CERTES moins médiatisée que le G20 de Londres, la conférence simultanément organisée par l'Université de New York sur la crise du système financier international méritait une grande attention. Placée sous la direction de Paul Volcker, ancien président de la Federal Reserve et président du Conseil de Redressement Economique d'Obama, elle réunit des spécialistes de renom comme John Gapper, économiste en chef du Financial Times, Matt Richardson, analyste proche de Nouriel Roubini, ou Myron Scholes, Prix Nobel 1997 d'Economie, qui fut impliqué en 1998 dans le crash financier du fonds d'investissements pourris Long Term Capital Management. Il fut l'inventeur des « produits bancaires dérivés » toxiques, dont on estime qu'ils représentent 1,5 "quadrillion" de $, c'est-à-dire 150 000 milliards de $ - ce qui renvoie les 5 000 milliards de $ débloqués lors du G20 à une aimable plaisanterie.
Au cœur de la réunion de New York, cette question fondamentale des produits dérivés se réduisit, à Londres à un contrôle « plus strict » du monde financier pour faire plaisir au tandem Sarkozy-Merkel. Tandis que Stephen Harper, le Premier ministre canadien, résumait bien la phobie ambiante du protectionnisme : « Il est clair que la globalisation, les marchés ouverts, et le commerce libéralisé demeurent la base essentielle de notre système économique. Et formeront la base de tout rétablissement et de toute croissance économique future. »
C'est pourquoi, tandis qu'il était passé sous silence à Londres, le Glass-Steagall Act fut évoqué avec insistance par les congressistes de New York. Paul Volcker ayant suggéré de diviser en deux le système financier mondial - les banques commerciales pour deux tiers étant lourdement régulées et le dernier tiers laissé aux hedgejunds et autres produits plus libre -, John Gapper souleva l'embarrassante question : « Si vous voulez imposer un nouvel Acte Glass-Seagall, où envisageriez-vous de tirer la ligne de démarcation ? » Suscitant de Scholes, qui appartient évidemment à l'école de Chicago, une réaction qui est en fait au cœur de tout l'imbroglio actuel : « Si nous internationalisons tout, nous finissons avec des règlements qui asphyxieront toute liberté et toute innovation » En d'autres termes, contrôlez et limitez le système financier mondial et ne vous attendez pas à la croissance que le monde a connue depuis vingt ans. Mais si vous voulez cette croissance à l'échelle du monde, ne venez pas vous plaindre ensuite de réajustements sanglants comme ceux actuellement expérimentés.
CE GLASS-STEAGALL ACT QUI EST TABOU
Dans les années 1900, n'importe qui pouvait acheter des actions sans disposer d'argent et en spéculant sur les marchés mondiaux. Dès 1904, un premier crash boursier en résulta sans que rien ne soit corrigé. On sait ce qu'il advint un quart de siècle plus tard. Aussi, en 1932/1933, une banque sur cinq ayant fait faillite, le Congrès Américain votait cette loi qui, en même temps qu'elle créait le FDlC (Corporation Fédérale de Dépôt d'Assurance) afin de garantir les opérations bancaires jusqu'à 250 000 $, plaçait la spéculation sous contrôle et renforçait le pouvoir de la Réserve Fédérale sur le Crédit. En fait le Glass-Steagall Act répondait très exactement au type de crise financière actuelle. L'économie mondiale vivra dans ce cadre jusqu'aux années 1960 lorsque, sous la pression des grosses banques d'affaires, notamment la Morgan, CitiCorp, la Chase Manhattan, se constitue un puissant lobby destiné à éliminer la loi encombrante. Le combat va durer jusqu'en 1987 et aboutir au remplacement, à la tête du Fed, de VoIcker, qui s'y opposait, par Greenspan, lui-même ancien directeur de J.P. Morgan. Dès 1989, la Réserve Fédérale introduisait des dérogations au Glass-Steagall Act dont la suppression ne trouvait pas de majorité au Congrès. Il faudra encore attendre dix ans d'un intense lobbying, en particulier de Sandy Weill (directeur de CitiGroup jusqu'en 2001, date à laquelle il rejoignit à la Federal Reserve de New York... Tim Geithner) et John Reed (qui après avoir présidé CitiCorp prit la tête du... New York Stock Exchange), pour que, à l'orée d'une campagne présidentielle décisive qui vit se déchaîner la puissance financière 5 milliards de $ déversés par les banques -, l'Acte soit révoqué le 4 novembre 1999 sur une très forte pression de l'Administration... Clinton.
Jusqu'au 2 juillet 1999, le moteur de cette impulsion fut Robert Rubin, ancien directeur de Goldman Sachs et Secrétaire au Trésor. Ayant démissionné, il devenait le bras droit de Sandy Weill à Citigroup. Actuel conseiller économique d'Obama, il interviendra personnellement avec Greenspan en novembre 1999 pour que les « produits dérivés » - notamment les CDS (Credits Default Swaps) et les OTC ou produits Hors Bilan -, échappent au contrôle de la CFTC, l'autorité de lutte contre les pratiques frauduleuses. Rubin fut remplacé au Trésor par Larry Summers qui conduisit toutes les tractations menant à la suppression du Glass-Steagall. Summers est aujourd'hui à la tête du Conseil Economique National, chargé de la politique économique du Messie.
LE VOL ORGANISÉ DES CONTRIBUABLES
Reste alors le rôle joué par Timothy Geithner, l'ancien président de la toute puissante Federal Reserve de New York. Contrairement à ce que l'on dit, son PPPIP ou Programme d'Investissement en Partenariat Public-Privé n'est nullement destiné à restaurer un système de crédit sain en faveur des familles et des petites entreprises. Il n'a d'autre but que de déverser des milliers de milliards de $ dans les banques et les multinationales totalement responsables de la crise. Et quand ce protégé d'Henry Kissinger déclarait récemment à la télévision qu'il « n'entendait pas soutenir les banques précaires aux dépens des solides », il celait deux choses. D'abord que c'est exactement ce que fait le PPPIP. Ensuite que ces banques fragiles qui sont au nombre de cinq détiendraient, selon le rapport trimestriel du Contrôleur de la Monnaie sur le Commerce Bancaire et l'Activité des Produits Dérivés, 96 % des produits toxiques US. Il s'agit de : JP Morgan-Chase, 66 000 milliards de $ de produits toxiques ; Bank of America, 38 000 milliards ; Citibank, 32 000 milliards ; la défunte Goldman Sachs, 30 000 milliards ; Wells-Fargo-Wachovia, 5 000 milliards; et en sixième position HSBC-Bank USA, 3 700 milliards.
