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géopolitique - Page 491

  • La Russie va-t-elle capituler ?

    Les efforts sincères et diligents du gouvernement russe, visant à éviter le chaos en Syrie et un flux massif de réfugiés supplémentaires en Europe, tout en évitant le conflit avec Washington et ses vassaux, ont été arrêtés par l’attaque intentionnelle de Washington contre une position connue de l’armée arabe syrienne. Cela a ainsi fait échouer l’accord de cessez-le-feu pour lequel la Russie s’est tant sacrifiée pour le mener à bien.

    L’explication de l’attaque fournie par Samantha Power, ambassadrice du régime Obama à l’ONU, révèle que Washington mentira jusqu’au bout pour réaliser son ordre du jour : plonger la Syrie dans le même chaos qu’il a plongé l’Irak et la Libye. Washington, et Washington seul, est responsable de la guerre en Syrie. Quand le Parlement britannique et le gouvernement russe ont bloqué l’invasion que comptait lancer Obama en Syrie, pour envahir la Syrie, le régime Obama a armé et payé des mercenaires djihadistes qu’il a fait passer pour des rebelles syriens en lutte pour la démocratie là-bas. Samantha Power a tripatouillé l’histoire et mis la guerre sur le dos de l’intervention russe, qui a été demandée par le gouvernement syrien contre les djihadistes d’ISIL envoyés par Washington pour déstabiliser la Syrie. Ce que Samantha veut dire, c’est que si la Russie n’était pas venue aider la Syrie, Washington et ISIL auraient déjà détruit la Syrie, et il n’y aurait pas de guerre.

    Vitaly Churkin, ambassadeur de la Russie à l’ONU, a déclaré qu’en 40 ans de diplomatie, il n’avait jamais vu une performance aussi autoritaire et démagogique que celle de Samantha.Churkin semblait sous-entendre qu’une explication aussi irréaliste et tordue des faits connus que celle donnée par Samantha, le laisse sans espoir de parvenir à une solution diplomatique.

    Si le gouvernement russe est enfin arrivé à conclure que Washington est déterminé à anéantir la stabilité politique en Syrie pour la remplacer par le chaos, il aura fallu du temps.

    Le gouvernement russe s’ingéniait à éviter de conclure cela, car une fois que la diplomatie est reconnue inutile, la force fait face à la force. Dans le contexte actuel, cela signifie la guerre thermonucléaire, la fin de la vie sur Terre.

    C’est pourquoi, aux provocations coercitives de Washington, le gouvernement russe répondait diplomatiquement, proposait une coopération à Washington au lieu du conflit.

    Mais Washington veut le conflit. Les Russes ont prétendu que Washington et eux avaient un intérêt commun dans la lutte contre le terrorisme, mais le terrorisme est l’outil dont se sert Washington pour déstabiliser la Syrie, puis l’Iran, puis les provinces musulmanes de la Fédération de Russie et de la Chine.

    Washington veut l’hégémonie, pas la coopération. Maintenant que Samantha Power a rendu cela aussi clair, le gouvernement russe ne peut plus prétendre autre chose. Que vont faire la Russie (et la Chine) ?

    Si la Russie et la Chine ne sont pas préparées à la guerre dans laquelle Washington les embringue, vont-elles fléchir devant l’agression, sacrifier la Syrie, les provinces russes dissidentes de l’Ukraine, et les diverses questions de litiges insulaires dans l’océan Pacifique, ou vont-elles unir leurs forces ? Décideront-elles de disperser l’OTAN en mettant en évidence ce que coûterait le conflit aux vassaux européens de Washington ? De toute évidence, l’Europe n’a rien à gagner dans l’agression de Washington contre la Russie et la Chine.

    À moins que la Russie soit incapable de faire quelque chose maintenant que la diplomatie est dans une impasse avérée ?

    Peut-être s’agit-il de la question majeure. Ce que peut dire quelqu’un n’appartenant pas au gouvernement russe, c’est que la Russie ne prend pas complètement son destin en main. Les éléments du gouvernement russe connus sous le nom d’« atlantistes intégrationnistes », pensent qu’il est plus important pour la Russie de rejoindre l’Ouest, de l’intégrer dans le système occidental, que d’être un pays souverain. Ils plaident que si les grandes puissances de jadis, qu’étaient la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France, peuvent profiter d’être des vassaux des USA, la Russie le pourrait aussi.

    Les atlantistes intégrationnistes affirment qu’avec sa capacité nucléaire stratégique et sa masse de ressources terrestres, la Russie peut garder quelque souveraineté et ne s’astreindre que partiellement à la vassalité. Un problème avec cette position, elle suppose que les néocons se satisferont d’une hégémonie partielle et ne profiteront pas de la position affaiblie de la Russie pour réaliser leur pleine hégémonie.

    Le gouvernement russe a probablement toujours l’espoir qu’au moins certains gouvernements européens se reconnaîtront obligés d’éviter la guerre et quitteront l’OTAN, ne cautionneront pas politiquement de cette façon l’agression de Washington. Il est possible qu’il y ait quelque espoir de ce genre, mais les principales personnalités politiques européennes sont soudoyées et payées par Washington. Comme me l’a dit un haut fonctionnaire du gouvernement US, il y a longtemps, dans les années 1970, « nous les tenons ; ils nous appartiennent ».

    Aucun espoir ne peut sortir des médias européens. Udo Ulfkotte, ancien rédacteur en chef deFrankfurter Allgemeine Zeitung, a pondu un livre dans lequel il avoue que chaque journaliste européen important a été soudoyé par la CIA.

    Avec les politiciens et les médias soudoyés, d’où pourrait sortir un vrai chef européen ?

    Les Européens se sont accoutumés à leur rôle de vassaux à gages. Comme aucun homme politique ou éditeur de journal européen ne peut supposer qu’un acte de rébellion réussisse, ils préfèrent profiter de leur vie agrémentée de pourboires étasuniens, que prendre un risque pour l’humanité.

    La question générale est de savoir si les systèmes socio-politico-économiques existants peuvent être favorables à l’humanité. Il n’est pas évident que les civilisations capitalistes sont capables d’être humaines, car la valeur reposant sur l’argent rend la cupidité et la puissance prépondérantes. Il est possible que l’imperfection et l’incompétence humaines aient détruit non seulement l’environnement de la planète, mais aussi les systèmes sociaux humains. Le mondialisme n’est pas un régime de coopération. C’est le régime de Washington pour asseoir sa domination.

     Paul Craig Roberts

    Ancien Secrétaire Adjoint au Trésor attaché à la politique économique, Paul Craig Roberts a aussi été rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal, chroniqueur de Business Week,Scripps Howard News Service et Creators Syndicate, et il a obtenu de nombreuses affectations universitaires.

    Original : www.paulcraigroberts.org
    Traduction Petrus Lombard

    Source: reseauinternational.net

    http://www.altermedia.info/france-belgique/reseauinternational/la-russie-va-t-elle-capituler_168661.html#more-168661

  • Quand la Russie libérera l’Allemagne : à l’aube de la révolution spirituelle européenne

    Alors que je prépare un article sur la question de “l’Être du peuple” et le nationalisme breton, je retombe sur certains extraits d’une correspondance entre le Français Ernest Renan et l’Allemand David Strauss en date de l’été 1870. Vous allez voir qu’il n’y a aucune rupture dans le cours de l’histoire et que, à l’heure actuelle, nous nous situons dans un processus dialectique dont la compréhension est essentielle pour l’avenir de l’Europe.

    La France et la Prusse s’affrontent alors violemment et les deux hommes échangent sur la guerre en cours. Tandis que la France s’effondre, Renan tente de convaincre son correspondant de ce que l’annexion de l’Alsace serait une erreur. La confrontation des deux visions est l’occasion d’un échange où les catégories les plus diamétralement opposées s’expriment, résumant l’enjeu plus général.

    Ce débat donne, en fait, le vertige. Parce qu’il témoigne des enjeux idéologiques et existentiels qui dépassent de beaucoup le sort des Alsaciens.

    Pour l’Allemagne, l’enjeu, c’est l’unité nationale. Chez les Allemands, celle-ci n’est pas prédéfinie par un état, une bureaucratie ou les fortunes d’une dynastie, mais par une culture commune qui se joue des frontières du passé. Le peuple allemand a pris conscience de lui-même et la force de ce peuple remet en cause tous les états de fait hérités des siècles passés.

    Ainsi, pour l’Allemagne de 1870, ne pas annexer l’Alsace germanophone alors que la France est défaite, équivaudrait à nier même de l’existence de la nation allemande. Il s’agit donc, pour les Allemands, de libérer l’Allemagne, toute l’Allemagne.

    C’est presque par hasard, en raison de trois départements, que la France et la jeune Allemagne se télescopent. Ernest Renan, s’adressant à l’Allemand David Strauss, écrit :

    “Si l’on nous démembre c’est la guerre de revanche et l’alliance russe. Si l’on nous ménage, nous oublierons et formerons avec l’Allemagne et l’Angleterre une alliance dont l’effet sera de conduire le monde dans les voies de la civilisation libérale.”

    On notera que pour Renan – et tous les nationalistes français de l’époque – la seule annexion de l’Alsace et de la Lorraine équivalait à un “démembrement” complet. Ce qui est du point de vue idéologique français – mais non des faits – correct pour des raisons trop longues à développer ici.

