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  • Japon : Le gouvernement veut renvoyer les réfugiés dans les zones contaminées de Fukushima

    Par Sophie Chapelle

    Ils sont plus de 160 000 à avoir fui les territoires irradiés par la catastrophe de Fukushima. Et ne disposent d’aucune aide financière pour recommencer leur vie ailleurs. Pour le gouvernement japonais, la priorité est au retour dans les zones contaminées. Gratuité des logements publics vacants, suivi sanitaire et allocation mensuelle réservés aux résidents, mesures de décontamination des sols…

    Tout est mis en œuvre pour générer un élan au retour. Sur place, des citoyens, chercheurs et juristes se mobilisent pour la reconnaissance légale du « droit au refuge »: le droit à vivre ailleurs, dans un environnement non contaminé.

    C’est une promesse scandée par le gouvernement japonais depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima. Les 160.000 personnes évacuées de leurs maisons irradiées pourront, un jour, revenir chez elles. Mi-novembre, un rapport [1] rendu public est allé à l’encontre de la doctrine officielle.

    Les auteurs, des membres du Parti libéral-démocrate – qui détient la majorité absolue à la Chambre des représentants – exhortent le gouvernement à abandonner cette promesse de retour et à soutenir financièrement les déplacés pour qu’ils puissent vivre ailleurs.

    Mais pour le moment, aucune mesure concrète n’a été adoptée dans ce sens. En mai 2013, les autorités japonaises ont même décidé de rouvrir les zones interdites en relevant la norme de radioprotection de la préfecture de Fukushima de 1 à 20 millisieverts/an (mSv/ an) (lire notre article). Un taux équivalent au seuil maximal d’irradiation en France pour les travailleurs du nucléaire…

    « Le gouvernement continue à inciter les populations à revenir vivre dans les zones contaminées, parfois à 10 km de la centrale, confirme Cécile Asanuma-Brice, chercheuse à la Maison franco-japonaise de Tokyo, institut de recherche sur le Japon contemporain [2].

    Dans des villes comme celles de Tomioka, plus rien ne fonctionne, il n’y a plus d’économie locale, qui pourrait avoir envie de vivre là ? » Cette sociologue urbaine, qui vit au Japon depuis 12 ans, ne s’est jamais posée la question du nucléaire, jusqu’au 11 mars 2011. Alors que le tsunami contraint des dizaines de milliers d’habitants à migrer, elle se penche sur les politiques de relogement.

    Des logements provisoires construits sur des zones contaminées

    Dans les semaines qui suivent le tsunami et la catastrophe nucléaire, les autorités procèdent d’abord à la mise à disposition gratuite des logements publics vacants à l’échelle nationale et à la construction d’habitats d’urgence.

    Géographe de formation, Cécile Asanuma-Brice superpose fin 2011 la carte des logements provisoires et celle de répartition de la radioactivité produite par le ministère de l’Environnement japonais. Le constat est terrifiant : les deux cartes correspondent. Trois quarts des logements provisoires sont situés sur des zones contaminées

    Interpellé sur cette situation, le gouvernement argue alors d’un simple manque de concertation entre les ministères de la Construction et de l’Environnement. « Mais deux ans et demi après, ces logements sont toujours occupés », dénonce Cécile Asanuma-Brice.

    Et rappelle qu’une autre décision « alarmante » a été prise le 28 décembre 2012. « Le gouvernement a mis fin à la réouverture de son parc de logements publics vacants sur l’ensemble du territoire ». Seuls les logements publics vacants situés dans le département de Fukushima demeurent gratuits.

    Politique de retour « au pays natal »

    D’après la chercheuse, cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une politique visant à ce que les populations retournent vivre dans les zones contaminées. La gratuité du suivi sanitaire n’est assurée, par exemple, que si l’enregistrement de la résidence dans le département de Fukushima est maintenu.

    « Une vaste politique de décontamination tant veine que coûteuse a été mise en place, des animations culturelles ont lieu chaque semaine dans le centre-ville, des postes de mesure de la radioactivité – dont les chiffres sont bridés – ont été installés de part et d’autre du département afin de rassurer les riverains », ajoute Cécile Asanuma-Brice.

    « Nous avons énormément d’informations au Japon mais celles-ci sont présentées de sorte qu’elles incitent au retour à la vie dans le département, ce “pays natal” sans lequel nous serions incapables de vivre ». Dans les faits, peu de personnes évacuées disent vouloir revenir, même si elles le pouvaient, selon The Guardian. C’est le cas de seulement 12 % des gens à Tomioka par exemple, l’un des villages les plus contaminés.

    « Que l’on soit japonais, français, indien ou africain, personne n’a envie de quitter son village natal, et c’est humain, relève Cécile Asanuma-Brice. Mais dans le cas présent, le gouvernement utilise cet argument afin de générer un élan de retour en rassurant les personnes encore sceptiques, en leur montrant que les autres réfugiés commencent à rentrer. Tout cela n’est qu’une manipulation également mise en place par des experts en communication ».

    Des travaux de décontamination insuffisants

    Une vaste campagne de décontamination des sols a été lancée par l’administration qui y a consacré 2,7 milliards d’euros en 2012. Le gouvernement s’apprêterait à faire un emprunt supplémentaire de 30 milliards de yen (215 millions d’euros) pour accélérer la décontamination. En quoi consiste ce « nettoyage » ?

    « Munis de pelleteuses, de pelles, de pioches, ils [les liquidateurs] enlèvent de la terre, des plantes, de la mousse, des feuilles mortes, énumère Cécile Asanuma-Brice. Armés de jets à haute pression, ils rincent les toits, les équipements publics et poussent les sédiments dans les tranchées. »

    Les déchets radioactifs sont ensuite stockés dans de grands sacs empilés sur des terrains vagues, des champs ou des cours d’école. A défaut de supprimer la radioactivité, celle-ci est déplacée ou enterrée. Et remontera à la surface à la première pluie…

    Tous ces travaux sont jugés « insuffisants » par la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad), en France. En juin 2012, elle a effectué des mesures dans des maisons décontaminées: six mois après les travaux, elle note des doses annuelles jusqu’à six fois supérieures à la norme définie par l’Organisation mondiale de la santé (voir le rapport).

    « Des aides devraient être fournies aux habitants pour leur permettre de déménager vers des territoires non contaminés », préconise Bruno Chareyron de la Criirad. « A l’inverse, les aides financières sont programmées pour le refuge dans le département de Fukushima », note Cécile Asanuma-Brice. Déménager dans une autre partie du pays revient à perdre la maigre allocation mensuelle de 780 euros… Rien ne semble être fait pour permettre aux victimes de vivre ailleurs.

    Reconnaître le droit à la migration

    Officiellement, 160.000 personnes auraient quitté le département de Fukushima depuis la catastrophe nucléaire. Mais ces données pourraient être largement sous-estimées. Car les personnes désireuses de partir doivent se rendre d’elles-mêmes dans les bureaux du département, pour s’inscrire dans le système d’informations concernant les réfugiés.

    « Ce système est absolument inconnu de la population et les inscriptions sont très peu nombreuses puisque les gens n’en connaissent pas l’existence », précise Cécile Asanuma-Brice. Celles et ceux qui migrent hors du département de Fukushima savent qu’ils perdent immédiatement leurs droits aux indemnités et au suivi sanitaire. Ils n’ont aucun intérêt à faire enregistrer leur départ !

    En juin 2012, une proposition de loi « pour la protection sanitaire des enfants » a été votée par le Parlement japonais. Élaborée en concertation avec des associations de citoyens et de juristes, cette loi intègre la notion de « droit au refuge ». « Permettre le droit au refuge revient à donner aux gens la possibilité de pouvoir déménager s’ils le souhaitent, principalement à l’intérieur du pays, et de leur accorder un financement pour le réaliser », souligne la chercheuse.

    Or, ce droit reste pour le moment vide de toute prérogative : il n’est accompagné d’aucun système de soutien ou d’indemnisation financière. Le nouveau rapport du Parti libéral démocrate, qui appelle à soutenir financièrement les résidents déplacés afin qu’ils puissent vivre ailleurs, changera-t-il la donne ?

    Bombe à retardement

    Pour le moment, le gouvernement nippon espère convaincre les résidents de retourner dans les zones dont le niveau de contamination est inférieur à 20 mSv/an, en conservant un objectif à long terme de 1 mSv/an. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe envisage toujours de redémarrer en 2014 les 50 réacteurs nucléaires de l’Archipel. Il peut compter pour cela sur la France.

    Le 17 avril dernier, un convoi de Mox (assemblage d’uranium appauvri et de plutonium), affrété par l’entreprise française Areva, est parti de Cherbourg vers le Japon (lire notre enquête sur les enjeux commerciaux et industriels de cette livraison).

    Sur l’île, une bombe à retardement continue de reposer à 30 mètres du sol. Depuis le 18 novembre 2013, la compagnie japonaise Tepco, exploitant de la centrale de Fukushima, a commencé le retrait des 1 533 barres de combustible nucléaire entreposées dans la piscine du réacteur 4. *

    Une opération extrêmement dangereuse : la quantité de césium 137 présente dans la piscine serait « équivalente à au moins 5.000 fois celle dégagée par le bombardement atomique d’Hiroshima », selon un expert nucléaire de l’université de Kyoto [3]. Selon Tepco, ce gigantesque chantier devrait se terminer d’ici fin 2014.

    « Il n’y a malheureusement pas “d’après” Fukushima aujourd’hui, car cela n’est absolument pas fini, résume Cécile Asanuma-Brice. Pour reprendre les termes du penseur allemand Günther Anders, on pourrait plutôt dire que “Fukushima, c’est déjà demain” ».

    P.-S.

    A écouter : Retour sur Fukushima, dans l’émission Terre à terre du 23 novembre 2013 sur France Culture.

    Notes

    [1Lire ici

    [2La chercheuse est également rattachée au Laboratoire international associé « Protection humaine et réponse au désastre » du CNRS dirigé par l’économiste Thierry Ribault.

