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international - Page 1328

  • « Casa Pound, une terrible beauté est née ! » par Jean NON-CONFORME

    Casa Pound, une terrible beauté est née ! est le premier ouvrage paru aux Éditions du Rubicon, les éditions du réseau M.A.S. Il s’agit de la traduction du livre d’Adriano Scianca, responsable culturel de Casa Pound, parue en Italie sous le titre Reprendersi Tutto que nous pouvons traduire par « Tout se ré-approprier ». En environ 360 pages, l’ouvrage tend à développer quarante concepts qui font Casa Pound, le désormais célèbre mouvement néo-fasciste italien qui tient son nom de l’immeuble imposant occupé depuis de longues années au 8 de la Via Napoleone III à quelques pas de la gare centrale de Termini, à Rome.

     

    L’ouvrage débute dans son édition française par une préface de Gabriele Adinolfi, qu’on ne présente plus. L’introduction de l’ouvrage est de Flavio Nardi, également animateur culturel au sein de C.P.I. (Casa Pound Italia) et la conclusion de Gianluca Iannone, responsable de C.P.I. et chanteur du groupe de rock ZetaZeroAlfa. L’édition française est agrémentée d’un cahier couleur de 24 pages qui permet de pénétrer un peu l’ambiance du mouvement : esthétique, manifestations, affrontements avec les adversaires politiques, rôle central de la jeunesse, culture, slogans, etc. Nous trouvons également une photo de quelques militants du M.A.S. devant la Casa Pound Latina.

     

    Le livre permet par l’intermédiaire des quarante concepts d’aborder des thèmes variés comme l’histoire du fascisme, la genèse de C.P.I., les principes et les valeurs, le rôle central de l’esthétique et de la culture et in fine l’esprit du mouvement. Bien que nous soyons partisan de la philosophie selon laquelle dans un mouvement, il faut soit tout prendre, soit ne rien prendre, il n’est pas pour autant contre-productif de voir dans ce livre des pistes de réflexions.

     

    Quelques figures ressortent clairement de l’ouvrage : Ezra Pound, Filipo Tommaso Marinetti, Gabriele d’Annunzio, Friedrich Nietzsche, Julius Evola. À travers ces cinq personnalités nous trouvons une philosophie centrale à l’ouvrage : l’action et la volonté. Adriano Scianca tire clairement une ligne dans l’ouvrage entre les partisans de l’action, forcément révolutionnaire, et les partisans de la réaction, qui ne le sont pas. Que ce soit à travers des mouvements artistiques (futurisme), à travers des épopées révolutionnaires (la prise de Fiume) ou par la philosophie de la construction du « surhomme » et de l’élévation de soi (Nietzsche, Evola), l’auteur est clair sur les intentions du mouvement : agir, aller de l’avant, aller là où on ne nous attend pas, donner le rythme et en somme tout reprendre. Cette volonté d’aller de l’avant correspond au concept d’« estremocentroalto », qui fait l’objet d’un Manifeste, définit dans l’ouvrage et qui se résume ainsi : « Putain, à partir de maintenant nous allons faire ce que nous voulons ! (p. 99). » Ainsi que l’écrit l’auteur : « Estremocentroalto, c’est cela. En finir d’écouter les autres, ceux qui font la révolution au bar, mettre fin à la confusion, à l’aliénation, à la scission. Commencer à faire ce qu’il nous plaît, en en prenant la responsabilité. Estremocentroalto c’est une manière de se revendiquer d’une communauté en marche et libérée du lest pour avancer plus vite (p. 99). »

     

    Cette vitalité possède elle-même sa propre philosophie, certainement un peu « abrupte » pour nos contemporains. L’auteur s’y penche dans les chapitres « Mort » et « Vie ». Nous comprenons rapidement de quoi il est question. Un homme ne doit pas vivre pour vivre mais vivre pour exploiter au maximum ses capacités. Ainsi la construction d’un homme meilleur va de paire avec la constitution d’un ordre nouveau. La vie va de paire avec le sourire et la joie qui reviennent régulièrement dans l’ouvrage. Comme le dit Adriano Scianca, « le sourire est solaire ». L’auteur est à ce titre sans pitié avec ce qu’on appelle les « pro-life » à qui il reproche d’être des mouvements défensifs, c’est-à-dire réactionnaires. « L’Estremocentroalto a beaucoup d’ennemis avec un seul nom : Réaction (p. 333) », ou encore : « La logique créative a laissé la place à une logique défensive. Qu’y a-t-il de moins vital, en effet, que les nombreux mouvements pro-life, constitués de visages creux et exsangues d’enfants de chœur en service actif permanent ? La vie est une explosion, non une valeur ! (p. 345). » Adriano Scianca ne fait ici qu’écrire ce que nous sommes nombreux à avoir constaté, les mouvements de défense de la vie ou de la famille « traditionnelle », sont souvent des mouvements bourgeois et réactionnaires. Adriano Scianca n’hésite pas à égratigner au passage la dite « famille traditionnelle » qu’il qualifie de « bourgeoise et individualiste (p. 346) ». Ce qui se dégage ici c’est une vision très différente des rapports sociaux. La famille bourgeoise ne crée rien, elle reproduit. Or quel est le sens profond de la philosophie du livre ? Action et volonté, donc créer, fonder et « donner vie (p. 345) ».

     

    Le chapitre « Marbre » est sûrement un des plus intéressants du livre, car il explique concrètement le fruit de cette action : fonder. Ce chapitre mêle un certain nombre d’éléments tout à fait pertinents : la nécessité de délimiter l’espace, le rapport au sacré (les lecteurs avisés pourront sûrement établir un lien avec l’œuvre de Mircea Eliade), la capacité pour les hommes de modeler leur environnement (assécher un marais, par exemple) et bien sur des considérations esthétiques, puisque Casa Pound s’affiche en lettres de marbre sur le fronton du bâtiment romain et aussi, d’une certaine manière, la ville nouvelle fondée va se donner à voir aux hommes par son style architectural qui est au cœur de ce qui permet d’identifier une civilisation. Car ne nous y trompons pas, Adriano Scianca sait pour quel objectif lutte C.P.I. : fonder une civilisation. Rien de moins. Ainsi le chapitre débute par cet échange :

     

    « — Qu’est-ce que l’italianité ?

     

    — L’italianité c’est le marbre qui l’emporte sur le marécage. »

     

