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international - Page 1158

  • Centrafrique : l’inconséquence de François Hollande

    Avec les socialistes, les moyens militaires sont toujours amputés et le réel n’est jamais pris en compte...

    Avec les socialistes, nous vivons un éternel recommencement : les moyens militaires sont toujours amputés, le réel n’est jamais pris en compte et les interventions sont décidées au pic des crises…

    L’exemple de la RCA illustre cette constante. À l’heure où ces lignes sont écrites, la situation y est la suivante :

    1) La France a contre elle la minorité musulmane vivant dans le sud du pays. Instrumentalisée par la Séléka, elle accuse l’armée française de partialité. Quant à la majorité sudiste chrétienne, elle reproche à nos forces soit de ne pas la protéger, soit de ne pas lui permettre de se venger…

    2) Le conflit qui était ethnique au départ devient peu à peu religieux, engerbant, en quelque sorte, les composantes ethniques régionales avec tous les risques internationaux qu’une telle évolution implique.

    3) Une guerre dans la guerre menace, car le contingent tchadien réprime les chrétiens cependant que les contingents issus d’autres parties de l’Afrique matraquent les musulmans…

    L’erreur de François Hollande est triple : [...]

    Bernard Lugan - La suite sur Boulevard Voltaire

  • Le rapport de l’ONU sur les armes chimiques en Syrie expose les mensonges de Washington.

    La publication d’un rapport des inspecteurs des Nations unies sur les armes chimiques qui pointe plusieurs attaques au gaz sarin menées par les forces soi-disant « rebelles » expose encore plus les mensonges du gouvernement Obama sur la responsabilité du gouvernement syrien pour l’attaque à l’arme chimique du 21 août à Ghouta dans la banlieue de Damas.
    Washington s’était emparé de cet incident comme d’un prétexte pour une campagne de bombardement déjà prévue et pour accentuer la pression en faveur d’un changement de régime sur le président syrien Bashar el-Assad.
    La publication du rapport de l’ONU jeudi dernier fait suite à la publication par le journaliste d’investigation Seymour Hersh, lauréat du prix Pulitzer, d’un article détaillé dans la London Review of books. Celui-ci révélait que le gouvernement Obama avait délibérément manipulé les renseignements dont il disposait pour affirmer à tort qu’il avait des preuves de la responsabilité du gouvernement syrien et de son armée dans l’attaque de Ghouta.
    Hersh citait des responsables actuels et passés de l’armée américaine et des services de renseignements américains sur la falsification des informations concernant l’attaque du 21 août et sur le fait que le gouvernement Obama avait dissimulé l’existence de rapports des services de renseignements prévenant de ce que le Front Al Nusra (affilié à Al Qaïda) avait la capacité de fabriquer et d’utiliser comme arme du gaz neurotoxique sarin, le même qui a servi lors de l’attaque de Ghouta.
    Le rapport de 82 pages rendu par les l’ONU sur les armes chimiques s’appuie sur des enquêtes approfondies sur les lieux de plusieurs attaques où des allégations d’usage d’armes chimiques ont été faites soit par le gouvernement syrien, soit par les gouvernements américain, britannique et français. Les inspecteurs ont analysé le sol et d’autres prélèvements dans l’environnement, examinés des prélèvements de cheveux, d’urine, de tissus biologiques et sanguins pour y trouver des traces de composés chimiques, ils se sont entretenu avec des survivants, des témoins et du personnel médical, ils ont également étudiés les obus qui auraient servi de vecteur au sarin dans chaque incident.
    Ils sont arrivés à la conclusion qu’outre l’incident de Ghouta, il y a eu au moins quatre attaques « probables » au sarin. Dans trois de ces attaques, ce sont les soldats de l’armée syrienne qui ont été victimes du gaz mortel, et dans la quatrième, ce sont des civils. Aucune des attaques confirmées n’a visé les milices des combattants « rebelles ».
    Deux des attaques maintenant confirmées ont eu lieu à quelques jours de celle de Ghouta. Le 24 août – trois jours après Ghouta et au moment où Obama préparait l’armée américaine pour une frappe et dénonçait le gouvernement syrien pour avoir « franchi une ligne rouge » – le gaz sarin a été déployé contre des soldats syriens à Jobar dans la banlieue de Damas. Ce que le rapport de l’ONU décrit comme « une attaque relativement petite » a été confirmé par des entretiens avec des survivants et des personnels de santé, ainsi que par des prélèvements sanguins positifs au sarin collectés par les autorités syriennes et authentifiés par les inspecteurs de l’ONU.
    Sur cet incident, le rapport indique : « un groupe de soldats a reçu l’ordre de nettoyer certains bâtiments sous le contrôle des forces de l’opposition. Vers 11h00, l’intensité des tirs de l’opposition a baissé et les soldats avaient l’impression que l’autre camp se retirait. À près de 10 mètres de certains soldats, une bombe improvisée aurait éclaté avec un faible bruit, libérant un gaz qui sentait très mauvais. Un groupe de 10 soldats a été évacué dans des transports de troupes blindés vers le local médical de campagne avec des difficultés respiratoires et des symptômes étranges non spécifiés. »
    Un jour après cette attaque, le 25 août, du sarin a été utilisé « à faible échelle contre des soldats » dans la ville d’Ashrafiah Sahnay au Sud, au cours d’affrontements entre des « rebelles » et des troupes qui tenaient un poste de contrôle du gouvernement. Là aussi, l’ONU appuie ses conclusions sur des entretiens et des prélèvements sanguins effectués par le gouvernement syrien.
    Les inspecteurs n’avaient pas pour tâche de déterminer qui était responsable des attaques au sarin qu’ils ont confirmés, et ce rapport est donc silencieux sur cette question. Ce rapport, néanmoins, est rédigé dans les termes les plus circonspects, se contentant de donner des conclusions scientifiques.
    Cela ne fait qu’en rendre le contenu encore plus fort. La seule conclusion qui peut être tirée est que les milices « rebelles » soutenues par les États-Unis et dominées par les islamistes sont responsables de plusieurs crimes de guerre sous la forme des attaques chimiques contre les soldats syriens et les civils.
    Celles-ci ont été menées pour tenter d’inverser le sort sur le champ de bataille et de déclencher une intervention américano-britannico-française du même genre que celle qui avait donné la victoire aux rebelles libyens, afin d’écraser le régime d’Assad et d’installer au pouvoir l’opposition soutenue par les impérialistes. Le gouvernement Obama a délibérément menti parce qu’il y voyait une occasion de supprimer un autre obstacle à sa domination impérialiste de cette région riche en pétrole et d’isoler l’Iran, en préparation d’une frappe éventuelle contre ce pays.
    En fin de compte, Obama s’est retiré à cause des divergences tactiques aiguës au sein de son gouvernement, de l’élite militaire et des services de renseignements américains au sujet des implications qu’il y aurait à laisser le contrôle de la Syrie à des forces dominées par Al Qaïda; et à cause de l’opposition majoritaire dans la population Américaine et mondiale à une guerre sans raison de plus au Moyen-Orient.
    Washington a préféré organiser un changement de tactique, donnant son accord au plan russe pour la destruction des armes chimiques syriennes et à l’ouverture de négociations avec le gouvernement iranien. Un des motifs principaux de cette évolution était le désir de libérer les forces militaires américaines pour le « pivot » en Asie et une éventuelle guerre contre le rival montant de l’impérialisme américain sur la scène internationale, la Chine.
    Les dernières révélations sur les mensonges du gouvernement Obama sur la Syrie exposent encore plus le rôle criminel joué par les États-Unis et les médias internationaux. Il y a dix ans, les élucubrations du gouvernement Bush sur les armes de destruction massives irakiennes étaient promues comme des informations sûres par les grands médias. En août et en septembre de cette année, les médias ont fait comme si la population mondiale était affectée d’amnésie collective, avec des « renseignements » bidons et des affirmations sans preuves de la part de la Maison blanche, une nouvelle fois relayées par la presse et la télévision.
    Maintenant que ce barrage de propagande a été complètement exposé, la couverture se poursuit. L’article de Seymour Hersh comme les conclusions de l’ONU sur les attaques chimiques en Syrie ont été soit minimisés soit complètement passés sous silence.
    Les organisations de la pseudo-gauche dans le monde entier ont servi de complices dans ces efforts pour faire taire toute exposition de la propagande guerrière du gouvernement Obama. L’international Socialist Organisationaméricaine mal nommée, le Nouveau parti anticapitaliste en France, tout comme le Parti la Gauche (Die Linke) en Allemagne continuent à faire de l’agitation pour une intervention plus forte des États-Unis contre le régime syrien, en maintenant que les milices « rebelles » seraient à la pointe d’une « révolution » démocratique.
    Depuis les préparatifs de guerre d’Obama en août jusqu’à aujourd’hui, ces organisations issues des classes moyennes et pro-impérialistes ont rejeté toute remise en question des allégations américaines selon lesquelles le gouvernement Assad était responsable de Ghouta. Maintenant elles évitent toute mention de Hersh et des révélations de l’ONU.
    En opposition complète à cela, le World Socialist Web Site a immédiatement remis en question les affirmations faites sur Ghouta par le gouvernement Obama et ses alliés internationaux. Dans un article publié le lendemain de l’incident, le WSWS notait : « Les accusations non fondées selon lesquelles le régime syrien du président Bashar al-Assad a perpétré une attaque aux armes chimiques près de Damas et qui a tué un grand nombre de civils présentent toutes les caractéristiques d’une provocation montée de toutes pièces visant à déclencher une intervention occidentale. [...] Si l’on se demande à qui profite un tel crime, il est clair que ce n’est pas au régime d’Assad mais aux forces dirigées par les islamistes et qui combattent pour le renverser. Ces accusations de crimes de guerre perpétrés par le gouvernement syrien sont faites au moment où ces forces sont confrontées à une crise croissante et à une série de défaites militaires.»