  • À propos de « La fin de la mondialisation » de François Lenglet

    À propos de « La fin de la mondialisation » de François Lenglet Autant le dire tout de suite : à première lecture, le dernier opus de François Lenglet n’est pas sa Neuvième Symphonie; il n’égale pas, par l’éclat et l’originalité du propos, le Qui va payer la crise ? sorti il y a un an sur la signification, les conséquences et les grands enjeux de la crise en cours. Ses conclusions désabusées de la préface n’incitent guère à la mobilisation (« La fin de la mondialisation, ou en tout cas son éclipse, n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Peut-être est-ce même le contraire. »). Pas de quoi fouetter un chat. En grossissant à peine le trait, on dirait qu’il s’agit là d’un bouquin pas folichon sur un sujet austère.
    Ce jugement assez négatif se modifie et même s’inverse à seconde lecture, parce que l’on y retrouve les qualités de richesse d’analyse et de synthèse (presque excessives, car ça fuse de partout !), d’honnêteté, de clarté, d’humour propres à l’auteur. C’est également un discours a priori sympathique à des oreilles de droite enracinée, puisqu’il plaide en faveur d’une dose raisonnable de protectionnisme européen intelligent. Enfin et surtout, le sujet est stratégique et conditionne beaucoup des évolutions économiques, sociales, sociétales et politiques de nos sociétés dans les deux ou trois décennies à venir.
    Ce bouquin mérite donc amplement le résumé que voici.
    Libéralisation et libre-échange tous azimuts
    Tout commence sur un air de rock’n’roll : à la fin des années 60, la vague libérale a ses troupes, les baby-boomers, son credo, la prééminence de l’individu sur la société, et son arme, les nouvelles techniques de communication. Le règne de Milton Friedmann commence. En 1979, le libéralisme sociétal investit l’économie, avec l’arrivée au pouvoir de la « Dame de Fer », suivie l’année suivante de Ronald Reagan. De l’autre côté du monde, Deng Xiao Ping, le « Petit Timonier », lance ses réformes libérales en 1978. Les vents sont favorables : libéraliser, dans les années 80, c’est rompre avec la sclérose qui étouffe les économies développées, sous l’effet de réglementations excessives et paralysantes, dont la Grande-Bretagne travailliste de Harold Wilson et James Callaghan est une parfaite illustration. Cette conquête libérale prend une dimension et une force accrues avec la chute, le 9 novembre 1989, du Mur de Berlin, et l’extension à l’ex-bloc communiste du modèle américain chantée par Fukuyama. Il s’en suit une politique de plus en plus audacieuse de désarmement tarifaire et de déréglementation financière favorisant « l’exubérance irrationnelle » des marchés, l’hypertrophie de la finance, la croissance de l’endettement tant public que privé, la création de valeur au profit de l’actionnaire, le développement des fusions-acquisitions, des privatisations, de la titrisation et des stock options, la concurrence fiscale entre États, l’essor des paradis fiscaux, la prospérité des multinationales, le règne universel des financiers et le bonheur du consommateur. Au tournant du siècle, l’émergence de la Chine et l’avènement de la Zone euro contribuent puissamment à un regain du commerce mondial.
    Les résultats sont spectaculaires : la prospérité est quasi-générale, le Tiers Monde que l’aide publique au développement avait entretenu dans la médiocrité se mue en Émergents, la pauvreté régresse spectaculairement, et le P.I.B. mondial croît à un rythme inégalé dans l’histoire. Le monde s’uniformise comme jamais. On est en plein dans la mondialisation heureuse, et le rêve d’une planète unifiée par le libre-échange, régie par le marché et régulée par la démocratie paraît en voie de réalisation. La victoire du bonheur économique sans frontières et sans date de péremption est célébrée chaque mois de janvier au Forum annuel de Davos. À l’orée de la crise des subprimes, en 2007, la mondialisation a atteint son point le plus avancé de l’Histoire.
    Patatras et gueule de bois : les trois vices de la mondialisation
    Ce bel édifice sombre brutalement avec la crise des subprimes. La faillite, le 15 septembre 2008, de Lehmann Brothers marque une borne et une rupture. L’histoire commencée quarante ans plus tôt avec les mouvements estudiantins et la grande fête de Woodstock s’achève dans un effondrement retentissant. En quelques jours, un demi-siècle de certitudes économiques libérales s’évanouit. Pour enfoncer le clou, fin 2009, un nouveau choc s’abat sur l’Europe, l’Occident et le monde entier, la crise des dettes publiques en Europe.
    On réinterprète dès lors le parcours éblouissant de la planète entre 1990 et 2008. On comprend que la croissance devait beaucoup à l’endettement excessif des particuliers, des entreprises et des États, aux États-Unis, en Europe, et jusqu’en Chine. On comprend également que la mondialisation ne fait pas que des gagnants : l’élargissement du marché mondial, s’il a eu des conséquences positives pour nombre de pays pauvres de la planète, a bel et bien creusé les inégalités au sein des nations développées et dynamité le système social des classes moyennes et populaires. Les systèmes fiscaux occidentaux fonctionnent dès lors en « Robins des Bois à l’envers », prélevant sur les pauvres et exonérant les riches et les multinationales. Ce phénomène touche notamment la France, qui aggrave son cas en pratiquant une politique d’allègement des charges salariales financée par emprunt. « Plutôt que de creuser l’inégalité entre les classes sociales, la France a préféré développer celle qui sépare les classes d’âge. »
    On réalise aussi que la mondialisation n’apporte pas le bonheur, et que l’interdépendance est avant tout une dépendance : la dissuasion économique joue à fond entre partenaires et concurrents, les liens entre causes et effets deviennent plus globaux et plus complexes, et surtout États et personnels politiques sont à la merci de forces de marché capricieuses qu’ils ne maîtrisent pas. L’indépendance des banques centrales, justifiée à l’origine (« Les politiques renoncent à financer leurs dépenses en manipulant la monnaie. Tels des alcooliques repentis, ils confient la clé de la cave au curé du coin »), tourne à l’avantage des épargnants avec la complicité de banques centrales, agents doubles passés du côté de l’épargne. Les États qui s’étaient crus les plus forts (« Rendre les banques centrales indépendantes, c’était une ruse de la puissance publique pour attirer plus facilement le capital destiné à la financer ») perdent l’initiative, au fur et à mesure qu’ils deviennent plus dépendants des marchés. L’internationalisation financière a donc rétréci la sphère d’intervention du pouvoir politique, même dans ses fonctions régaliennes, et dépossédé les peuples de leur destin. Au point qu’un intellectuel de Harvard a pu énoncer un « trilemme de Rodrik » aux termes duquel il n’est pas possible d’avoir simultanément démocratie, indépendance nationale et mondialisation économique. Thèse amusante, intéressante et significative qui, si elle est vraie, ne laisse ouvertes que trois solutions : limiter la démocratie, créer un gouvernement mondial, ou limiter la mondialisation.
    Ce désenchantement brutal s’applique aussi, avec une force particulière, à la Zone euro : contrairement aux attentes, celle-ci n’a pas apporté comme prévu la convergence des économies des pays membres, mais au contraire leur forte et croissante divergence. Elle a en fait fonctionné comme l’équivalent de l’étalon-or du XIXe siècle et de l’Entre-deux-guerres, provoquant de fortes divergences dans les économies réelles. Le taux de change ne pouvant varier, c’est l’économie réelle, la croissance, l’emploi, les salaires, qui au bout du compte doivent subir une forte volatilité. La queue du chien étant bloquée, c’est le corps du chien qui doit bouger tout entier.
    Enfin, on constate avec le recul que la mondialisation a créé la crise permanente : crise du S.M.E. en 1992, crise mexicaine de 1995, crise asiatique de 1997, crise russe de 1998, éclatement de la bulle Internet en 2000, crise des subprimes en 2007, crise des dettes souveraines en Europe en 2010, crise de l’Inde et du Brésil en 2013, on n’en finit pas de répertorier les perturbations du système économique mondial depuis sa libéralisation au long des années 80 et 90.
    L’éternel retour

    Le chapitre 5, intitulé avec humour « L’éternel retour », référence sans doute à Nietzsche et à Mircea Eliade, est la clé du livre. Son ton bon enfant et léger ne doit pas masquer une certaine profondeur du propos. Quatre idées-forces se dégagent :
    — En premier lieu, les sociétés fonctionnent selon la loi du perpétuel retour du Même, de l’alternance entre phases libérales/mondialistes et phases protectionnistes/nationalistes, en un mouvement pendulaire fonctionnant dans les deux sens, vérifié par l’histoire au moins depuis le XVIe siècle occidental. La société oscille perpétuellement entre tentations et pulsions contraires mais immuables, chaque génération posant ses pas dans ceux d’une génération précédente, aiguillonnée par les mêmes désirs et se heurtant aux mêmes obstacles.
    — En second lieu, l’auteur martèle la sympathique thèse, puissamment anti-marxiste et peut-être aussi anti-libérale, selon laquelle ce n’est pas l’économie qui impose sa loi à la société, mais bien le contraire. L’économie ne fait que suivre. « C’est dans la société que […] naissent les pulsions premières, libertaires ou protectionnistes, mondialistes ou nationalistes. Ces directives impérieuses transforment peu à peu la vie en société et commandent à l’économie en imposant le système de pensée qui la gouverne. Aussi l’économie est-elle tantôt libérale, tantôt dirigiste, en fonction de l’humeur changeante de la société. »
    — En troisième lieu, est exposée la thèse de l’alternance contraire des générations comme moteur des grands cycles et du mouvement de balancier idéologique : les générations se structurent sur la base des maux qu’elles ont sous les yeux, prenant régulièrement le contre-pied de la précédente; chaque cycle se décomposant en deux demi-cycles, l’un montant, l’autre descendant, il faut deux bonnes générations successives pour effectuer une révolution complète, soit environ soixante-dix ans.
    — Enfin, est proposée l’image des deux Sisyphe, l’un libéral, l’autre étatiste, se succédant mécaniquement sans le vouloir ni même le savoir, chacun concentré, plus ou moins aveuglément, à faire remonter sa pierre de son côté. Citons la conclusion, qui tangente, avec des mots simples, la grande sagesse : « L’instabilité que provoquent ces deux géants perpétuellement insatisfaits témoigne d’une difficulté fondamentale de la vie en société, impossible à lever durablement : trouver la juste mesure entre la règle et la liberté, entre le groupe et l’individu. Faute de savoir positionner le curseur à l’endroit idéal, nous voici condamnés à l’errance, au roulis d’un excès à l’autre ». On ne saurait mieux dire.
    Et demain ?

    Les signes de reflux surabondent, avec des négociations commerciales en panne, une O.M.C. en désarroi, des politiques de rééquilibrage brutales et douloureuses dans l’Europe du Sud.
    « Nous sommes à la veille d’un gigantesque retournement idéologique comme il en survient un ou deux par siècle, dont l’ombre portée s’étendra sur les décennies qui viennent. »
    Les signes de ce retournement sont nombreux :
    — Côté argent, la mondialisation financière, la plus sensible à l’air du temps, est en panne, les banques se recentrent sur leurs territoires nationaux respectifs, non seulement en Europe, mais dans le monde entier, et les fusions transfrontalières diminuent.
    — Côté marchandises, le commerce perd sa dynamique de croissance des dernières décennies, le libre-échange, et plus spécifiquement le multilatéralisme sous l’égide de l’O.M.C., donnent des signes de faiblesse, et l’Amérique relocalise ses industries.
    Ce retournement a toutes les chances de s’accentuer dans les années à venir sous l’influence d’un faisceau convergent d’évolutions profondes :
    — le mouvement quasi-universel de désendettement des acteurs économiques diminue le flux international des capitaux et s’accompagne d’un retour au bercail de nombre d’investisseurs,
    — le rééquilibrage en cours des comptes extérieurs de nombre de cigales (U.S.A., Europe du Sud) conduit mécaniquement à réduire les échanges internationaux de biens, de services et d’argent,
    — l’État reprend partout ses prérogatives, notamment en matière de contrôle des fusions internationales d’entreprises et de privatisations,
    — les banques centrales recentrent leurs priorités sur la lutte contre la crise et l’aide aux emprunteurs publics, au risque de l’inflation,
    — la « répression financière » des États et des banques centrales limite la liberté des capitaux à quitter leur pays d’origine et renationalise l’épargne,
    — les mentalités évoluent dans le sens d’une moindre tolérance à l’égard des inégalités, de la fraude fiscale et des paradis fiscaux,
    — les mouvements nationalistes en Europe témoignent du désir de frontière allant parfois jusqu’à la remise en cause du rêve européen et de l’espace unique.
    Vers un protectionnisme européen intelligent
    La troisième partie du livre est intitulée « Le protectionnisme, une solution ? ». Après une remarque liminaire sur le caractère quasi-dogmatique du libre-échange dans les élites nées du Baby Boom, elle commence au contraire par démonter une à une trois objections classiques faites au protectionnisme :
    — « Le protectionnisme crée des rentes injustifiées » : exact, mais le libre-échange a aussi ses rentiers et parasites, notamment les financiers, payés de façon absurde pour une activité qui n’a aucune utilité sociale,
    — « Le protectionnisme déclenche les crises économiques » : argument aussi discutable que répandu; en réalité, le protectionnisme n’a pas été une cause de la crise de 1929, il l’a au contraire en partie soignée. On constate au contraire un certain effet curatif du protectionnisme en certaines situations historiques. En réalité, ça n’est pas le commerce qui crée la croissance, mais exactement le contraire. De plus, ce sont les pays les moins dépendants des flux de capital international qui ont connu la croissance la plus forte.
    — « Avec le protectionnisme, la Chine ne se serait jamais développée » : la réponse est foudroyante : « si c’est bien le libre-échange qui a favorisé la croissance chinoise, il s’agit de notre libre-échange, pas du sien ». Au contraire, la Chine a, avec constance, et malgré son adhésion en 2001 à l’O.M.C., pratiqué la dissymétrie de l’ouverture, l’arnaque d’un taux de change sous-évalué sous contrôle, la copie voire le vol à large échelle de technologie, l’ignorance de la propriété intellectuelle, bref une politique industrielle multisectorielle privilégiant l’intérêt national à tout instant et en toutes circonstances.
    Suit un paragraphe intitulé « Conversion d’un libéral », qui est un bilan personnel, honnête, nuancé et mesuré des avantages et inconvénients respectifs du libre-échange et du protectionnisme. Il ne peut en être autrement de la part d’un libéral, en raison des liens constitutifs entre mondialisation et libéralisme économique. La conclusion est la suivante : « Du strict point de vue économique, le libre-échange commercial n’offre pas d’avantage significatif par rapport au protectionnisme […] dans ce système, c’est sur la société que sont reportés tous les efforts d’ajustement : mobilité, flexibilité, baisse des salaires. La mondialisation consacre la domination des mobiles sur les immobiles, des forts sur les faibles, des gros contre les puissants […]. Aujourd’hui, l’époque n’est plus au libre-échange, et pas davantage à la mondialisation financière. Cette époque est révolue. » C’est beau comme du Attali, mais c’est le contraire d’Attali.
    Trois enjeux pour une protection
    Il faut bien comprendre que la mondialisation a partie liée avec les détenteurs de capital, au détriment de plus en plus évident des classes populaires et moyennes, et que les groupes pénalisés par la vague libérale (producteurs, salariés, classes moyennes et populaires, emprunteurs) ont vocation, avec l’alternance, à prendre leur revanche sur les gagnants (riches, financiers et juristes, consommateurs). Dès lors, l’enjeu d’un protectionnisme moderne et tempéré est triple :
    — sauver les classes moyennes, groupe social clé pour la stabilité et la prospérité de nos sociétés, en remusclant l’industrie, monde non seulement plus stratégique, mais également plus égalitaire que celui des services,
    — rétablir la demande finale en faisant monter les salaires, précisément de l’industrie, au détriment de l’actionnaire et du consommateur,
    — laisser filer une inflation de l’ordre de 3 à 4 % par an pour rééquilibrer les échanges entre producteurs et consommateurs, et pour réduire la dette à travers « une faillite partielle, discrète et libératrice ».
    En pratique
    Le dernier chapitre du livre, assez modeste (vingt pages), contient un certain nombre de recommandations pratiques. Comme pour le livre précédent sur la crise, on remarque immédiatement un hiatus considérable entre l’audace des préliminaires et la prudence des recommandations finales. Il faut y voir la cœxistence chez l’auteur d’un brillant intellectuel et d’un économiste libéral conscient et responsable, ce qui est tout à son honneur !
    On retiendra ce qui suit :