    Cet échange nous renvoie aussi à la question de l’identité, perçue par Adriano Scianca comme étant en perpétuelle évolution. La fondation est au cœur de l’identité définie par l’auteur. Ainsi Adriano Scianca oppose le mythe de la fondation de Rome, où Romulus va délimiter l’espace et tuer son frère qui transgresse la limite avec la légende de Caïn et Abel. Voilà ce qu’en dit Adriano Scianca : « Caïn est enraciné, actif et construit son monde. Abel est déraciné et n’a aucune intention de s’affirmer dans une dimension historique et humaine, qu’il estime profane et insignifiante » et lorsque Caïn tue son frère : « La punition de YHVH n’est pas choisie au hasard puisque Caïn, le paysan lié à la terre, devra cheminer sur la route de l’exil et devenir nomade (p. 226). » Voilà comment Adriano Scianca trace une nouvelle fois un profond sillon, entre une pensée héritée des mythes antiques européens, basés sur la divinisation de la terre, de la cité, la métaphysique de l’action, l’esprit d’aventure, de création et de conquête, et la pensée de l’Ancien Testament qui condamnerait la capacité de l’homme à créer et à agir, puisque seul YHVH est créateur, et qui fait de toute les figures créatives, actives, vitalistes et enracinées, des figures lucifériennes. On peut voir un lien ici entre Lucifer et Prométhée. L’identité développée par l’auteur se base donc sur des principes, une philosophie et non simplement sur du patrimoine ou des héritages. L’auteur critique la vision d’une identité-musée. « Pour un mouvement identitaire d’inspiration fasciste, donc toujours existentialiste et jamais essentialiste, l’identité n’est pas un simple fait tenu pour acquis dont il suffirait d’affirmer tautologiquement la présence ! Au contraire ! L’affirmation identitaire surgit précisément dans le but de conquérir un objectif, de dépasser une résistance, d’accomplir un parcours et d’affirmer une vision de soi (p. 186). » L’histoire de l’Europe et des Européens est une perpétuelle refondation. Les Européens de demain doivent concevoir l’identité comme un ensemble de ce qui fut, de ce qui est et de ce qu’ils feront. Adriano Scianca ne brosse pas ici une vision défensive et résistante de l’identité contre des menaces dont il faudrait se défendre, mais il exhorte à une vision volontariste de l’identité. Ainsi page 188 nous pouvons lire que « la nation n’existe jamais et il faut sans cesse la créer ». Cette phrase, qui peut paraître anodine est en réalité lourde de sens. De même que la phrase d’Oswald Spengler qui conclue le chapitre « Identité » : « Celui qui parle trop de race n’en a aucune. Ce qui compte ce n’est pas la pureté mais la vigueur raciale qu’un peuple possède (p. 189). » Une nouvelle fois, Adriano Scianca dessine une limite entre ceux qui ont un esprit défensif et ceux qui ont un esprit de conquête. Par la suite, le chapitre « Tradition » est l’occasion d’aborder assez longuement Julius Evola et de mettre ici aussi un coup de pied dans les conceptions attentistes. L’auteur cite en introduction du chapitre Gianluca Iannone à ce sujet : « Julius Evola ? […] L’un de ces intellectuels lus et diffusés principalement comme clé expérimentale, surtout pour justifier l’immobilisme d’une partie du milieu. En vérité, Evola a été autre chose qu’un gourou qui, sur un fauteuil à roulettes et dans une semi-obscurité, prêchait la formation du Moi aristocratique en attendant la grande guerre (p. 312). » Evola doit donc fournir non pas les armes intellectuelles d’un immobilisme aristocratique mais être lu comme une clé de compréhension de la Tradition et de ce qui nous amène à lutter. Lutter pour quoi ? Pour fonder un empire ? Pour créer une nouvelle civilisation. Ainsi s’exprime Julius Evola : « On peut se demander ce qui, au fond, distingue l’idéal impérial de celui religieux. En général, on peut dire ceci : le premier se fonde sur une expérience immanente, l’autre sur une expérience dualiste de l’esprit. Quand on ne conçoit pas de hiatus entre esprit et réalité, ni qu’on ne cherche le premier hors du second (Mon royaume n’est pas de ce monde…), la manifestation spirituelle est aussi celle d’une puissance qui vainc, subjugue et ordonne la réalité. L’inséparabilité de l’idée de puissance et de l’idée de spiritualité est le pivot de l’idéal impérial et guerrier (pp. 207-208). » Nous sommes donc des « sentinelles impériales (p. 206) », et portons notre empire en nous, dans n’importe quelle situation, même quand le contexte nous est hostile. Rien ne peut se fonder sans l’esprit de lutte. Car il est toujours question de lutte. La lutte, c’est la vie. Puisque chaque jour où le soleil se lève, nous devons au minimum lutter contre la faim et la soif. Ce qui n’est pas la vie, en revanche, c’est l’usure et le chapitre en question l’explique bien : « L’art, la maison, le travail : voici trois victimes de l’usure. Avec l’usure meurt la beauté, la dimension la plus profonde et la plus haute de la vie. La maison meurt, l’âtre, le terrain solide sur lequel se base toute existence réellement humaine. Enfin, le travail se meurt, qui ne donne plus de fruits, qui dépérit, qui devient stérile (pp. 328 – 329). »

     

    Face à ce monde gris et décharné engendré par l’usure, Casa Pound oppose le style, l’explosivité, l’imaginaire. Car une chose est certaine, et le mouvement est critiqué pour ça, Casa Pound pourrait de l’extérieur passer pour un mouvement festif. Ce qui est à l’origine de Casa Pound peut laisser songeur au premier abord. Ce ne sont ni des prêches enflammés d’un tribun populiste, ni les manifestations contre les ennemis de la nation, ni les milliers d’autocollants venant s’écraser sur nos poteaux comme une vague s’éclate sur une digue, rien de tout ça n’est vraiment à l’origine de Casa Pound, à l’origine il y a un bar, le Cutty Sark et un groupe de rock, ZetaZeroAlfa. Casa Pound, qui ne portait pas alors ce nom là il y a quinze ans, est d’abord un mouvement culturel devenu un mouvement social puis un mouvement politique. D’abord il y a la communauté, soudée autour des soirées du Cutty Sark et des concerts de Z.Z.A., une communauté capable d’occuper des bâtiments pour loger des familles romaines. Une communauté vivante qui grâce à la culture et à son action sociale agrège peu à peu les jeunes italiens, pour devenir le mouvement que nous connaissons. Gianluca Iannone n’hésite pas à rappeler la genèse du mouvement en conclusion du livre : « Nous sommes encore surpris de voir comment, autour d’un groupe de rock, s’est construit un mouvement national qui agit dans tous les domaines de la vie quotidienne du pays, qu’il s‘agisse du sport, de la solidarité, de la culture ou de la politique. » Un pied de nez aux critiques du « gramscisme de droite » et à tous ceux qui n’envisagent la politique que sous l’angle du sérieux. D’ailleurs le chapitre « Art » est clair : « Pour la première fois un mouvement naît spontanément métapolitique, à savoir entièrement libéré des références aux partis et aux stratégies politiques (p. 52). » L’auteur de poursuivre : « On connaît l’intuition de Walter Benjamin, qui opposait l’esthétisation de la politique futuro-fasciste à la politisation de l’art communiste. » Casa Pound Italia est assurément un mouvement esthétique, une esthétique qui parle à la jeunesse. Casa Pound Italia c’est aujourd’hui la jeunesse, celle qui fréquente les bars, les concerts, les ateliers de tatouages, les clubs de sport, les universités, au premier abord, la même que la nôtre, sauf que… cette jeunesse qui vit à fond peut devenir une redoutable machine politique capable de se mobiliser pour le logement, pour les travailleurs, pour la défense d’un monument, pour l’université populaire, l’école publique, pour le don du sang, une jeunesse capable de venir aux victimes d’un tremblement de terre et de lutter contre le vampirisme des banques. Derrière les t-shirts de hardcore, les pantalons à carreaux ou les piercings dans le nez se cachent de véritables  « légions impériales (p. 206) » à l’assaut du futur. Idée que nous trouvons dans le préambule du chapitre « Jeunesse » : « À l’époque de la précarité et des castes de vieux oligarques, alors que toute boussole et toute latitude semblent perdues, le Blocco en appelle au rassemblement des jeunes en leur disant qu’il est possible, si on le veut, de redevenir les protagonistes de l’Histoire. Qu’il est possible, par la volonté et le sacrifice de reprendre en main son destin, de tout se ré-approprier (p. 167). »  Massés derrière la tortue fléchée du mouvement ou derrière l’éclair cerclé du Blocco Studentesco, dont Adriano Scianca donne la signification dans le chapitre « Symbolique », ils veulent conquérir l’avenir et crient « Giovinezza al potere ! », « la jeunesse au pouvoir !»

     

    Le chapitre « Style » poursuit et complète naturellement le chapitre « Art ». Contrairement à la vision américaine du « staïle », le style décrit par Casa Pound est dynamique et vertical. Adriano Scianca va même jusqu’à dire : « Faire une chose précisément d’une certaine manière, parce que c’est ainsi que les choses doivent être faites et non d’une manière quelconque, parce que la forme est le plus essentiel (p. 306). » Cela peut évoquer les débats qui ont court chez les sportifs comme « gagner avec la manière », car ce qui compte ce n’est pas seulement de gagner, c’est d’avoir proposé un beau jeu. D’avoir fait honneur à son sport, de ne pas l’avoir dénaturé. Il en va de même ici pour l’action politique. Elle prend son sens avec les formes et grâce aux formes. « Il faut faire de la vie une œuvre d’art » peut-on lire page 308. L’auteur rappelle d’ailleurs l’étymologie du terme qui viendrait soit de « stylus », petit scalpel qui servait à écrire et donc à tracer et à donner du sens, ou alors du grec « stylos », la colonne. Le style c’est « l’homme vertical », la droiture : « Sens de la droiture, du dos bien droit, de l’homme vertical. La construction d’une figure saine, solaire, bien droite comme un menhir, comme un sceptre royal, comme une épée : voilà l’objectif d’une anthropo-technique positive, activée et stylée (p. 309). » Ainsi Casa Pound a développée une esthétique propre et nombreux sont les militants et sympathisants italiens et étrangers qui adhèrent en premier lieu à l’esthétique Casa Pound.