    Patrick O’Connor

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFlZlZyulVUVPjorey.shtml

  • Constantes et changements dans l’histoire des conflits

    Constantes et changements dans l’histoire des conflits, bref essai de typologie des déterminants de conflits – par Aymeric Chauprade. Premier chapitre de l’analyse publiée dans Déterminants des conflits et nouvelles formes de prévention (Bruylant, 2013, sous la dir. de S.E. Jean-Pierre Vettovaglia).

    Introduction

    L’un des mérites de la recherche historique est d’avoir démonté tous les modèles explicatifs simples de l’histoire des crises et des conflits. Il s’agit d’emblée de repousser la causalité unique et systématique. Comme le disait Bossuet : « le plus grand dérèglement de l’esprit consiste à voir les choses telles qu’on le veut et non pas telles qu’elles sont ». Si l’idéologie règne en maîtresse incontestée entre 1945 et 1990 dans l’étude des relations internationales conflictuelles, la géopolitique et ses permanences ont, depuis, regagné leur place. Dans ce chapitre introductif de la partie théorique de cet ouvrage, nous tenterons de passer en revue les déterminismes de la géopolitique physique et humaine (persistance de constantes) qui ne constituent pas en soi des sources de conflits mais qui peuvent le devenir au gré des circonstances.

    Nous cherchons à participer à ce que Fernand Braudel appelle le nécessaire « rassemblement des sciences sociales » en vue de nous approcher de la vérité, par la convergence des savoirs. Pour parvenir à se rapprocher de la vérité des causes et de la compréhension du réel, dans leur complexité propre, toutes les sciences sociales doivent en effet  être tour à tour auxiliaires les unes des autres.

    Nous voulons poser comme hypothèse le rejet de tous les modèles d’explication monocausale du monde et considérer que la tentative d’explication d’un conflit contemporain intègre nécessairement  la prise en compte d’une multiplicité de facteurs et de paramètres. Car si les causes des conflits sont profondes et donc anciennes, il faut être capable d’aller à leur recherche jusque dans des temps reculés et il faut les suivre à travers les siècles pour souligner la récurrence de leurs effets. La recherche des déterminants des conflits est donc un aller retour permanent sur l’échelle du temps avec des stations courtes mais aussi des projections dans le passé (causalité continue/causalité discontinue). En un mot, il va s’agir d’observer la réalité dans sa diversité et sa complexité puis d’isoler les facteurs  explicatifs de conflits en soulignant à chaque fois l’insuffisance des explications monocausales et réductrices d’une part et d’autre part la nécessité de relier les facteurs entre eux pour progresser dans la compréhension des conflits. Notre tableau sera évidemment incomplet car comment rendre compte de l’immense richesse et complexité identitaire du monde ?

    L’addition des facteurs ne suffit d’ailleurs pas : encore faut-il savoir les hiérarchiser selon l’originalité propre de chaque conflit étudié.

    Chapitre I  Permanence de la carte, premier déterminisme

    1.1     L’enclavement

    La situation d’enclavement est d’une importance majeure car elle est à l’origine de nombreux chocs entre les peuples. Un État enclavé n’a pas d’accès maritime direct. Il peut disposer d’accès fluviaux mais leur navigabilité est soumise au passage chez les voisins. Ses communications économiques  avec le monde dépendent des relations politiques avec les voisins. La voie aérienne contribue à dédramatiser la situation d’enclavement mais la solution est mineure par rapport au handicap. L’enclavement entraîne souvent une situation de dépendance  à l’égard des voisins. L’ambition première d’un tel état est de sortir de l’enclavement. Cette situation provoque souvent des contentieux sérieux avec les États du voisinage. Il en existe une quarantaine dans le monde dont  le  Laos, la Serbie, le Kosovo, le Lesotho, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la RDC (avec seulement une quarantaine de km de côtes sur la façade atlantique), la Centrafrique, le Rwanda, le Burundi, l’Éthiopie, etc. Un exemple de tentative de désenclavement océanique en Afrique du Nord est celui de l’Algérie qui soutient le Front Polisario dans le Sahara occidental pour s’ouvrir une façade atlantique. On peut aussi signaler les « poussées vers les mers chaudes » de la Syrie à travers le Liban, de l’Irak à travers le Koweït et de l’Ethiopie à travers l’Erythrée et la Somalie tout en se rappelant du « Grand jeu » entre la Russie et l’Angleterre au XIXème siècle, et entre la Russie et les États-Unis au XXème.

