Les États-Unis veulent contrer la montée en puissance de la Chine : ils projettent d’encercler l’Empire du Milieu !
Dans les rapports bilatéraux entre les États-Unis et la Chine, la méfiance réciproque est désormais de mise. Lors de sa visite en Australie, le Président américain Obama a en effet déclaré : “ J’ai pris une décision d’ordre stratégique : en tant qu’État riverain du Pacifique, les États-Unis joueront dans l’avenir un plus grand rôle dans la mise en valeur de cette région ; c’est là une politique à mener sur le long terme ”. De plus, les États-Unis entendent bâtir une base militaire à proximité de la ville de Darwin dans le Nord de l’Australie, où seront plus tard casernés 2500 soldats d’élite. Obama veut en plus créer une zone de libre-échange dans le Pacifique qui comprendrait l’Australie, le Japon, Singapour et le Vietnam, tandis qu’il n’y aurait aucune place pour la Chine dans ce projet.
Quand ils prennent acte de ces projets stratégiques, les Chinois craignent d’être encerclés par les États-Unis. Soupçon parfaitement justifié! Déjà en 2006, les États-Unis et l’Inde avaient signé un accord d’ampleur assez vaste par lequel la Nouvelle Delhi se voyait reconnaître au niveau international comme puissance nucléaire. Outre cet accord américano-indien, les États-Unis entretiennent des bases militaires au Japon et en Corée du Sud. Si dorénavant l’Axe liant les puissances d’Asie aux États-Unis se voit prolongé jusqu’en Australie, alors l’influence de la Chine restera limité à ses seules eaux côtières.
Les projets de Washington doivent se percevoir comme une tentative d’endiguer la Chine, tant que cela est encore possible. Car le développement économique de l’Empire du Milieu s’effectue à une vitesse de croissance inégalée, ce qui agace et inquiète les États-Unis, encore plus préoccupés par l’éveil d’une politique étrangère chinoise bien consciente des enjeux planétaires. Au Conseil de Sécurité de l’ONU, les Chinois ne cessent de torpiller les projets américains, comme, par exemple, quand il s’agit d’infliger à l’Iran des sanctions encore plus draconiennes. Dans la lutte pour la domination économique des États riches en matières premières, notamment en Afrique et en Asie centrale, Beijing et Washington sont devenus de véritables rivaux. À tout cela s’ajoute que le modèle chinois, couplant une économie libéralisée et un appareil d’Etat autoritaire, exerce une attraction de plus en plus évidente sur les pays en voie de développement et sur les pays émergents qui préfèrent opter pour un avenir politique différent de celui suggéré par la “démocratie libérale” de type américain. De ce fait, la Chine n’est plus seulement un concurrent économique des États-Unis mais elle les défie en agissant justement sur leur point le plus sensible : celui de vouloir incarner et propager de manière monopolistique la seule démocratie de facture occidentale, au détriment de toutes les autres formes possibles de gouvernance. Ce n’est donc pas un hasard si, un jour, Obama a déclaré, en s’adressant à la Chine d’un ton assez menaçant : “ Nous continuerons à expliquer, y compris à Beijing, quelle est la signification pour nous du maintien des normes internationales et du respect des droits de l’homme pour le peuple chinois ”.
Il y a plus : la modernisation des forces armées chinoises, et surtout de la marine de guerre de l’Empire du Milieu, montre que Beijing n’entend pas se contenter, dans l’espace pacifique, d’un rôle de “junior partner”, soumis à la volonté américaine. Le renforcement militaire chinois a pour effet que les frais d’entretien de l’empire américain doivent désormais être révisés à la hausse dans la région, notamment pour garantir la sécurité d’alliés comme le Japon ou la Corée du Sud et surtout Taiwan. Plusieurs incidents confirment ce nouvel état de choses: la marine chinoise s’attaque de plus en plus souvent à des navires de prospection vietnamiens ou philippins qui oeuvrent en Mer de Chine du Sud, espace marin dont les riverains se querellent à propos du tracé des frontières maritimes et, partant, sur la superficie de leur zone d’influence économique. Lors de ces escarmouches, ce ne sont pas tant les Vietnamiens ou les Philippins qui sont les destinataires des menaces chinoises mais avant tout les États-Unis.
Les Chinois, dans ce contexte, s’inquiètent surtout de l’amélioration constante des rapports américano-vietnamiens, en dépit du souvenir cuisant de la guerre du Vietnam. Le Vietnam communiste a certes libéralisé son économie en s’inspirant du modèle chinois et s’est ouvert aux investisseurs étrangers mais les relations avec le grand voisin du Nord n’en demeurent pas moins empreintes de méfiance pour des raisons historiques. Pendant des siècles, les Vietnamiens ont dû payer tribut aux empereurs de Chine et, pendant la seconde moitié du 20ème siècle, la Chine n’a jamais omis de toujours briser, avant qu’ils ne se concrétisent, les rêves vietnamiens de devenir une puissance régionale, en dépit de la “fraternité communiste” censée unir Hanoi à Beijing. Quant au Vietnam, le pays le plus densément peuplé de l’Indochine, il a toujours revêtu une signification particulière pour les Chinois : en effet, la puissance étrangère qui contrôlera ce pays limitera ipso facto et de manière considérable l’influence de Beijing dans la région et fera courir à la Chine le risque d’être encerclée.
Où l’affaire risque bien de devenir explosive, c’est quand les relations américano-vietnamiennes se trouvent renforcées par les activités du consortium pétrolier américain Exxon dans les eaux de la Mer de Chine du Sud. Fin octobre, l’Energy Delta Institute annonçait qu’Exxon avait découvert devant les côtes du Vietnam “des gisements de gaz d’une ampleur assez considérable” dans une région qui est également revendiquée par la Chine. La situation, déjà âprement concurrentielle, pourrait dès lors prendre une tournure plutôt dangereuse. Car, au même moment, le ministère de la défense américain travaillerait, selon le “Financial Times”, “ à développer rapidement une nouvelle stratégie prévoyant une bataille aérienne et navale, afin d’acquérir à terme les moyens de contrer les plans chinois visant à empêcher les forces armées américaines de pénétrer dans les mers voisines de la Chine ”.
Berhard TOMASCHITZ.
(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°48/2011; http://www.zurzeit.at ).
R.Steuckers
géopolitique - Page 871
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Concurrence géopolitique dans le Pacifique
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Russie : restauration poutinienne et nouvelles perspectives géopolitiques
Si l’on évoque la restauration poutinienne en Russie, après le terrible ressac vécu par l’ancienne superpuissance communiste sous le règne, somme toute assez bref d’Eltsine (1), il convient de le faire correctement : non pas dans le simple but d’énoncer des faits qui concernent un monde différent du nôtre, mais bel et bien dans la perspective de construire une alternative géopolitique solide face aux projets d’assujettissement de l’Europe et du reste du monde, projets que cultive la seule hyperpuissance encore en lice, à savoir les États-Unis.
Cette perspective géopolitique ne saurait être une construction de l’esprit, toute nouvelle, sans racine. Les relations euro-russes ont au contraire des racines anciennes et l’Axe Paris/Berlin/Moscou que préconisait naguère Henri de Grossouvre est, outre une impérieuse nécessité, le prolongement et la réactualisation d’un projet vieux de près d’un quart de millénaire. La perspective eurasienne, dans notre famille politique malheureusement fort réduite en nombre et en taille, se réfère assez souvent au rêve du national-bolcheviste allemand Ernst Niekisch, qui avait imaginé, dans les années 20 et 30 du XXe siècle, une alliance germano-slave, fondée sur le paysannat et le prolétariat, prête à bousculer un Occident vermoulu, idéologiquement arrêté aux schématismes des Lumières du XVIIIe. Plus fondamentalement, nous percevons, aujourd’hui, après l’inévitable détour par Niekisch, des préludes cohérents à l’Axe de Henri de Grossouvre dans l’Alliance des Trois Empereurs sous Bismarck et sous les tsars germanophiles du XIXe et dans l’alliance de facto qui, dans le dernier quart du XVIIIe, unissait la France de Louis XVI, l’Autriche et la Russie de Catherine II, permettant de battre la thalassocratie anglaise à Yorktown en 1783 et à chasser les Ottomans de la Mer Noire et à les contenir dans les Balkans (2). La Révolution française ruinera cette unité et ces acquis, qui auraient pu faire le salut de l’Europe, en lui permettant de garder sa cohérence et de parachever l’assaut contre les Ottomans.1759 : année clefMais déjà avant cette alliance générale, à la veille de 1789, la France, l’Autriche et la Russie avaient uni leurs forces pendant la Guerre de Sept Ans. Un historien anglais actuel vient de démontrer que ce conflit intérieur européen avait permis à l’Angleterre, puissance insulaire située en marge et en face du continent, de jeter les bases réelles de son futur empire extra-européen, à partir de l’année-clef que fut 1759 (3). L’art des historiens anglo-saxons de remettre l’histoire intelligemment en perspective ramène ainsi à notre mémoire vive 2 faits géostratégiques devenus permanents : 1) utiliser une puissance européenne pour déséquilibrer le continent et rompre son unité ; l’instrument de cette stratégie fut à l’époque la Prusse ; 2) profiter des guerres européennes pour porter la guerre hors d’Europe, sur des fronts plus dégarnis et y engranger de solides dividendes territoriaux et stratégiques sans grandes pertes et sans gros frais, comme ce fut le cas au Canada et en Inde, d’où fut évincée la France.Lorsque nous analysons aujourd’hui le réveil russe de Poutine, c’est donc dans la perspective de retrouver les alliances stratégiques stabilisatrices d’avant 1789, où les idéologies modernes, bellogènes à l’extrême en dépit de leur pacifisme autoproclamé, ne jouaient encore aucun rôle déstabilisateur. Entrons maintenant dans le vif du sujet.De Gorbatchev à Eltsine, la Russie semblait galoper tout droit vers le chaos, vers une nouvelle “Smuta”, un nouveau “Temps des Troubles” : perte du glacis est-européen, perte de la périphérie balte et caucasienne, perte des acquis territoriaux en Asie centrale, etc., effondrement de la monnaie et ressac social et démographique sur toute la ligne. Eltsine, figure d’abord positivement médiatisée pour avoir annoncé la fin du communisme, juchée sur un char d’assaut ; en dépit de cette image, il inaugurera toutefois un régime sans aucune colonne vertébrale : les oligarques en profitent pour acquérir personnellement, par toutes sortes de stratagèmes douteux, les richesses du pays. Dans l’industrie pétrolière, ils font augmenter la production de brut grâce à des prêts du FMI, de la Banque mondiale et de la Banque de New York et cèdent à des consortiums pétroliers américains et britanniques des parts importantes dans l’exploitation des hydrocarbures russes. Poutine, dès son accession au pouvoir en janvier 2000, met vite un holà à ces déviances. Immédiatement, puissances anglo-saxonnes, pétroliers, oligarques et idiots de service dans le monde médiatique se mobilisent contre lui et lui déclarent la guerre, une guerre qui sévit toujours aujourd’hui. Terrorisme tchétchène d’Ahmed Zakaïev (avec ses appuis turcs), révolution des roses en Géorgie et révolution orange en Ukraine sont les fruits âcres d’un vaste et sinistre complot destiné à affaiblir la Russie et à défenestrer Poutine. Seul l’ex-oligarque Roman Abramovitch fera amende honorable (4), rendra les biens acquis sous Eltsine à l’État russe, deviendra gouverneur du Kamtchatka pour redonner vie à cette région déshéritée mais hautement stratégique. Il servira également d’intermédiaire entre Poutine et Olmert dans les litiges russo-israéliens.Russie : puissance orthodoxeAprès l’effondrement du communisme et le retour des valeurs religieuses, surtout dans l’aire musulmane, en Afghanistan d’abord, dans l’Asie centrale ex-soviétique ensuite mais dans une moindre mesure, la Russie se trouve déforcée par les décennies de propagande anti-religieuse du système soviétique, qui a mis à mal