Ainsi, par exemple, les 180 milliards de $ que les sbires d'Obama ont déversés dans AIG ont servi à payer les encours toxiques que cette banque devait à Goldman, Citi-Bank, Morgan Chase et Bank of America. En d'autres termes, 180 milliards de $ jetés dans un puits sans fond.
En fait, un observateur aussi perspicace de l'évolution de notre monde que l'économiste William Engdahl explique avec clarté que les États-Unis disposent de la législation pour sortir de ce cloaque. Il suffirait d'expulser les banquiers irresponsables - Sandy Weill, par exemple, est un philanthrope qui distribue chaque année des millions de $ à ceux dont il a besoin - puis de désintégrer ces banques, fût-ce au détriment des actionnaires, pour revendre au public ce qui est encore sain. Or, c'est précisément ce que les Geithner, Rubin et Summers ont mission d'empêcher. Débarquer Rick Wagoner, le PDG de General Motors, cela donne le change. Autre chose est de s'en prendre à ces quelques personnages qui ont financé l'élection d'Obama afin qu'il garantisse la permanence du système financier mondial. Soit James Dimon, d'origine "turco-grecque" pour JP Morgan, Ken Lewis pour Bank of America, l'Indien Vikram Pandit pour CitiBank, Richard Kovacevich pour Wells-Fargo-Wachovia et l'Irlandais Michael Geoghegan pour HSBC-Bank of USA.
Au-delà du déferlement euphorique entretenu autour de l'imposture Obama, on notera que de plus en plus d'économistes jusque-là choyés par les media ne cachent plus leur exaspération devant les décisions prises par l'équipe présidentielle pour parer à la crise. Le 24 mars : à l'annonce du Plan Geithner, le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz s'exprimant à Hong Kong, lors de la Conférence de l'Investissement Asiatique du Crédit Suisse, soulignait que ce plan allait « voler les contribuables américains » et que de surcroît, si l'économie restait faiblarde, il avait peu de chances de réussir, car il était « très profondément défectueux » et finirait par provoquer une colère généralisée.
L'ennui, pour l'équipe de bras cassés qui prétendent régler la crise financière, est que Stiglitz n'est pas le seul à protester. Paul Krugman, par exemple, Prix Nobel d'Economie 2008, appartenant à la même tribu que Geithner, Summers, Bernanke et Stiglitz, constatait le 5 mars dans le New York Times : « Lorsqu'elle est confrontée aux banques, l'administration Obama tremble » et prédisait : « La vérité est que le Plan Geithner-Bernanke n'a aucune chance de voler ». Pessimisme partagé par Jeffrey Sachs, l'ancien professeur d'économie de Harvard qui est au cœur du dispositif mondial de développement économique global basé sur le prétendu Réchauffement Climatique. « Le Plan Geithner-Summers, écrivait-il le 26 mars dans une chronique d'une surprenante virulence, est une tentative à peine voilée de transférer des centaines de milliards de $ des fonds des contribuables US vers les banques commerciales en achetant aux banques, très au-dessus de leur cours, leurs produits toxiques. » La promenade européenne du Messie et de sa greluche, décidément, ce n'était que de la com !
Jim REEVES. Rivarol du 24 avril 2009
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Le gang Obama, protecteur des banques toxiques
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Peut-on éviter la famine mondiale ? (arch 2008)
La campagne médiatique sur les « révoltes de la faim » qui s' étendent dans le monde vise-t-elle à culpabiliser encore plus les « pays riches » ? Directeur de la FAO, organisation de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture, le Sénégalais Jacques Diouf ne celait pas le 10 avril à New Delhi, en présence du ministre indien de l'Agriculture Sharad Pawar, la gravité de la situation alimentaire globale : « Face à l'offre et à la demande, les prix de l'alimentation ne sont pas près de s'améliorer. » Les stocks mondiaux de céréales, réduits à 4/5 millions de T, ne couvriraient plus, affirme-t-il, que de 8 à 12 semaines, alors que nous ne cessons de le dire ici : il y a des mois que la sécurité de 65 jours a été pulvérisée. « Avec les émeutes d’Égypte, du Cameroun, d'Haïti, du Burkina Faso, du Sénégal, ajoute-t-il, la situation alimentaire du monde est dramatique. » Dans ces pays, 50 à 60 % des revenus sont consacrés à la nourriture. 65 % au Vietnam. 73 % au Nigeria. Contre 14 % en France. Aux USA, les 20 % les plus pauvres n'y consacrent pas plus de 16 %.
Du 3 au 6 juin, une conférence mondiale débattra au siège de la FAO à Rome de la nécessaire croissance de la productivité dans les pays pauvres, de l'augmentation de la consommation dans ceux en développement et de l'impact du climat sur la production mondiale. Mais le directeur de la FAO, évoquant les « raisons structurelles » responsables de la situation, met d'abord en cause l'extension des cultures agro-énergétiques. Sans citer les États-Unis, il dénonce le pays qui consacre 100 millions de tonnes de céréales aux agro-carburants et entend « multiplier ce chiffre par 12 d'ici 2017 ». Cette course effrénée à la « chimie verte », alimentée par le spectre du C0₂ anthropique, est imputée avec agressivité aux pays industrialisés. Ainsi ce paysan désespéré du Bangladesh qui, dans un reportage récent d'Arte, maudissait l'Occident responsable à ses yeux du réchauffement climatique et de sa terre inondée.
HARO SUR LES BLANCS !
Il commence à avoir le dos large, l'Occident ! À la même tribune, le ministre de l'Agriculture indien se félicitait de ce que son pays, deuxième producteur mondial de blé après la Chine (96 millions de T), ait su protéger son 1,15 milliard d'habitants de la famine : au 1er avril 2008, l'Inde disposait d'une réserve de 5,5 millions de T de blé, alors que quatre suffiraient. Avec 75 millions de T en 2008, proche de l'autosuffisance grâce à la révolution agrochimique imposée au Pendjab et dans l'Aryana, elle n'en a pas moins raflé en 2005/06 quelque 5,5 millions de T sur le marché mondial. 1,8 million en 2006/2007. 2 millions en 2007/2008. Aggravant ainsi, comme la Chine, l'envolée des prix agricoles. « En tant que ministre de l'Alimentation, se justifie Sharad Pawar, je dois maintenir des stocks de sécurité afin de faire face à toute éventualité. » De même ses achats massifs de viande sur le marché mondial sont-ils autre chose que des importations déguisées de céréales, quand il faut 8 kg de maïs pour faire 1 kg de viande ?
