libre cours au savoir et l'accumulation de “science” désoriente les hommes, incapables de maîtriser les flux de la connaissance. Pour Baader, science et foi ne doivent pas être distinctes: telle est la mission d'Alexandre I, de la Sainte-Alliance, du “Mouvement du Réveil”, de la Russie et de l'orthodoxie, face à l'“Ouest pourri” (gniloï zapad). Mais les forces les plus conservatrices de l'Eglise orthodoxe russe refusent la démarche d'Alexandre, jugé trop ouvert aux Catholiques et aux Protestants, les “Réveillés” sont expulsés de Russie, de même que Baader, qui ne peut plus s'y rendre et tire les conclusions de sa tentative avortée: «Le retour à une politique ecclésiale conservatrice va provoquer l'expansion du matérialisme en Russie et, sous le manteau d'une Eglise d'Etat, les tendances anti-chrétiennes pourront agir plus secrètement, donc plus destructivement». Troisième prévision de la révolution bolchevique...
Autre figure-clef de l'époque, l'Abbé Dufour de Pradt (1759-1837), archevêque et confesseur de Napoléon. Pour Dufour de Pradt, le monde contient “deux zones de principes et de langage”, la zone de l'“ordre absolu” et la zone de l'“ordre constitutionnel à des degrés divers”. Ces deux zones se livreront une lutte à mort. Dufour de Pradt annonce au fond la bipolarité de la guerre froide... L'Europe n'a plus le choix qu'entre devenir un protectorat anglais et devenir un protectorat russe. En 1819, Dufour de Pradt prévoit que l'Amérique remplacera l'Angleterre sur mer, avant même que le Président Monroe ne proclame sa célèbre “doctrine” en 1823. Pourquoi? Parce que tant la Russie que l'Amérique disposent d'espace. Dufour du Pradt écrit: «La Russie jouit de tous les avantages dont sont privés les anciens Etats de l'Europe, dans lesquels les espaces sont occupés par la population et par les cultures destinées à la subsistance. On a calculé l'époque à laquelle les Etats-Unis d'Amérique possèderaient une population de cent vingt millions d'habitants, la progression a même dépassé les prévisions. Pourquoi, dans un temps donné, la Russie ne s'élèverait-elle pas au même degré, car elle possède des éléments parfaitement semblables et égaux à ceux qui promettent aux Etats-Unis ce rapide accroissement? La faculté de nourrir sa famille est la limite de la population; c'est elle qui, dans les Etats peuplés, réduit les mariages à un si petit nombre. Mais il faut un long cours de siècles pour que cette limite sera atteinte en Russie, comme en Amérique; elle se peuplera donc à l'infini...».
Aux Etats-Unis, le diplomate Alexander H. Everett (1790-1847) constate que tous les mouvements politiques de son époque sont les conséquences de la Révolution, cherchent à poursuivre la Révolution. L'Europe, dit-il, doit s'unir sinon elle subira le sort des cités grecques, face à la puissante machine militaire et administrative romaine. Mais pour que cette unification ait lieu dans l'équilibre des forces, il faut en exclure la Russie, parce qu'elle a beaucoup d'espace et rompt cet équilibre. Néanmoins, elle va sauver l'Europe en l'unifiant de force: c'est alors que prendra fin l'ère révolutionnaire.
En Allemagne le Baron von Haxthausen (1792-1866) écrit que l'atout slave/russe majeur dans le concert politique européen de l'époque est le sens intact de la communauté (mir/obchtchina). Haxthausen influencera directement la pensée populiste russe, tant dans l'expression qu'elle s'est donnée chez Alexander Hertzen que dans celle des narodniki (les slavophiles) ou des marxistes russes. Entre les uns et les autres, face à cette revendication de la “communauté”, il y tout de même des différences d'approche: les “progressistes” voient dans le mir une condition sociale favorisant l'avènement du socialisme, tandis que les narodniki y voient une suprématie morale. Pour Haxthausen, les “communautés” russes sont le fondement de l'ordre social car elles empêchent l'émergence d'un prolétariat. Haxthausen était conscient de la différence entre démocrarie organique et démocratie atomisée.
Vu d'Europe, voici donc un vaste éventail de réflexions sur la Russie qui inspirent toujours les chanceleries. Elles apparaissent limpides dans leur simplicité et continuent à structurer toute la pensée géopolitique, même si les noms de leurs auteurs sont aujourd'hui tombés dans un oubli non mérité.
