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  • Entretien avec Olivier Delamarche : Vers la faillite des Etats

    Olivier Delamarche, associé-gérant chez Platinium Gestion, analyse les principales tendances économiques et financières à venir. Il nous explique en quoi les solutions actuellement mises en oeuvre, en particulier la monétisation des dettes souveraines, ne pourront ni relancer la croissance ni faire baisser le chômage. La solution passera forcément par des faillites, partielles ou totales, de certains Etats.

  • Intervention de Robert Steuckers lors du colloque « Euro-Rus » de Termonde, 15 mars 2008

    Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, chers amis et camarades,

    Rassurez-vous, je ne serai pas long et je ne répéterai pas, en d’autres termes, les arguments et les faits qui ont été évoqués par mes prédécesseurs à cette tribune. En guise de préambule, je répondrai toutefois à la question récurrente qui nous est si souvent posée, lorsque nous évoquons la possibilité et la nécessité d’un tandem euro-russe sur l’échiquier international. Cette question récurrente est la suivante : Comment cela se fait-il que vous adoptiez cette position favorable à la Russie, alors que, naguère, cette option a généralement été celle des gauches, tandis que vous passez pour les héritiers de la « révolution conservatrice » ? Cette question, que je n’hésite pas à qualifier d’inepte, reflète la confusion incapacitante qui a été sciemment mise dans la tête des Européens de l’Ouest pendant les quatre décennies de la Guerre Froide. Avant cette parenthèse et avant celle du pouvoir bolchevique à partir de 1917, la Russie était considérée comme le bastion de la ‘réaction’ contre les idées de la révolution française en Europe, c’est-à-dire contre les effets dissolvants de l’idéologie libérale, y compris dans sa version anglo-saxonne, smithienne et manchesterienne. Arthur Moeller van den Bruck, figure de proue de la révolution conservatrice allemande après le Traité de Versailles de 1919, traducteur de Dostoïevski et partisan d’une alliance germano-russe suite aux accords de Rapallo entre Rathenau et Tchitchérine (1922), avait écrit que le bolchevisme, en dépit de ses aspects déplaisants, incarnait la même attitude anti-libérale que la Russie tsariste et traditionnelle, mais sous d’autres oripeaux. Ces oripeaux ont été réduits en lambeaux au fil de sept décennies de communisme, jetés aux orties sans état d’âme, si bien que la Russie est redevenue aujourd’hui un bastion de résistance contre l’idéologie libérale de l’américanosphère.

    Pour venir au vif du sujet de cet après-midi, abordons maintenant la question du Sud-Est européen. Jean Parvulesco, au beau milieu de la crise balkanique de 1999, me disait que les régions sud-orientales de l’Asie et de l’Europe étaient vitales pour le développement de ces deux continents. L’Indochine, où les principaux fleuves venus du cœur de l’Asie himalayenne viennent se jeter dans l’Océan Pacifique, et les Balkans, entre le cours inférieur du Danube et l’Egée, sont des territoires tremplins, permettant à la principale puissance centre-européenne, comme hier l’Empire d’Alexandre, l’Empire romain, l’Autriche puis l’Allemagne, de se projeter, militairement ou pacifiquement, vers le Proche-Orient, le Golfe Persique, l’Egypte (et le Nil), la Mer Rouge et l’Océan Indien. Pour Parvulesco, il n’y a pas de développement naturel et harmonieux de l’Europe sans une maîtrise pleine et complète de l’espace balkanique, comme il ne pourrait y avoir d’indépendance asiatique réelle sans une maîtrise pleine et complète des cours inférieurs des fleuves qui jaillissent du flanc oriental de l’Himalaya, pour se jeter dans le Pacifique face à l’archipel indonésien, riche en caoutchouc et en pétrole et anti-chambre de l’Australie. Dans son langage vert et rabelaisien, Parvulesco disait textuellement : « S’ils tiennent le sud-est, ils nous tiennent par les couilles ! ». L’histoire nous l’enseigne : il n’y a pas d’Europe puissante possible si des « raumfremde Mächte », des puissances étrangères à notre espace, occupent ou contrôlent, directement ou indirectement, l’ensemble balkanique.

    L’Empire ottoman a tenu l’Europe en échec aussi longtemps qu’il a tenu les Balkans. Mais l’occupation ottomane a eu au moins un mérite : celui de donner un sens et un objectif à l’Europe combattante. De Jean Sans Peur, Duc de Bourgogne et Comte de Flandre, aux nationalistes balkaniques des guerres de 1912 et 1913, en passant par le Prince Eugène de Savoie-Carignan, l’Europe, à l’exception de la France, a ressenti comme un devoir de croisade et de reconquista la nécessité de bouter l’Ottoman hors de la péninsule balkanique.

    L’Empire ottoman considérait la maîtrise des Balkans comme une étape en vue de conquérir l’Europe entière, à commencer par la « Pomme d’Or », Vienne, que ses armées assiègeront deux fois, en 1529 et en 1683. En vain. Le sursaut, in extremis, a été chaque fois admirable et nous ne sommes pas devenus turcs. L’objectif ottoman était de remonter le Danube, de Belgrade à Budapest et de Budapest à Vienne, puis, sans doute, de Vienne à Linz et au cœur de la Bavière pour faire tomber l’ensemble de l’Europe dans son escarcelle. Aujourd’hui les Etats-Unis installent leur principale base militaire sur le site même de la victoire ottomane de 1389, soit au Kosovo, à partir duquel les Turcs avaient commencé leur conquête de l’Europe.

    Les Balkans sont donc un tremplin géostratégique de première importance depuis le Macédonien Alexandre le Grand, depuis les Romains dans leur marche vers l’Anatolie, corps territorial constitutif majeur de l’actuelle Turquie. Dans la perspective actuelle, qui est toujours celle du géopolitologue britannique Halford John Mackinder, théorisée en 1904, la maîtrise des Balkans permet la maîtrise de l’Anatolie, qui permet à son tour de maîtriser le Croissant Fertile et, partant, le Golfe Persique et la Mer Rouge et d’obtenir ainsi une fenêtre de premier ordre sur l’Océan Indien. La maîtrise des Balkans équivaut de ce fait à joindre solidement la « Terre du Milieu » à l’ « Océan du Milieu ». Cette volonté, qui est aussi celle de joindre l’Europe romano-germanique, la Russie néo-byzantine, la Perse et l’Inde, dans un sorte de « chaîne d’Empires » sur le « rimland » méridional de l’Eurasie, a été l’objectif de toutes les « grandes politiques » de l’histoire européenne : de César, qui le théorise avant de succomber sous les coups des Sénateurs romains aux Ides de Mars de 44 av. J. C., de Trajan qui le concrétise près de deux siècles après, de Julien dit l’Apostat qui ira mourir au combat en Mésopotamie, aux Croisades d’Urbain II et Godefroy de Bouillon à l’idée secrète de l’Ordre de la Toison d’Or créé par Philippe le Bon.

    A la fin du 19ième siècle, les Européens, dont les Serbes, triomphent enfin de la présence ottomane en Europe orientale. Malheureusement, bien vite, les vainqueurs se déchireront entre eux, créant des animosités inter-européennes qui n’ont cessé de perdurer et qu’exploiteront habilement tous ceux qui voudront contrôler les Balkans, après 1914. Quant aux Turcs, ils essaieront toujours de revenir dans les Balkans, par le biais de l’OTAN, en soutenant les minorités musulmanes de Bulgarie, de Bosnie, d’Albanie et du Kosovo, en créant, comme on l’apprend, des réseaux de lycées turcs en Bosnie. C’était le rêve de Türgüt Özal, qui voulait faire émerger un pôle panturc de l’Adriatique à la Muraille de Chine. C’est le rêve d’Erdogan qui cherche à réaliser les mêmes objectifs mais cette fois par le biais d’un panislamisme dominé par la Turquie. Son discours récent, en février 2008, à Cologne, est très révélateur des intentions d’Ankara. Ne confondons toutefois pas le kémalisme et le pantouranisme. Le Général Mustafa Kemal, que les Turcs surnommeront affectueusement « Atatürk », le « Père de tous les Turcs », se voulait, au départ, sincèrement Européen, dans la mesure où il voulait imposer un mythe hittite à la Turquie défaite et dépecée, qu’il souhaitait par ailleurs désislamiser et désarabiser. Ce mythe hittite faisait explicitement référence à un peuple indo-européen, ayant vécu à la charnière de la proto-histoire et de l’histoire, venu d’Europe, via les Balkans, pour faire face à un environnement non européen en Anatolie et pour pousser sa puissance en direction du ‘dos’ du Croissant Fertile, aux confins septentrionaux de l’actuelle Syrie. De ce mythe, il reste, à Ankara, un impressionnant « Musée hittite », fondé par Atatürk lui-même. Outre ce musée, le mythe hittite de Mustafa Kemal n’a laissé aucune trace dans les projets politiques et géopolitiques de la Turquie contemporaine.

    Le pantouranisme exalte une autre orientation géostratégique, si bien qu’on ne peut du tout le confondre avec le kémalisme. Dans le mythe pantouranien, l’Etat turc n’est pas posé comme l’héritier des Hittites qui avancent de l’Egée vers le Croissant Fertile mais l’héritier des hordes seldjoukides venues du fin fond de l’Asie pour s’élancer vers l’Egée, l’Adriatique et le Danube. Le pantouranisme prend forme, au niveau intellectuel, dès le début du 20ième siècle mais atteint son apogée pendant la seconde guerre mondiale, en 1942, quand une large fraction de l’élite politique et militaire turque croit à une victoire prochaine de l’Allemagne hitlérienne en Russie, victoire qui apportera, croit-elle, l’indépendance aux peuples turcophones de l’Asie centrale soviétique. Parmi les jeunes officiers séduits à l’époque par ce pantouranisme ou panturquisme, nous trouvons le futur leader MHP, le Colonel Türkes, dit le « Bazboug », le chef. Les pantouraniens, qui plaçaient leurs espoirs en une victoire allemande, seront jugés en 1945, quand la Turquie, qui avait senti le vent tourner, s’alignait sur les Etats-Unis. Jugement purement formel : quelques semaines après leurs lourdes condamnations, les panturquistes rentrèrent au foyer.