    Cette affirmation allemande de la culture comme fondement de la nation remet en cause radicalement l’ordre international établi par le Traité de Westphalie, au 17e siècle. Ce traité, qui couronne la souveraineté des états quant à leurs affaires intérieures, est le produit des guerres de religions ayant anéanti l’Europe de la Renaissance. Avant la culture, ce fut l’appartenance religieuse qui fit soudainement imploser les états féodaux existants.

    L’unité allemande n’était au 19e siècle qu’un nationalisme parmi des dizaines d’autres qui s’éveillaient et aboutirent, en 1914, à l’explosion de l’Autriche-Hongrie.

    Pour la France, la lutte pour l’Alsace constitue un enjeu majeur dans le cadre de la préservation du dynamisme de son mythe fondateur hérité de 1789 : l’égalité. Conserver l’Alsace dans le giron français c’est, pour Paris, conjurer le spectre de la décadence et du reflux de son rayonnement au profit d’une Allemagne qui impose ses catégories philosophiques dans le champ politique et géopolitique. La culture contre le juridisme, en somme.

    La guerre d’extermination entre Germains et Slaves

    Renan déplore les excès de certains Allemands voulant « dominer l’Europe par une action universelle de la race germanique » frénésie, dit-il, « bien chimérique ». Il ajoute :

    “Un œil pénétrant verrait peut-être dès à présent le nœud déjà formé dela coalition future [anti-allemande, NDLR]. Les sages amis de la Prusse lui disent tout bas, non comme menace, mais comme avertissement :“Malheur au vainqueur” !

    L’Allemagne, en se livrant aux hommes d’État et aux hommes de guerre de la Prusse, a monté un cheval fringant qui la mènera où elle ne veut pas. Une suspicion universelle contre votre puissance d’assimilation, contre vos écoles va se répandre. Un vaste effort pour écarter vos nationaux que l’on envisagera comme les avant-coureurs de vos armées sera pour longtemps à l’ordre du jour.”

    Sans surprise, Renan développe les thèses de l’égalité héritées de 1789 et tente dans sa lettre d’amadouer le Germain conquérant et sûr de lui. Il perçoit, à l’autre bout du spectre, la radicalité naissante des Allemands :

    “Notre politique, c’est la politique du droit des nations ; la vôtre, c’est lapolitique des races : nous croyons que la nôtre vaut mieux. La division trop accusée de l’humanité en races, outre qu’elle repose sur une erreur scientifique, très peu de pays possédant une race vraiment pure, ne peut mener qu’à des guerres d’extermination, à des guerres « zoologiques », permettez-moi de le dire, analogues à celles que les diverses espèces de rongeurs ou de carnassiers se livrent pour la vie. Ce serait la fin de ce mélange fécond, composé d’éléments nombreux et tous nécessaires, qui s’appelle l’humanité. Vous avez levé dans le monde le drapeau de la politique ethnographique et archéologique en place de la politique libérale ; cette politique vous sera fatale.”

    En fait de “nations”, les Français n’ont jamais compris ce que ce terme signifiait, confondant “état” et “nationalité”. Le terme “nation” provient du latin “natus”, “naître”, renvoyant à la filiation biologique d’une communauté. Ce “genos” en grec est défendu avec vigueur par les Allemands qui y voient le foyer originel de “l’ethnos”, la culture “nationale”. Renan parle donc en réalité du “droit des états” et non du “droit des nations”, statu quo étatique que l’écrivain français brandit contre le “droit des peuples” révisionniste qu’incarne le nationalisme allemand.

    Posé en ces termes, le millénarisme égalitariste – sur lequel la France avait bâti ses prétentions géopolitiques – s’effondre. La solidarité ethnique et les réalités raciales et culturelles convainquent de sénilité la réaction étatique française qui s’appuie quant à elle sur l’égalité abstraite et son ordre légal.

    Ce que Renan appelle la “politique ethnographique” n’est autre que la définition même de tout état véritablement “national”, par opposition à l’état “libéral” ou “social”, cette construction juridique sans substance ni assise durable.

    En fait, l’écrivain français adopte, sans le savoir, une politique qui se radicalisera parallèlement à celle de l’Allemagne, mais en sens contraire.

    Le procès qu’il fait aux Allemands sera donc, aussi, celui de la France, comme nous allons le voir plus bas. Futilement occupé à défendre l’héritage de 1789 pour faire vivre la fiction d’une France encore pertinente historiquement, Renan n’en perçoit pas moins justement les mécanismes qu’engendrera le nationalisme allemand au plan européen :

    “Comment pouvez-vous croire que les Slaves ne vous feront pas ce que vous faites aux autres, eux qui en toute chose marchent après vous, suivent vos traces, pas pour pas… Chaque affirmation du germanisme est une affirmation du slavisme […] Le Slave, dans cinquante ans, saura que c’est vous qui avez fait son nom synonyme d’esclave : il verra cette longue exploitation historique de sa race par la vôtre, et le nombre du Slave est le double du vôtre, et le Slave, comme le dragon de l’Apocalypse dont la queue balaye la troisième partie des étoiles, traînera un jour après lui le troupeau de l’Asie centrale, l’ancienne clientèle des Gengis Khan et Tamerlan […] Mais si un jour les Slaves viennent revendiquer la Prusse proprement dite, la Poméranie, la Silésie, Berlin par la raison que tous ces noms sont slaves […] qu’aurez-vous à dire ?”

    “Guerre de revanche”, “Alliance franco-russe”, “guerre d’extermination entre Germains et Slaves”, “ruée des masses asiatiques” au cœur de l’Europe : telles sont les anticipations de Renan pour le XXème siècle. Indépendamment de ses convictions idéologiques, le raisonnement est logique et va se révéler exact, au détail près.

    Lors du 17e congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique, en 1934, Staline aborde à mots à peine couverts la nouvelle situation politique allemande et l’accession d’Adolf Hitler à la chancellerie. Le nouveau chancelier s’est donné pour mission d’achever l’unité nationale des Allemands entreprises par Frédéric Le Grand et Bismarck et, à ce titre, de réviser les conséquences de la défaite allemande de 1918.

    Comme on peut le lire, le maître de l’URSS est parfaitement renseigné des écrits et intentions profondes du nouveau chef de l’Allemagne :

    “Cependant, d’autres pensent que la guerre devrait être menée par une “race supérieure”, disons, la “race” allemande, contre une “race inférieure”, et en premier lieu contre les Slaves, que seulement une telle guerre peut apporter une issue à la situation, car c’est la mission qui échoie à la “race supérieure” de rendre la “race inférieure” productive en la gouvernant. Admettons que cette théorie étrange […] soit mise en pratique. Quel pourrait être le résultat de cela ?

    Il est bien connu que la Rome antique regardait les ancêtres des Allemands et des Français actuels de la même façon que les représentants de la “race supérieure” regardent à présent les races slaves. Il est bien connu que la Rome antique les traitait comme une “race inférieure”, comme des “barbares”, destinés à vivre dans une éternelle subordination à la “race supérieure”, à la “grande Rome”, et, entre nous il se dit que Rome avait quelques bonnes raisons pour le penser, ce qui n’est pas le cas lorsque l’on parle des représentants actuels de la “race supérieure”. Mais quelle fut la conséquence de cela ? La conséquence fut que les non-Romains, tous les “barbares”, s’unirent contre l’ennemi commun et firent chuter Rome. La question se pose : quelle garantie y a-t-il que les revendications des représentants de la “race supérieure” d’aujourd’hui ne mèneront pas aux mêmes lamentables résultats ? Quelle garantie y a-t-il que les fascistes littéraires de Berlin seront plus heureux que les vieux et expérimentés conquérants de Rome ? Ne serait-il pas plus correct de supposer que c’est le contraire qui sera le cas ?”

    Près de 64 ans séparent les observations de Renan et ce discours de Joseph Staline. Discours du tyran rouge qui, en lui-même, s’avéra juste dans ses anticipations, à l’instar de celles de l’écrivain français.

    La haine atavique envers les Slaves des éléments les plus radicaux du pangermanisme, Hitler en tête, limita instantanément les possibilités diplomatiques et militaires de l’Allemagne. Même dans les territoires ayant accueilli la Wehrmacht en libératrice en 1941, comme l’Ukraine, la terreur imposée par les forces d’occupation, dont la SS, aboutit à un revirement presque instantané.

    Le plan de “colonisation” allemand – le “Generalplan Ost” – explorait les possibles exterminations et déplacements de dizaines de millions de Slaves, qu’ils soient ukrainiens, biélorusses, polonais ou russes.

    Du “Grand Empire Germanique de la Nation Allemande” voulu par les nationaux-socialistes, il ne reste, en 1945, plus rien. La Prusse Orientale, la Poméranie, la Silésie conquise par Frédéric Le Grand, toutes ces provinces ont été perdues, comme l’annonçait précisément Ernest Renan.

    Berlin n’est plus qu’un monceau de ruines occupé par l’Armée Rouge, dont une bonne part de Mongols. L’Alsace est livrée à une francisation à outrance. L’Autriche est réinstaurée comme état indépendant. Des millions d’Allemands ont été chassés de leurs terres ou victimes de nettoyage ethnique à grande échelle.

    En Europe, la conclusion de la Seconde Guerre Mondiale est d’abord une victoire historique des Slaves sur les Allemands. Elle a été rendue possible par l’alliance du panslavisme porté par l’URSS de Staline et la coalition des démocraties anglo-saxonnes.

