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international - Page 1298

  • Le Président islandais : penser davantage au peuple qu’aux banques, c’est bon pour l’économie

    DAVOS (NOVOpress) – A la grand messe du récent Forum économique mondial à Davos, au milieu des discours des grands patrons mondiaux et homme politiques souvent faits d’autocongratulations, un vilain petit canard est venu prendre le contre-pied des autres participants. Penser davantage au peuple qu’aux banques c’est bon pour l’économie a indiqué le Président islandais Olafur Ragnar Grimsson. Malgré la présence importante de journalistes français le silence a été presque complet dans les grands médias hexagonaux.
    Et en plus Olafur Ragnar Grimsson a osé justifier cette opinion par les résultats obtenus par son pays :

     

    Dans l’interview vidéo ci-dessus, fait à Davos, il déclare “Nous avons été assez sages de ne pas suivre les politiques traditionnelles qui ont prévalu normalement en Occident au cours des 30 dernières années. Nous avons introduit le contrôle des changes, nous avons laissé les banques faire faillite, nous avons soutenu les plus pauvres, nous n’avons pas adopté les mesures d’austérité comme ailleurs en Europe, et le résultat final, 4 ans plus tard, est que l’Islande profite de progrès et d’une relance très différents des autres pays européens qui ont souffert de la crise financière”.

    Déjà le 11 janvier 2013 il avait indiqué “Accepter de laisser les banques tomber en faillite fut l’acte le plus difficile qu’il m’ait été donné de prendre. Mais sans doute le meilleur. Il est l’une des raisons fondamentales de la forte reprise économique de notre pays au regard des autres pays européens.”

    “Pourquoi considère-t-on que les banques sont des saintes-chapelles de l’économie moderne, et pourquoi ne peuvent-elles pas faire faillite comme les compagnies aériennes ou les entreprises de télécommunication, si elles ont été gérées d’une façon irresponsable ? La théorie que vous devez payer pour sauver les banques est une théorie selon laquelle les banquiers peuvent jouir de leurs propres bénéfices et de leur succès, puis que les gens ordinaires payent pour leurs échecs au moyen des impôts et de l’austérité” poursuit-t-il dans l’interview ci-dessus (à 1min20).

    Il a ensuite développé (à 2 min dans la vidéo) une critique du développent exagéré des banques, pour la prospérité. “L’une des choses que nous avons apprises après l’effondrement des banques en Islande, c’est que les banques islandaises, comme les banques britanniques ou les banques américaines, sont devenues des entreprises de haute technologie, qui recrutent des ingénieurs, des mathématiciens et des informaticiens. Et quand elles se sont effondrées, le secteur innovant de notre économie, le secteur informatique, le secteur des technologies de l’information s’est mis à prospérer, et en fait, sur les trois dernières années, il a eu de bien meilleurs résultats que jamais auparavant dans son histoire. Donc la leçon à en tirer, c’est la suivante : si vous voulez que votre économie soit compétitive dans le secteur innovant du 21ème siècle, un secteur financier fort qui prend les talents de cet autre secteur, même un secteur financier qui marche bien, est en fait une mauvaise nouvelle”.

    Olafur Ragnar Grimsson aurait pu aussi évoquer l’idée que l’absence en Islande du fardeau de l’immigration extra-européenne (elle est presque nulle dans ce pays) a pu être un autre élément expliquant la rapidité de la récupération économique de son pays. Mais cela aurait été vraiment trop  politiquement incorrect, il ne faut pas exagérer…

    http://fr.novopress.info

  • Hugh Fitzgerald : Il faut donner une bonne baffe au Qatar

    « Une bonne baffe au Qatar et les autres pays arabes du Golfe comprendront… » L’article qui suit est signé par l’Américain Hugh Fitzgerald, rédacteur associé de la New English Review et membre du conseil d'administration du World Encounter Institute.


    Le riche, le petit Qatar mène allègrement son propre djihad contre l’Occident, à grands coups de pognon, de tous ces milliards qu’il ne mérite pas (ils ne sont que le résultat du hasard qui a placé de gigantesques gisements de gaz naturel à sa portée). Sa principale arme, c’est la propagande de la chaine Al Jazeera, dans sa version arabe comme dans sa version anglaise légèrement édulcorée.

    Mais le Qatar contribue également au djihad par son appui et son secours à Youssef Al-Qaradawi, ce religieux sunnite pernicieux qui soutient, qui défend par tous les moyens tous ceux qui prennent part directement au djihad violent. Le Qatar envoie de l’argent et des armes aux pires de tous, c'est-à-dire aux musulmans les plus fanatiques parmi les rebelles de Libye. Car c’est bien ceux-là qu’il soutient, et aucun des rebelles « modernes ». Et maintenant il soutient les fanatiques musulmans qui se sont emparés du Nord Mali –en utilisant sans doute exactement les mêmes armes que les Qataris ont fournies en Lybie. Et ce faisant, le Qatar en vient à s’opposer directement à la France.

    La France est ce pays où les Qataris riches se sont payés appart sur appart dans tous les Champs Élysées, et aussi tous ces nombreux hôtels particuliers des 17ème et 18ème siècles qu’ils réaménagent à leur sauce - avec force salles de gym, ascenseurs pour leurs voitures, et autres - , en s’embarrassant le moins possible des considérations françaises pour la conservation de ce patrimoine national inestimable. Ces rustres se pavanent sur l’avenue Foch, l’avenue Montaigne, avec d’autres nababs arabes, comme ils le font à Belgravia et Mayfair, à Londres. Leur simple présence est corruption, elle corrompt. Et elle dérange même aujourd’hui ceux – banquiers, agents immobiliers, fournisseurs de luxe - qui en profitent tant.

    Mais, depuis 1973 et la tournée royale du cheikh Yamani [ministre du pétrole du roi saoudien] en France et en Angleterre, les riches arabes ont bien été fondés à croire qu’ils pouvaient se comporter comme cela leur plaisait, à faire ce qu’ils souhaitaient ; et bien fondés à croire que les capitales occidentales auraient trop peur de froncer les sourcils. Et c’est alors qu’ils ont adopté ce comportement scandaleux envers l’Occident, fait d’intimidation, de menaces, alors même qu’ils ne disposaient pas encore de réels moyens de nuire. Les milliers de milliards de l’OPEP commençaient tout juste de couler, et ils n’avaient pas encore acheté les armes et l’influence qu’ils leur ont procuré par la suite ; les musulmans n’étaient alors qu’un petit nombre en Occident, et ne représentaient pas la menace d’aujourd’hui – une menace d’autant plus forte qu’ils se sont ré-islamisés, et, plus précisément, une menace d’autant plus forte que, devant leur constat et leur rejet de la supériorité occidentale, devant le refus de céder opposé par les infidèles, ils s’islamisent davantage, se séparent de plus en plus des non-musulmans, et se considèrent comme les héritiers de plein droit des territoires où ils sont - territoires dont ils pensent qu’ils finiront par leur revenir avec le temps et la loi du nombre.

    Alors merci aux gouvernants en Occident qui se sont dévoyés à protéger, à défendre les textes, la doctrine, l’esprit, les comportements de l’islam, à les soustraire à la réaction populaire. Et merci à certains occidentaux qui en veulent tant à l’argent des riches Arabes du Golfe qu’ils en sont prêts à s’humilier pour cela, et à en persuader d’autres de le faire avec eux.

    Mais avec ce qui se passe en Afrique, les choses sont claires dorénavant. Le Qatar soutient les musulmans fanatiques qui menacent la France et le reste de l’Occident. Et à côté de cela, les Français permettent toujours aux Qataris de faire de Paris leur terrain de jeux. Pourquoi diable continuer comme cela ? Pourquoi ne pas rompre les relations diplomatiques ? Et au-delà, pourquoi ne pas signifier clairement au Qatar qu’ils ne sont plus les bienvenus en France ? Et alors dans ce cas, qu’est-ce qu’ils pourraient bien faire ? La seule chose en leur pouvoir, ce serait de protester, mais si les Français restent fermes, et bien les Qataris pourraient certes rester de gros propriétaires dans les villes françaises, mais ils n’auraient alors plus la permission de s’y rendre, et donc, ils pourraient très bien décider de vendre, et de passer tout cela par pertes et profits. Et ils pourraient très bien décider aussi de vendre leurs participations dans les entreprises françaises. Et alors ? D’autres les rachèteraient, et si le Qatar doit subir des pertes à tout céder ainsi trop rapidement, et bien tant mieux.

    Il faut vraiment donner une bonne baffe à ce méchant petit pays d'à peine 200.000 citoyens où chacun a droit, tous les ans, à plus d’un demi-million de dollars, qu’il neige ou qu’il vente, comme chacun a droit de se servir comme il l’entend, comme esclave, d’une main d’œuvre étrangère sous-payée, huit fois plus nombreuse que la population qatarie elle-même.

    Il faut traiter le Qatar comme il le mérite. Les Français n’ont qu’à leur interdire de profiter de Paris. Et les Américains ? Eh bien, au lieu de se prosterner de gratitude devant le Qatar, qui, magnanime, permet à ces « esclaves blonds aux yeux bleus » (comme un prince saoudien avait ainsi décrit de façon notoire les Américains stationnés dans leurs bases aériennes d’Arabie saoudite) d’y disposer d’une base navale, les Américains n’ont qu’à retirer leur base et leurs navires. Les courbettes ne servent à rien. Et il ne sert à rien non plus de protéger le pétrole des Arabes du Golfe. Ils n’ont qu’à le protéger eux-mêmes, leur pétrole – le protéger de l’Iran, on imagine. Pardon ? Ils en sont incapables. Ok, et bien les Américains n’ont qu’à fixer un prix, disons 100 milliards de dollars par an, pour leur louer les forces navales nécessaires, et bien entendu, ils demanderont de la famille de l'émir Al-Thani qu’elle les supplie publiquement de garder une base au Qatar.