la vigueur de l’orthodoxie dans les populations slaves et a généralisé une asthénie spirituelle déliquescente, mais n’a pas autant entamé l’islam centre asiatique, qui fut de surcroît revigoré par l’argent saoudien et l’appui américain aux moudjahiddins afghans. Qui plus est, dans les premières années du post-communisme, la vague du matérialisme occidentaliste secoue de fond en comble une Russie déboussolée mais, comme le remède croît toujours en même temps que le péril, le retour à l’orthodoxie d’une partie de la population (60% selon les sondages) redonne partiellement au pays une identité religieuse et politique traditionnelle, dont l’Europe occidentale est depuis longtemps dépourvue. Alexandre Soljénitsyne exhortait le peuple russe à retrouver l’esprit de l’Orthodoxie et le Patriarche Alexis II apporte son soutien à Vladimir Poutine, qui, lui, définissait son pays comme « une puissance orthodoxe », lors de sa visite au Mont Athos en Grèce en septembre 2005. Ce retour à l’orthodoxie ravive un certain anti-occidentalisme, bien lisible dans les déclarations d’un concile d’avril 2006, où l’église orthodoxe russe a promulgué sa propre Déclaration des droits et de la dignité de l’homme, où sont fustigés et l’individualisme occidental et la volonté d’ingérence étrangère cherchant à imposer des droits de l’homme de facture individualiste en Russie et en toutes les autres terres orthodoxes. Le texte ajoute : « Il est des valeurs qui ne sont pas inférieures aux droits de l’homme, tels la foi, la morale, le sacré, la patrie », où le philosophe de l’histoire décèlera un refus de la rupturalité calamiteuse que représente l’idéologie des droits de l’homme de 1789 à la vulgate médiatique actuelle, quand on la manipule avec l’hypocrisie que nous ne connaissons que trop bien. Le 17 mai 2007, les églises russes en situation de diaspora depuis les années 20 se réconcilient avec le Patriarcat de Moscou (5), ce qui rend plus difficile la tâche de monter les options de l’orthodoxie russe les unes contre les autres.Ukraine : la révolution orange patineL’ingérence occidentale s’effectue essentiellement par le biais des “révolutions colorées” (6), nouveau mode de pratiquer la “guerre indirecte” et de grignoter les franges extérieures de l’ancien empire des tsars et de l’URSS, dont les républiques caucasiennes et l’Ukraine. On sait que la révolution orange fut finalement un fiasco pour ces commanditaires occidentaux ; Victor Iouchtchenko, le Président élu pour son programme pro-occidental, n’a guère fait bouger les choses, ni dans un sens ni dans l’autre, en dépit de sa volonté de faire entrer l’Ukraine dans l’UE et dans l’OTAN. L’icône féminine de l’effervescence orange de 2005, Youlia Timochenko, a basculé dans la corruption et la démagogie la plus plate, sans aucune assise idéologique claire. Ianoukovitch, l’ancien leader pro-russe d’Ukraine orientale, demeure pragmatique : l’Ukraine n’est pas mûre pour l’OTAN et l’UE ne veut pas de Kiev, dit-il. Fin septembre 2007, pour les élections, pas de manifestations dans les rues. Le calme. Les agences occidentales ne paient plus. Pour l’écrivain Andreï Kourkov, les personnages de la révolution orange étaient des marionnettes : le pouvoir demeure aux mains des gestionnaires de l’économie ukrainienne, liée à l’économie russe (7).En Géorgie, où l’actuel Président Mikhail Saakachvili avait pris le pouvoir en novembre 2003 à la suite de la révolution des roses, une contre-révolution vient d’éclater, sans leader bien profilé (8), qui déstabilise la créature de l’américanosphère, l’icône masculine des médias téléguidés depuis les États-Unis, hissée en selle il y a quatre ans. En dépit de sa victoire et de la mise au pas de l’Adjarie sécessionniste en mai 2004, Saakachvili n’a pas réussi à dompter une autre province dissidente, l’Ossétie du Sud, arc-boutée à la chaîne du Caucase. Ce territoire d’à peine 75.000 habitants ne compte que 20% de Géorgiens ethniques. Sa population est fidèle à la Russie. En agissant sur le mécontentement populaire face à la politique pro-occidentale (et donc néo-libérale/globaliste) de Saakachvili et sur les spécificités ethniques adjars et ossètes, Poutine a trouvé le moyen de contrer les effets d’une révolution colorée et de forger les armes pour disloquer celles qui, éventuellement, émergeraient demain.Octobre 2007 : Sommet de TéhéranAutre succès majeur de Poutine : la vaste stratégie pétrolière qu’il a déployée, en Europe et en Asie. Il a réussi à disloquer la cohésion des oligarques (9), à apaiser les dangers de conflit qui existaient entre riverains de la Caspienne. Le sommet de Téhéran en octobre 2007, qui réunissait les dirigeants de la Russie, de l’Iran, du Kazakhstan, de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan, avait pour objet de stabiliser la situation sur les rives de la Caspienne et d’y organiser un modus vivendi pour l’exploitation des ressources locales d’hydrocarbures et de gaz. Les accords qui en découlent stipulent, notamment, que les pays riverains, participant à la conférence, ne permettront pas que leurs territoires respectifs servent de base à des puissances hors zone pour agresser un quelconque État co-signataire. Iran compris, cela s’entend (10).Dans le contexte actuel, où l’atlantisme appelle une nouvelle fois au carnage et où l’un de ses chiens de Pavlov, en la personne du sarköziste et ex-socialiste Kouchner, joint ses aboiements sinistres au lugubre concert des bellicistes, cette disposition du sommet de Téhéran bloque toute velléité américaine d’ingérence en Asie centrale et préserve le territoire iranien sur son flanc nord, alors que l’Iran est aujourd’hui dangereusement encerclé entre les bases US du Golfe, d’Irak et d’Afghanistan. L’Iran est la pièce centrale, et non encore contrôlée, d’un territoire qui correspond à l’USCENTCOM (lequel s’étend de l’Égypte à l’Ouest au Pakistan à l’Est). Ce territoire, dans la perspective des stratégistes américains inspirés par Zbigniew Brzezinski, doit servir à terme, avec son “Youth Bulge” (son trop-plein démographique et sa natalité en hausse constante, sauf en Iran), de marché de substitution au bénéfice des États-Unis, car l’Asie garde des réflexes autarcistes et l’Europe possède un marché intérieur moins accessible, avec, en plus, une démographie en net recul. Le contrôle de cet espace implique évidemment l’élimination de l’Iran, pièce centrale et aire nodale d’une impérialité régionale plurimillénaire, l’éloignement stratégique de la Russie et son refoulement de tous les territoires conquis depuis Ivan le Terrible, le contrôle de la Mésopotamie et des hauteurs afghanes et la dislocation des cultures masculinistes et, partant, anti-consuméristes, de cette vaste aire, certes islamisée, mais recelant encore beaucoup de vertus et de vigueurs pré-islamiques, tout en demeurant rétive au fanatisme wahhabite.“South Stream” et “North Stream”Les accords sur la Caspienne auront une implication directe sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Le système d’oléoducs et de gazoducs “Nabucco”, favorisé par les États-Unis, qui entendaient, par son truchement, diminuer les influences russes et iraniennes sur la distribution d’énergie, se verra compléter par le système dit “South Stream”, qui partira de Novorossisk sur les rives de la Mer Noire pour aboutir aux côtes bulgares (donc sur le territoire de l’UE), d’où il partira vers l’Europe centrale, d’une part, et vers l’Albanie et, de là, vers l’Italie du Sud, d’autre part. L’ENI italienne est partie prenante dans le projet (11). La réalisation de celui-ci, à travers la partie pacifiée des Balkans, ruine automatiquement les manœuvres dilatoires des forces atlantistes en Baltique, où les États-Unis incitent les petites puissances de la “Nouvelle Europe”, chère à Bush, à annihiler le projet d’acheminer le gaz russe vers l’Allemagne au départ de Königsberg/Kaliningrad ou du Golfe de Finlande, impulsé par le Chancelier Schröder à l’époque bénie — mais si brève — de l’Axe Paris-Berlin-Moscou. Le système de gazoducs de la Baltique porte le nom de “North Stream” (12) : son parachèvement est aujourd’hui bloqué par l’opposition de Tallinn à tous travaux le long de la côte estonienne. Ce blocage est dicté en ultime instance par Washington qui excite en sous-main les Pays Baltes et la Pologne contre tous les projets de coopération euro-russe ou germano-russe, restituant ainsi de facto le “Cordon sanitaire” de Lord Curzon et les effets mutilants du Rideau de Fer sur les dynamiques intérieures de l’Europe dans son ensemble. Ce qui a toujours été le but des puissances thalassocratiques.La victoire électorale de Poutine en décembre 2007 démontre, outre sa réelle popularité en dépit des campagnes des oligarques et des médias, que les stratégies de “révolutions colorées” ont fait long feu : à celles-ci, Poutine a répondu par une mobilisation citoyenne et patriotique en créant le mouvement Nachi (Les Nôtres) qui a tenu la rue en lieu et place de sycophantes comme Kasparov ou autres écervelés sans intelligence géopolitique ou géostratégique.L’Europe ne peut vouloir une Russie déstabilisée et plongée dans le chaos, car, dans ce cas, elle serait automatiquement entraînée, sinon dans un chaos similaire, du moins dans une récession dont elle pourrait bien se passer, vu son déclin démographique, sa relative stagnation économique et les signes avant-coureurs d’une réelle paupérisation dans les classes laborieuses, fruit de près de trente ans de néo-libéralisme.ConclusionsEn conclusion, le phénomène Poutine doit nous amener à penser notre destin politique dans les catégories mentales suivantes :♦ Ne pas tolérer le poids d’oligarques de toutes natures dans nos sphères politiques, qui aliènent richesses, fonds et capitaux par l’effet de pratiques de délocalisation ; selon le bon vieux principe du primat du politique sur l’économique, que Poutine a réussi à faire triompher ;♦ Comprendre enfin la nécessité d’une cohésion religieuse visible et visibilisée (comme le voulait Carl Schmitt), plus difficile à restaurer en Occident vu les dégâts profonds qu’ont commis sur le long terme le protestantisme, le sectarisme diversifié et chaotique qui en est issu et la déliquescence du catholicisme depuis le XIXe siècle et Vatican II ;♦ Susciter une vigilance permanente contre les manipulations médiatiques qui ont conduit en France aux événements de mai 68 (pour chasser De Gaulle), aux grèves de 1995 (pour faire fléchir Chirac dans sa politique nucléaire à Mururoa), aux révolutions colorées ; il faut être capable de générer une contre-culture offensive contre ce que les agences d’outre Atlantique tentent de nous faire gober, afin de provoquer par les effets de ce soft power rudement bien rodé des mutations politiques favorables aux États-Unis ;♦ Il faut viser une indépendance énergétique grande-continentale, ne permettant pas aux pétroliers américains de contrôler les flux d’hydrocarbures sur la masse continentale eurasienne, au bénéfice de leurs seuls intérêts et au détriment de la cohésion du Vieux Monde ;♦ Il faut suivre Poutine dans ses offensives diplomatiques en Asie, surtout en direction de l’Inde et de la Chine ; l’Europe a intérêt à être présente dans le sous-continent indien et en Extrême-Orient, dans une perspective d’harmonisation des intérêts, comme l’avait d’ailleurs déjà préconisé la Chine dans ses réponses aux tentatives occidentales d’ingérence intellectuelle (le soft power, qui bute contre la culture impériale chinoise).Les coopérations euro-russes, euro-indiennes et euro-chinoises ouvrent des perspectives autrement plus séduisantes que le sur-place atlantiste, que notre triste macération dans le graillon de la dépendance médiatique et politique, où nous sommes plongés pour notre honte. Tous les peuples de la Terre attendent le réveil de l’Europe. Celle-ci n’est viable que branchée sur l’Eurasie, à commencer par la Russie, comme au temps des grandes alliances, amorcé à l’époque de la Guerre de Sept Ans.Robert Steuckers (Forest-Flotzenberg, décembre 2007). http://robertsteuckers.blogspot.fr/• Notes :-
(1) Cf. « L’eredità di Eltsin », in Linea, 15 nov. 2007 (article tiré de la revue sud-africaine Impact (Box 2055, Nooserkloof, Jeffreys Bay, 6331, South Africa).