Il nous reste à dire quelques mots sur l'Eurasisme. Les Anglais ont un mot pour désigner la lutte planétaire pour le contrôle de l'Asie Centrale et himalayenne: “The Great Game”, “le Grand Jeu”. ce “Grand Jeu” consiste à contrôler les espaces vides entre les grands pôles civilisationnels de l'Inde, de la Chine et de l'Europe. Car la maîtrise de ces espaces assure la domination de la planète. Leibniz s'en était déjà confusément aperçu en rédigeant sa Novissima Sinica en 1697. Dès la fin du XVIIIième siècle, en 1796-97, les Anglais devinent que l'Europe (allemande ou française) et la Russie vont un jour ou l'autre contester ses positions en Inde. Pour les Anglais, il y avait des signes avant-coureurs, comme la conquête de Sébastopol par les troupes de Catherine II en 1783, qui devient port russe en 1784, prélude à l'annexion complète de la côte pontique entre le Dniester et le Boug à la suite de la Paix de Jassy en 1792. La Mer Noire devient un lac russe, tandis que les Pays-Bas méridionaux tombent aux mains des hordes révolutionnaires.
Napoléon, lui, se rend compte du désastre que constitue pour la France la perte de ses comptoirs indiens. D'où son plan de couper la route des Indes en s'installant en Egypte. Avant de se lancer dans cette entreprise, il dévore tous les livres sur l'Egypte: «J'étais plein de rêves. Je me voyais fondateur d'une nouvelle religion, marchant à l'intérieur de l'Asie monté sur un éléphant, avec un turban sur la tête et à la main le nouveau Coran que j'aurais écrit pour répondre à mes besoins». Le 19 mai 1798 une armada française, avec 40.000 hommes, quitte Toulon et Marseille pour se diriger vers l'Egypte. Aussitôt les Anglais envoient tous leurs navires du Cap et de Calcutta pour bloquer la Mer Rouge. Nelson détruit la flotte française en mouillage à Aboukir (1 août 1798).
En 1801, le Tsar Paul I suggère à Napoléon d'envahir l'Inde par la terre et met 35.000 cosaques à la disposition de ce projet. Pour les appuyer, il demande à Napoléon de lui envoyer une armée française par le Danube, la Mer Noire et la Caspienne. Napoléon juge le projet irréalisable. Le 24 janvier 1801, 22.000 cosaques et 44.000 chevaux quittent le sud de la Russie pour se diriger vers l'Asie centrale. Mais le 23 mars 1801, Paul I est assassiné et Alexandre I monte sur le trône. Les Anglais réagissent en envoyant au Moyen-Orient le jeune John Malcolm, un orientaliste, spécialiste de la Perse, nommé officier dès l'âge de 13 ans. Malcolm a pour mission de forger une alliance avec l'Iran, pour bloquer sur le “rimland” toute avancée française (ou russe ou européenne ou, plus tard, allemande) dans la zone s'étendant de la Syrie au Béloutchistan. La réaction russe est immédiate: le Tsar annexe la Géorgie en septembre 1801. En juin 1804, les Russes sont en Arménie, mettent le siège devant Erivan et engagent la guerre contre la Perse pour forcer le passage vers les Indes.
En 1804, les Perses appellent les Anglais au secours. Mais 1804 est également l'année où Napoléon devient “empereur”, provoquant un renversement des alliances et un rapprochement entre Russes et Anglais. Les Anglais ne font plus pression sur le Tsar pour qu'il rende à la Perse la Géorgie et l'Arménie. Le Shah n'a plus d'autre alternative que de se tourner vers la France. De 1804 à 1807, les tractations entre le Shah et Napoléon sont ininterrompues, la Perse devant servir de tremplin pour une reconquête française des Indes. L'armée persane est entraînée par des instructeurs français. En 1807, à Friedland, Alexandre se rapproche à nouveau de Napoléon et participe au blocus continental; Français et Russes sont à nouveau alliés contre les Anglais. A Tilsit, la France et la Russie envisagent de bouter les Ottomans hors d'Europe, de s'allier avec la Perse pour marcher de concert sur les Indes, mais la France ne peut plus demander aux Russes de rendre la Géorgie et l'Arménie, poussant les Perses dans une nouvelle alliance anglaise!
Tels ont été les préludes du “Grand Jeu”. L'affrontement Terre/Mer entre la Russie et l'Angleterre se poursuivra pendant tout le XIXième siècle, véritable épopée avec, de part et d'autre, des héros sublimes et des aventuriers extraordinaires. Parmi les autres facettes du “Grand Jeu”, il y a eu la volonté de contrôler le Tibet (et surtout les sources des grands fleuves chinois, indochinois et birmans), de maîtriser la “Route de la Soie” et surtout le Turkestan chinois (ou Sinkiang). Des missions allemandes tenteront de forger une “alliance diagonale” entre le Reich, l'Empire Ottoman, la Perse, l'Inde et l'Indonésie. Le pantouranisme sera instrumentalisé par les Allemands en 1914, par les Britanniques après 1918. Pendant la guerre civile russe, les Anglais ont tenté de détacher le Caucase de la Russie, en incitant au massacre des commissaires communistes arméniens. Le Japon y participera en soutenant Koltchak et Unger-Sternberg en Asie. Aujourd'hui, avec la tentative de souder à la Turquie, alliée des Etats-Unis, toutes les républiques musulmanes de l'ex-Union Soviétique, le “Grand Jeu” est loin d'être terminé. Pour nous, il s'agit d'en étudier tous les mécanismes, d'en connaître l'histoire jusqu'en ses moindres détails.