     

    Le livre d’Adriano Scianca est également riche en réflexions diverses sur des thèmes aussi variés que l’amour, l’espoir, l’antifascisme, le fascisme, l’anarchie, les Juifs, l’honneur, la guerre, la violence, l’histoire, les différences, et bien sûr les femmes, si importantes pour la société et dont le mouvement défend le « temps d’être mère » (« tempo di essere madri ») mais n’enferme pas seulement dans la maternité. Ces thèmes peuvent faire l’objet d’un chapitre ou se retrouver de façon transversale. Les chapitres politiques auront surtout le mérite de rétablir quelques vérités historiques sur l’histoire du fascisme et sur la praxis fasciste quant aux religions. Si l’auteur est assez clair dans son rejet du « judéo-christianisme », il n’en demeure pas moins qu’il reconnaît la possibilité aux croyants de trouver une place dans la société moyennant l’abandon de certaines ambitions politiques. Ainsi le sionisme autant que la puissance de l’Église sont critiqués. Cela tranche clairement avec le nationalisme français, dans lequel l’élément catholique est souvent apparu comme un ferment d’unité. Il n’en est rien de l’autre côté des Alpes, car l’unité territoriale, politique, tout comme la mise en place d’une mystique propre furent freinée par l’Église, autant chez les catholiques conservateurs que chez les « catho-communistes » comme les appelle Scianca. On retrouve en filigrane l’opposition séculaire entre l’Empire et l’Église.

     

    La lecture de ce livre n’a fait que me conforter dans mes impressions sur Casa Pound, bien que, comme je l’indiquais en préambule, certains passages pourraient être débattus ou critiqués. Il n’en demeure pas moins que derrière le décorum, Casa Pound est une entité vivante dotée d’une pensée propre. Et si nous pouvons appréhender le mouvement de l’extérieur, il convient d’en cerner les dynamiques internes. Ce livre peut y aider. Il doit aussi être une base sérieuse de réflexion pour nous tous sur ce que doit être le militantisme du IIIe millénaire. Il sera aussi une révélation pour certains, sur ce qu’ils sont ou ne sont pas. Objet militant, support intellectuel, source d’imaginaire ou retour au réel, ce livre doit aussi être une invitation au voyage pour palper, même timidement, cet organisme vivant et essayer de comprendre ce qui se cache derrière les apparences. Que Gabriele Adinolfi se rassure, en France aussi nous sommes nombreux à être des romantiques, à nous retrouver dans l’esthétisation de la politique et à rejeter les bigoteries diverses.

     

    Pour le mot de la fin, nous pouvons le laisser à Gianluca Iannone :

     

    « Parce que, lorsque tu donnes tout, tu possèdes tout. Parce que ce que tu ne possèdes pas encore, tu te le ré-appropries (p. 363). »

     

    En deux mots : Tout reprendre !

     

    Jean Non-Conforme •

    D’abord mis en ligne sur Cercle non conforme, le 5 novembre 2012.

    http://www.europemaxima.com

     

     

    • Adriano Scianca, Casa Pound : une terrible beauté est née ! Les mots de Casa Pound : 40 concepts pour une révolution en devenir, préface de Gabriele Adinolfi, introduction de Flavio Nardi et postface de Gianluca Iannone, Les Éditions du Rubicon, Paris, 2012, 363 p., 24 €, à commander à : leseditionsdurubicon@yahoo.fr

     

  • Quelques impressions sur l’opération Serval par Georges FELTIN-TRACOL

     

    Depuis le 11 janvier 2013, l’armée française intervient dans le conflit malien à la demande pressée de son gouvernement intérimaire menacé par l’offensive des islamistes. Des groupes djihadistes ont plus ou moins fortuitement répliqué en s’en prenant à des Occidentaux à In Amenas dans le Sahara algérien.

     

    Le règlement algérien de la prise d’otage a suscité de nombreux commentaires désapprobateurs. Oui, l’assaut des forces spéciales dans le complexe gazier s’est traduit par de lourdes pertes, en particulier parmi les otages occidentaux, mais le gouvernement algérien ne pouvait pas – et ne voulait pas – procéder autrement. Même si l’Algérie a autorisé le survol de son territoire par l’aviation française dans le cadre de l’opération Serval à la grande colère de la presse algérienne, elle demeure très attachée à sa souveraineté nationale. D’abord réticente à toute intervention française au Mali – donc dans son arrière-cour -, elle a pris l’action terroriste à In Amenas comme un outrage majeur. Au cours de la guerre civile des années 1990, rares furent les attaques islamistes contre les sites d’hydrocarbures. C’est à se demander si ce ne serait pas une opération sous faux drapeau…

     

    Outre un attachement « souverainiste » viscéral, Alger souhaite garder son contrôle sur la région. Historiquement, le Sud algérien qui correspond à une partie du désert saharien n’a jamais fait partie de la régence beylicale d’Alger. D’ailleurs, au moment des négociations sur l’indépendance en 1961 – 1962, la France envisagea un instant de transformer le Sahara en condominium franco-africain. Le projet échoua et l’Algérie s’étendit vers le Sud en échange d’accords secrets avec Paris sur les essais nucléaires.

     

    La question des frontières est bien à l’origine du désordre malien. Le Mali est un État artificiel composé de diverses ethnies négroïdes (les Bambaras, les Malinkés, les Soninkés, les Peuls, les Sénoufos, les Dogons, les Songhai, etc.) et « blanches » (les Arabes ou « Maures » ou les Touareg) souvent antagonistes. Quelques mois avant l’indépendance, une délégation targuia demanda au général De Gaulle de prévoir un État des Touareg distinct du futur Mali. L’homme de Colombey ne les écouta pas ! Il en résulta une persécution de la minorité targuia par la majorité noire malienne.

     

    Ce sont les forces indépendantistes du M.N.L.A. (Mouvement national pour la libération de l’Azawad) qui sont à l’origine de la sécession, le 6 avril 2012, du Nord du Mali, mais elles furent rapidement doublées par leurs « alliés » islamistes qui profitèrent de la chute orchestrée par l’Occident globalitaire oligarchique de Kadhafi en Libye pour disposer en abondance de munitions, d’armes performantes et de combattants aguerris. Toutefois, les islamistes du Nord du Mali ne présentent aucune homogénéité puisqu’on recense la présence d’A.Q.M.I (Al-Qaïda au Maghreb islamique), d’Ansar Dine (« Défenseurs de la religion ») du Targui indépendantiste d’origine malienne Iyad Ag Ghali, de ses récents dissidents du M.I.A. (Mouvement islamique de l’Azawad), d’Ansar al-Charia (« Défenseurs de la Charia »), du M.U.J.A.O. (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) et du Mouwaghina Bi Dam (« Les signataires par le sang ») de Mokhtar Belmokhtar, réputé proche de certains services algériens. Les spécialistes estiment même que ces mouvements armés désignent en réalité des bandes autonomes conduites par quelques meneurs débrouillards et ambitieux. Dans le cadre d’une vive concurrence, ces petits chefs, mi-terroristes mi-maffieux, auraient cherché à s’emparer de Bamako le plus rapidement possible avant une probable intervention militaire africaine secondée par la France prévue à l’automne 2013. Ces éléments assez indisciplinés parièrent aussi sur l’inexpérience de François Hollande. Or leur offensive vers le Sud força la décision française. En cas d’inaction de Paris, les derniers États alliés de la zone auraient sollicité l’assistance des États-Unis ou d’une autre puissance. La réaction était par conséquent vitale. Elle fut rapide et solitaire, hors de toute gesticulation onusienne et euro-bruxelloise

     

    Sur cette crise africaine, l’Union européenne témoigne d’une évidente et pitoyable aboulie. La première puissance commerciale mondiale est un ectoplasme militaire, d’où une pusillanimité certaine de la part de ses États-membres. Il est vrai qu’ils ne peuvent pas se lancer dans une aventure extérieure quand ils réduisent les dépenses militaires au maximum. En outre, l’idée même de guerre paraît dorénavant incongrue pour les masses repues de consommateurs abrutis.