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(2) Cf. Victor-L. TAPIE, L’Europe de Marie-Thérèse : Du baroque aux Lumières, Fayard, 1973 ; également, Henri TROYAT, Catherine la Grande, Flammarion, 1977.
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(3) Frank McLYNN, 1759 : The Year Britain Became Master of the World, Pimlico, London, 2005.
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(4) Dr. Albrecht ROTHACHER, « Das Schicksal zweier Oligarchen : Beresowskis Kampf gegen Putin aus dem Exil und der Lagerhäfltling Chodorkowski“, in zur Zeit Nr. 42/2007 ; Dr. A. ROTHACHER, „Superreich und willfährig. Oligarch Roman Abramowitsch : Putins Statthalter in Russisch-Fernost“, in zur Zeit Nr. 46/2007.
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(5) Marie JEGO, « La Fédération de Russie », in : La Vie/Le Monde Hors-Série, L’Atlas des Religions, s.d. (paru en kiosque en nov. 2007). Voir également : Alexandre SOLJENITSYNE, La Russie sous l’avalanche, Fayard, 1998, plus spécialement le chapitre : « L’Église orthodoxe par ce Temps des Troubles », p. 301 et ss.
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(6) Cf. Le dossier du Temps de Genève, en date du 10 décembre 2004, intitulé „L’internationale secrète qui ébranle les dictatures de l’Est“ ; ce dossier est accompagné d’un entretien avec le stratégiste et théoricien des guerres indirectes, Gene Sharp, intitulé « L’essentiel est de diviser le camp adverse ». Cf. surtout Viatcheslav AVIOUTSKII, Les révolutions de velours, Armand Colin, 2006 (ouvrage capital !).
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(7) Andrej KURKOW, « Die Last des Siegens », in : Der Spiegel, 39/2007, pp. 138-139.
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(8) „Überall Feinde“, in : Der Spiegel, 46/2007, p. 121. Cf. Eugen GEORGIEV, „Angespannte Lage in Südossetien“, in : Aula, Okt. 2007.
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(9) www.barnesreview.org / Un texte issu de ce site a été traduit en italien. Il s’agit de : «Vladimir Putin : le sue riforme e la sua tribu di nemici / Il sostegno atlantico agli oligarchi russi”, in Linea, 28 nov. 2007.
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(10) Fulvia NOVELLINO, “Il vertice di Teheran per il petrolio del Mar Caspio”, in Linea, 19 oct. 2007.
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(11) Filippo GHIRA, “South Stream pronto nel 2013”, in Linea, 23 nov. 2007.
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(12) Andrea PERRONE, “L’Estonia sfida la Russia sulla condotta North Stream”, in Linea, 18 oct. 2007. Rappelons toutefois que le projet d’un oléoduc (ou gazoduc) vers l’Allemagne et la Pologne n’est pas une idée neuve. En décembre 1959, Soviétiques, Polonais et Est-Allemands signent un accord à Moscou pour la construction de la « branche nord de l’oléoduc de l’amitié ». Le “North Stream”, dont question ici, n’en est que la réactualisation, dans un contexte qui n’est plus marqué par la guerre froide.
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Le mondialisme en miettes
- Partage moitié-moitié ?
On pourra taxer les mondialistes d’une montagne d’épithètes désobligeantes sauf une : ce ne sont pas des imbéciles ; ainsi pour enterrer une crise planétaire provoquée par des échanges désordonnés de papier-monnaie, ils ont génialement réussi à nous faire admettre que puisque « nous sommes tous dedans jusqu’au cou » c’est tous ensemble que nous en sortirons.
Tous, cela voulait dire les 20 États qui représentent 85% de la création mondiale de richesse « fraternellement » rassemblés au sommet du G20 de septembre 2009 à Pittsburgh au cours duquel tous acclamèrent « l’antique G8 des Pays du Nord est mort, vive le G20 ! »Tous, tant les anciens par la voix de G. Brown « désormais le G20 est le premier forum de coopération économique », que les nouveaux par celle de Lula « le G20 a désormais un rôle exceptionnel dans le nouvel ordre mondial ». En un mot ensemble « yes we can ! »
Comme souvent en pareille assemblée on relevait quelques nuances. Pour B. Obama la coordination des plans de relance était une condition nécessaire mais pas suffisante pour éviter une autre crise, car « il faudrait définir un cadre permettant à chacun d’évaluer la politique des autres afin d’élaborer un consensus. »
Cette mission serait confiée au FMI dès qu’il aura attribué à la Chine la majeure partie des 6% des droits de vote prélevés sur ceux de l’Union européenne (réforme qui n’altère en rien le droit de veto des Etats-Unis.)
Ingrat malgré ce cadeau le président Hu Jintao rétorquait « la vraie priorité est de maintenir une politique de relance solide jusqu’à ce que la reprise soit pleine et entière en évitant toute forme de protectionnisme. »D’où le laborieux communiqué final de 23 pages qui s’est borné à rappeler tous les sujets évoqués sans fixer de règle concrète concernant la coordination chère à B. Obama et implicitement refusée par Hu Jintao. De là à songer que le G20 se réduisait à un G2 entre les Pays du Nord représentés par les Etats-Unis et ceux du Sud par la Chine...
Quelques semaines plus tard, en décembre 2009, 3500 journalistes, 23000 observateurs, et 10000 représentants de diverses ONG bravaient un froid polaire pour accompagner les 1200 délégués des 192 États participant à la Conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique.
L’objectif est d’élargir et de prolonger au-delà de 2012 le « Protocole de Kyoto » signé en 1997, ratifié par 184 pays (juin 2009) et entré en vigueur en février 2005 après sa ratification par la Russie. Ce texte oblige tous les pays signataires à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (principalement le CO2) d’ici fin 2012, mais seuls 38 États industrialisés sont soumis à des engagements contraignants (-8% pour l’Europe par rapport aux quantités rejetées en 1992.)
Les Etats-Unis n’ont pas ratifié le protocole et le Brésil, l’Inde, l’Indonésie, l’Afrique du Sud..., considérés comme pays en développement ne sont pas contraints par un engagement chiffré.Initialement prévue pour remédier à cette situation aberrante, la Conférence de Copenhague tourne à l’affrontement entre :
- le bloc des 38 États industrialisés qui estiment que dix huit ans après Kyoto plusieurs pays en voie de développement (PVD) sont devenus de gros pollueurs et doivent accepter de se soumettre à des engagements chiffrés
- le G77 réunissant les 77 PVD les plus avancés qui, insistant sur la responsabilité historique des Pays du Nord depuis la Révolution industrielle, se considèrent comme des victimes innocentes et ne veulent donc pas sortir du protocole de Kyoto
- les Etats-Unis qui souhaitent reporter au plus tôt en 2010 la mise en place d’un engagement politique contraignant préalablement accepté à l’unanimité des 192 États présents à Copenhague.
En résumé, bien que tous se fussent déclarés prêts à « faire quelque chose » pour réduire les émissions de CO2, le bloc des 38 reste seul à présenter un programme chiffré selon un calendrier établi ; la Chine, porte-parole du G77, et les Etats-Unis acceptent seulement d’informer leurs partenaires des mesures anti CO2 qui seront appliquées dans leurs pays, mais refusent catégoriquement de se soumettre à un contrôle quantitatif sous l’égide d’un organisme international.
Ainsi, sous la pression des deux premiers pollueurs mondiaux la Conférence, incapable de jeter les bases d’une politique environnementale commune, adopte un accord dont on admire le flou artistique « la hausse de la température moyenne de la planète devra être contenue en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. »
À l’image du G20 de l’économie, le G192 de l’écologie se réduirait à un G2...moitié-moitié.
À la mi-novembre, entre Pittsburgh et Copenhague, en conclusion du sommet de Shanghai entre la Chine et les Etats-Unis, B. Obama déclarait « les relations entre Pékin et Washington vont définir le XXIe siècle »...prophétique ?
- Pourquoi pas en trois tiers ?
L’hypothèse n’est pas nouvelle. Depuis 2006 New Delhi et Tokyo réfléchissent au moyen de renforcer leurs échanges commerciaux qui sont insignifiants en regard de leurs tailles économiques respectives (à peine 15 md$ en 2009, à comparer avec les 350 md$ échangés entre la Chine et le Japon.)