    — Un relèvement sélectif des droits de douane en fonction des produits et des pays s’impose.
    — Même au sein de l’Union européenne, le marché unique du travail doit être amendé; à tout le moins, il conviendrait de prolonger et renforcer la période de transition qui protège certains secteurs, le temps du rattrapage des salaires.
    — Une grande prudence, voire de la circonspection, s’impose sur le projet de traité de libre-échange U.E. – États-Unis, notamment en raison du différentiel de prix de l’énergie lié au gaz de schiste.
    — Une politique industrielle européenne est nécessaire, avec élevage de champions nationaux et européens, mais avec prudence et doigté, liés à la plus extrême méfiance envers l’État comme acteur économique incompétent.
    — Redomestication (et non renationalisation) de l’industrie bancaire, c’est-à-dire son confinement plus strict dans les limites de la nation. Il s’agit là d’une position de repli, à défaut de réforme en profondeur de la finance mondiale auquel l’auteur ne croit guère. Elle implique : le rétablissement partiel du contrôle international des capitaux, y compris à l’intérieur du Marché Unique européen le temps que s’échafaude l’union bancaire « si jamais elle doit sortir des limbes », le rétablissement rigoureux de la séparation des activités de dépôts et d’investissement comme avant 1990, et le rétablissement des contrôles des flux financiers aux frontières.
    Dans les toutes dernières pages, l’auteur précise, ce dont nous lui saurons gré, que « le bon périmètre de protection est donc l’Europe, plutôt que la nation » et qu’il « ne s’agit pas de refermer l’Europe, mais de trouver le bon équilibre entre le marché et la règle, entre l’ouverture et la protection », dans l’esprit du compromis de Bretton Woods.
    En conclusion

    Ce livre reprend sous une autre forme le thème, très présent dans le précédent opus, de la lutte inégale et injuste du capital contre le travail, des vieux contre la jeunesse, de la finance contre l’économie réelle. Le retour du protectionnisme est une revanche de la classe moyenne vertueuse sur une petite classe dirigeante mondialisée qui a poussé le bouchon un peu trop loin.
    François Lenglet est un esprit libre, l’un des nôtres. Sa vision des cycles de vie des sociétés à elle seule mérite notre adhésion : « Le neuf naît dans le vieux, il s’y loge de façon subreptice. Mais ce neuf lui-même n’est jamais que le retour du plus vieux que le vieux. Dans un cycle, la révolution ressuscite inlassablement les idées qu’on croyait mortes ». Il a du caractère, sans démagogie. Ses diagnostics sont aussi tranchés et sévères que ses propositions sont mesurées, prudentes, nuancées. Sa dénonciation des méfaits de la phase libérale qui s’achève est vive et sincère, mais potentiellement réversible. Le livre est tout sauf manichéen : vus de haut, les cycles contradictoires se succèdent naturellement, unis par une complicité qui transcende les oppositions superficielles. Les deux systèmes ont leurs qualités et leurs défauts, tous deux génèrent leurs rentiers et leurs poisons. Aujourd’hui, c’est le tour du protectionnisme, et c’est tant mieux; demain, ce sera l’inverse, et tant mieux aussi. Ainsi va le monde, rien de nouveau sous le soleil.
    Bref, on y verra la juxtaposition d’un tempérament vif, d’un sens de la longue durée et d’une honnêteté sans faille, servie par une compétence technique hors de portée du journaliste ou du politicien moyens. Comme suite au « trilemme de Rodrik » dont il a été question plus haut, je propose le « quadrilemme de Lenglet » : peut-on être à la fois compétent, convaincu, énergique, et honnête ? Pas simple. On n’est donc pas surpris de trouver énormément de gêne et de contradictions dans les remèdes proposés, par exemple sur la nécessité d’une politique industrielle sans État !
    Sur le fond, ce point de vue qu’on peut qualifier de « libéral-protectionniste » pourrait servir de référence à une droite européenne et française de conviction, pour deux raisons :
    — si l’on s’en tient à l’économie, un homme de droite de conviction ne va pas spontanément vers le protectionnisme, qui souvent traduit un réflexe de défense et une mentalité défaitiste. Il ne s’y rallie que comme solution provisoire en vue d’une offensive ultérieure, vision proche de celle de l’auteur. Il s’y rallie au fond pour des raisons plus hautes, non économiques : le protectionnisme comme condition de l’identité,
    — il faut bien réaliser que les propositions de l’auteur, assez raisonnables en théorie, sont extrêmement audacieuses en pratique, et bien plus radicales que celles d’aucun parti institutionnel. Seul grand regret, à titre personnel : l’absence de grand souffle européen.
    Jacques Delimoges http://www.voxnr.com/cc/d_usa/EFlZpkkFlZxfaDxtYF.shtml

    Notes :

    François Lenglet, La fin de la mondialisation, Fayard, coll. « Documents », 2013, 264 p., 15 €.

  • L’Afrique européenne est morte

    Tribune de Manuel Gomez
    La France en tout premier lieu et les Européens en général n’ont jamais rien compris à l’Afrique… et continuent à n’y rien comprendre ! Sans tenir aucun compte des ethnies qui peuplaient ce continent, les différentes nations colonisatrices ont créé des pays en imposant des frontières : soit naturelles (fleuves, forêts, déserts, etc.), soit géopolitiques.
    Ethnies totalement antagonistes mais que seule la présence coloniale pouvait fédérer dans une union provisoirement réelle : AOF et AEF. En 1960, à l’indépendance du Soudan Français devenu MALI, une requête avait été adressée à De Gaulle afin de le mettre en garde contre des décisions qui faisaient fi de la vie des nouveaux indépendants : « Puisque vous quittez le pays rendez-nous notre bien puisque vous nous l’avez arraché. Nous ne voulons pas que les Noirs ni les Arabes nous dictent leurs lois. Nous, les Touaregs, nous voulons nous diriger nous-mêmes. » D’entrée les Touaregs maliens prévenaient qu’ils n’accepteraient aucune autorité imposée par la force ou la politique. Mais comme il en était coutumier, De Gaulle n’a tenu aucun compte de ces avertissements et nous en payons aujourd’hui les conséquences.
    Résultat de ces erreurs :
         – Des centaines de milliers de morts ;
        – Une exploitation à tout va des matières premières situées en sous-sol ou en hors-sol en récoltant tous les bénéfices sans en réinvestir une partie importante dans le développement industriel.
    À l’indépendance ce sont des sociétés privées internationales qui ont poursuivi  l’exploitation de ces richesses naturelles en retirant davantage de bénéfices mais en n’investissant plus. La colonisation a aussi christianisé en apportant la bonne parole et les secours de l’Église. Depuis, la porte est restée largement ouverte à l’islam et à sa religion totalitaire, la charia, imposée par le sabre et par le sang et ainsi le pouvoir a changé de main. L’Afrique paye très cher cette mutation profonde et aujourd’hui elle appelle au secours ! L’instabilité règne du Sénégal au Soudan en passant par la Côte d’Ivoire, le Niger, le Nigeria, le Tchad et actuellement le Mali (car c’est loin d’être terminé) et le Centre-Afrique. Aucune stabilité n’est envisageable sans un redécoupage politique respectueux des frontières ethniques. Les Arabo-berbères n’accepteront jamais une domination négroïde sur des territoires qui furent durant des siècles les leurs pour effectuer des razzias et se fournir en esclaves. Il est plus qu’illusoire d’imaginer un seul instant, en Afrique, une cohabitation pacifique entre Blancs et Noirs, entre islamisés et christianisés. Comment veut-on parvenir à mettre en place une armée africaine supra-nationale quand l’Europe elle-même n’a pas réussi à la réaliser ? Chaque nation africaine a une armée pour défendre son propre territoire et, le cas échéant, attaquer celui des autres. Jamais une armée totalement indépendante n’assurera la sécurité de l’ensemble des pays africains. Dès 2012 une partie de l’armée malienne formée par les USA s’est immédiatement ralliée aux rebelles nordistes et ce par solidarité ethnique. L’Europe et plus particulièrement la France veulent croire que des élections démocratiques, à la mode occidentale, régleront tous les problèmes une fois la stabilité retrouvée. Ou du moins « on veut nous le faire croire » car nos gouvernants savent parfaitement qu’il s’agit là d’un alibi pour justifier des interventions dont la finalité est toujours inspirée par des intérêts économiques.
    Manuel Gomez, 12/12/2013
    Manuel Gomez est journaliste professionnel à la retraite (La Dépêche d’Algérie – L’Aurore-Paris et Le Méridional-Marseille), aujourd’hui écrivain – 14 livres publiés.
    http://www.polemia.com/lafrique-europeenne-est-morte/

  • Memorandum d’anciens du renseignement à Obama : ” La Syrie est-elle un piège ?”

    MEMORANDUM FOR: Le Président – Sept. 2013

    FROM: Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS)

    SUBJECT: La Syrie est-elle un piège ? (Is Syria a Trap?)

    Priorité : IMMÉDIATE

    Nous sommes au regret de vous informer que certains anciens collègues nous disent avec certitude que, contrairement aux déclarations de votre administration, les sources les plus fiables attestent que Bashar al-Assad n’est pas responsable de l’incident chimique du 21 août qui a tué et blessé des civils syriens, et les services secrets Britanniques le savent également. En écrivant ce bref rapport, nous préférons penser que vous n’avez pas été totalement informé car vos conseillers ont préféré vous ménager la possibilité future de nier – couramment désignée comme “le déni plausible”.