     

    Enfin, au-delà de l’urgence géopolitique, l’opération Serval sert des considérations politiciennes. Très impopulaire dans les sondages, le locataire de l’Élysée table sur une union nationale salvatrice qui ferait oublier l’imposant succès des « manifestants pour tous » du 13 janvier, malgré une navrante frigidité de ne pas foncer sur le palais présidentiel, et l’odieuse reddition des syndicats devant le patronat le 11 janvier dernier. Effective, l’unité nationale fut brève. Il importe maintenant de s’interroger sur les objectifs de cet engagement.

     

    Pour les hiérarques socialistes, ils sont clairs : il s’agit, d’une part, de restaurer la souveraineté et l’intégrité du Mali et, d’autre part, de rétablir les droits de l’homme. S’il faut se scandaliser de la destruction de sanctuaires musulmans soufis par des talibans sahéliens d’une rare ignorance, l’application musclée de la Charia paraît au contraire une bonne chose qu’il faudrait étendre, le cas échéant, aux banlieues de l’immigration dans l’Hexagone. Trancher la main, le pied, la langue, voire la tête, éviterait la surpopulation carcérale.

     

    On doit appréhender que les responsables français, méconnaissant les réalités locales, assimilent les Touareg aux islamistes. Il est dès lors imaginable que le Nord une fois reconquis, les populations touareg et arabes subissent représailles et exactions de la part de Maliens négroïdes prêts à une éradication génocidaire définitive…

     

    Fidèle à son habitude d’araser les différences authentiques, la République hexagonale s’ingénie à soutenir tous les niveleurs du monde. L’Azawad, ou plus exactement les trois Azawad (du Sahara, de l’Ouest maure et du fleuve), ne doivent pas disparaître au profit d’entités fantoches et artificielles. Si la lutte contre le djihadisme – cet autre mondialisme mortifère – entretenu par l’Arabie Saoudite, le Qatar et certains cénacles de l’« État profond » yankee ou britannique est une obligation quasi-morale. Le bon sens voudrait que Paris puisse rallier à cette lutte ces experts du désert que sont les « Hommes  bleus » en promouvant leurs revendications identitaires légitimes. Pourquoi alors ne pas encourager des Azawad qui, parrainés par Alger et Paris, stabiliseraient cette région primordiale de l’Afrique de l’Ouest dans le cadre d’un Mali fédéral ?

     

    Mais avec les socialistes aux manettes, il faut craindre que leur haine pour toute identité véritable les aveugle et fasse de cette opération un nouveau bourbier. Mourir pour Bamako ou Tombouctou pour des billevesées juridiques et mondialistes n’est pas une solution digne.

     

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com

  • A Davos, une finance « intouchable »

    Il en aurait presque versé une larme. Le PDG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, a donné le ton mercredi au Forum économique mondial de Davos (Suisse) en prévenant que l’industrie financière devrait pendant “encore cinq ans” avoir à supporter “les doigts pointés, le rôle de bouc émissaire, la désinformation” par rapport à leur rôle dans la crise financière qui a ébranlé le monde en 2008, et dont les conséquences se font encore sentir sur les marchés, chez les régulateurs, et dans le portefeuille des investisseurs lésés. Il en a également profité pour se moquer de “ces gens qui pensent avoir amélioré le système”, une façon à peine dissimulée de montrer le peu d’estime qu’il a pour les rédacteurs du Dodd-Frank Act ou encore les membres du comité de Bâle.

    Jamie Dimon au Forum économique mondial de Davos, le 23 janvier 2013

    Encore une fois, la finance et ses dérives sont les grandes absentes de Davos : si la régulation des banques et des marchés figure au programme des panels du cru 2013, l’autocritique et, surtout, la recherche de solutions pour éviter une redite des événements des cinq dernières années ne semble pas y avoir sa place.

    De concert avec Axel Weber, président d’UBS, qui traîne un certain nombre de casseroles liées à l’évasion ou à l’optimisation fiscales, Jamie Dimon s’est insurgé contre un milieu bancaire “qui en fait trop, trop vite” en terme de régulation. Axel Weber a renchéri en critiquant des règles de capitalisation et de liquidité trop compliquées, faute d’une réglementation internationale unique.

    Les deux banquiers répondaient à Zhu Min, directeur adjoint du FMI, et Paul Singer, fondateur du hedge fund Elliott Management Corp., qui estiment au contraire que le secteur financier ainsi que certaines banques sont encore, cinq ans après Lehman Brothers,  trop grosses, trop endettées (“too leveraged”) et trop opaques. Et que pendant ce temps-là, des centaines de millions de personnes sont au chômage.

    Jamie Dimon a alors à nouveau brandi des arguments déjà bien usés : c’est aux gouvernements de mettre au point une politique fiscale, monétaire et budgétaire favorable à la croissance et aux créations d’emplois.

    Le plus inquiétant n’est pas tant la morgue des “panélistes” que le vide intersidéral qui entoure à Davos la réflexion sur la prévention de futures crises. Dans les 80 pages du programme du Forum économique mondial, l’auteur a repéré seulement deux panels consacrés aux risques systémiques posés par les établissements financiers. Or si ces thèmes ne sont pas évoqués à Davos, où le seront-ils ?

    Comme le souligne un article publié sous la bannière DealBook dans le New York Times, l’affaire de la “baleine de la Tamise”, rendue publique en 2012 et dans laquelle JPMorgan – justement – a perdu près de 6 milliards de dollars, a un goût de déjà-vu : “Vous pourriez changer les noms, mais cette histoire d’intérêt personnel, d’accident imprévu sur les marchés et de pertes massives ressemble à presque toutes les autres catastrophes financières de ces deux dernières décennies.” Comme disent les Anglo-Saxons, ”The more things change, the more they stay the same” (“Plus ça change, plus c’est la même chose”).

    Avec un certain sens du timing, c’est le moment qu’ont choisi les producteurs de Frontline, l’émission de PBS, pour diffuser The Untouchables (“Les Intouchables”), documentaire au vitriol sur l’impunité dont ont bénéficié les responsables de la crise financière.

    Comme fait exprès, c’est également jeudi que doit être annoncée par la Maison Blanche la nomination de Mary Jo White, procureure devenue avocate, spécialiste de la délinquance “en col blanc”, à la tête de la SEC, le gendarme boursier américain. Le signal envoyé à Wall Street est important, mais il arrive bien tard.

    Economie américaine (blog Le Monde) http://fortune.fdesouche.com/

  • Mali : L'Armée Française s'empare de l'aéroport de Gao

    Les forces françaises se sont emparées samedi de l'aéroport et d'un pont sur le fleuve Niger à Gao, la principale ville du nord-est du Mali, dont la chute marquerait une étape importante de l'offensive lancée pour faire échec aux rebelles islamistes qui menaçaient de s'emparer du pays.

    Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé le succès de l'opération menée à Gao dans un communiqué : « Les terroristes djihadistes qui ont affronté les armées malienne et française ont vu nombre de leurs moyens mobiles et de leurs sites logistiques détruits », dit-il, en adressant ses plus vives félicitations aux unités françaises impliquées.

    Le porte-parole de l'État-Major des Armées, le colonel Thierry Burkhard, a indiqué que la prise de l'aéroport et du pont à la sortie sud de la ville avaient fait un nombre de victimes estimé à un peu plus d'une dizaine dans les rangs des rebelles.

    L'opération, menée par les forces spéciales dans la nuit de vendredi à samedi, a mobilisé des troupes au sol, des hélicoptères et des avions de transport d'assaut avec un appui aérien. Elle a été précédée de frappes par des avions de chasse.

    Les principaux accrochages se sont produits à proximité du pont sur le Niger mais il n'y a eu aucune perte côté français, a encore précisé le porte-parole. Le pont et l'aéroport sont tous deux praticables.

    OPÉRATIONS DE HARCÈLEMENT

    Au Mali, un officier français a précisé que les unités sur place faisaient encore face samedi à des actes de guérilla des rebelles islamistes.

