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géopolitique - Page 492

  • « Ils » ont la gueule de bois? 2016-2017, la période de tous les possibles!

    Un  document de la commission des affaires étrangères du Parlement britannique, rendu public hier,  pointe les conséquences de l’intervention militaire contre la Libye en 2011, voulue en France  par Nicolas Sarkozy,  soutenue par son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, et à laquelle se rallia David Cameron. Le rapport note Le Monde, « met en cause le processus de décision qui a transformé une intervention censée venir en aide à des civils, à Benghazi, menacés par la répression du colonel Mouammar Kadhafi – une menace surestimée, affirment les députés –, en une opération visant le régime. » Il est fait état  également de  « la pression  des Libyens exilés en France disposant d’alliés au sein de l’establishment intellectuel français »…comment ne pas penser en effet  au  rôle très nocif joué dans cette tragédie par le « philosophe » pipo(le)  BHL. Le rapport de 49 pages conclut très sévèrement mais très justement  que « le résultat de l’intervention des Français, des Britanniques et des Américains (fut)  un effondrement politique et économique, des affrontements entre milices et tribus, des crises humanitaires et migratoires, des violations des droits de l’homme à grande échelle, la dissémination des armes du régime de Kadhafi dans toute la région et l’expansion de l’Etat islamique en Afrique du Nord. »

    Les pontes de l’Europe bruxelloise seront eux aussi très sévèrement jugés par l’Histoire au regard de leur aveuglement coupable, de leur dogmatisme , de leur incapacité si ce n’est  à comprendre, du moins  à entendre les peuples dont ils entendent guider les destinées vers le paradis supranational…

    « Bien fol qui ne s’enivre jamais » disait Rabelais…qui ne s’enivre jamais à grand coup de doxa européiste pourrait affirmer Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, qui  tenait hier son second discours sur « L’état de l’Union« . Dans  une sorte d’inventaire à la Prévert,  il a  annoncé le déploiement, de la 5 G en 2025, le doublement (bien hypothétique…) du « plan Juncker » pour soutenir les investissements des entreprises, sa volonté de permettrre aux commissaires européns de cumuler les mandats en se présentant aux élections…Il ne s’est pas arrêté en si » bon chemin » en militant pour la création d’ un « corps européen de solidarité »  qui rémunérerait 100 000 jeunes (qui paiera?) et qui serait activé en cas de crise; il appelé aussi de ses vœux « un quartier général militaitre commun » aux pays de l’UE car celle-ci « ne peut plus se permettre de dépendre des capacités de défense de pays individuels »; la création imminente d’un « fonds européen de la défense » , mais aussi la mise en place d’un « véritable ministre européenne des Affaires extérieures », qui parlerait au nom de tous les Etats membres…

    Sans surprise,  M. Juncker a appelé à dépasser la « crise existentielle » générée par le Brexit,  n’a pas remis en cause l’accueil de l’immigration massive,  et  a exhorté  les gouvernements à résister aux aspirations souverainistes, identitaires de leurs citoyens, aux « populismes. »

    Comme le notait récemment un article paru sur slate.fr, « l’Union européenne a tout pour être une cible préférentielle du FN, qui peut la désigner avec crédibilité comme un artefact supranational, postdémocratique, technocratique, turbocapitaliste. » Bref, « Jamais Marine Le Pen, Florian Philippot ne pourront faire mieux que José Manuel Barroso et Jean-Claude Juncker pour écœurer l’opinion publique de la construction européenne »!

    Cette fébrilité des euromondialistes s’explique  aussi par le calendrier  électoral dans les mois à venir,  lourd de menaces pour les tenants du Système bruxellois. Au délà du cas de l’Espagne qui verra sans doute se dérouler des législatives avant la fin de l’année, se tiendra  cet automne   en Italie   un référendum constitutionnel. Le chef du gouvernement Matteo Renzi (élu par ses pairs et non  par les urnes),  a déclaré qu’en cas de vote négatif il remettrait sa démission. Ce qui aurait pour effet  de déclencher  des élections législatives au printemps 2017, dans un contexte, comme l’ont prouvé les  municipales de juin dernier,  de regain de forme de la formation eurosceptique et anti euro  Mouvement cinq étoiles, (Movimento 5 Stelle) et avec une Ligue du Nord qui continue de peser dans ses bastions.

    Sur décision de la cour suprême autrichienne, octobre verra le peuple autrichien revoter pour désigner son président de la République, suite aux fraudes qui avaient entaché le deuxième tour au détriment du sympathique  candidat des nationaux du Fpö, Norbert Hofer. Une victoire possible qui consoliderait la naissance, au sein de la Mitteleuropa,  d’un bloc de nations ( Pologne, Autriche, Hongrie, Tchéquie) qui se réclament et entendent défendre avec fierté les racines helléno-chrétiennes de l’Europe,   dirigées par des patriotes souverainistes,  des nationaux-conservateurs…  des « réactionnaires » selon la terminologie des grands prêtres du clergé progressiste européiste. Un véritable  cauchemar pour certains!

    En mars 2017,   les Néerlandais désigneront leurs députés, élections législatives que  le PVV antibruxellois et anti-immigration   de Geert Wilders  peut gagner.   Rappelons qu’une pétition rassemblant au moins  300.000 Néerlandais rendrait possible la tenue d’un référendum (certes consultatif)  sur l’adhésion des Pays-Bas à l’UE.  Un nouveau gouvernement Wilders l’écarterait-il, a fortiori après le précédent britannique?  Cela donnerait en tout cas  des ailes aux eurosceptiquesDanois et Suédois

    En avril et en  juin de l’année prochaine,  Marine et le FN porteront bien évidemment en France tous  les espoirs du camp patriotique à la présidentielle et aux législatives.  L’Allemagne bouclera  en septembre 2017 ce cycle électoral  avec les législatives (die Bundeswahlen). Le parti souverainiste et identitaire  de Frauke Petry, l’AFD,  peut confirmer  à cette occasion sa spectaculaire percée de ces derniers mois, nos cousins germains imitant alors  en cela leurs cousins Autrichiens…

    Il va sans dire également que le score qui sera celui de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de novembre, face à la candidate chouchou de la Commission européenne,  de Goldman Sachs   et de Davos,  participera au climat général des mois à venir, que Bruno Gollnisch espère riches en rebondissements  et  en heureux évènements! L’Europe des patries n’a pas dit son dernier mot!

    http://gollnisch.com/2016/09/15/ont-gueule-de-bois-2016-2017-periode-de-possibles/