    Les mythes hittite et pantouranien ne sont pas des vues de l’esprit, des coquetteries intellectuelles sans grande consistance. Elles reflètent des intentions politiques et stratégiques essentielles, suivies d’effets toujours bien concrets. Ainsi, dans ses multiples ouvrages, essais et articles, Zbigniew Brzezinski, grand stratégiste américain contemporain, auteur du livre programmatique « Le Grand Echiquier », cherche à mâtiner l’idéal pantouranien et un idéal « mongoliste », où il maintient en quelque sorte deux fers au feu : il utilisera le pantouranisme pour séduire les Turcs et détacher le cœur central de l’Asie de l’hégémonie russe, de le balkaniser et de le satelliser pour séparer la Russie de l’Iran et de l’Inde, où pour créer une unité éphémère, ‘gengiskhanide’, toujours remise en question de par sa mobilité incessante et de par les querelles d’héritage, une unité fragile, plutôt une instabilité chronique, qui aurait eu pour fonction de neutraliser les anciens empires de la région, à commencer par le persan ; mais dans cet espace, ce ne sera ni un étatisme ottoman ni un étatisme kémaliste qui devra avoir, in fine, le dessus, mais un « mongolisme », non pas tant animé par la sagesse de Gengis Khan, mais à la façon très négative de Tamerlan, fossoyeur de la Perse si fascinante des 12ième, 13ième et 14ième siècles. L’Asie centrale, faute d’être pleinement satellisable par les Etats-Unis, devra devenir un espace de chaos, un espace « tamerlanisé » ad infinitum, déstructuré faute d’être structuré par une idée impériale solide, visant la durée, la pérennité, à la romaine ou à la persane, à la Witte ou à la Stolypine. C’est une façon de réactualiser les stratégies d’un Richelieu et d’un Vauban, qui avaient cherché tous deux à ‘démembrer’ les frontières de leurs adversaires impériaux ou espagnols ou à plonger ‘les Allemagnes’ dans le chaos, entre une France stabilisée d’une main de fer par le nouvel absolutisme, après la Fronde et la répression des révoltes populaires, et son allié ottoman, bien campé sur le cours du Danube. Dans la perspective actuelle, il s’agit de plonger dans le chaos un vaste espace, correspondant peu ou prou au territoires dominés jadis par Gengis Khan, entre une Union Européenne stable mais ouverte et pénétrée sur le plan commercial et une Chine mise dans l’impossibilité de se trouver des alliés sur la masse continentale eurasienne et prête, dès lors, à accepter à terme une ouverture au commerce américain (projet bien concocté depuis 1848, quand la guerre du Mexique laissait prévoir le statut bi-océanique des Etats-Unis, pierre angulaire de leur puissance planétaire).

    A cette imitation, mutatis mutandis, de la stratégie ‘démembrante’ de Richelieu par Brzezinski en Asie centrale correspond la stratégie américaine équivalente dans les Balkans, à l’époque du tandem Clinton/Albright, qui ont créé de toutes pièces les questions bosniaque et kosovare ; cette dernière rebondit aujourd’hui avec la proclamation unilatérale d’indépendance de Thaçi à Pristina. Le Kosovo est la région qui se trouve exactement au milieu de l’ouest de la péninsule balkanique, à l’ouest du massif des Monts Rhodope ; plus exactement de l’ensemble formé par l’Albanie, la Serbie et le Monténégro ; qui tient cette région, comme les Ottomans l’ont tenue, tient l’ensemble de la péninsule et contrôle les routes qui mènent à Belgrade et au Danube, via les vallées de l’Ibar (à Mitrovica) et de la Morava, plus à l’est. Exactement comme la puissance qui tient sous sa coupe la Bosnie tient, à terme, la côte adriatique, qu’elle surplombe, menace l’Italie et domine le cours de la Save qui mène aux frontières de l’Autriche et de la Vénétie. La stratégie américaine a donc réussi à créer, en pariant sur le fondamentalisme musulman et sur certains réseaux mafieux albanais, deux entités politiques hostiles à -et en marge de- leur environnement slave, grec et chrétien-orthodoxe, deux entités à la dévotion des Etats-Unis, de la Turquie et de leurs financiers saoudiens. L’atout stratégique qu’aurait pu constituer des Balkans unis est ainsi perdu pour l’Europe, avec, rappelons-le, la bénédiction d’une intelligentsia médiacratique (et médiocratique…) parisienne, qui, à l’époque de la crise bosniaque, professait un multiculturalisme irréaliste en faveur d’une Bosnie pluri-confessionnelle, posé comme le futur modèle incontournable de l’Europe entière ; en débitant ces discours, cette brochette d’intellos creux camouflait le fait, pourtant patent pour qui sait déchiffrer la ‘novlangue’ des fabriques d’opinion, qu’elle prenait ses ordres, en réalité, de Washington, pour briser, par matraquage médiatique, la solidarité spontanée pour la Serbie qui aurait animée la France.

    Dans le Kosovo, la firme Halliburton, où Dick Cheney a de solides intérêts, a construit la plus grande base américaine d’Europe, ce qui confirme bien la volonté américaine de s’y maintenir pendant longtemps. L’objectif est de contrôler les oléoducs et gazoducs qui transitent ou transiteront dans la région ou à proximité, en provenance des rives de la Mer Noire et en direction de l’Adriatique, donc de l’Italie, Etat fondateur de la CEE, pour que gaz et pétrole soient distribués partout dans l’UE. La coopération euro-russe en matière énergétique serait ainsi soumise à une épée de Damoclès permanente. Le Kosovo se trouve légèrement en surplomb par rapport à la vallée de la Morava, entre la ville serbe de Nis et la capitale macédonienne Skopje, à mi-chemin entre Belgrade sur le Danube et Thessalonique sur l’Egée. Les vallées de la Morava (de Skopje à Belgrade) et de l’Axios (de Skopje à Thessalonique) forment donc la voie terrestre la plus courte entre le Danube et l’Egée, donc entre la Méditerranée orientale et l’Europe centrale. Cette zone est donc de la plus haute importance stratégique : une puissance planétaire se doit dès lors de la contrôler pour tenir ses éventuels concurrents en échec. L’enjeu consiste donc à contrôler les oléoducs et les gazoducs et cette ligne Belgrade-Thessalonique, comme le firent les Ottomans dans les siècles passés. Ce n’est pas un hasard s’ils ont évacué cette ligne au tout dernier moment : en 1912 quand ils avaient affaire et aux peuples balkaniques et à l’Italie. Le double contrôle de la ligne des oléoducs et gazoducs et de la ligne Belgrade-Thessalonique : tels sont donc les buts réels. Et c’est justement dans les Balkans, donc en Europe et contre l’Europe, que les Etats-Unis enregistrent aujourd’hui le meilleur succès dans leurs stratégies, avec des alliés musulmans, alors que l’islam combattant est présenté partout ailleurs comme l’ennemi de l’Occident américanisé. Les naïfs, y compris dans certains mouvements identitaires, croient benoîtement, que le Kosovo musulman ne peut en aucun cas être téléguidé par les services américains puisqu’il est tout simplement musulman, donc posé erronément comme allié aux auteurs réels ou présumés des attentats du 11 septembre 2001 à New York. C’est cette fable que croient et ânonnent les canules atlantistes, grand Béotiens en matière d’histoire, laquelle est effacée de leurs têtes, et en géographie, car apparemment aucun d’entre eux n’est capable de déchiffrer une simple carte physique d’école primaire, contrairement à leurs maîtres américains.

    Ailleurs, les Etats-Unis ne rencontrent pas le même franc succès. Dans cette Asie centrale que Brzezinski voulait satelliser et ‘tamerlaniser’ Russes et Chinois, qui ont clairement perçu le danger, ont mis sur pied le « Groupe de Shanghai », alternative heureuse au chaos artificiel qu’avaient espéré et programmé les experts du Pentagone. Le « Groupe de Shanghai » est aujourd’hui la principale entrave à l’expansion planétaire des projets de Washington. Il rend caduque la volonté de Brzezinski de plonger cet espace, occupé par les ex-républiques soviétiques à majorité musulmane, dans un chaos à la Tamerlan.

    Dans le Caucase, la tentative de former une série de sécessions en chaîne n’a pas entièrement réussi, comme dans les Balkans, même si le problème tchétchène est loin d’être résolu, reste un abcès purulent collé au flanc caucasien de l’espace géopolitique russe. Si le Kosovo se trouve au milieu d’une péninsule située entre l’Adriatique et la Mer Noire, la Tchétchénie se trouve, elle, au milieu d’un large isthme, forcément à double littoral, entre la Mer Noire et la Caspienne, où doivent logiquement passer les oléoducs et gazoducs amenant le brut des gisements de Bakou en Azerbaïdjan et des nouveaux champs de pétrole et de gaz du pourtour de la Caspienne. Le sécessionnisme tchétchène, lit-on dans la presse, a été animé, dès son éclosion, par des nationalistes locaux mais aussi par un djihadiste venu de Jordanie. Pourquoi de Jordanie ? Parce que dans ce pays arabe vit depuis un exode de Tchétchènes, fuyant l’avance des armées russes au 19ième siècle, une forte minorité de ceux-ci, dite « circassienne », ayant conquis bon nombre de postes importants dans l’armée et l’administration du royaume hachémite, ancien satellite britannique. Ce djihadiste arabisé n’a fait qu’un retour au pays de ses aïeux, pour aller y pratiquer les habituelles « guerres de base intensité » ou « stratégies lawrenciennes » -notamment celle qui a donné naissance au Royaume de Transjordanie- dans les zones pétrolifères que souhaitent contrôler les « Sept Sœurs », soit les grands consortiums britanniques ou américains des hydocarbures (sur l’apport démographique tchétchène, lire : Yo’av Karny, « De Kaukasus », Uitgeverij Atlas, Amsterdam/Antwerpen, 2003-2005).

    En conclusion, les entités étatiques « indépendantes », que veulent imposer à la communauté internationale les puissances thalassocratiques, financières et pétrolières anglo-saxonnes, en pariant sur tribus dissidentes, mafias locales, sécessionnistes douteux, zélotes religieux, etc., ne sont pas acceptables dans la situation actuelle, surtout qu’elles concourent à installer des abcès de fixation musulmans, des enclaves islamisées, au cœur de territoires européens, avec, qui pis est, une dimension mafieuse et narco-trafiquante, pourtant dûment dénoncée par bon nombre d’institutions internationales. Ces enclaves musulmanes ne peuvent qu’aviver ou conforter le « choc des civilisations », annoncé dès 1993 par Samuel Huntington. Comme le soulignait récemment le Dr. Koenraad Elst dans les colonnes de « ‘t Pallieterke », le Kosovo n’est jamais qu’un instrument des Américains, qui, in fine, contrôlent tout le processus indépendantiste, et des Wahhabites saoudiens, qui visent une reconquista de toutes les terres qui furent, à un moment ou un autre de l’histoire, islamisées. Ni l’une ni l’autre de ces options ne vont dans le sens des intérêts de l’Europe.

    La première étape d’une révolution métapolitique, qui ouvrirait les yeux des Européens afin qu’ils se rendent compte des manipulations médiatiques orchestrées depuis quantité d’officines d’Outre Atlantique (le « soft power »), serait de se doter d’une élite capable de lire des cartes et d’utiliser des atlas historiques (comme ceux de l’Ecossais Colin McEvedy). Cette lecture de carte, permettant de saisir d’un simple coup d’œil, les dynamiques de l’histoire, toujours récurrentes, a été l’un des objectifs de « Synergies Européennes ». J’invite tout un chacun à poursuivre ce travail, pour donner vigueur à toutes nos initiatives européistes et identitaires.