    Il faut renverser la perspective. Mettre le Qatar à sa juste place. Les dirigeants occidentaux n’arrivent pas à comprendre à quel point les Qataris sont totalement dépendants – dépendants pour leur sécurité, dépendants pour la production, le transport et la distribution de leur seule et unique source de richesse, qui n’est d’ailleurs que le résultat d’un hasard géologique, dépendants pour leurs soins médicaux (imaginez simplement que l’on refuse l’accès aux Arabes du Golfe à la médecine occidentale et aux hôpitaux occidentaux ...), et bien sûr, dépendants de ces charmants pays de l’Europe de l’Ouest, si différents de leurs Las Vegas du désert, de leurs boulevards en toc, où s'alignent sans fin les boutiques de bijoux du Gold Souk et les centres commerciaux.

    C’est faisable. Une bonne baffe pour le Qatar, et vous verrez que les autres Arabes du Golfe vont vite comprendre.

    Source: Qatari Primitives With Money Enjoy Their Parisian Existence Which Could Be Denied Them, par Hugh Fitzgerald, NER, 26 janvier 2013. Traduction par Olaf pour Poste de veille

    http://www.francepresseinfos.com/

  • Nouveau scandale dans les banques britanniques

    Barclays, HSBC, Lloyds et RBS ont vendu à des PME, depuis 2001, 40.000 contrats de produits dérivés censés couvrir contre des variations de taux d’intérêt. Ces contrats sont en infraction avec la régulation en vigueur.

    Les banques britanniques se sont fait une nouvelle fois prendre les mains dans le pot de confiture. Selon une enquête de la Financial Services Authority (FSA), 90 % de produits dérivés commercialisés auprès de petites et moyennes entreprises leur ont été vendus en infraction avec la régulation en vigueur. Il s’agit cette fois de «swaps» sophistiqués (baptisés interest rates hedging products, IRHP) censés les couvrir contre des variations de taux d’intérêt. Une fois encore, les «usual suspects» sont en cause : le quatuor Barclays, HSBC, Lloyds et Royal Bank of Scotland.

    La FSA leur a enjoint de mener des investigations internes afin d’évaluer l’ampleur de ces abus et de mettre en place des compensations pour les clients trompés. Plus de 40.000 contrats de ce type ont été vendus depuis 2001, à des PME qui n’avaient pas les moyens d’en comprendre le fonctionnement. Ils étaient parfois placés de façon forcée avec un crédit. Les quatre banques en question ont déjà provisionné plus de 700 millions de livres pour les indemnisations mais la facture pourrait atteindre, selon des avocats et experts de ces produits dérivés, entre 1,5 et 10 milliards de livres.

    Cette somme s’ajoutera aux 12 milliards de livres de dédommagements déjà prévus pour dédommager les ménages victimes de la vente forcée d’assurance-emprunteur baptisées PPI (personal payment insurance). Un montant qui s’est envolé par rapport aux prévisions initiales, malgré les efforts du lobby bancaire pour faire plafonner les réparations. La britannique Barclays et la suisse UBS ont par ailleurs payé 1,3 milliard de livres d’amendes pour les manipulations de taux dans le scandale du Libor.

    L’opération «mains propres» n’en finit pas de secouer la City, au fil de la révélation de ces scandales successifs et des lourdes procédures de dédommagements mises en place. «Les banques doivent travailler en pleine coopération avec les inspecteurs indépendants qui vont déterminer les compensations appropriées, intime Greg Clarke, secrétaire d’État aux Finances. Ce qui s’est passé est un exemple des comportements honteux symptomatiques de la culture en vigueur dans ce secteur. Les fautes du passé doivent être réparées et les entreprises qui en ont été victimes doivent être compensées. Il est important que les banques reconnaissent leurs responsabilités face à leurs clients et restaurent la confiance afin de tirer un trait sur cette époque.»

    Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les banques ont donné des gages en approuvant la création d’un nouveau gendarme du secteur et l’adoption d’un code d’éthique. Une «liste noire» d’employés en faute pourrait être radiée du secteur. Avec la réforme de la régulation en cours, les géants britanniques tentent de se refaire une virginité avant l’arrivée au printemps du nouveau gouverneur de la Banque d’Angleterre, le Canadien Mark Carney, qui héritera de la supervision bancaire. En gage de leur bonne volonté, ils ont décidé de se serrer la ceinture en réduisant cette année leurs bonus à la portion congrue.

    Le Figaro  via http://fortune.fdesouche.com/

  • Tarantino: Django déchaîne... une haine anti-Blancs

    Un article de Jim Reeves

    Le film Django Unchained au cœur de la stratégie anti-WASP élaborée par Obama  

    Il ne s’agira pas ici d’une critique du dernier film de Quentin Tarentino, Django Unchained. Patrick Laurent l’a fait excellemment dans le n°3078 de Rivarol. Mais, comme il n’y avait pas lieu d’approfondir dans une chronique cinématographique l’émotion considérable que sa projection a soulevée aux Etats-Unis, il nous paraît indispensable de revenir sur le contexte politique que notre collaborateur n’a fait qu’effleurer.

    Ce film en effet déboule sur la scène américaine dans un moment très particulier : le début du second mandat d’Obama dont beaucoup pensent, à commencer par Jamie Foxx, le héros noir justement de ce film, qu’il a pour objectif non seulement de faire passer sur l’Amérique une sorte de souffle africain-américain mais de le faire sur le cadavre du Wasp, attaqué de toutes parts et dont l’Histoire est réécrite au travers d’un prisme négatif. Le dessein de Tarentino n’est donc pas innocent. Il ne s’agit pas d’un western-spaghetti de plus, qui serait, ainsi que le prétendent tant de commentateurs complaisants, une grosse farce rigolarde. Son auteur en effet est un provocateur qui depuis quelques années s’acharne, sous couvert de prendre ses distances avec l’Histoire officielle, à parodier, ridiculiser, narguer tout ce qui d’une manière proche ou lointaine peut être relié à l’extrême droite, en tout cas au nationalisme ou à la défense d’une identité européenne, en l’occurrence euro-américaine. On rappellera ici que dans Pulp Fiction (1994), Tarentino avait déjà campé son Big Black héros-justicier qui massacre du Blanc avec une dilection non dissimulée. On y tabassait des « Suprémacistes Blancs » et le richissime dealer, bien gras et bien laid, joué par l’acteur africain-américain Ving Rhamès, habitué des scénarios qui mettent en scène d’odieux racistes sudistes, était évidemment l’époux de l’héroïne blonde personnifiée par Uma Thurman, sorte de quintessence d’artiste nordique américaine. On ne reviendra pas sur Inglorious Basterds qui est un hommage sanglant rendu à toutes les bandes de vengeurs de la mémoire juive, qui, de l’Irgun et du Lehi au Mossad en passant par le Shin Bet, le groupe Stern ou la Haganah, ont pendant 60 ans parsemé le monde de leurs menées assassines et ponctué leurs vendettas de milliers d’exécutions sommaires. Ayant dit cela on observera qu’il n’y a pas trop de hasard en cette affaire et que les producteurs de Tarentino, notamment d’Inglorious Basterds et de Django Unchained, sont Bob et Harvey Weinstein, détenteurs de la Weinstein Company (TWC) — qui détient d’ailleurs les droits de The Artist, couvert de récompenses, dont cinq Oscars, de leur coreligionnaire Michel Hazanavicius.

    De Django Tarentino déclarait récemment sur le site worldstarhiphop.com à un journaliste de couleur : « (Dans ce film) j’ai voulu donner à l’homme Noir américain un héros de western, lui donner un héros folklorique, impassible, qui pourrait en définitive dégager une impression de pouvoir et rendre le sang pour le sang ». Et tant pis si, au prix d’une distorsion choquante de la vérité historique, on pouvait ainsi renforcer le dogme fallacieux du multiracialisme. Du moment qu’il revienne à un intellectuel de gauche Blanc d’offrir au descendant de l’esclave Noir la satisfaction de cette délicieuse vengeance.

    Jamie Foxx, qui tient dans le film le rôle de Django, ne se gêne pas, quant à lui, pour enfoncer le clou. « C’est bon d’être Noir, proclame-t-il. Le Noir est le nouveau Blanc. »

    Au besoin cela va plus loin. Si on en croit les analyses faites à l’entrée des salles américaines il s’agit bien du plus grand succès de Tarentino. En dépit des appels au boycott de Spike Lee, de responsables noirs comme Al Sharpton ou de vedettes de télévision comme Tavis Smiley, éditorialiste, avocat, écrivain, très connu, le succès a été immédiat. Le jour de la sortie l’affluence était noire à 42 %. Depuis elle tourne autour de 30 % (population afro-américaine des Etats Unis, 13 %). On lira ci-contre la réaction sur les réseaux sociaux qui tend à donner raison à Louis Farrakhan : Django Unchained est une véritable mise en condition psychologique pour une guerre raciale qui devient de plus en plus probable.

    LE CHIFFON ROUGE DU N-WORD POUR MASQUER LE MASSACRE DES BLANC  

    Les frères Weinstein apprécièrent assez peu les critiques adressées à leur film par celui duquel on en attendait le moins. Le metteur en scène Spike Lee en effet fit bruyamment savoir qu’il n’irait pas le voir car « il manquait de respect à ses ancêtres ». Il est dommage que ceux dont les ancêtres y sont le plus maltraités, les Blancs, n’aient pas en masse suivi ce conseil. Ils le sont en effet doublement. De bout en bout à la fois insultés et littéralement massacrés. « L’esclavage américain, protesta Lee, ce n’est pas un western spaghetti à la Sergio Leone. Il s’est agit d’un Holocauste. Mes ancêtres étaient des esclaves. Ils ont été volés en Afrique. Je leur rends ainsi hommage ». Il est encore dommage que personne ne lui ait fait remarquer que des centaines de milliers d’Européens ont été déversés au XVIe siècle dans les Caraïbes et dans le Sud des Etats-Unis, comme esclaves ou comme « indentured servants » et qu’ils y travaillaient dans les mêmes conditions que ses ancêtres. Alors d’innombrables Africains affranchis possédaient aussi des esclaves, y compris des esclaves blancs, ce dont personne ne parle. Quel metteur en scène, Noir ou Blanc, s’il osait traiter ce sujet, trouverait un producteur pour le financer ? […]

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  • GPA, PMA: faut-il un service après vente ?