  • Essai de géopolitique djihadiste

    Le billet donné par le Piéton du roi au Lien légitimiste pour sa 70ème livraison a été augmenté par le rédacteur-en-chef d'un cadrage plus large. Le voici donc en complément d'Arès publié ici le 29 août dernier. Les illustrations ci-dessous ont été ajoutées par Royal-Artillerie.
    Le grand désordre que nous subissons est imputé par beaucoup à l'islam qui force sa place non seulement dans les croyances individuelles mais sur tout l'espace social car cette religion est littéralement totalitaire. Elle ne distingue pas Dieu de César. Alors se pose la question existentielle de savoir si l'islam est l'otage du choc des civilisations qui aurait créé l'islamisme ou bien s'il est la principale infanterie de cette confrontation ? Est-il le vecteur involontaire ou sournois de l'islamisme, ou bien sa victime ? C'est tout le dilemme. Et tant que les présidents des confréries musulmanes n'auront pas tranché le nœud gordien qui selon eux les étouffe, en proclamant que la France n'est pas une terre d'islamisation, de par son histoire universelle et ses mœurs politiques, les pouvoirs du moment oscilleront entre confinement indulgent et répression, selon l'état de l'Opinion. Autant dire la pire politique ! L'affaire est de longue mèche ; elle fuse depuis la décolonisation.

    Dans un éditorial donné le 20 juillet dernier (après l'attentat de Nice) au site d'information numérique Vexilla Galliæ, le prince Charles-Emmanuel de Bourbon Parme analyse les causes premières du djihadisme : « Lorsque nos dirigeants nous expliquent, la voix ferme et le regard dur, que cet attentat n'est que l'un des premiers dans une guerre qui commence, ils se trompent et ne nous rendent pas service en ne nous disant pas toute la vérité. En effet, la grande confrontation entre le monde occidental et l'islam radical a commencé peu à peu avec les conflits de décolonisation où la religion servit souvent de catalyseur aux populations révoltées. L'islamisme réveillé dans la lutte contre la présence européenne a pris, par la suite, tous les visages. Se cachant sous les oripeaux de l’État socialiste, de la guérilla libératrice, de la révolution nationaliste, il a, en vérité, doucement progressé avec des confréries, au fur et à mesure de l'arabisation des sociétés décolonisées.»
    Nonobstant, les luttes d'émancipation de l'Orient compliqué furent le plus souvent laïques dans le droit fil de la révolution kémaliste turque, et c'est bien à partir de l'Afghanistan que s'y agrège la composante djihadiste, donc islamique. Kémal Ataturk fut le précurseur, il abattit le Califat ; le Bloc national des capitalistes syriens de Choukri al-Kouatli chassa les Français ; en Irak, Abdul Karim Qasim coupa les ponts avec la Grande-Bretagne, c'était un marxiste ; lui succèdera le parti laïque Baas ; Nasser, Khadhafi, Bourguiba, Boumédiène, aucun de ceux-là n'étaient des lideurs confessionnels. Leurs successeurs (Inönü, Assad, Saddam Hussein, Moubarak, Ben Ali, Bouteflika...) encore moins. La seule exception fut Anouar el-Sadate, un homme de grande piété en toute modestie.
    C.-F. 25/08/2016Un demi-siècle plus tard, cette émancipation fondamentalement républicaine et laïque est subvertie d'un côté par le chiisme intégral de Qom et d'un autre côté par par un wahhabisme médiéval qui trouve sa source en deux endroits : la théocratie séoudite et la confrérie des Frères musulmans égyptiens. La première citée disposait jusqu'à il y a peu de ressources illimitées pour pousser sa cause partout ; on parle de deux centaines de milliards de dollars. La seconde dispose de la méthode imbattable développant un socle caritatif de proximité. L'islam trouve un écho dans tous les peuples du Croissant vert comme le dit le prince de Bourbon-Parme et ce sont les Américains qui pour faire pièce aux Russes empêtrés dans une guerre de montagne, firent vibrer cette corde islamique contre le marxisme athée du Kremlin. Ils armèrent à profusion les bandes d'insurgés afghans avec du matériel récent jusqu'au succès que l'on sait, et instruisirent au combat des chefs naturels qui en faisaient la demande comme Oussama Ben Laden. Jusque là disposant de sabres et de pétoires, les moudjahidines accédèrent aux dotations qui permettaient de composer des unités de combat modernes. Ainsi ce ne sont plus des bandes hirsutes qui entrèrent dans Kaboul en 1992 mais des compagnies complètes. On verra resurgir des unités constituées sur le modèle réglementaire en Irak, bien aidée en cela par la bourde énorme du proconsul américain, Paul Bremer, qui débanda l'armée baassiste de Saddam Hussein, fournissant les cadres instruits et une organisation militaire offensive à la nouvelle antenne irakienne d'Al-Qaïda, devenue plus tard l'Etat islamique en Irak et au Levant après le pillage des arsenaux de Mossoul.
    Que ce soit en Afrique ou au Moyen Orient, les bandits assassins sont devenus des unités formées, équipées, bien armées, même si elles trafiquent de tout pour glaner des ressources. Autant le rezzou religieux ne pouvait tenter le jeune citadin européen peu enclin à bivouaquer longtemps dans le désert, autant l'incorporation dans une armée moderne inscrite dans un Etat factuel est valorisante. La cause n'est pas perdue, au contraire elle est proclamée gagnante. Et l'issue plutôt favorable qui se dessine dans l'élimination de l'Etat prétendûment islamique ne gommera pas la professionnalisation du djihadiste dans sa tête. Il est devenu un soldat, et revenu à la maison bientôt, il aura acquis les réflexes des forces spéciales infiltrées, du moins le croira-t-il, renforçant ainsi sa détermination (*ndlr).
    L'analyse du prince de Bourbon-Parme cadre bien le problème mais ne va pas jusqu'à sa solution. Si tous nos princes admettent que l'islam n'est pas endémique en France, ils n'ont pas pris position sur un islam génétiquement modifié, adapté aux mœurs de la nation. Leur critique récurrente des erreurs de la République ne doit pas primer la rénovation de la charpente confessionnelle du pays qui prendra en compte tous les paramètres historiques et d'actualité. Ce chantier (**ndlr) est lancé par les pouvoirs publics. La laïcité à la française à l'évidence n'est plus la réponse utile ! C'est donc maintenant plus compliqué pour nous aussi.