Quant au riz, en pleine ascension, on ne saurait montrer les Bourses occidentales du doigt. Les transactions en effet sont entre les mains du négoce chinois qui ne connaît que la loi de l'offre et de la demande. De 200 $ la tonne il y a cinq ans, le riz est passé à 400 en décembre 2007 et à 500 début avril. Mais il peut atteindre 1 200 $ et l'Inde n'exporte plus, y compris vers le misérable Bangladesh, à moins de 1000 $.
Pour ne rien dire du tsunami démographique tiers-mondiste quand, depuis un demi-siècle, les pays blancs se stérilisent. Ou des dégradations environnementales dont la plupart des pays du Sud ainsi que l'Inde, la Chine, les Philippines, l'Indonésie sont les premiers fautifs.
De toutes parts - Strauss-Kahn au FMI, Zoellnick à la Banque Mondiale, Diouf à la FAO -, on pointe un doigt accusateur vers les nations blanches dont l'égoïsme, en faisant monter le prix des céréales, naufragerait 33 pays dont le néo-con Zoellnick larmoie qu'il « ne leur reste plus de marge de survie ». Pour le FMI, au cours des trois dernières années, la moitié de l'augmentation du prix mondial du maïs serait imputable à l'éthanol américain. Et l'Union européenne ne détaxe-t-elle pas ses agro-carburants, distrayant de plus en plus de surfaces à vocation alimentaire vers les cultures énergétiques ? Ils sont cependant plus discrets sur le très gourmand Brésil de Lula Da Silva qui, dans l'imagerie globale, passe toujours pour une nation de couleur.
Le Programme Alimentaire Mondial (WFP) déplore un trou de 500 millions de $ dans son budget. Il y a situation d'urgence, proclame encore Zoellnick qui reproche aux nations blanches d'avoir en 2006 réduit leur aide de 8,4 % alors que, pour réaliser les promesses faites en 2005, elles devraient l'augmenter de 35 % au cours des trois prochaines années. Qui paie ?
PLUS QUE JAMAIS L'OMBRE DE MALTHUS
L'Europe, l'Amérique du Nord et l'Australie sont sommées de financer le développement d'une agriculture moderne dans le Tiers-Monde, notamment en Afrique : « On ne voit pas, proteste Diouf, pourquoi ['Afrique n'aurait pas droit aux mêmes équipements qui existent en Europe. Aux mêmes réseaux d'irrigation, autoroutes, infrastructures agrochimiques qui ont permis l'éminence de l'agriculture européenne. » Outre que, avant d'exiger de tels droits, les élites africaines devraient faire la preuve de leurs capacités inventives, il faut aller au bout du raisonnement. Le prix payé par l'Occident pour cette agriculture a été terrible. 0,2 % seulement des Américains en vivent encore. 1 % des Français et des Australiens. La modernisation agro-industrielle chinoise jette 300 millions de paysans à la rue. C'est pourtant ce qui attend l'Afrique si on écoute les malfrats du productivisme agraire. Irriguer plus quand 3 % des eaux africaines servent à l'agriculture ? Après un demi-siècle de siphonnage et de pollution des nappes phréatiques, les États-Unis et l'Europe réduisent leurs surfaces irriguées. Promouvoir une seconde « révolution verte » dans le Tiers-Monde ? Des millions d'hectares, gorgés de pesticides, ont été stérilisés par les premiers. Étendre partout la mécanisation et la technologie quand le coût des énergies menace de paralyser tout le système?
Notre ministre de l'Agriculture Michel Barnier et ses pairs prétendent remettre en culture toutes les terres disponibles et ne consacrer que 8 % d'entre elles aux agro-carburants. Mais les friches industrielles et les jachères avaient été repoussées dans les sols les plus pauvres, les landes et les coteaux. Chaque année, 60 000 hectares de terres limoneuses sont avalés par le bétonnage péri-urbain imposé par la croissance de l'immigration et les infrastructures commerciales, autoroutières, aéroportuaires. L'augmentation des prix, en bonifiant les revenus des agriculteurs, les encouragerait à produire plus ? Faux : après un demi siècle d'agrochimie la productivité ne cesse de décliner. Le renchérissement des intrants issus de la chimie pétrolière, l'accroissement des charges et l'inflation du prix des matériels ont largement neutralisé la récente augmentation des marges. Enfin, les contrôleurs garde-chiourmes de Bruxelles sont avec les virus tropicaux les plus efficaces artisans de la désertification rurale européenne.
D'ailleurs, selon les experts de Merril Lynch, en 2006 la production alimentaire a augmenté à un moindre rythme que la croissance démographique. Menace terrifiante pour tous ceux qui, depuis des générations, calomnient Thomas Malthus, refusant d'écouter le vieux prophète. Mais à cet instant d'évolution, seule la famine peut rétablir le point d'équilibre. Ne cessant de biaiser, ils se sont persuadés qu'en dépouillant les pays "riches" au profit du Tiers-Monde, ils résoudront l'angoissante question de la faim. Plus le temps passe pourtant, plus la démographie mondiale enfle. Et plus la catastrophe sera gigantesque.
Petrus AGRICOLA Rivarol du 2 mai 2008
L'Égypte, cas d'école
L'un des premiers pays frappés par des révoltes de la faim a été l’Égypte : 80 millions d'habitants entassés sur 40 000 km², 1/10e de la France, 33,8 % ont moins de 15 ans, Moyenne d'âge, 22 ans. Avec trois enfants et demi par femme, 160 millions d'habitants prévus en 2050, 4 000 au km² dans le delta du Nil. Comment imaginer doubler la production agricole en cinquante ans ? Alors l'ONU, GIEC en tête, plutôt que d'affronter la tragédie de la surpopulation, préfère convaincre qu'en faisant monter la Méditerranée de un mètre, c'est le réchauffement climatique, provoqué par les « pays riches », qui condamne ces gens. -
Zemmour : Vive la Suisse! (RTL)
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Méridien Zéro - Panorama géopolitique des révoltes arabes
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Soft power : le discret mais très influent pouvoir géopolitique du Vatican
On a jamais autant parlé du Vatican, des papes et de l’Eglise que depuis la renonciation de Benoit XVI. Une occasion unique pour l’Eglise de rappeler sa vocation…
L’État de la Cité du Vatican territoire qui abrite le « Saint-Siège » et est enclavé dans la ville de Rome, est le petit Etat du monde (832 habitants sur 0,44 km² : 1/5 ème de de Monaco !). Mais les juristes estiment qu’il n’est pas vraiment un Etat, n’ayant ni citoyens nationaux propres (la nationalité vaticane est liée à des fonctions et se perd automatiquement après), et n’étant pas totalement souverain sur son territoire (où l’Etat italien intervient). C’est d’ailleurs le « Saint Siège », en tant que gouvernement de l’Église, et non le Vatican, qui est représenté au niveau international via les « nonciatures apostoliques » (ambassades), et qui dispose d’un siège d’État « non-membre observateur » aux Nations unies.