    « Les rebelles se sont fondus parmi la population locale. Ils pratiquent le harcèlement. L'opération est toujours en cours, c'est un peu compliqué », a-t-il expliqué.

    Le colonel Burkhard a confirmé ces opérations de harcèlement.

    Au total, 3.700 militaires français, dont 2.500 sur le territoire malien, sont aujourd'hui engagés dans l'opération Serval, entrée dans sa troisième semaine, qui vise la reconquête du nord du Mali aux mains de rebelles islamistes.

    Gao, à 950 km environ au nord-est de Bamako, est avec Tombouctou et Kidal l'une des trois grandes villes du Nord-Mali, tombé sous la coupe des islamistes à la suite du coup d'État militaire de mars 2012 dans la capitale malienne.

    L'annonce de la prise de la zone de l'aéroport, et de combats en cours confirme que les forces françaises et maliennes progressent rapidement dans leur offensive lancée voici deux semaines depuis Konna, dans le centre, pour reprendre les territoires du nord conquis par les islamistes d'Ansar Dine, du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

    Le porte-parole de l'État-Major français a dit que les unités impliquées dans les combats de la nuit n'avaient pas pour mission de pénétrer dans Gao mais, en s'emparant de l'aéroport et du pont, de permettre l'acheminement de renforts maliens, voire africains, qui seront chargés du contrôle de la ville.

    Sur le plan de la constitution de cette force africaine de soutien au Mali sous mandat de l'Onu (Misma), les dirigeants de l'Union africaine réunis à Addis-Abeba ont demandé aux Nations unies de fournir un appui logistique et des financements d'urgence pour permettre son déploiement.

    La Misma doit compter au final jusqu'à 6.000 soldats. Pour l'heure, seuls 1.200 soldats africains sont arrivés au Mali.

    Avec Reuters http://www.francepresseinfos.com/

  • Russie, Europe et Mondialisation : Entretien avec Jean-Michel Vernochet

    Francis Ross : La Russie tente de reprendre sa place dans l’échiquier géopolitique indépendamment du contentieux qui l’oppose à Washington à propos du projet américain de bouclier antimissiles. En dépit de cette zone d’ombre qui brouille ses relations avec les États-Unis, le Kremlin semble considérer son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce comme une priorité majeure. Quelles concessions, selon vous, devront accompagner cette admission tant convoitée au sein de la communauté d’échanges internationale ?
    • JMV : Toute chose a un prix et chacun sait que si Paris vaut bien une messe (le futur Henri IV abjurant le protestantisme pour voir les portes de Paris s’ouvrir devant lui), Washington détient les clefs qui permettront à la Russie de se voir admettre dans le club ultra libre-échangiste mondial… Dire quel intérêt elle en escompte n’entre pas dans le cadre de votre question, laquelle met cependant le doigt sur l’ambivalence actuelle de la Russie vis-à-vis de ce qu’il convient d’appeler le monde occidental, Japon compris. La Russie est en effet prête à un certain nombre de concessions pour être admise, de façon générale, dans le club occidentaliste… Le terme « occidentaliste » est repris de l’ex ministre socialiste, Hubert Védrine, et désigne l’ensemble des multiples protectorats et des « alliés » des États-Unis et du Royaume-Uni au sein d’une zone d’influence à dimension planétaire.
    Zone d’influence qui couvre le bassin Asie-Pacifique et l’Océan indien, de la mer de Chine (avec la Corée du Sud, Taïwan, le Japon), à l’Afrique de l’Est avec les reliquats anglophones de l’Empire britannique, auxquels viendra bientôt certainement s’ajouter le Sud Soudan devenu indépendant… En un mot, le Commonwealth britannique.
    Ce pourquoi il nous faut parler d’une sphère d’influence anglo-américaine qui comprend au premier chef l’Atlantique Nord et l’Union européenne dont l’expansion à l’Est progresse presque aussi vite que son intégration économique et commerciale avec le continent Nord-américain… Intégration au sein d’un vaste marché commun transatlantique qui devrait être achevé en 2018.
    Aussi quand nous parlons de « club occidentaliste », il ne s’agit pas seulement pour la Russie d’adhérer à l’OMC mais également de devenir membre à part entière de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. Adhésion par laquelle la Fédération de Russie pourrait trouver des garanties pour sa propre sécurité : n’oublions pas que l’une des constantes de la politique américaine depuis soixante ans a toujours été l’endiguement de la puissance continentale, hier soviétique, russe à présent. Une politique toujours active aujourd’hui comme le montre le système antimissile supposé devoir contrer une très hypothétique menace transcontinentale iranienne !
    Quant aux concessions consenties par la Russie pour se faire admettre au sein d’une Communauté internationale dominée par le monde anglo-américain, ces concessions se trouvent conditionnées par une sorte de double contrainte. D’un côté le Président Medvedev qui apparemment s’est laissé ensorceler par les sirènes occidentalistes est prêt à lâcher plus et autrement que ne le fera le Premier Ministre Poutine, bête noire des euratlantistes, lesquels n’auront de cesse qu’ils ne parviennent à l’éliminer de la scène politique, ceci afin de reconduire dans ses fonctions un Medvedev sans doute plus « docile ».
    On voit cet effet de cisaille à l’œuvre sur des dossiers sensibles tels la vente de systèmes de défense antiaérienne S300 PMU-2 à l’Iran avec des annonces totalement contradictoires entre les services relevant de la présidence russe et celle des Affaires étrangères, en l’occurrence du ministre Sergueï Lavrov. Mais les dissonances ne se limitent pas à ce cas…
    Bref, parmi les concessions déjà faites ou à venir, il semble que le dossier du nucléaire iranien y occupera, plus que le Caucase, une place déterminante. Déjà, la Russie a voté, le 11 juin 2009, au Conseil de Sécurité des NU des sanctions renforcées à l’encontre de l’Iran ; cependant dans le même temps des pourparlers étaient ouverts avec Téhéran pour la construction de nouvelles centrales nucléaires après la mise en service de la centrale de Bouchehr… centrale dont la montée en puissance est en cours à l’heure actuelle. Ajoutons que la Russie, à la suite du vote de sanctions internationales – lesquelles soit dit en passant ont offert le prétexte aux É-U et à l’UE de resserrer leur propre dispositif d’étranglement de l’économie iranienne – n’a pas suivi les occidentalistes et n’a décrété aucun embargo sur les produits pétroliers raffinés aux contraire de l’UE et des É-U. Précisons que l’Iran, pays exportateur de brut, doit importer en grande partie sa propre consommation d’hydrocarbures car ne disposant pas du parc de raffineries nécessaire à la satisfaction de sa demande intérieure.
    Pour nous résumer, l’étendue des concessions accordées à l’Occident sur le dossier iranien en contrepartie d’une admission à l’OMC sera essentiellement fonction de l’avantage pris par le camp présidentiel ou par celui du premier ministre dont les positions apparaissent comme de plus en plus divergentes par rapport à celles des occidentalistes russes. Il est cependant à peu près assuré que la Russie, dans sa continuité historique et politique, ne resterait pas indifférente, voire passive, en cas d’une attaque contre les installations nucléaires iraniennes par une coalition de forces israélo-américaines… Autant dire qu’au-delà des divergences réelles existant en Russie entre occidentalistes et grands russiens, des terrains consensuels existent potentiellement en raison de l’intérêt bien compris de la Fédération russe.
    Ainsi, la Russie a ouvert ses voies aériennes (et terrestres) aux frets nécessaires à l’approvisionnement des quelque 150 000 américano-européens combattant en Afghanistan alors que la résistance pachtoune a rendu vulnérables les flux logistiques depuis le Pakistan par la Passe de Kyber… Patriotes et internationalistes russes savent qu’ils doivent marchander, ou imposer, aux occidentaux, leur présence, ou mieux leur participation, dans le règlement de la guerre afghano-pakistanaise. Cela aussi a un prix et chacun avance ses pions, ou en concède à l’adversaire, volontairement ou involontairement, sur le grand échiquier géoplitique.