L’été dernier les négociations se sont accélérées sous la pression de Tokyo soucieuse de la dégradation des relations diplomatiques sino-japonaises : en riposte à l’arraisonnement d’un chalutier chinois par des gardes-côtes japonais, Pékin a bloqué ses exportations de matériaux stratégiques pour l’industrie nippone.
L’Inde étant elle-même préoccupée de l’expansion de son grand et puissant voisin, il devenait normal que les deux pays mettent dans une corbeille commune d’une part un marché fort de 1 milliard de consommateurs et d’autre part une technologie qui a fait ses preuves.
D’où l’accord de libre échange et de partenariat industriel conclu le 25 octobre dernier entre M. Singh, premier ministre indien et son homologue N. Kan.Ce document devrait être ratifié début 2011 après examen au Parlement japonais lequel pourrait hésiter à accepter le paragraphe relatif à la coopération dans le domaine du nucléaire civil, l’Inde n’ayant toujours pas signé le Traité de non prolifération.
Toutefois la diplomatie de Washington, alliée de Tokyo et récemment très active en Inde, (1) devrait facilement venir à bout des éventuelles réticences des députés japonais ; tant sous G. Bush qui a libéré les exportations de matériel nucléaire civil vers l’Inde que sous B. Obama qui vient de soutenir la candidature de New Delhi pour un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis travaillent à l’émergence d’un bloc asiatique qui fera contrepoids à la Chine...du G2 vers le G3 ?- Ou le quatre-quarts en ajoutant l’Afrique Noire ?
Au train où vont les évènements depuis la fin du siècle dernier, il est probable qu’il faille rapidement réserver une place à l’Afrique autour de la table du grand Monopoly mondial.
D’abord parce qu’elle l’exige.
Ainsi au G20 d’avril 2009 à Londres elle a réussi à imposer la présence de deux observateurs (le président de la commission de l’Union africaine et celui du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) ; de même à Copenhague les représentants de 3 pays africains ont fait valoir leurs revendications en quittant temporairement la table des négociations d’où interruption de séance conformément au règlement intérieur de l’ONU qui stipule que l’absence d’un seul État participant bloque les travaux.
Ensuite parce qu’il faudrait être inconscient pour ne pas anticiper les effets de l’explosion démographique africaine : 180 millions d’habitants en 1950, 860 aujourd’hui et 1,8 à 2 milliards en 2050...le quart de l’humanité !Avec une moyenne de 4,6 enfants par femme (7 au Niger !) l’Afrique représente le quart des naissances mondiales ; il vient plus d’enfants au monde au Nigeria (148 millions d’habitants) que dans l’Union européenne (500 millions d’habitants.)
En conséquence :- 45% des Africains ont moins de 15 ans
- la population citadine a été multipliée par 11 en 50 ans
- les campagnes disparaissent : alors que l’urbanisation occidentale est verticale, celle de l’Afrique est horizontale avec des maisons individuelles de plain pied.
Pour l’heure ce futur géant démographique (déjà 12% de l’humanité) est encore un nain économique (2,7% du PIB mondial) ; la question est de savoir pour combien de temps.
Les PMA : 50 Etats dont 34 africains. 11,3% de la population mondiale. 0,6% du PIB mondial.
(Carte : Cnuced)En à peine quatre décennies son PIB est passé de 461 milliards $ en 1970, à 1061 md$ en 2000, à 1561 md$ en 2008 et devrait atteindre 2600 md$ à l’horizon 2020.
L’idée couramment répandue consiste à dire que cette croissance serait principalement due au pillage des matières premières africaines par les Pays occidentaux et les grands émergents dont la Chine ; or, une étude réalisée en 2010 par le Cabinet Mc. Kinsey révèle que sur les 500 md$ de PIB supplémentaires entre 2000 et 2008, seul le tiers est dû à la hausse des exportations de matières premières et le solde aux premiers pas de l’industrie locale.
Indéniablement sur cette période l’Afrique a su tirer profit de deux améliorations concomitantes : une structurelle (meilleure efficacité de l’administration, modernisation des infrastructures,...) et une conjoncturelle (hausses des volumes et des cours des matières premières minérales et végétales exportées, annulation de plusieurs dettes souveraines...)
Quand l’Afrique s’éveillera...non, la formule est incorrecte. C’est le monde industriel qui a éveillé l’Afrique et plus particulièrement la Chine qui y investissait 470 millions $ en 2001, puis 4,5 milliards $ en 2008 et 6,25 md$ l’an dernier. Très vite Pékin a compris que pour fidéliser et développer ce nouveau partenaire commercial il ne suffirait de lui vendre des produits manufacturés et de lui acheter des matières premières ; en effet ce fonctionnement simpliste n’est réellement profitable qu’aux 5 États africains qui, grâce à la richesse de leurs sous-sols pèsent les 2/3 des exportations vers l’Asie.
L’accueil réservé fin août dernier par le président Hu Jianto à son homologue Sud Africain J. Zuma illustre la nouvelle stratégie chinoise sur le Continent Noir ; après avoir conclu les grands contrats classiques (fourniture par la Chine d’unités de production électrique, solaires et nucléaires, et de TGV) les deux chefs d’État ont signé un accord de partenariat économique global précisant que Pékin s’engage à compenser par l’importation de produits à haute valeur ajoutée « made in South Africa. »
Ainsi dans le futur ordre mondial, la Chine serait l’usine du monde et l’Afrique l’atelier de la Chine.
Aujourd’hui Pékin n’est plus seule à considérer l’Afrique comme un réservoir de croissance. Ainsi les accords d’aide à la sécurité alimentaire proposés par Brasilia à plusieurs capitales africaines ne sont certainement pas désintéressés.
Plus significative encore est la déclaration de S. Mekouar, ministre marocain de l’Économie et des Finances « nous faisons le pari de l’Afrique car c’est le continent de la croissance de demain [...] Il y a là-bas des espaces beaucoup plus prometteurs que l’Europe, aujourd’hui notre principal partenaire commercial mais où la croissance est la plus faible. »
L’analyse de M. Camdessus, ex patron du FMI, publiée fin mai dernier par l’Africa Progress Panel (organisme de prospective proche de l’ONU) mérite d’être méditée « au-delà des avantages commerciaux à court terme, l’immense réservoir des jeunes actifs urbains intéressera les nouveaux pays industrialisés qui pourront y délocaliser leurs productions les plus consommatrices de main-d’œuvre ; en conséquence les Pays du Nord ne devraient pas laisser le champ libre à ceux du Sud sur un continent dont la croissance potentielle annuelle frôle les 5%. »
L’Afrique partenaire de demain...de G3 à G4 ?- Pour conclure.
Malgré l’acharnement des mondialistes à réduire le G20 à un G1, les grands flux monétaires et commerciaux obéissent encore aux lois du G2.
En accordant quelque crédit à notre exposé, ce G2 pourrait être considéré comme une sorte de minimum atteint par la gouvernance mondiale représentée sous la forme d’une fonction mathématique dont la dérivée vient de changer de signe...G192, 77, 8, 2, 3, 4...Et pourquoi pas 5 avec une Europe des patries librement unies dans un projet commun nourrit de ses racines chrétiennes ?
Mais pas une Europe où il importe d’être toujours plus nombreux, pacsés sous le régime des directives de Bruxelles pour toujours agrandir le marché unique, miraculeuse source d’opulence selon la publicité « euro transatlantique » : toujours plus nombreux, ensemble « yes we can ! » Et nos vieilles sociétés, confortablement assoupies sur l’héritage des anciens, de répondre « yes ! week end ! »
Vous n’entendez donc pas comme un petit bruit qui court sur le vent du sud ? On dirait comme la sonnerie d’un réveil...Pierre Jeanthon http://www.lesmanantsduroi.com
(1) Au G20 de Séoul l’Inde a renvoyé l’ascenseur en étant le seul pays à ne pas critiquer la nouvelle politique monétaire des Etats-Unis. -
Le « plan de paix » de l’ONU pour la Syrie est une supercherie
L’ « ambassadeur de la paix » des Nations Unie (ONU) Lakhdar Brahimi tente de négocier une transition gouvernementale avant les prochaines élections en Syrie. Non seulement les efforts de Brahimi sont vains, ils sont aussi totalement hypocrites. Proposer un « gouvernement transitoire » au beau milieu de ce qui constitue en réalité une invasion étrangère, financée, armée et ouvertement perpétuée par des intérêts étrangers, viole à la fois la souveraineté de la Syrie et la propre charte fondatrice de l’ONU.
C’est comme si un envoyé de l’ONU visitait la Pologne au début de la Seconde Guerre mondiale et proposait un gouvernement transitoire en pleine invasion nazie. L’ONU serait de toute évidence un facilitateur de l’injustice, non pas un médiateur pour la paix.
Le Los Angeles Times rapporte ceci dans son article « Lakhdar Brahimi s’efforce de raviver le plan de paix pour la Syrie » :
« L’ambassadeur de la paix Lakhdar Brahimi a fait une nouvelle avancée jeudi pour amener les représentants syriens et les rebelles à négocier, visant à raviver un plan favorisant un gouvernement transitoire et la tenue d’élections, lequel avait échoué en raison de désaccords sur l’avenir du président Bachar Al-Assad. »
L’ONU n’a pas du tout réussi à discerner l’opposition légitime en Syrie des bandes de terroristes armés vagabonds commettant des atrocités à grande échelle contre le peuple syrien, nombre d’entre eux non originaires de Syrie, tous armés par les États-Unis, l’OTAN et leurs alliés régionaux incluant Israël, l’Arabie Saoudite et le Qatar dans le cadre d’un plan de longue date pour procéder à un changement de régime à la fois en Syrie et en Iran. La presse occidentale n’appuie pas seulement les tentatives hypocrites de l’ONU, elle s’est acharnée à délégitimer toute opposition en Syrie refusant de prendre les armes ou s’opposant à une intervention étrangère.
Alors que le Los Angeles Times tente de présenter le plan de l’ONU comme étant raisonnable et le président syrien Bachar Al-Assad et la Russie comme seuls obstacles à la paix, ce plan constitue en fait encore une autre tentative de dépeindre le conflit comme une lutte politique au lieu de l’invasion étrangère qu’il est réellement.
La Syrie est envahie par des terroristes étrangers
Les « rebelles » armés que l’ONU refuse de condamner comprennent des combattants étrangers d’Al-Qaïda, incluant des organisations terroristes internationales figurant sur les listes du département d’État des États-Unis, des Nations Unies et du département de l’Intérieur du Royaume-Uni, soit le Groupe islamique combattant libyen (GICL), Al-Nosra, également connu sous le nom d’Al-Qaïda en Irak et des extrémistes des Frères musulmans syriens. Les pays occidentaux ne négocieraient avec aucune de ces factions terroristes, si d’une façon ou d’une autre, leurs armes se détournaient de la Syrie pour viser l’Occident. Pourtant, l’Occident exige non seulement que la Syrie les reconnaisse et qu’elle négocie avec eux, mais aussi qu’on les laisse régner sur tout le pays.