    L’enclavement est une situation objective du point de vue territorial et un sentiment subjectif qui peut agir de manière déterminante  sur les comportements politiques des peuples se représentant comme enclavés et vivant un véritable complexe d’obsidionalité. On se sent enclavé et assiégé. Ce sentiment d’étouffement  détermine des velléités de poussées souvent déstabilisantes pour les États voisins (Moldavie, Gibraltar, etc).

    1.2     L’insularité

    Il existe de nombreuses situations de partage d’une île. Il est rare que dans ces circonstances il n’y ait pas refus par l’un des États considérés de la partition de l’île et revendication de l’unité insulaire à son profit (nationalisme irlandais, partage de l’île de Chypre condamnée par les Nations Unies, les îles Hanish du Yémen, l’unité comorienne remise en cause par les séparatisme îliens, celui d’Anjouan et de Mohélie en particulier, l’insatisfaction mauricienne de son héritage insulaire)

    1.3     Topologie, nature du relief

    La topologie a contribué à forger historiquement le rapport et la représentation entre les États et les peuples, rapport et représentation sur lesquelles nous vivons encore largement malgré les progrès de la technique qui diminuent la fonction séparatrice de mers et de déserts et donc la diminution de la pertinence des obstacles naturels. Dans les pays en développement, l’obstacle naturel continue de modeler les rapports  entre États voisins. De nombreux espaces vides, comme les déserts, et nombre de régions forestières ou montagneuses restent éloignées des phénomènes d’accroissements mondiaux des flux. La topologie reste stratégiquement une réalité incontournable.

    Espace vide, le désert est souvent représenté comme une zone de séparation entre aires distinctes voire comme une zone d’affrontement. Le Sahara est une zone de séparation et d’affrontement entre l’Afrique du Nord et l’Afrique noire. Parmi les dix États  construits sur des étendues sahariennes – six sont arabes et quatre appartiennent à l’Afrique noire – ceux qui se trouvent sur les franges du Sahara comme le Mali et le Niger sont bâtis sur une opposition Nord-Sud. Les pasteurs nomades arabisés s’y opposent aux populations africaines. D’une manière générale, l’Afrique noire est soumise à la poussée historique  des populations maghrébines et islamisées à travers le Sahara. Un tropisme sahélien pousse l’ensemble des pays du Maghreb – Mauritanie, Algérie, Maroc et Tunisie – vers l’Afrique selon des lignes de pénétration très anciennes  et qui correspondent notamment  aux poussées de l’islam dans la profondeur du continent africain, le long des routes de l’or.[1]

    Par nature extensif, le désert nourrit des forces de poussée. Ce caractère inhérent aux étendues désertiques est en contradiction avec l’idée de fixation des frontières et constitue donc un facteur de conflictualité. Il est difficile de matérialiser les frontières sur l’espace fluctuant des vides spatiaux et lorsque deux États se rencontrent  dans le désert, un conflit peut facilement apparaître (frontières récentes du Sahara, ex-Sahara espagnol)[2].

    En de nombreux points de la planète, des peuples s’affrontent encore pour le contrôle d’espaces désertiques qui ne sont pas nécessairement riches en pétrole, en gaz ou en matières premières. Des hommes se battent pour la maîtrise de l’étendue. A l’heure où nombre d’analyses soulignent la primauté absolue des causes socio-économiques dans les dynamiques d’affrontement, les « ambitions désertiques ou steppiques » appellent à méditer sur la place centrale qu’occupe encore aujourd’hui le territoire dans l’origine des dynamiques conflictuelles. Le « désir de territoire », dont François Thual a décortiqué les mécanismes[3], reste une donnée fondamentale du monde contemporain.

    Un lac peut être international s’il est placé sur la frontière de deux ou plusieurs États. Certains États de l’Afrique des Grands Lacs sont ainsi construits suivant une logique d’accès à un lac et se partagent celui-ci avec d’autres États. Lorsqu’un lac est une frontière, il est aussi un bassin commun de ressources – eau douce, hydro-électricité, pêche, irrigation – qui peut susciter bien des convoitises communes et des difficultés dans le partage. La formation territoriale de l’État du Niger est issue d’un compromis entre les colonisateurs français et anglais qui portait sur le contrôle du fleuve Niger.

    La montagne a ses peuples aux rudes identités qui s’opposent souvent à ceux des plaines plus conquérants. Dans cette opposition à la domination d’une ethnie  ou d’une religion, ou bien des deux à la fois, la montagne a été le refuge des minorités et des hérésies. Le monde arabe de la montagne a en fait largement résisté à la bédouinisation turque, contrairement aux montagnes d’Asie Mineure et des Balkans. L’Atlas saharien d’Algérie, le Haut Atlas marocain, les Aurès d’Afrique du Nord, les massifs du Yémen, d’Oman, les monts du Liban, la montagne alaouite de Syrie, ont, d’une manière ou d’une autre  résisté à la domination de la plaine, soit en conservant leurs modes de vie, soit en accueillant des populations de la plaine  fuyant la domination turque sunnite.

    L’interaction de la climatologie  et de la topologie n’est plus à démontrer. Au climat sont associés des conditions de vie plus ou moins favorables  pour l’homme et son développement. Ces conditions peuvent être des déterminants de conflits[4] dans la mesure par exemple où la chaleur insupportable, les maladies, peuvent provoquer des migrations de populations ou les empêcher comme la mouche tsé-tsé a longtemps arrêté les pasteurs peuls musulmans venus du Nord et par la même occasion la pénétration de l’Islam vers l’intérieur de l’Afrique noire.

    La question du changement de climat n’est pas nouvelle et il existe de nombreux exemples de changements climatiques qui eurent des conséquences importantes sur les sociétés humaines. Fernand Braudel pose très tôt la question du changement climatique dans ses conséquences sur les modes de vie des sociétés humaines.[5]

    La géographie physique constitue la donnée constante qui fonde la continuité de la politique des États. C’est la raison pour laquelle la géopolitique accorde la primauté aux caractéristiques d’enclavement, d’insularité, aux données du relief (montagne, désert)  qui sont elles-mêmes indissociables des données climatiques pour expliquer des comportements nationaux, régionaux ou internationaux et des ambitions avouées ou inavouées, potentiellement sources de conflit. C’est le premier déterminisme géopolitique.