    NDLR :
    (*) Il s'agit du format de la guerre asymétrique 3.0 qui va succéder au califat de l'OEI effondrée à Raqqa.
    (**) C'est le chantier confié à Jean-Pierre Chevènement par la Hollandie en déroute.
  • André Bercoff : « Donald Trump le pragmatique peut devenir président des États-Unis »

    Donald Trump remonte face à Hillary Clinton dans les sondages. André Bercoff, qui l'a rencontré il y a quelques mois à New York et qui publie un livre à son sujet, analyse le succès inattendu du candidat d'une Amérique en colère [entretien Figarovox du 8.09]. L'affaire intéresse évidemment les patriotes français. Qu'en penser ? Trump est un pragmatique, non idéologue. Il limitera donc l'interventionnisme américain, notamment en Europe, où se réduiront les risques de conflit qui menacent gravement les intérêts français et européens. Il s'entendra avec Poutine. Par là, il se différencie nettement, et pour nous positivement, de sa rivale Hilary Clinton. Bercoff rappelle par ailleurs, qu'il défendra bec et ongles, par tous les moyens les intérêts américains et ne fera à l'Europe aucun cadeau. Mais de cela, qui est d'ailleurs normal, on se serait douté et ce ne sera pas vraiment une innovation.  Lafautearousseau        

    Beaucoup d'observateurs ont enterré Donald Trump dans cette campagne américaine. Pourtant, les derniers sondages indiquent qu'il réduit l'écart avec son adversaire Hillary Clinton. Certains d'entre eux le donnent même devant. Donald Trump peut-il devenir président des Etats-Unis ?

    Oui, il le peut. Pas de quartiers, évidemment, dans ce combat entre la Vorace et le Coriace. En dépit de l'hostilité des Démocrates, du rejet de la part des minorités et de la véritable haine que lui porte l'establishment Républicain, Trump peut profiter des casseroles accrochées à la traine d'Hillary Clinton qui semblent se multiplier de jour en jour. En tout cas, le scrutin sera beaucoup plus serré qu'il n'y paraissait il y a encore un mois.

    À quoi, selon vous, ressemblerait une présidence Trump ?

    Je pense qu'il gérerait les USA peu ou prou, comme il gère son empire immobilier, avec une différence de taille : il ne s'agit plus de défendre à tout prix les intérêts de la marque Trump, mais ceux des États-Unis, ce qui nécessite un changement de paradigme. L'homme d'affaires délocalise pour le profit ; le président relocalise pour la patrie. Le négociateur cherche le meilleur deal pour son entreprise, y compris l'art et la manière de s'abriter dans les paradis fiscaux. Le chef de l'État, lui, taxera lourdement les sociétés qui réfugient leurs avoirs sous des cieux très cléments. Ne jamais oublier que Trump est beaucoup plus pragmatique qu'idéologue. Je le raconte dans mon livre : il défendra l'Amérique comme il défendait sa marque, bec et ongles, par tous les moyens.

    Personne ne pariait un dollar sur la victoire de Trump à la primaire. Comment les observateurs ont-ils pu se tromper à ce point ?

    Quand je suis allé le voir à New York il y a quelques mois, tous mes interlocuteurs, en France comme en Amérique, me conseillaient de publier très vite l'entretien, car le personnage allait disparaître dès le premier scrutin des primaires. Les commentaires affluaient tous dans le même sens : il fait ça pour sa pub ; un petit tour et puis s'en va ; c'est un gros plouc, milliardaire peut-être, mais inintéressant au possible ; il est inculte, il ne comprend rien à la politique, ne connaît rien aux affaires du monde, il ne pense qu'à sa pub, à son image et à faire parler de lui. Experts et commentateurs se sont, dans leur grande majorité, mis le doigt dans l'œil parce qu'ils pensent à l'intérieur du système. À Paris comme à Washington, on reste persuadé qu'un « outsider » n'a aucune chance face aux appareils des partis, des lobbies et des machines électorales. Que ce soit dans notre monarchie républicaine ou dans leur hiérarchie de Grands Électeurs, si l'on n'est pas un familier du sérail, on n'existe pas. Tout le dédain et la condescendance envers Trump, qui n'était jusqu'ici connu que par ses gratte-ciel et son émission de téléréalité, pouvaient donc s'afficher envers cette grosse brute qui ne sait pas rester à sa place. On connaît la suite. L'expertise, comme la prévision, sont des sciences molles. 

    Quel rôle ont joué les réseaux sociaux dans cette campagne ?

    Trump est l'un des premiers à avoir compris et utilisé la désintermédiation. Ce n'est pas vraiment l'ubérisation de la politique, mais ça y ressemble quelque peu. Quand je l'ai interrogé sur le mouvement qu'il suscitait dans la population américaine, il m'a répondu : Twitter, Facebook et Instagram. Avec ses 15 millions d'abonnés, il dispose d'une force de frappe avec laquelle il dialogue sans aucun intermédiaire. Il y a trente ans, il écrivait qu'aucun politique ne pouvait se passer d'un quotidien comme le New York Times. Aujourd'hui, il affirme que les réseaux sociaux sont beaucoup plus efficaces - et beaucoup moins onéreux - que la possession de ce journal.

    Est-ce une mauvaise nouvelle pour les journalistes ?

    C'est en tout cas une très vive incitation à changer la pratique journalistique. Contrairement à ceux qui proclament avec légèreté et simplisme, la fin du métier d'informer, on aura de plus en plus besoin de trier, hiérarchiser, et surtout de vérifier et de mettre en perspective. En revanche, l'on pourra de plus en plus difficilement cacher la francisque de Mitterrand ou le magot de Cahuzac, et qu'on le déplore ou pas, avec Wikileaks et autres révélations, il faudra dorénavant compter avec les millions de lanceurs d'alertes qui feront, pour le meilleur et pour le pire, œuvre d'information, à tous les niveaux. Le monde n'est pas devenu peuplé de milliards de journalistes, mais les journalistes doivent tenir compte de ce peuple qui clique et qui poste.

    Votre livre s'intitule Donald Trump, les raisons de la colère. Les Américains sont-ils en colère ?

    Ils le sont. Là-bas comme ici, l'avenir n'est plus ce qu'il était, la classe moyenne se désosse, la précarité est toujours prégnante, les attentats terroristes ne sont plus, depuis un certain 11 septembre, des images lointaines vues sur petit ou grand écran. Pearl Harbour est désormais dans leurs murs : c'est du moins ce qu'ils ressentent. Et la fureur s'explique par le décalage entre la ritournelle de « Nous sommes la plus grande puissance et le plus beau pays du monde » et le « Je n'arrive pas à finir le mois et payer les études de mes enfants et l'assurance médicale de mes parents ». Sans parler de l'écart toujours plus abyssal entre riches et modestes.