Robert STEUCKERS. http://robertsteuckers.blogspot.fr -
L’hommage d’un Italien à un samouraï d’Occident par Gabriele ADINOLFI
Lorsque Mishima Yukio s’est donné la mort le 25 novembre 1970, nous n’avons pas entendu les mêmes horreurs que ces derniers jours, peut-être parce qu’il n’y avait alors pas d’Internet pour encourager la diarrhée des opinions, ou peut-être, parce que les gens étaient plus instruits.
Habitués aux divers forums de discussion, érigés en juges autoproclamés de tout et de tous, les incontinents du clavier ne manqueront pas une occasion de délirer et de salir des gens qui, pourtant, leur sont mille fois supérieurs.
À cela s’ajoutent les ennemis idéologiques, les détracteurs, les bourgeois bien-pensants, qui cherchent, sciemment cette fois, à priver de crédibilité et de respect quiconque devient une figure exemplaire.
Le hara kiri de Notre Dame
Même dans ce contexte, malgré les tirs croisés des salauds et des imbéciles, l’acte du samouraï stoïque que fut Dominique Venner, n’appelle que le respect, l’admiration et l’étonnement.
Sentiments qui prévalent, à juste titre, sur la mesquinerie humaine et les trivialités du rationalisme.
Il ne sert à rien de comprendre ou d’être d’accord avec le geste, ni d’avoir toujours été d’accord avec Venner, pour en comprendre la portée.
Permettez-moi de préciser que moi-même, je n’ai pas toujours partagé les opinions de cet homme.
Celui-ci pensait que la civilisation européenne n’avait cessé d’être l’objet d’attaques, surtout de l’intérieur, et il a cru qu’il fallait avoir recours aux forces de la Tradition pour lutter contre la subversion. Tradition qui, comme il l’a explicité dans sa dernière lettre, ne doit pas être confondue avec une forme traditionnelle ou religieuse. Je pense que la réponse tient plus du défi de briser des cycles, c’est-à-dire que la lutte contre cette subversion réside plus dans la révolution que dans la conservation. On parle ici d’une différence d’orientation, la sienne plus « junkerienne », la mienne plus nationale-révolutionnaire.
Comme au temps de Dreyfus
Je dis cela afin de clarifier des équivoques, afin de contribuer ainsi à dissiper certains doutes, évoqués ou tacites. La question principale qui pourrait poindre serait de savoir si cela valait vraiment le coup de se tuer pour s’opposer au mariage homosexuel ?
Je pense que nous devons comprendre que ce qui se passe en France, est quelque chose qui n’a rien à voir avec les catégories sexuelles et encore moins avec l’homophobie. De nombreux militants nationalistes français, catholiques comme païens, sont homosexuels, mais s’engagent eux-mêmes contre le « mariage pour tous ». Ils ont probablement compris que, derrière cette loi pour les droits de certaines minorités, se cache en réalité un projet de destruction définitive de la société.
Ils sont peut-être conscients que la sphère privé n’a pas toujours besoin de vitrine. Peut-être se sont-ils habitués depuis des temps immémoriaux à une société qui n’est pas homophobe, ce qui fait qu’ils ne se sentent pas le besoin de se déclarer soudainement homophiles ou homocrates. Le fait est qu’en France, des événements d’une grande portée se sont produits ces derniers mois, sans que l’on ne sache vraiment pourquoi.
Après des dizaines d’année d’attaque contre la langue, la culture, la démographie, une bonne moitié des Français s’est dressée contre ce mariage gay avec le sentiment qu’un des dernier ciments de la société, l’institution de la famille, est menacé. Aurait-il fallu réagir plus tôt ou sur d’autres thèmes ?
Laissons là ces questions rhétoriques.
Ce sont d’irrésistibles pulsions psychologiques et mobilisatrices qui déterminent, avec une force irrationnelle, les grands tournants historiques.
Deux France s’affrontent aujourd’hui comme au temps de l’affaire Dreyfus et c’est sur l’autel de cette bataille que Venner a décidé d’accomplir son geste sacrificiel, prenant bien garde aussi de mettre l’accent sur des éléments bien plus larges que ce mariage, parlant de génocide, de mort culturelle, d’abandon métaphysique, de remplacement des populations.