En novembre 2011, dans l’article « Un dirigeant islamiste libyen a rencontré l’Armée syrienne libre, un groupe d’opposition » le Telegraph rapportait :
Abdelhakim Belhadj, dirigeant du Conseil militaire de Tripoli et ancien chef du Groupe islamique combattant libyen a « rencontré des dirigeants de l’Armée syrienne libre à Istanbul et à la frontière turque », a déclaré un représentant militaire travaillant avec Mr. Belhadj. Il a été envoyé par Moustapha Abdel Jalil (le président libyen intérimaire).
« Les nouveaux dirigeants libyens offrent des armes aux rebelles syriens », un autre article du Telegraph, admettait :
The Daily Telegraph a appris que les rebelles syriens ont tenu des pourparlers secrets avec les nouvelles autorités libyennes vendredi dans le but d’obtenir des armes et de l’argent pour leur insurrection contre le régime du président Bachar Al-Assad.
À la réunion qui s’est tenue à Istanbul et où se trouvaient des représentants turcs, les Syriens ont demandé de l’« aide » aux représentants libyens, se sont fait offrir des armes et peut-être des volontaires.
« Un plan est mis en œuvre pour envoyer des armes et même des combattants libyens en Syrie » a affirmé une source libyenne ayant requis l’anonymat. « Une intervention militaire est en cours. Vous verrez dans quelques semaines. »
Plus tard ce mois-là, on rapportait qu’environ 600 terroristes libyens étaient entrés en Syrie afin de commencer des opérations de combat. Le journaliste de CNN Ivan Watson a accompagné des terroristes au-delà de la frontière turco-syrienne et à Alep. En juillet 2012, CNN révélait qu’effectivement, des combattants étrangers, surtout des Libyens, se trouvaient parmi les militants.
Entre-temps, des résidents du village où les Faucons syriens avaient établi leur quartier général ont dit que des combattants de plusieurs nationalités nord-africaines servaient également dans les rangs de la brigade. Un combattant volontaire libyen a par ailleurs déclaré à CNN qu’il compte voyager de la Turquie vers la Syrie dans les prochains jours afin d’ajouter un « peloton » de combattants libyens au mouvement armé.
Mercredi, l’équipe de CNN a rencontré un combattant libyen qui avait quitté la Turquie et s’était rendu en Syrie avec quatre autres libyens. Le combattant portait une tenue de camouflage et avait un fusil Kalashnikov. Il a dit que d’autres combattants libyens étaient en route.
Certains combattants étrangers sont clairement attirés parce qu’ils voient cela comme […] un djihad. C’est donc un aimant pour les djihadistes qui voient cela comme une lutte pour les musulmans sunnites
En somme, la Syrie est envahie depuis presqu’un an par des terroristes libyens. De plus, immédiatement après que les États-Unis aient reconnu leur propre « coalition d’opposants » triée sur le volet comme les « représentants du peuple syrien », son chef, Moaz Al-Khatib, a tout de suite exigé que les États-Unis lèvent les sanctions contre l’organisation terroriste d’Al-Qaïda, Al-Nosra.
« Il faut réviser la décision de considérer un groupe luttant contre le régime comme un groupe terroriste. Nous pouvons être en désaccord avec certains groupes, leurs idées et leur vision politique et idéologique, mais nous affirmons que toutes les armes à feu des rebelles servent à renverser le régime criminel et tyrannique. »
L’Occident refuse non seulement de reconnaître que la Syrie est confrontée au terrorisme étranger et intérieur, il participe aussi activement à l’armement, au financement et à l’hébergement en lieu sûr de ces factions terroristes. La Turquie, membre de l’OTAN, est un complice direct de l’agression extraterritoriale de la Libye, qu’elle facilite en accueillant les combattants libyens à l’intérieur de ses frontières, tout en coordonnant leur armement, leur financement et leur logistique lorsqu’ils traversent la frontière turco-syrienne. La CIA des États-Unis facilite également l’invasion libyenne de la Syrie le long des frontières turques.
En juin 2012, dans son article « La C.I.A. aiderait à acheminer des armes à l’opposition syrienne », le New York Times (NYT) a concédé que « des officiers de la CIA opèrent en secret au sud de la Turquie » et acheminent des armes, dont « des armes semi-automatiques, des grenades propulsées par fusée, des munitions et quelques armes antichars ». Le New York Times insinue que la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar sont les principaux fournisseurs d’armes alors que la CIA coordonne la logistique.
Image: Les « amis de la Syrie » comprennent de nombreux conspirateurs mentionnés dans le reportage exhaustif de neuf pages de Seymour Hersh, « La redirection ». La violence en Syrie n’est pas le résultat d’un soulèvement du peuple syrien porteur d’« aspirations politiques », mais plutôt celui de la conspiration et de la machination d’une élite mondiale ayant prémédité il y a longtemps la destruction de la Syrie pour son propre programme géopolitique global.
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La politique étasunienne envers la Syrie remonte aussi loin qu’à 2007, où les représentants des États-Unis ont admis qu’ils planifiaient le renversement du gouvernement syrien à l’aide d’extrémistes sectaires étrangers et en utilisant des pays comme l’Arabie Saoudite pour acheminer des armes et du financement, surtout pour maintenir l’illusion qu’ils n’étaient pas impliqués.
Le long reportage de neuf pages de Seymour Hersh, « La redirection », publié dans le New Yorker en 2007 expose les plans étasuniens visant à utiliser des moyens clandestins pour renverser le gouvernement syrien dans le cadre d’une action plus vaste ayant pour but de miner et détruire l’Iran. « Le renforcement de groupes extrémistes sunnites épousant une vision militante de l’islam, hostiles aux États-Unis et sympathisants d’Al-Qaïda, sont un sous-produit de ces activités », écrit Hersh.
Al-Nosra est ouvertement affilié à Al-Qaïda. Dire que le GICL est « sympathisant d’Al-Qaïda » serait toutefois trompeur : le GICL, c’est Al-Qaïda.
Selon le rapport du West Point Combating Terrorism Center de l’armée étasunienne, « Les combattants étrangers d’Al-Qaïda en Irak », le GICL a fusionné en 2007 avec l’organisation terroriste créée par les États-Unis et l’Arabie Saoudite.
L’apparent essor de recrues libyennes se rendant en Irak pourrait être lié à la coopération accrue entre le Groupe islamique combattant libyen et Al-Qaïda, laquelle a atteint son point culminant le 3 novembre 2007 lorsque le GICL s’est officiellement joint à Al-Qaïda. (page 9, .pdf)
Hersh poursuit son reportage en déclarant « le gouvernement saoudien, avec l’approbation de Washington, fournirait des fonds et de l’aide logistique afin d’affaiblir le président syrien Bachar Al-Assad ». Cela comprenait l’offre de milliards de dollars à des factions pro-saoudiennes au Liban soutenant des groupes militants qui traversent maintenant la frontière libano-syrienne pour rejoindre leurs homologues libyens.
La conspiration élaborée, mise à exécution en 2007 et décrite par Seymour Hersh citant une myriade de sources étasuniennes, saoudiennes et libanaises, se déroule de toute évidence devant nos yeux. Cette conspiration n’était pas fondée sur des considérations humanitaires ou la « démocratie », mais plutôt sur les intérêts mutuels des États-Unis, d’Israël et de l’Arabie Saoudite, et consistant à renverser les gouvernements de pays souverains vus comme des menaces à leur influence collective extraterritoriale à travers la région.
En ne reconnaissant pas une conspiration documentée, fomentée par des intérêts étrangers et visant à faire tomber violemment le gouvernement de la Syrie (et éventuellement de l’Iran) l’ONU démontre une fois de plus qu’elle est un instrument servant des intérêts spécifiques. Sa tentative de négocier un « plan de paix » avec des terroristes étrangers envahissant la Syrie en tant que mandataires des puissances occidentales est dépourvue de toute légitimité. Le gouvernement syrien et ses alliés doivent redoubler d’efforts pour présenter le conflit pour ce qu’il est, une invasion, et réclamer l’appui et la patience de la communauté internationale alors que la Syrie confronte et met en échec ces envahisseurs étrangers et les intérêts étrangers qui les arment et les guident.
Lakhdar Brahimi, tout comme Kofi Annan avant lui, ne fait que gagner du temps pour le discours chancelant de l’Occident. La Syrie et ses alliés doivent finalement le laisser s’écrouler afin que le véritable sauvetage de la Syrie puisse avoir lieu, par des opérations de sécurité antiterroristes dans tout le pays et la confrontation diplomatique des intérêts étrangers soutenant le terrorisme à l’intérieur et autour de la Syrie.
Tony Cartalucci, Le 28 décembre 2012 http://www.mondialisation.ca
Le blog de Tony Cartalucci : Land Destroyer
Article original : The United Nations Syria “Peace Plan” is a Fraud
Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca
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Intoxications médiatiques
Cela fait maintenant longtemps que la grasse presse imprimée déficitaire, les radios encalminées et la télé en perdition constituent une incroyable structure médiatique de désinformation de masse.
On pourrait décrypter ici leurs manœuvres insidieuses autour de la campagne présidentielle avec la minorisation, l’exagération ou le silence autour de tel ou tel candidat tout aussi légitime à concourir que ceux que présente le Système. On s’apesantira plutôt sur leur traitement de la politique étrangère.
C’est un triste et banal constat : les Français ne s’intéressent guère aux affaires internationales alors que c’est le domaine par excellence de la Grande Politique et de la confrontation avec les autres Puissances. Ce désintérêt est à imputer à la méconnaissance du public pour tout ce qui se passe à l’extérieur, sauf s’il s’agit de catastrophes propres à exciter l’émotion. Y contribue aussi la couverture déficiente des médias. Hormis les cas particuliers et souvent tragiques, l’étranger est relégué en milieu de journal et expédié en quelques minutes avec un ou deux vagues sujets… Dans ces conditions, le Français reste enfermé dans le périmètre voulu d’une bienséante inculture. Il peut toutefois s’en extraire grâce à Internet, à la lecture de livres ou de journaux anti-conformistes et à l’écoute de radios réfractaires. Néanmoins, la très grande majorité se détourne de ces sujets.
Ainsi, quand le président de la Commission nationale de défense de la République populaire démocratique de Corée, Kim Jong-il, décéda-t-il fin décembre 2011, des centaines de milliers de Coréens du Nord marquèrent leur affliction. Ils recommencèrent leurs pleurs publics lors des obsèques nationales. Les divers commentaires, y compris venant de personnes pas encore conscientes de la fin définitive de la Guerre froide, se gaussèrent de ces scènes larmoyantes collectives et y virent la démonstration du caractère totalitaire de l’État. Pour une fois pondéré, Le Monde, grâce à son correspondant en Asie orientale, Philippe Pons, rappela que « les lamentations collectives font partie des expressions de douleur du deuil dans la culture coréen. […] Les Coréens sont extravertis dans la joie comme dans la douleur. Lors de funérailles d’un parent, ces derniers “ crient ” leur chagrin. Exprimer ses condoléances par des larmes relève de l’étiquette sociale (1) ».