  • Enrico Mattei au Proche et au Moyen Orient

    La figure d’Enrico Mattei, le grand pétrolier italien, est encore susceptible de donner du fil à retordre à tous ceux qui, au niveau universitaire, se posent maintes questions sur l’histoire des approvisionnements énergétiques, sur l’indépendance nationale en matières énergétiques, sur le colonialisme et sur les rapports internationaux. Aujourd’hui, on se souvient principalement d’Enrico Mattei parce qu’il avait financé, plus ou moins frauduleusement, les partis politiques de la péninsule pour qu’ils ne lui mettent pas des bâtons dans les roues. En revanche, bien peu se souviennent qu’il entendait ainsi « utiliser les partis comme on utilise un taxi », afin de rendre l’Italie indépendante sur le plan énergétique et de la dégager de la tutelle des « Sept Sœurs » américaines et anglo-hollandaises. Il suffit de penser que, dans l’immédiat après-guerre, Enrico Mattei fut nommé commissaire pour la liquidation de l’AGIP et que, dans le cadre de cette fonction, il a fait preuve d’une indubitable clairvoyance. Il a réussi à convaincre le gouvernement de l’époque de renoncer à liquider l’entreprise pétrolière italienne et d’investir dans un cartel public, l’ENI, qui s’occuperait de garantir à l’Italie les approvisionnements en gaz et en pétrole dont elle avait besoin pour soutenir son envolée économique. La presse italienne, surtout celle du nord, liée aux milieux industriels et financiers nationaux et entretenant des liens solides avec des milieux analogues en Europe et aux Etats-Unis, n’a pas laissé s’échapper l’occasion d’attaquer la politique de l’ENI qui se déployait avec une autonomie quasi totale sur la scène internationale, et dont la préoccupation première était l’intérêt de la nation italienne.
    Ce qui déterminait le succès de l’ENI dans les pays producteurs de pétrole fut essentiellement l’approche non colonialiste que lui avait conféré Mattei. Celui-ci, en effet, innovait radicalement dans l’attribution des pourcentages que retenait l’ENI pour pouvoir exploiter les gisements de pétrole découverts. Le groupe italien ne retenait que 25% des bénéfices et en octroyait 75% à la compagnie pétrolière de l’Etat recelant les gisements. Au contraire, les « Sept Sœurs » s’appropriaient un minimum de 50%. Le deuxième aspect qui séduisait dans la politique pétrolière de Mattei fut la clause suivante : si les recherches n’aboutissaient à rien sur un site spécifique, l’ENI ne réclamait rien à titre d’indemnisation à l’Etat sur le territoire duquel se trouvait le site en question. C’était là des méthodes élémentaires et simples qui contribuaient à créer un formidable courant de sympathie pour le groupe italien. Troisième aspect de la politique de Mattei, et non le moindre : former les compétences locales à l’école de l’ENI, située à San Donato dans le Milanais. Le but de cette politique était évident. Mattei voulait faire comprendre que l’ENI n’entendait pas se limiter à des rapports économiques mais voulait aussi faire évoluer professionnellement des équipes de techniciens qui, une fois formées, seraient capables de travailler sans aide étrangère et d’aider au mieux les sociétés pétrolières étrangères, sans devoir pour autant dépendre entièrement d’elles. Cette approche demeure encore vivante dans la mémoire de bon nombre de dirigeants des pays producteurs de pétrole. Ce souvenir positif fait que l’ENI, aujourd’hui encore, peut vivre de rentes en provenance de ces pays, en jouissant d’une sympathie qui ne s’est jamais estompée.
    La politique autonome de l’ENI s’est adressée surtout aux pays du Proche et du Moyen Orient et d’Afrique du Nord. L’Iran fut évidemment l’exemple le plus prestigieux dans le palmarès du groupe italien, qui était parvenu à s’insinuer dans un pays considéré comme chasse gardée et exclusive de la « British Petroleum ». Mais il y eut aussi l’Egypte de Nasser : elle fut le premier pays avec lequel Mattei amorça des rapports stables et durables, dès 1956. Il faut aussi évoquer l’appui financier qu’accorda Mattei au Front de Libération National algérien, ce qui irrita bien entendu la France, dont la classe dirigeante s’était faite à l’idée de perdre ses territoires d’Outremer. Les rapports entre l’ENI et le FNL étaient de fait assez étroits : le chef politique du mouvement indépendantiste algérien, Mohammed Ben Bella, avait un appartement à sa disposition à Rome.
    L’ENI se présentait donc comme une réalité autonome qui, au nom des intérêts supérieurs de l’Italie, considérait que l’Europe possédait un prolongement naturel sur la rive méridionale de la Méditerranée, ce qui avait pour corollaire de rompre les équilibres consolidés dans toute la région. L’activisme de Mattei rencontrait l’hostilité d’Israël qui tolérait mal de voir l’ENI contribuer à la croissance économique de pays comme l’Egypte ou l’Algérie, et cela tout en maintenant leur autonomie politique. L’origine de l’attentat perpétré contre lui le 27 octobre 1962, lorsqu’une bombe placée dans son avion explosa dans le ciel au-dessus de Bascapè, doit sans doute être recherchée dans l’hostilité que lui vouait ce petit Etat, né quinze ans plus tôt. Une hostilité à son endroit que l’on retrouvait également au sein même de l’ENI. Quelques mois avant sa mort, Mattei avait obligé Eugenio Cefis, vice-président de l’ENI et président de l’ANIC, à abandonner le groupe, où il était considéré comme le leader d’un courant jugé trop proche des intérêts atlantistes et israéliens. Ce même Cefis, ancien bras droit de Mattei dans les rangs des partisans catholiques lors de la guerre civile italienne (1943-45), fut appelé à diriger l’ENI immédiatement après la mort de Mattei. Il existe d’autres hypothèses sur l’attentat mais elles sont peu crédibles. On a évoqué une intervention des « Sept Sœurs » mais Mattei avait trouvé avec elles une sorte de « gentlemen agreement ». On a aussi évoqué la main de la CIA qui aurait jugé Mattei comme un « élément déstabilisateur », surtout en ces jours où sévissait la crise des missiles soviétiques à Cuba. Il y a lieu de faire montre du même scepticisme quand on parle d’un rôle possible des compagnies pétrolières françaises qui avaient de gros intérêts en Algérie. De même, il est peu plausible que la mafia sicilienne ou la Cosa Nostra américaine aient agi pour le compte de tiers. Toutes ces hypothèses ont le désavantage de voir seulement la partie émergée de l’iceberg et de ne pas voir le problème dans toute sa substantialité. L’attentat de Bascapè a mis fin à l’existence d’une personnalité unique, d’un homme qui s’était montré capable de percevoir réalités et potentialités là où la plupart des autres ne voyaient ni n’imaginaient quoi que ce soit.
    Filippo GHIRA.
    (article tiré du site  http://rinascita.eu/ , 23 février 2010).
    par Robert Steuckers

  • Discours d’investiture du second mandat d’Obama : contenu et décryptage

    Ce 21 janvier s’est tenu le discours d’investiture du président Obama pour son second mandat. Ce protocole politique américain est important outre-Atlantique, car il reprend les grandes lignes directives du mandat à venir, ou du moins les positionnements officiels de la gouvernance qui s’installe.

    Les cinq premières minutes sont consacrées aux habituels lieux communs. L’égalité, la liberté, l’unité, la constitution, les pères fondateurs, en bref, toutes les reliques sacrées sont déballées en vrac dans de magnifiques tirades émotionnelles.

    On approche ensuite les moyens concrets d’atteindre ces beaux accomplissements démocratiques, et les lignes du programme de campagne d’Obama 2012 apparaissent. L’interventionnisme fédéral, l’amélioration des systèmes publics de santé et autres régularisations diverses sont présentés comme étant les outils nécessaires pour « protéger chacun contre les hasards et les malchances de l’existence » et permettre à tous de réussir, chance aujourd’hui réservée à une heureuse minorité de privilégiés.

    La réalité des enjeux économiques n’est cependant que laconiquement approchée. Une simple promesse de réduction du déficit est lancée, entre deux emportements sur l’égalité et le courage.

    Cette égalité et ce courage trouveront en fait leur écho ailleurs, dans deux autres priorités mises en avant : le droit des homosexuels à « être traités également face à loi » et la lutte contre le « réchauffement climatique ».

    Les développements concernant la politique étrangère sont notables. Même si le discours transpire toujours le messianisme, en faisant des USA les « défenseurs de la dignité humaine et de la justice », le président confirme sa tendance à la modération du bellicisme militaire : « C’est la fin d’une décennie de guerre », nous dit il au début, en revenant plusieurs fois par la suite sur cette idée.

    On retiendra de ce discours une tendance nette d’Obama, déjà dénoncée par ses détracteurs, à manquer de recherche d’unité comme il l’avait pourtant fait lors de la cérémonie de son premier mandat.

    Effectivement, les divisions intra-classes, qui ont tendance à se confondre dans l’esprit du peuple avec les divisions ethniques, sont ici attisées par des promesses d’interventionnisme qui, présentées ainsi, sont interprétées comme du parasitage communautariste par la partie conservatrice des États-Unis. On peut, pour illustrer ce propos, se rappeler les levers de boucliers qu’avait provoqués la mise en place de l’« Obamacare » en 2010.

    Derrière les beaux mots, on retrouve donc une méthodologie qui nous rappelle étrangement les montages médiatiques visant à provoquer des divisions intra-classes d’ordres religieux, générationnel ou sectoriel en France, avec par exemple les sombres histoires de pains au chocolat, ou les dénonciations de retraités « trop gâtés ». Les méthodes de domination par la division font visiblement recette dans toutes les « démocraties ».

    Il est intéressant de voir comment l’édition du Monde du 22 janvier met l’accent sur les quelques mots concernant l’égalité pour les homosexuels et la lutte contre le réchauffement climatique. Comme le présentait déjà Alain Soral, une façon contemporaine de cacher les réels enjeux socio-économiques consiste à politiser des questions sociétales qui n’ont pas vocation à l’être. Comme « l’homme de gauche » français, l’électeur démocrate américain se croit certainement « progressiste » de part ses engagements verts et pro-gays.

    Pendant ce temps-là pourtant, les bombes pleuvent au Moyen-Orient, et des travailleurs immigrés illégaux sont exploités dans l’industrie alimentaire (ce dernier point est bien illustré dans le documentaire Food, Inc.).

    Pour les aspects diplomatiques, plusieurs interprétations géopolitiques vont certainement découler de ces déclarations. Doit-on y voir une relative désolidarisation des élites américaines protestantes avec les élites sionistes ? Ou s’agit-il d’une répercussion de la croissante autonomie énergétique américaine (autosuffisance à l’horizon 2030 grâce aux gaz et huiles de schistes d’après certaines analyses), qui rend moins nécessaire le contrôle de certaines régions ?

    De nombreuses propositions sont possibles, et seul le temps nous dira si ce positionnement sera véritable et durable.

    Mais bien que plusieurs voix, comme les paléo-conservateurs, réclament la marche vers un non-interventionnisme diplomatique et l’acceptation d’une essence multipolaire du monde, on voit mal comment ce maintien à la tête de l’État de la même marionnette pourrait véritablement incarner le renoncement américain à ses penchants thalassocratiques, et un refus de continuer à être le principal bras armé du mondialisme et du sionisme qui, partout, se tapissent derrière les drapeaux nationaux pour ne pas être salis par le sang qu’ils font couler.

    Non, ce ne sera pas par là que viendra le changement. Mais nous continuerons cependant à espérer le réveil national et populaire américain, comme nous l’espérons pour nous-mêmes.

    Léon Saint-Quay http://www.egaliteetreconciliation.fr/

  • Ils tapent sur les dictateurs du pétrole et pleurent sur le prix du pain !