    Trump est-il le candidat de l'Amérique périphérique ? Peut-on le comparer à Marine Le Pen ?

    Il existe, depuis quelques années, un étonnant rapprochement entre les problématiques européennes et américaines. Qui aurait pu penser, dans ce pays d'accueil traditionnel, que l'immigration provoquerait une telle hostilité chez certains, qui peut permettre à Trump de percer dans les sondages en proclamant sa volonté de construire un grand mur ? Il y a certes des points communs avec Marine Le Pen, y compris dans la nécessité de relocaliser, de rebâtir des frontières et de proclamer la grandeur de son pays. Mais évidemment, Trump a d'autres moyens que la présidente du Front National… De plus, répétons-le, c'est d'abord un pragmatique et un négociateur. Je ne crois pas que ce soit les qualités les plus apparentes de Marine Le Pen…

    Comme elle, il dépasse le clivage droite/gauche...

    Absolument. Son programme économique le situe beaucoup plus à gauche que les caciques Républicains et les néo-conservateurs proches d'Hillary Clinton qui le haïssent, parce que lui croit, dans certains domaines, à l'intervention de l'État et aux limites nécessaires du laisser-faire, laisser-aller.

    N'est-il pas finalement beaucoup plus politiquement incorrect que Marine Le Pen ?

    Pour l'Amérique, certainement. Il ne ménage personne et peut aller beaucoup plus loin que Marine Le Pen, tout simplement parce qu'il n'a jamais eu à régler le problème du père fondateur et encore moins à porter le fardeau d'une étiquette tout de même controversée. Sa marque à lui, ce n'est pas la politique, mais le bâtiment et la réussite. Ça change pas mal de choses.

    « La France n'est plus la France », martèle Trump. Pourquoi ?

    Ici aussi, pas de malentendu. L'on a interprété cette phrase comme une attaque contre notre pays. C'est le contraire. Il me l'a dit et je le raconte plus amplement dans mon livre : il trouve insupportable que des villes comme Paris et Bruxelles, qu'il adore et a visitées maintes fois, deviennent des camps retranchés où l'on n'est même pas capable de répliquer à un massacre comme celui du Bataclan. On peut être vent debout contre le port d'arme, mais, dit-il, s'il y avait eu des vigiles armés boulevard Voltaire, il n'y aurait pas eu autant de victimes. Pour lui, un pays qui ne sait pas se défendre est un pays en danger de mort. 

    Son élection serait-elle une bonne nouvelle pour la France et pour l'Europe ?

    Difficile à dire. Il s'entendra assez bien avec Poutine pour le partage des zones d'influence, et même pour une collaboration active contre Daesh et autres menaces, mais, comme il le répète sur tous les tons, l'Amérique de Trump ne défendra que les pays qui paieront pour leur protection. Ça fait un peu Al Capone, mais ça a le mérite de la clarté. Si l'Europe n'a pas les moyens de protéger son identité, son mode de vie, ses valeurs et sa culture, alors, personne ne le fera à sa place. En résumé, pour Trump, la politique est une chose trop grave pour la laisser aux politiciens professionnels, et la liberté un état trop fragile pour la confier aux pacifistes de tout poil.  n 

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Il vient de faire paraître Donald Trump, les raisons de la colère chez First. 

    Alexandre Devecchio

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter :@AlexDevecchio

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Onze-Septembre quinze ans déjà

    Demain nous commémorerons les quinze ans de l'attaque islamique du Onze Septembre sur les tours jumelles de New York. D'autres que nous et ailleurs "fêteront" l'événement. Qu'ils brûlent en enfer !
    Le Mémorial est enfin terminé. Les fondations de chacune des deux tours sont marquées par deux bassins carrés avec un effet de fontaine en cascade où l'eau disparait dans le sol. Un musée enterré commémore la tragédie, un mausolée renferme tous les restes humains que l'on n'a pas pu identifier - ils représentent près de la moitié des 2763 victimes sur ce site. Le lieu est devenu un point d'attraction majeur de la ville de Manhattan.

    L'attaque restera dans les annales historiques non seulement comme le déclencheur de la dernière croisade au Moyen Orient mais surtout comme la preuve de la haine inextinguible de l'Islam à l'endroit de l'Occident indiscriminé : souvenons-nous que la plupart des terroristes étaient séoudiens, donc non impliqués dans le syndrome colonial antérieur dont on nous rebat les oreilles chaque jour que Dieu fait.
    C'est aussi à partir de cet événement que fleurirent le plus largement toutes les théories complotistes sur l'invasion des lézards, jusqu'à nous expliquer qu'on avait marché sur la Lune dans un studio d'Hollywood, à croire que cette pathologie vieille comme l'an mil fut disséminée par l'onde de choc de l'effondrement des deux tours. Ceci est sans intérêt pour la suite, même si des professeurs imprudents comme Aymeric Chauprade y perdirent beaucoup de considération et leur emploi.
    Après 2977 morts (on ne comptera jamais les 19 salopards) liquidés en deux heures au cœur battant de l'Occident, on aurait pu croire que les Etats-Unis lanceraient une guerre mondiale de nivellement de leurs contempteurs. Au lieu de quoi, l'Administration américaine, à la pointe de la naïveté, décida de forcer en Islam son modèle de way of life et sa démocratie. On a oublié que l'Eglise évangélique américaine débarqua derrière les chars Abbrams avec des wagons de bibles pour te convertir tout ça en trois coups de queuillère à pot !
    Deux pays (et pas trois) avaient le bagage nécessaire pour comprendre le schmilblick, la France au Quai d'Orsay et la Grande Bretagne au Foreign Office. On n'a pas encore expliqué pourquoi le Premier britannique, Tony Blair, a poussé George W. Bush à écraser la termitière arabe, d'autant que sa diplomatie est à l'origine de toutes les zones de friction rémanentes dans son ancien empire. La France, qui pour une fois prévint tout le monde de l'erreur monumentale qui s'annonçait, fut copieusement insultée par Washington et tout ce que comptait les Etats-Unis de "patriotes" jusqu'à faire disparaître les French Fries des menus ; jusqu'à ce qu'apparaissent un an plus tard à l'arrière des automobiles des stickers "What If The French Were Right". Beaucoup présageaient que l'affaire serait très longue et que ses répercussions seraient planétaires. L'avenir se charge de leur prouver chaque jour qu'ils avaient raison.
    Le traitement des causes profondes de l'attaque inattendue du Onze Septembre qui devaient pivoter sur une nouvelle stratégie énergétique n'était pas du niveau de l'Administration Bush-Cheney-Rumsfeld. Ils préférèrent la guerre infondée que pour une fois ils ne risquaient pas de subir physiquement - une presse américaine les affubla du sobriquet de faucons mouillés - mais qu'ils pourraient commander depuis le bunker climatisé plein d'écrans de télévision comme dans un jeu vidéo.
    Deux pays majeurs de l'Occident, abonnés à la démocratie sous la loi animale du Nombre, avaient appelé à la passerelle le tréfond du panier, Blair ici, Bush là-bas. Nous n'avons pas fini de le payer... et de le revivre puisque nous sommes toujours en démocratie sous la loi du Nombre, et que l'on parle outre-atlantique de mettre sur le pavois un affairiste extraverti coiffé d'un chien de prairie mort ! Que nous promet-on en France pour vaincre en 2017 les métastases de l'Organisation Etat Islamique qui vont retomber partout ? Le Flan ! J'en tremble.
  • Syrie : la mauvaise foi des USA sans limites