Les critiques occidentaux de l’attitude coréenne du Nord ont la mémoire bien courte. Ont-ils déjà oublié le torrent, le raz-de-marée, le déluge de sanglots qui déferlèrent au moment de la mort de Michael Jackson le 25 juin 2009 ? Ont-ils donc oublié tous ces fans, toutes ces midinettes qui hurlaient leur immense peine ? Alain de Benoist se demanda même si « le monde survivra-t-il à la mort de Michael Jackson ? (2) ». Un esprit ironique venu de Sirius pourrait penser que Michael Jackson était le « Cher Dirigeant » de l’Occident globalisé tant sa fin plongea la planète dans une immense tristesse…
Dans la même période, suite aux élections législatives russes, nos journalistes, atteints pour la plupart du complexe de Zorro (en fait, plus zéro que Zorro, d’ailleurs), s’enflammèrent pour ces manifestants hétéroclites hostiles aux résultats définitifs et au retour de Vladimir Poutine au Kremlin. Ils frétillaient à l’avance de suivre en direct depuis leurs studios le début à Moscou d’une nouvelle « révolution de Noël », rééditant celle de 1989 à Bucarest en Roumanie… Ils s’indignaient du détournement des bulletins et des urnes pré-remplies en Russie sans qu’ils aillent regarder les fraudes électorales courantes dans les derniers bastions du P.« C.F. » en Île-de-France ou en terres socialistes du Pas-de-Calais et des Bouches-du-Rhône. Ils auraient fait des économies à leurs chaînes et montré leur professionalisme. Mais nos Zorros – zozos ignorent l’impartialité et préfèrent le tourisme professionnel exotique aux enquêtes dangereuses de terrain.
Contrairement au failli Gorbatchev, Vladimir Poutine n’a jamais eu bonne presse en Occident et dans l’Hexagone. Son passé d’officier supérieur du K.G.B., son sens patriotique, son énergie virile, son goût de la répartie le desservent pour les médias qui, dominés par un état d’esprit féministe, le considèrent comme le modèle du macho crypto-fasciste. Fort heureusement que Vladimir Poutine se fiche de ce que pensent France 2, André Glucksmann, France Info ou Le Point.
L’échec relatif des manifestations anti-Poutine qui rassemblaient tout le spectre politique oppositionnel, des néo-communistes aux nationalistes radicaux (les bannières impériales étaient ressorties et les images montrèrent plusieurs drapeaux noirs à croix celtique blanche !) en passant par les libéraux et les démocrates, incita nos piètres médias à trouver rapidement une nouvelle cible. La mise au pilori médiatique tomba alors sur le ministre-président du gouvernement hongrois, Viktor Orban, et ses lois audacieuses. L’entrée en vigueur au 1er janvier 2012 d’une nouvelle constitution d’orientation nationale-conservatrice et libérale ne pouvait que soulever la colère de nos démocrates patentés qui, par ailleurs, se taisent à propos des lois scélérates outre-Atlantique, du mouvement protestataire étatsunien Occupy Wall Street et des exactions policières à son encontre. C’est sûr que nos grands démocrates ne peuvent que s’offusquer de l’affirmation dans le texte fondamental hongrois du droit à l’existence de l’embryon, du mariage traditionnel et de la monnaie nationale ainsi que du contrôle gouvernemental de la banque centrale…
L’ancien dissident magyar de 1989 est vraiment l’anti-Vaclav Havel. Après la disparition en 1993 de Josef Antall, le premier chef de gouvernement non-communiste depuis 1945, Orban reprit le flambeau du patriotisme conservateur. Conseillé lors de son premier mandat de Premier ministre entre 1998 et 2002 par l’intellectuel catholique Thomas Molnar, il prit conscience du danger du libéralisme philosophique et du mondialisme occidental. Certes, Orban a imposé le taux unique d’imposition (flat tax), mais il a aussi créé une nouvelle taxe sur les profits considérables que se font les groupes multinationaux sur le dos de la population hongroise. Détenteurs d’actions dans les principaux groupes de presse de l’Hexagone ou grands acheteurs de pages publicitaires, ces multinationales et leurs sbires, les journalistes hexagonaux, contestent la politique de Viktor Orban et souhaitent implicitement le retour au pouvoir de la bande maffieuses socialiste ex-communiste et libérale-libertaire pro-atlantiste qui, de 2002 à 2010, extorqua les Hongrois. Les attaques les plus grotesques ne cessent de pleuvoir sur la nouvelle Hongrie et son Premier ministre. Outre les propos débiles d’un Daniel Cohn-Bendit qui le compare à Hugo Chavez, l’excellent président du Venezuela, l’une des plus risibles provint de l’ineffable Bernard-Henri « Libye » qui ose écrire : « Il y a un pays où l’on est en train d’adapter, au nom d’un principe d’appartenance qu’il faut bien qualifier d’ethnique ou de racial, un régime électoral que l’on croyait mort avec le nazisme et qui donne droit de vote à tous les “ nationaux ” non citoyens, mais dispersés dans le reste de l’Europe (3). » Notre soi-disant philosophe condamne l’octroi de la citoyenneté hongroise aux minorités magyares de Serbie, de Roumanie et de Slovaquie qui n’ont toujours pas fait le deuil du sinistre traité de Trianon (4). Notre éminent expert de l’œuvre de Botule l’Inexistant ne veut pas que des Hongrois de l’étranger participent à la vie politique de leur mère-patrie. Or notre écrivain en plateau – télé n’a jamais protesté de la création de onze circonscriptions parlementaires françaises à l’étranger et soutient avec vigueur le droit de vote des étrangers non européens en France. Ainsi, dans l’esprit torturé de l’homme à la chemise blanche, un Algérien ou un Congolais devrait voter à Saint-Denis, mais pas un Hongrois de Transylvanie à Debrecen…
Sur le même registre délirant, Angela Merkel, si bien décrite par le délicieux Silvio Berlusconi, expert réputé ès féminité, se permet de donner des leçons de morale aux Serbes du Kossovo et de Belgrade et au gouvernement hongrois alors que le président fédéral allemand, Christian Wulff, vient de démissionner, suite à un fâcheux scandale médiatico-financier… Quant à l’inénarrable ministre bordelais des Affaires étrangères, son séjour québécois lui donne le droit de critiquer Viktor Orban ! Il serait bien que les journalistes hongrois ou russes enquêtassent sur nos mœurs politiques et exposassent dans des reportages la gigantesque corruption qui gangrène notre pauvre pays. La télé hongroise pourrait même dédier une émission spéciale aux pressions insupportables des gros partis du Système sur les maires ruraux afin qu’ils ne donnent pas leur parrainage à quelques candidats présidentiels non agréés…
Dans le viseur de la caste médiatique hexagonale occidentalisée, la Syrie figure au même rang que la Russie ou la Hongrie. Depuis le commencement, il y a presque un an, de la déstabilisation terroriste du gouvernement légitime de Bachar El-Assad voulue et fomentée par la Turquie et l’Arabie Saoudite, et encouragée par l’O.T.A.N., la République hexagonale et les États-Unis qui orchestrent ainsi l’étouffement lent de l’Iran, télé, radio et journaux à grand tirage traitent constamment des événements tragiques syriens jusqu’à la nausée. Le contraste est saisissant avec leur silence quasi-total sur la répression impitoyable des opposants chiites à la tyrannie sunnite occidentaliste à Bahreïn.
Soit encadrés et manipulés par des rebelles islamistes, soit installés à Beyrouth d’où ils dépendent des dépêches des sacro-saintes agences de presse anglo-saxonnes, les journalistes parlent de la situation en Syrie avec un manichéisme flagrant. L’exactitude des faits leur importe peu, car ils croient participer au combat eschatologique du Bien occidental contre le Mal obscurantiste ! La presse française servile célèbre sans arrêt le courage virtuel des « rebelles » qui ne sont que de sales terroristes. En revanche, avec une déontologique à géométrie variable, les mêmes ont dénigré sans peine les manifestants catholiques et musulmans qui exprimaient leur hostilité aux pièces de théâtre abjectes montées à Paris à l’automne 2011 ! Il est intéressant de remarquer que ces grandes consciences attachés au respect des droits de l’homme qui s’apitoient dès que le moindre délinquant issu des banlieues de l’immigration est blessé ou tué par la police, n’ont jamais évoqué la féroce répression menée, ni mentionné la jambe écrasée du militant d’Action française par un fourgon de police ! Le torchon inflammable Charlie Hebdo, rompu dans la dénonciation habituelle des bavures, s’est tu pour l’occasion…
La mort récente du journaliste Gilles Jacquier permet d’accuser encore plus le gouvernement de Damas de toutes les turpitudes alors que tout indique que le tir proviendrait des rebelles terroristes proche d’Al-Qaïda ! Par tous ces exemples, on a la désagréable impression de voir se préparer le conditionnement psychologique de la population française à une éventuelle intervention militaire en minimisant les risques considérables de déflagration, régionale et mondiale, majeure. Rappelons-nous de la propagande déversé en 1991 avant le lancement de « Tempête du désert » contre l’Irak et en 1999 contre la Yougoslavie.
Plus que jamais, les gros médias déforment l’actualité, la tordent, la triturent. Ne soyons plus dupes de cette escroquerie intellectuelle ! Construisons des réseaux d’informations dissidents exempts de politiquement correct ! Courage donc à Bachar, à Kim, à Viktor et à Vladimir ! Et merde aux médias qui nous ont déclaré la guerre !
Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.comNotes
1 : dans Le Monde, 22 décembre 2011.
2 : Alain de Benoist, « Le monde survivra-t-il à la mort de Michael Jackson ? », mis en ligne sur Novopress, le 12 juillet 2009.
3 : Bernard-Henri Lévy, dans Le Point, 12 janvier 2012.
4 : Traité de paix signé le 4 juin 1920 entre les Alliés et la Hongrie qui perdait près de 70 % de son territoire (93 000 km2 contre 283 000 km2 en 1914).
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Le professeur Monti, les bergers du Qatar et les laquais du mondialisme
C’est les nouveaux rois mages ! C’est Noël ! Les Bilderbergs, mondialistes et technocrates de tout poil et banquiers de Goldman Sachs ont pris le pouvoir. Nous verrons si comme le disait Serge de Beketch ils continueront à nous tondre (c’est bien parti en France, et pas que pour les riches, et pas que pour les riches !), ou bien s’ils vont commencer à nous sacrifier quelques têtes dans l’indifférence générale des mâcheurs de chewing-gum et des contemplateurs de télé et autres absorbeurs du dernier Apple. Comme dit Boris Vian, ils cassent le monde, il en reste assez pour moi ! C’est notre honte, et on l’ignore !