    • Francis Ross : L’élargissement de l’Europe a créé un conglomérat de pays particulièrement hétérogènes. Une association d’États disparate mais soumise à un pouvoir central comparable par bien des côtés, à celui l’ex Union soviétique. Alors que dire de cet « ensemble gazeux » comme l’a désigné Hubert Védrine, sans frontières tangibles et sans limites définies ?
    • JMV : « Sans frontières tangibles et sans limites définies » dites-vous. C’est d’autant plus vrai que Bruxelles fait aujourd’hui les gros yeux à la Grèce parce que celle-ci construit une barrière de séparation sur sa frontière avec la Turquie zone par où transitent 90% de l’immigration clandestine (africaine, asiatique entre autres) qui pénètre dans l’Union européenne… Selon l’agence intergouvernementale Frontex 33000 migrants illégaux auraient ainsi franchi la ligne de démarcation depuis le 1er janvier 2011 !
    Cette question des frontières passoires – laquelle illustre à bien des égards le mode de fonctionnement totalement divaguant de la Commission de Bruxelles incapable de gérer ses propres contradictions – est représentative d’une construction européenne sans architecture véritable, sans colonne vertébrale pourrait-on presque dire, mais basée sur le consensus mou des « Droits de l’Homme »… Droits parfaitement insuffisants à définir et à mettre en œuvre une politique européenne cohérente et surtout efficace face aux défis de la mondialisation avec ses déplacements massifs de populations des zones pauvres de l’Est ou du Sud vers les zones de relative prospérité du grand Ouest… D’où l’impuissance de nos eurocrates prisonniers de leur dogmatique ultralibérale – les Droits de l’homme n’en étant que le volet, l’aspect humanitarien - à penser ou à gérer l’évaporation des activités manufacturières, d’arrêter l’hémorragie des emplois liée à la migration industrielle vers l’Asie ou l’Europe orientale.
    Rappelons que la dogmatique ultralibérale fait un devoir absolu à chaque État – ne parlons pas de cette aberration tragique que constitue le dogme tragique de la concurrence pure, libre et parfaite ! – de vivre jour et nuit portes et fenêtres ouvertes et tant pis si au passage des pillards viennent se servir, le libre marché est à ce prix… Et ceux qui auraient l’audace de se plaindre sont aussitôt désignés comme « ennemis du genre humain » et du droit fondamental pour chacun d’aller et venir, d’acheter, de vendre ou de voler à sa guise.
    Ce laisser faire, laisser passer à outrance, évangile des ultralibéraux a déjà ruiné l’Europe. Les crises, les nouvelles formes de pauvreté en témoignent. Comme on juge l’arbre à ses fruits, on doit juger l’Europe de Bruxelles à cette aune… Une eurocrature intrinsèquement liée au Nouvel Ordre International, autrement dit une Europe entièrement dévolue à l’Unification du Marché mondial… Or, cette « globalisation » n’a d’autre vocation que d’instaurer un monothéisme du marché qui ne saurait se développer que sur les cadavres des nations précurseurs de l’agonie des peuples !
    Car ne nous y trompons pas la Crise actuelle ne doit pas grand chose au hasard ou à la malchance, cette crise n’est in fine que l’expression visible, immédiatement expérimentale, de la reconfiguration du hypercapitalistique du monde. Il en existe d’autres manifestations, moins directement évidentes mais d’autant plus terribles si l’on songe aux conflits en cours et à venir au Proche Orient (Liban, Iran ?) et en Asie centrale. Des guerres provoquées et criminelles qui sont l’autre versant de la mondialisation et nous en montre la face immonde et nous en révèle l’ultima ratio… L’Europe est à l’image du monde, elle se déconstruit en s’étendant sans limites ni frontières, tout cela pour placer les hommes sous la férule d’une économie dégénérée… Une économie que je qualifie de « dégénérée » parce que sa finalité n’est plus de servir le développement humain, le développement de l’homme en tant qu’Humain. Une économie qui n’est plus au service de la Vie, de son épanouissement, est déjà, au moins en partie, totalitaire.
    Pour ceux qui n’auraient pas tout à fait compris où nous conduisent les mauvais bergers de Bruxelles, l’Union européenne ne peut que s’étendre de façon indéfinie vers l’Est puis qu’elle n’est rien d’autre que le marché unifié en marche. Ce pourquoi nos idéocrates et européistes chevronnés l’ont conçue comme une entité abstraite, un contrat passé entre États destinés à dépérir inexorablement avant de périr tout à fait comme le prophétisait Karl Marx. Un contrat social de suicide programmé mais adossé à des « valeurs » dont la noblesse d’intention devait garantir une segmentation et une fluidité maximale des marchés ex-nationaux et justifier par avance toutes les guerres d’ingérence dite humanitaire.
    Bref, pour ceux qui donc ne l’auraient pas encore deviné, l’Union européenne n’a rien à voir avec l’Europe. Entendons l’Europe réelle, charnelle… Quand « ils » nous parlent d’Europe c’est pour mieux nous tromper par la confusion des mots. L’Union ne bâtit pas l’Europe mais sa destruction. L’Union européenne n’est pas l’Europe mais un carrefour d’échanges et de commerce, une tâche d’encre qui s’étend peu à peu sur le reste du Continent… Védrine a donc fortement raison lorsqu’il parle d’un « ensemble gazeux, diffus »… L’UE n’est pas une réalité organique, historique et culturelle, c’est un espace ouvert, anonyme, massifié laboratoire d’un Marché mondial en voie d’unification.
    Si l’Europe doit exister, ou simplement survivre, ce sera nécessairement contre l’Union européenne. Ce sera l’une ou l’autre. Par conséquent l’Europe pour exister et s’édifier en tant que puissance émergente doit, en premier lieu, tourner le dos à l’Union euratlantique et échapper à la condition de l’homo æconomicus devenu une marchandise comme les autres dans un monde où tout se vend et s’achète, à commencer par les consciences et le respect des lois… L’Europe ayant emboîté le pas aux États-Unis ne sombre-t-elle pas dans la corruption avouée et totale de ses élites dirigeantes ? Inutile de donner des noms ou des exemples au moment où les premières condamnations pleuvent sur les parlementaires anglais coupables de malversations et de détournements de fonds publics et alors que la Chambre des députés vote une loi d’absolution préalable pour tout représentant ayant truqué ses déclarations de patrimoine…

    • Francis Ross : Dans le cadre d’un retour à une Europe réelle, nécessaire à relever les défis du XXIe Siècle, doit-on envisager à terme l’entrée de la Russie dans l’Europe ?
    • JMV : Certainement, mais ça ne semble pas pour être dans l’immédiat… Encore que, l’histoire s’accélérant, les crises aidant – et parmi les crises je pense aux guerres régionales qui peuvent déferler dans les années à venir – les choses aillent plus vite que nous ne pouvons aujourd’hui le concevoir.
    Arrimer la Russie à l’Europe, de Brest à Brest-Litovsk – ou comme de Gaulle « de l’Atlantique à l’Oural » - paraît tout à fait essentiel… Pour des raisons de sécurité d’abord une grande alliance continentale s’impose, même si, comme c’est à prévoir, il sera nécessaire de rétablir peu ou prou des frontières nationales à l’intérieur d’un espace européen qui reste pour le moment à redéfinir. Frontières extérieures à l’Europe, frontières intérieures parce que la liberté de circulation n’est pas une liberté abstraite, une liberté totale et une idole qu’il faudrait adorer les yeux fermés. La « Liberté » ou la permissivité inhérente au laisser faire des libéraux et des mercantis, ne sont pas à confondre avec « les libertés » concrètes, celles que nous devons farouchement défendre et garantir pour tous. Encore faut-il au préalable les définir et les fixer.
    La Russie ne saurait enfin rester hors de l’Europe, en prenant ce seul exemple, pour une raison aussi triviale que la pérennisation de nos approvisionnements énergétiques et d’abord gaziers. Notre énergie ne nous est pas fournie par la grande Amérique mais par la Fédération de Russie. La saine politique commence par une vision claire de ce que sont et où se situent les intérêts premiers. Ajoutons que la Russie de Nicolas Gogol, de Dostoïevski, de Konstantin Leontiev, de Soljenitsyne, participe au fonds culturel européen dans toute l’acception du terme… la continuité culturelle est totale, n’en déplaise au sieur Huntington (Cf. « Le choc des civilisations » 1996), entre peuples germanophones, latins et slaves, entre catholicité et orthodoxie. Voir les différences qui existent entre les peuples et les cultures d’Europe ne doit pas nous rendre aveugle quant au formidable socle commun de Culture, de Foi et d’Histoire qui fonde l’Europe des peuples… Celle que l’ex ministre socialiste de l’Intérieur et de la Défense, Jean-Pierre Chevènement appelle de ses vœux dans son dernier livre « La France est-elle finie ? » - et qui, un jour, unira, espérons-le, des peuples certes distincts mais dont le destin est de s’allier pour le meilleur et surtout pas pour le pire comme à l’heure actuelle, à l’heure des crises qui vont précipiter la chute de l’eurocrassie européiste.
    Pour Geopolintel, le 11 janvier 2011