    La mauvaise foi des élites étasuniennes ne date pas d’hier et cela n’est une nouveauté pour personne. Mais dans le cas concret de la Syrie, la politique criminelle des USA atteint effectivement le comble.

    Après avoir fait des « appels » frôlant l’indécence pure et simple en demandant à la Russie durant le Sommet du G20 en Chine des «concessions » en Syrie, les élites US ont lancé désormais ce qu’ils nomment les « dernières propositions » et qui se résument à trois points principaux: cessation totale des hostilités en Syrie et notamment à Alep, interdiction de survol pour les forces aériennes syriennes du territoire syrien (!) et troisième point, qui peut-on dire serait le résultat des deux précédents: campagne aérienne commune russo-étasunienne.

    Maintenant répondons-y point par point. Cessation totale des hostilités et surtout à Alep, là où on assiste au tournant décisif de la guerre dans laquelle a été plongée la Syrie il y a plus de cinq ans?
    Pour quelle raison? Laisser souffler les terroristes et leur permettre de reprendre du terrain? Inacceptable.

    Second point: interdiction pour les forces aériennes de Syrie de survoler leur propre territoire au moment de la phase cruciale dans la lutte anti terroriste? Les USA se moquent de qui?

    Et dernier point: opération aérienne commune? Pour faire quoi? Après que la Russie a proposé nombre de fois de coordonner la lutte antiterroriste à tous les intéressés et d’en faire la priorité, les USA n’ont fait que jouer les sourds. Et maintenant ils proposent une coordination? Ridicule.
    Sans oublier que l’opération antiterroriste russe, commencée il y a un tout petit moins d’un an (pour rappel à la demande officielle du gouvernement syrien, à l’énorme différence des USA) a donné incomparablement plus de résultat que ladite « opération » de la coalition US (on se demande d’ailleurs s’il y avait « opération »).
    En passant dernier exemple en date: le numéro deux de Daech, Abou Mohammed al-Adnani, qui a été éliminé près d’Alep, par une frappe russe.

    La réalité est pourtant simple. Les USA qui voient parfaitement que les groupes terroristes sur lesquels ils comptaient arriver à leur fin et dans lesquels d’énormes sommes ont été investies, notamment de la part des régimes saoudien et qatari, qui sont au plus mal depuis les dernières années et à bout de souffle, ont beaucoup de mal à accepter de reconnaitre leur défaite pure et simple. Et essaient donc par tous les moyens de gagner du temps et retarder la victoire finale de la Syrie et de ses alliés sur le terrorisme.

    Maintenant parlons perspectives. Mis à part l’absence totale de morale dans cette politique étasunienne (et c’est bien loin d’être nouveau), et qui a clairement et une fois de plus montré son vrai visage et ses véritables intérêts (qui sont tout sauf de lutter contre le terrorisme), les Etats-Unis ne savent plus vraiment comment pouvoir sortir la tête de l’eau, ou en d’autres termes du chaos syrien auquel ils ont énormément contribué.
    En effet, créer et développer le chaos à différents endroits du monde, les USA en sont les champions absolus. Mais résoudre l’équation de sortie de ce même chaos, cela ne rentre aucunement dans la compétence des élites US.

    Pourtant l’offre qui leur a été faite par la Russie aurait permis de sortir de ce bourbier avec ne serait-ce qu’un minimum de dignité (même si dans le cas US cette notion est très difficilement collable). A savoir s’associer officiellement et réellement à la lutte antiterroriste et ainsi pouvoir ne serait-ce qu’au minimum prétendre avoir contribué au succès final (bien que vraiment au minimum) dans le combat contre le terrorisme.
    Certes, il leur aurait fallu oublier le plan de faire tomber les autorités légitimes de Syrie une bonne fois pour toute. Avoir accepté cette éventualité aurait effectivement permis aux USA de sortir pas totalement humiliés. Mais c’est trop dur à faire pour les élites étasuniennes due à leur obstination d’imposer leur volonté partout dans le monde et le complexe de supériorité développé depuis la « fin » de la guerre froide. Résultat de quoi, les USA tentent de s’accrocher encore au scénario qu’ils avaient écrit et dessiné pour la Syrie et qui désormais s’éloigne de plus en plus.

    Le gouvernement syrien est au plus fort, grâce à la résistance du peuple syrien, de son armée et bien sûr à l’aide de ses alliés russe, iranien, du Hezbollah libanais, et aussi de la Chine qui dernièrement d’un soutien très majoritairement diplomatique, commence à prendre position sur d’autres domaines, y compris militaire (un accord a d’ailleurs été signé récemment entre Pékin et Damas sur la formation des militaires syriens en Chine).

    Les terroristes, eux, sont au plus bas. De leur propre aveu. Les élites occidentales et golfistes ne sont donc simplement pas en mesure de lancer « des propositions de dernière chance » à qui que ce soit, et encore moins à la Russie. La dernière chance au contraire serait pour eux d’accepter tout simplement le nouveau monde, et ce nouveau monde commence par la Syrie.
    Difficile oui on sait bien. Mais il le faut. Reste bien sûr une autre option pour les USA & consorts. Entrer en guerre directe en Syrie aux côtés des groupes terroristes pour tenter de les sauver. Mais si cela se passait, leur masque tomberait définitivement, pas seulement aux yeux d’une très large partie de l’humanité, mais aussi aux yeux de leurs propres citoyens, pour certains pas encore convaincus.