Le système, je le dis comme je le pense, ne prend même plus de gants pour nous l’imposer bien profonde, la globalisation. Je suis tombé par hasard une ces pages de challenges, la revue Thénardier de la gauche-caviar, que je n’avais plus lue depuis vingt ans, et qui appartenait alors à Perdriel et au Nouvel Obs, organe vieillissant de la gauche valeureuse !
Je cite le journaliste, qui parle d’un raout luxueux au Martinez cannois (où entre nous soit dit, à côté de la suite à 20 000, la piaule sur Booking.com n’est qu’à 160 euros la nuit : la crise bat large…). Il y a Monti en pleine forme, démissionné pour être remis en selle par les 300 qui dirigent le monde, et bien sûr les qataris, nos patrons du moment, les seuls à ne pas payer d’impôts en France et à faire ce qu’ils veulent de nos troupes : « On m’informe que Mario Monti a remis sa démission, elle sera effective après l’adoption de la loi de stabilité budgétaire, on me dit qu’il pourrait s’agir d’un mouvement tactique, annonce Thierry de Montbrial, interrompant le diner de gala et le spectacle offert, ce samedi soir, par Total à l’hôtel Martinez, à Cannes. »
Montbrial, on l’a toujours connu : l’affreux passait déjà aux dossiers de l’écran. Il sera là dans quarante ans. Il terrorisait notre vieil ami Yann Moncomble. C’est le poli technicien chargé de la promo du mondialisme en France. Là, il est entouré de beau linge, le linge sale du pétrole, venu en famille avec les patrons qataris applaudir la leçon du signore Monti, qu’on dit très catholique. Ô saint François, que tu es loin !
On lit dans le style peu fleuri, un rien cynique et puis blasé du bon journal : « Avant même que la nouvelle ne tourne sur internet et ne trouble le marché des changes, Jean-Claude Trichet et les deux cents convives sont au courant… Au bar de l’hôtel, Nina Mitz et Guillaume Foucault, les communicants influents qui épaulent Montbrial pour faire du buzz autour de la cinquième édition de sa conférence internationale, offrent des verres aux quelques journalistes présents : les images de Mario Monti dans les couloirs du Martinez commencent à circuler sur les chaines d’info, assurant à la “WPC” une belle renommée. »
Admirez cette prose de gazette bien branchée ! Au milieu de cette kommandantur – aux ordres d’ailleurs de l’OTAN –, arrive ce grand spécialiste de rien et surtout champion d’impopularité dans son pays. Il faudrait un Dino Risi pour nous le calculer, ce drôle-là.
Car Mario Monti était là, tout à l’heure, venu sagement écouter un discours de l’eurodéputée Sylvie Goulard, une amie proche avec qui il a trouvé le temps d’écrire ces derniers mois De la démocratie en Europe (Flammarion) qui met en garde les opinions publiques contre ses « instincts aveugles. »
Les Goulard contre les soudards ! Car les instincts aveugles, c’est vous cher lecteur ! C’est tout ce qui dans le bulletin de vote, le sondage ou même le porte-monnaie (trop pauvre ! trop riche !) ne convient pas aux mondialistes qui nous ont coulé en bâtissant (j’allais écrire en abêtissant !) le Titanic de l’euro. Ils ne devraient pas s’inquiéter en haut lieu ; car la masse se tient à carreau, on l’a connue plus agitée…
Mais Monti va braire en âne savant (le sénateur de famine nombreuse est aussi recteur de la Bocconi, la fac friquée de Milan où les enfants des exilés fiscaux vont apprendre en Audi l’économie de marché) : « À l’heure de la sieste, Mario Monti, ancien commissaire européen, se lance dans un monologue devant ses amis éclairés. S’exprimant à la fois en français et en anglais, sans doute conscient de son manque de charisme, il range son texte et promet en souriant de ne pas nous emmener « de la digestion au rêve ». À l’aise devant cet auditoire essentiellement constitué d’hommes d’affaires et super-technocrates, il parle de Jean Monnet, de l’Europe qui est un « flux asymptotique », de la « pollution court-termiste des politiques nationales », de la façon dont il faut faire avancer et intégrer toujours plus le « management » de la zone euro dans un « délicat équilibre » avec la démocratie, du bien fait des potions qu’il a administré à son économie. »
Avec le management, ce mot sacré de l’ère des Illuminati, ça déménage toujours! Monti utilise le baragouin néo-matheux des élites d’aujourd’hui, dont le courageux universitaire Bricmont avait dénoncé les excès il y a déjà quinze ans. On en ferait une syncope de leur asymptote ! Et merci pour la « pollution » des politiques nationales, signor professore ! Vous savez au moins ce que veut dire polluzione, en italien ?
Le journaliste larbin, cette spécialité de la presse des finances, s’ennuie du charabia amphigourique et se permet même une insolence !
Pour un peu, on prêterait une oreille plus attentive à Silvio Berlusconi qui a qualifié ce matin « il professore » de « technicien de l’austérité germano-centrée. »
Comme dirait mon vieux rédacteur en chef Jean-Edern Hallier, les canards laquais n’ont plus de respect ! À Monti, qui aimerait bien être nommé et non élu (souvenez-vous de Jacques Delors !) succède Trichet le bien nommé, l’homme de tous les désastres, du Lyonnais et de l’euro, l’homme de la suffisance et des insuffisances :
Heureusement, Jean-Claude Trichet nous remet dans le droit chemin en nous rappelant tout ce que Mario Monti, en treize mois de pouvoir à Rome, aura « apporté à la stabilité de l’Europe et donc du monde. »
Jusque là, rien que du scandaleux, donc que du banal ! Mais voilà la fin qui est plus marrante, et qui explique comment on a fait de l’Europe une chambre à gaz, pardon, une poule aux œufs d’or pour les mini-émirs (qui font le maximum) de la péninsule dite arabe : Mais tout n’est pas perdu pour les Italiens. Le richissime banquier koweïti Abdulmajeed Alshatti, notre voisin de table, lorsque les conversations reprennent sur l’Italie après l’annonce faite par Thierry de Montbrial, nous explique en riant qu’il continuera de préférer Porto Fino à Cannes, « envahi par les Qataris » ou Marbella, « fief des saoudiens. »
Vive le choc des civilisations ! Les qataris ne boivent pas le même champagne dans la même boîte que tous nos koweïtis ! Les Saoudiens vont se faire boire ailleurs !
Supporter la fin de l’histoire avec de tels numéros et de si bons rois mages c’est vraiment un sacré challenge, c’est le cas de le dire !
On laisse la parole au Christ, qui nous avait montré comment nous y prendre, quand on était chrétien et pas démocrate-chrétien :
14 Et il trouva dans le temple les vendeurs de bœufs et de brebis et de colombes, et les changeurs qui y étaient assis.
15 Et ayant fait un fouet de cordes, il les chassa tous hors du temple, et les brebis et les bœufs ; et il répandit la monnaie des changeurs et renversa les tables.
16 Et il dit à ceux qui vendaient les colombes : Ôtez ces choses d’ici ; ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.
Je me demande ce qu’il prendrait aujourd’hui devant les tribunaux, Jésus.
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Comment redécouper l’Afrique ?
par Bernard Lugan
(31 mai 1995)
Véritables "pièges à peuples", les frontières héritées de la colonisation avaient pour finalité de faciliter la fusion de ces derniers.
Les problèmes posés par ces frontières sont essentiellement de deux sortes :
1. Obligation de vie en commun imposée à des ethnies antagonistes au sein d’ensembles artificiels ;
2. Morcellement d’un ou de plusieurs peuples fractionnée par des tracés internationalement reconnus.
Un examen attentif de la réalité africaine montre cependant que les conflits interétatiques ayant pour origine les frontières héritées de la colonisation sont peu nombreux. Les principaux sont celui des Touaregs, population éclatée entre le Niger, le Mali, le Burkina, l’Algérie, la Libye et le Nigeria. N’oublions pas non plus la grande injustice dont le Maroc est victime en ce qui concerne non seulement la partie du Sahara qui lui appartient historiquement et que la France rattacha tout à fait artificiellement à l’Algérie, mais également la région de Tindouf qui a toujours incontestablement fait partie intégrante du royaume chérifien.
Redécouper les frontières, certes, mais au coup par coup, car il serait irresponsable de vouloir prétendre créer 2 000 "Etats" afin de tenter de faire coïncider carte ethnique et carte politique. De plus, il existe une nouvelle ethnie en Afrique, celle des urbanisés.
Où intégrer ces déracinés ?
En revanche, plusieurs grands Etats artificiels existent au sein desquels "cohabitent" plusieurs grandes ethnies ayant de larges assises territoriales et dont l’antagonisme interdit toute évolution vers l’Etat-Nation. Dans ce cas, la partition semble la seule solution. Ainsi, notamment, en Angola, au Zaïre et demain en Afrique du Sud.
L’indépendance de l’Erythrée, qui s’est détachée de l’Ethiopie après une partition opérée en 1993, a débloqué la question. Le tabou de l’intangibilité des frontières africaines étant tombé, il est donc désormais possible de réfléchir au redécoupage de l’Afrique afin d’y respecter une plus grande cohérence ethnique.
Si, comme nous l’avons vu, il serait irréaliste de vouloir donner son "Etat", ou sa façon "d’Etat", à chacune des 2 000 ethnies africaines, il serait en revanche possible, dans certains cas, de proposer un redécoupage centré sur un peuple dominant autour duquel graviteraient des peuples minoritaires n’ayant pas vocation à constituer des "Etats" indépendants.
Nous pouvons à cet égard distinguer trois grands cas que nous illustrerons au moyen de propositions frontalières cartographiées.
1. La partition d’un Etat entre ses composantes ethniques ou raciales afin de donner naissance à plusieurs nouveaux "Etats". Ne sont concernés que des Etats vastes géographiquement dans lesquels cohabitent d’une manière conflictuelle de grandes ethnies qui s’équilibrent démographiquement et qui sont largement installées sur des bases territoriales traditionnelles. Il s’agit de l’Afrique du Sud, de l’Angola, du Mozambique, du Cameroun, du Tchad, du Soudan, du Zaïre, du Nigeria et de l’Ethiopie qui a donné l’exemple avec l’indépendance de l’Erythrée.
2. La partition de deux ou de plusieurs Etats afin qu’une ou plusieurs populations puissent être regroupées en un nouvel Etat ou qu’elles soient incorporées à d’autres Etats existants. Il s’agit des Touaregs, qui, pour avoir leur propre Etat, doivent voir démembrer l’Algérie, le Mali, le Niger et peut-être également le Burkina-Faso. Il s’agit également de Djibouti.