    Avec la réforme du mariage, et donc de la filiation, les juges ont du souci à se faire. Ce serait presque drôle, si le bien être d'enfants innocents n'était pas en jeu... En regardant ce qui se passe dans les pays "ouverts", "tolérants" et tout le tralala, on peut avoir un aperçu de ce qui nous attend.

    Lu dans Le Figaro:

    Certains pays qui ont légalisé l'homoparentalité se trouvent parfois confrontés à des situations éthiques et juridiques bien complexes. 

    La question de la filiation est au cœur du projet de loi du «mariage et de l'adoption pour tous». Les profondes transformations du modèle familial depuis les années 1970 (multiplication des séparations, démariages) et le développement des techniques de procréation médicalement assistée ont donné naissance à des familles à géométrie variable.

    Chez certains de nos voisins, l'assouplissement des règles éthiques a donné au phénomène une autre dimension. Certaines situations complexes d'homoparentalité, où un enfant est souvent entouré de plusieurs adultes qui se définissent comme ses parents, mettent en avant de manière aiguë les questionnements éthiques et juridiques sur ces nouvelles compositions familiales.

    La pluriparentalité va-t-elle se développer avec l'avènement de parents sociaux ou d'intention venant s'ajouter ou se substituer aux parents biologiques ? À qui donner raison quand un parent biologique et un parent social s'opposent ? L'ouverture de la procréation médicalement assistée à des personnes qui ne souffrent pas d'infertilité médicale risque-t-elle de produire des «enfants de tout le monde» et donc de personne ? 

    En France, les techniques de procréation médicalement assistée ne sont aujourd'hui autorisées qu'aux couples hétérosexuels infertiles mariés ou faisant la preuve d'une durée de vie commune d'au moins deux ans. Quant à la gestation pour autrui, elle reste interdite. Dans le projet de loi du gouvernement, deux personnes de même sexe pourraient devenir parents ensemble par la voie de l'adoption plénière. 

    La disparition des mots «père» et «mère» dans certains passages du Code civil au profit du mot «parents» serait déjà une étape vers la multiplication du nombre de parents pour un enfant, soulignent les détracteurs du texte. Ce bouleversement de la filiation pourrait par ailleurs ouvrir la voie à la procréation médicale assistée pour les couples de femmes - des amendements en ce sens seront d'ailleurs examinés au Parlement - voire à la légalisation des mères porteuses. Pour les opposants au projet de loi du gouvernement, la porte serait alors ouverte à toutes les dérives du droit à l'enfant comme certains pays étrangers en font déjà l'expérience. 

    De la Belgique au Canada, tout n'est pas rose dans les unions arc-en-ciel 

    Des papas qui veulent être un peu plus que des donneurs de sperme, des lesbiennes qui se disputent des paillettes congelées… Dans les familles arc-en-ciel, tout n'est pas toujours rose. L'émergence de nouvelles formes de filiation et de parenté, dans des pays qui autorisent depuis plusieurs années le mariage homosexuel et l'adoption, a parfois donné lieu à des situations dramatiques et d'étonnants imbroglios juridiques. 

    En Grande-Bretagne, le traumatisme de l'épouse du donneur

    Elle ne s'était «pas rendu compte». Ann* avait tout d'abord consenti à ce que son mari Michael* fasse don de son sperme. Mais à l'annonce de la naissance d'une petite fille chez un couple de lesbiennes, elle a craqué: le sperme ne fait-il pas partie des «biens matrimoniaux»?, s'interroge-t-elle, bouleversée «comme si (s)on mari l'avait trompée». Les lesbiennes étant trop âgées, elles avaient fait appel à une mère porteuse, tout en entamant une procédure d'adoption. Laquelle échouera, justement à cause de leur âge… La mère porteuse accouchera donc sous le nom de l'une d'entre elles. Et le tribunal, devant lequel Ann et Michael tentèrent de récupérer l'enfant, donnera finalement raison au couple de lesbiennes. 

    Au Canada, 13 paillettes de sperme à partage 

    Chacune avait eu un enfant du même donneur. Lors de leur séparation, elles sont toutes deux parties avec leur enfant respectif et la moitié de leurs biens. Mais elles avaient oublié les 13 paillettes de sperme congelé qui leur restaient! Quelques années plus tard, l'une, ayant retrouvé une compagne, a voulu un deuxième enfant du même donneur. Mais l'autre s'y est opposée, demandant la destruction des paillettes, pour des «raisons morales». Le juge a statué que bien que le sperme ait «un statut émotionnel» différent, il devait être considéré comme faisant partie des biens matrimoniaux, donc être partagé. Restait à décider qui aurait la 13e paillette: le juge a choisi celle qui avait le projet d'enfant.

    En Belgique, «six parents» condamnés 

    Après sept ans de rebondissements dans l'invraisemblable histoire de la petite Donna, née d'une mère porteuse belge qui l'avait revendue 15.000 euros à un couple de Néerlandais, après l'avoir «promise» (pour 8000 euros) à son père biologique et à sa compagne stérile, puis à un couple de gays, le tribunal d'Audenaerde vient de statuer: les six «parents» ont été condamnés. La justice belge avait finalement décidé de poursuivre les trois couples (la mère porteuse et son mari, les Néerlandais et le père biologique et sa compagne) devant le tribunal correctionnel pour avoir infligé des «traitements inhumains et dégradants» à Donna. Quant à la fillette, elle demeurera aux Pays-Bas, auprès de ses parents adoptifs, sans jamais connaître son père naturel.

    Au Texas, «les premiers jumeaux sans mère» 

    Tous deux quadragénaires, célibataires, amis de longue date… pourquoi ne pas faire un enfant, et l'élever ensemble? Sauf que quelques heures après l'accouchement, en juillet dernier, Marvin révèle son homosexualité et réclame la garde exclusive des jumeaux: Cindy, a-t-il expliqué devant la justice, n'est qu'une mère porteuse. Elle n'a aucun lien génétique avec les bébés, puisqu'à 47 ans, elle a eu recours à un don d'ovules… En attendant que la justice tranche, les jumeaux ont été confiés à Marvin et son partenaire. «S'ils gagnent, lance l'avocat de Cindy, les quatre seules personnes au monde à ne pas avoir de mère seront Adam, Eve, ainsi que ces jumeaux.» 

    En Australie, le père rayé de l'acte de naissance 

    En 2001, un couple de lesbiennes avait eu une petite fille avec un donneur gay. Celui-ci avait répondu à une annonce recherchant «une figure d'oncle». Mais le couple se sépare. Toutes deux veulent les mêmes droits sur l'enfant. Comme il n'est pas possible d'inscrire trois noms de parents sur un acte de naissance, le juge décide de rayer celui du père, pour inscrire celui de l'ex-compagne de la mère. Dévasté, le quinquagénaire a appris que sa fille de dix ans n'était plus «juridiquement» la sienne. 

    En Grande-Bretagne, le donneur qui voulait juste rendre service… 

    Son nom n'est pas sur les actes de naissance, souligne-t-il. «Mandy voulait des enfants, j'ai fourni les ingrédients, raconte prosaïquement Mark, un gay de 47 ans. Je n'ai jamais eu le désir d'être père.» Mais cet «acte de bonté» envers une lesbienne «non conventionnelle», qui pense qu'«il doit y avoir un père et une mère», a donné naissance à deux filles. Et puis la compagne de Mandy l'a quittée, et la quadragénaire, en difficulté financière, a retrouvé les coordonnées de Mark. Aujourd'hui, elle lui réclame une pension alimentaire! «Pourquoi ne poursuit-on pas la deuxième mère, qui les a élevées, et qui, elle, a les moyens?», s'énerve-t-il. Quant aux filles de 12 et 14 ans, elles sont très perturbées psychologiquement. «Jamais je ne pourrai me marier ni avoir des enfants», assène l'aînée. 

    … et celui qui avait «beaucoup à offrir» 

    L'annonce, dans le Gay Times, le présentait comme un «trentenaire solvable», qui avait «tout, sauf des enfants» et qui avait «beaucoup à offrir». Le couple de lesbiennes, bien plus modeste, en a profité par deux fois: un garçon puis une fille sont nés. Mais la mère a bientôt trouvé le père trop envahissant, l'accusant de «marginaliser» sa compagne. Quant au père, aujourd'hui quinquagénaire en couple depuis vingt-cinq ans, il estimait que le fait de payer les factures lui donnait le droit de voir davantage ses enfants… Qualifiant cette bataille juridique de «grande honte», le juge a finalement accordé la garde partagée aux deux couples. «Ce qui est particulièrement injuste, a-t-il conclu, c'est qu'une enfance gâchée de la sorte marquera sans doute ces enfants à jamais.»

    * faux prénoms. http://rivarol.over-blog.com

  • La pensée stratégique russe : guerre tiède sur l’échiquier eurasien. Les révolutions arabes, et après ?

    La pensée stratégique russe : guerre tiède sur l’échiquier eurasien. Les révolutions arabes, et après ? « Ce livre montre bien à quel point les dirigeants occidentaux, en commençant par ceux des États-Unis, ont eu tort de croire qu’avec l'effondrement de l'URSS, la Russie elle-même à son tour disparaîtrait de la scène mondiale en tant qu'acteur majeur. »

    Andreï Gratchev
    Dernier porte-parole et conseiller de Mikhaïl Gorbatchev

    Pourquoi cette seconde édition, sous-titrée : « Les Révolutions arabes, et après ? » ?

    Je voulais expliquer la spécificité de la position russe sur la scène internationale, au regard de l’évolution géopolitique récente accélérée par le « mirage arabe » et, dans ses grandes lignes, verrouillée par la gouvernance néo-libérale sous leadership américain.