    Mikhail Gamandiy-Egorov

    Source

    http://www.voxnr.com/3428/syrie-mauvaise-foi-usa-limites

  • Comment peut-on admirer le Venezuela chaviste ?

    Le Venezuela subit une crise épouvantable et les Vénézuéliens sont entrés dans une phase de rejet irrémédiable du régime : après des manifestations réprimées dans le sang de 43 morts en 2014, les élections de décembre 2015 ont donné 70 % des voix à l'opposition et le 1er septembre ce sont entre 950 000 et 1 100 000 personnes qui ont défilé[1] à Caracas pour demander un référendum révocatoire à l'encontre de Nicolas Maduro dernière réincarnation de Simon Bolivar depuis la mort de Chavez.

    Or, cette crise n'empêche pas, en France, certains cercles de professer encore une admiration éperdue pour Chavez et sa révolution prétendument bolivarienne.

    Pour mesurer cette allégeance on se reportera aux vidéos,[2] de Debray et de Melenchon.

    Si l'on s'en tient à l'éloge fait ce soir-là par Régis Debray, mais aussi aux propos de l'intéressé Melenchon et un fils spirituel de Hugo Chavez. Un poète. Une sorte de prophète nationaliste de gauche. Debray comme Melenchon se montrent bouleversés par la culture française de Chavez. Celui-ci témoigne d'une remarquable connaissance littéraire des "Misérables". Et ceci nous rappelle que Chavez, comme Debray, comme Ramonet, comme Melenchon sont tous des adorateurs de "la Révolution" comme on la pensait au XIXe siècle.

    Ces éloges ont été prononcés au cours de la soirée de présentation du livre : "Hugo Chavez, Ma première vie. Conversations avec Ignacio Ramonet", le 5 mars 2015 à la Maison de l'Amérique Latine. En cette occasion Jean-Luc Melenchon puis Régis Debray évoquaient la mémoire de leur grand homme, nouveau libertador bolivarien.

    Dans le livre publié par Ramonet, Chavez donne une définition qui pourrait mériter réflexion. Quand on lui pose en effet la question: "Quelle est votre conception de la révolution ?", Hugo Chavez répond : "Je pense qu’une révolution doit être quelque chose de très concret. Une des erreurs qui ont été commises par le passé lors des nombreuses tentatives révolutionnaires est qu’elles se sont cantonnées à l’aspect théorique. Elles ont accordé une importance excessive à l’élaboration théorique et très peu à la dimension pratique. Et je crois qu’une révolution requiert, sans aucun doute, un grand effort dialectique de théorisation mais également de praxis."

    Et un peu plus loin il cite Trotski : "Sans changement de l’esprit, disait Trotski, il ne peut y avoir de transformation de l’homme." C’est seulement ainsi, dit-il encore, que peut surgir "l’homme nouveau réclamé par Che Guevara" ; l’homme — et la femme, bien sûr — socialiste du XXIe siècle. On s'éloigne dès lors quelque peu du matérialisme dialectique…

    Y a-t-il d’autres composantes ? lui demande-t-on. Et le déconographe mystico-révolutionnaire continue : "Oui, notre socialisme a aussi une dimension territoriale. Nous parlons d’un « socialisme géographique », car il existe des injustices territoriales, des inégalités selon les espaces. Et nous devons stimuler une vision radicale de la géographie, plus dynamique, transformatrice."

    Dès lors, on est en droit de juger l'arbre à ses fruits. Cette formule évangélique [3]semble d'autant plus appropriée que Hugo Chavez revendiquait son christianisme. Et elle nous permettra de mieux prendre en considération le chavisme, à partir de son bilan.

    Commençons par le plus surprenant, pour un soi-disant changement d'état d'esprit :"Oui, reconnaît Chavez, il y a de la corruption"… Difficile d'en douter quand on découvre que les chavistes ont soigneusement dissimulé leurs rapines dans les paradis fiscaux. Selon Transparency international, le Venezuela est l’un des pays les plus corrompus au monde : il se classe 158e sur un total de 168 États, juste derrière l’Irak et la Libye.

    Le bilan chiffré du désastre chaviste au Venezuela peut se faire en dépit de la dissimulation statistique systématique àlaquelle se sont employées depuis 15 ans les autorités de Caracas.

    D’après l’observatoire national de la violence, le pays a enregistré un taux d’homicides de 90 pour 100 000 habitants en 2015, 50 % plus élevé que le chiffre officiel (58 pour 100 000). Selon une étude mexicaine, qui publie chaque année un palmarès des villes les plus dangereuses au monde, Caracas arrive en tête du podium avec 120 homicides pour 100 000 habitants, et près de 4 000 assassinats dans la capitale.

    D’après une étude réalisée par trois universités locales, près de la moitié (48,4 %) des 30 millions d’habitants vivaient sous le seuil de pauvreté en 2015, contre 23,4 % en 2010. Parmi ces quelque 15 millions de pauvres, la moitié n’avaient pas assez pour se nourrir, et un tiers étaient des “nouveaux pauvres”.

    Plus de 60 % des produits de première nécessité font aujourd’hui l’objet de pénurie. Depuis des mois, les rayons des supermarchés sont ainsi désespérément vides, si bien que les familles en sont réduites à attendre des heures pour obtenir une bouteille de lait ou du riz.

    La valeur de la monnaie locale, le bolivar, s'est effondrée de -92 % en deux ans au marché noir.

    Le gouvernement a bloqué le prix de certains produits de première nécessité, mais l’inflation devrait cette année atteindre un taux de 720 %. Le PIB a plongé de 10 % en 2015. Et cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI), il devrait encore chuter de 8 %.

    On doit cependant récuser l'explication de la crise du Venezuela par la baisse du prix du pétrole, qui représente 96 % des exportations. On remarque en effet que les autres pays exportateurs, qu'il s'agisse de l'Algérie, de la Russie ou de l'Arabie saoudite ne connaissent rien de comparable.

    Le désastre du Venezuela provient du socialisme vénézuélien. 