    Démantèlement de la nation allemande

    Suivant en cela l’état d’esprit d’Ernest Renan, la France mais aussi la Grande-Bretagne, les USA et l’URSS veulent définitivement anéantir ce que l’écrivain français qualifiait de “politique ethnographique”, plus connue de nos jours sous l’adjectif de “nationalisme” ou de “racisme”. Il s’agit de détruire la révolution philosophique et idéologique portée par l’Allemagne contre les idées de 1776, de 1789 et de 1918.

    C’est tout l’objet des procès de Nuremberg et de la politique de “dénazification” qui se poursuit de facto jusqu’à aujourd’hui. Pour la première fois, la défaite militaire totale de l’ennemi ne suffit pas aux belligérants victorieux : un processus judiciaire et idéologique s’ajoute à l’effort de guerre premier.

    Les autorités françaises sont alors, comme aujourd’hui, obsédées par l’unité allemande et identifient dans l’origine philosophique même du nationalisme allemand le facteur déterminant de l’émergence du national-socialisme.

    Il s’agit pour les vaincus de 1815, de 1870 et de 1940 de convaincre les Alliés de la nécessité de démanteler l’Allemagne une bonne fois pour toute. Ce faisant, ce n’est pas seulement le national-socialisme fondé en 1919 que la France veut éradiquer, mais l’idée même de nation allemande comme son principe fondateur : la nation culturelle (Kulturnation) contre la “nation” d’état (Staatsnation). Terme qui, en français, constitue un parfait contresens.

    A cette date, l’Allemagne est de facto divisée en deux grandes entités : les zones d’occupation alliées et soviétique. L’État Allemand a disparu et le plan américain dit “Morgenthau” est mis en œuvre. Il vise à ramener le peuple allemand à un état de développement économique proche de celui qui était le sien au 18ème siècle, c’est-à-dire d’économie agricole. Le plan prévoie que le processus mène à la mort de millions d’Allemands auquel il faut ajouter des millions de déportés.

    Face à la montée des tensions avec le Bloc de l’Est sous tutelle soviétique, les Alliés cessent progressivement de démanteler l’économie et les structures administratives allemandes et permettent en 1949 la constitution d’un état tampon vassalisé : la République Fédérale d’Allemagne (RFA). Cette annonce précipite la création de la République Démocratique d’Allemagne, un état communiste dans la zone orientale occupée par l’URSS.

    Ce sont ces deux créations, notamment dans la partie occidentale de l’ancien Reich (RFA), qui marque la fin de la nation allemande, sujet sur lequel je voulais précisément revenir et dont les conséquences apocalyptiques vont peser sur nous.

    Le “trou noir” allemand

    Il n’est pas étonnant que les Alliés aient recherché à détruire un ennemi qu’ils avaient affronté durant deux guerres d’une ampleur inédite dans l’histoire. L’objet de mon texte n’est pas d’y revenir. Ce qui interpelle, c’est le coût à venir que va faire peser sur nous le manque d’une vision historique pénétrante chez les vainqueurs. Incapacité innée des démocraties capitalistes, seulement guidées par l’optimisme philosophique anglais et français du 18ème siècle.

    La restauration de deux “états” en Allemagne n’a aucunement signifié la renaissance de la nation allemande, non plus que la fusion de ces deux états en octobre 1990. Car le principe fondateur même de la nation allemande, la “Kulturnation”, a été détruit formellement le 23 mai 1945 à Flensbourg, près de la frontière danoise, lorsque les Alliés ont dissous le dernier gouvernement national allemand, celui du Reich.

    L’état opérant actuellement en Allemagne est inspiré d’une philosophie étrangère, d’importation anglo-saxonne et française, qui marque, d’une certaine façon, la réalisation du rêve de Renan :

    “Nous [la France, NDLR] oublierons et formerons avec l’Allemagne et l’Angleterre une alliance dont l’effet sera de conduire le monde dans les voies de la civilisation libérale”.

    Ce rêve d’amalgamer l’Allemagne continentale au bloc anglo-français se réalisera à l’initiative des USA en 1949. Mais cette rupture forcée se fit au prix de la négation même du cours historique du fait national allemand.

    L’état opérant en Allemagne est, tout au plus, un état de type néo-colonial, d’importation.

    Ce n’est donc pas le seul “Troisième Reich” qui a été jugé et condamné entre 1945 et 1947, mais la nation allemande en son principe fondateur. Cette dénaturation impulsée de l’extérieur revient à une acculturation aliénante de l’Être allemand qui s’est couplée, comme on sait, à une guerre idéologique permanente dont une des conséquences a été la culpabilisation du peuple allemand et sa “reconfiguration psychologique” profonde jusqu’à nos jours.

    Comprenons bien : la légitimité même de la République Fédérale d’Allemagne repose sur sa capacité à empêcher le “demos” allemand – la communauté politique – d’être l’expression de l’Être allemand, du “volksgeist”, qui trouve sa source dans son “genos” et son “ethnos”. Cette république “antinationale” et “anticulturelle”, produit de la contre-révolution alliée et soviétique en Allemagne, accouche sous nos yeux d’un monstre dont les pères “biologiques” occidentaux et communistes n’avaient pas entrevu avec quelle force il viendrait hanter leurs propres descendants, telle une malédiction divine.

    Et c’est là que l’on peut dire avec Ernest Renan : “Malheur au vainqueur” !

    Ce monstre, je le comparerais à un “trou noir” qui attire irrésistiblement tout ce qui gravite autour de lui pour l’engloutir dans le néant.

    Un abysse git au milieu de l’Europe et cet abysse va nous rappeler qu’on ne peut se jouer impunément de l’ordre et de la nature des choses.

    Psychologie allemande

    Les Français ne connaissent pas la psychologie profonde des Allemands. Leur innocence couplée à un caractère émotif font de ce peuple une personnalité collective au caractère passionné. Les Français confondent généralement la passion et l’expression, prenant l’Allemand pour un être froid, austère et sévère.  Au contraire, l’Allemand, loin d’être maître de ses émotions, alterne entre les moments d’euphorie et les épisodes de dépression aggravées. L’Allemand est passionné tout en demeurant maître de son expression tandis que le Français est cérébral mais très expressif. Ce qui en fait un bavard à l’esprit léger – mais bien articulé – là où l’Allemand est profond mais d’expression maladroite, voire rustre. Ce caractère passionné fait du peuple allemand un peuple porté à l’impulsivité.

    Certes, Ernest Renan entrevoyait les fureurs sanglantes que le jeune pangermanisme allait générer. Mais en évoquant l’hypothèse d’une “Allemagne libérale” alignée sur la France et la Grande-Bretagne, il touchait du doigt une tentation occidentale aux conséquences bien plus dévastatrices. Tentation qui fut mise en œuvre par les revanchards de 1945 et dont les conséquences ne vont plus tarder à peser sur toute l’Europe.

    Une première tentative eut lieu en 1918. On arguera du fait qu’elle fut le fait des Allemands eux-mêmes. Mais dans quel contexte ? Celui de la défaite et de la faim sur lesquelles prospèrent toujours les ferments de dissolution. Paradoxalement, elle fut aussi une phase d’épouillage nécessaire, de destruction d’un ordre qui n’avait plus que l’apparence de ce qu’il devait être. La révolution sociale-démocrate allemande, pour une involution de l’Être allemand qu’elle fut, était nécessaire à la marche en avant éternelle des hommes et des peuples. Il ne peut y avoir de résistance à la décadence sans décadence, de lustration sans encrassement.

    Lorsqu’ils implantent en 1945 de l’extérieur le drapeau victorieux des idées des Lumières au cœur de la jeune Allemagne vaincue, les Alliés occidentaux et soviétiques ont fait de cette fontaine en crue un siphon dont ils ne soupçonnaient pas qu’il entraînerait le continent une troisième fois dans le chaos.

    De l’euphorie radicale des heures de triomphe du national-socialisme, le peuple allemand est passé à l’abattement complet de la défaite. De sa passion guerrière et destructrice, il est passé à celle du masochisme et de l’autodestruction. Le peuple allemand contemple aujourd’hui, avec le même fanatisme que sous le Troisième Reich, le spectacle de son anéantissement.

    En privant le peuple allemand de son centre, de l’accès à sa personnalité profonde, les Alliés et les Soviétiques ont créé un abîme terrifiant dont la force d’attraction est proportionnelle au dynamisme naturel de l’Allemagne. Cette fois, le génie national allemand ne pourra pas être blâmé. Les Allemands auront fait précisément ce que ses vainqueurs voulaient d’eux : qu’ils cessent d’être allemands.

    Mais quel être humain peut durablement se conformer à une telle obligation de mort psychique sans devenir suicidaire ? Seule l’Allemagne, cette Allemagne, pouvait décider d’accueillir plus d’un million de migrants musulmans en un an, préfigurant la suite.

    Angela Merkel ne variera pas, de la même façon qu’Adolf Hitler n’a pas varié. L’Allemagne s’avance sur le chemin de son anéantissement avec discipline et passion.

    La révolution spirituelle russe et l’éveil de l’Être allemand

    Ce processus destructeur, ce gouffre, va générer une confrontation entre le phare du monde slave, la Russie, et celui de l’Occident, l’Amérique.