  • Ossétie : Un plan d'encerclement mûrement réfléchi (arch 2008)

    À l'heure actuelle, l'agression armée que la Géorgie avait entreprise contre l'Ossétie et l'Abkhazie s'est curieusement retournée en sa défaveur. Que l'acte soit fondé ou non n'est pas mon propos. Qu'il soit juste ou pas, non plus. Je ne m'interroge pas davantage sur la légitimité des Russes, ni sur les risques de nettoyages ethniques probables, supposés ou fantasmés.
    Ce qui m'interpelle, c'est autre chose : comment justifier un tel retournement de situation, si tout ne découle pas d'une stratégie prévue, planifiée, réfléchie ?
    Après avoir dressé un tableau sommaire de la géopolitique de cette région, je me poserai donc trois questions, qui, me semble-t-il, ne peuvent conduire qu' à une réponse unique, déplaisante et regrettable pour nous, Européens.
    La Géorgie, géopolitiquement, c'est le passage obligé du pétrole de Bakou vers l'Europe et le verrou sud de l'opération d'encerclement de la Russie, qui se retrouve coincée sur la mer Noire qu'elle dominait jusqu'alors, entre l'Ukraine, qui lui est hostile, la Géorgie et la Turquie, pro-américaines. Après cette guerre, il est évident que les Etats-Unis seront tout à fait fondés à implanter des bases importantes de l'Otan dans le pays natal de Staline, voire des bases strictement américaines, comme c'est le cas dans la zone de non-droit qu'est Guantanamo, ou bien en Croatie, où se trouve la plus grande base militaire états-unienne hors du territoire national !
    Mais j'ai probablement tort ... je dois vraisemblablement m'égarer dans des élucubrations infondées !
    Je poserai alors simplement trois questions. Pourquoi le président géorgien a-t-il eu un comportement aussi bravache, alors qu'il était l'agresseur, avec une armée minable, des intérêts d'un pays qui a la réputation de n'être ni tendre, ni militairement inefficace ?
    La seule réponse qui me paraît plausible, à moins d'invoquer une déficience psychologique, est qu'il avait la certitude d'être soutenu ! Et cette certitude, il ne pouvait l'avoir que dans le cas d'une opération concertée !
    Pourquoi cette attaque ?
    Quel intérêt peut avoir un petit Etat comme la Géorgie à provoquer de la sorte un voisin comme la Russie, au lieu de résoudre les problèmes diplomatiquement ou de laisser pourrir la situation à son profit ? Aucun, encore une fois, sauf si on le lui a demandé ... sauf si son initiative fait partie d'un plan plus vaste...
    J'en reviens au plan d'encerclement de la Russie. Pour qui refuse de penser que le hasard régit l'Histoire, il suffit de regarder une carte d'Europe - car je rappelle que tout cela se passe chez nous ! Du nord au sud, il existe aujourd'hui un cordon sanitaire entre la Russie et l'Union Européenne. Ce cordon est à la fois politique et militaire. En effet, les gouvernements en place en Lituanie, en Pologne, en Ukraine, en Géorgie, en Turquie sont pro-américains et ont des bases de l'Otan sur leurs territoires ... le tout pour protéger les Etats-Unis du terrorisme iranien, comme chacun sait ! Si cette situation se justifiait à l'époque de la Guerre froide, on peut se demander pourquoi aujourd'hui ... La réponse est assez simple : il existe une tendance politique en Europe, incarnée jusqu'alors par les gouvernants français et allemand, à rechercher un développement économique et politique en étendant l'UE vers l'Est, vers la Russie. Si cette tendance triomphait, l'Europe cesserait d'être un nain politique sur l'échiquier mondial et aurait la plus grande puissance économique, à la fois en termes de marchés et de production. Inutile d'aborder le chapitre de la puissance militaire qui en découlerait, tellement c'est évident ...
    Mais ça, ce ne serait un bénéfice que pour les Européens. Or il semble que la politique de l'Europe ne soit plus, à ce jour, faite à la faveur exclusive des Européens !
    Ce qui m'amène à ma troisième question. Pourquoi l'attaque a-t-elle pu avoir lieu à ce moment ?
    Entre autres parce que l'Union Européenne est actuellement présidée par un nouvel allié des Etats-Unis, qui a tout intérêt à montrer sa bonne volonté s'il veut recevoir les récompenses promises.
    Quelle est donc la situation à ce jour ?
    Une partie de l'Union Européenne a conscience que son avenir comme puissance ne peut passer que par l'établissement de relations cordiales avec la Russie. Cela n'arrange pas du tout les intérêts du concurrent direct que sont les Etats-Unis. Ceux-ci ont donc une double stratégie, D'abord, l'isolement physique, en établissant un cordon sanitaire autour de ce pays, qui empêchera le passage du gaz russe vers l'Europe si Washington le décide (mesures de rétorsion contre un vilain agresseur, mais dont seuls les Européens auront à souffrir) et permettra de contrôler le pétrole du Caucase. Ensuite, l'isolement diplomatique, puisque, en rendant son statut de "méchant" à la Russie, on empêche tout rapprochement avec l'UE et on permet à Washington d'affermir légitimement ses positions stratégiques en Europe centrale - pour l'instant - réduisant ainsi notre communauté au statut d'Etat vassal.
    La vraie question que devraient se poser les dirigeants européens, c'est de savoir ce qui est bon pour l'Europe, à court, moyen et long terme, puisqu'ils ont en charge le bien commun de leurs peuples respectifs. Mais je crains que ceci ne soit pas à l'ordre du jour.
    Frédéric ROBART-KAISER. Rivarol du 19 septembre 2008

  • Mali : « On veut être colonisés à nouveau »

    Au Mali, après l’intervention de la France, la réaction des maliens est surprenante. Ils souhaitent le maintien de la présence française qu’ils jugent protectrice, au point même d’évoquer la colonisation comme une perspective souhaitable :


    Mali : « On veut être re-colonisé par la France... par Valeurs-Chretiennes

    http://www.contre-info.com/

  • Le FMI promet un sombre avenir aux Grecs, par Giorgos Delastik [traduction]

    Si le rapport du FMI sur la Grèce publié vendredi 18 janvier prend acte des ravages de l’austérité sur la population et l’économie du pays, il appelle pourtant à poursuivre coûte que coûte le programme de coupes sociales et de privatisations, analyse Giorgos Delastik.

    « Ne nous sauvez plus »

    Sur le plan économique, les gouvernements Papadreou, Papadimou et Samaras ont taillé en pièces les travailleurs et les retraités, et ont « désossé » avec une sauvagerie fiscale inédite le peuple grec. C’est ce que reconnaît le FMI lui-même (!) dans son rapport sur l’économie grecque qui a été rendu public.

    La comparaison effectuée par le FMI avec les autres pays de la zone euro sous tutelle de la Troïka est extrêmement révélatrice. Sur le programme global de coupes en Grèce, 80 pour cent proviennent des réductions faites dans les salaires et dans les retraites, et de la restriction ou de la suppression des dépenses sociales. Dans les autres pays « troïkanisés », en revanche, le montant correspondant représente 60 pour cent de l’ensemble des coupes. En dépouillant les Grecs ces dernières années sur le plan fiscal, les impôts directs et les « rançonnements » successifs en sont venus à représenter 54 pour cent des recettes de l’Etat, tandis qu’ils constituent 46 pour cent chez les pays européens touchés par les mêmes maux.