Malgré cela, la diplomatie vaticane a marqué de son empreinte les grandes dates de l’histoire moderne : Congrès de Vienne de 1815, qui mit fin aux guerres napoléoniennes et révolutionnaires ; Conférence de Vienne de 1961, qui codifia le droit diplomatique, ou encore guerre froide, durant laquelle le Saint Siège lutta contre le communisme et (depuis) en faveur de la démocratisation des anciens pays du Pacte de Varsovie, l’exemple le plus célèbre étant Solidarnosc, qui fit vaciller, avec l’appui de l’Eglise, la dictature communiste de Jaruzelski.
Du point de vue de son fonctionnement, le Vatican est une monarchie élective. Le Pape y est élu à la majorité qualifiée de 2/3 des voix et règne à vie, mais il peut renoncer à son pouvoir, à l’instar de Benoit XVI. En fait, ce pouvoir « absolu » du Pape, qui choque tant d’âmes délicates, est assez théorique, car l’exécutif est délégué à un gouverneur en général chargé également de la représentation diplomatique. Mais surtout, la très puissante Curie romaine, contestée par nombre de Cardinaux en ce moment même car « trop italienne », puis la constitution du Vatican, réduisent considérablement la marge de manœuvre des Papes.
Concernant le mythe de « l’hyperpuissance financière du Vatican», rappelons aux adeptes des théories christianophobes du complot, chères à Dan Brown, que le Vatican est souvent en déficit, que les dons des croyants sont en baisse constante, que ses richesses foncières lui coûtent plus qu’elles ne lui rapportent, qu’il doit payer les salaires de milliers d’employés du Saint Siège (dont 800 ecclésiastiques) et que lorsqu’il est en « excédant budgétaire » (recettes touristiques ; ventes d’objets sacrés, timbres, etc), on est à des années Lumières des centaines de milliards d’euros de bénéfices de l’Arabie saoudite (« le Vatican de l’islam »), ou des pétromonarchies du golfe, puisque l’on parle ici de dizaines de millions d’euros, lesquels ne vont pas remplir les poches des cardinaux et du Pape, contrairement aux Guides soufis du Sénégal ou à l’Aga Khan (chef des ismaéliens) ou même au Dalaï Lama, très riche, mais servent surtout à payer des coûts de fonctionnement. Benoist XVI n’a lui même qu’une modeste retraite de moins de 2700 euros par mois…
L’Afrique et l’Asie : nouvelles terres chrétienne
Bien que très fortement critiquée en Europe, notamment en France, en Espagne ou en Irlande, où elle est confrontée à une propagande de dénigrement sans précédents, l’Eglise catholique reste la première religion et l’une des plus pratiquées dans le monde. Elle est même en nette progression en Chine, malgré les persécutions, en Inde ou encore en Corée du Sud, qui perçoit l’Eglise catholique comme bien plus « moderne » que le bouddhisme, si à la mode chez les “bobos” d’Europe.
En Afrique, l’Eglise est plus dynamique et fervente que jamais, malgré la double « concurrence » de l’islam, souvent agressif et du protestantisme évangélique ultra-prosélyte. On oublie trop souvent ou on ignore qu’à la différence de la plupart des autres églises et religions, l’Eglise catholique ne limite pas son action à ses propres ouailles, mais s’adresse à l’Humanité toute entière, fidèle à sa signification : catholikos, qui signifie universel. On omet aussi trop souvent de rappeler que l’Eglise est très diverse, qu’elle accepte moult tendances, telles les églises uniates, melkites ou maronites en Orient, qui autorisent déjà depuis longtemps le mariage de prêtres, ou encore l’Église africaine, qui bénéficie d’une autonomie lui permettant d’éviter une rupture entre le dogme romain et ses cultures nationales.
Géopolitique et stratégie vaticane
Comme le disait le Pape Jean XXIII à la fin des années 1960, « la stratégie de l’Église catholique est orientée autour d’un double projet : la pacification des relations internationales et l’extension de son influence, via une pastorale mondialisée ». Son objectif est donc celui d’une « pax catolica » visant à promouvoir une « société internationale pacifiée et harmonieuse».
Mais plutôt que de souligner l’action humanitaire, éducative et philosophique extraordinaire menée chaque jour par l’Eglise dans le monde entier, auprès des pauvres (Egyptiens du Caire, exclus des villes industrielles d’Europe, « Intouchables » indiens arrachés à l’infériorité des castes par les écoles de Mère Téresa, etc.), on préfère dans notre Europe « post-chrétienne » focaliser l’attention des médias sur les cas horribles de pédophilie, qui existent en fait hélas dans tous les milieux éducatifs, religieux ou publics, chrétiens, musulmans, juifs, bouddhistes, hindouistes ou athées, c’est-à-dire partout où adultes et enfants se côtoient, à commencer par des familles dans toutes les sociétés, hélas. Et c’est tout à l’honneur de Benoit XVI d’avoir reconnu et combattu ces horreurs, numériquement faibles, mais totalement inacceptables. Car dans les autres milieux éducatifs non catholiques, les dirigeants et clergés concernés, qui connaissent des phénomènes similaires, n’ont pas le même courage de dénoncer et combattre chez eux les atteintes à l’intégrité physique et morale d’enfants violés, abusés par milliers chaque année dans trop de pays où les religions non-chrétiennes ne se remettent jamais en questions… A contrario, l’Eglise catholique demeure la seule qui accepte les critiques internes et externes.