    Aymeric Chauprade

    [1] F. Maurette, « Afrique équatoriale orientale et australe », in Géographie universelle, XII
    [2] A. Chauprade et F. Thual, « Dictionnaire de géopolitique », 2e éd., Paris, Ellipses, 1999, article Maroc
    [3] F. Thual, « Le désir de territoire », Paris, Ellipses, 1999
    [4] D.S. Landes, « Richesse et pauvreté des Nations », Paris, Albin Michel, 1998, p.30
    [5] F. Braudel, « Ecrits sur l’histoire », rééd. Paris, Flammarion, 1984, coll. « Champs », p. 169

    http://www.realpolitik.tv/2013/12/constantes-et-changements-dans-lhistoire-des-conflits/

  • Écologie et économie

    Le texte présenté ici est un extrait de l’ouvrage Vittorio Hösle (1) “Philosophie de la crise écologique” (Wildproject, 2009, trad. Matthieu Dumont), publié pour la première fois à Munich en 1991. Le texte reprend une série de conférences prononcées en avril 1990 à l’Institut de philosophie de l’Académie des sciences de Russie/URSS. Déjà traduit en plusieurs langues, cet ouvrage a contribué à faire de son auteur une voix incontournable dans le domaine de l’éthique environnementale et de la philosophie de l’écologie.
    Un point commun du capitalisme et du marxisme
    Il me semble à présent que l’antagonisme des systèmes de l’Ouest et de l’Est n’a pas essentiellement pour origine une divergence quant aux objectifs à atteindre. Il est certain que la liberté a occupé une place bien plus importante dans l’idéal social occidental que dans celui des pays de l’Est. Pourtant les deux modèles sociaux partageaient, du moins pour ce qui est de la théorie, les mêmes idéaux universels hérités des Lumières : autodétermination et bien-être pour le plus grand nombre possible.
        Les dissensions s’exprimaient davantage à propos de la meilleure voie à suivre pour parvenir à la réalisation de ces idéaux. Les démocraties occidentales pensaient pouvoir y arriver par l’entremise d’un développement sous contrôle de l’économie capitaliste ; et les pays communistes, par un rejet de l’économie de marché. (…)
    L’impossible suppression de l’égoïsme économique
    La suppression de l’égoïsme économique n’a pas eu pour conséquence l’apparition d’une identification plus large avec l’intérêt général. Elle a encouragé, d’une part, certaines formes d’imposture et, d’autre part, la mise en place d’une économie souterraine dont la corruption dépasse largement les manifestations les plus abjectes, d’un point de vue moral, du capitalisme occidental. (…)
    En tant qu’éthicien, je souhaiterais cependant tirer une conclusion dont la portée me semble primordiale : il est absurde, et même immoral, de vouloir nier abstraitement l’égoïsme économique. (…) Celui qui veut étouffer l’égoïsme commettra des crimes bien plus épouvantables encore que ceux que l’on attribue à l’égoïsme. (…) Étouffer l’égoïsme est non seulement impossible, mais aussi – lorsqu’une violence extrême rend cela possible – immoral.
    Mais il faut ajouter autre chose. Sous certaines conditions, même si elle pouvait advenir sans le concours de la coercition, une telle neutralisation des intérêts égoïstes serait elle-même un échec car seul l’égoïsme est capable de motiver l’individu à fournir certaines prestations qui profitent aussi à la collectivité.
    Il s’agit en effet de l’argument classique utilisé par les chantres du capitalisme, depuis Mandeville et Adam Smith. Cet argument me semble contenir un noyau de vérité auquel le socialisme n’a jamais rendu justice : celui qui neutralise l’égoïsme sans parvenir à conserver à un plus haut niveau les énergies qui l’animent, condamne ainsi l’humanité à une apathie, à une indifférence qui seront pires encore que dans un monde gouverné par l’égoïsme.
    Sans l’incroyable efficacité d’une activité économique rationalisée et fondée sur des motivations égoïstes, il sera très difficile de venir à bout des tâches importantes qui nous incombent – comme la sauvegarde de l’environnement par exemple.
    3 critiques faites au capitalisme dans sa forme actuelle
    J’espère bien sûr que mon propos n’est pas interprété comme donnant carte blanche au capitalisme dans sa forme actuelle. Je pense au contraire qu’aujourd’hui encore, au lendemain de l’effondrement de l’économie planifiée, nous avons grand besoin d’une critique rationnelle du capitalisme. Il est d’ailleurs frappant de voir à quel point la plupart des adversaires du capitalisme sont incapable de formuler une telle critique.
    Je trouve donc grotesque de critiquer aujourd’hui le capitalisme, comme beaucoup le font, en évoquant la paupérisation de la classe ouvrière du monde industrialisé ; il s’agit là d’une avanie éhontée à l’endroit des dizaines de milliers d’individus qui meurent quotidiennement de faim dans le tiers-monde. On pourrait bien plutôt ébaucher une critique de l’économie du monde industrialisé à partir des points suivants.
    Premièrement, nul n’ignore que le capitalisme – qui opère suivant une substitution de la valeur d’usage par la valeur marchande de tout produit – peut conduire à une déformation singulière de la personnalité : pour celui qui voit les choses à travers le prisme de l’argent, les nuances esthétiques et éthiques qui constituent l’inépuisable trésor du monde se réduisent à la différence quantitative de leurs prix.
    Certes le fonctionnement capitaliste est tel que tout, même l’essentiel, est « achetable » pour celui qui succombe à cette chimère de la marchandise et qui, ce faisant, inflige à sa propre personnalité les pires mutilations. (…)
    Deuxièmement, à l’intérieur de l’État capitaliste, le chômage est un problème indéniable qui n’est toujours pas résolu, même si les causes de ce phénomène ne sont pas celles qu’avançait une critique du capitalisme traditionnellement axée sur la lutte des classes. C’est le coût du travail, en partie excessif (surtout si l’on tient compte des charges annexes au salaire), qui impose des rationalisations. Il serait en outre naïf de croire que les politiques syndicales aient pour priorité d’améliorer le sort des chômeurs au détriment des avantages matériels de ceux qui ont un emploi.
    J’en viens maintenant à mon point décisif, le troisième. Si on ne parvient pas à juguler l’exploitation conjointe de la nature et du tiers-monde [par le monde occidental], cette aggravation provoquera des catastrophes en comparaison desquelles les cataclysmes sociaux annoncés par Marx nous paraîtront bénins. (…)
    Une économie du troisième type
    Dans la mesure où ni l’économie capitaliste actuelle ni l’économie socialiste ne peuvent respecter l’impératif moral de préservation de l’environnement, quel type d’économie est-il requis pour que cet impératif soit respecté ? De mon point de vue, le seul chemin viable se trouve indiqué dans l’idée d’une économie de marché écologiste et sociale. (…)
    Quelle dose d’autonomie l’État devrait-il accorder à l’économie ? L’État ne peut pas, nous l’avons vu, réprimer les instincts économiques égoïstes sans s’amputer lui-même d’une de ses principales sources d’énergie. Puisque l’économie forme désormais une sphère autonome, nous avons atteint un point de non retour : on ne peut plus étouffer l’égoïsme économique. D’un autre côté, il n’est pas garanti que la poursuite systématique d’intérêts égoïstes contribue à l’intérêt général.