    Nous avons déjà connu cette situation – avec le Président George W; Bush, à qui nous avions adressé notre premier memo VIPS juste après la déclaration de Colin Powell le 5 février 2003 dans son discours aux Nations Unies, dans lequel il avait colporté de faux renseignements pour justifier l’attaque contre l’Irak. Par la suite, aussi, nous avons préféré accorder au Président Bush le bénéfice du doute, pensant qu’il avait été trompé ou à tout le moins très mal conseillé.

    La nature frauduleuse du discours de Powell était évidente. C’est pourquoi, l’après-midi même, nous avions fortement recommandé à votre prédécesseur “d’élargir la discussion au-delà [...] du cercle des conseillers clairement partisans d’une guerre dont nous ne voyions pas de raisons valables, et dont les conséquences seraient, d’après nous, catastrophiques.” Nous donnons le même conseil aujourd’hui.

    Nos sources confirment qu’un incident d’origine chimique a fait des victimes, morts et blessés, le 21 août, dans la banlieue de Damas.

    Nos sources insistent, cependant, sur le fait que cet incident n’était pas le résultat d’une attaque de la part de l’armée syrienne utilisant des armes chimiques de classe militaire provenant de son arsenal. C’est le fait le plus marquant, d’après un officier de la CIA qui travaille sur le dossier syrien. Elles nous expliquent que le directeur de la CIA John Brennan est en train de tromper les membres du Congrès, les médias, le public, et peut-être même vous, avec une supercherie du même type que celle qui a été utilisée avant la guerre en Irak.

     

    Nous avons observé de près John Brennan pendant ces dernières années, et, malheureusement, nous n’avons aucun mal à croire ce que disent nos ex-collègues. Ce qui est encore plus malheureux, c’est que ce sentiment est encore plus prononcé chez ceux qui ont collaboré plus étroitement avec lui ; nous ne lui portons aucun crédit. Et c’est aussi le cas de son patron, James Clapper, directeur de la National Intelligence, qui a admis qu’il avait fait des déclarations sous serment “clairement erronées” au Congrès, niant que la NSA espionnait les Américains.

    Synthèse des services secrets ou manoeuvre politique ?

    Il nous paraît étrange que le Secrétaire d’état John Kerry ait – cette semaine dans un témoignage devant le Congrès – évoqué le nom de Clapper dans une tentative pour renforcer la crédibilité du document de 4 pages intitulé : “Évaluations du gouvernement”. D’autant plus que, pour une mystérieuse raison, c’est la Maison Blanche et non Clapper qui a publié cette “évaluation”.

    La ficelle est grosse. Nous savons comment cela se passe. Bien que L’”Évaluation du gouvernement” soit vendue aux médias comme une “Synthèse des services de renseignement”, c’est un document politique, et non pas des services de renseignement. Non seulement, les rédacteurs ont évité de présenter les détails essentiels, mais ils ont même admis d’emblée que, bien qu’ils annoncent une fiabilité élevée, les faits ne sont pas encore confirmés.

    Fraude déjà vue : cela rappelle le fameux compte rendu de Downing street du 23 juillet 2002 sur l’Irak. Le compte rendu de Richard Dearlove, alors patron des services de renseignements Britanniques, déclarant au premier ministre Tony Blair et à d’autres officiels de haut rang que le Président Bush avait décidé d’éliminer Saddam Hussein par une action militaire qui serait justifiée par la conjonction du terrorisme et des armes de destructions massives. Dearlove tenait ces propos du directeur de la CIA George Tenet qu’il avait rencontré au siège de la CIA le 20 juillet.

    La discussion qui s’ensuivit se basa sur le caractère éphémère des preuves, forçant Dearlove à expliquer : “Les renseignements et les faits ont été corrigés en fonction des besoins politiques”. Nous craignons que c’est précisément ce qui se passe avec les renseignements sur la Syrie.

    Les renseignements

    Il y a un nombre croissant de preuves provenant de multiples sources au Moyen Orient, principalement affiliées à l’opposition Syrienne et à ses alliés, appuyant une forte présomption que l’incident chimique du 21 août était une provocation organisée par l’opposition Syrienne avec ses alliés Saoudiens et Turques. Le but allégué est d’avoir créé le type d’incident qui entraînerait les États-Unis dans la guerre.

    Selon certains rapports, des bonbonnes contenant des agents chimiques ont été amenées dans la banlieue de Damas où elles ont été ouvertes. Des personnes dans la proximité immédiate ont été tuées, d’autres blessées.

    Nous ne connaissons aucune preuve solide du fait qu’une roquette à charge chimique ait été tirée dans la zone. En fait, il n’existe à notre connaissance pas de preuve physique fiable permettant de penser qu’il s’agissait d’une frappe d’une unité Syrienne spécialisée dans les armes chimiques.

    De plus, nous avons appris que, les 13 et 14 août 2013, les forces d’oppositions supportées par les occidentaux ont lancé les préparatifs d’une attaque surprise massive.

    Les premières réunions entre les chefs militaires de l’opposition et les officiels du renseignement Qatari, Turcs et Américains ont eu lieu à la garnison turque de Antakya, dans la province de Hatay, qui sert maintenant de QG pour l’Armée libre de Syrie et ses appuis occidentaux.

    Les chefs de l’opposition qui venaient d’Istanbul ont informé les chefs régionaux d’une escalade imminente dans les combats due à un tournant dans la guerre qui, à son tour, amènerait à un bombardement de la Syrie sous l’égide des États-Unis.

    Lors des réunions de coordination à Antakya, avec les responsables du renseignement Turcs, Quatari et américains et les chefs de l’opposition Syrienne, on annonça aux Syriens que les bombardements allaient commencer dans quelques jours.

    On demanda aux leaders de l’opposition de préparer leurs troupes à exploiter rapidement le bombardement américain, marcher sur Damas et déposer le gouvernement de Bashar al-Assad.

    Les officiels du renseignement Qatari et Turc ont assuré les chefs régionaux qu’ils seraient massivement approvisionnés en armes pour l’offensive. Et ils l’ont été.

    Des livraisons d’armes à une échelle jusque là inégalée ont commencé à partir des arsenaux contrôlés par les services de renseignement Qatari et Turc sous surveillance étroite des officiers de renseignement américains.

    Cui bono ? / À qui profite le crime ?

    Il est clair que les différents groupes qui cherchent à renverser Bashar al Assad sont fortement motivés pour que les États-Unis s’impliquent davantage. Jusqu’à présent, il n’est pas aussi clair que le gouvernement Israélien de Netanyahu soit aussi motivé de voir Washington s’impliquer plus avant dans une nouvelle guerre dans la région.

    Mais avec les importantes pressions venant d’Israël et des lobbies américains qui les soutiennent, l’objectif prioritaire d’Israël devient limpide. La journaliste Judi Rudoren, écrivant de Jérusalem dans un article important du New York Times de jeudi, cerne le but d’Israël avec une candeur inhabituelle. Son article intitulé : “Israël est pour une frappe limitée en Syrie” remarque que les Israéliens ont tranquillement fait remarquer que le meilleur résultat de la guerre civile Syrienne qui dure depuis deux ans et demi, était, au moins pour le moment : pas de résultat. Rudoren poursuit : pour Jérusalem, le statu quo, aussi horrible qu’il puisse paraître d’un point de vue humanitaire, est préférable aussi bien à la victoire du gouvernement d’Assad et de ses alliés Iraniens qu’à un renforcement des groupes rebelles qui sont de plus en plus dominés par les djihadistes sunnites.

    “C’est une situation de barrage, dans laquelle vous avez intérêt à ce que les deux camps perdent, ou en tout cas à ce qu’aucun ne l’emporte – nous sommes pour un blocage” à déclaré Alon Pinkas, ancien consul général d’Israël à New York. “Laissons les deux camps se saigner et mourir d’hémorragie : c’est la perspective stratégique. Aussi longtemps que cela dure, il n’y a pas de menace réelle de la part de la Syrie.”

    Nous pensons que c’est ainsi qu’Israël considère actuellement la situation en Syrie, et qu’une implication plus forte des États-Unis – quoique, initialement, par des frappes militaires “limitées” – assurerait qu’il n’y ait pas d’issue rapide au conflit en Syrie. Israël calcule que plus longtemps les sunnites et les chiites s’entre-égorgeront en Syrie et dans la région alentour, plus il sera en sécurité. Le principal allié de la Syrie est l’Iran, avec qui il est lié par un traité de défense mutuelle, et il joue aussi un rôle dans les calculs d’Israël. Les dirigeants iraniens ne sont probablement pas capables d’avoir un grand impact militaire en Syrie, et Israël peut le mettre en évidence pour embarrasser Téhéran.

    Le rôle de l’Iran

    L’Iran peut facilement être blâmé par association et accusé de toute sorte de provocations, réelles ou imaginaires. Certains ont vu la main d’Israël dans l’origine des accusations les plus graves contre Assad en matière d’armes chimiques et notre expérience nous suggère que c’est tout à fait possible.

    Il est aussi possible qu’est une attaque sous un faux pavillon par l’une des parties intéressées aboutissant par exemple au naufrage ou à de graves dommages sur l’un des cinq destroyers qui patrouillent actuellement juste à l’ouest de la Syrie. On pourrait compter sur nos grands médias pour en tirer le meilleur parti et vous vous retrouveriez sous une pression encore accrue pour augmenter l’implication des États-Unis en Syrie – et peut-être au delà contre l’Iran.

    L’Iran s’est joint à ceux qui reprochent aux rebelles syriens l’incident chimique du 21 août, et a rapidement mis en garde les États-Unis contre une implication plus importante. Selon la chaîne anglophone de la télévision iranienne, le ministre des affaires étrangères Mohamed Javid Zarif a déclaré: “La crise syrienne est un piège tendu par les groupes de pression sionistes aux États-Unis.”

    En fait, il n’est peut-être pas si loin de la vérité. Mais nous pensons que vos conseillers devraient se méfier de cet argument. Ainsi, nous estimons qu’il est de notre responsabilité permanente de tenter de vous informer pour faire en sorte que vous et les autres responsables disposiez d’une vision complète de la situation.

    Représailles inévitables

    Nous espérons que vos conseillers vous ont prévenu que les représailles suite à une attaque contre les syriens n’est pas une question d’éventualité : la question est de savoir où et quand. Une riposte est inévitable. Par exemple, des frappes terroristes contre les ambassades et autres installations américaines risquent de faire passer l’incident de la “mission” à Benghazi du 11 septembre 2012 pour une broutille. L’un d’entre nous a abordé cette problématique essentielle il y a une semaine dans un article intitulé “Les conséquences possibles d’une attaque d’une attaque militaire des États-Unis contre la Syrie – Rappel de la destruction de la caserne des Marines à Beyrouth en 1983.

    Pour l’équipe aux commandes, les Professionnels vétérans des services secrets pour le bon sens :

    Thomas Drake, Senior Executive, NSA (former)
    Philip Giraldi, CIA, Operations Officer (ret.)
    Matthew Hoh, former Capt., USMC, Iraq & Foreign Service Officer, Afghanistan
    Larry Johnson, CIA & State Department (ret.)
    W. Patrick Lang, Senior Executive and Defense Intelligence Officer, DIA (ret.)
    David MacMichael, National Intelligence Council (ret.)
    Ray McGovern, former US Army infantry/intelligence officer & CIA analyst (ret.)
    Elizabeth Murray, Deputy National Intelligence Officer for Middle East (ret.)
    Todd Pierce, US Army Judge Advocate General (ret.)
    Sam Provance, former Sgt., US Army, Iraq
    Coleen Rowley, Division Council & Special Agent, FBI (ret.)
    Ann Wright, Col., US Army (ret); Foreign Service Officer (ret.)