    L’anarchie allemande croissante produite par l’aliénation de l’Allemagne provoquera inévitablement l’implosion de l’Europe à son épicentre, entraînant dans son sillage les deux grands pôles qui s’affrontent pour le contrôle d’un continent dépourvu de principe organisateur propre. Pour l’Amérique, il s’agit de maintenir l’ordre tandis que pour la Russie il s’agit de changer d’ordre.

    De fait, l’effondrement de l’URSS a permis aux Anglo-Américains et à leurs vassaux français de pousser leur domination toujours plus loin à l’Est. Aujourd’hui, leurs armées stationnent dans les Pays Baltes, en Roumanie et en Pologne et s’infiltrent même en Ukraine. Un tel déséquilibre porte aux frontières de la Russie la rage nihiliste de l’athéisme matérialiste alors même que la nation russe, libérée du virus socialiste, devient une superpuissance spirituelle, un condensateur colossal de l’invisible.

    Cette proximité appelle inéluctablement à une décharge de foudre frappant le cœur de l’Allemagne pour rétablir l’équilibre. De la même façon que l’occidentalisation “libérale” de l’Allemagne voulue par les Alliés visait à détruire le principe spirituel de la nation allemande, la “libéralisation” matérialiste de la Russie entend détruire l’Être russe pour lui faire adopter le masque grimaçant de l’idéologie occidentale. Pareillement, seule une guerre d’anéantissement peut en résulter, mais d’une intensité beaucoup plus grande, car l’Être allemand n’était pas éveillé spirituellement mais seulement “historiquement”, à la différence de l’Être russe contemporain.

    La révolution spirituelle et nationale que met en mouvement la Russie va nécessairement poser à nouveau la question nationale allemande que les vainqueurs de 1945 avaient cru exorciser. Phénomène encore intensifié à la faveur de la catastrophe ethnique et raciale que représente l’immigration afro-musulmane.

    L’Être russe va faire resurgir du tombeau l’Être allemand, comme par instinct, afin d’alléger la pression occidentale à ses frontières. Il va, par ses pas aux échos d’orage, sortir l’Être allemand de sa dormition. Cette “guerre de partisans des consciences” est déjà à l’œuvre sur les arrières de l’Otan.

    Comment l’Allemagne sera-t-elle libérée ? Les modalités sont encore des hypothèses. Mais la guerre de libération spirituelle que mène déjà, à ses frontières, la Russie ne peut qu’éveiller tous les pôles spirituels du continent, c’est-à-dire les bastions endormis du christianisme milicien.

    Une inconnue demeure : celle de l’Être allemand lui-même. Car il n’a pris conscience de lui-même qu’à l’écoute de son caractère, fait de passions, et expressément contre sa foi chrétienne qu’il tenta de compenser par un animisme nordique de bazar. L’Être allemand a conditionné l’éveil de sa conscience par l’engourdissement parallèle de son âme, rejetant sa fonction impériale inclusive et ordonnatrice au profit de celui, trop étriqué pour lui, d’un état strictement national.

    A la différence de l’empire fédératif russe, articulant les nationalités autour de son cœur slave orthodoxe, la jeune nation allemande en rejeta le principe multinational tout en continuant d’aspirer à l’empire, livrant l’Allemagne à la guerre d’extermination contre ses voisins.

    La Russie peut, à la faveur d’une guerre défensive à ses marches, enclencher une guerre de libération spirituelle de l’Europe et faire de l’Allemagne le pilier d’une fédération européenne inspirée par elle. La Russie, tel Saint Jean-Baptiste, peut annonce la Bonne Nouvelle.

    L’Europe l’attend.

    http://borislelay.com/

  • Russes et Syriens accusent la coalition internationale d’avoir frappé l’armée syrienne

    Entré en vigueur depuis cinq jours, le cessez-le-feu mis sur pied par les Etats-Unis et la Russie en Syrie semble de plus en plus fragile, après que Moscou et Damas ont accusé samedi 17 septembre la coalition internationale conduite par les Etats-Unis de frappes contre une position de l’armée syrienne dans l’est du pays. Dans la soirée, la coalition internationale a admis avoir bombardé ce qu’elle pensait être une position du groupe Etat islamique (EI) en Syrie.

    « Des avions de la coalition internationale antidjihadiste ont mené aujourd’hui quatre frappes aériennes contre les forces syriennes encerclées par le groupe Etat islamique (EI) près de l’aérodrome de Deir Ezzor », a indiqué le ministère russe de la défense dans un communiqué, précisant que plus de soixante soldats syriens avaient été tués. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), cette organisation qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, les raids aériens ont tué au moins 80 soldats du régime syrien.

    De son côté, la coalition internationale a indiqué samedi avoir bombardé ce qu’elle pensait être une position de combat djihadiste en Syrie, mais avoir mis fin à cette opération dès que Moscou l’a prévenue qu’il s’agissait peut-être de militaires syriens. « Les forces de la coalition pensaient qu’elles frappaient une position de combat de l’EI qu’elles suivaient depuis un certain temps avant le bombardement », précise un communiqué.

    Jusqu’à ces frappes, si ni Moscou, ni Washington n’avaient formellement prolongé la trêve dans la nuit de vendredi à samedi, les deux pays affichaient leur volonté de le faire, en dépit des violations (près de 200, selon l’armée russe), tout en s’accusant mutuellement de ne pas faire en sorte que leurs alliés - le régime de Damas pour les Russes, les groupes rebelles modérés pour les Etats-Unis - appliquent l’accord à la lettre. [....]

    La suite sur Le Monde.fr

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Russes-et-Syriens-accusent-la

  • La mondialisation malheureuse ou le règne de l'oligarchie

    A l'occasion de la sortie de son essai « La Mondialisation malheureuse », le politologue Thomas Guénolé a accordé un entretien au FigaroVox [14.09] pour éclairer les rouages d'un système planétaire selon lui moins libéral qu'oligarchique.  
    1078070062.jpgLe titre de votre nouveau livre, La Mondialisation malheureuse, sonne comme une réponse à La Mondialisation heureuse d'Alain Minc. Est-ce le cas ?

    Oui. Plus largement, mon livre déconstruit brique par brique l'argumentation destinée à nous vendre la mondialisation actuelle comme étant « heureuse », le meilleur système possible ; alors qu'elle est objectivement malheureuse, c'est-à-dire inéquitable et inhumaine.

    Prenons un exemple. On nous dit que la mondialisation a toujours existé, ou au minimum qu'elle est vieille de plusieurs siècles. Donc, critiquer la mondialisation, cela reviendrait à critiquer le cours naturel de l'humanité. C'est faux : la grande interconnexion planétaire des hommes, des économies et des cultures progresse effectivement, malgré des cassures et des stagnations, depuis des siècles ; mais la mondialisation actuelle, que j'appelle malheureuse, ce n'est qu'une façon possible parmi d'autres d'organiser cette grande interconnexion. Du reste, les avocats de la mondialisation malheureuse ont beaucoup tendance à transformer « il n'y a pas d'alternative aujourd'hui » - ce qui est vrai - en « il ne peut pas y avoir d'alternative », ce qui est faux.

    Prenons un autre exemple. On nous dit que la mondialisation sous sa forme actuelle est le meilleur système possible pour faire reculer la pauvreté : c'est l'argument du « bilan globalement positif ». Or, cette théorie est indéfendable en raison des 36 millions de victimes de l'esclavage « moderne » ; notamment pour confectionner nos vêtements à prix cassés.

    Ceci, sans même parler des 3 millions d'enfants de moins de 5 ans qui meurent de la faim chaque année, alors qu'il y a encore plus de nourriture que ce dont nous avons besoin pour nourrir toute la population mondiale. C'est donc un problème de prédation et de gaspillage ; et non pas un problème de manque de nourriture.

    Vous soutenez que la mondialisation actuelle n'est ni libérale, ni néolibérale. Pourquoi ?

    D'une part, les politiques économiques que la mondialisation actuelle impose aux pays qu'elle touche consistent surtout à démanteler l'Etat-providence et à déposséder l'Etat-actionnaire. Puisque c'est donc un grand bond en arrière de la place de l'Etat dans l'économie et le social, le préfixe « néo- » est inapproprié. D'autre part, le vrai libéralisme économique est résolument hostile à toute rente de situation, à tout privilège, et à toute entente entre une poignée de grands groupes pour contrôler un marché. Prétendre que cette mondialisation est libérale alors qu'elle fabrique partout de grands oligopoles, c'est donc une usurpation.

    En réalité, puisque quelle que soit l'échelle retenue, son modèle économique et social consiste systématiquement à privilégier une minorité en précarisant une majorité, la mondialisation malheureuse est « oligarchiste » ; quant à ses grands bénéficiaires, les 0.1%, ce sont des « oligarques ». Par parenthèse, laisser les oligarchistes usurper le masque trompeur du libéralisme, c'est une énorme erreur : car cela leur permet de se prétendre mensongèrement les défenseurs de la liberté dans l'économie, alors qu'ils sont juste des défenseurs des intérêts des oligarques et des classes supérieures.

    Un défenseur de cette mondialisation vous objecterait qu'en laissant les très riches s'enrichir, on fait baisser la pauvreté…

    C'est l'argument de la « théorie du ruissellement ». Problème : il est faux. Dans ce livre, j'ai calculé le coefficient de détermination entre l'évolution des inégalités et celle de la pauvreté, pour une sélection de pays des cinq continents. Si l'aggravation des inégalités au profit des 0.1% était la cause de la baisse mondiale de la pauvreté, ce coefficient devrait être élevé, proche de 1. Or, au contraire, il est quasi-nul. CQFD: cette fameuse «théorie du ruissellement» est erronée.