    Cette évolution touche, d’une manière plus ou moins directe, les intérêts nationaux de la Russie – élargis à sa proche périphérie, la Communauté des Etats indépendants (CEI), qui couvre prés de 99% du territoire de l’ex-URSS. En la définissant comme son « Etranger proche », la Russie veut montrer à l’Occident que la CEI reste sa zone exclusive de responsabilité et, par ce biais, dissuader ses velléités expansives.
    Fondamentalement, mon livre vise à présenter la réaction russe face aux doubles menaces constituées par le futur bouclier anti-missiles américain et la propagation du « Printemps arabe », au delà de son cadre régional. A la base, il y a une totale incompréhension de l’Occident global sur le comportement russe, perçu à travers le prisme désuet de la Guerre froide. Cette seconde édition enrichie du livre, recentrée sur l’imminence d’un hiver islamiste – selon l’expression de Poutine –, s’efforce d’éclairer ce point particulièrement délicat.

    Depuis la disparition officielle de l’URSS, le 25 décembre 1991, la Russie a le sentiment d’avoir été volontairement marginalisée par l’axe occidental. Au moyen de son levier USA-OTAN, cet axe s’est montré avide de profiter de la faiblesse temporaire de la puissance russe, issue d’une transition post-communiste désastreuse sur le plan économique et rythmée par la terrible « thérapie de choc » imposée par le premier ministre de Boris Eltsine, Yegor Gaïdar. Comme si, selon Andreï Gratchev, ancien conseiller du président Gorbatchev, il y avait eu une volonté inavouée de l’Occident – surtout des Etats-Unis – de voir la Russie post-communiste disparaître de la scène mondiale, en tant qu’acteur majeur, et de la réduire au rang de simple puissance régionale.

    Entre 1992 et 1998, après l’application du « modèle de Washington », cette transition néo-libérale en Russie se traduit par une inquiétante décroissance – croissance économique négative, sanctionnée par une compression de prés de 50% du PIB russe sur cette période ! Moscou regrette, aujourd’hui, la volonté occidentale d’étendre son influence en périphérie post-soviétique, considérée comme son pré-carré historique et, en définitive, de renforcer son unilatéralisme armé dans la gouvernance mondiale.
    Le vieux rêve gorbatchévien d’un monde post-guerre froide multipolaire, repris par la nouvelle direction russe à la suite d’Evgueni Primakov et poursuivi désormais par Vladimir Poutine, a été brisé.

    Le discours de Poutine à la Conférence de Munich sur la sécurité en 2007, marque t’il une inflexion radicale dans la politique étrangère russe ?

    Tendanciellement, depuis son arrivée au pouvoir présidentiel, le 30 mars 2000, V. Poutine s'efforce de s'opposer à l'orientation qu’il juge « anti-russe » de la diplomatie occidentale et cela, sur la base de la défense prioritaire de ses intérêts nationaux.

    Il le fait en s’appuyant de plus en plus sur un axe eurasien avec la Chine – avec aussi, l’Inde et l’Iran –, surtout depuis la désillusion de 2003 avec l’intervention américaine en Irak, en violation des règles internationales et ce, en dépit de l’opposition sino-russe. Cette orientation eurasienne, catalysée par l’axe sino-russe, est d’ailleurs reprise dans le cadre d’une structure politico-militaire commune, l’OCS. Depuis 2003, et sous l’impulsion du vieux « soviétique » Primakov, on assiste donc à une inflexion asiatique de la diplomatie russe, en réaction à l’attitude occidentale.

    De manière spectaculaire, Poutine a dénoncé l’attitude provocante de l’Occident lors de son célèbre discours de Munich, le 10 février 2007. Il n’accepte pas la sacralisation du « facteur force » – selon son expression – dans la régulation mondiale et dans la stratégie d’ingérence de l’axe USA-OTAN, très politiquement orientée. Il n’accepte pas non plus l’élargissement de l’OTAN à l’ancienne zone d’influence soviétique et l’extension douteuse du bouclier américain ABM, via sa composante otanienne en Europe, aux portes de la Russie. Pour le président Poutine, il s’agit d’une stratégie d’encerclement à finalité politique, consciemment focalisée contre la Russie restée, dans le prisme occidental, l’ennemi héréditaire de la Guerre froide.

    En poursuivant le reflux (roll back) de la puissance russe et la neutralisation de son potentiel nucléaire stratégique – via son bouclier anti-missiles –, la politique actuelle de l'administration Obama s’inscrit dans une logique atténuée de Guerre froide. Ce faisant, elle oblige la Russie, soucieuse de rééquilibrage stratégique, à renforcer les deux organisations politico-militaires de sa ligne sécuritaire sur l’espace eurasien, l’OCS et l’OTSC*.

    Au final, la politique américaine apparaît donc, dans la pensée stratégique russe, comme une menace latente majeure – en quelque sorte, « officialisée » par l’avertissement de Munich.

    Vous parlez de « pensée unique », pour caractériser les analyses dominantes sur les révolutions arabes, pourquoi ?

    Oui, le plus troublant est ce relatif consensus sur les « révolutions » arabes qui s’exprime, désormais, de manière unilatérale contre le régime Assad, devenu soudainement gênant – un peu à la manière de feu Kadhafi. Comme un ennemi (idéologique) à abattre.
    Pour caractériser cette configuration, associée à une structure d’intérêts relativement complexes et contradictoires, mais motivés par la volonté d’éliminer un « dictateur qui massacre son peuple », Moscou parle de scénario libyen. Par cette expression, la Russie sous-entend la mise en œuvre d’une stratégie manipulatoire soumise à un objectif politique précis visant, en réalité, autre chose que les intérêts légitimes du « bon peuple syrien » et la défense des droits de l’homme, en général.

    En référence à l’expérience libyenne, Moscou redoute une possible instrumentalisation d’une résolution de l’ONU avec la complicité tacite de l’OTAN, en vue d’une intervention militaire et réaliser, par ce biais, un vieil objectif de la Guerre froide visant à l’expulser de la région. Selon moi, il y a une volonté délibérée de créer un seuil critique conduisant le « système » (le régime syrien) à surréagir et à « perdre la tête » – pour, à terme, légitimer un devoir d’ingérence. La stratégie de harcèlement continu contre les forces pro-Assad s’inscrit, de manière indiscutable, dans la réalisation de cet objectif. La multiplication des incidents avec la Turquie, plus ou moins suscités par cette dernière, s’explique à partir de cette problématique qui a, il y a peu, justifié l’installation par l’OTAN de missiles Patriot à visée (théoriquement) défensive, à la frontière turco-syrienne. Depuis peu, les prétextes d’une intervention se multiplient – dont celui, redondant, de l’utilisation d’armes chimiques par « celui qui massacre son peuple ».

    Et, cela, à partir d’une simple rumeur, allègrement reprise par les médias occidentaux sans la moindre vérification – une fois de plus. Inquiétant.

    Pourquoi parler d’ « évolutions » arabes, et non de révolutions ?

    Au départ, ces « révolutions » semblent spontanées et répondent au juste désir d’émancipation de peuples longtemps privés de droits et de libertés. « Semblent », car Moscou n’écarte pas l’idée – depuis le début de la crise – d’une main extérieure pour précipiter l’éclosion précoce d’un « Printemps démocratique ». Et, a priori, mes informations personnelles accumulées depuis 2 ans le confirment. Les dés sont, donc, politiquement pipés.

    Même dans l’hypothèse de véritables « révolutions », ces dernières ont été progressivement soutenues et guidées de l’Etranger au profit, notamment, de puissances ambitieuses enclines à renforcer leur pouvoir régional. Sans parler du rôle trouble des grandes puissances occidentales adeptes, dans un premier temps, d'un encouragement aveugle de la rébellion et, dans un second temps, de son soutien armé. Au nom de droits de l’homme à géométrie variable.

    Cette orientation est évidente dans le cas syrien, avec l'implication insidieuse des puissances saoudienne, qatarienne et turque – en totale violation du principe westphalien de souveraineté des Etats-nations. A cela, s’est greffée l’ingérence croissante des services secrets occidentaux. Je préfère donc parler d’évolutions consciemment orientées. Le terme « révolutions » est idéologiquement connoté et traduit un déterminisme excluant toute critique ou vision alternative.

    C’est la porte ouverte à la pensée unique et, surtout, à la justification morale d’une ingérence politique programmée.

    Quelle est la position officielle de la Russie sur la Syrie. Et comment mieux la comprendre ?

    Officiellement, et conformément aux lois internationales sur la souveraineté des Etats, la Russie ne veut pas s’impliquer militairement dans un conflit interne pour éviter son exacerbation et aggraver le chaos. Et cela, d’autant plus qu’elle sort d’un lourd traumatisme.

    Elle n’a pas oublié le « piège afghan » de 1979, tendu par Zbigniew Brzezinski, alors conseiller à la sécurité du président Carter, pour l’enliser dans un conflit périphérique. La « leçon » afghane – comme plus tard, celle de 1999 en ex-Yougoslavie, avec le bombardement de l’OTAN – est profondément ancrée dans la mémoire stratégique russe. En outre, l’indépendance auto-proclamée du Kosovo, le 17 février 2008, a été ressentie par elle comme une véritable gifle diplomatique. Trop longtemps occultée, la Russie veut désormais s’affirmer sur la scène mondiale et, dans cette optique, elle veut faire de la question syrienne, une « preuve » de son retour comme grande puissance, respectée et écoutée. Pour Moscou, seule une solution négociée permettrait de sortir de l’impasse syrienne – conformément aux accords de Genève, du 30 juin 2012.

    Moscou s’efforce donc d’adopter une attitude neutre et équilibrée, privilégiant une reprise du dialogue entre les parties prenantes à la crise, comme pierre angulaire de la future transition démocratique – qu’elle n’exclut pas sans Assad, si le peuple le décide (c’est d’ailleurs, aussi, la position du président syrien). Ce faisant, la Russie s’oppose ouvertement à la coalition arabo-occidentale qui exige, comme préalable incontournable, le départ d’Assad. Un non sens, auto-destructeur pour la Syrie et donc, pour la région.