    Pauvres bons gros média ! Plus le temps passe, et plus ils sont envahis d'intellos poudrés, façonnés dans les centres de formation pour élites à longues oreilles d'ânes bâtés. On les repère de plus en plus facilement, à la radio, à la télévision, dans la presse écrite, avec leurs trois cents mots stéréotypés. Régulièrement, au signal d'un mystérieux maître des cérémonies, ils découvrent une nouvelle formule - « j'dirais... Tout à fait... » -, un nouveau terme - « voilà... voilà... Ben voilà » -, sur lesquels ils se précipitent goulûment. Qu'ils mâchouillent, triturent, disséminent dans leurs interventions publiques ou leurs longs pensums. Ils ont la même voix, disent les mêmes phrases, se refilent les mêmes tics de langage, répètent les mêmes mots d'ordre. Les journalistes ! Vous en avez entendu un vous les avez tous entendus. Plus insupportable encore que l'uniformité de leur vocabulaire est la cadence qu'ils lui impriment. Ils parlent le français avec un accent tonique qu'ils ont emprunté à l'anglo-sabir qu'ils fréquentent sur Internet depuis dix ans. De plus en plus s'incruste dans les média français une sorte de patois phonétique, sans grammaire ni orthographe, - ouikenne, r'cherch' - , à l'image des langages primitifs, mi-borborygme, mi-gargouillement, qui se multiplient dans ce qu'il est convenu d'appeler « les quartiers défavorisés » parce qu'en effet ils n'ont pas mérité d'être ainsi traités.
    C'est pousser le bouchon un peu loin, direz-vous ? Mais que se passe-t-il depuis quelques semaines quand tout ce qui parle et gesticule sur la place publique reprend à n'en plus finir une antienne affligeante où il n'est question que de « Printemps arabe », de "jasmin", de "démocratie", de féroces "dictateurs" mis en fuite par des révolutions à poings nus. Celui-là a pris l'avion avec 1,5 tonne d'or dans ses poches, cet autre serait la première fortune mondiale. On a vu un journaliste du Service Public nommé Omar Ouamane s'installer sur la place Tahrir du Caire et diffuser en direct les communiqués des manifestants dans un déferlement manichéen à abasourdir un général nord-coréen. Un nommé Richard Platz, lui aussi du Service Public, désormais courroie de transmission d'un Islam - « modéré, attention » - dont il entend où que ce soit favoriser l'expansion, a établi son quartier général à Benghazi d'où il lance toutes les heures des appels au meurtre de Kadhafi d'une mièvrerie sidérante. Depuis des semaines France-Culture réduit la plupart de ses bulletins d'information à la recension des "insurgés" et des "révolutionnaires" du Maghreb et du Machrek. Ah, encore un mot que les analphabètes ont découvert et dont ils soupoudrent leurs correspondances avec une visible délectation. Il reste encore à leur apprendre, à ces bavards incultes, que la plupart des pays dont ils se font les enthousiastes hérauts ne sont pas arabes, ne sont pas peuplés d'Arabes, mais sont, en revanche, des lieux de colonisation linguistique, culturelle, religieuse des Arabes et de l'Islam. Louable colonisation que celle-là ! Combien savent d'ailleurs que la plupart des savants, écrivains, poètes, philosophes, médecins, ingénieurs qui ont fait l'extraordinaire splendeur de la civilisation orientale du Moyen Age, culminant dans l'Al-Andalous, loin d'être Arabes étaient imprégnés de culture grecque, byzantine, perse. Or ce tintamarre accompagne une profonde incohérence intellectuelle. Ayant salué ces "révolutions" poussant dehors les méchants dictateurs, indifférents au fait que jamais dans leur Histoire ces pays n'avaient su s'accommoder d'autres régimes que fortement hiérarchisés, ils font mine de croire que ces bouleversements feraient le bonheur de l'humanité toute entière. Et de promouvoir en boucle les diatribes de beaux parleurs modelés par les universités occidentales, subornés par les officines des Droits de l'Homme que le système installe à travers le monde, qui tentent de faire accroire qu'ainsi s'ouvre une ère de paix et de sérénité universelles. Incitant vigoureusement les autres peuples de même configuration à en prendre de la graine.
    Or il n'en est rien. La Libye, ce n'est que 2 millions de barils de pétrole chaque jour sur 82 millions. Et cependant cela aura suffi pour faire exploser le prix du carburant. Aussitôt les mêmes se sont répandus en jérémiades parce que les étiquettes alimentaires flambent. Eh bien oui, pour faire du blé, de la viande, des tomates, des pommes, il faut du gazole, des engrais, des pesticides, de l'irrigation, du transport, du plastique, de la réfrigération, du chauffage etc., il faut de plus en plus d'énergie. Il faut plus de pétrole dans un monde où il y a sans cesse plus de bouches à nourrir.
    Ecoutez-les alors, ces imbéciles de média qui réclament des « révolutions jasmin », antichambres de l'anarchie, partout. En Arabie Séoudite, en Iran, en Algérie, dans le Golfe. Et un baril à 10$...
    René BLANC. Rivarol du 11 mars 2011

  • La France au Mali : pour quels bénéfices ?