    Vous appelez « pyramide globale » la société fabriquée par la mondialisation. Que trouve-t-on à ses différents étages ?

    En m'inspirant des travaux de Robert Reich, j'ai observé que la mondialisation malheureuse nous fait graduellement évoluer vers le retour des sociétés de castes. J'en compte neuf.

    Les oligarques sont ces 0.1% qui accumulent une fortune titanesque à force de prédations : par exemple, celle de l'oligarque espagnol Amancio Ortega, propriétaire de Zara, pèse 16 millions de fois la somme annuelle avec laquelle les quelque 3 millions d'Espagnols pauvres doivent survivre. Les ploutocrates sont les 10% les plus riches des différents pays : ils font partie des riches, mais ils sont aux oligarques ce que la petite Mars est à l'immense Jupiter. Les apparatchiks sortent d'un très petit nombre d'écoles véhiculant l'idéologie de la mondialisation malheureuse : ils sont tantôt cadres dirigeants de grandes firmes mondialisées, tantôt hauts fonctionnaires, et naviguent couramment d'un univers à l'autre. C'est par exemple Mario Draghi, tantôt vice-président de Goldman Sachs pour l'Europe, tantôt président de la Banque centrale européenne.

    Les prêcheurs essayent quant à eux de faire passer l'idéologie de la mondialisation malheureuse, comme naguère leurs équivalents médiévaux, pour l'expression de la Vérité révélée. Ce sont surtout des économistes, qui tendent d'ailleurs à marginaliser dans le système universitaire les économistes qui ne pensent pas comme eux, comme jadis on pratiquait l'excommunication. C'est par exemple l'économiste Jean Tirole : d'un côté il prêche la précarisation des salariés en invoquant le libre jeu de la concurrence ; mais de l'autre côté, il a exigé du gouvernement que soit empêchée la création d'une seconde section d'économie dans l'université française, qui aurait fait concurrence à la sienne.

    Les nomades sont les héritiers de ceux que l'écrivain Upton Sinclair appelait les « cols blancs » dans les années 30. Ils sont très diplômés, ils font des tâches de « manipulateurs de symboles », ils ne risquent guère le chômage, ils parlent couramment le « globish », ils vivent au cœur des grandes mégapoles, et l'expatriation leur est familière. Les précaires sont les héritiers, eux, des « cols bleus ». Ils appartiennent à la couche sociale que le sociologue Guy Standing appelle le « précariat »: ils sont chômeurs ou travailleurs pauvres, ils ont des contrats fragiles et incertains, ils ont des débuts de mois difficiles, et leur visibilité sur leur avenir est quasi-nulle.

    Les fonctionnaires sont une caste hybride : certains sont « manipulateurs de symboles » comme les nomades, d'autres sont plus proches des « cols bleus », mais tous sont protégés et sédentaires. Les laissés-pour-compte sont, dans les pays du Nord, les jeunes « NEET » - ni emploi ni éducation ni formation - éjectés très tôt de l'économie ; et dans les pays du Sud, surtout des paysans sans terres. Enfin, la neuvième caste, tout en bas, celle dont on ne parle jamais, ce sont les esclaves. Par exemple, les usines de la firme chinoise Foxconn, qui produit 40% des biens électroniques du monde pour Apple, pour Nokia et pour d'autres, sont qualifiées de camps de travail par des universitaires chinois eux-mêmes.

    Vous décrivez dans votre livre une mécanique de pillage des Etats et des populations par la mondialisation, mécanique dont la matrice est selon vous le système financier globalisé. Pouvez-vous nous restituer les grands traits de cette mécanique ?

    Dans les années 1930, pour faire face au Grand Krach de 1929, le président états-unien Franklin D. Roosevelt a imposé des réformes draconiennes afin d'enfermer la finance-casino dans une camisole de fer. Pour que les cours des monnaies ne déstabilisent pas l'économie, il a inspiré la mise en place, peu après sa mort, d'un système rénové de taux de change fixes. Pour que l'écroulement des banques qui jouent en bourse ne puisse plus contaminer l'économie réelle, il a séparé les activités des banques d'affaires et des banques de détail. Pour que l'économie réelle ne soit plus essorée par les dynamiques prédatrices de grandes firmes, que ce soit envers les richesses ou envers les habitants, il a érigé une économie mixte public-privé où l'Etat est puissant, ainsi que de solides protections des droits des salariés.

    A partir des années 1970 en revanche, ce « système rooseveltien » a été méthodiquement détruit, sous l'influence d'idéologies anti-Etat et anti-protections sociales, pour revenir aux règles, ou plutôt au manque de règles, de l'avant-1929. Les monnaies sont devenues cotées en bourse, avec toute l'instabilité qui en découle. La séparation des banques a été progressivement abolie, faisant ressurgir des mastodontes dans la banque et l'assurance. Il s'est ensuivi l'accumulation des krachs financiers et économiques, par exemple en 1979, jusqu'à la grande catastrophe de 2007-2009. A cet égard, à l'origine des printemps arabes il y a les émeutes de la faim ; à l'origine des émeutes il y a l'explosion des prix des denrées alimentaires de base ; et à l'origine de cette explosion des prix, il y a la libre spéculation des grandes firmes bancaires sur les cotations boursières de ces denrées.

    Nos basculements récurrents dans la récession ou la stagnation ne sont que la gueule de bois de ces ivresses répétées, monumentales, d'un système financier se comportant tel un noceur qui ne sait pas boire. Et pourtant, contre toute logique, la réponse politique à ces catastrophes consiste systématiquement à vendre à la découpe nos biens collectifs et nos entreprises publiques, tout en rabotant sans cesse les protections des populations. Un peu comme si, pris en flagrant délit d'ivresse sur la voie publique, un noceur réagissait en dépouillant et le gendarme, et le passant, au motif qu'en réalité ce serait de leur faute…

    Vous faites beaucoup de préconisations dans votre livre: des taxes anti-dumping protectionnistes ; une relance écologique de l'économie par des grands travaux d'Etat et des petits travaux des ménages ; le revenu de base pour résorber la grande pauvreté ; des campagnes de «name and shame » contre les grandes marques qui pratiquent l'esclavage ; la redistribution des terres dans les pays du Sud… Sur le plan de l'orientation politique, diriez-vous que votre livre est plutôt de gauche, de droite, ou ‘‘autre'' ?

    Le système de la mondialisation malheureuse est condamné à l'effondrement économique, parce que les oligarques et leurs grandes firmes, en particulier financières, sont incapables d'autorégulation. Ils provoquent donc des catastrophes de plus en plus graves au fil de leurs ivresses immaîtrisables. Il est aussi condamné à l'effondrement politique, parce qu'il sape lui-même son socle sociologique de soutien en précarisant de plus en plus les «cols blancs», qui donc rejoignent de plus en plus les électorats contestataires : le Brexit est un bon exemple. Et il est condamné à l'effondrement écologique, parce qu'à force d'accélérer le détraquement de l'écosystème, il met en danger la survie de l'espèce humaine.

    Vouloir changer ce système n'est donc pas une position particulièrement de droite, de gauche, écologiste, du centre, d'extrême droite ou d'extrême gauche : c'est simplement de la légitime défense. Autrement dit c'est un enjeu transpartisan. La très large majorité de l'humanité étant perdante dans ce système, elle doit s'organiser, à la fois par l'engagement politique, syndical et associatif, pour le remplacer par un système conforme à l'intérêt du plus grand nombre et à la préservation de l'équilibre écosystémique. J'appelle cela: préparer « l'altersystème ».

    Pensez-vous vraiment que le passage de la «mondialisation malheureuse» à « l'altersystème » soit possible ? Si oui, peut-il être proche ?

    A l'issue de mes recherches pour ce livre, je suis convaincu que le basculement de la mondialisation malheureuse à l'altersystème est à la fois possible, souhaitable, et relativement proche. Le point de rupture en sera, je pense, le basculement d'une grande puissance dans l'altersystème, servant d'avant-garde et de point d'appui. Ma seule véritable interrogation est de savoir si l'écroulement du système de la mondialisation malheureuse inclura une transition violente ; par exemple une grande guerre. 

    « Le système de la mondialisation malheureuse est condamné à l'effondrement économique, parce que les oligarques sont incapables d'autorégulation. »

    Thomas Guénolé est politologue, maître de conférences à Sciences Po et docteur en Science politique (CEVIPOF). Il est l'auteur de Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ? (Édition le bord de l'eau, 2015) et vient de publier La mondialisation malheureuse chez First. 

    Alexandre Devecchio   

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/      

  • Trumpisation du monde ?