    Cette configuration explique le veto russe – associé à la Chine – aux résolutions successives du Conseil de sécurité de l’ONU, portées par les membres de cette coalition et structurellement favorables à l'opposition anti-Assad. Comme d’ailleurs, l’information médiatique quotidiennement diffusée par l’OSDH* sur la crise syrienne, asymétrique et non contrôlée, donc potentiellement manipulable. Avec, en définitive, une désinformation choquante – la fin justifiant les moyens.

    Or, l'extrême hétérogénéité et islamisation de cette coalition ne présage rien de bon sur la transition post-Assad.

    Vous parlez « d’enjeux cachés » dans le déroulement de la crise syrienne. Pouvez-vous expliquer ?

    Aux traditionnels enjeux politiques de contrôle d’une zone névralgique, il y a la volonté de gagner la bataille de l’énergie, via le contrôle des sources et circuits énergétiques majeurs. Par ailleurs, à l’instar d’autres acteurs de la région, le Qatar aurait un projet gazier stratégique passant par le territoire syrien pour « rentabiliser » ses exportations énergétiques et garantir ses débouchés. Le potentiel gazier syrien, a priori considérablement sous-évalué, serait donc un objectif implicite de cette guerre qui ne dit pas son nom et qui est aussi, par ricochets, une guerre contre l'Iran.

    Dans le même temps, il y a en effet le désir de toucher l’Iran en affaiblissant un de ses principaux alliés (syrien) de la région et, par ce biais, fragiliser le nouvel axe du mal émergent Chine-Iran-Russie. Car la puissance économique et politique montante de cet axe eurasien est de plus en plus redoutée par le leadership américain, contraint à une reformulation de sa stratégie dans la région. Nouveau réalisme oblige.
    Au final, « l’hyperpuissance américaine », pour reprendre l’expression de Hubert Védrine, doit aussi gérer son déclin économique, aujourd’hui rendu inéluctable par la pression concurrentielle accrue des « émergents ». Ce déclin est accéléré par un interventionnisme politico-militaire de moins en moins soutenable et économiquement épuisant – parfaitement anticipé par Paul Kennedy, en 1987, dans son fameux livre : « The Rise and fall of the great powers ».

    En conséquence, le redécoupage régional des cartes géopolitique et énergétique se présente comme l’enjeu clé de cette guerre sans nom.

    A vous suivre, il s'agit aussi d'une « guerre de l'information » ?

    Oui, sans aucune ambiguïté. Pour mémoire, rappelons que lorsque G.W. Bush a lancé sa fameuse croisade en Irak en 2003, il a reconnu – et ce n'est pas par hasard – que la première guerre à gagner était celle de l'information. Les révolutions libérales (« colorées ») en zone post-soviétique à partir de 2003, et plus tard, les révolutions arabes depuis 2010, sont une stricte application de ce principe bushien.

    Noam Chomsky démontre, dans ses œuvres, le rôle crucial des stratégies de désinformation dans les démocraties. Pour V. Poutine, l'information a un rôle politique, via l'activité décisive d'ONG à financement étranger dans la structuration et la manipulation de l'opinion publique. Il l'a personnellement vérifié lors des dernières campagnes législatives et présidentielles russes, avec Golos – ONG russe chargée du monitoring des élections, mais très liée aux dollars et donc, aux intérêts américains via NED et USAID*. Pourrait-on imaginer un scénario inverse aux Etats-Unis ? Cela a conduit, fort justement, Vladimir Poutine à renforcer la législation russe contre ces nouveaux « agents d’influence », soutenus de l’étranger – et, dés lors, définis comme des agents politiques.

    Dans les années 2000, dans le cadre des « révolutions de couleur », les ONG à financement américain ont eu un rôle clé dans l'arrivée au pouvoir des « libéraux » dans certaines républiques post-soviétiques, comme la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizstan (2005). En 1989, lors de la révolution polonaise, elles ont aussi joué un rôle non négligeable – avec, encore, le soutien de NED. Troublante inertie.
    En conséquence, Poutine définit l'information comme levier des nouvelles stratégies du soft power, moins coûteuses sur les plans politique et économique, mais terriblement efficaces dans le monde inter-connecté d'internet, fondé sur l’immédiateté communicationnelle. « L’hyper-information » mal contrôlée peut, en effet, alimenter des stratégies politiques de déstabilisation des pouvoirs en place. Une telle tentative a été observée au Kazakhstan en décembre 2011, contre le président pro-russe et ami de V. Poutine, Nazarbaïev. A la même époque, ce scénario s’est répété contre le candidat Poutine qualifié, lors des manifestations de rue successives, de nouveau « dictateur soviétique ». Les clichés ont, décidément, la vie (trop) longue.

    Le discours de Poutine souligne le danger de futures révolutions portées par le « soft power » et la manipulation de l'information pour renverser des régimes hostiles, comme cela se passe au Moyen-Orient et bientôt, comme il le redoute, en périphérie post-soviétique. Poutine redoute, en particulier, une extension du « Printemps arabe » dans les régions musulmanes de l’espace russe économiquement sous-développées, donc fragilisées et courtisées par les idéologies de l’Islam radical – ce qu’il dénonce comme la menace imminente d’un hiver islamiste.

    Dans ce cadre, ne pas comprendre la réaction russe relève d’une ineptie intellectuelle.

    A la fin de votre livre, dans le post-scriptum, vous développez le concept de « Guerre tiède »…

    En opposant à nouveau russes et américains, via des axes géopolitiques relativement hétérogènes mais structurés autour de la défense d’intérêts communs, cette guerre s’inscrit dans le prolongement d'une forme actualisée et désidéologisée de la guerre « froide ». Structurellement, il s’agit toujours d’une guerre d’influence, par alliés interposés – mais recentrée sur l’économique. C’est ce que j’appelle la guerre « tiède ».
    Ainsi, la transition post-communiste du nouvel ordre international est caractérisée par une nouvelle forme de conflictualité bipolaire opposant, dans un terrible face-à-face, l’axe arabo-occidental (soutenu par la Turquie) et l’axe eurasien sino-russe (soutenu par l’Iran). En creux, c’est aussi la question d’un monde post-occidental plus démocratique qui se joue – selon le terme utilisé par Hélène Carrère d’Encausse dans son livre de 2011, « La Russie entre deux mondes ». Cette question est portée par le pouvoir économique et politique croissant des puissances émergentes du 21° siècle, contestant la traditionnelle domination du Nord. Ces puissances, principalement les BRICS, revendiquent leur place dans la nouvelle gouvernance mondiale et ses instances décideuses – ce qui, selon la phraséologie gorbatchévienne, passe par une « Perestroïka internationale ».

    Fondamentalement, cette Guerre tiède est axée sur le contrôle des Etats stratégiques, en particulier les « pivots géopolitiques », pour reprendre la terminologie de Brzezinski. Ces Etats « pivots » fondent leur force moins sur leur puissance intrinsèque que sur leur capacité de nuisance et sur leur localisation au cœur d’espaces et de carrefours stratégiques. Zbigniew Brzezinski* l’explique fort bien dans son ouvrage majeur, véritable bible de la politique étrangère américaine depuis 1997, « Le grand Echiquier ». De ce point de vue, l'Arabie saoudite peut être considérée, selon moi, comme le nouveau pivot géopolitique de la stratégie américaine sur l'Echiquier arabe.
    Aujourd’hui, ce pivot régional est activé contre les intérêts russes au Moyen-Orient, pour poursuivre le reflux de l’ancienne puissance communiste. Par ce biais, Washington transforme la Syrie en pièce maîtresse de cette impitoyable partie d’échecs. Or, en s’appuyant sur le facteur religieux, elle provoque une inquiétante politisation de ce dernier – exprimée par la montée de l’Islam radical, comme vecteur identitaire et accélérateur des « révolutions ». Au final, la crise syrienne cache donc un enjeu géopolitique majeur, médiatisé par de puissants rapports de force.

    Au coeur de la Guerre tiède, les coûts collatéraux humains et politiques sont déjà énormes et, sans doute, irréversibles – avec, en particulier, le renforcement de la fracture chiites/sunnites comme levier d’une terrible conflictualité inter-confessionnelle. Et l’hiver naissant, aux couleurs politiques incertaines, risque d’être très long…

    (*) Précisions

    Pivots géopolitiques et géostratégiques

    Selon Brzezinski (2000, pp. 68-69) : « La notion de pivots géopolitiques désigne les Etats dont l’importance tient moins à leur puissance réelle et à leur motivation qu’à leur situation géographique sensible et à leur vulnérabilité potentielle, laquelle influe sur le comportement des acteurs géostratégiques ».

    Les acteurs géostratégiques sont définis comme « des Etats dotés d’une capacité et d’une volonté nationale suffisantes pour exercer leur puissance et leur influence au-delà de leurs frontières. De ce fait, ils sont en mesure de modifier les relations internationales, au risque d’affecter les intérêts de l’Amérique (…) ». Certains de ces Etats ont la capacité d’atteindre « une position régionale dominante ou une influence mondiale » (Brzezinski, 2000, p. 68).

    Brzezinski Z. (2000) : « Le grand Echiquier – L'Amérique et le reste du monde », éd. Hachette (1° éd. : Bayard, 1997).

    Organisation syrienne des droits de l’homme (OSDH)

    Organisation basée à Londres et représentée par un seul homme (Rami Abdelrahman), proche des frères musulmans et opposant anti-Assad. Il opère dans un studio londonien sous haute protection des services de sécurité britanniques. Ses informations, nourries par de mystérieux coups de fils, sont reprises sans aucun contrôle par AFP, CNN, CBS, BBC… De manière systématique, il incrimine le régime syrien et glorifie l’Armée Libre Syrienne (ALS). Il a dévoilé ses idées dans un article, consultable en anglais.