    Source : Consortiumnews.com
    Traduction : www.les-crises.fr

    http://fortune.fdesouche.com/322009-memorandum-danciens-du-renseignement-obama-la-syrie-est-elle-un-piege#more-322009

  • South Stream : quels enjeux pour la Serbie ?

    Le 25 janvier 2008, sur un fond de crise économique et de crise politique avec le Kosovo, la Serbie et la Russie signent ensemble un accord intergouvernemental majeur : un partenariat entre l’entreprise nationale du gaz serbe Srbijagas, alors en pleine privatisation, et le géant Gazprom, est scellé. Partenariat ô combien stratégique lorsque l’on se penche sur la crise du gaz qui a eu lieu à peine un an plus tôt en Ukraine, qui a frigorifié la Serbie et qui a de nouveau soulevé le problème de la diversification des voies de transit de l’énergie en Europe.

    Par Tanja Miletic

    Afin de disqualifier l’Ukraine de l’échiquier gazier en Europe, le choix de la Serbie par la Russie est loin d’être un hasard : l’amitié entre les deux pays, et bien plus encore, entre les deux peuples, est séculaire (1).

    Après la rupture du rapprochement effectué entre les Etats-Unis et la Serbie après la guerre, cette dernière s’est de nouveau dirigée vers le « frère russe », et l’année 2013 semble être un millésime pour leurs relations bilatérales : alliance militaire signée en début d’année, adhésion de la Serbie à l’organisation du traité de sécurité collective en tant qu’Etat observateur, injection de millions de dollars dans l’économie serbe par la Russie…

     

    Certains parlent de soumission de la Serbie vis-à-vis de la Russie : l’entreprise nationale de l’énergie, NIS (2), a cédé 51% de ses parts à un prix dérisoire (400 millions d’euros). La société South Stream Srbija est créée pour l’occasion, où l’on peut observer que là encore, la Russie est l’actionnaire majoritaire. Soumission dites-vous ? Il semblerait qu’en réalité, appuyée par son allié russe, la Serbie mène un habile jeu de redressement économique du pays, tout en se créant une nouvelle position stratégique dans la région, quinze ans après une guerre qui en avait fait l’ennemi de l’Europe.

    South Stream, un projet d’intérêt national

    Avec plus de 400km de gazoduc prévue sur son territoire, la Serbie s’assure une sécurité énergétique, notamment grâce au réservoir souterrain de Banatski Dvor, capable de contenir au minimum 300 millions de mètres cubes de gaz (3) (certaines sources locales parlent de plusieurs réservoirs pouvant contenir en tout 800 millions de mètres cubes (4)…). La consommation annuelle de la Serbie en gaz est d’environ 2,4 milliards de mètres cubes. La rénovation de ce réservoir sera en partie prise en charge par la société Gazprom. Auparavant, la Serbie n’avait qu’une seule voie d’acheminement du gaz : les livraisons arrivaient par camion d’Ukraine via la Hongrie. En plus des revenus classiques engendrés par le passage d’un gazoduc sur son territoire et les milliers de créations d’emplois qui en découlent, la Serbie a engagé toute une politique de redressement économique tournant autour de cette énergie. Grâce  au gaz, la Serbie compte remettre en route ses vieilles industries bientôt rénovées : pétrochimie (5), usines de traitement du gaz, centrales thermoélectriques, industries métallurgiques… Les revenus dégagés par ces industries permettent au petit pays d’envisager des projets d’envergure, comme la remise en état du chemin de fer (qui sera faite grâce à des investissements russes), étape nécessaire pour l’optimisation des investissements étrangers dans le pays. La Russie s’intéresse également de près au charbon serbe, ainsi qu’aux huiles de schiste de la région d’Aleksinac…
    D’un point de vue politique, on peut s’attendre à un certain accroissement de la prospérité dans le nord de la Serbie, la Voïvodine, territoire clef du projet South Stream dans la mesure où c’est en Voïvodine que se trouve le réservoir de Banatski Dvor. Ceci permettra à la Serbie d’avoir un nouvel atout afin de calmer les pressions indépendantistes de cette région.

    Un renforcement de la position stratégique du pays dans la région

    Avec le projet South Stream, la Serbie a l’ambition de devenir la plaque tournant de l’énergie d’ici à 2016, la mise en service du gazoduc étant prévue pour 2015. En effet, des raccordements vont être construits afin d’alimenter la Croatie et la Republika-Srpska en Bosnie –Herzégovine. Dans une perspective régionale, le réservoir de Banatski Dvor acquiert une importance fondamentale. A plus long terme, la Macédoine et la Grèce seront également fournies en gaz russe via la Serbie. Mais outre le gaz, et comme dit précédemment, l’électricité et le pétrole seront également concernés. Les faibles coûts du gaz dont bénéficiera la Serbie, ainsi que les forts investissements russes dans les infrastructures énergétiques, permettront à terme à la Serbie de devenir un important exportateur d’énergie dans la région : le gaz mais aussi l’électricité seront concernés. Parallèlement, la Serbie mène une politique d’ouverture du pays aux capitaux étrangers : depuis peu, les visas ne sont plus nécessaires pour sortir du pays, et les législations douanières s’allègent. La Serbie s’inscrit donc dans une politique globale de redressement, dont l’énergie sera le principal moteur.
    La politique extérieure de la Serbie en sera sans aucun doute impactée : les tensions existent toujours dans la région, notamment avec le Kosovo, l’Albanie, et dans une moindre mesure la Bosnie. Une Serbie forte, appuyée par le géant russe, n’en sera que plus influente dans la région, et saura faire prévaloir ses intérêts.

    Un nouvel interlocuteur de taille pour l’Europe ?

    On peut se demander si la Serbie, en se faisant le paladin de de la Russie dans la région, ne risque pas de s’aliéner les efforts réalisés auprès de l’Union Européenne en vue d’une adhésion. En réalité, la Serbie mène une double stratégie envers ces deux protagonistes, et elle affiche publiquement qu’une étroite collaboration avec la Russie n’entre pas en contradiction avec ses projets d’adhésion de l’UE. Concrètement, la Serbie est très prudente sur sa communication avec les interlocuteurs européens. La presse locale est chaque jour inondée des thématiques liées au processus d’adhésion à l’union européenne, et les récents efforts vis-à-vis du Kosovo vont dans ce sens. De plus, la Serbie ne s’est pas opposée à une éventuelle participation au projet Nabucco, qui se veut être le projet de pipeline concurrent de South Stream. Cette stratégie est loin de mécontenter les Russes, bien au contraire : à long terme, une Serbie dans l’Union et alliée de la Russie peut s’avérer être un partenaire idéal afin de faire pression sur les institutions européennes. Nous observons déjà un phénomène de ce type en Bulgarie (6). La Serbie peut également compter sur de solides amitiés de pays européens, notamment avec l’Italie qui participe au projet South Stream: les relations entre les deux pays se sont améliorées ces dernières années, grâce à d’importants partenariats économiques (7) ; et l’énergie tient dans ce partenariat une place particulière. La société Edison prévoit de construire une centrale électrique dans le district de Kolubara, et la société Secco construira, en partenariat avec la Serbie, plusieurs centrales hydroélectriques le long de la rivière Ibar, tout en souhaitant investir dans les énergies renouvelables en Serbie.
    Le gazoduc South Stream renforce donc l’importance de la Serbie vis-à-vis de l’Europe, compte tenu de l’importance régionale qu’elle aura une fois le gazoduc mis en service. Cependant, il semble peu probable que la Serbie se serve du gazoduc comme moyen de pression, comme a pu le faire l’Ukraine par exemple. Si la Russie contourne soigneusement l’Ukraine pour passer par un pays plus conciliant, c’est précisément afin éviter la répétition de ce type problème. De plus, Gazprom entretient plusieurs partenariats avec des sociétés européennes pour la partie offshore du pipeline : Gazprom est l’investisseur principal avec 50%, l’italien ENI possède 20% des parts, l’allemand Wintershall 15%, et le français EDF 15% également. Cette participation offre une relative marge de manœuvre aux sociétés européennes, sans pour autant conférer un pouvoir de décision majeur. Il n’est ni dans l’intérêt de la Serbie, ni dans celui de la Russie, dont l’Europe est le principal client, de songer à une éventuelle coupure de gaz comme moyen de pression : c’est une action trop brutale qui peut s’avérer contre-productive. L’intérêt géopolitique du gazoduc en lui-même est donc à relativiser de ce point de vue.

    Conclusion

    D’un point de vue économique et politique, le gazoduc South Stream va indéniablement permettre à la Serbie d’avoir un regain de compétitivité significatif tout en lui conférant une crédibilité accrue dans la région. La position déjà stratégique de la Serbie au cœur des Balkans s’en verra également renforcée : elle pourra à terme devenir le moteur économique de la région, tout en ayant un rôle politique significatif. Sa volonté d’intégrer l’union européenne sera mieux prise au sérieux en étant la plaque tournante de l’énergie au sud-est de l’Europe, précisément au moment où le projet Nabucco a de plus en plus de mal à se concrétiser.

     

    1 Tant d’un point de vue culturel, que religieux, et linguistique

    2 Nafta Industria Srbija.

    3 Cela constitue environ trois jours de la consommation de gaz d’un pays comme la France.

    4 La Source en question est le quotidien serbe Politika, réputé sérieux. Mais il n’y a aucune mention de ce type sur le site officiel de South Stream.

    5 La société serbe Petrohemija est reprise en main par la société russe Lukoil.

    6 La Russie s’appuie sur Sofia pour demander une exception à la règle de l’accès des tiers aux réseaux de transport d’énergie dans l’Union Européenne

    7 Pensons à l’implantation de l’usine Fiat à Kragujevac

    infoguerre.fr

  • Le projet européiste de Nouvelle Donne : une Europe « sociale », un gouvernement européen, un impôt européen

    Oui, vous avez bien lu, c’est ça la « Nouvelle Donne ».

    Un enième avatar de la construction « alter-européiste ».

    Cette construction d’une « autre Europe » justifiée par les politiques de tous bords, du NPA au FN en passant par les fédéralistes européens.

    Il faut dire que la solution est simple, partagée par tous, pour ne pas dire dogmatique : il faut que l’on passe par là pour s’en sortir. L’EUROPE !

    Que l’on veuille une société de gauche, de droite, du centre, c’est l’Europe qui va nous permettre d’appliquer notre programme.

    Comment ?

    On verra plus tard comment, on « négociera ».

    Voyons plutôt : http://www.nouvelledonne.fr/wp-content/uploads/2013/11/Nos20propositions_NouvelleDonne.pdf

    « Après plus de 20 ans d’attente, après 5 ans de crise aiguë, la négociation sur les Traités reprend. Allons-nous rater une fois de plus l’occasion qui s’offre à nous ? Repousser à plus tard l’acte de naissance d’une Europe politique serait un drame historique. C’est cette année qu’il faut envoyer à tous les citoyens d’Europe un signal très fort : l’Europe muselée, c’est fini. L’Europe des lobbies, c’est fini. L’Europe démocratique, ça commence »

    Tout le monde peut décréter ce qu’il veut et se faire son monde imaginaire. Le seul souci, c’est que quand on se déclare porteurs d’un message politique à faire passer à 500 millions de personnes, que l’on se présente à une élection européenne, il faut expliquer comment parvenir à cette « Europe démocratique ».

    À priori, ce n’est pas en parlant de l’échelon national, de l’euro, du TSCG, du TFUE, du TUE, de la genèse de cette Europe que Nouvelle Donne critique… Non c’est hors sujet quand on parle de l’Europe. Ca c’est l’ancien monde, que « Nouvelle Donne » rejette, puisqu’ils sont nouveaux, sans doute. Logique.

    Je note que les mots « France », « français » sont cités 7 fois, et que les mots « Europe », « Européen », « européenne » 47 fois.

    Ce parti s’adresse donc au continent entier. À tous les lobbyistes, des milliards d’euros en poche prêts à être distribués, aux actionnaires, aux hedge funds, aux forces étrangères pro-UE qui sont très satisfaites du TAFTA et autres article 63 du TFUE

     Ils en tremblent d’avance !