En réalité, la « géopolitique du Vatican est aux antipodes du politiquement correct et du matérialisme planétaire qui contribue à réifier l’homme toujours un peu plus : défense de la dignité humaine, de la vie, de la liberté de conscience, de la paix, de l’équité, ce qui inclut le droit à l’éducation, à la nourriture, à l’eau et à l’intégrité physique et aussi la condamnation de la torture et du terrorisme. En fait, ce qui choque le plus les consciences laïcisées, souvent christianophobes, c’est que l’Eglise catholique continue d’affirmer qu’elle est la « religio vera »… mais pourrait-elle survivre en disant le contraire ? Tout aussi insupportable pour la « dictature du relativisme » dénoncée par Roberto de Mattei, le Vatican, par la parole de Benoit XVI, aurait eu tort de réaffirmer aux musulmans et aux matérialistes, lors du discours de Ratisbonne, que la raison sans la foi est inanimée et que la foi sans la raison n’est que fanatisme aveugle.
L’Eglise catholique ne peut que continuer à être à contre-courant, en dénonçant le relativisme, le mariage homosexuel, l’euthanasie, l’avortement, l’eugénisme, le mariage des prêtres, etc… Mais que penserait-on d’une Eglise qui accompagnerait le « mouvement », alors que l’écrasante majorité de ses fidèles les plus fervents, attendent au contraire d’elle qu’elle continue d’être le premier pôle mondial de résistance à la mondialisation marchande et à l’abrutissement des hommes par la contre-culture marchande « Mc world »…
Les masses croyantes et mêmes non-pratiquantes attendent des églises que celles-ci leur délivrent un message spirituel, vertical, une colonne vertébrale, sans lesquels les hommes n’ont jamais réussi à vivre sans replonger très vite dans la barbarie. Pas du laxisme ou de la culture Skyrock ! Les deux dernières expériences qui ont tenté de se débarrasser des religions juive et chrétienne, le nazisme et le communisme, ont montré ce qu’est une société sans bien ni mal… Ainsi, face aux deux nouveaux totalitarisme que sont le matérialisme nihilisme marchand (« Matrix »), qui véhicule une nouvelle barbarie matérialiste, et sa réaction convulsive qu’est en partie l’islamisme radical (« Jihad »), qui propose la soumission à la théocratie coranique, le message du christianisme délivré en premier par l’Eglise catholique apparaît comme la voie médiane, celle du respect et de l’épanouissement de la personne humaine, car l’Amour et le Pardon, messages du christianisme, sont les seules solutions pour que les hommes vivent en harmonie. C’est peut être parce que l’Eglise est porteuse d’idées si révolutionnaires et positivement subversives qu’elle est attaquée en Occident comme ailleurs par les tenants de Jihad et de Mc Wolrd, ennemis interdépendants de la civilisation humaniste.
Alexandre Del Valle dans atlantico
Alexandre del Valle est un géopolitologue renommé. Ancien éditorialiste à France Soir, il enseigne les relations internationales à l’Université de Metz et est chercheur associé à l’Institut Choiseul. Il a publié plusieurs livres sur la faiblesse des démocraties, les Balkans, la Turquie et le terrorisme islamique.
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Quand le mondialisme passe, l’emploi trépasse – par Pieter Kerstens
Il y a déjà 15 ans, en mars 1997, la fermeture brutale de l’usine Renault à Vilvoorde en Belgique avait vu se profiler le consensus politique du lobby mondialiste. Depuis, les groupes Général Motors, Ford, Peugeot-Citroën ou Renault ont multiplié les fermetures de sites de fabrication et ce n’est pas terminé, étant donné que sur une centaine d’unités de production automobile en Europe, plus de 40 sont en surcapacité depuis de longs mois.Pour les élites politiques, il ne s’agit pas de vilipender la fermeture d’une usine, mais bien de stigmatiser hypocritement la manière inélégante, sans référence au monde ouvrier, des patrons de ces marques automobiles, MM Varain, Goshn & C°.N’oublions pas que depuis de très nombreuses années, les chefs d’États ou de gouvernements, les Chirac, Dehaene, Prodi, Zapatero, leurs copains de la Commission Européenne et leurs successeurs, ont été les complices d’une politique d’ensemble qui s’est traduite par de larges et drastiques suppressions d’emplois, ainsi que par une atomisation des marchés nationaux au sein d’une conjoncture mondiale toujours plus contraignante.Mais ce que ces valets du Nouvel Ordre Mondial ont réussi à nous cacher pendant des décennies éclate au nez et à la figure des peuples européens maintenant que la crise affecte profondément les familles et les structures de nos économies : le village mondial est une chimère et l’Organisation Mondiale du Commerce (ex-Gatt) l’instrument du bradage de produits de mauvaise qualité vendus à vil prix… dont le résultat est le chômage en Europe !Semaine après semaine, mois après mois, les travailleurs se rendent compte que « l’Europe du bien-être et de la prospérité », vantée par les charlatans qui nous gouvernent depuis plus de 30 ans, n’est qu’un vaste leurre et bien évidemment que notre avenir et celui de nos enfants sera loin d’être rose. Bien au contraire, ces imbéciles aux commandes s’obstinent à gaspiller les deniers publics dans de fumeuses politiques « sociétales » et de « solidarité » afin de capter le vote de clients/électeurs qui seraient redevables de ces prébendes, pour les maintenir plus tard dans leurs fonctions rémunératrices.Pour ces saltimbanques de la gestion à courte vue, l’austérité ou la rigueur sont des anathèmes, des « provocations », des « insultes » aux travailleurs, bref en d’autres termes, inadéquats et impensables pour redresser la barre des finances publiques mises à mal par leur faute. Pourtant, ce sont quand même ces pourriticards et ces socialauds-humanistes qui ont conduit nos économies au fond du gouffre financier où nous sommes aujourd’hui. Ils ont et ont toujours eu la faculté d’imposer, à temps, des mesures drastiques et certes impopulaires, mais indispensables au redressement des entreprises nationales ou européennes.Il n’est pas trop tard pour tenir un langage de vérité ni pour sauver l’essentiel des structures sociales dans les pays européens, encore faudra-t-il trouver un certain courage politique pour éviter une catastrophe. En effet, peut-on refuser l’austérité pour favoriser la facilité ?En 1860, Abraham Lincoln déclarait devant le Congrès américain : « Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur. Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche. Vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous ne gagnez. » -
Les dessous de la mondialisation : Roumanie, exploitants à terre
En 2004, le géant agroalimentaire américain Smithfield Food, le « king » du porc, s’installe en Roumanie. Il construit, rachète plus d’une cinquantaine de fermes, dont Comtim, ancienne structure d’État et étend ainsi son royaume dans l’abattage, la transformation et la distribution.