    Donald Trump va-t-il à nouveau créer la surprise au mois de Novembre ? Sa capacité de le faire jusqu’à présent n’a jamais été en défaut depuis sa candidature aux Primaires républicaines. Son personnage est en-soi surprenant car paradoxal. Vu de France, il paraît invraisemblable. Certains cherchent à le mettre dans une case. Ce n’est pas facile. A gauche, Manuel Valls dont l’ennemi prioritaire est « le populisme qui rôde » a parlé de « trumpisation » des esprits, une manière d’identifier le candidat républicain à la Présidence des Etats-Unis à Jean-Marie Le Pen et à la « lepenisation » comme  vecteurs du danger populiste. Un entrepreneur milliardaire qui attire à lui non le monde des affaires, mais le peuple des sans-voix, des oubliés du système, ce n’est pas banal.
    Le vénérable « Grand Old Party » a donc, contre tous les pronostics initiaux, investi un candidat hors-norme qui a fait choir tous les notables qui étaient ses rivaux, les modérés comme les conservateurs. La Convention d’investiture a totalement échappé à la tradition. Les grandes figures du mouvement étaient absentes, les Bush notamment. Les présents n’ont guère manifesté d’enthousiasme : Marco Rubio et Paul Ryan ont fait le service minimum. Ted Cruz ne s’est pas rallié. Les médias ont souligné les défections et raillé le plagiat de Mme Trump reprenant des formules de Mme Obama en 2008. Certains commentaires n’hésitent pas à parler de désastre et des membres du parti craignent sa division et des résultats calamiteux pour le Congrès.
    En fait, ces aspects négatifs ont peu de prise sur Donald Trump puisque sa stratégie consiste précisément à bousculer l’ »Establishment », que ce soit celui du Parti Républicain aujourd’hui, ou le clan Clinton et le Parti Démocrate demain. C’est ce que lui demandent ses fervents supporters et il aurait tort de les décevoir. Il a simplement et habilement présidentialisé son discours en évitant les outrances et les vulgarités, mais en maintenant sa ligne. « Son » candidat à la Vice-Présidence, Mike Pence, consacre ce recentrage très relatif. Contrairement à la tendance majoritaire au sein du parti, Trump est un empirique, pas un doctrinaire. Marié trois fois, il n’est pas un conservateur religieux ou compassionnel et s’intéresse peu aux problèmes sociétaux comme le mariage homosexuel contre lequel le programme républicain s’est clairement prononcé. Il a vampirisé le « Tea party » tombé de 32% à 17% des électeurs. Le libertarisme avec lui se fait concret : certes, libérer le pays réel de l’emprise de Washington, laisser les Etats libres de leurs choix, sauvegarder le second amendement et la liberté de porter des armes, mais aussi favoriser avant tout l’emploi, pousser à l’augmentation du salaire minimum et ne pas préserver l’imposition des plus riches. Ce cocktail de libéralisme et de populisme fait mouche chez les « laissés-pour-compte » de la mondialisation.
    « L’Amérique d’abord », « la Loi et l’Ordre », rendre aux Etats-Unis, leur sécurité, leur fierté, leur grandeur, tels sont les points forts d’un discours qui met l’accent sur la protection plus que sur la liberté. Au premier rang, figure la sûreté des Américains et de l’Amérique. Les événements nationaux et internationaux insufflent une force exceptionnelle à ce discours qui rend bien pâles les paroles politiquement correctes de sa concurrente, Hillary Clinton. Le massacre d’Orlando, suivi par deux assassinats de policiers à l’intérieur, la tuerie de Nice, et maintenant l’attentat de Münich semblent le justifier et soulignent l’aveuglement et l’inefficacité de la classe politique en place. L’évolution de l’opinion publique en Europe et les votes récents montrent que le rejet de l’oligarchie politique par une partie grandissante de la population devient un phénomène essentiel dans les démocraties occidentales. L’anathème de « populiste » jeté avec mépris par l’Establishment risque de devenir un boomerang pour ceux qui le lancent.
    La lutte contre le crime et le terrorisme s’accompagne également d’une remise en cause de l’immigration , sujet beaucoup plus délicat aux Etats-Unis qu’en Europe tant les immigrés ont façonné l’histoire et le développement du pays. La consolidation de la frontière mexicaine, la limitation des visas pour les ressortissants des pays dangereux, et notamment musulmans, répondent à la fois aux préoccupations en matière de sécurité et à la crainte des travailleurs d’être concurrencés par les immigrés. La protection du travail américain amène également le candidat républicain à briser le tabou libéral du libre-échange.
    La présidence Bush a correspondu à un pic du messianisme américain en faveur de la démocratie y compris au moyen d’interventions militaires qui avaient peut-être d’autres objectifs plus économiques qu’idéologiques. L’échec de cette politique a été suivi par un messianisme « mou » sous le règne d’Obama, mêlant un respect marqué pour l’islam sunnite à la poursuite de la guerre par drones et troupes spéciales, tandis que la bonne vieille guerre froide contre la Russie était restaurée. Donald Trump veut mettre fin à cette stratégie désastreuse, demander plus aux alliés, leur promettre moins et retrouver un terrain d’entente avec la Russie de Vladimir Poutine. On ne peut que l’approuver tant la politique menée depuis Clinton par les Etats-Unis est responsable du monde angoissant qui est aujourd’hui le nôtre.
    L’élection présidentielle aux Etats-Unis de 2016 sera beaucoup plus intéressante pour les Européens que la précédente. Malgré la distance culturelle, et en dépit de ce personnage de milliardaire populiste et grand communicant haut en couleurs assez improbable en Europe, la similitude des affrontements politiques est cette fois frappante. Deux forces vont se heurter : d’un côté, l’establishment, les notables soumis à la pensée commune malgré leurs différences politiques superficielles et soutenus par la majorité des médias ; de l’autre, une large partie de la population qui ne supporte plus la caste qui dirige, qui cumule privilèges, mépris et absence de résultats. Dans cette bataille, Donald Trump s’embarrassera peu d’idéologie. Il sera patriote, comme Nixon et Reagan, raisonnablement conservateur, mais sans plus.

  • « Ils » ont la gueule de bois? 2016-2017, la période de tous les possibles!

    Un  document de la commission des affaires étrangères du Parlement britannique, rendu public hier,  pointe les conséquences de l’intervention militaire contre la Libye en 2011, voulue en France  par Nicolas Sarkozy,  soutenue par son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, et à laquelle se rallia David Cameron. Le rapport note Le Monde, « met en cause le processus de décision qui a transformé une intervention censée venir en aide à des civils, à Benghazi, menacés par la répression du colonel Mouammar Kadhafi – une menace surestimée, affirment les députés –, en une opération visant le régime. » Il est fait état  également de  « la pression  des Libyens exilés en France disposant d’alliés au sein de l’establishment intellectuel français »…comment ne pas penser en effet  au  rôle très nocif joué dans cette tragédie par le « philosophe » pipo(le)  BHL. Le rapport de 49 pages conclut très sévèrement mais très justement  que « le résultat de l’intervention des Français, des Britanniques et des Américains (fut)  un effondrement politique et économique, des affrontements entre milices et tribus, des crises humanitaires et migratoires, des violations des droits de l’homme à grande échelle, la dissémination des armes du régime de Kadhafi dans toute la région et l’expansion de l’Etat islamique en Afrique du Nord. »

    Les pontes de l’Europe bruxelloise seront eux aussi très sévèrement jugés par l’Histoire au regard de leur aveuglement coupable, de leur dogmatisme , de leur incapacité si ce n’est  à comprendre, du moins  à entendre les peuples dont ils entendent guider les destinées vers le paradis supranational…

    « Bien fol qui ne s’enivre jamais » disait Rabelais…qui ne s’enivre jamais à grand coup de doxa européiste pourrait affirmer Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, qui  tenait hier son second discours sur « L’état de l’Union« . Dans  une sorte d’inventaire à la Prévert,  il a  annoncé le déploiement, de la 5 G en 2025, le doublement (bien hypothétique…) du « plan Juncker » pour soutenir les investissements des entreprises, sa volonté de permettrre aux commissaires européns de cumuler les mandats en se présentant aux élections…Il ne s’est pas arrêté en si » bon chemin » en militant pour la création d’ un « corps européen de solidarité »  qui rémunérerait 100 000 jeunes (qui paiera?) et qui serait activé en cas de crise; il appelé aussi de ses vœux « un quartier général militaitre commun » aux pays de l’UE car celle-ci « ne peut plus se permettre de dépendre des capacités de défense de pays individuels »; la création imminente d’un « fonds européen de la défense » , mais aussi la mise en place d’un « véritable ministre européenne des Affaires extérieures », qui parlerait au nom de tous les Etats membres…

    Sans surprise,  M. Juncker a appelé à dépasser la « crise existentielle » générée par le Brexit,  n’a pas remis en cause l’accueil de l’immigration massive,  et  a exhorté  les gouvernements à résister aux aspirations souverainistes, identitaires de leurs citoyens, aux « populismes. »

    Comme le notait récemment un article paru sur slate.fr, « l’Union européenne a tout pour être une cible préférentielle du FN, qui peut la désigner avec crédibilité comme un artefact supranational, postdémocratique, technocratique, turbocapitaliste. » Bref, « Jamais Marine Le Pen, Florian Philippot ne pourront faire mieux que José Manuel Barroso et Jean-Claude Juncker pour écœurer l’opinion publique de la construction européenne »!

    Cette fébrilité des euromondialistes s’explique  aussi par le calendrier  électoral dans les mois à venir,  lourd de menaces pour les tenants du Système bruxellois. Au délà du cas de l’Espagne qui verra sans doute se dérouler des législatives avant la fin de l’année, se tiendra  cet automne   en Italie   un référendum constitutionnel. Le chef du gouvernement Matteo Renzi (élu par ses pairs et non  par les urnes),  a déclaré qu’en cas de vote négatif il remettrait sa démission. Ce qui aurait pour effet  de déclencher  des élections législatives au printemps 2017, dans un contexte, comme l’ont prouvé les  municipales de juin dernier,  de regain de forme de la formation eurosceptique et anti euro  Mouvement cinq étoiles, (Movimento 5 Stelle) et avec une Ligue du Nord qui continue de peser dans ses bastions.