    Depuis le 13 janvier 2013, le gouvernement Hollande-Ayrault a envoyé l'armée française intervenir au Mali. La classe politicienne française a soutenu unanimement cette intervention même si des dissensions se font jour du côté de l'UMP, pour des motifs qui sentent avant tout la tactique politicienne d'un parti situé dans l'opposition parlementaire.
    L'INTÉRÊT NATIONAL EST-IL EN JEU ?
    Lorsque le gouvernement de leur République, comme tout gouvernement d'ailleurs, prend une décision, la première question que l'on doit se poser pour en juger de la pertinence est de savoir si elle est conforme à l'intérêt national.
    Dans cette affaire, quel est donc l'intérêt de la France ? L'argument avancé est celui de la lutte contre le terrorisme islamique qui installe progressivement dans le nord de l’État malien, à savoir l'Azawad, une sorte d'émirat islamique et qui, progressivement, menace d'occuper et d'envahir le sud de cet État post-colonial, largement artificiel. Il est vrai qu'à la suite de la révolte touareg de mars 2012, les groupes islamistes qui avaient aidé les nationalistes touareg à lancer leur révolte ont supplanté ces derniers et ont entrepris de constituer dans les régions conquises une sorte d'émirat, faisant subir aux populations locales un islam d'une rigueur extrême qui est bien loin de leurs traditions. Les média n'ont pas cessé de parler des destructions de monuments jugés impies par ces islamistes et des punitions corporelles, infligées aux personnes considérées comme délinquantes au regard de la loi islamique, la charia.
    Cela suffit-il à justifier une intervention extra-africaine, même si le gouvernement malien de Bamako - gouvernement de fortune bien fragile mis en place sous la pression étrangère après une révolte militaire -, a demandé de l'aide lorsqu'une colonne de guerriers islamistes s'est lancée de manière téméraire à l'assaut du sud-Mali en s'emparant de la ville de Kona ?
    La réponse est à ce stade évidemment négative d'autant plus que, depuis la présidence Chirac, la France s'est quasi entièrement désengagée - en abandonnant les bases qu'elle entretenait jusqu'alors - de l'Afrique sahélienne dont elle a été de 1890 à 1960 la puissance tutélaire.
    UNE AFFAIRE DÉPASSANT LE SEUL MALI
    La réponse peut toutefois devenir positive si l'on prend en considération le fait que cet émirat islamique en construction au nord-Mali constitue un élément d'un problème beaucoup plus vaste, à savoir le risque de l'installation dans toute la zone sahélienne d'un puissant foyer islamiste, susceptible de créer de l'instabilité dans toute l'Afrique, et par delà celle-ci en Europe, menaçant par la même occasion les intérêts économiques que les États européens peuvent avoir en Afrique, notamment les ressources minières.
    Dans ce cas, il s'agit d'un problème qui concerne l'ensemble de la planète, car le Sahel n'est pas le seul foyer d'agitation islamiste dans le monde et il faut le traiter en totalité. Après le retrait de la France, les États-Unis avaient pris conscience de l'enjeu et avaient entrepris de former et de mettre en place des forces capables de lutter contre le danger terroriste potentiel de la région. La Pan Sahel Initiative qui concernait la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad fut lancée en 2004 et devint en 2006 la Trans-Saharan Counter Terrorism Initiative par l'ajout de l'Algérie, du Burkina Faso, de la Libye, du Maroc, de la Tunisie, du Nigeria et du Sénégal, l'ensemble étant traité depuis Stuttgart, en Allemagne avec l'état-major de l’AFRICOM (United States Africa Command). Ce faisant, au Mali, ils donnèrent avec des éléments du 10e Spécial Forces Group une formation militaire à ces soldats-nés que sont les Touaregs, ne voyant pas que ceux-ci, depuis 1960, sont les ennemis jurés du pouvoir noir de Bamako. Profitant du renversement du président malien Toumani Touré par le capitaine Sanogo le 22 mars 2012, ils furent à l'origine de l'actuelle sécession du nord-Mali.
    Or aujourd'hui, la France se retrouve seule à traiter un problème qui concerne beaucoup d’États. Tout se passe comme si l'armée française qui, en dépit de son affaiblissement dû à l'incurie des gouvernements français successifs, est actuellement la seule armée capable de traiter cette affaire ; et il est vrai que nos soldats font preuve des plus hautes qualités qui ont fait la gloire de l'armée française. Ce faisant, ils paient par la même occasion ce qui apparaît comme un échec des États-Unis, dans la mesure où le terrorisme islamique n'a pas été jugulé mais au contraire s'étend, puisque, outre le Mali, sévit dans le nord-Nigéria la secte haoussa Boko Haram qui massacre nombre de chrétiens qui y sont installés.
    LES INCOHÉRENCES FRANÇAISES
    Le gouvernement Hollande a donc agi dans la précipitation et engagé imprudemment les forces françaises. Si, à la différence de l'Afghanistan où la France s'est battue pour des intérêts qui n'étaient pas les siens, elle a intérêt à éteindre l'incendie islamiste, elle ne doit pas être la seule à en supporter le prix, dont le plus précieux est celui de la vie de nos soldats.
    Mais il y a plus grave : outre la précipitation et l'imprudence, c'est de l'inconséquence de la politique française, tant extérieure qu'intérieure, qu'il faut parler.
    En effet, si le déclenchement de la révolte touareg a profité du coup d’État du capitaine Sanogo, celle-ci n'aurait pas pu prendre cette importance si l'ancien président Sarkozy n'avait pas stupidement écouté un Bernard-Henri Lévy et attaqué la Libye du colonel Kadhafi dont il avait été peu de temps auparavant un excellent ami. C'est un fait connu que la destruction du régime de Mouammar Kadhafi, suivie de sa scandaleuse exécution, a permis à des groupes divers de s'emparer de son arsenal militaire, d'ailleurs complaisamment livré par les Occidentaux, dont la France.
    Ensuite, il est très vite apparu que l'insurrection touareg de mars 2012 était récupérée par le mouvement islamiste Ansar el Dine, les nationalistes touareg étant marginalisés. Dès lors, le danger islamiste, aujourd'hui clairement dénoncé par les média, était patent. C'est alors qu'il fallait intervenir promptement, dans la mesure où il est plus facile d'abattre un adversaire avant qu'il ne s'organise et ne renforce ses positions. Il n'y avait alors pas plus de 500 combattants. Or, ni Sarkozy ni Hollande n'ont bougé, le premier jusqu'en mai 2012 et le second jusqu'à ce début 2013. Certes, dans les premiers mois de 2012, chacun comprendra que les intérêts électoraux personnels et partisans passaient avant toute considération relative à l'intérêt national. D'ailleurs, y avait-il - y a-t-il - beaucoup de politiciens et autres technocrates qui avaient compris la nature du problème ? Sarkozy botta en touche arguant du principe de l'intangibilité des frontières. Ensuite, Hollande a plus été préoccupé par ses querelles domestiques, par la mise en place de son pouvoir et du mariage sodomite que des questions sahéliennes, entre autres. Il refusa d'aider les nationalistes touaregs du MNLA écrasés par les islamistes, annonçant plusieurs fois que la France n'interviendrait pas au Mali.
    Les mois ont ainsi passé, tandis que l'émirat islamiste se consolidait au nord du fleuve Niger. Il a fallu qu'une colonne islamiste s'emparât de la ville de Kona et laissât apparaître un risque de la voir s'emparer à terme de Bamako pour que se produisît l'intervention militaire dont nous traitons présentement. Ne faisons pas ici l'injure à l'actuel locataire de l’Élysée d'avoir décidé cette intervention pour des raisons de politique intérieure.
    UNE INTERVENTION TARDIVE ET PRÉCIPITÉE
    Voilà donc l'armée française à pied d'œuvre au Mali. Pour quels objectifs ? Pour quels résultats espérés ? L'objectif premier a consisté à arrêter la progression des forces islamistes vers le sud du Mali, avant d'aider l'armée malienne et éventuellement les forces coalisées de la CDAO (Communauté des États d'Afrique de l'Ouest, tenant à la fois de l'Union économique et de l'Otan) à "libérer" le nord Mali, autrement dit, à replacer les Touaregs sous l'autorité des Noirs.
    Sans préjuger de l'avenir, admettons que ces objectifs soient atteints. Pour autant, les forces islamistes combattues ne seront pas vaincues, détruites : elles vont simplement se replier, à travers les étendues désertiques et montagneuses du Sahara, allant, qui vers la Mauritanie, qui vers le Niger, qui vers le Tchad et le Darfour (au Soudan), qui rejoindre le groupe Boko Haram au Nigeria. Et encore : rien ne permet d'affirmer qu'il n'en restera pas des unités installées dans les zones montagneuses en toute impunité si celles-ci ne sont pas "nettoyées" à un prix humain qui risque d'être élevé. Il suffit d'observer comment un groupe d'islamistes a pu s'infiltrer en Algérie (sauf complicité interne dans la mesure où les islamistes d'Ansar el Din viennent originellement d'Algérie) et mener la spectaculaire prise d'otages à Al Amenas pour prendre conscience de la porosité des frontières, de la difficulté à surveiller la région où les déplacements peuvent se faire très rapidement (l'histoire récente l'a montrée au Tchad).
    Le problème de l'islamisme en Afrique et notamment au Mali demeurera entier.
    Il faut alors se demander pourquoi aucune opération aéroportée n'a été envisagée pour tenter de neutraliser les bases de départ des forces islamistes. Car il s'agit du seul moyen efficace de les neutraliser et de les empêcher, pour l'essentiel, de s'enfuir dans l'immensité saharienne et sahélienne. Avec les moyens satellitaires actuels, de telles bases sont aisément repérables. En d'autres temps, gageons que ce genre d'opération aurait été envisagé et monté.
    Pourquoi cela n'a-t-il pas été le cas ? Faiblesse de conception ? Manque de moyens ?
    Comme cela a été mentionné précédemment, la politique désastreuse menée par des gouvernements successifs inféodés aux intérêts financiers internationaux et par cela endettés de manière inconsidérée, enlisés dans la médiocrité propre à la démocratie, incapables de remettre en ordre l'organisation d'un État podagre et parasite (tant à l'échelon central que territorial), a conduit ceux-ci à financer tout et n'importe quoi, notamment le coût de l'immigration incontrôlée, sauf à financer ce qui relève des fonctions régaliennes, à commencer par les armées. Celles-ci ont au contraire servi de variables d'ajustement aux déficits publics abyssaux, aboutissant à réduire le budget de la défense nationale à un point tel que les chefs d'état-major n'ont cessé de lancer des cris d'alarme quant aux conséquences d'une telle politique inconsidérée.
    La vérité est que la France ne dispose plus d'armées à la hauteur des ambitions affichées et si l'armée française est encore un bel outil, elle le doit aux prodiges déployés par ses officiers et soldats qui parviennent à conserver un outil militaire de qualité à un coût inférieur à celui de l'armée britannique, par exemple.
    Si la 11e brigade parachutiste demeure l'une des meilleures unités au monde avec la 82e Air-borne et des unités russes, les moyens de transports sont bien faibles : 14 C130 Hercules, une quarantaine de Transall dont la disponibilité souffre de leur âge. Notre aviation attend la livraison des Airbus A 400M qui est sans cesse retardée. Or, sans renouvellement de notre flotte de transport, notre outil T.A.P. est appauvri et la France ne peut que très difficilement engager de telles opérations aéroportées, pour peu que la volonté politique soit au rendez-vous.
    Pour le moment, la France en est réduite à recourir à l'aide étrangère, comme ce fut le cas pour l'affaire libyenne où les avions français furent ravitaillés en vol par des avions américains. Il lui faut louer des Antonov russes et, dans la présente affaire, des avions américains : on notera au passage combien il est précieux d'avoir de tels alliés dans la mesure où, en quelque sorte, ils font payer à la France les services qu'ils leurs rendent depuis leur retrait effectif de la lutte anti terroriste en Afrique !
    LES VÉRITABLES DÉFIS À RELEVER
    Voilà donc la France engagée dans une affaire qui va s'enliser, voire s'envenimer. En admettant que le nord-Mali soit "libéré", il le sera par des troupes noires, qui appartiennent à d'autres races et civilisation que les Touaregs, peuple blanc berbérophone, et il est à craindre que la répression ne soit terrible envers les Touaregs dont les revendications d'autonomie, sinon d'indépendance, sont des plus légitimes, au regard de l'histoire et de leur civilisation. La question touareg restera entière, avec des contentieux nouveaux. Pourtant, eux seuls, de par leur connaissance du Sahara et de leur aire de peuplement, sont à même de combattre l'islamisme dont ils sont actuellement les victimes au Mali. Le Mali demeurera un pseudo-Etat en attendant de nouvelles guerres de délivrance menées par les Touaregs. Les bandes islamiques vont pouvoir se recomposer, se renforcer depuis la Mauritanie jusqu'au Nigeria et au Soudan, avec des développements inévitablement graves en termes d'instabilité, marchand sur les traces des djihads des XVIIIe et XIXe siècle qui se sont propagés dans cette vaste zone.
    Ce n'est pas ainsi que seront créées les conditions d'un développement économique, seule possibilité de fixer en Afrique des populations en croissance rapide qui, sans cela, continueront à être attirées plus que jamais vers un monde européen vieillissant, riche, doutant de lui-même et à ce titre menacé de submersion. Là est notre intérêt : faire en sorte de permettre aux populations sahéliennes de vivre sur leur sol natal.
    Sauf à voir les États africains, qui sont pourtant les premiers concernés, s'impliquer sérieusement dans cette affaire, sauf à voir les États Occidentaux, à commencer par les États-Unis, s'engager significativement aux côtés de la France, il clair que celle-ci usera ses forces en pure perte, d'autant plus qu'elle sacrifie son armée sur l'autel de la finance mondialisée.
    Il importe de dénoncer cette situation de dupes dans laquelle l'actuel gouvernement a placé la France, en continuité avec la politique des gouvernements précédents qui, tous, ont conduit et conduisent la France vers l'abîme. L'urgent pour la France est moins de se projeter à des milliers de kilomètres de chez elle que de sécuriser son propre territoire, tant terrestre que maritime, et de reconstruire : assurer le renouvellement de ses générations, reconstruire l’État, reconstruire l'armée, reconstruire l'école et l'industrie ; et il y a du travail à faire lorsque l'on constate qu'il suffit de 5 cm de neige pour bloquer la circulation des trains comme c'est le cas en ce mois de janvier 2013 !
    André Gandillon, Président des Amis de Rivarol. Rivarol du 25 janvier 2013

  • Goldman Sachs et la main visible

    A l’heure où Goldman Sachs publie des bénéfices en hausse de 191% sur 2012, il est intéressant de se pencher sur la nature et le contexte de ces profits records. Pour une bonne part, ils sont dus au leadership incontestable de la banque, imbattable en matière de fusions et acquisitions, de trading, d’émissions et de négoce de titres. Mais ces profits sont essentiellement aidés par une main un peu trop visible. D’une part, on sait qu’en 2008 la plus grande banque d’affaires a obtenu, après avoir modifié son statut en holding, la protection de l’agence fédérale d’assurance des dépôts, jusque-là réservée uniquement aux banques d’épargne.

    Par Myret Zaki - (Bilan).

    Cette même année, le Trésor prenait une participation de 10 milliards de dollars dans le capital de Goldman Sachs, à titre d’aide, payant 3,5 milliards de plus que ce que valaient réellement les actions, comme l’a plus tard révélé le Congrès.

    Pourtant, en 2008, Goldman Sachs dégageait 2,3 milliards de profits et versait 4,82 milliards de bonus.

    Détails non divulgués

    Outre ces renforts pour le moins munificents, obtenus grâce à l’ex-président de Goldman Sachs, Henry Paulson, alors secrétaire au Trésor, on sait aussi que

    le 10 août 2012 la justice américaine renonçait à des poursuites pénales contre la banque, n’ayant pu réunir de preuves sur ce que tout le monde sait,

    à savoir qu’elle pariait contre ses propres clients, et que c’est ainsi qu’elle a dégagé ses 11 milliards de bénéfices surréalistes en 2007.

    Curieusement peu repentante, Goldman Sachs continue de poursuivre, aujourd’hui, les mêmes pratiques spéculatives pour propre compte, mises en cause dans la crise, et interdites désormais par la loi Volcker incluse dans le Dodd-Frank Act de 2010.

    Comme l’a révélé Bloomberg, la banque contourne aisément ces règles, et génère encore beaucoup d’argent sur le «proprietary trading», activité ultralucrative, qu’il serait dommage d’abandonner en si bon chemin, avec des taux d’intérêt zéro qui lui sont si favorables.

    Dès lors, tout en bénéficiant du soutien étatique, des subventions de la Fed, des garanties offertes par le contribuable, et d’une impunité au plan juridique, elle mène des paris avec l’argent de la banque, éloignés du service à la clientèle.

    Lire la suite sur Bilan.

    http://fortune.fdesouche.com

  • Une cour égyptienne condamne une famille à 15 ans de prison pour conversion au christianisme

    La peine de prison de 15 ans à une femme et ses sept enfants par un tribunal égyptien pour s’être convertis au christianisme est un signe de mauvais augure, selon les militants des droits de l’homme qui se s’inquiètent et disent que le gouvernement islamiste est une mauvaise nouvelle pour les chrétiens d’Afrique du nord.

    Un tribunal pénal de la ville centrale égyptienne de Beni Souef a infligé cette peine choquante la semaine dernière, selon le journal égyptien en langue arabe Al-Masry Al-Youm.

    Nadia Mohamed Ali, élevée comme chrétienne, s’est converti à l’islam quand elle a épousé Mohamed Abdel-Wahhab Mustafa, un musulman, il ya 23 ans. Plus tard, il est mort, et sa veuve a envisagé de retourner au christianisme en convertissant ses enfants afin d’obtenir un héritage de sa famille.