    JG Malliarakis

    Apostilles

    [1] cf. Chroniques du Venezuela : 3 septembre Lettre de prison de Leopoldo Lopez entre deux manifestations  2 septembre"Manifestation sans précédent de l'opposition anti-Maduro à Caracas 1er juin Venezuela: urgence internationale  17 mars Venezuela : Tuer le messager de la corruption  14 mars Qui sont les nouveaux autoritaires?  16 février Venezuela : la drogue et les réseaux du pouvoir  25 janvier Venezuela: urgence économique et conflit politique<  5 janvier 2016 Venezuela;: l'opposition désigne Henry Ramos Allup pour présider l'assemblée

    [2] accessibles sur Youtube où Jean-Luc Mélenchon évoque la mémoire de Hugo Chávez et Régis Debray évoque la mémoire de Hugo Chávez

    [3] Évangile selon saint Mathieu chapitre VII verset 16

    http://www.insolent.fr/

  • Hillary Clinton et la Fin du Monde

    Internet et la culture libertaire du web ne peuvent rien contre la télé, ni contre la bêtise humaine. 90% des gens restent rivés toute leur vie devant leur télé, gobant ses messages et ses ordures, pendant que leurs gosses sont rivés nuit debout devant leur Pokémon-Go, transformés en marionnettes des Annunaki ou d’on ne sait quelle sub-agence de la CIA ou de la NSA. Et quand ils sont sur le web, les 90% cherchent à commander un sushi aux hormones, à consulter un site porno, à rechercher entre deux attentats une piaule de bonne à mille euros.

    Le fascisme médiatique exercé contre Donald Trump va faire élire l’épouse cocue Clinton. Elle aura été élue par les médias, les oligarques US et par la plèbe (je reprends le mot utilisé par Todd) multiraciale, obèse et gavée de télé. Peter Brimelow la décrit très bien dans son Alien Nation, quand en 1992, le mari Clinton fut élu pour promouvoir ces différents agendas : liquidation démographique de son pays ; destruction de l’Europe ; programmation de la guerre éternelle pour la paix éternelle, pour parler comme l’historien Charles Beard.

    Clinton-femme élue, elle fera en premier lieu la guerre à la Syrie et à la Russie. Si Erdogan est alors allié de Poutine, nous aurons une guerre européenne comme celle de quatorze, avec notre destruction à la clé. La Russie et la Turquie seront les nouveaux empires centraux, les nouvelles puissances de l’axe pour nos éminents imbéciles. Feront l’affaire les éternels idiots utiles polonais, mais aussi les nationaux-traîtres Hollande et Merkel, qui salueront béats la guerre contre les nouveaux Hitler, guerre destinée à « faire du monde lieu plus sûr pour la démocratie ». Le week-end suivant la destruction de la vieille Europe, la grosse impératrice Clinton, en femme pourpre de cette Apocalypse, déclarera sa guerre à la Chine pour préserver trois îlots et son allié vietnamien ; ces communistes se seront pris un milliard de bombes pour finir inféodés au capital.

    La folie de Clinton est claire et nette ; l’abrutissement de la masse aussi. La masse répète ce que disent les médias tout en se convainquant qu’elle est libre et pense par elle-même. La plèbe de Clinton représente cinquante millions de ploucs multiraciaux gavés aux Food Stamps. On est nourris pour regarder la télé, pour voter Hillary et pour déclarer la guerre à la Russie. C’est l’empire romain d’occident à l’échelon (clin d’oeil à la NSA) terrestre, et tant pis pour les gaulois que nous sommes et que nous resterons.

    Que Clinton soit une psycho bonne pour le bagne n’est ici que secondaire. Car on a créé le monde d’imbéciles et d’invertis universels dont ont rêvé depuis toujours les élites les plus dégénérées. Tout ce qu’on peut espérer, quand leur candidate luciférienne aura appuyé sur les petits boutons rouges, c’est que les russes mettront le paquet et que les sagouins y passeront aussi.

    Et vous verrez que déjà morts, comme cet électorat moribond, ils ne s’en rendront même pas compte.

    http://www.voxnr.com/3220/hillary-clinton-fin-monde

  • Les grands historiens face au bellicisme US

    Les médias officiels (tous subventionnés, et à coups de milliards encore) se vantent de faire élire Hillary Clinton, jeune candidate du nouvel ordre mondial de facture oligarchique et humanitaire.

    Tout cela promet, mais que ne fera-t-on pas pour doubler une dette US qui se monte à 19 300 milliards de dollars. Ce matin je lis dans la presse espagnole qu’il faudrait empêcher Poutine de détruire la Syrie!

    Avec les Américains nous sommes en guerre contre les russes, contre la Chine, contre les orthodoxes, contre les terroristes, contre le nucléaire; contre la grippe aviaire, contre le racisme, contre le machisme, contre tout le reste.

    Et pourquoi? Comment expliquer ce dynamisme?

    Régime messianique et parfait devant l’éternité, la démocratie impose des devoirs. La démocratie se doit de montrer l’exemple et de châtier le contrevenant. Ce n’est pas moi qui l’écrit, mais Thucydide via l’archange Périclès.

    Dans sa guerre du Péloponnèse, il raconte la Guerre de Trente ans menée par les Athéniens contre le reste de la Grèce et, s’ils l’avaient pu, contre le reste du monde. Thucydide cite au livre II (chapitres XXXV-XL) les grandes lignes du discours du stratège Périclès, qui convainc son peuple de démarrer la guerre. J’en cite les principaux points, où Périclès ne cesse de marteler son message: la supériorité ontologique de la démocratie qui lui fait un devoir d’éliminer tout adversaire.

    En effet, « notre constitution politique n’a rien à envier aux lois qui régissent nos voisins; loin d’imiter les autres, nous donnons l’exemple à suivre. »

    Cette excellence du modèle démocratique suppose une supériorité ontologique citoyenne. La race devient supérieure si elle est démocrate. Le citoyen est exemplaire:

    « Nous obéissons toujours aux magistrats et aux lois et, parmi celles-ci, surtout à celles qui assurent la défense des opprimés et qui, tout en n’étant pas codifiées, impriment à celui qui les viole un mépris universel. »

    Périclès oppose non pas Athènes à Sparte, mais Athènes et sa démocratie à la Grèce entière, à tout le monde en fait. Qu’on en juge:

    « Voici donc en quoi nous nous distinguons: nous savons à la fois apporter de l’audace et de la réflexion dans nos entreprises. Les autres, l’ignorance les rend hardis, la réflexion indécis. »

    Après le bâton, la carotte. Périclès lie déjà la démocratie à la jouissance matérielle, qui frappera tant Tocqueville lors de son voyage en Amérique. La démocratie athénienne a déjà inventé la société des loisirs:

    « En outre pour dissiper tant de fatigues, nous avons ménagé à l’âme des délassements nombreux; nous avons institué des jeux et des fêtes qui se succèdent d’un bout de l’année à l’autre, de merveilleux divertissements particuliers dont l’agrément journalier bannit la tristesse. »

    Les Athéniens se faisaient payer pour aller au théâtre!