Fort de son poids économique et des arguments séduisants adressés à la Communauté Européenne, il rafle les subventions attribuées à la modernisation des fermes d’élevage intensif de porcs roumains. Alimentation transgénique, méthode de croissance express, pollution des sols…Rien ne semble l’arrêter.
Le rouleau compresseur américain Smithfield poursuit sa conquête, notamment en France. Aoste, Justin Bridou, Cochonou, Jean D’Erguet, Duc de Forez et bien d’autres sont déjà tombés dans son filet.
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Olivier Delamarche : « Arrêtons de parler de reprise du marché immobilier »
Olivier Delamarche, du groupe Platinium Gestion, le 12 mars 2013 sur BFM Radio, met les points sur les i, dans l’émission “Intégrale Placements“, face à Guillaume Sommerer.
« L’Etat américain finance le tout petit peu de croissance. En Chine, on annonce +21% d’exportations sauf que les importations diminuent partout, où sont passés les bateaux ? Le mieux du marché immobilier est un gag. »
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Alain Soral sur la nouvelle politique américaine envers l'Iran
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LES REVANCHES I – LA CHINE
Ils étaient 43 chefs d’Etat ou de gouvernement à se rendre à Pékin les 24 et 25 octobre derniers. Au sommet, les conférents de la rencontre Asie-Europe souhaitaient, par la palabre, porter remède à la tourmente financière si bien que, cette année, la Chine entre en majesté dans l’équation économique mondiale. Et à juste titre ne serait-ce qu’en raison du gigantesque potentiel de production qu’elle détient.
7ème Sommet Asie - Europe (ASEM) : vue générale. (Pékin)
C’est sans doute goguenards que les dirigeants chinois ont accueilli au moins quatre visiteurs : les représentants respectifs de l’Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Union européenne. Les trois nations européennes, jadis, s’ouvrirent à coups de canon le marché chinois imposant à Pékin la signature d’humiliants traités. Un siècle et demi plus tard, voici que les représentants des mêmes puissances viennent solliciter la Chine afin qu’elle se porte au secours des économies occidentales en perdition, et que José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, … « espère que la Chine pourra apporter une importante contribution à la solution de la crise financière », tandis que les visiteurs européens font assaut d’amabilité envers leurs hôtes.
Le Président Hu Jintao et José Manuel Barroso – Beijing- 23 octobre 2008.
Il nous sied d’avoir la mémoire courte en Europe. Ce n’est pas le cas sur les rives du Pacifique où Londres, Paris, Berlin usèrent sans vergogne et avec une extrême brutalité de leur supériorité militaire. Qu’on en juge :
Au début du XIXème siècle son peuple ayant pris goût à l’opium, l’empereur de Chine interdit l’importation de ce qu’il appelait une « saleté étrangère ». La santé générale du pays était en jeu. Or, le pavot était cultivé en Inde et son commerce faisait l’affaire des Britanniques déjà désireux – à l’aube de l’industrialisation européenne – de s’ouvrir le marché chinois.
La flotte de Sa Majesté bombarda Canton et ses troupes s’installèrent sur l’îlot de Hong-Kong, puis débarquèrent sur le continent, assiégeant Amoy et Changhaï et contraignant Pékin à signer le traité de Nankin (1842), la Chine versant à l’Angleterre une « indemnité de 230 millions de francs-or, traité lui accordant le droit de commercer librement avec 5 ports sur le littoral chinois et cédant au vainqueur l’île de Hong-Kong.
Traité de Nankin
Le 29 août 1842, les gouvernements chinois et britannique signent le traité de paix de Nankin, qui met fin à la première guerre de l'Opium. Les clauses du traité — complété en octobre 1843 par un second accord — sont particulièrement défavorables à la Chine : le traité de Nankin définit notamment le paiement de lourdes indemnités, l'ouverture de cinq ports et la cession de Hong Kong au Royaume-Uni.
Traité de Nankin cosigné par les autorités britanniques et chinoises, 29 août 1842. Musée d'histoire de Hong Kong.Paris et Washington exploitant la faiblesse militaire de la Chine, réclamèrent aussitôt les mêmes avantages et Pékin s’inclina.
S’ajoutant au malaise social dû à la misère de la population et à l’arbitraire du gouvernement, ces défaites militaires et ces humiliations répétées suscitèrent la révolte dite de Tai-ping. Un agitateur rebelle se proclama « roi céleste » mettant en état d’insurrection plusieurs provinces. Les puissances occidentales exploitèrent cette guerre civile. Elles aidèrent Pékin à l’emporter sur les Tai-ping mais l’assassinat d’un missionnaire catholique fournit à Londres et à Paris l’occasion de bombarder Canton et de forcer Pékin à signer un autre humiliant traité (accords de Tien-tsin de 1858) donnant aux Occidentaux des avantages commerciaux supplémentaires.
Mais, face aux canons des Occidentaux, la Chine en était encore à la lance, l’arc et la flèche si bien que Britanniques et Français estimèrent qu’ils pouvaient tirer parti de leur écrasante supériorité, organisant une nouvelle expédition qui, par la « victoire » de Palikiao, s’ouvrit la route de Pékin.
«Le pont de Pa-Li-Kiao, le soir de la bataille», dessin d'É. Bayard, d'après une esquisse de M. E. Vaumort, gravure de Brugnot. La bataille de Palikiao (Baliqiao, Hebei) a eut lieu le 21 septembre 1860, durant la Seconde Guerre de l'Opium (1856-1860); la victoire des troupes franco-anglaises, au cours de laquelle s'illustra le général Cousin-Montauban, ouvrit la route de Pékin aux armées occidentales.
Les vainqueurs saccagèrent le Palais d’été détruisant des milliers de trésors artistiques accumulés au cours des siècles.
L’armée impériale chinoise…lors de la révolte des « Boxers » à la fin du XIXe siècle.
A nouveau le gouvernement chinois fut contraint d’accorder l’ouverture aux vainqueurs d’une dizaine de ports et d’y installer des « concessions » bénéficiant de l’exterritorialité, la Chine étant menacée dans sa souveraineté…
Cette manière de s’ouvrir le marché de la Chine y est-elle oubliée ? Douteux.