    La religion étant spécifiée sur la carte d’identité égyptienne. Elle a demandé de nouvelles cartes d’identité entre 2004 et 2006. Lorsque la conversion a été découverte sous le nouveau régime, Nadia, ses enfants ainsi que les employés de bureau qui ont préparé les cartes d’identité ont tous été condamnés à des peines de prison.

    Samuel Tadros, un chargé de recherche au Centre Pour la liberté religieuse de l’Institut de Hudson (Hudson Institute’s Center for Religious Freedom), a dit :

    « ces conversions comme Nadia ont été fréquentes dans le passé, mais la nouvelle constitution égyptienne basée sur la charia est une véritable catastrophe en termes de liberté de religion. »

    « Maintenant que la charia est devenue partie intégrale de la nouvelle Constitution de l’Égypte, les chrétiens de ce pays courent un grand risque » a dit Jordan Sekulow, directeur exécutif du centre américain pour la loi et la justice (American Center for Law and Justice)

    « Les cas augmenteront à l’avenir, » Tadros a dit. « Il sera beaucoup plus difficile pour les personnes de revenir au christianisme. »

    Le président Mohamed Morsi, a été élu en juin dernier et a succédé au règne séculaire de Hosni Mubarak, lequel est maintenant en prison et a imposé la nouvelle constitution l’année dernière.

    Tadros a déclaré que la constitution limite la pratique du christianisme, parce que « la liberté religieuse doit être comprise dans les limites de la charia. » Il a ajouté que la constitution stipule que la plus haute autorité sunnite devrait être considérée un interprète de la clause de la religion contenue dans la Constitution.

    Kabyles.com via http://www.fdesouche.com/

  • Une terrible postmodernité dans la maison « Casa Pound »… par François-Xavier ROCHETTE

    L’ouvrage est épais, dense… 370 pages compactes de lignes et de lignes interminables écrites par un fier Italien de 32 ans qui, incontestablement, ne transige pas avec la réputation de bavards qu’endossent assez justement nos voisins transalpins.

     

    Pourtant la forme d’abécédaire choisi pour le bouquin aurait pu permettre à son auteur d’économiser en l’occurrence non sa salive mais l’encre de son imprimante qui doit être elle aussi plus ou moins italienne… Bon, vous l’aurez compris chers lecteurs, je n’ai pas trouvé dans l’ouvrage étudié ici de l’avoine nourrissante ou je ne sais quelle source d’inspiration, ou encore une problématique à creuser, enfin quelques choses à se mettre sous la dent.

     

    Et je dois l’avouer, c’est bien le troisième livre écrit par un Transalpin ces derniers mois qui me déçoit profondément, qui n’apporte rien ou presque de nouveau ou de pertinent à la petite bibliothèque nationaliste que nous essayons d’enrichir utilement.

     

    Mais dans ce cas, je suis exposé à un problème d’une autre ampleur, à une question terriblement lancinante : le livre est ennuyant, certes, la forme est assommante, mais le défaut rédhibitoire de la chose ne provient-il pas non seulement de son argumentation (et pas seulement de sa forme) mais de son objet même ?

     

    Et je suis si anxieux devant cette conjecture que j’en oublie de citer tout simplement le titre du bouquin italien, parfois si mal traduit, qu’il en devient loufoque. Tant pis, je me jette à l’eau : Casa Pound, une terrible beauté est née.

     

    Un livre d’Adriano Scianca qui prétend présenter en quarante mots la révolution en devenir (sic) de la « maison d’Ezra » (Pound). Voilà, j’ai osé affirmer d’emblée ma perplexité devant un « manuel » relatant « poétiquement » l’aventure urbaine de Casa Pound, et tant qu’à être franc soyons-le avec audace, c’est, je crois, Casa Pound en tant que telle que je n’apprécie pas outre-mesure. Oh l’hérétique iconoclaste que je suis !

     

    J’entends déjà certains lecteurs sidérés grogner leur mécontentement estimant que ce François-Xavier Rochette a le don de voir la petite bête qui fâche partout et de n’être pas gentil avec ces jeunes gens si dynamiques, qui organisent plein de concerts de rock et qui se tatouent tous le symbole de la Casa, une tortue, sur le bras…

     

    Et que dire de tous ces tee-shirts super à la mode confectionnés par les poundistes entre deux tags ou graphs immortalisant leur formidable volonté de puissance nietzschéenne. Ah ce ringard de Rochette poursuit, ironique, ses diatribes pour ne pas dire ses objurgations ! Entends-je !

     

    Nous allons être plus clairs. Le livre, que j’ai eu le courage de lire en espérant y trouver des réponses doctrinales sérieuses à mes questions concernant la généalogie idéologique de cette association juvénile, constitue une somme de prosopopées « irrationnelles » d’ailleurs présentées comme telles à travers certains passages (ou endroits) du texte !

     

    J’aurais certainement du prendre plus au sérieux les avertissements de Gabriele Adinolfi, préfacier dudit ouvrage, pour éviter pareil écueil. Relisons-les : « Le livre est important mais quelques avertissements sont nécessaires pour nos cousins de l’Hexagone. Je connais bien l’esprit français qui aime à expliquer le monde d’une manière cartésienne et systématique ». Ce qui signifie : « Si vous ne comprenez pas les propos de l’auteur, ou si vous les trouvez un brin légers, c’est parce que vous, Français, êtes dépourvus de cette faculté de saisir l’énergie sidérale de la communauté commune de la Polis ».

     

    Oh, encore cette vilaine ironie provocatrice ! Mais ma petite acrobatie verbale décrit assez justement l’argument d’Adinolfi.

     

    Le fascisme, pour notre préfacier comme pour Adriano Scianca, n’est pas dogmatique mais une manière de vivre intensément une philosophie existentialiste des plus caricaturales, « l’essence de cette différence ontologique que l’on pressent sans la comprendre », une sorte d’anarchisme (sic), un futurisme où l’acteur « hurle, parce que le hurlement est auto-affirmation, dépassement du bavardage (il semble être plutôt ici poussé à l’extrême), moquerie de la banalité ».

     

    L’un des objectifs de Casa Pound est ainsi de favoriser l’émergence d’une nouvelle rationalité… Une rationalité en quelque sorte irrationnelle… Évidemment, derrière une telle phraséologie qui ne se distingue que par son emphase fatigante, on trouve la crypto-sociologie de l’inénarrable Michel Maffesoli.

     

    Une farce

     

    D’autant plus que le jeune Adriano ne semble pas avoir eu le temps de la digérer… Il n’y a qu’à l’étranger d’ailleurs qu’on se réfère explicitement à Maffesoli tant ce drôlet est totalement discrédité en France, dans ce pays si rationnel… « Culte du corps, langage de l’image, exaltation de la tribu. C’est l’incarnation de la post-modernité communautaire, de l’icône, de la fête dont parle Michel Maffesoli dans plusieurs de ses œuvres ». Et notre auteur de singer le maçon au nœud papillon.

     

    L’effervescence qui crée du liant dans une ambiance de nihilisme joyeux, le devenir en gestation, le mystère de la communauté de conscience… Jusqu’à l’ineptie la plus ridicule qui aurait fait toussoter l’historien israélite Zeev Sternhell, généalogiste de l’irrationalité fasciste : « Pour un mouvement identitaire d’inspiration fasciste, donc toujours existentialiste et jamais essentialiste (!), écrit en effet irrationnellement notre Romain, l’identité n’est pas un simple fait tenu pour acquis dont il suffirait d’affirmer tautologiquement la présence ! Au contraire ! ».

     

    Tout est à construire ou à reconstruire, tout, même la nation… La nation est aussi à imaginer dans cet univers de nihilisme actif… Que disent, que pensent, que veulent penser Scianca et ces adolescents vivant dans une fiction perpétuelle ? : « La nation apparaît comme quelque chose qui n’existe pas, sinon en ce que l’on fait. C’est celle que nous faisons avec notre travail sérieux, avec nos efforts, en ne croyant jamais qu’elle existe déjà, en pensant justement le contraire ! La nation n’existe jamais et il faut sans cesse la créer ». Voyez-vous, avec la fête, le mélange, l’effervescence, l’imaginaire, la culture, surtout la bande dessinée et (encore) le maçon Hugo Pratt, le club de moto (sic), un phénomène mystérieux s’élabore (spontanément) alimentant une certaine idée de la nation…

     

    Un anticonformisme ?

     

    En fait, leur fascisme ressemble davantage à une sorte de culture urbaine postmoderne qu’à un courant politique cohérent. Ceux-là mêmes qui étrillent le national-socialisme responsable de l’Holocauste (sic), s’amusent par exemple à idolâtrer David Bowie et les Sex Pistols parce qu’ils ont eu le toupet de mimer « la geste » nazie lors de quelques concerts… Pareille dévotion à l’égard du groupe Led Zeppelin avec son chanteur androgyne chantant des chansons non engagées et donc combattant de fait la propagande communiste… Et peu importe si Page (le chanteur du groupe) et ses acolytes louaient dans leurs texte le Prince de ce Monde… Trop provocateurs les mecs !

     

    Mais l’« anticonformisme » de Casa Pound en prend un coup page 136. Il existe en effet des sujets pour lesquels il ne peut être question d’anticonformisme ! Un peu de dignité, zut ! C’est le cas bien évidemment pour la question juive. L’anticonformisme en arborant des images d’Albator ? Oui ! L’indécence ? Non ! L’auteur sort l’argument passe-partout philosémite qui fait tant rire Hervé Ryssen : « Le juif italien, en général, était un fervent patriote ».

     

    Mieux ! Il est plus patriote, plus italien que l’Italien de base ! Lisez et croyez (si vous le pouvez) : « Proportionnellement, les juifs donneront aux guerres pour l’indépendance italienne et aux troupes garibaldiennes, une contribution trente fois supérieure à celle du reste de la population ». Encore une fois, l’auteur met en exergue l’anti-antisémitisme mussolinien pour légitimer sa pusillanimité à l’égard de la communauté. « Mussolini ironisait sur l’antisémitisme dogmatique et les antisémites fanatiques (nous sommes tous les fanatiques de l’autre…) qu’il considérait comme un phénomène “ allemand ”, “ trop allemand ”, et donc rigide, pesant et schématique ».

     

    L’anticonformisme de Casa Pound s’arrête également au seuil de la thématique shoatique. Le leader barbu de l’association italienne, Gianluca Iannone, s’explique : « Vous me parlez des chambres à gaz ?… Que dire ? Bien entendu, certaines images me provoquent le dégoût. Qui pourrait éprouver de la joie ou de l’indifférence devant un tel massacre ? Ce fut une tragédie ». Inutile de commenter cette marque de liberté…

     

    Casa Pound se montre aussi très sage sur le sujet conspirationniste ou plutôt anti-complotiste. Par principe, Casa Pound refuse l’idée de complot. Oui, par principe… Estimant être bien trop pure pour croire en de telles balivernes. Oui, l’incrédulité complotiste est un postulat cosmétique pour les « intellectuels » de la Casa qui ne manquent pas de figures rhétoriques pour éviter tout débat sur le sujet. Le « complot hébraïque », « existe-t-il ou pas ? Ce qui est sûr, c’est qu’il fait référence à une base psychique, qui a bien peu à voir avec le fascisme, lequel est décidément trop solaire et pragmatique pour tomber dans la paranoïa du complot et son animus soupçonneux et fielleux ». Incroyable argument qui consiste à postuler que le complot ne peut exister puisqu’il ne serait pas digne de la lumière fasciste ! Décidément, l’esthétique célébrée par les intellectuels de Casa Pound constitue une échappatoire commode. À moins que ma rationalité gauloise ne m’autorise à appréhender la profondeur de la pensée de nos nihilistes actifs… Qui sait ?