    Communauté des Etats indépendants (CEI)

    La CEI contient l’ex-URSS moins les Etats baltes et la Géorgie. Elle couvre 99% du territoire de l’URSS et peut être considérée comme la zone d’influence traditionnelle de la Russie. Cette forme atténuée et désidéologisée de l’Union soviétique a une fonction essentiellement politique, quasi-symbolique, et elle s’inscrit dans la nécessité de préserver l’unité de l’espace post-soviétique. A la disparition de l’URSS, la CEI a permis un « divorce à l’amiable » entre la Russie et ses anciennes Républiques, tout en préservant un fort lien identitaire entre ces dernières – dans le prolongement du soviétisme. Aujourd’hui, V. Poutine s’efforce de réactiver la CEI sous leadership russe, en y développant les liens économiques via l’extension d’une zone de libre échange. L’objectif latent est de dissuader l’expansionnisme américain dans l’ex-URSS, perçu comme une nouvelle forme d’impérialisme économique.

    Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC)

    L’OTSC, qualifiée d’ « OTAN russe », est une structure politico-militaire sous domination russe, selon la « tradition » soviétique. Elle vise à assurer une défense commune des Républiques les plus proches de Moscou – le « noyau dur » de la CEI – face aux menaces extérieures. Elle regroupe actuellement sept Etats : Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Russie et Ouzbékistan – qui couvrent près de 70% du territoire de l’ex-URSS. L’Ouzbékistan vient de quitter pour la seconde fois l’OTSC (une première fois en 1999, réintégration en 2006). Son objectif est de se rapprocher de l’axe OTAN-USA en vue de développer un partenariat économico-stratégique, plus sécurisant et financièrement plus intéressant que le paternalisme protecteur de la Russie. A terme, on peut prévoir le retour d’une base américaine en Ouzbékistan – et, peut être, au Tadjikistan, également très courtisé par le « protecteur » américain ». Dans cette hypothèse, la fiabilité, voire l’existence même de l’OTSC serait menacée et, par ce biais, le statut – donc le pouvoir – régional de la Russie.

    Organisation de coopération de Shanghai (OCS)

    L’OCS est une structure politico-militaire eurasiatique, dominée par l’axe sino-russe. Fondamentalement, elle exprime l’inflexion asiatique de la politique russe, depuis 2003. Elle vise à renforcer la stabilité et la sécurité de l’Asie centrale, en prise aux « nouvelles menaces » alimentées par le chaos afghan, le « Printemps arabe » et la triple montée concomitante de l’extrémisme, du séparatisme et du nationalisme. Elle regroupe actuellement six Etats : Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Russie et Ouzbékistan. L'Inde, le Pakistan et l'Iran (bientôt l’Ukraine) ont le statut de « pays observateurs » – véritable antichambre à l’adhésion à l’OCS. De manière implicite, cette organisation permet à la Russie d’avoir un droit de regard sur la politique chinoise, autrement dit, d’exercer une forme de contrôle soft sur un concurrent redoutable et qui, à long terme, deviendra une réelle menace pour son leadership en Asie centrale. Mais, dans le même temps, l’OCS donne une légitimité à la présence chinoise en périphérie centre-asiatique. Désormais, la Chine y exerce en effet une influence croissante, heurtant de plus en plus les prérogatives historiques de la Russie dans la région – et amorçant, de ce fait, un véritable « jeu à trois » entre les puissances américaine, chinoise et russe.

    USAID, NED, Golos : le nouveau « soft power » américain

    Une institution clé dans le contrôle et la contestation des résultats des législatives russes du 4 décembre 2011 a été une ONG nationale, Golos (« Voix »), sous influence américaine. Ainsi, cette ONG est, d’une part, alimentée par des fonds américains (via l’agence gouvernementale USAID : United States Agency for International Development) et, d’autre part, liée à la National Endowment for Democracy (NED), fondation créée en 1983 par le président R. Reagan pour combattre le communisme et qui, depuis 1991, cherche à étendre l’influence américaine (et son idéologie libérale) dans l’espace post-soviétique. Personnellement, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec les modèles des révolutions colorées ayant placé en Géorgie (2003), en Ukraine (2004) et au Kirghizstan (2005) des dirigeants libéraux pro-américains, après des procédures électorales douteuses supervisées, voire soutenues et financées par des ONG sous contrôle américain. Le scénario des révolutions colorées en zone post-communiste est le suivant : développement – sous la pression d’institutions (de type ONG) de défense des libertés et des droits de l’homme – de manifestations massives dans les rues, succédant à des élections contestées (à l’origine, par les ONG) et finissant, à terme, par provoquer le départ d'un leader considéré comme autoritaire et non démocratique. La politique (américaine) a, parfois, ses raisons, que la démocratie (post-guerre froide) ignore…

    Jean Géronimo http://www.voxnr.com

    notes :

    Livre disponible sur Amazon, Fnac et Decitre.
    Cet entretien a été réalisé pour l'IRIS et publié le 28 janvier 2013 sur son site (http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article7647) dans une version plus courte que celle figurant ci-dessus.

  • La démographie africaine dans sa longue durée (suite et fin), par Bernard Lugan

    Suite et fin du texte de Bernard Lugan intitulé La démographie africaine dans sa longue durée. La première partie est ici. La seconde partie de ce texte est titrée par l’africaniste : Les réponses historiques à l’accroissement démographique
    Première difficulté, nous ignorons quelle était la population de l’Afrique sud-saharienne à l’époque précoloniale. Il semblerait que jusqu’aux XVI-XVII° siècles, elle fut un monde de basse pression démographique. De nombreux indices permettent de penser qu’un essor considérable se produisit ensuite à partir de l’introduction de plantes américaines par les Portugais : maïs et haricots devenus la nourriture de base dans toute l’Afrique australe et dans l’Afrique interlacustre, patates douces, manioc, etc., partout ailleurs.
    Dans les années 1970, le phénomène avait fait dire à Yves Person, alors titulaire de la chaire d’histoire de l’Afrique à la Sorbonne que la traite européenne avait en quelque sorte « épongé » l’excédent d’une population en explosion et qu’en définitive elle avait eu peu d’impact sur la démographie africaine. Yves Person avait-il raison ? Sans entrer dans ce débat extérieur à notre sujet, et dont les développements ont été faits par Pétré-Grenouilleau en France, nous pouvons mettre en évidence plusieurs éléments :
    1. Aussi bien en Afrique de l’Ouest qu’en Afrique de l’Est et australe, les traditions indiquent que partout, des milieux nouveaux ont été défrichés à partir de la fin du XVI° siècle, avec une accélération jusqu’à la veille de la colonisation.
    Dans un monde que j’ai particulièrement étudié, qui est celui de la région interlacustre, les traditions des lignages défricheurs indiquent la venue de ces derniers dans la zone de la crête Congo Nil qui était alors une forêt primaire qui fut achetée aux pygmées Twa à partir du XVI° siècle. En Afrique du Sud, les traditions des Nguni du Nord (Zulu et apparentés), aussi bien que celles des Nguni du Sud (Xhosa et apparentés) indiquent le même ordre de grandeur chronologique. Dans les deux cas nous sommes en présence d’un excédent de population qui part conquérir des territoires nouveaux, l’expansion territoriale jouant alors le rôle de soupape.
    2. Pour nous en tenir à ces deux ensembles régionaux sur lesquels nous sommes particulièrement bien documentés, nous constatons que la réponse des hommes à l’essor démographique y eut des applications différentes.
    Dans la région interlacustre, milieu de dualisme entre la civilisation de la vache et celle de la houe, la réaction des uns et des autres face à l’essor démographique fut très différente. C’est ainsi que les pasteurs tutsi limitèrent leur croît démographique, en l’alignant sur celui des bovins. Chez eux, les pratiques abortives ou les comportements sexuels adaptés permirent de limiter l’essor de la population. Alors que les Tutsi étaient généralement polygames, cette polygamie ne déboucha pas sur une explosion démographique car les femmes les plus belles n’avaient que peu d’enfants afin qu’elles puissent conserver l’élégance de leurs formes. Il en était d’ailleurs de même avec les vaches royales.
    Ayant choisi d’être minoritaires par rapport aux agriculteurs hutu qui les entouraient, il fallut aux Tutsi prendre le contrôle politique des premiers afin que le fait d’être minoritaires ne soit pas un handicap pour eux. C’est alors que, selon l’adage de l’ancien Rwanda, il fallut « sauvegarder les biens de la vache (les pâturages) contre la rapacité de la houe », et pour ce faire, un système de contrôle des hommes fut instauré au profit des Tutsi. La réponse de ceux des Hutu qui se sentirent emprisonnés fut de migrer vers la crête-Congo-Nil pour la défricher. Le mouvement fut général, ce qui explique d’ailleurs pourquoi les clans hutu de la région sont éclatés.
    A la différence des Tutsi, les Hutu, pourtant monogames, affirmèrent leur différence par une démographie galopante et le phénomène s’accentua à partir du moment où ils s’implantèrent dans les zones de montagnes. Il y eut deux raisons, à cela. D’abord parce qu’il fallait des bras pour défricher la forêt et ensuite parce que ces régions étaient exemptes de malaria ou de maladie du sommeil. La seule limite au développement démographique y était la mortalité infantile due au froid et qui provoquait ces affections bronchiques dont les effets néfastes furent éliminés par la médecine coloniale.
     3. En Afrique australe, le mouvement fut différent car les populations qui appartiennent à deux grands groupes, les Sotho Tswana et les Nguni, pratiquaient à la fois l’agriculture et l’élevage. Les Sotho Tswana qui vivaient sur le plateau central de l’actuelle Afrique du Sud occupaient l’espace depuis le fleuve Limpopo au nord jusqu’au nord du fleuve Orange au Sud. La limite méridionale de leur zone d’occupation était pluviométrique car au sud d’une certaine limite, l’agriculture n’était plus possible. Nous sommes mal renseignés sur eux.
    En revanche, nous sommes bien documentés sur les Nguni, ou du moins sur les Nguni du Sud, à savoir les Xhosa et apparentés car dès le XVI° siècle nous disposons de témoignages de naufragés européens. Puis à partir des années 1760, le contact s’étant établi avec les Hollandais, les archives de la colonie du Cap contiennent une importante documentation les concernant. Je ne ferai pas l’histoire du contact entre les front pionniers blanc et Xhosa en Afrique du Sud, pour m’en tenir au seul point qui nous intéresse ici, à savoir la question démographique.
    Les Nguni du Sud qui vivaient dans le piedmont oriental de la chaîne du Drakensberg et dans les plaines littorales à partir du sud de la région de Durban furent confrontés à un double problème : ceux qui en avaient les moyens étaient polygames et ici, la polygamie engendrait une nombreuse progéniture, or, l’espace était limité dans trois directions. Au nord, par les autres tribus nguni qui maillaient étroitement l’espace, à l’est par l’océan et à l’ouest par la chaîne du Drakensberg qui était un obstacle naturel. La seule expansion possible était donc vers le Sud. C’est pourquoi, et nous sommes très bien documentés sur la question, à partir là encore du XVI° siècle, à chaque génération, le surplus de la population partait conquérir des espaces nouveaux sur lesquels de nouvelles chefferies étaient créées.
    Le phénomène est essentiel et il mérite que l’on s’y attarde. L’exemple des Xhosa, les plus connus parmi les Nguni du Sud, illustre bien cette réalité. Ici, l’organisation était comme souvent lignagère, tribale et clanique. Politiquement, l’organisation était la chefferie. Chaque chef avait plusieurs femmes dont les huttes étaient situées par ordre d’ancienneté à droite de la hutte du chef, d’où les épouses dites « de la main droite » et les « enfants de la main droite ». Mais, ne pouvait être l’héritier de la chefferie, que l’aîné des garçons né de la Grande épouse. Or, cette dernière ne pouvait être désignée qu’après l’accession au pouvoir du chef. En d’autres termes, tant qu’il était dauphin, l’héritier ne pouvait avoir de Grande épouse. A la mort de son père, il choisissait donc une nouvelle femme qui devenait sa Grande épouse et qui vivait dans son enclos chef.
    Bien évidemment, il y avait une considérable différence d’âge entre les aînés des « épouses de la main droite » et celui de la Grande épouse. A chaque génération, il y avait donc contestation du pouvoir et les oncles ou demi-frères de l’héritier légitime partaient avec les membres de leur lignage et leurs dépendants pour s’installer plus loin vers le sud où ils fondaient de nouvelles chefferies. La soupape de la surpopulation était donc la conquête de terres vierges. Or, le mouvement fut bloqué à la fin du XVIII° siècle lorsque le front pionnier hollandais rencontra le front pionnier nguni. Le traumatisme fut tel chez ces derniers qu’il provoqua une crise existentielle et une anarchie dévastatrice.
    Chez les Nguni du nord, la situation était différente car, même si l’organisation sociale était quasi semblable, la différence était qu’à partir du début du XVII° siècle, il n’y eut plus d’espaces vierges à conquérir, dans ces conditions, la réponse des Nguni du Nord à l’accroissement démographique fut la guerre afin que les plus forts se taillent un espace vital aux dépens des plus faibles. Or, la culture guerrière nécessitait une solide organisation laquelle déboucha sur l’étatisation dont l’accomplissement fut l’Etat zulu.
    Dans les exemples choisis, nous venons donc de voir que ce fut quand il n’y eut plus d’espace vierge permettant au croît humain de s’établir que l’Etat apparut. Ce phénomène est bien connu. Pour ne prendre qu’un exemple, la naissance de l’Egypte dynastique, le « miracle égyptien », fut d’abord une réponse adaptée à un milieu particulier, l’étroite vallée du Nil, qui devait faire face à un insurmontable problème de survie de ses populations. Ce fut pour répondre aux défis de la démographie que naquit l’Etat égyptien. Rares sont les exemples de ce type car partout ailleurs en Afrique, l’espace existait et la logique n’était donc pas à la limitation de la population, mais au contraire à son essor car seuls survivaient les groupes nombreux capables d’aligner des guerriers pour se défendre et des bras pour défricher ou cultiver, d’où la philosophie de la virilité et de la fécondité.
    Bernard Lugan
    Texte publié avec l’aimable autorisation du site realpolitik.tv, animé par Aymeric Chauprade.