Guerre et guerrier
Je crois qu’il est clair que je ne cache pas mes opinions, que je ne cherche pas à être approuvé par de quelconques intellectuels, ni à être politiquement correct. Si j’étais homophobe, je ne me gênerais pas pour le dire. Si c’était l’homophobie qui faisait bouger la France en ce moment, je ne le cacherais pas. Je me montrerais fidèle au principe fasciste, malheureusement un peu désuet, du « me ne frego ».
De fait, c’est à une véritable guerre pour la survie à laquelle on assiste. Cette même guerre que certaines minorités sont prêtes à déclarer aussi en Italie. Dans cette guerre luttait un guerrier, qui avait atteint un âge où l’on peut se donner la mort, au lieu de se laisser aller à la décrépitude physique. Ce guerrier a décidé d’accomplir un acte sacré, un geste violent pour produire un électrochoc.
Nous et les Français
Reparlons de cet homme, un guerrier transalpin pour nous Italiens, de cette France dont parfois nous nous moquons stupidement. Le fascisme, ils l’ont mis en incubation, nous l’avons réalisé. Ils sont restés en marge et nous avons pris le pouvoir et fait une révolution. Nous nous vantons de notre créativité latine et de notre plasticité, mais nous devrions scruter un peu plus en profondeur.
Nous devrions comprendre ce qui, dans la nature, ralentit l’improvisation et freine les bonds en avant. Nous découvririons que ce furent des Français qui ont empêché Staline de prendre Berlin un 1er mai. Nous découvririons que plus de 10 % des Français continuent de voter depuis trente ans pour un parti que le Système a écarté du Parlement, mais qui ne renoncent pas en disant que « cela ne sert à rien ».
Nous pourrions réaliser aussi qu’outre Dominique Venner, d’illustres Français comme Pierre Drieu La Rochelle ou Alain Escoffier ont déjà pratiqué ce suicide rituel.
Nous, Italiens, plus proches de la mamma et du confessionnal, ne nous tuons pas pour donner l’exemple. Nous nous contentons de juger le suicide d’un autre.
Alors que la France s’apprête à mener peut-être la dernière bataille, nous nous faisons démembrer par le haut, sans même nous en rendre compte.
Il y a des moments où il faut avoir recours à l’impétuosité et la légèreté italienne, d’autres qui nécessitent les qualités du caractère gaulois.
Être Europe. C’est ce que demandait Venner !
Gabriele Adinolfi http://www.europemaxima.com/
• Hommage écrit le 23 mai 2013.
N.D.L.R. : Il importe de lire le testament politique de Dominique Venner, Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis, Pierre-Guillaume de Roux, 2013, 317 p., 23 €. Europe Maxima y reviendra bientôt.
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La pêche ou les paysans de la mer :
Comment ne pas voir une volonté de destruction de la pêcherie Française lorsque l’on voit l’abandon des iles des Minquier-Ecrehous aux anglais en 1953…L’Intérêt géopolitique semble avoir été oublié !!! Alors que cette zone alimentait quelques 600 familles entre Cherbourg et Pimpol…Comment ne pas comprendre le désespoir du capitaine de pêche, voyant sa cargaison de poisson partir à 3,50 euros le kilo et revendu à l’étal autour de 15 euros…
Pour les Marins-pêcheurs, paysans de la mer, où chaque sortie demeure une aventure pouvant être mortelle, il faut aller plus loin, toujours plus loin, pour trouver de quoi gagner son pain. Comment tolérer que la pêche Française soit soumise aux diktats européens ?
Comment continuer d’accepter que les produits de la mer Français soient concurrencés sur les étals par des produits pêchés je ne sais où ?
Comment accepter, que dans l’indifférence générale, des usines flottantes, venues d’Asie, raclent imperturbablement les fonds marins, pillant et détruisant toute la faune avec les conséquences catastrophiques qui en découlent ?
Comment accepter le désespoir de ces hommes qui affrontent la mort pour gagner leur vie, regarder diminuer leur salaire d’un tiers depuis quelques temps…
Comment accepter qu’au large des côtes d’Afrique, des pêcheurs coupent les ailerons des requins vivants et les rejettent à la mer pour le plus grand profit culinaire des asiatiques ?Quand cela cessera-t-il ?
Alors que la République ferme l’histoire en devenant la fossoyeuse des spécificités Françaises. Après une décentralisation d’opérette, les métiers deviendront des attractions touristiques dans une France devenue un immense Disneyland… Aujourd’hui, on interdit la pêche au Cabillaud, demain un autre…
On condamne le saumon sauvage, résistant difficilement à l’injection de saumons d’élevages…
Comme pour l’agriculture, dont on arrache des vignes et demain on tue les vaches… Tout cela, sous le contrôle de la police et des agents du fisc avides de subsides pour engraisser les politiques qui nous gouvernent ou plutôt qui nous exploitent...