    Une terreur inspirée par l’ombre de la terrible Margaret Thatcher…

    Comment !!? De quoi me parlez-vous me direz-vous !

    Ah, il faut vous expliquer…

    Un autre extrait :

    « Il est fondamental que la France et l’ensemble des progressistes européens agissent ensemble, avec force, pour imposer un traité social dans la négociation.

    Il n’y aura pas d’Europe forte sans soutien des opinions publiques : pas d’Europe politique sans Europe sociale.  »Peine perdue… Les autres ne voudront pas nous suivre » C’est ce qu’on entend quand on se retrouve face à un blasé pessimiste. Pourtant la volonté est une force entraînante. Souvenez-vous : entre 1981 et 1984, la construction européenne fut retardée par une dame, Margaret Thatcher, qui exprimait très fortement ses priorités. « I want my money back (rendez-moi mon argent) » dit-elle en tapant du poing sur la table jusqu’à obtenir gain de cause.

    En 2014, pourquoi les citoyens ne diraient-ils pas, avec autant de force, quelles sont leurs priorités ? We want democracy ! We want social progress ! « Nous voulons la démocratie. Nous exigeons le progrès social » !

    Faut-il appeler cela le « Thatcherisme social » ?

    Une idée qui a de quoi nous faire passer du statut de « blasé pessimiste« , à un éblouissement d’espoir et d’optimisme quand on est de gauche, c’est sûr. Ou de nous faire rire. Très très fort.

    « Nouvelle Donne », le nouveau parti de gauche qui s’inspire de la volonté de Thatcher. Au moins c’est clair !

    Il faut m’expliquer aussi par quel miracle, dans la même phrase, nous passons de « citoyens » à personnes qui « veulent la démocratie » ? Un citoyen demande-t-il la démocratie, ou l’a-t-il déjà ?

    Sommes-nous des citoyens ou des sujets  ?

     Akira Aubert

    #AutreEurope : https://www.facebook.com/AutreEurope 

    http://francelibre.tumblr.com/post/70026457226/le-projet-europeiste-de-nouvelle-donne-une-europe#.Uq71nY2XVXY

  • Les attentats de Mandela

    Voici un bilan de l’organisation terroriste Umkhonto we Sizwe (la branche militaire de l’ANC), dirigée par Mandela, pour les seules années 80.


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    http://www.contre-info.com/

  • Centrafrique : l’étrange comptabilité de François Hollande

    Le chef de l’Etat prétend que l’opération Sangaris ne coûtera rien à la France

    (Article paru dans L’Opinion lundi/mardi)

    L’opération militaire en Centrafrique « ne devrait rien coûter à la France », a assuré le président de la République, lors de son entretien samedi avec TV5, France 24 et RFI.

    Largement reprise dans la presse, cette déclaration est, pour l’heure, sans aucun fondement. C’est un simple voeu pieux. François Hollande croit, ou feint de croire, que nos partenaires européens vont régler la totalité de la facture de l’opération Sangaris. « Nous avons un Conseil européen le 19 et 20 décembre qui doit traiter de l’Europe de la défense. Je dirai à nos partenaires qu’il nous faut constituer un fonds financier qui permettrait de couvrir ces opérations », a-t-il expliqué.

    Si les Vingt-huit acceptaient cette proposition française, ce serait une première et une évolution considérable de la politique étrangère et de sécurité commune. On n’y est pas. D’autant que l’opération franco-africaine n’a fait l’objet d’aucune décision de l’Union européenne et qu’elle devrait donc être validée a posteriori... Selon nos informations, Paris n’a pas formellement sollicité ses partenaires européens pour participer à l’opération Sangaris et ils n’en ont été officiellement informés à Bruxelles que le 28 novembre. [...]

    La suite sur Secret Défense

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Centrafrique-l-etrange

  • Vive l'Ukraine libre

    Chaque jour qui passe, dans la crise ukrainienne, doit nous confirmer et nous renforcer dans plusieurs certitudes.

    Ce 13 décembre, au moment de boucler cette chronique, rédigée sur plusieurs jours, la situation recèle plusieurs possibilités d'évolution, hélas très contrastées entre le pire et le meilleur.

    Une chose au moins ne doit pas nous tromper. Ce pays tout entier se trouve devant un choix parfaitement clair. Celui-ci oppose d'une part un accord de libre-échange avec l'Union européenne et d'autre part la réintégration, que Moscou voudrait imposer, dans son bloc protectionniste d'un autre âge. Le pouvoir post-soviétique le qualifie d'Union douanière. Les Ukrainiens s'y retrouveraient prisonniers en compagnie de la Biélorussie et du Kazakhstan.

    On doit avant tout, à cet égard, se méfier de l'assertion des faux-lettrés parisiens. À les entendre, il existerait deux zones d'influence, l'une "polonaise", l'autre "russe". Cette division nous est présentée en quelque sorte comme naturelle, culturelle ou historique. En mélangeant de la sorte les genres vagues, on se dispense de réfléchir et on se prépare donc à demeurer inerte et à tout accepter. Cette façon de voir, ou plutôt de refuser d'ouvrir les yeux était encore scandaleusement proposée ce 13 décembre par un Luc Ferry. Soulignons que l'ancien ministre chiraquien intervient officiellement à l'antenne "en tant qu’expert politique"(1)⇓

    Réfléchissons au fait que ce schéma de dissection des pays pourrait s'appliquer aux 192 États qui composent les Nations-Unies.

    Commençons par celui dans lequel nous vivons. Qui pourrait nier par exemple que Lille, capitale de la Flandre française entretient des relations avec la Belgique, que le duché de Normandie figure encore dans la titulature de la reine d'Angleterre, que Strasbourg appartient à la culture historique germanique, que Perpignan semble un faubourg de Barcelone, que l'architecture de Nice annonce celle de la Ligurie italienne etc.

    On ne rassemblera pas les peuples européens si l'on s'essaye à rectifier les frontières. Nous devons estomper progressivement et patiemment les cicatrices territoriales de nos séparations résultant des accidents de l'Histoire au sein de l'ancienne Respublica christiana que nous appelons l'Europe, mais nous ne les redessinerons plus. On s'est combattu entre Européens lors des catastrophiques, héroïques mais monstrueuses guerres du XXe siècle. Cette sinistre époque post-jacobine est close depuis le discours de Robert Schuman du 9 mai 1950.

    Folie que de chercher à revenir en arrière.

    Folie, deuxième constatation, qui ne semble pas exempte des arrières-pensées archaïques des dirigeants moscovites.

    Contrairement aux autres Européens ceux-ci théorisent un prétendu droit de regard sur ce qu'ils appellent "l'étranger proche".

    S'agissant de l'Ukraine, dont les limites actuelles ont été dessinées par le Kremlin, cette attitude semble d'autant plus insupportable et même obscène que ce malheureux pays a été particulièrement éprouvé par l'Histoire criminelle et misérable du régime soviétique, depuis la tentative de son anéantissement par la famine de 1929 à 1933 (2)⇓, par l'aveuglement et l'incurie entre 1939 et 1941 de Staline allié de Hitler (3)⇓ et même jusqu'au terrible drame de Tchernobyl horrible témoignage de l'arrogante incompétence communiste. L'allégeance des Cosaques aux empereurs russes du XVIIe siècle ne crée évidemment aucune obligation de servitude pour l'avenir et ne confère aucun droit pour les héritiers du pouvoir soviétique.

    Une réalité devrait sauter aux yeux de tout Français épris de Liberté : le régime mafieux dominé par les oligarques de Donetsk entourant Ianoukovitch se préparait clairement à trahir son peuple. Adossé au très cynique voisin moscovite il piétine de toute évidence l'aspiration de cette nation, laquelle fait partie de la famille européenne et le proclame.

    Ce désir va bien au-delà des institutions de l'Union européenne, bien au-delà de l'économie. Il est salué en Europe, à l'unique exception des sous-bureaucrates de Paris, et de leurs valets médiatiques, qui semblent s'appliquer à répercuter des consignes de molle indifférence.

    Par l'effet d'un contraste saisissant, les gens qu'on entend tous les jours vilipender, méritent ici qu'on leur rende un hommage d'autant plus sincère que nous n'y avions guère été habitués.

    Un José Manuel Barroso président de la Commission européenne, si souvent accusé d'insignifiance, a ainsi osé proclamer de façon très nette que "le temps de la souveraineté limitée est fini.(4)⇓

    Une Viviane Reding vice-présidente luxembourgeoise de la Commission annonce clairement qu'elle refuse d'avaliser la situation et qu'elle annule sa présence annoncée aux jeux d'hiver de Sotchi.

    Un Guido Westerwelle ministre allemand des Affaires étrangères s'est rendu à Kiev saluer les manifestants de la place Maïdan, à la grande irritation de ses homologues moscovites.

    Mais alors pourquoi notre glorieux Fabius, conseillé, documenté, surinformé par l'armada de nos diplomates technocrates du Quai d'Orsay, a-t-il adopté son actuelle et louvoyante ligne de conduite ? Pourquoi appelle-t-il "les parties" "à la retenue et au dialogue" ? Se souvient-il de son propre jugement à l'époque de la visite de Jaruzelski à Paris en 1985 ? Pourquoi ce report de la visite à Paris de l'opposant Vitaly Klitchko ? Faut-il y voir la trace d'un fil à la patte, – trace si visible dans le cas, malheureusement trop clair, des enfants perdus d'une certaine droite, à plat ventre devant le nouvel objet de leur servitude volontaire ?

    La "Fédération" de Russie ne détient en effet aucun droit d'État en tant qu'ancienne puissance impériale sur le destin de ses voisins.

    Certes il existera toujours des liens entre les deux peuples : et la nation russe pourrait, et donc devrait commencer par reconnaître tout ce qu'elle doit elle-même culturellement aux influences venues de Kiev.

    Elle pourrait ainsi savoir d'où vient sa propre religion. Certains propagandistes ignares et cyniques s'époumonent à l'instrumentaliser aujourd'hui. Il la caricaturent et en déforment la relation à l'État, si mal comprise en occident. Car, malheureusement au cours de l'Histoire, le pouvoir moscovite a, de nombreuses fois, opprimé l'orthodoxie, quand il ne l'a pas dénaturée comme au XVIe siècle sous le règne d'Ivan le Terrible. Après l'époque de l'empire chrétien, sous les premiers Romanoff, ceux du XVIIe siècle, la réforme moderniste de Pierre le Grand en 1723 inaugure pour le XVIIIe siècle, l'époque du "despotisme éclairé" qui la soumet à son administration, en l'assujettissant au contrôle étatique d'un procureur du saint-synode (5)⇓ avant de chercher à la détruire sous Lénine, Staline et Khrouchtchev.

    Que les communistes aient piteusement échoué à déraciner la foi chrétienne orthodoxe de l'âme russe n'autorise certainement pas, aujourd'hui, leur successeur, l'ancien fonctionnaire du KGB Vladimir Vladimirovitch Poutine, à poser en protecteur sinon en porte-parole de la religion. Rappelons en effet que la liturgie de saint Jean Chrysostome commence notamment par les prières initiales où il est dit : "ne mettez pas votre foi dans les princes, dans des fils d'hommes impuissants à sauver".

    Ce n'est pas, non plus sous-estimer la culture russe d'autrefois que de considérer, après Pouchkine (1799-1837) et avant Dostoïevski (1821-1881), le pur géant de la littérature de langue russe Nicolas Gogol (1809-1852) : lorsque ce fils de l'Ukraine réaffirma, dans la correspondance qu'il adresse à ses amis, la foi de ses ancêtres ce sont bien les conformistes de la capitale qui, après avoir tant ri au "Revizor" et au "Nez", sans peut-être en comprendre le sel annonciateur, s'empressèrent de le tenir pour fou.