On imagine aisément les sentiments des maîtres de cet immense pays, maintenant à la tête de « l’usine du monde » et de près de 2.000 milliards de réserves de change convoités par les « anciennement industrialisés », prédateurs en leur temps et aujourd’hui quémandeurs.
Bon prince, le vice-gouverneur de la banque centrale de Chine, M. Yi Gang peut s’offrir la satisfaction de déclarer à l’agence Reuters : « Nous participerons activement au sauvetage – des victimes – de la crise financière internationale ».Ce n’est plus au canon que « l’occident » s’ouvre le marché chinois. Les imposantes réserves en milliards de dollars sont à la fois respectées et convoitées. Avec sa force de travail Pékin leur doit d’entrer en maître dans l’économie mondiale.
Pierre M. GalloisDe défaite en défaite et d’humiliation en humiliation…
Seconde guerre de l'opium
La seconde guerre de l'opium dura de 1856 à 1860 et opposa la France et le Royaume-Uni à la Chine. Cette guerre peut être vue comme le prolongement de la première guerre de l'opium, d'où le nom que l'on lui a attribué.
Le traité de Nankin, faisant suite à la première guerre de l'opium, laissait uniquement cinq ports à disposition des Occidentaux pour le commerce.
Malgré cet accord, les puissances européennes, dont la balance commerciale était largement déficitaire, désiraient étendre leur commerce vers le Nord et vers l’intérieur de la Chine.
De plus, le commerce de l'opium est toujours illégal en Chine. Cependant, le vice-roi de la ville de Canton le pratique tout en faisant condamner à mort les étrangers accusés de ce commerce. C'est ainsi que la France et les États-Unis d'Amérique demandent, en 1854, des révisions dans le traité de Hangpu et le traité Wangxia. Le Royaume-Uni fait la même demande citant les articles sur le « traitement égalitaire » dans les statuts des nations les plus favorisées.
En 1854, les ministres occidentaux et américains recontactent les autorités chinoises et demandent que les traités soient révisés :
- Pouvoir pénétrer sans hostilité dans Canton
- Pouvoir étendre le commerce à la Chine du Nord et le long du Yangzi Jiang
- Le commerce de l’opium est toujours illicite, ils veulent le légaliser.
- Les occidentaux veulent traiter avec la cour directement à BeijingLa cour impériale de la dynastie Qing rejette alors les demandes de révision du Royaume-Uni, de la France, et des États-Unis d'Amérique. Dès lors, les puissances occidentales cherchent d'autres moyens pour arriver à rééquilibrer une balance commerciale catastrophiquement déficitaire.
Les puissances occidentales estiment que seule la guerre peut amener à un changement de position de l'Empire chinois. Dès lors, les puissances occidentales attendent l'événement qui peut amener le conflit. Cet événement aura lieu le 8 octobre 1856, lorsque des officiers chinois abordent l’Arrow, un navire chinois enregistré à Hong Kong sous pavillon britannique, suspecté de piraterie et de trafic d'opium. Ils capturent les douze hommes d’équipage et les emprisonnent. Cet épisode est souvent appelé « l'incident de l'Arrow ».
Les Britanniques demandent officiellement la relaxe de ces marins en faisant valoir la promesse par l'empereur de la protection des navires britanniques. Ces arguments sont ignorés par les autorités chinoises. Les Britanniques évoquent ensuite l’insulte faite au drapeau britannique par les soldats de l'empire Qing.
Les Britanniques, bien qu'affaiblis par une mutinerie difficile à réprimer aux Indes, la révolte des Cipayes, répondent à l’incident de l’Arrow en 1857 en attaquant Canton depuis la rivière des Perles. Ye Mingchen, alors gouverneur des provinces du Guangdong et du Guangxi, ordonne aux soldats chinois en poste dans les forts de ne pas résister. Après avoir pris le fort à côté de Canton sans efforts, l’armée britannique attaque la ville elle-même. Les navires de guerre américains, y compris l'USS Levant, bombardent Canton. Les habitants de Canton ainsi que les soldats résistent à l'attaque et forcent les assaillants à battre en retraite vers Humen.
Le parlement britannique, décidé à obtenir coût que coût réparation de la part de la Chine pour l’incident de l'Arrow, demande à la France, aux États-Unis et à la Russie de s’allier à elle. La France rejoint les Britanniques contre la Chine après l’exécution du missionnaire Auguste Chapdelaine (incident dit du père Chapdelaine), par les autorités locales chinoises dans la province du Guangxi. Les Américains et les Russes envoient des offres d’aide aux Britanniques et aux Français, mais, finalement, ne les aident pas militairement.
Les Britanniques et les Français joignent leur force sous le commandement de l’amiral Sir Michael Seymour. L’armée britannique dirigée par Lord Elgin et l’armée française dirigée par le général Gros, attaquent et occupent Canton à la fin de l’année 1857. Ye Mingchen est capturé, et Baigui, le gouverneur de Guangdong, se rend. Un comité mixte de l’Alliance est formé. Baigui est maintenu à son poste original pour maintenir l’ordre au nom de l’Alliance. L’Alliance maintient Canton sous son contrôle pendant près de quatre ans. Ye Mingchen est exilé à Calcutta en Inde où il se laisse mourir de faim.
La coalition se dirige ensuite vers le nord pour capturer les forts de Dagu à côté de Tianjin en mai 1858.
En juin 1858, le traité de Tianjin conclut la première partie de la guerre à laquelle la France, la Russie, et les États-Unis sont parties prenantes. Ce traité ouvre onze ports supplémentaires au commerce occidental. Mais, dans un premier temps, les Chinois refusent de le ratifier.
Les points principaux du traité sont :
- Le Royaume-Uni, la France, la Russie et les États-Unis auront le droit d’établir des missions diplomatiques à Pékin, jusque là, cité interdite
- Dix ports chinois supplémentaires seront ouverts au commerce étranger, incluant Niuzhuang, Danshui, Hankou et Nankin
- Le droit pour tous les navires étrangers, y compris les navires commerciaux, de naviguer librement sur le Yangzi Jiang
- Le droit pour les étrangers de voyager dans les régions intérieures de la Chine dont ils étaient jusqu’à présent bannis.
- La Chine doit payer une indemnité au Royaume-Uni et à la France de deux millions de taels d’argent chacune.