    Sur décision de la cour suprême autrichienne, octobre verra le peuple autrichien revoter pour désigner son président de la République, suite aux fraudes qui avaient entaché le deuxième tour au détriment du sympathique  candidat des nationaux du Fpö, Norbert Hofer. Une victoire possible qui consoliderait la naissance, au sein de la Mitteleuropa,  d’un bloc de nations ( Pologne, Autriche, Hongrie, Tchéquie) qui se réclament et entendent défendre avec fierté les racines helléno-chrétiennes de l’Europe,   dirigées par des patriotes souverainistes,  des nationaux-conservateurs…  des « réactionnaires » selon la terminologie des grands prêtres du clergé progressiste européiste. Un véritable  cauchemar pour certains!

    En mars 2017,   les Néerlandais désigneront leurs députés, élections législatives que  le PVV antibruxellois et anti-immigration   de Geert Wilders  peut gagner.   Rappelons qu’une pétition rassemblant au moins  300.000 Néerlandais rendrait possible la tenue d’un référendum (certes consultatif)  sur l’adhésion des Pays-Bas à l’UE.  Un nouveau gouvernement Wilders l’écarterait-il, a fortiori après le précédent britannique?  Cela donnerait en tout cas  des ailes aux eurosceptiquesDanois et Suédois

    En avril et en  juin de l’année prochaine,  Marine et le FN porteront bien évidemment en France tous  les espoirs du camp patriotique à la présidentielle et aux législatives.  L’Allemagne bouclera  en septembre 2017 ce cycle électoral  avec les législatives (die Bundeswahlen). Le parti souverainiste et identitaire  de Frauke Petry, l’AFD,  peut confirmer  à cette occasion sa spectaculaire percée de ces derniers mois, nos cousins germains imitant alors  en cela leurs cousins Autrichiens…

    Il va sans dire également que le score qui sera celui de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de novembre, face à la candidate chouchou de la Commission européenne,  de Goldman Sachs   et de Davos,  participera au climat général des mois à venir, que Bruno Gollnisch espère riches en rebondissements  et  en heureux évènements! L’Europe des patries n’a pas dit son dernier mot!

    http://gollnisch.com/2016/09/15/ont-gueule-de-bois-2016-2017-periode-de-possibles/

  • Essai de géopolitique djihadiste

    Le billet donné par le Piéton du roi au Lien légitimiste pour sa 70ème livraison a été augmenté par le rédacteur-en-chef d'un cadrage plus large. Le voici donc en complément d'Arès publié ici le 29 août dernier. Les illustrations ci-dessous ont été ajoutées par Royal-Artillerie.
    Le grand désordre que nous subissons est imputé par beaucoup à l'islam qui force sa place non seulement dans les croyances individuelles mais sur tout l'espace social car cette religion est littéralement totalitaire. Elle ne distingue pas Dieu de César. Alors se pose la question existentielle de savoir si l'islam est l'otage du choc des civilisations qui aurait créé l'islamisme ou bien s'il est la principale infanterie de cette confrontation ? Est-il le vecteur involontaire ou sournois de l'islamisme, ou bien sa victime ? C'est tout le dilemme. Et tant que les présidents des confréries musulmanes n'auront pas tranché le nœud gordien qui selon eux les étouffe, en proclamant que la France n'est pas une terre d'islamisation, de par son histoire universelle et ses mœurs politiques, les pouvoirs du moment oscilleront entre confinement indulgent et répression, selon l'état de l'Opinion. Autant dire la pire politique ! L'affaire est de longue mèche ; elle fuse depuis la décolonisation.

    Dans un éditorial donné le 20 juillet dernier (après l'attentat de Nice) au site d'information numérique Vexilla Galliæ, le prince Charles-Emmanuel de Bourbon Parme analyse les causes premières du djihadisme : « Lorsque nos dirigeants nous expliquent, la voix ferme et le regard dur, que cet attentat n'est que l'un des premiers dans une guerre qui commence, ils se trompent et ne nous rendent pas service en ne nous disant pas toute la vérité. En effet, la grande confrontation entre le monde occidental et l'islam radical a commencé peu à peu avec les conflits de décolonisation où la religion servit souvent de catalyseur aux populations révoltées. L'islamisme réveillé dans la lutte contre la présence européenne a pris, par la suite, tous les visages. Se cachant sous les oripeaux de l’État socialiste, de la guérilla libératrice, de la révolution nationaliste, il a, en vérité, doucement progressé avec des confréries, au fur et à mesure de l'arabisation des sociétés décolonisées.»
    Nonobstant, les luttes d'émancipation de l'Orient compliqué furent le plus souvent laïques dans le droit fil de la révolution kémaliste turque, et c'est bien à partir de l'Afghanistan que s'y agrège la composante djihadiste, donc islamique. Kémal Ataturk fut le précurseur, il abattit le Califat ; le Bloc national des capitalistes syriens de Choukri al-Kouatli chassa les Français ; en Irak, Abdul Karim Qasim coupa les ponts avec la Grande-Bretagne, c'était un marxiste ; lui succèdera le parti laïque Baas ; Nasser, Khadhafi, Bourguiba, Boumédiène, aucun de ceux-là n'étaient des lideurs confessionnels. Leurs successeurs (Inönü, Assad, Saddam Hussein, Moubarak, Ben Ali, Bouteflika...) encore moins. La seule exception fut Anouar el-Sadate, un homme de grande piété en toute modestie.
    C.-F. 25/08/2016Un demi-siècle plus tard, cette émancipation fondamentalement républicaine et laïque est subvertie d'un côté par le chiisme intégral de Qom et d'un autre côté par par un wahhabisme médiéval qui trouve sa source en deux endroits : la théocratie séoudite et la confrérie des Frères musulmans égyptiens. La première citée disposait jusqu'à il y a peu de ressources illimitées pour pousser sa cause partout ; on parle de deux centaines de milliards de dollars. La seconde dispose de la méthode imbattable développant un socle caritatif de proximité. L'islam trouve un écho dans tous les peuples du Croissant vert comme le dit le prince de Bourbon-Parme et ce sont les Américains qui pour faire pièce aux Russes empêtrés dans une guerre de montagne, firent vibrer cette corde islamique contre le marxisme athée du Kremlin. Ils armèrent à profusion les bandes d'insurgés afghans avec du matériel récent jusqu'au succès que l'on sait, et instruisirent au combat des chefs naturels qui en faisaient la demande comme Oussama Ben Laden. Jusque là disposant de sabres et de pétoires, les moudjahidines accédèrent aux dotations qui permettaient de composer des unités de combat modernes. Ainsi ce ne sont plus des bandes hirsutes qui entrèrent dans Kaboul en 1992 mais des compagnies complètes. On verra resurgir des unités constituées sur le modèle réglementaire en Irak, bien aidée en cela par la bourde énorme du proconsul américain, Paul Bremer, qui débanda l'armée baassiste de Saddam Hussein, fournissant les cadres instruits et une organisation militaire offensive à la nouvelle antenne irakienne d'Al-Qaïda, devenue plus tard l'Etat islamique en Irak et au Levant après le pillage des arsenaux de Mossoul.
    Que ce soit en Afrique ou au Moyen Orient, les bandits assassins sont devenus des unités formées, équipées, bien armées, même si elles trafiquent de tout pour glaner des ressources. Autant le rezzou religieux ne pouvait tenter le jeune citadin européen peu enclin à bivouaquer longtemps dans le désert, autant l'incorporation dans une armée moderne inscrite dans un Etat factuel est valorisante. La cause n'est pas perdue, au contraire elle est proclamée gagnante. Et l'issue plutôt favorable qui se dessine dans l'élimination de l'Etat prétendûment islamique ne gommera pas la professionnalisation du djihadiste dans sa tête. Il est devenu un soldat, et revenu à la maison bientôt, il aura acquis les réflexes des forces spéciales infiltrées, du moins le croira-t-il, renforçant ainsi sa détermination (*ndlr).
    L'analyse du prince de Bourbon-Parme cadre bien le problème mais ne va pas jusqu'à sa solution. Si tous nos princes admettent que l'islam n'est pas endémique en France, ils n'ont pas pris position sur un islam génétiquement modifié, adapté aux mœurs de la nation. Leur critique récurrente des erreurs de la République ne doit pas primer la rénovation de la charpente confessionnelle du pays qui prendra en compte tous les paramètres historiques et d'actualité. Ce chantier (**ndlr) est lancé par les pouvoirs publics. La laïcité à la française à l'évidence n'est plus la réponse utile ! C'est donc maintenant plus compliqué pour nous aussi.