    Ceci préfigure le traitement que leurs descendants matérialistes infligèrent un siècle plus tard à tous ceux qui récusaient encore le paradis bureaucratique désormais décadent de la stagnation brejnevienne à partir des années 1970. Dans les années 1930 ils les avaient envoyés aux îles Solovki, haut lieu religieux dont ils avaient fait un bagne homicide.

    Ce n'est pas nier tout ce que le souffle de liberté chrétienne doit à des spirituels, à des théologiens ou à des pasteurs russes, que de les savoir bafoués aujourd'hui encore. Citons l'exemple du père Alexandre Men. Il fut assassiné en 1990 par le KGB. Ce crime d'État fut commis exactement un an après que le gouvernement gorbatchevien se soit prêté en 1989 à la célébration du "millénaire de la Russie".

    À ce sujet, rappelons au besoin que ce grand pays n'existait tout simplement pas mille ans plus tôt en 989. Lorsqu'au XIe siècle la reine de France s'appelait Anne de Kiev, nos chroniques ne parlent pas encore de "Russie" encore moins de "Rus'" comme on veut nous le faire croire aujourd'hui. Les grands-ducs de Moscovie n'ont en fait créé la Russie qu'à partir du XVe siècle, une fois libérés du joug mongol, et après le mariage de l'un d'entre eux le prince Ivan III (1462–1505), Ivan le Grand, avec une princesse byzantine Sophie Paléologue. En 1472, elle lui apporte en dot le blason de l'Empire, l'Aigle à deux têtes. Leur fils Ivan IV, le premier, prendra le titre d'empereur (tsar) et au XVIe siècle le métropolite de Moscou recevra de son Église-mère de Constantinople le statut que l'orthodoxie nomme "autocéphalie" et que d'ailleurs, espérons-le, les métropolites de Kiev recevront un jour ou l'autre. (6)⇓

    Ce n'est pas oublier l'Église orthodoxe russe, la vraie, l'Église des moines, celle des simples prêtres de paroisses et celle des croyants, celle des peintres d'icônes et des églises de bois, celles des discrètes, émouvantes et fidèles babouchkas qui transmirent en secret le baptême à leurs petits enfants, pendant la longue nuit de la persécution, que de déplorer que sa direction bureaucratique actuelle se détourne toujours aujourd'hui de la lettre et plus encore de l'esprit des statuts adoptés à l'issue du Concile de Moscou de 1917-1918. (7)⇓

    Depuis "l'invention" du métropolite Serge [Ivan Nikolaïevitch Stragorodsky] par Staline en 1943, l'administration ecclésiastique factice du patriarcat de Moscou n'est jamais sortie de cette ambiguïté, et elle ne l'a jamais récusée.

    Soljenitsyne en dénonçait la réalité dans sa "Lettre au patriarche Pimène" de 1972. (8)⇓  Les faits ont à peine évolué. Cette bureaucratie plaquée sur le peuple croyant s'est toujours tenue, et elle se compromet aujourd'hui encore à la botte du pouvoir d'État. Les preuves en abondent. Chacun de ses actes "diplomatiques" vont hélas dans ce sens : Kirill de Moscou n'est-il pas allé, le 29 octobre, jusqu'à saluer les conceptions politiques et sociales de l'ami du défunt Chavez et du grand chrétien Fidel Castro, Rafael Correa, président de l'Équateur, pays où l'implantation orthodoxe est malheureusement moins significative que celle des bases arrières des FARC terroristes colombiennes. Signalons que, sur le sol français, les mêmes réseaux se prêtent surtout à une misérable stratégie immobilière avec la complaisance écœurante des mafias politico-judiciaires de la Côte d'Azur et de quelques larbins parisiens déshonorés et parfaitement connus.

    Ne mêlons donc pas cette réalité sordide à la beauté des chants slavons, les uns monastiques venus du tréfonds de l'Histoire, les autres issus de la grande et belle époque, celle où Rimsky-Korsakov compose sa "Grande Pâque russe"(9)⇓

    Ce n'est pas ignorer ce que fut l'amitié franco-russe, amitié des élites intellectuelles, des artistes et des aristocraties d'autrefois, beaucoup plus que des gouvernants, – que de dire aujourd'hui combien la politique suivie par Poutine constitue une vraie menace pour la sécurité et la stabilité de notre continent et de nos pays.

    Qu'un Obama ne le comprenne pas, ou feigne de ne pas en tenir compte, ne contredit pas notre constat.

    Après tout, ce fut dès mars 1946 que Churchill, dans son discours de Fulton, met en garde contre le Rideau de fer ; ce fut dès avril 1946 que George Kennan avait envoyé son fameux long télégramme préconisant le "communism containment". Cet impératif allait servir de doctrine aux États-Unis pendant toute la guerre froide, – [jusqu'à ce que Ronald Reagan comprenne la nécessité et la possibilité d'aller plus loin et de lutter pour libérer l'Europe de l'est de l'empire du Mal.]

    Mais c'est seulement un an plus tard, le 12 mars 1947, après la victoire des républicains aux élections intermédiaires de novembre 1946, que Truman franchira le pas dans son discours de Waco en annonçant l'aide à la partie encore libre du Sud-Est européen.

    Regardez bien les photos de Poutine : il ne s'agit pas d'un génie mais d'un tout petit bonhomme, un apparatchik probablement inconscient du mal qu'il fait à son pays. Avec sa doctrine "eurasiatique", il ouvre la porte de la Sibérie aux ambitions chinoises et celles de l'Asie centrale et du Caucase à la pénétrante islamique chiite symétrique de la complaisance occidentale pour les wahhabites saoudiens.

    Écoutons le journaliste polonais Artur Dmochowski de "Gazeta Polska". S'étonnant de la complaisance d'une certaine droite française, mal informée ou bien désinformée, voila ce qu'il déclare :

    "... si ce que vous dites à propos d’une partie de la droite française est vrai, alors c’est qu’ils ont, eux, une vision très idéalisée de la Russie. La Russie est gouvernée de manière bien plus despotique et bien moins démocratique que l’Ukraine. C’est un pays où sont violés de manière notoire tous les droits humains fondamentaux et toutes les libertés fondamentales. C’est aussi le pays avec le plus grand nombre d’avortements au monde par rapport au nombre d’habitants. Par conséquent, prétendre qu’il s’agirait d’un pays orthodoxe où sont respectées les valeurs chrétiennes, c’est se faire des illusions. Ces illusions sont d’ailleurs en partie le fruit de la propagande de Moscou, dont nous faisons aussi l’expérience en Pologne. (...)

    La vision idéalisée de la Russie chez certains Français, cette vision que vous décrivez dans votre dernière question, est encore plus naïve que la vision de l’Union européenne chez les manifestants ukrainiens de la place de l’Indépendance à Kiev." (10)⇓

    Applaudissons enfin à une bonne nouvelle : la mise à bas de la statue de Lénine dans la capitale ukrainienne. Voilà au moins un acquis positif et irréversible des immenses manifestations de l'opposition. Regrettons seulement qu'il ait fallu attendre plus de 22 ans, dans ce pays qui a tant souffert dès le décret de collectivisation des terres.  Espérons enfin que les circonstances permettront d'en faire autant du mausolée du chef des criminels bolcheviks sur la place Rouge à Moscou, et pourquoi pas de celui de son disciple et non moins sanglant Mao Tsé-toung sur la place Tien An-men à Pékin.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. C'est à ce titre qu'il est annoncé au micro de Guillaume Durand, chaque vendredi à 8 h 40 sur Radio Classique
    2. 131214a On croyait tout savoir depuis fort longtemps en occident sur le "Holodomor" des années 1930 : une famine systématique, imposée par les communistes à la paysannerie en tant que classe et à l'Ukraine en tant que nationalité. Un éclairage décisif est apporté par le livre-document que viennent de publier les éditions Noir sur Blanc sous le titre "Les Lettres de Kharkov". Celles-ci avaient été écrites à l'époque par les diplomates italiens, quand les régimes fasciste italien et communiste russe entretenaient des relations étayées sur leur commune hostilité au "capitalisme libéral anglo-saxon", dénoncé par les propagandes étatistes en ce temps-là [mais tout a changé, n'est-ce pas] comme responsable de la crise. Retrouvées dans les archives du Ministère des Affaires étrangères à Rome, elles viennent d'être traduites en français. On peut considérer que la tentative d'anéantissement qu'elles décrivent, sobrement mais avec une évidente horreur, a définitivement forgé la conscience nationale de tous les Ukrainiens. Le 18 novembre le métropolite Vladimir de Kiev commémorait ainsi dans des termes particulièrement éloquents le 80e anniversaire du "Holodomor", flétrissant la prétention du bolchévisme au "paradis socialiste".
    3. cf. On se reportera à mon livre L'Alliance Staline Hitler
    4. en réponse aux pressions de Moscou au sommet de Vilnius
    5. tel le "sympathique" personnage de Constantin Petrovitch Pobiedonostsev (1827-1907) lequel entravera l'édit de tolérance de Nicolas II en 1905 et que Tolstoï avait immortalisé en 1877 dans "Anna Karénine" sous les traits de son charmant mari.
    6. On lira ainsi de lui son magnifique "le Christianisme ne fait que commencer"
    7. cf. à ce sujet "Le Concile de Moscou 1917-1918" par Hyacinthe Destivelle ed. du Cerf 512 pages, 2006, aux éditions du Cerf.
    8. cf. André Martin "Soljenitsyne le croyant" Albatros, 1973, pp. 25-32.
    9. "Que Dieu se lève et ses ennemis seront dispersés"
    10. cf. Nouvelles de France le 7 décembre
  • Entretien avec Roger Waters: "Les artistes doivent s’engager pour la Palestine"

     

    Screen-shot-2013-11-14-at-12.09.47-AM-750x400« Le mur a des oreilles ; conversations pour la Palestine » parle à Roger Waters, star du Rock et fondateur du groupe mythique Pink Floyd.

    LMADO: Quand avez-vous décidé de faire de « The Wall Tour » (qui a pris fin à Paris en septembre 2013) un spectacle si politique ? Et pourquoi avez-vous dédié la dernière représentation à Jean-Charles De Menezes ?

    RW : Nous avons commencé à travailler sur le contenu du spectacle en 2009 avec Sean Evans et la première a eu lieu le 14 octobre 2010. J’avais déjà l’intention d’élargir le propos politique du concert, qui ne pouvait pas, comme dans les années 79/80, se limiter aux tribulations de ce gars qui n’aimait pas ses profs. Il fallait le rendre universel. C’est notamment pour cela que nous avons rajouté « Ceux que nous aimions et qui sont tombés » (Fallen Love Ones, ndt), un assemblage de photographies de personnes mortes pendant les guerres. L’idée était d’universaliser la notion de perte et de deuil que nous ressentons tous à l’égard des membres des familles tués dans les conflits. Quelques soient les guerres et les circonstances dans lesquelles elles se déroulent, ils (peuples du monde non-occidental) éprouvent autant de douleur que nous face à la perte d’êtres chers. Les guerres deviennent un symbole majeur de par cette séparation entre « eux » et « nous », aspect fondamental de tous les conflits.

    En ce qui concerne Jean-Charles, nous avions pris l’habitude de conclure le morceau Brick II par trois solos. Je trouvais que c’était trop, je m’ennuyais à la fin de cette chanson. Alors un jour, assis dans ma chambre d’hôtel, j’ai réfléchi à une alternative. Il se trouve que quelqu’un venait de m’envoyer la photo de Jean-Charles De Menezes pour qu’on la mette sur le mur. J’avais donc son histoire en tête et je me suis dit que je devais en faire une chanson. Je l’ai écrite, apprise aux musiciens, et nous l’avons intégrée au concert.

    LMADO: De nombreux artistes disent qu’il ne faut pas mélanger l’art et la politique, que le but n’est que de divertir le public. Que leur répondez-vous ?