    Périclès célèbre, comme plus tard Voltaire, le commerce et la mondialisation:

    « L’importance de la cité y fait affluer toutes les ressources de la terre et nous jouissons aussi bien des productions de l’univers que de celles de notre pays. »

    D’ailleurs, si la richesse est importante, tout le monde doit devenir riche!

    « Chez nous, il n’est pas honteux d’avouer sa pauvreté; il l’est bien davantage de ne pas chercher à l’éviter. »

    Le messianisme démocratique est métaphysique et belliciste, donnant raison au cher Héraclite, pour qui la guerre était la mère de toute chose!

    `Périclès pérore tout joyeux:

    « Nous avons forcé la terre et la mer entières à devenir accessibles à notre audace, partout nous avons laissé des monuments éternels des défaites infligées à nos ennemis et de nos victoires. »

    Ce tableau narcissique, digne de celui du discours d’Obama à West Point, justifie toutes les guerres:

    « Telle est la cité dont, avec raison, ces hommes n’ont pas voulu se laisser dépouiller et pour laquelle ils ont péri courageusement dans le combat; pour sa défense nos descendants consentiront à tout souffrir. »

    Ou comme dit le « penseur néocon » Kagan, les Américains — les démocraties, en fait — viennent de Mars. Les Iraniens, les Russes, les Chinois et les… Vénusiens n’ont qu’à bien se tenir.

    Quant à la morale des peuples démocratiques, on laisse juges nos lecteurs avec la note sur le Discours de la réforme de Démosthène (disponible sur Remacle.org):

    « Après la mort d’Épaminondas, dit Justin, les Athéniens n’employèrent plus, comme autrefois, les revenus de l’État à l’équipement des flottes et à l’entretien des armées: ils les dissipèrent en fêtes et en jeux publics; et, préférant un théâtre à un camp, un faiseur de vers à un général, ils se mêlèrent sur la scène aux poètes et aux acteurs célèbres. Le trésor public, destiné naguère aux troupes de terre et de mer, fut partagé à la populace qui remplissait la ville» Cet usage, fruit pernicieux de la politique de Périclès, avait donc introduit dans une petite république une profusion qui, proportion gardée, ne le cédait pas au faste des cours les plus somptueuses.»

    Tocqueville avait deviné lui l’agressivité américaine: pourtant la géographie avait bien isolé les Etats-Unis!

    « La fortune, qui a fait des choses si particulières en faveur des habitants des États-Unis, les a placés au milieu d’un désert où ils n’ont, pour ainsi dire, pas de voisins. Quelques milliers de soldats leur suffisent, mais ceci est américain et point démocratique. »

    Ce qui est démocratique, c’est d’avoir déclenché 200 guerres et bâti mille bases de par le monde.

    Car gare aux armées démocratiques!

    « Tous les ambitieux que contient une armée démocratique souhaitent donc la guerre avec véhémence, parce que la guerre vide les places et permet enfin de violer ce droit de l’ancienneté, qui est le seul privilège naturel à la démocratie… Nous arrivons ainsi à cette conséquence singulière que, de toutes les armées, celles qui désirent le plus ardemment la guerre sont les armées démocratiques. »

    Enfin notre historien révèle la vraie raison. C’est la même arrogance que celle de Périclès soulignée plus haut (II, troisième partie, chapitre 16):

    « Les Américains, dans leurs rapports avec les étrangers, paraissent impatients de la moindre censure et insatiables de louanges. Le plus mince éloge leur agrée, et le plus grand suffit rarement à les satisfaire; ils vous harcèlent à tout moment pour obtenir de vous d’être loués; et, si vous résistez à leurs instances, ils se louent eux-mêmes. On dirait que, doutant de leur propre mérite, ils veulent à chaque instant en avoir le tableau sous leurs yeux. Leur vanité n’est pas seulement avide, elle est inquiète et envieuse. Elle n’accorde rien en demandant sans cesse. Elle est quêteuse et querelleuse à la fois. »

    Cette agressivité humanitaire se transmettra à un Hollande ou à un Sarkozy. Qu’on trouve un tzar ou un grand khan, et nous sommes prêts pour une énième croisade.

    On sait aussi le rôle que joue la presse en démocratie. Je fournis la guerre, avait dit l’autre (Randolph Hearst, alias Citizen Kane), quand il s’agit de voler Cuba aux espagnols avec le beau résultat que l’on sait (Castro, les missiles et tutta quo). L’historien Joseph Stromberg a montré que le but de cette guerre était la Chine — via les Philippines. Et ils y sont toujours…

    Revenons à notre plus grand esprit.

    Dans le dernier et splendide chapitre de ses Souvenirs, Tocqueville insiste sur le rôle de la presse qui pousse toujours à la guerre en démocratie. On est en 1849 en Angleterre, ce beau pays qui laisse crever ses irlandais tout en continuant d’exporter viandes et blés de la verte Erin. Mais on veut faire la guerre à la Russie et à l’Autriche pour défendre… la sainte Turquie qui défend l’humanité et les droits de l’homme! Et c’est pendant l’été… Tocqueville ajoute au passage que les réfugiés politiques hongrois dévastent la sinistre république helvétique qui leur a donné asile. Les Allemands en riraient aujourd’hui… Mais passons.

    « Pendant cet intervalle, toute la presse anglaise, sans distinction de parti, prit feu. Elle s’emporta contre les deux empereurs et enflamma l’opinion publique en faveur de la Turquie. Le gouvernement anglais, ainsi chauffé, prit aussitôt son parti. Cette fois il n’hésitait point, car il s’agissait, comme il le disait lui-même, non seulement du sultan, mais de l’influence de l’Angleterre dans le monde. Il décida donc: 1° qu’on ferait des représentations à la Russie et à l’Autriche; 2° que l’escadre anglaise de la Méditerranée se rendrait devant les Dardanelles, pour donner confiance au sultan et défendre, au besoin, Constantinople. On nous invita à faire de même et à agir en commun. Le soir même, l’ordre de faire marcher la flotte anglaise fut expédié. »

    La France républicaine toujours soumise aux Anglo-Saxons était invitée à emboîter le pas. Six ans plus tard le second empire faisait la guerre à la Russie, dix ans plus tard à l’Autriche. On comprend pourquoi le coup d’Etat de Badinguet n’avait pas dérangé Londres et Palmerston, premier grand architecte du nouvel ordre mondial.

    http://www.voxnr.com/3051/grands-historiens-face-bellicisme-us