     

    Casa Pound pragmatique

     

    J’entends quelques lecteurs qui avaient été préalablement séduits par l’expérience romaine me rétorquer que Casa Pound est avant tout une matrice d’actions qui rassemble des individus qui agissent sur le terrain, dans les rues des villes, les mains dans le cambouis, etc.

     

    Nos Italiens n’ont-ils pas pris d’assaut des bâtiments inoccupés pour en faire de jolis squats hygiéniques (pas crasseux comme ceux des communistes nous indique-t-on) et pour loger quelques familles. Des actions en fait symboliques destinées à promouvoir leur combat politique contre l’usure. La seule proposition tangible et solide présentée dans ce bouquin fastidieux…

     

    Mais que penser de leurs occupations de maisons privées perpétrées au nom de la solidarité italienne ? Si les locaux « volés » ou réquisitionnés servaient exclusivement à l’hébergement d’Italiens italiens S.D.F., nous comprendrions aisément la spécificité de la démarche de nos néo-fascistes.

     

    Mais ce n’est pas le cas !

     

    La preuve avec cet article du numéro 1 du Choc du mois nouvelle version de mai 2006. À la fin d’un article sur la Casa signé Jacques Cognerais (qui fit le voyage à Rome avant de rédiger son papier), nous sommes tombés sur un passage… assez surprenant. Page 65 : « Face à la pénurie de logements à Rome et dans sa périphérie, les militants néo-fascistes n’hésitent pas non plus à occuper des immeubles à l’abandon afin d’y reloger des familles sans toit, qu’elles soient d’ailleurs italiennes ou… immigrées ! »

     

    Explication tout aussi surprenante d’un responsable romain : « Quels qu’ils soient, les plus démunis n’ont pas à vivre au milieu des seringues qui jonchent les squats gauchistes… ». La fonction de Casa Pound, en matière de solidarité, serait-elle de faciliter la vie des allogènes clandestins ? Voilà en tout cas certainement le fruit d’un pragmatisme romantique résumé par ces propos naïfs d’Adriano Scianca : « La vérité est que nous, nous raisonnons avec le cœur. Uniquement avec le   cœur ». Ou l’on finit par ne plus raisonner du tout…

     

    François-Xavier Rochette http://www.europemaxima.com

     

    • Adriano Scianca, Casa Pound : une terrible beauté est née ! les mots de Casa Pound : 40 concepts pour une révolution en devenir, préface de Gabriele Adinolfi, introduction de Flavio Nardi et postface de Gianluca Iannone, Les Éditions du Rubicon, Paris, 2012, 363 p., 24 €, à commander à : leseditionsdurubicon@yahoo.fr

     

    • D’abord mis en ligne sur La Flamme, le 13 novembre 2012.

  • « Casa Pound, une terrible beauté est née ! » par Jean NON-CONFORME

    Casa Pound, une terrible beauté est née ! est le premier ouvrage paru aux Éditions du Rubicon, les éditions du réseau M.A.S. Il s’agit de la traduction du livre d’Adriano Scianca, responsable culturel de Casa Pound, parue en Italie sous le titre Reprendersi Tutto que nous pouvons traduire par « Tout se ré-approprier ». En environ 360 pages, l’ouvrage tend à développer quarante concepts qui font Casa Pound, le désormais célèbre mouvement néo-fasciste italien qui tient son nom de l’immeuble imposant occupé depuis de longues années au 8 de la Via Napoleone III à quelques pas de la gare centrale de Termini, à Rome.

     

    L’ouvrage débute dans son édition française par une préface de Gabriele Adinolfi, qu’on ne présente plus. L’introduction de l’ouvrage est de Flavio Nardi, également animateur culturel au sein de C.P.I. (Casa Pound Italia) et la conclusion de Gianluca Iannone, responsable de C.P.I. et chanteur du groupe de rock ZetaZeroAlfa. L’édition française est agrémentée d’un cahier couleur de 24 pages qui permet de pénétrer un peu l’ambiance du mouvement : esthétique, manifestations, affrontements avec les adversaires politiques, rôle central de la jeunesse, culture, slogans, etc. Nous trouvons également une photo de quelques militants du M.A.S. devant la Casa Pound Latina.

     

    Le livre permet par l’intermédiaire des quarante concepts d’aborder des thèmes variés comme l’histoire du fascisme, la genèse de C.P.I., les principes et les valeurs, le rôle central de l’esthétique et de la culture et in fine l’esprit du mouvement. Bien que nous soyons partisan de la philosophie selon laquelle dans un mouvement, il faut soit tout prendre, soit ne rien prendre, il n’est pas pour autant contre-productif de voir dans ce livre des pistes de réflexions.

     

    Quelques figures ressortent clairement de l’ouvrage : Ezra Pound, Filipo Tommaso Marinetti, Gabriele d’Annunzio, Friedrich Nietzsche, Julius Evola. À travers ces cinq personnalités nous trouvons une philosophie centrale à l’ouvrage : l’action et la volonté. Adriano Scianca tire clairement une ligne dans l’ouvrage entre les partisans de l’action, forcément révolutionnaire, et les partisans de la réaction, qui ne le sont pas. Que ce soit à travers des mouvements artistiques (futurisme), à travers des épopées révolutionnaires (la prise de Fiume) ou par la philosophie de la construction du « surhomme » et de l’élévation de soi (Nietzsche, Evola), l’auteur est clair sur les intentions du mouvement : agir, aller de l’avant, aller là où on ne nous attend pas, donner le rythme et en somme tout reprendre. Cette volonté d’aller de l’avant correspond au concept d’« estremocentroalto », qui fait l’objet d’un Manifeste, définit dans l’ouvrage et qui se résume ainsi : « Putain, à partir de maintenant nous allons faire ce que nous voulons ! (p. 99). » Ainsi que l’écrit l’auteur : « Estremocentroalto, c’est cela. En finir d’écouter les autres, ceux qui font la révolution au bar, mettre fin à la confusion, à l’aliénation, à la scission. Commencer à faire ce qu’il nous plaît, en en prenant la responsabilité. Estremocentroalto c’est une manière de se revendiquer d’une communauté en marche et libérée du lest pour avancer plus vite (p. 99). »

     

    Cette vitalité possède elle-même sa propre philosophie, certainement un peu « abrupte » pour nos contemporains. L’auteur s’y penche dans les chapitres « Mort » et « Vie ». Nous comprenons rapidement de quoi il est question. Un homme ne doit pas vivre pour vivre mais vivre pour exploiter au maximum ses capacités. Ainsi la construction d’un homme meilleur va de paire avec la constitution d’un ordre nouveau. La vie va de paire avec le sourire et la joie qui reviennent régulièrement dans l’ouvrage. Comme le dit Adriano Scianca, « le sourire est solaire ». L’auteur est à ce titre sans pitié avec ce qu’on appelle les « pro-life » à qui il reproche d’être des mouvements défensifs, c’est-à-dire réactionnaires. « L’Estremocentroalto a beaucoup d’ennemis avec un seul nom : Réaction (p. 333) », ou encore : « La logique créative a laissé la place à une logique défensive. Qu’y a-t-il de moins vital, en effet, que les nombreux mouvements pro-life, constitués de visages creux et exsangues d’enfants de chœur en service actif permanent ? La vie est une explosion, non une valeur ! (p. 345). » Adriano Scianca ne fait ici qu’écrire ce que nous sommes nombreux à avoir constaté, les mouvements de défense de la vie ou de la famille « traditionnelle », sont souvent des mouvements bourgeois et réactionnaires. Adriano Scianca n’hésite pas à égratigner au passage la dite « famille traditionnelle » qu’il qualifie de « bourgeoise et individualiste (p. 346) ». Ce qui se dégage ici c’est une vision très différente des rapports sociaux. La famille bourgeoise ne crée rien, elle reproduit. Or quel est le sens profond de la philosophie du livre ? Action et volonté, donc créer, fonder et « donner vie (p. 345) ».

     

    Le chapitre « Marbre » est sûrement un des plus intéressants du livre, car il explique concrètement le fruit de cette action : fonder. Ce chapitre mêle un certain nombre d’éléments tout à fait pertinents : la nécessité de délimiter l’espace, le rapport au sacré (les lecteurs avisés pourront sûrement établir un lien avec l’œuvre de Mircea Eliade), la capacité pour les hommes de modeler leur environnement (assécher un marais, par exemple) et bien sur des considérations esthétiques, puisque Casa Pound s’affiche en lettres de marbre sur le fronton du bâtiment romain et aussi, d’une certaine manière, la ville nouvelle fondée va se donner à voir aux hommes par son style architectural qui est au cœur de ce qui permet d’identifier une civilisation. Car ne nous y trompons pas, Adriano Scianca sait pour quel objectif lutte C.P.I. : fonder une civilisation. Rien de moins. Ainsi le chapitre débute par cet échange :

     

    « — Qu’est-ce que l’italianité ?

     

    — L’italianité c’est le marbre qui l’emporte sur le marécage. »

     