    Sous sa forme simplifiée, la théorie de la « main invisible (2) » est donc sans aucun doute une fable. On voit bien en effet que, si l’égoïsme rationnel n’est pas nécessairement au service de l’intérêt général, c’est parce que la technique moderne a permis un élargissement sans précédent du champ d’action de l’homme. De nos jours, un comportement égoïste et cupide mais rationnel est tout à fait susceptible de participer à la destruction de l’humanité, pour peu que le déluge survienne après la mort du sujet agissant. (…)
    Quelles conditions-cadres sont donc requises pour freiner la destruction de l’environnement ?
    Seule l’application conséquente du principe du pollueur-payeur est compatible avec l’idéal d’autonomie qui est au fondement du capitalisme : celui qui dégrade ou surexploite l’environnement doit en payer le prix. Nous butons d’ailleurs ici sur une limite théorique de l’économie politique dans son ensemble, limite qui concerne aussi en première ligne l’économie nationale marxiste.
    Pour les auteurs classiques de l’économie, y compris Marx, la valeur est une quantité abstraite de temps de travail écoulé. Aussi la nature non exploitée recèle une valeur nulle. On reconnaît aisément dans cette position anthropocentrique le pendant économique de l’altération cartésienne de la nature en une res extensa.
    De même que, chez Kant et Fichte, la nature n’est pas le réceptacle d’une valeur morale, elle n’a chez Smith, Ricardo et Marx aucune valeur économique en soi. Cette conviction, profondément enracinée, est l’une des causes principales de la crise écologique. (En Russie, par exemple, elle est responsable du prix beaucoup trop bas de l’énergie.)
    On sait que Marx, dans certains passages, a interprété et critiqué la destruction de la nature comme une des conséquences du capitalisme. Je vous renvoie à la fin du chapitre XV de la première partie du Capital qui s’intitule « Machinisme et grande industrie » (…) qui se clôt sur ces mots qui anticipent de manière prophétique les problèmes de l’agriculture industrielle moderne :
        « En outre, chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité. […] La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du processus de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur (3). »
    3 erreurs de Marx
    La lucidité de cet extrait ne doit cependant pas faire oublier que Marx a commis trois erreurs lourdes de conséquences. J’aimerais à présent corriger ces trois erreurs auxquelles j’ai déjà fait allusion.
    Premièrement, la destruction de la nature n’est hélas en rien l’apanage du capitalisme ; elle est propre à l’industrialisme en tant que tel.
    Ceci va de pair avec le deuxième point : ni Marx lui-même ni ses épigones n’ont su élaborer une théorie de la valeur capable de freiner la destruction de la nature. (On en trouve des prémices dans les théories de la valeur des subjectivistes. En effet, dès que l’on se penche sur la question de l’élaboration d’une éthique de l’économie, on comprend pourquoi certains économistes d’obédience « néoclassique » refusent de se passer du concept de valeur et de l’idée que l’économie politique doit être fondée de façon normative. L’une des tâches principales de l’actuelle philosophie de l’économie est donc de donner naissance à une théorie de la valeur postmarxiste.)
    Troisièmement, enfin, l’histoire du capitalisme montre bien qu’il est parfaitement possible d’améliorer le sort de la classe laborieuse sans pour autant abolir la propriété privée des moyens de production. On peut donc espérer atteindre la même chose en ce qui concerne la préservation du fondement écologique de la vie humaine, si toutefois les conditions-cadres sont modifiées de manière à ce que la dégradation de l’environnement ne soit plus financièrement rentable. (…)
    La réforme fiscale écologiste
    Une réforme fiscale semble donc être le moyen le plus prometteur pour endiguer la destruction environnementale. En vue de cette réforme, deux principes sont à prendre en considération. D’abord, les nouveaux impôts doivent naturellement être compensés par des allègements fiscaux dans les autres domaines, afin de ne pas tout simplement caler le moteur de la production. Indépendamment de la question de la crise écologique, les impôts sur le revenu et sur les salaires me paraissent trop élevés en Allemagne fédérale et c’est une des raisons pour lesquelles l’embauche de nouveaux salariés n’est, le plus souvent, pas rentable.
    C’est par conséquent une des causes du chômage. Il n’est pas infondé de soupçonner que le système fiscal actuel favorise le chômage massif ainsi que la destruction environnementale – les deux tares majeures de l’État providence moderne. Une restructuration du système fiscal, orientée par une exigence écologique et sociale, s’impose donc comme l’un des devoirs les plus urgents de notre temps. À vrai dire, cette refonte ne doit pas être trop précipitée, c’est là le second principe que j’annonçais, si l’on veut pouvoir éviter certaines difficultés d’adaptation, et même certaines catastrophes. Mais nous devrions néanmoins engager sans délai les premières démarches.
    Les subventions étatiques maintiennent en vie certains secteurs économiques non-rentables, et qui le seraient encore moins si on leur facturait les dommages environnementaux dont ils sont responsables. Ce sont donc ces subventions que l’on devrait suspendre en premier lieu. Il y a bien quelque chose de grotesque dans le comportement des dirigeants de l’économie qui pérorent le dimanche en vantant les mérites de l’économie de marché mais empochent régulièrement au cours de la semaine des subventions.
    Ces subventions ont atteint des proportions démesurées, même dans les cas où il est légitime d’encourager, pour des raisons politiques, des entreprises dignes d’être conservées. En effet, les mécanismes commerciaux ne réagissent pas systématiquement assez rapidement ni avec assez de flexibilité, surtout lorsque les conditions-cadres de l’économie sont mauvaises.
    Il est donc toujours préférable que la politique économique nationale parvienne à fixer des conditions-cadres de telle façon que les subventions ne soient nécessaires que ponctuellement. C’est d’ailleurs habituellement le signe que les conditions-cadres sont mauvaises quand l’État intervient toujours plus fréquemment et précipitamment dans les moindres aléas de la vie économique.
    Voilà exactement ce qui se passe aujourd’hui : l’économie de marché se fourvoie dans la mesure où la politique économique nationale actuelle renonce à une redéfinition des conditions-cadres qui tirerait les conséquences de la crise écologique. Au lieu de cela, cette politique intervient constamment de manière palliative, afin de maintenir le statu quo, ce par quoi elle stimule des besoins absurdes auxquels personne ne songerait si on ne nous les imposait pas. (L’exemple classique était la baisse du prix de l’électricité en Allemagne fédérale.) (…)
    Deux objections ont été formulées à l’encontre de cette proposition de réforme fiscale des conditions-cadres de l’économie politique. (…)
    La seconde objection que l’on a pu adresser à la réforme fiscale écologique (…) prend appui sur l’idée qu’une telle réforme ne peut être engagée par un seul pays. En effet, l’ingéniosité de cette réforme est précisément d’éviter les inconvénients de la concurrence que les entreprises écologiquement actives, ceteris paribus, doivent endurer dans le système actuel, en rendant au contraire l’activité écologique qui s’impose moralement rentable également sur le plan économique.