    NDLR :
    (*) Il s'agit du format de la guerre asymétrique 3.0 qui va succéder au califat de l'OEI effondrée à Raqqa.
    (**) C'est le chantier confié à Jean-Pierre Chevènement par la Hollandie en déroute.
  • André Bercoff : « Donald Trump le pragmatique peut devenir président des États-Unis »

    Donald Trump remonte face à Hillary Clinton dans les sondages. André Bercoff, qui l'a rencontré il y a quelques mois à New York et qui publie un livre à son sujet, analyse le succès inattendu du candidat d'une Amérique en colère [entretien Figarovox du 8.09]. L'affaire intéresse évidemment les patriotes français. Qu'en penser ? Trump est un pragmatique, non idéologue. Il limitera donc l'interventionnisme américain, notamment en Europe, où se réduiront les risques de conflit qui menacent gravement les intérêts français et européens. Il s'entendra avec Poutine. Par là, il se différencie nettement, et pour nous positivement, de sa rivale Hilary Clinton. Bercoff rappelle par ailleurs, qu'il défendra bec et ongles, par tous les moyens les intérêts américains et ne fera à l'Europe aucun cadeau. Mais de cela, qui est d'ailleurs normal, on se serait douté et ce ne sera pas vraiment une innovation.  Lafautearousseau        

    Beaucoup d'observateurs ont enterré Donald Trump dans cette campagne américaine. Pourtant, les derniers sondages indiquent qu'il réduit l'écart avec son adversaire Hillary Clinton. Certains d'entre eux le donnent même devant. Donald Trump peut-il devenir président des Etats-Unis ?

    Oui, il le peut. Pas de quartiers, évidemment, dans ce combat entre la Vorace et le Coriace. En dépit de l'hostilité des Démocrates, du rejet de la part des minorités et de la véritable haine que lui porte l'establishment Républicain, Trump peut profiter des casseroles accrochées à la traine d'Hillary Clinton qui semblent se multiplier de jour en jour. En tout cas, le scrutin sera beaucoup plus serré qu'il n'y paraissait il y a encore un mois.

    À quoi, selon vous, ressemblerait une présidence Trump ?

    Je pense qu'il gérerait les USA peu ou prou, comme il gère son empire immobilier, avec une différence de taille : il ne s'agit plus de défendre à tout prix les intérêts de la marque Trump, mais ceux des États-Unis, ce qui nécessite un changement de paradigme. L'homme d'affaires délocalise pour le profit ; le président relocalise pour la patrie. Le négociateur cherche le meilleur deal pour son entreprise, y compris l'art et la manière de s'abriter dans les paradis fiscaux. Le chef de l'État, lui, taxera lourdement les sociétés qui réfugient leurs avoirs sous des cieux très cléments. Ne jamais oublier que Trump est beaucoup plus pragmatique qu'idéologue. Je le raconte dans mon livre : il défendra l'Amérique comme il défendait sa marque, bec et ongles, par tous les moyens.

    Personne ne pariait un dollar sur la victoire de Trump à la primaire. Comment les observateurs ont-ils pu se tromper à ce point ?

    Quand je suis allé le voir à New York il y a quelques mois, tous mes interlocuteurs, en France comme en Amérique, me conseillaient de publier très vite l'entretien, car le personnage allait disparaître dès le premier scrutin des primaires. Les commentaires affluaient tous dans le même sens : il fait ça pour sa pub ; un petit tour et puis s'en va ; c'est un gros plouc, milliardaire peut-être, mais inintéressant au possible ; il est inculte, il ne comprend rien à la politique, ne connaît rien aux affaires du monde, il ne pense qu'à sa pub, à son image et à faire parler de lui. Experts et commentateurs se sont, dans leur grande majorité, mis le doigt dans l'œil parce qu'ils pensent à l'intérieur du système. À Paris comme à Washington, on reste persuadé qu'un « outsider » n'a aucune chance face aux appareils des partis, des lobbies et des machines électorales. Que ce soit dans notre monarchie républicaine ou dans leur hiérarchie de Grands Électeurs, si l'on n'est pas un familier du sérail, on n'existe pas. Tout le dédain et la condescendance envers Trump, qui n'était jusqu'ici connu que par ses gratte-ciel et son émission de téléréalité, pouvaient donc s'afficher envers cette grosse brute qui ne sait pas rester à sa place. On connaît la suite. L'expertise, comme la prévision, sont des sciences molles. 

    Quel rôle ont joué les réseaux sociaux dans cette campagne ?

    Trump est l'un des premiers à avoir compris et utilisé la désintermédiation. Ce n'est pas vraiment l'ubérisation de la politique, mais ça y ressemble quelque peu. Quand je l'ai interrogé sur le mouvement qu'il suscitait dans la population américaine, il m'a répondu : Twitter, Facebook et Instagram. Avec ses 15 millions d'abonnés, il dispose d'une force de frappe avec laquelle il dialogue sans aucun intermédiaire. Il y a trente ans, il écrivait qu'aucun politique ne pouvait se passer d'un quotidien comme le New York Times. Aujourd'hui, il affirme que les réseaux sociaux sont beaucoup plus efficaces - et beaucoup moins onéreux - que la possession de ce journal.

    Est-ce une mauvaise nouvelle pour les journalistes ?

    C'est en tout cas une très vive incitation à changer la pratique journalistique. Contrairement à ceux qui proclament avec légèreté et simplisme, la fin du métier d'informer, on aura de plus en plus besoin de trier, hiérarchiser, et surtout de vérifier et de mettre en perspective. En revanche, l'on pourra de plus en plus difficilement cacher la francisque de Mitterrand ou le magot de Cahuzac, et qu'on le déplore ou pas, avec Wikileaks et autres révélations, il faudra dorénavant compter avec les millions de lanceurs d'alertes qui feront, pour le meilleur et pour le pire, œuvre d'information, à tous les niveaux. Le monde n'est pas devenu peuplé de milliards de journalistes, mais les journalistes doivent tenir compte de ce peuple qui clique et qui poste.

    Votre livre s'intitule Donald Trump, les raisons de la colère. Les Américains sont-ils en colère ?

    Ils le sont. Là-bas comme ici, l'avenir n'est plus ce qu'il était, la classe moyenne se désosse, la précarité est toujours prégnante, les attentats terroristes ne sont plus, depuis un certain 11 septembre, des images lointaines vues sur petit ou grand écran. Pearl Harbour est désormais dans leurs murs : c'est du moins ce qu'ils ressentent. Et la fureur s'explique par le décalage entre la ritournelle de « Nous sommes la plus grande puissance et le plus beau pays du monde » et le « Je n'arrive pas à finir le mois et payer les études de mes enfants et l'assurance médicale de mes parents ». Sans parler de l'écart toujours plus abyssal entre riches et modestes.

    Trump est-il le candidat de l'Amérique périphérique ? Peut-on le comparer à Marine Le Pen ?

    Il existe, depuis quelques années, un étonnant rapprochement entre les problématiques européennes et américaines. Qui aurait pu penser, dans ce pays d'accueil traditionnel, que l'immigration provoquerait une telle hostilité chez certains, qui peut permettre à Trump de percer dans les sondages en proclamant sa volonté de construire un grand mur ? Il y a certes des points communs avec Marine Le Pen, y compris dans la nécessité de relocaliser, de rebâtir des frontières et de proclamer la grandeur de son pays. Mais évidemment, Trump a d'autres moyens que la présidente du Front National… De plus, répétons-le, c'est d'abord un pragmatique et un négociateur. Je ne crois pas que ce soit les qualités les plus apparentes de Marine Le Pen…

    Comme elle, il dépasse le clivage droite/gauche...

    Absolument. Son programme économique le situe beaucoup plus à gauche que les caciques Républicains et les néo-conservateurs proches d'Hillary Clinton qui le haïssent, parce que lui croit, dans certains domaines, à l'intervention de l'État et aux limites nécessaires du laisser-faire, laisser-aller.

    N'est-il pas finalement beaucoup plus politiquement incorrect que Marine Le Pen ?

    Pour l'Amérique, certainement. Il ne ménage personne et peut aller beaucoup plus loin que Marine Le Pen, tout simplement parce qu'il n'a jamais eu à régler le problème du père fondateur et encore moins à porter le fardeau d'une étiquette tout de même controversée. Sa marque à lui, ce n'est pas la politique, mais le bâtiment et la réussite. Ça change pas mal de choses.

    « La France n'est plus la France », martèle Trump. Pourquoi ?

    Ici aussi, pas de malentendu. L'on a interprété cette phrase comme une attaque contre notre pays. C'est le contraire. Il me l'a dit et je le raconte plus amplement dans mon livre : il trouve insupportable que des villes comme Paris et Bruxelles, qu'il adore et a visitées maintes fois, deviennent des camps retranchés où l'on n'est même pas capable de répliquer à un massacre comme celui du Bataclan. On peut être vent debout contre le port d'arme, mais, dit-il, s'il y avait eu des vigiles armés boulevard Voltaire, il n'y aurait pas eu autant de victimes. Pour lui, un pays qui ne sait pas se défendre est un pays en danger de mort. 

    Son élection serait-elle une bonne nouvelle pour la France et pour l'Europe ?

    Difficile à dire. Il s'entendra assez bien avec Poutine pour le partage des zones d'influence, et même pour une collaboration active contre Daesh et autres menaces, mais, comme il le répète sur tous les tons, l'Amérique de Trump ne défendra que les pays qui paieront pour leur protection. Ça fait un peu Al Capone, mais ça a le mérite de la clarté. Si l'Europe n'a pas les moyens de protéger son identité, son mode de vie, ses valeurs et sa culture, alors, personne ne le fera à sa place. En résumé, pour Trump, la politique est une chose trop grave pour la laisser aux politiciens professionnels, et la liberté un état trop fragile pour la confier aux pacifistes de tout poil.  n 

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Il vient de faire paraître Donald Trump, les raisons de la colère chez First. 

    Alexandre Devecchio

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter :@AlexDevecchio

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