    Cet échange nous renvoie aussi à la question de l’identité, perçue par Adriano Scianca comme étant en perpétuelle évolution. La fondation est au cœur de l’identité définie par l’auteur. Ainsi Adriano Scianca oppose le mythe de la fondation de Rome, où Romulus va délimiter l’espace et tuer son frère qui transgresse la limite avec la légende de Caïn et Abel. Voilà ce qu’en dit Adriano Scianca : « Caïn est enraciné, actif et construit son monde. Abel est déraciné et n’a aucune intention de s’affirmer dans une dimension historique et humaine, qu’il estime profane et insignifiante » et lorsque Caïn tue son frère : « La punition de YHVH n’est pas choisie au hasard puisque Caïn, le paysan lié à la terre, devra cheminer sur la route de l’exil et devenir nomade (p. 226). » Voilà comment Adriano Scianca trace une nouvelle fois un profond sillon, entre une pensée héritée des mythes antiques européens, basés sur la divinisation de la terre, de la cité, la métaphysique de l’action, l’esprit d’aventure, de création et de conquête, et la pensée de l’Ancien Testament qui condamnerait la capacité de l’homme à créer et à agir, puisque seul YHVH est créateur, et qui fait de toute les figures créatives, actives, vitalistes et enracinées, des figures lucifériennes. On peut voir un lien ici entre Lucifer et Prométhée. L’identité développée par l’auteur se base donc sur des principes, une philosophie et non simplement sur du patrimoine ou des héritages. L’auteur critique la vision d’une identité-musée. « Pour un mouvement identitaire d’inspiration fasciste, donc toujours existentialiste et jamais essentialiste, l’identité n’est pas un simple fait tenu pour acquis dont il suffirait d’affirmer tautologiquement la présence ! Au contraire ! L’affirmation identitaire surgit précisément dans le but de conquérir un objectif, de dépasser une résistance, d’accomplir un parcours et d’affirmer une vision de soi (p. 186). » L’histoire de l’Europe et des Européens est une perpétuelle refondation. Les Européens de demain doivent concevoir l’identité comme un ensemble de ce qui fut, de ce qui est et de ce qu’ils feront. Adriano Scianca ne brosse pas ici une vision défensive et résistante de l’identité contre des menaces dont il faudrait se défendre, mais il exhorte à une vision volontariste de l’identité. Ainsi page 188 nous pouvons lire que « la nation n’existe jamais et il faut sans cesse la créer ». Cette phrase, qui peut paraître anodine est en réalité lourde de sens. De même que la phrase d’Oswald Spengler qui conclue le chapitre « Identité » : « Celui qui parle trop de race n’en a aucune. Ce qui compte ce n’est pas la pureté mais la vigueur raciale qu’un peuple possède (p. 189). » Une nouvelle fois, Adriano Scianca dessine une limite entre ceux qui ont un esprit défensif et ceux qui ont un esprit de conquête. Par la suite, le chapitre « Tradition » est l’occasion d’aborder assez longuement Julius Evola et de mettre ici aussi un coup de pied dans les conceptions attentistes. L’auteur cite en introduction du chapitre Gianluca Iannone à ce sujet : « Julius Evola ? […] L’un de ces intellectuels lus et diffusés principalement comme clé expérimentale, surtout pour justifier l’immobilisme d’une partie du milieu. En vérité, Evola a été autre chose qu’un gourou qui, sur un fauteuil à roulettes et dans une semi-obscurité, prêchait la formation du Moi aristocratique en attendant la grande guerre (p. 312). » Evola doit donc fournir non pas les armes intellectuelles d’un immobilisme aristocratique mais être lu comme une clé de compréhension de la Tradition et de ce qui nous amène à lutter. Lutter pour quoi ? Pour fonder un empire ? Pour créer une nouvelle civilisation. Ainsi s’exprime Julius Evola : « On peut se demander ce qui, au fond, distingue l’idéal impérial de celui religieux. En général, on peut dire ceci : le premier se fonde sur une expérience immanente, l’autre sur une expérience dualiste de l’esprit. Quand on ne conçoit pas de hiatus entre esprit et réalité, ni qu’on ne cherche le premier hors du second (Mon royaume n’est pas de ce monde…), la manifestation spirituelle est aussi celle d’une puissance qui vainc, subjugue et ordonne la réalité. L’inséparabilité de l’idée de puissance et de l’idée de spiritualité est le pivot de l’idéal impérial et guerrier (pp. 207-208). » Nous sommes donc des « sentinelles impériales (p. 206) », et portons notre empire en nous, dans n’importe quelle situation, même quand le contexte nous est hostile. Rien ne peut se fonder sans l’esprit de lutte. Car il est toujours question de lutte. La lutte, c’est la vie. Puisque chaque jour où le soleil se lève, nous devons au minimum lutter contre la faim et la soif. Ce qui n’est pas la vie, en revanche, c’est l’usure et le chapitre en question l’explique bien : « L’art, la maison, le travail : voici trois victimes de l’usure. Avec l’usure meurt la beauté, la dimension la plus profonde et la plus haute de la vie. La maison meurt, l’âtre, le terrain solide sur lequel se base toute existence réellement humaine. Enfin, le travail se meurt, qui ne donne plus de fruits, qui dépérit, qui devient stérile (pp. 328 – 329). »

     

    Face à ce monde gris et décharné engendré par l’usure, Casa Pound oppose le style, l’explosivité, l’imaginaire. Car une chose est certaine, et le mouvement est critiqué pour ça, Casa Pound pourrait de l’extérieur passer pour un mouvement festif. Ce qui est à l’origine de Casa Pound peut laisser songeur au premier abord. Ce ne sont ni des prêches enflammés d’un tribun populiste, ni les manifestations contre les ennemis de la nation, ni les milliers d’autocollants venant s’écraser sur nos poteaux comme une vague s’éclate sur une digue, rien de tout ça n’est vraiment à l’origine de Casa Pound, à l’origine il y a un bar, le Cutty Sark et un groupe de rock, ZetaZeroAlfa. Casa Pound, qui ne portait pas alors ce nom là il y a quinze ans, est d’abord un mouvement culturel devenu un mouvement social puis un mouvement politique. D’abord il y a la communauté, soudée autour des soirées du Cutty Sark et des concerts de Z.Z.A., une communauté capable d’occuper des bâtiments pour loger des familles romaines. Une communauté vivante qui grâce à la culture et à son action sociale agrège peu à peu les jeunes italiens, pour devenir le mouvement que nous connaissons. Gianluca Iannone n’hésite pas à rappeler la genèse du mouvement en conclusion du livre : « Nous sommes encore surpris de voir comment, autour d’un groupe de rock, s’est construit un mouvement national qui agit dans tous les domaines de la vie quotidienne du pays, qu’il s‘agisse du sport, de la solidarité, de la culture ou de la politique. » Un pied de nez aux critiques du « gramscisme de droite » et à tous ceux qui n’envisagent la politique que sous l’angle du sérieux. D’ailleurs le chapitre « Art » est clair : « Pour la première fois un mouvement naît spontanément métapolitique, à savoir entièrement libéré des références aux partis et aux stratégies politiques (p. 52). » L’auteur de poursuivre : « On connaît l’intuition de Walter Benjamin, qui opposait l’esthétisation de la politique futuro-fasciste à la politisation de l’art communiste. » Casa Pound Italia est assurément un mouvement esthétique, une esthétique qui parle à la jeunesse. Casa Pound Italia c’est aujourd’hui la jeunesse, celle qui fréquente les bars, les concerts, les ateliers de tatouages, les clubs de sport, les universités, au premier abord, la même que la nôtre, sauf que… cette jeunesse qui vit à fond peut devenir une redoutable machine politique capable de se mobiliser pour le logement, pour les travailleurs, pour la défense d’un monument, pour l’université populaire, l’école publique, pour le don du sang, une jeunesse capable de venir aux victimes d’un tremblement de terre et de lutter contre le vampirisme des banques. Derrière les t-shirts de hardcore, les pantalons à carreaux ou les piercings dans le nez se cachent de véritables  « légions impériales (p. 206) » à l’assaut du futur. Idée que nous trouvons dans le préambule du chapitre « Jeunesse » : « À l’époque de la précarité et des castes de vieux oligarques, alors que toute boussole et toute latitude semblent perdues, le Blocco en appelle au rassemblement des jeunes en leur disant qu’il est possible, si on le veut, de redevenir les protagonistes de l’Histoire. Qu’il est possible, par la volonté et le sacrifice de reprendre en main son destin, de tout se ré-approprier (p. 167). »  Massés derrière la tortue fléchée du mouvement ou derrière l’éclair cerclé du Blocco Studentesco, dont Adriano Scianca donne la signification dans le chapitre « Symbolique », ils veulent conquérir l’avenir et crient « Giovinezza al potere ! », « la jeunesse au pouvoir !»

     

    Le chapitre « Style » poursuit et complète naturellement le chapitre « Art ». Contrairement à la vision américaine du « staïle », le style décrit par Casa Pound est dynamique et vertical. Adriano Scianca va même jusqu’à dire : « Faire une chose précisément d’une certaine manière, parce que c’est ainsi que les choses doivent être faites et non d’une manière quelconque, parce que la forme est le plus essentiel (p. 306). » Cela peut évoquer les débats qui ont court chez les sportifs comme « gagner avec la manière », car ce qui compte ce n’est pas seulement de gagner, c’est d’avoir proposé un beau jeu. D’avoir fait honneur à son sport, de ne pas l’avoir dénaturé. Il en va de même ici pour l’action politique. Elle prend son sens avec les formes et grâce aux formes. « Il faut faire de la vie une œuvre d’art » peut-on lire page 308. L’auteur rappelle d’ailleurs l’étymologie du terme qui viendrait soit de « stylus », petit scalpel qui servait à écrire et donc à tracer et à donner du sens, ou alors du grec « stylos », la colonne. Le style c’est « l’homme vertical », la droiture : « Sens de la droiture, du dos bien droit, de l’homme vertical. La construction d’une figure saine, solaire, bien droite comme un menhir, comme un sceptre royal, comme une épée : voilà l’objectif d’une anthropo-technique positive, activée et stylée (p. 309). » Ainsi Casa Pound a développée une esthétique propre et nombreux sont les militants et sympathisants italiens et étrangers qui adhèrent en premier lieu à l’esthétique Casa Pound.

     

    Le livre d’Adriano Scianca est également riche en réflexions diverses sur des thèmes aussi variés que l’amour, l’espoir, l’antifascisme, le fascisme, l’anarchie, les Juifs, l’honneur, la guerre, la violence, l’histoire, les différences, et bien sûr les femmes, si importantes pour la société et dont le mouvement défend le « temps d’être mère » (« tempo di essere madri ») mais n’enferme pas seulement dans la maternité. Ces thèmes peuvent faire l’objet d’un chapitre ou se retrouver de façon transversale. Les chapitres politiques auront surtout le mérite de rétablir quelques vérités historiques sur l’histoire du fascisme et sur la praxis fasciste quant aux religions. Si l’auteur est assez clair dans son rejet du « judéo-christianisme », il n’en demeure pas moins qu’il reconnaît la possibilité aux croyants de trouver une place dans la société moyennant l’abandon de certaines ambitions politiques. Ainsi le sionisme autant que la puissance de l’Église sont critiqués. Cela tranche clairement avec le nationalisme français, dans lequel l’élément catholique est souvent apparu comme un ferment d’unité. Il n’en est rien de l’autre côté des Alpes, car l’unité territoriale, politique, tout comme la mise en place d’une mystique propre furent freinée par l’Église, autant chez les catholiques conservateurs que chez les « catho-communistes » comme les appelle Scianca. On retrouve en filigrane l’opposition séculaire entre l’Empire et l’Église.

     

    La lecture de ce livre n’a fait que me conforter dans mes impressions sur Casa Pound, bien que, comme je l’indiquais en préambule, certains passages pourraient être débattus ou critiqués. Il n’en demeure pas moins que derrière le décorum, Casa Pound est une entité vivante dotée d’une pensée propre. Et si nous pouvons appréhender le mouvement de l’extérieur, il convient d’en cerner les dynamiques internes. Ce livre peut y aider. Il doit aussi être une base sérieuse de réflexion pour nous tous sur ce que doit être le militantisme du IIIe millénaire. Il sera aussi une révélation pour certains, sur ce qu’ils sont ou ne sont pas. Objet militant, support intellectuel, source d’imaginaire ou retour au réel, ce livre doit aussi être une invitation au voyage pour palper, même timidement, cet organisme vivant et essayer de comprendre ce qui se cache derrière les apparences. Que Gabriele Adinolfi se rassure, en France aussi nous sommes nombreux à être des romantiques, à nous retrouver dans l’esthétisation de la politique et à rejeter les bigoteries diverses.

     

    Pour le mot de la fin, nous pouvons le laisser à Gianluca Iannone :

     

    « Parce que, lorsque tu donnes tout, tu possèdes tout. Parce que ce que tu ne possèdes pas encore, tu te le ré-appropries (p. 363). »

     

    En deux mots : Tout reprendre !

     

    Jean Non-Conforme •

    D’abord mis en ligne sur Cercle non conforme, le 5 novembre 2012.

    http://www.europemaxima.com

     

     

    • Adriano Scianca, Casa Pound : une terrible beauté est née ! Les mots de Casa Pound : 40 concepts pour une révolution en devenir, préface de Gabriele Adinolfi, introduction de Flavio Nardi et postface de Gianluca Iannone, Les Éditions du Rubicon, Paris, 2012, 363 p., 24 €, à commander à : leseditionsdurubicon@yahoo.fr