- La Chine doit payer une indemnité aux marchands britanniques de deux millions de taels d’argent pour destruction de leurs propriétés.Les négociations vont se poursuivre et, en novembre 1858, le gouvernement central accepte de légaliser le commerce de l’opium : en 1886 le commerce de l’opium portera sur 180 000 caisses (env. 10 000 tonnes). Dès 1878 : 100 millions d’opiomanes chinois. Problème jusqu’en 1906.
Les Chinois acceptent que le tarif des droits de douane soit extrêmement faible et que les droits maritimes passent sous contrôle étranger.
La ratification se passe plus d'un an plus tard. Le gouvernement chinois laisse traîner les choses et les Britanniques et Français ont recours à la force pour aller plus vite : 18 000 Britanniques et 7 000 Français s’embarquent sur les eaux chinoises.
En 1859, après le refus de la Chine d’autoriser l’établissement d’ambassades à Pékin comme stipulé dans le traité de Tianjin, une force navale sous le commandement de l’amiral Sir James Hope encercle les forts gardant l’embouchure de la rivière Hai He mais subit des dommages et fait retraite sous la couverture d’un escadron naval commandé par Josiah Tattnall.
En 1860, une force franco-britannique partie de Hong Kong accoste à Pei Tang le 3 août, et attaque avec succès les forts de Dagu le 21 août. Le 26 septembre, la force arrive à Pékin et occupe la ville le 6 octobre. Nommant son frère, le prince Gong comme négociateur, l’empereur chinois Xianfeng se réfugie dans son palais d’été de Chengde. Les troupes franco-britanniques incendient les deux palais d’été, le nouveau et l’ancien, à Pékin, après plusieurs jours de pillage. Le vieux palais d'été est totalement détruit. Cependant, Pékin elle-même n'est pas conquise, les troupes restent cantonnées en dehors de la ville.
De nouveaux traités, traité de Beijing, sont conclus au terme desquels des privilèges supplémentaires sont accordés aux Français et aux Britanniques :
- Ouverture de Tianjin au commerce (port de Beijing)
- Droit d’emporter des travailleurs Chinois à l’étranger (début des Coolies; des promesses de richesses; etc.) pour les mines ou les plantations de Malaisie, d’Australie, d’Amérique Latine, des États-Unis.
- Droit pour les missionnaires catholiques français d’acheter des terres et de construire des églises
- Cession au Royaume-Uni de Kowloon
- Augmentation de l'indemnité de guerreLe 28 mai 1858, le traité d'Aigun est signé avec la Russie pour réviser les frontières entre la Chine et la Russie telles qu’elles avaient été définies par le traité de Nerchinsk en 1689.
Les Russes s’étendent vers la Chine car ils ne peuvent s’étendre vers le Proche Orient (guerre de Crimée perdue, 1856). Il y a très longtemps que Russes et Chinois s’étaient entendus sur des frontières communes. Par la suite, les Russes avaient essayé de repousser les frontières (au-delà du fleuve Hei Long) et avaient installé deux forts. Les Russes profitent de la 2ème guerre de l’Opium pour consolider leur avancée. Ils collaborent en sous main avec Français et Britanniques et se posent en médiateur. La Russie gagne la rive gauche de la rivière Amour ainsi que le contrôle d’un territoire hors gel le long de la côte Pacifique, où elle fonde la ville de Vladivostok (le souverain de l’est) (anciennement Haishenwei) en 1860.
Les Russes ont les mêmes privilèges que les autres pays et la Chine reconnaît formellement leurs annexions territoriales de plus d’1 million de km2˜.
Après la fuite de Pékin de l’empereur Xianfeng et de sa suite, en juin 1858, le traité de Tianjin est finalement ratifié par le frère de l’empereur, le prince Gong, lors de la Convention de Pékin le 18 octobre 1860, mettant un terme à la seconde guerre de l’opium.
Le commerce de l’opium est légalisé et les chrétiens voient leurs droits civils pleinement reconnus, incluant le droit de propriété privée et celui d’évangéliser.
La convention de Pékin inclut :
- La reconnaissance par la Chine de la validité du traité de Tianjin
- L’ouverture de Tianjin en tant que port commercial
- La cession du district de Kowloon au Royaume-Uni
- La liberté de culte en Chine
- L’autorisation pour les navires britanniques d’amener de la main-d’œuvre chinoise aux Amériques pour remplacer les esclaves récemment affranchis
- Le paiement aux Britanniques et aux Français d’une indemnité augmentée à huit millions de taels d’argent chacun.Guerres de l' opium, deux guerres (1839-1842, 1856-1860) entre les Européens et la Chine, dans lesquelles les puissances occidentales obtinrent des avantages commerciaux et territoriaux significatifs.
Les guerres de l'Opium débutèrent lorsque le gouvernement chinois essaya de stopper les importations illégales d'opium faites par les négociants britanniques.
La première guerre de l'Opium débuta en 1839 lorsque le gouvernement chinois confisqua les entrepôts d'opium situés à Guangzhou (Canton). Le Royaume-Uni répondit en envoyant des navires de guerre en février 1840. Les Britanniques remportèrent une rapide victoire et le premier des « traités inégaux », le traité de Nankin, mit fin au conflit le 29 août 1842. Selon ce traité et un autre signé le 8 octobre 1843, la Chine dut payer une indemnité importante, ouvrir cinq ports au commerce et à l'occupation britannique, et céder Hong Kong au Royaume-Uni. Le traité donna également le droit aux citoyens britanniques résidant en Chine d'être jugés par des tribunaux britanniques. D'autres puissances occidentales exigèrent des avantages semblables, qui leur furent accordés.
En octobre 1856, la police de Guangzhou arraisonna le navire chinois sous licence britannique Arrow et accusa son équipage de contrebande. Impatients d'obtenir davantage de droits commerciaux, les Britanniques utilisèrent cet incident pour provoquer la seconde guerre de l'Opium. Les forces britanniques et françaises remportèrent une autre rapide victoire en 1857. Les hostilités reprirent lorsque le gouvernement chinois refusa de ratifier le traité de Tianjin (T'ien-tsin), signé en 1858. En 1860, après que les forces françaises et britanniques eurent occupé Pékin et brûlé le palais d'Été, les Chinois acceptèrent de ratifier le traité. Celui-ci ouvrit d'autres ports de commerce, permit aux émissaires étrangers de résider à Pékin, autorisa les missionnaires chrétiens à entrer en Chine et développa la libre circulation dans le pays. Plus tard, la vente de l'opium fut légalisée.http://www.lesmanantsduroi.com 4 janvier 2009
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