    Mais, pendant que ces désavantages sont supprimés – grâce à une telle réforme – à l’intérieur d’un pays, ils sont simplement démultipliés dans le cadre de la concurrence internationale : toutes les entreprises de ce pays sont maintenant défavorisées sur le marché international.
    Il faut admettre que c’est un argument de poids qui prouve à nouveau que l’existence actuelle d’une économie mondialisée est particulièrement dangereuse dans le présent contexte de la crise écologique puisqu’il n’existe pas, conjointement, d’institutions politiques universelles.
    Étant donné la situation, on peut comprendre le souhait de court-circuiter les mécanismes économiques globaux par des mesures protectionnistes ; mais il est absurde de croire que l’on puisse résoudre le problème environnemental – qui est un problème global et non pas national – en cloisonnant les marchés nationaux. (Je concède néanmoins que certaines mesures d’intimidation occasionnelles, allant dans le sens d’une fermeture économique des frontières, sont légitimes, et que le concept de « douane écologique » est à prendre au sérieux.)
    Nous devons plutôt insister sur l’élaboration d’accords interétatiques qui détermineraient, pour l’économie, des conditions-cadres écologiques communes aux partenaires commerciaux les plus importants. C’est précisément ce qui a été mis en place, avec le succès que l’on connaît, au sein de la communauté européenne depuis les années 1970. Mais il reste encore beaucoup à faire.
    Quoi qu’il en soit, on ne peut plus accepter qu’un nombre croissant de pays prétendent qu’ils seraient disposés à instaurer une réforme fiscale écologique s’ils n’avaient pas à subir la concurrence des pays voisins. Ces voisins allèguent en retour le même argument de la concurrence pour justifier leurs réticences.
    On peut attendre tout particulièrement des pays riches qu’ils donnent le bon exemple et qu’ils s’accommodent des désagréments financiers provisoires. Il me semble d’une importance primordiale que les pays qui commencent aujourd’hui à intégrer les mécanismes du marché dans leur économie politique confèrent d’emblée à cette économie une dimension écologique.
    Essayons à présent de construire une économie de marché qui ne soit pas seulement sociale, mais qui ait aussi des préoccupations écologiques. L’idée de cette économie de marché serait par conséquent supérieure à celle de l’actuelle économie occidentale.
    Vers le nouveau monde
    Mon opinion est, on l’aura remarqué, que l’économie et l’écologie sont en principe compatibles. C’est pourquoi il me semble qu’opposer finance et environnement a été une erreur tragique des deux dernières décennies. Celui qui pense que seul un démantèlement du système économique actuel, seul un retour à une phase précapitaliste pourraient sauver l’environnement, ne pourra jamais mobiliser un nombre suffisant d’individus pour effectuer un tel retour en arrière.
    Son « retour à la nature » sera toujours soupçonné d’être un « retour aux arbres » ; son romantisme sera trop facilement dénigré et interprété comme une régression infantile. De plus, un tel point de vue est objectivement faux car, sans l’incroyable potentiel d’efficacité qui caractérise le capitalisme moderne, on ne saurait être en mesure de résoudre les problèmes de notre temps, celui de l’alimentation comme celui de l’environnement. (…)
    La possibilité théorique de réconciliation entre l’économie et l’écologie me semble apparaître dans toute sa clarté quand on prend conscience que l’activité économique consiste à atteindre le meilleur résultat possible à partir de dépenses les plus basses possibles.
    Efficacité et parcimonie sont des vertus traditionnelles de l’économie. Ce sont aussi en même temps des vertus écologiques : l’exploitation parcimonieuse et le recyclage des ressources ou l’isolation thermique des habitats, par exemple, sont bénéfiques pour l’économie comme pour l’environnement. Il est donc primordial d’introduire partout dans le monde certaines normes de l’efficacité économique développées par le capitalisme.
    Même en faisant preuve de bonne volonté, il est impossible de voir en quoi la complaisance routinière ou le gaspillage des ressources naturelles que l’on observe dans de nombreux pays disposant d’une économie planifiée pourraient avoir un impact positif sur l’environnement.
    Grâce à une sensibilisation croissante de la population aux problèmes environnementaux, le consommateur choisira de préférence des produits dont il sait que leur fabrication est plus respectueuse de l’environnement (surtout lorsque ces produits deviendront moins chers avec la mise en place de taxes environnementales).
    Cela deviendra parfaitement envisageable de faire de bonnes affaires avec des produits écologiques. L’écologiste ne doit pas craindre une telle mutation : si un entrepreneur dynamique réussit à améliorer son chiffre d’affaires grâce à des idées qui réduisent véritablement les atteintes à l’environnement, l’environnement y trouve son compte. S’investir sans mobile extérieur dans la poursuite d’un noble dessein est certes bien plus moral. Mais, si le recours à la motivation que représente l’intérêt économique permet la réalisation d’un plus grand nombre encore de résultats moralement souhaitables, il est alors profondément immoral d’en récuser l’efficacité.
    Je crois en effet qu’après une phase de débats intenses entre les écologistes et le monde de l’économie, une évolution est maintenant en gestation à travers laquelle de nombreux entrepreneurs saisissent la nécessité d’une transformation de leur activité économique qui prenne en compte les enjeux environnementaux.
    Notes:
    (1) Né à Milan en 1960, Vittorio Hösle est un philosophe allemand surnommé “le Boris Becker de la philosophie”, pour la précocité et l’énergie de son talent. Polyglotte, il maîtrise une demi-douzaine de langues et est l’auteur d’une œuvre imposante qui porte sur des sujets aussi variés que le darwinisme, les tragédies de Sophocle, l’écologie, les sciences politiques, le cinéma de Woody Allen, le système de Hegel, la pragmatique transcendantale, l’éthique et la métaphysique. Professeur dans de nombreuses institutions, notamment à la New York School for Social Research, il a aussi enseigné à Naples, Ulm, Essen, Porto Alegre, Trondheim ou Séoul. Il est aujourd’hui Professeur à University of Notre Dame (USA).
    (2) La « main invisible » [invisible hand] est un concept qui a été introduit par Adam Smith (bien qu’il ait des antécédents, notamment chez Leibniz) et qui est devenu un des piliers du dogme libéral. Smith résume ce qu’il entend par-là dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) : « [L’individu] est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions ; et ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus mal pour la société, que cette fin n’entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, que s’il avait réellement pour but d’y travailler. » [N.d.T.]
    (3) Traduction de J. Roy modifiée. Capital, I, IV, chapitre XV « Machinisme et grande industrie », éd. Flammarion, 1969.
    Wild Project
    http://fortune.fdesouche.com/322175-ecologie-et-economie#more-322175