3. Les petits Etats composés de multiples ethnies antagonistes et dans lesquels il est impossible de diviser l’espace sous peine de créer des confettis politiques. Ici, deux solutions sont envisageables : soit laisser les éventuels équilibres se faire avec la loi du plus fort, soit séparer les ethnies ataviquement antagonistes en les rattachant aux blocs ethniques apparentés des pays limitrophes. Mais, pour cela, il sera nécessaire de rayer de la carte des pays internationalement reconnus. Le meilleur exemple est celui du Liberia.
(Fin)
Texte publié dans Le Libre Journal n°69.Lien permanent Catégories : actualité, culture et histoire, géopolitique, international 0 commentaire -
Brzezinski : une «Résistance Populiste» fait dérailler le Nouvel Ordre Mondial
Brzezinski : une «Résistance Populiste» fait dérailler le Nouvel Ordre Mondial
La montée d’un « activisme populiste » est une menace au « contrôle extérieur » . Durant un discours récent en Pologne, l’ancien conseiller à la sécurité nationale Zbigniew Brzezinski a prévenu ses coreligionnaires élitistes qu’un mouvement de « résistance » mondial mené par un « activisme populiste » contre « le contrôle extérieur » est en train de menacer de faire dérailler la poussée vers le nouvel ordre mondial.
Notant au passage que la notion du XXIème siècle devant être le siècle américain est une « folie partagée », Brzezinski a déclaré que la domination américaine n’était plus possible du fait d’un changement social allant en s’accélérant par le moyen « de communication de masse instantannée telle la radio, la télévision et l’internet », qui ont ensemble stimulés cumulativement « un réveil universel de la conscience politique de masse ».
L’ancien conseiller à la sécurité a ajouté que « cette montée d’un activisme populiste mondial prouve être insensible à une domination extérieure du même type que celle qui a prévalu dans l’âge du colonialisme et de l’impérialisme. » Brzezinski a conclu en disant que « la résistance populiste persistante et hautement motivée de la part de gens politiquement éveillés et historiquement hostiles à tout contrôle extérieur est de plus en plus difficile à supprimer. »
Bien que Brzezinski a expliqué tout ceci d’une voix neutre, le contexte de l’environnement dans lequel il a fait ces déclarations, ajouté à ses commentaires précédents indiqueraient que ceci n’est pas du tout une célébration de la « résistance populiste », mais bien une lamentation au sujet de l’impact que cette résistance a sur le type de « contrôle extérieur » dont Brzezinski fut un avocat de la première heure.
Ces remarques furent faites au cours d’un évènement de l’European Forum For New Ideas (EFNI), une organisation qui se fait l’avocat de la transformation de l’Union Européenne en un super-état fédéral anti-démocratique, le type même de « contrôle extérieur » bureaucratique dont Brzezinski disait dans son discours, qu’il était en danger.
Dans ce contexte, il doit bien être compris que Brzezinski montre que la « résistance populiste » est un obstacle majeur à l’imposition d’un nouvel ordre mondial et ceci doit être plus pris comme un avertissement que comme une célébration.
Considérons également ce que Brzezinski a écrit dans son livre: « Between two ages: America’s role in the Technotronic Era« , livre dans lequel il se faisait l’avocat du contrôle des populations par une élite politique au moyen d’une manipulation technotronique (NdT: technocratique + électronique).
Il écrivait: « L’ère technotronique implique l’apparence graduelle d’une société bien plus sous contrôle. Une telle société serait dominée par une élite qui ne serait plus contrainte par des valeurs traditionnelles. Bientôt il sera possible d’exercer une surveillance presque continue sur tous les citoyens et de maintenir des fichiers mis à jour contenant jusqu’aux informations les plus personnelles de chaque individu. Ces fichiers pourront être consultés de manière instantannée par les autorités… »
« Dans la société technotronique, la tendance sera vers l’agrégation du support individuel de millions de citoyens incoordonnés, qui seront des proies faciles pour des personnalités attractives et magnétiques (NdT: du genre Obama ??..), exploitant les toutes dernières techniques de communication afin de manipuler les émotions et de contrôler la raison », écrivait-il dans le même livre.
La préoccupation soudaine de Brzezinski au sujet de l’impact d’une population mondiale politiquement éveillée n’est pas née d’une quelconque notion qu’il s’identifie avec la cause de cette population, bien au contraire. Brzezinski est l’ultime initié élitiste, l’homme de l’intérieur, le fondateur de la puissante commission trilatérale (NdT: aux ordres de son maître David Rockefeller, financier derrière la trilatérale et le CFR), un membre éminent du Council on Foreign Relations (CFR) et un participant très régulier des réunions du groupe Bilderberg. Il fut décrit par le président Obama comme étant « un de nos meilleurs penseurs ».
Ce n’est pas la première fois que Brzezinski se plaint du bourgeonnement d’une opposition populiste à la domination d’une élite infinitésimale.
Pendant son discours du CFR à Montréal en 2010, Brzezinski avait mis en garde les mondialistes que « le réveil politique mondial », combiné avec les luttes intestines, au sein de l’élite même, menaçaient de faire dérailler la poussée vers le gouvernement mondial.
Paul Joseph Watson:
url de l’article original: avec vidéo en anglais http://www.infowars.com/brzezinski-populist-resistance-is-derailing-the-new-world-order/
Traduit de l’anglais par Résistance 71
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L’économie chinoise a une responsabilité envers elle-même mais aussi envers le monde
Capitaine MartinQuel que soit le côté duquel on observe les salaires dans les pays émergents, on ne peut que constater leur augmentation. En dépit la crise, mais avec des variations très disparates d’un pays à l’autre. Toujours est-il qu’ils augmentent.
Et ce phénomène crée un dilemme au patronat occidental : soit désinvestir, parce que produire dans ces pays augmente désormais le coût de production, soit continuer dans la voie de la délocalisation, car l’augmentation des salaires crée des besoins nouveaux et permet une hausse de la consommation.
L’exemple le plus frappant est encore une fois celui de la Chine, où les salaires ont triplé ces dix dernières années selon l’OIT (organisation internationale du travail). China Daily affirme d’ailleurs que les salaires continueront d’y augmenter l’an prochain à hauteur de 9 %. Or, l’évolution réelle a toujours été bien supérieure à ce qui avait été annoncé les années précédentes par la voie officielle. Les salaires chinois pourraient donc encore croître en 2013 bien au-delà des prévisions.
Au niveau mondial, les salaires moyens mensuels ajustés pour tenir compte de l’inflation – ce qu’on appelle les salaires moyens réels – ont augmenté globalement de 1,2 % en 2011. En raison de sa taille et de sa forte performance économique, la Chine a un poids considérable dans ce calcul du chiffre mondial. Si l’on omet la Chine, les salaires moyens réels n’ont augmenté que de 0,2 % au niveau mondial en 2011. Pékin contribue ainsi de manière tout à fait significative à la croissance annuelle moyenne des salaires révélée par l’OIT.
Les salaires des travailleurs chinois augmentent parce que les entreprises chinoises veulent garder leurs meilleurs talents… mais aussi parce que le gouvernement le veut. Il faut stimuler la demande intérieure si on veut tenir ferme le gouvernail de la croissance, même quand les exportations sont en légère baisse. C’est pourquoi les salaires qui augmentent le plus en Chine le sont sans les entreprises d’État.
Aujourd’hui, un travailleur chinois gagne entre 190 et 335 euros par mois, selon qu’il exerce son métier dans une entreprise publique ou privée. C’est peu par rapport aux quelque 2.000 euros des Français, mais si on compare cette somme au pouvoir d’achat réel, voici que ce salaire oscille entre 300 et 540 euros. Et l’écart des salaires entre la Chine et les pays occidentaux ne cesse de diminuer au fil des ans.
À ceux qui doutent des possibilités de l’Empire du milieu et des menaces que fait peser le « surcoût salarial », Louis Kuijs, directeur de projet au Fung Global Institute, un organisme de recherche spécialisée sur les économies asiatiques, répond que « la plus grande part des augmentations de salaire a été compensée par une hausse de la productivité des ouvriers chinois ». La productivité du travail a même augmenté plus vite que les salaires dans le delta de la Rivière des Perles (sud), au cœur de « l’usine du monde », d’après 200 entreprises interrogées au début de l’année par la banque Standard Chartered.
Jin Canrong travaille à l’Université du Peuple, à Beijing. Vice-recteur de l’Institut des relations internationales, il résume tous les défis auxquels la Chine est désormais confrontée : « progresser de manière stable est le fil rouge dont a besoin aussi la planète. Car l’Europe s’est éteinte. Je crois que le Japon va s’éteindre à son tour. La force motrice des États-Unis n’est pas terrible. La Chine, elle, persiste encore. Si les choses allaient mal en Chine, ce serait catastrophique. Par conséquent, l’économie chinoise a une responsabilité envers elle-même, mais aussi envers le monde. D’abord, il faut faire en sorte qu’elle ne déraille pas. Puis, elle doit maintenir sa force, son énergie. De la sorte, elle pourra apporter une grande contribution au monde ».
Capitaine Martin http://www.legrandsoir.info/
Résistance (http://www.resistance-politique.fr/article-l-economie-chinoi...)
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Nouveau plan d’invasion de la Syrie
La France, le Royaume-Uni, Israël et le Qatar ont préparé un énième plan d’intervention en Syrie. 6 000 nouveaux jihadistes, dont 4 000 en provenance du Liban, devraient attaquer incessamment le quartier résidentiel de Mazzeh, au sud de Damas, qui abrite de nombreuses ambassades et où résident plusieurs haut responsables civils et militaires. Un incident impliquant des armes chimiques à l’autre bout du pays devrait augmenter la tension. Un général félon devrait alors prétendre avoir pris le pouvoir et appeler les Occidentaux à l’aide, donnant ainsi un prétexte à une intervention militaire hors mandat de l’ONU.
Plusieurs tentatives de coup d’État militaire ont été orchestrées par les Occidentaux au cours de cette année. Toutes ont échoué et rien ne permet de penser qu’il en serait autrement cette fois encore.
Le temps presse pour les États opposés au plan de paix de Genève, conclu entre les USA et la Russie, car il devrait être présenté au Conseil de sécurité en février, c’est-à-dire juste après la confirmation par le Sénat US de la nouvelle administration Obama. Durant les deux prochains mois, tous les coups possibles seront tentés.
On ignore quelles pourraient être les réactions de la Russie et de l’Iran à une telle opération. Vladimir Poutine a déclaré se tenir prêt à défendre la Syrie « jusque dans les rues de Moscou », c’est-à-dire être prêt à entrer en guerre. De son côté, l’Iran a toujours affirmé que la Syrie était sa ligne de défense et, par conséquent, qu’elle ne la laisserait pas tomber. Toutes ces déclarations ne sont peut être que du bluff, mais en déclenchant une intervention militaire, Paris, Londres, Tel-Aviv et Doha prendraient le risque de provoquer un embrasement général
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