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  • La démographie africaine dans sa longue durée (I), par Bernard Lugan

    Universitaire africaniste, Bernard Lugan aborde les questions africaines sur la longue durée en partant du réel, à savoir la Terre et les Hommes. Pour lui, il convient de parler des Afriques et non de l’Afrique, et des Africains, donc des peuples et des ethnies, et non de l’Africain, terme aussi vague que réducteur.
Après plus de trente années d’expériences de terrain et d’enseignement universitaire en Afrique – il fut notamment professeur durant dix ans à l’université nationale du Rwanda –, il mène actuellement des activités multiples : édition d’une revue africaniste diffusée par internet, direction d’un séminaire au CID (Ecole de Guerre), conseil auprès de sociétés impliquées en Afrique. Il est également expert pour l’ONU auprès du TPIR (Tribunal international pour le Rwanda) qui siège à Arusha, en Tanzanie.

    Contrairement à ce qui est trop constamment affirmé, l’Afrique se développe, mais sa démographie est plus rapide que son développement. Certains chefs d’Etats en sont conscients. C’est ainsi que dans le discours prononcé le 9 juin 2008 lors de l’ouverture du deuxième congrès national sur la population, le président Moubarak d’Egypte déclara que la pression démographique était la « mère de tous les maux », la huitième plaie d’Egypte en quelque sorte. Avec une population de 80 millions d’habitants concentrée le long du Nil sur quelques dizaines de milliers de km2, avec un indice de fécondité de 3,1 par femme et un taux de croissance naturelle de 18,5 pour 1000, la catastrophe est effectivement annoncée. Le président égyptien est allé jusqu’à reprocher à ses compatriotes (je cite) de « faire concurrence aux lapins ».
    I- La situation actuelle : une démographie qui bloque le développement
    Aujourd’hui, l’accroissement de la population est tel qu’il gomme les effets du développement du continent et qu’il annonce de graves crises alimentaires.
    Quelques chiffres permettent de saisir l’ampleur du phénomène : dans les années 1900, la population de l’Afrique était d’environ 100 millions d’individus ; dans les années 1950-1960, au moment des indépendances, elle était de 275 millions ; en 1990, de 642 millions dont 142 en Afrique du Nord ; en 2002, de 689 millions ; en 2004, de 872 millions et en 2005 de 910 millions. En 2007, la population de la seule Afrique sud-saharienne était estimée à 788 millions. Selon les Nations Unies, dans les années 2050, les Africains sud-sahariens seront un peu moins de deux milliards si toutefois les femmes n’ont que 2,5 enfants en moyenne, et aux environs de 3 milliards si elles continuent à en avoir 5,5 (1).
    Or, il faut bien comprendre que c’est cette croissance démographique et elle seule, qui annule les effets du développement. Entre 1966 et 2005, le PNB du continent a en effet augmenté de 3,9% en moyenne, ce qui est une excellente performance, mais, ramené à l’évolution de la population, ce taux tombe à 1,6% (FMI, mars 2005). Entre les années 1960 et 1995, la production agricole africaine a progressé en moyenne de 1,25% par an, soit 43,75% en trente-cinq ans, ce qui est remarquable. Mais, dans le même temps, comme la population croissait de 3% par an, soit 105%, l’écart entre les besoins et les moyens s’est considérablement creusé ; le phénomène ira en augmentant car un taux de 3% entraîne un doublement de la population tous les 20 ans.
    En 1970, 200 millions d’Africains n’avaient pas accès à l’électricité ; en 2002, ils étaient 500 millions. Et pourtant, en 30 ans, des dizaines de milliers de kilomètres de lignes furent tirés, mais là encore, la démographie est la grande responsable de ce constat car les naissances sont allées plus vite que l’électrification. Cet exemple se retrouve dans tous les domaines.
    Autre conséquence de la surpopulation, les disettes saisonnières qui, dans la société traditionnelle apparaissaient régulièrement au moment de la soudure entre deux cycles agricoles ou lors d’accidents climatiques ponctuels, se sont transformées en famines, car les ressources alimentaires ont-elles aussi progressé moins vite que la population.
    Des années 1960 à 2000, deux grandes zones furent quasiment en permanence frappées par le phénomène de famine : le Sahel et la Corne de l’Afrique. En 2002, une troisième zone s’y est ajoutée, l’Afrique australe où cinq pays, à savoir le Lesotho, le Mozambique, le Swaziland, la Zambie et le Zimbabwe furent sévèrement touchés par une crise alimentaire. Cette année là, la crise agricole frappa également des pays comme le Sénégal où la récolte céréalière 2002/2003 fut en forte baisse par rapport à celle de l’année précédente et où, faute de pâturages, certains troupeaux furent gravement affectés. Selon la Banque mondiale (Rapport de décembre 2002), en 2002, 30 millions de personnes dans toute l’Afrique eurent besoin d’une aide alimentaire. Ce chiffre a encore augmenté depuis, notamment en 2007-2008, quand 135 millions d’Africains reçurent une aide alimentaire (Banque africaine de développement, avril 2008).
    Le phénomène a été amplifié par l’exode rural et par la création de mégapoles non productives mais grosses consommatrices, ce qui entraîna une baisse des productions vivrières et par conséquent l’augmentation du déficit alimentaire : « Les villes et les agglomérations du continent vont devoir absorber une vague de 12 à 13 millions d’habitants en 2008, si bien que la population urbaine va croître plus vite que la population rurale à l’horizon 2035 » (2) Or, souligne la BAD, cette urbanisation n’est pas le résultat de l’industrialisation, mais de la misère rurale.
    La surpopulation a également eu des conséquences dramatiquement observables sur l’environnement, amplifiant le phénomène de désertification. Depuis la décennie 1960, le déboisement de l’Afrique qui en est une conséquence directe a même pris des proportions alarmantes. Les 3/4 des Africains se servent en effet de bois ou de charbon de bois pour la cuisson de leurs aliments ; 85% du bois coupé en Afrique sert en bois de feu, 10% pour l’habitat et 5% seulement pour l’exportation.
    C’est cette démographie devenue suicidaire qui fait que l’Afrique sud-saharienne est aujourd’hui plus pauvre qu’elle ne l’était en 1960 puisque, depuis les indépendances, le revenu par habitant y a baissé entre moins 0,5 et moins 1% par an.
    (1) En Afrique, le Sida a fait depuis le début de la pandémie 25 millions de morts. Dans les pays les plus touchés (Botswana 37% de la population, Zimbabwe 24%, Afrique du Sud 21%, on pourrait assister à une contraction de la population active mais pas à un dépeuplement.
    (2) BAD (Banque africaine de développement), Compte-rendu de la réunion du 14 mai 2008, Maputo. Selon la Banque mondiale, en 1981 11% des pauvres de la planète vivaient en Afrique sud-saharienne. Cette proportion était de 27% en 2007 et elle sera de 33% en 2015. Selon la BM, il faudrait un « miracle » pour que la situation change (Rapport de la Banque mondiale du 26 août 2008, Washington.)