  • Il tombe en moyenne un chrétien toutes les 5 minutes

    L'archevêque de Malines-Bruxelles André-Joseph Léonard a consacré son homélie de Noël aux chrétiens d'Orient, particulièrement ceux de Syrie. Extrait :

    "[...] Ne restons plus indifférents en Occident à tant de frères et soeurs chrétiens qui sont discriminés, menacés, persécutés, qui doivent quitter leur patrie pour assurer la sécurité de leur famille et, par cette émigration, affaiblissent encore la position de leur frères dans leur pays d’origine. Et n’oublions pas que, depuis que nous sommes confortablement rassemblés dans cette cathédrale, 5 ou 6 de nos frères dans la foi sont morts de mort violente à cause de leur foi en Jésus. Il en tombe, en moyenne, un toutes les cinq minutes. Par amour de l’enfant Jésus dans la crèche, portons-les dans notre prière et attirons sur eux l’intérêt de nos médias."

    Michel Janva

  • Pussy Riot et Femen – Qui sont ces femmes soutenues par le parti socialiste ?

    La récente libération de deux activistes des « Pussy Riot » a remis ce groupe antichrétien à l’honneur dans les médias, au point de mériter un communiqué officiel du parti socialiste.

     

    Bien peu de journalistes prennent hélas la peine de rappeler qui sont ces jeunes femmes qui avaient été condamnées à Moscou pour « hooliganisme et incitation à la haine religieuse ». Tous les médias s’entendent pour les rendre sympathiques et pour minimiser leurs méfaits.

     

    Les journalistes se limitent à les présenter comme des opposantes au président Vladimir Poutine, parlent généralement d’une « prière punk » chantée dans la cathédrale de Moscou et réduisent les images à quelques simagrées de ces femmes encagoulées envahissant la cathédrale du Christ-Sauveur pour y parodier des prières. Rien de bien méchant pour le commun des téléspectateurs.

     

    A ce sujet, il convient déjà de préciser que les paroles qu’elles ont chantées ce jour-là n’étaient pas que politiques, loin s’en faut, mais clairement blasphématoires, insultantes pour le Christ et la Sainte Vierge. Rien de surprenant quand on cherche à en savoir plus sur ces jeunes femmes.

     

    Les Pussy Riot formaient un groupe musical étroitement lié au mouvement anarchiste VOINA (qui signifie « la guerre » en russe). Outre les violences commises à l’encontre des forces de police russes (la nuit venue, leur spécialité consistait à renverser les voitures de police), ce mouvement organisait régulièrement des actions antichrétiennes ainsi que de la débauche sexuelle publique.

     

    Organisation de débauche sexuelle

    Nadezhda Tolokonnikova, l’une des trois jeunes femmes aujourd’hui mondialement médiatisées participa précédemment et alors qu’elle était enceinte à une orgie sexuelle publique que le mouvement anarchiste VOINA avait organisé illégalement dans un musée moscovite.

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  • Turquie: un triste spectacle.

    Vue de l'extérieur et malgré les efforts d'explication de la presse européenne, la Turquie paraît s'enfoncer dans une crise incompréhensible. Depuis quelques jours maintenant, les déclarations abruptes du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan se succèdent, accusant des manipulations politiques destinées à déstabiliser son gouvernement, dit islamo-conservateur, et son parti l'AKP.

    Dans le même temps, la justice et la police mènent depuis le 17 décembre une vaste opération dite anti-corruption. Cinquante et une personnes étaient toujours en garde à vue, mercredi soir, soupçonnées de malversations, de fraudes et de blanchiment d'argent. Parmi les placés en garde à vue figurent le maire (AKP) du quartier central de Fatih à Istanbul, les fils de trois ministres parmi les plus proches du chef du gouvernement, le cousin d'un responsable du bureau national de l'AKP, des bureaucrates de premier plan mais aussi des hommes d'affaires liés au secteur de la construction et de la promotion immobilière.. .
    La justice enquête en particulier sur l'Administration de développement de l'habitat collectif (TOKI), qui a réalisé au cours de la dernière décennie des bénéfices considérables en revendant à des promoteurs immobiliers amis du pouvoir des terrains publics, tout en réalisant ses propres projets de logements collectifs. Cette entreprise parapublique est au cœur de la politique de transformation urbaine initiée par Erdogan à Istanbul et tant décriée au printemps au moment des manifestations de la place Taksim. Ceux-ci protestaient notamment contre la destruction envisagée par le pouvoir du parc de la place Taksim, le seul ou presque espace vert demeurant dans la capitale.
    L'opposition menée par le CHP (Parti républicain du peuple), exige la démission du gouvernement et la création par l'Assemblée nationale d'une commission d'enquête. Mais la justice et l'opposition peuvent-elle se présenter comme neutres dans cette offensive de vertu? Malheureusement non. Il apparaît de plus en plus qu'elles sont instrumentalisées par une secte ou confrérie très puissante qui, un peu comme les frères musulmans dans d'autres Etats islamiques, a pris en mains une partie de la police, de la justice et des cercles économiques.
    Bien qu'elle s'en défende, la confrérie, née dans les années 1970 autour des prêches de l'imam turc Fethullah Gülen, issue du courant Nourdjou et inspirées par les idées du penseur Said Nursi, prospère depuis vingt ans dans les coulisses du pouvoir politique. L'Etat turc, quelle que soit la couleur du parti majoritaire, a utilisé, dès le début des années 1990, les réseaux de ces "missionnaires de la turcité", actifs dans les pays d'Asie centrale nouvellement indépendants.
    Une véritable guerre
    Or longtemps alliés, la secte et l'AKP s'opposent aujourd'hui dans une véritable guerre. Les partisans du premier ministre Erdogan affrontent désormais ceux de Fethullah Gülen, exilé depuis 1999 aux Etats-Unis à la suite d'enquêtes menées à l'époque par les militaires alors très présents au gouvernement avant d'en être chassés par Recep Tayyip Erdogan. L'instruction contre l'entourage de ce dernier est conduite par le procureur Zekriya Öz, proche des gülénistes, et qui avait dirigé l'enquête dans l'affaire Ergenekon, un réseau militaro-nationaliste démantelé après 2008.
    Pourquoi les deux pouvoirs, précédemment alliés, non seulement contre les militaires mais contre l'opposition réputée démocratique, sont-ils entrés en guerre? Les raisons n'en sont guère glorieuses. La secte reproche désormais au gouvernement la fermeture des dershane – un réseau de cours privés de soutien scolaire dans lesquels elle a massivement investi. Plus généralement, l'enjeu est la conquête du patronat, notamment de province. Depuis 2004, la forte croissance turque a largement profité aux petits patrons qui forment le tissu du mouvement religieux et financent ses écoles dans le monde entier. Depuis 2005, les gülénistes ont formé leur propre patronat : la confédération des entrepreneurs turcs (Tüskon). Elle compte 30 000 membres, dont 30 des 200 plus grandes entreprises du pays, et les réseaux commerciaux de ses hommes d'affaires sont incontournables.
    Mais pourquoi l'AKP a-t-elle décidé d'affronter la secte en organisant la fermeture de ses écoles privées? D'une part pour prendre de l'influence dans les esprits des très nombreux milieux sociaux fréquentant ces écoles, et d'autre part pour récupérer une partie des revenus en découlant.
    Tout ceci ressemble fort à une guerre entre mafias. L'actuel visage de la Turquie la rend plus mal fondée que jamais à poursuivre une entrée dans l'Union européenne, quels que soient les soutiens qu'elle avait reçus pour cela de l'Amérique. Certes les intérêts de beaucoup d'entreprises européennes sont très liés aux intérêts turcs dont nous venons de voir la complexité. Mais les Européens doivent cependant sauver les apparences. Ajoutons que les louvoiements de la diplomatie turque dans le conflit syrien augmentent encore les méfiances qu'elle inspire.
    La conclusion de ces péripéties pourrait être, non une montée sérieuse de l'opposition libérale toujours faible et divisée, mais un certain retour en grâce des militaires. Ils ont été chassés du pouvoir par Erdogan, à la suite d'accusations apparaissant aujourd'hui injustes. En fait, dans la tradition du kémalisme, ils incarnaient un gouvernement se voulant aussi laïc et intègre que souhaitent l'être beaucoup d'Etats européens. Dans une certaine mesure, ils ressemblaient aux militaires égyptiens revenus récemment au pouvoir à la suite du « coup d'état » du général Abd el Sissi.
    N'idéalisons pas ici les militaires turques ou ce qu'il en reste, mais bornons nous à retenir, en attendant la suite des évènements, que Recep Tayyip Erdogan et l'AKP ne donnent pas une image très attrayante de la politique islam-conservatrice modérée qu'ils prétendaient incarner. La place de la Turquie en Europe est moins souhaitable que jamais.