    RW : C’est marrant que vous posiez cette question parce que je viens de finir d’écrire un texte, qui sera un prochain album, qui y répond parfaitement. Le texte parle d’un grand-père, en Irlande du Nord, qui part avec son petit-fils à la recherche de la réponse à la question suivante : « Pourquoi tuent-ils les enfants ? » Une question qui tourmente énormément le petit garçon. Une fois que j’ai eu fini d’écrire cette chanson, il y manquait quelque chose, alors j’ai rajouté ces quelques lignes :

    L’enfant demande à son grand-père : « Alors voilà, c’est comme ça ? »

    Et le vieil homme lui répond : « Non, on ne peut pas partir sur cette note, donne-moi une autre note… »

    La chanson suivante démarre alors et le grand-père fait un discours qui dit :

    « Nous vivons sur un point minuscule au milieu d’un grand rien/ Alors si rien de cela ne t’intéresse/ Si tu es de ceux qui disent : « Roger, j’adore Pink Floyd mais je déteste tes putains de convictions politiques »/Si tu penses que les artistes doivent être muets, émasculés, bons toutous dodelinant la tête sur le tableau de bord de la vie/ Tu ferais mieux de te casser au bar tout de suite/ Parce que le temps file inéluctablement ».

    Voilà ma réponse à votre question.

    LMADO: Quand est prévue la sortie de ce nouvel album ?

    RW: Je n’en ai aucune idée. Je travaille énormément sur de nombreux projets. Demain, Sean Evans vient chez moi pour une première écoute d’une démo d’une heure et six minutes. Je dois avouer que c’est assez sérieux, pas très joyeux, mais il y a de l’humour quand même, j’espère. En tout cas, c’est extrêmement radical et pose des questions importantes. Vous savez, ça ne me dérange pas d’être le seul à poser ce genre de questions. Enfin, ce n’est pas entièrement vrai, j’aimerais évidemment que plus d’artistes écrivent sur la politique et les réalités de la situation que nous vivons.

    Même si c’est d’une manière qui pourrait être considérée « extrême ».

    Il est très important que Goya ait fait ce qu’il a fait, que Picasso ait peint Guernica, et que tous ces romans anti-guerre aient été écrits et publiés pendant et après la guerre du Vietnam.

    LMADO: Vous évoquez le fait d’être un des seuls, dans votre situation, à prendre des positions politiques radicales. Par exemple, en ce qui concerne la Palestine, vous parlez très librement de votre soutien au boycott culturel d’Israël. Ceux qui s’opposent à cette stratégie disent que la culture ne devrait pas faire l’objet d’un boycott. Qu’avez-vous à répondre à cela ?

    RW: Je comprends leur opinion, et il est bon que tout le monde en ait une et puisse l’exprimer, mais je ne peux pas être d’accord avec eux. Je pense qu’ils ont entièrement tort. La situation en Israël/Palestine avec l’occupation militaire, le nettoyage ethnique, les politiques racistes et le régime d’apartheid mis en place par Israël est inacceptable.

    Les artistes ne devraient pas collaborer avec un pays qui opprime un autre peuple et en occupe les terres comme le fait Israël. Ils devraient refuser les propositions et décliner les invitations. Je n’aurais pas jouer pour le gouvernement de Vichy pendant la seconde guerre mondiale. Je n’aurais pas jouer non plus à Berlin à cette époque. Mais beaucoup l’ont fait, prétendant que l’oppression des Juifs était terminée.

    Ce n’est donc pas une situation inédite. Mais maintenant ce sont les Palestiniens qui se font massacrer. Chaque être humain devrait se demander : qu’est-ce que je peux faire ?

    Toute personne qui regarde de plus près la situation comprendra que l’alternative la plus légitime à la résistance armée est le mouvement BDS (Boycott Désinvestissement et Sanctions). Lancé en 2004 à la demande de la société civile palestinienne, le BDS, aujourd’hui soutenu par la société civile globale partout dans le monde, est une forme de résistance non-violente légitime face au brutal régime d’oppression israélien.

    Je suis en train de finir la lecture du livre de Max Blumenthal «  Goliath: Life and Loathing in greater Israel ». C’est à vous glacer le sang. Le livre est extrêmement bien écrit à mon avis et Blumenthal, qui est un très bon journaliste, s’assure toujours que ce qu’il écrit est correct. Il donne également la parole à l’autre côté, les rabbins d’extrême droite en l’occurrence. Leur point de vue est tellement bizarre et extrême qu’il est difficile de croire qu’ils pensent réellement cela.

    Ils croient à des choses très bizarres, comme, par exemple, que les non-juifs ne sont sur terre que pour servir les Juifs ou que les gens qu’ils ont expulsés en 1948, et continuent de mettre dehors depuis lors, sont des sous-humains.

    Les similitudes avec ce qui s’est passé dans les années 30 en Allemagne sont tellement évidentes que je ne suis pas surpris de voir l’ampleur que prend chaque jour le mouvement pour la justice dans lequel vous et moi sommes engagés. Ce qui nous voyons en Palestine est une violation évidente des droits humains fondamentaux. Chaque être humain devrait en être informé et s’impliquer pour y remédier.

    Le Tribunal Russell sur la Palestine, par le biais duquel nous nous sommes rencontrés, faisait un travail très important en essayant de mettre tout cela en lumière.

    LMADO: Revenons sur le boycott culturel, vous n’êtes qu’une minorité de personnalités à tenir une position claire sur ce sujet. Alors que vous pourriez profiter de votre succès et mener une vie tranquille, au moins politiquement, pourquoi avoir choisi de prendre cette position radicale ? Pourquoi pensez-vous que vous soyez si peu nombreux à vous engager dans ce sens ? Et pourquoi, à votre avis, certains artistes que l’on entend souvent s’insurger contre la guerre restent-ils muets quand il s’agit de la Palestine ?

    RW: Aux États-unis où je vis, cela peut s’expliquer par deux facteurs. Premièrement, ils ont peur. Deuxièmement, l’implacable propagande qui commence dans les écoles israéliennes et se poursuit par le biais des fanfaronnades de Netanyahu est déversée sur la population américaine notamment par Fox News, mais pas seulement, également par CNN et, en fait, par tous les médias de masse. Par exemple, à mon avis, quand ils annoncent à grand cris : « Nous avons peur de l’Iran qui va avoir l’arme nucléaire », c’est comme un énorme sceau de conneries qu’ils vident dans le cerveau des citoyens crédules. C’est une tactique de diversion. Ils nous ressassent le même mensonge depuis vingt ans : « Tout ce que nous voulons c’est faire la paix ». Et ils reviennent sans cesse sur l’accord presque trouvé entre Clinton, Barak et Arafat à Camp David et qu’  « Arafat a fait complètement foirer ! », ils disent.

    Eh bien, non, ce n’est pas vrai. Ça ne s’est pas passé comme ça. Ce qui est vrai, par contre, c’est que depuis 1948 aucun gouvernement israélien n’a jamais pensé sérieusement une seule seconde créer un État palestinien. Ils s’en sont toujours tenus au plan de départ de Ben Gurion : virer tous les Arabes du pays et créer le Grand Israël.

    Ils disent donc qu’ils veulent la paix tout en faisant la guerre, ça fait partie de l’opération de propagande. Mais depuis dix ans, c’est tellement grossier et évident. Par exemple, après le discours qu’Obama a tenu au Caire sur les Arabes et les Israélien, tout le monde a dit « Wow, ça c’est un tournant, les choses vont changer ! ». Et puis Obama est allé en Israël et ils lui ont dit « Au fait, on construit 1200 logements supplémentaires dans les colonies. ». Il s’est passé exactement la même chose l’année dernière quand Kerry a annoncé « Je vais essayer de réunir les deux parties pour faire la paix. » Alors Netanyahu lui dit « Vas te faire foutre ! On construit 1500 logements et en plus on les construit en zone E1. Voilà le plan. » Leur jeu est tellement évident qu’il faut avoir un QI en-dessous de la température ambiante pour ne pas comprendre ce qui se passe. C’est tout simplement ridicule. Vous savez, j’ai lu un article dernièrement où il était écrit : « Apparemment, seul le Secrétaire d’État des États-Unis croit que les négociations de paix en cours sont réelles, personne d’autre au monde ne le croit. »

    La situation est très compliquée. C’est pour cela que vous, moi et tous ceux qui s’intéressent à leurs frères et soeurs, sans discrimination de religion, de race, de couleur ou de quoi que ce soit, devons rester solidaires.

    Et ce n’est pas facile, notamment ici aux États-Unis. Le lobby juif est très puissant en général et dans l’industrie de la musique en particulier. Je ne citerai pas de noms mais je vous promets que je connais des gens qui ont peur de se faire détruire s’ils se montrent solidaires avec moi. J’ai parlé avec certains d’entre eux qui m’ont demandé : « T’as pas peur pour ta vie ? » et j’ai répondu : « Non, je n’ai pas peur. »

    Après les attentats du 11 septembre 2001, deux ou trois membres de mon groupe, citoyens américains, ont décidé de ne pas poursuivre la tournée que nous étions en train de faire. Je leur ai demandé : « Pourquoi, vous n’aimez plus la musique ? ». Ils m’ont répondu : « Si, on adore la musique, mais nous sommes Américains, c’est dangereux pour nous de voyager comme ça, ils essaient de nous tuer. » Là j’ai pensé : « Wow ! »

    LMADO: En effet, le lavage de cerveau fonctionne.

    RW: Oui c’est évident, ça fonctionne bien. C’est pour cela que je suis content de faire cet entretien avec vous parce qu’il est important de faire autant de bruit que possible. J’étais ravi que ce journal de droite israélien, Yedioth Ahronoth, publie mon entretien avec Alon Hadar. Même s’ils l’ont sorti de son contexte et fait résonner différemment de ce qu’il a réellement été, au moins ils l’ont publié, ils ont publié quelque chose. Vous savez, je m’attendais à ce qu’ils m’ignorent complètement.

    Vous savez, il y a quelques mois, Shuki Weiss (important producteur de concerts israélien) m’a offert cent mille personnes à cent dollars le billet pour venir jouer à Tel Aviv. Je me suis dit : une seconde…. ça fait 10 millions de dollars, ça ! Comment ont-ils pu me proposer ça à moi ? J’ai pensé : Putain Shuki, t’es sourd ou juste complètement con ? Je suis membre du mouvement BDS et je n’irai jouer nulle part en Israël car ce serait légitimer les politiques de ce gouvernement !

    J’ai une confession à vous faire. J’ai écrit à Cindy Lauper il y a quelques semaines. Je n’ai pas publié la lettre, ne l’ai pas rendue publique, mais je lui ai écrit parce que je la connais un petit peu. Elle a travaillé avec moi sur The Wall à Berlin. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai beaucoup de mal à comprendre qu’elle donne un concert à Tel Aviv le 4 janvier prochain. Je trouve ça répréhensible mais je ne connais pas son histoire personnelle et les gens doivent se faire leur propre avis sur cette question.

    LMADO: Bien sûr, mais vous pouvez les y aider. En faisant ce que vous faites, je suppose. En transmettant le message, en leur écrivant, vous pouvez les aider à y voir plus clair. Je pense que c’est cela dont ils ont besoin.

    RW: Certainement, mais pour y voir plus clair il faudrait qu’ils se rendent en Terre Sainte, qu’ils visitent la Cisjordanie ou Gaza ou Israël, ou ne serait-ce qu’ils se rendent à n’importe lequel des checkpoints pour voir à quoi ça ressemble. Tout ce qu’ils ont à faire c’est visiter. Ou lire, lire un livre ! Se renseigner sur l’histoire. Qu’ils lisent le livre de Max Blumenthal et viennent me dire « Oh, tiens, je sais ce que je vais faire…. je vais aller faire un concert à Tel Aviv. » Ça serait un bon programme ! (ironique).

    source : http://lemuradesoreilles.org/

    Source  http://reseauinternational.net/2013/12/11/entretien-avec-roger-waters-les-artistes-doivent-sengager-pour-la-palestine/

    http://www.altermedia.info/france-belgique/reseauinternational/entretien-avec-roger-waters-les-artistes-doivent-sengager-pour-la-palestine_92768.html#more-92768