    A suivre  : 
La démographie africaine dans sa longue durée

    (II) – Les réponses historiques à l’accroissement démographique.
    Texte publié avec l’aimable autorisation du site realpolitik.tv, animé par Aymeric Chauprade.

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  • Afrique : Défense des intérêts économiques français

    Conférence sur la France-Afrique à l’école Militaire par Monsieur André JANIER Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès de la République de Côte d’Ivoire jusqu’à l’été 2009. L’objet de cette conférence est de donner un éclairage sur la capacité de la France à défendre ses intérêts en Afrique francophone.

    16 décembre 2009

    En écoutant le parcours professionnel de notre orateur, qui d’autre que lui aurait la légitimité à redonner espoir à nos entrepreneurs, attirés qu’ils seraient vers de nouveaux territoires… de compétition.
     
    L’ambassadeur en s’adressant à son auditoire, principalement représenté par les étudiants du 3° cycle spécialisé en Intelligence Economique et Stratégie de l’EGE, mais aussi d’auditeurs de l’IHEDN et d’industriels insista sur le rôle des ambassadeurs dans un contexte de guerre économique.
    En géopolitique et en géostratégie l’ambassadeur est avant tout une arme pacifique de négociation(1) pour les politiques dans les conflits d’intérêts, par opposition à l’emploi de la force. Les diplomates se consacrent à contourner les confrontations directes. La guerre économique est pour lui différente du combat qui vise à éliminer les adversaires.
    Elle devrait avoir pour objet de contourner la confrontation(2) et d’amener les parties en présence à se placer sur des terrains de compromis ou de cheminement possibles.
    Ainsi en parlant aux nouveaux entrepreneurs Français, conquérants sur les marchés mondiaux, il leur répète qu’il faut reconstruire leur notoriété sur des bases de qualité et de développement durable.
    Sur ces champs les Chinois ne sont pas crédibles au delà des effets de vitrine comme les derniers jeux olympiques, ou en jouant les milliardaires en distribuant monnaies et palais…
    En Afrique ces « nouveaux » territoires s’organisent aussi selon des règles et des normes
    internationales, souvent aidés en cela par la Communauté Européenne.
    Leur rôle est aussi de sensibiliser nos entreprises à la prise en compte essentielle de cette nouvelle donne où les rapports de force ne sont plus régis par l’antériorité d’occupation, mais par la meilleure offre du moment.
    Pour lui il leur faut apprendre à être patient, opiniâtre et à reconstruire leur notoriété sur des bases de qualité et de développement durable. Quelques batailles perdues n’en font pas la guerre nous encourage-il!

    André Janier, ministre plénipotentiaire hors classe, a été ambassadeur successivement au Qatar, au Tchad, au Yémen, en Iraq, et Cote d’Ivoire. Il a également représenté la France dans le processus euro-méditerranéen et dans les négociations pour le Darfour.

    http://fortune.fdesouche.com

  • Faim et pauvreté : faire payer aux Blancs le pullulement des autres

    Deux ans seulement après les « émeutes de la faim », la FAO vient de lancer une nouvelle alerte à la suite de mauvaises récoltes imputables aux caprices du climat et... à la spéculation. Prétextes qu'on ne finit pas de nous resservir quand il est évident que l'élévation de la démographie mondiale et l'apparition brutale de centaines de millions de nouveaux consommateurs dans les pays émergents en sont les raisons principales. Crise ou pas crise, les tensions ne vont cesser de se renforcer sur le marché ouvert des produits de subsistance. À mesure en particulier que les masses chinoises accédant à la consommation exigeront plus de viande, plus d'œufs, plus de pâtes et que la Chine pillera les stocks de céréales de la planète.

    Le climat ? Depuis 5 000 ans, le néolithique et l'apparition de l'agriculture, il n'a cessé en effet d'être l'impondérable numéro un dans l'équilibre alimentaire des hommes.

    La spéculation ? S'il reproche avec véhémence aux investisseurs institutionnels leurs mauvaises pratiques sur les cours des matières premières, Olivier de Schutter, le nouveau rapporteur spécial de l'ONU sur l'alimentation, évalue leur rôle avec pertinence. « Dès 2001, écrit-il, le marché des produits dérivés des matières premières alimentaires a vu affluer un flot d'investisseurs non traditionnels. La raison en a été que d'autres marchés se sont asséchés les uns après les autres : la bulle Internet éclata fin 2001, puis celle de la Bourse, puis l'immobilier en 2007. À chaque nouvelle crise les investisseurs institutionnels passaient sur un autre marché considéré comme plus stable que le précédent. Et on peut voir de fortes ressemblances dans les comportements des matières premières alimentaires et d'autres valeurs refuge comme l'or ». Il faudra donc bien faire avec une situation dont il est peu probable qu'elle se modifie par un suicide des capitalistes. D'ailleurs, au regard de l'évolution de la Chine et de l'Inde, ils sont innombrables les « damnés de la terre » impatients de prendre leur place.

    Depuis la spectaculaire envolée des prix en 2007/2008 et les «  émeutes de la faim », la situation s'est certes calmée. Les spéculations se sont portées ailleurs. Mais les cours n'ont pas retrouvé leur ancien niveau. La majorité d'entre eux se calant d'ailleurs à plus de 50 % de ce qu'ils étaient précédemment. Il aura donc suffi de peu de choses, quelques intempéries par-ci par-là et une forte pression sur les marchés mondiaux d'importateurs majeurs comme l'Égypte et la Chine, pour que la tendance s'emballe à nouveau.

    Trop de pluies au Canada et au Pakistan, trop de sécheresse en Eurasie, il n'en faut pas plus pour faire monter les prix des céréales. Mais le sucre et les oléo-protéagineux, nullement concernés par les intempéries russes, avaient déjà amorcé le même mouvement. Et si le monde vertueux enrage que certains puissent acheter sous les Tropiques d'immenses territoires mieux pourvus en soleil et en eau, en Afrique par exemple, comment leur reprocher de faire de la priorité alimentaire un objectif vital ?

    Dans de telles conditions les ONG dont la faim dans le monde est le fonds de commerce s'agitent comme des puces. Et relaient avec acrimonie les résultats accablants publiés par les Objectifs du Millénaire pour le Développement, l'agence de l'ONU qui entend éradiquer la pauvreté d'ici 2015. On en lira sans surprise certaines des conclusions : « Nous, chefs d'Etat et de Gouvernements, réunis au siège de l'Organisation des Nations Unies, à New York, du 20 au 22 septembre 2010, constatons avec une vive inquiétude que le nombre de personnes vivant dans une extrême pauvreté ou souffrant de la faim dépasse le milliard et que les inégalités internes et entre les pays demeurent un problème majeur... La faim et la malnutrition ont de nouveau augmenté de 2007 à 2009 annulant en partie les progrès antérieurs ».

    Le document, qui sera sans nul doute avalisé par l'assemblée plénière des Nations Unies, compte 65 pages et sa lecture ne peut laisser insensible tant il est une sorte de catalogue des mesures coercitives que les gestionnaires du Mondialisme entendent imposer aux nations décrétées "riches" afin de réaliser les objectifs extravagants qu'ils se sont fixés.

    En finir avec la faim et la pauvreté dans le monde sans toucher à ce qui en est la cause principale : la démographie débridée des pays qui justement sont incapables de se nourrir et ne savent qu'imputer aux Occidentaux des maux dont ils sont les premiers responsables : « Nous sommes résolus, peut-on lire dans l'acte de clôture, à promouvoir et renforcer ensemble, ces prochaines années, le partenariat mondial pour le développement... affirmé dans la déclaration du Millénium, le Consensus de Monterrey, le Sommet Mondial pour le développement de Johannesburg... et la Déclaration de Doha sur le financement du développement. »

    Et ce ne sont pas des paroles en l'air. Lors de cette réunion, 40 milliards d'US$ ont été promis par la communauté internationale rien que pour financer la Stratégie Mondiale pour la Santé de la Femme et de l'Enfant, une nouvelle structure lancée par Ban-Ki-Moon destinée à « sauver les vies de millions de femmes et d'enfants ». En creusant encore plus les déséquilibres démographiques de la planète.
    Est-il besoin de préciser que, selon les critères du Millenium, parmi les 23 pays développés les mieux placés dans la lutte contre la faim et la pauvreté, on trouve, le Japon et la Corée du Sud mis à part, uniquement des pays blancs ? Ceux-là même qui sont mis au pilori dans tous les forums internationaux où les parasites des quatre points cardinaux viennent avec arrogance exiger leur dû. Les Français seront ravis d'apprendre que, immédiatement après le Luxembourg, ils sont les seconds de la classe, devant l'Espagne, la Suède, le Canada, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Australie, la Norvège, l'Irlande, les États-Unis, etc. L'Espagne ? L'Irlande ? Ne sont-elles pas en état de faillite ? Comme le sont le Royaume-Uni et les États-Unis ?

    Mais l'équarrissage planétaire, acharné à faire disparaître toute bio-diversité humaine, poursuit imperturbablement son cours dans l'indifférence des peuples condamnés.
    René BLANC. RIVAROL 22 OCTOBRE 2010