     

    Jean Paul Baquiast, 20/12/2013
  • On comprend mieux pourquoi les Femen jouissent d’une impunité de la part des autorités françaises

    Il suffit de lire le communiqué du PS à l’occasion de la libération des Pussy  Riot :« Le Parti socialiste se réjouit de la libération ce jour de Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, membres des Pussy Riot. Elles avaient été injustement condamnées en 2012 pour « vandalisme » et « incitation à la haine religieuse », suite à un simulacre de procès. Leur libération comme l’amnistie de plusieurs opposants interviennent à quelques semaines des Jeux Olympiques de Sotchi.Le Parti socialiste réaffirme son attachement à la liberté d’expression, droit fondamental et démocratique qui doit être garanti en toutes circonstances. »

    Si en effet profaner une cathédrale en chantant une chanson punk avec des paroles offensantes pour les orthodoxes n’est ni du vandalisme ni de l’incitation à la haine religieuse pour le parti au pouvoir en France, comment cela pourrait-il l’être pour les Femen ?

    http://medias-presse.info/on-comprend-mieux-pourquoi-les-femen-jouissent-dune-impunite-de-la-part-des-autorites-francaises/4243

  • La Turquie réislamisée d’Erdogan lorgne toujours sur les Balkans

    Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau étonné le monde diplomatique en déclarant que des parties de la Macédoine, de la Bulgarie et de la Bosnie-Herzégovine, ainsi que de la Thrace occidentale « étaient en vérité des territoires turcs ».

    Source Voix de la Russie

    http://www.contre-info.com/la-turquie-reislamisee-derdogan-lorgne-toujours-sur-les-balkans

  • Règle de Volcker : Un grand flou à exploiter pour les banques

    La règle de Volcker, adoptée cette semaine, limite en théorie la prise de risque des banques et leurs opérations en propre, mais elle ne devrait en réalité pas les affecter beaucoup car les exceptions et possibilités d’en contourner la lettre sont légion.

    La règle de Volcker, dont les règles d’application ont été finalement adoptées cette semaine par les agences de régulation financière trois ans et demi après le vote de la loi de réforme financière, vise à limiter les activités spéculatives des banques dont les investissements massifs dans des produits dérivés risqués ont entraîné la faillite de Lehman Brothers et la pire crise financière depuis 1929. Les grandes banques de Wall Street ont dû faire l’objet d’un plan de sauvetage bancaire de dizaines de milliards de dollars du gouvernement américain.

    La règle de Volcker, qui n’entrera totalement en vigueur qu’en juillet 2015, impose essentiellement une limite aux activités de dérivés et interdit aux banques assurées par la banque centrale (Fed) et la FDIC, l’un des organismes de réglementation bancaire, de faire du courtage pour leur propre compte (proprietary trading).

    Mesure inspirée par la baleine de Londres

    Le texte d’application de la loi stipule que les banques doivent justifier leurs “opérations de couverture” (hedging), les opérations de marché visant à contre-balancer une autre opération pour limiter les risques. Ce chapitre a été inspiré par l’affaire dite de la “Baleine de Londres”, qui s’est traduite par une perte de courtage massive de 6 milliards de dollars en 2012 pour la première banque américaine, JPMorgan Chase.

    Des traders du bureau de Londres de la banque avaient acheté des dérivés de crédits européens, affirmant qu’il s’agissait d’achats de couverture, alors que la taille énorme de ces positions très risquées ressemblait plus à de la spéculation. La plupart des banques n’ont pas fait des commentaires sur l’adoption finale du texte d’application de la loi, le PDG de JPMorgan, Jamie Dimon, se contentant de dire que sa banque allait “s’ajuster” et qu’elle serait “à même de gérer la règle de Volcker“.

    Pour Michael Wong, analyste bancaire au centre de recherche Morningstar, le texte final a plutôt rassuré le secteur bancaire. Les actions de Goldman Sachs et Morgan Stanley ont d’ailleurs progressé après son adoption.

    “Le texte final ressemble au code fiscal américain: on est sensé payer des impôts sur tout mais il y a des tonnes d’exceptions”, indique cet expert. “Là c’est pareil: on n’a pas le droit de faire du courtage en propre sauf pour les bonds du Trésor, pas le droit d’investir dans des fonds spéculatifs sauf si ça pèse moins de 3% des fonds propres, etc.”.

    Michael Wong souligne que la plupart des grandes banques, comme Goldman Sachs, “ont déjà cédé ou fermé leurs activités de courtage en propre les plus visibles” depuis trois ans. Morgan Stanley a même profondément changé son modèle d’activité, réduisant la part du trading pour s’assimiler de plus en plus à un gigantesque gestionnaire d’actif.

    Les inquiétudes bancaires levées

    Au final, le “texte aurait pu être beaucoup plus strict” car le secteur craignait qu’il interdise les activités de teneur de marché (market making) ou les opérations de couverture, explique M. Wong.

    A l’inverse, les banques ont toujours le droit d’acheter certains produits sans que ce soit nécessairement pour se couvrir, du moment qu’il y a une “attente raisonnable” de demande de la part des clients.

    Une formulation suffisamment floue pour quasiment tout justifier.

    Les opérations de couverture devront de leur côté être justifiées une par une.

    “La règle de Volcker est un pas dans la bonne direction, mais dans ces 921 pages, il y a beaucoup de marge pour l’interpréter et les équipes d’avocats des banques sont en train de voir comment la contourner”, juge Cam Harvey, professeur de finance à l’université de Duke.

    Au final, ce sont surtout les coûts de conformité à la loi qui vont s’alourdir pour les banques, estime Michael Wong. Et “si les régulateurs ne la font pas respecter strictement, elle ne servira à rien”.

    La Voix du Nord

    http://fortune.fdesouche.com/323502-regle-de-volcker-un-grand-flou-a-exploiter-pour-les-banques#more-323502