    Le tragicomique dans tout cela, c’est qu’une fois ces remarques formulées de façon critique, le FMI propose ensuite que la même politique soit poursuivie et que ces « rançonnements d’urgence » soient établis durablement, comme la mal nommée « contribution de solidarité », qui devait théoriquement cesser d’être perçue à partir de 2015, les taxes immobilières, etc. Cela ne suffit pas au FMI, il réclame également 25.000 « licenciements ciblés » dans la fonction publique rien que pour 2013. Désavouant indirectement le gouvernement, qui avait affirmé qu’il n’y aurait pas de coupes dans les salaires, les retraites et les allocations, le FMI demande que de nouvelles mesures soient définies pour engranger des recettes supplémentaires de quatre milliards d’euros pour la période 2015-2016.[...]

    La suite sur OKE@news

    http://www.actionfrancaise.net

  • Etats-Unis : grande manifestation « pro-vie » dans les rues de Washington [vidéos]

    Etats-Unis : grande manifestation « pro-vie » dans les rues de Washington [vidéos]

    26/01/12 – 12h00
    WASHINGTON (NOVOpress)
    – Des dizaines et des dizaines de milliers de personnes, dont un très grand nombre de jeunes, ont manifesté hier dans la capitale américaine contre l’avortement volontaire pour l’annuelle “March for Life” (Marche pour la Vie).

    Malgré un froid intense, les manifestants venus de tout le pays ont convergé sur l’immense esplanade du “Mall” avant de partir en direction de la Cour Suprême.

    Plusieurs membres du Congrès, principalement membres du parti Républicain, participaient à cette marche contre l’avortement et la banalisation de celui-ci. L’ancien candidat à l’investiture républicaine, Rick Santorum, père de sept enfants, a notamment pris la parole et parlé avec émotion de sa fille trisomique.

    Cette année, la manifestation revêtait un caractère particulier car c’est exactement il y a 40 ans, le 22 janvier 1973, que la plus haute juridiction du pays légalisait l’avortement.

    C’est l’occasion de rappeler que c’est le procès Roe v. Wade qui a fait légaliser par la Cour Suprême l’avortement volontaire aux Etats-Unis en 1973. Norma McCorvey (alias Jane Roe car elle avait bénéficié de l’anonymat) avait porté plainte pour avoir le droit d’avorter.

    Mais elle n’a pas avorté car l’arrêt de la Cour Suprême est intervenu après la naissance de son enfant.

    Depuis 1995 Norma McCorvey (Jane Roe) milite au contraire contre l’avortement volontaire et fait partie d’un mouvement pro-life (pro-vie) (première vidéo ci -dessous enregistrée en 2008). Elle a indiqué qu’au moment de la plainte à la Cour Suprême elle a été instrumentalisée par deux ambitieuses avocates qui avaient trouvé en elle un moyen de contester la loi et de se faire connaitre.

    Norma McCorvey, a même été arrêtée et menottée en 2009 par la police (à partir de 4min45 dans la deuxième vidéo ci-dessous) pour avoir participé à une manifestation pacifique contre Obama à cause de ses opinions pro-avortement volontaire.

    Dans la première vidéo elle indique qu’elle parle 50 millions d’avortements après le succès de sa plainte qui a fait légaliser l’avortement volontaire aux États-Unis en 1973. Mais pendant ce temps la population des États-Unis a beaucoup augmenté, les enfants non-nés ont été remplacés par des immigrés surtout latinos et asiatiques. Ainsi va la vie et l’impitoyable sélection naturelle, qui dans ce cas se joue au niveau psychique.


    rédit photo en Une : TFP Student action, via Flickr (CC).

    http://fr.novopress.info

  • Les origines d’Al-Qaïda au Maghreb islamique : Qui est derrière les terroristes ?

    Qui est derrière le groupe terroriste qui a attaqué le complexe gazier d’In Amenas exploité par BP, Statoil et Sonatrach, situé sur la frontière libyenne au sud-est de l’Algérie? (Voir la carte ci-dessous)

    L’opération a été coordonnée par Mokhtar Belmokhtar, chef de la brigade islamiste des Moulathamine (brigade masquée) ou « Ceux qui signent avec du sang », affiliée à Al-Qaïda

    L’organisation de Belmokhtar a été impliquée dans le trafic de drogue, la contrebande ainsi que des opérations d’enlèvement d’étrangers en Afrique du Nord. Alors que ses allées et venues sont connues, le renseignement français a surnommé Belmokhtar l’« insaisissable ».

    Belmokhtar a revendiqué au nom d’Al-Qaïda l’enlèvement de 41 otages occidentaux, dont 7 Étatsuniens, au complexe gazier de BP à In Amenas.

    Belmokhtar n’était toutefois pas impliqué directement dans l’attaque. Le commandant de l’opération sur le terrain était Abdul Rahman al-Nigeri, un vétéran djihadiste du Niger qui s’est joint en 2005 au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en Algérie. (Albawaba,  17 janvier 2013) 

    L’opération d’enlèvement d’In Amenas a été menée cinq jours après les frappes aériennes françaises contre des militants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) au Nord-Mali.

    Les forces spéciales françaises et les troupes maliennes ont repris le contrôle de Diabali et Konna, deux petites villes au nord de Mopti. La ville de Diabali avait apparemment été prise quelques jours auparavant par les combattants menés par l’un des principaux commandants d’AQMI, Abdelhamid Abou Zeid.

    Bien que l‘attaque terroriste et le rapt à la raffinerie d’In Amenas aient été décrits comme des actes de vengeance, cette opération n’était aucunement improvisée. Des analystes ont confirmé que, selon toute probabilité, l’opération avait été planifiée longtemps à l’avance:

    Les représentants européens et étasuniens affirment que le raid était presque certainement trop élaboré pour avoir été planifié dans un laps de temps si court, quoique la campagne de bombardement française ait pu être un élément déclencheur amenant les combattants à lancer un assaut qu’ils avaient déjà préparé.

    Selon les récents reportages (20 janvier 2012), il y a environ 80 morts, dont des otages et des combattants djihadistes. Il y avait plusieurs centaines de travailleurs à la raffinerie de gaz dont la plupart étaient algériens. « Parmi les rescapés, seuls 107 des 792 travailleurs étaient étrangers », selon le ministère algérien de l’Intérieur.

    Les gouvernements britannique et français ont blâmé les djihadistes. Selon les termes du premier ministre britannique David Cameron :

    « Les gens vont certainement poser des questions à propos de la réaction algérienne à ces événements, toutefois je dirai seulement que ces morts sont directement imputables aux terroristes qui ont perpétré cette attaque lâche et violente. (Reuters, 20 juin 2013.)

    Les reportages confirment cependant qu’un grand nombre de décès chez les otages et les combattants islamiques ont été causés par les bombardements des forces algériennes.

    Les négociations avec les ravisseurs, qui auraient pu sauver des vies, n’ont pas été envisagées sérieusement par les gouvernements algérien et occidentaux. Les militants avaient demandé l’arrêt des attaques françaises au Nord-Mali en échange de la sécurité des otages. Le dirigeant d’Al-Qaïda Belmokhtar avait déclaré :

    « Nous sommes prêts à négocier avec l’Occident et le gouvernement algérien à condition qu’ils cessent de bombarder les musulmans du Mali » (Reuters, 20 janvier 2013.)

    Au sein des rangs djihadistes se trouvaient des mercenaires provenant de nombreux pays musulmans, dont la Libye (cela reste à confirmer), ainsi que des combattants de pays occidentaux.

    Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) : De qui s’agit-il ?

    De nombreux groupes affiliés sont activement impliqués au Nord-Mali

    • -Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dirigé par Abdelmalek Droukdel, l’émir d’AQMI
    • -Ansar Dine dirigé par Iyad Ag Ghaly
    • -Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO)

    -Le Groupe islamique armé (GIA), très en vue dans les années 1990, est pratiquement disparu. Ses membres se sont joints à AQMI

    - Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), un mouvement touareg laïc, nationaliste et indépendantiste

    Historique

    En septembre 2006, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a uni ses forces à Al-Qaïda. Le GSPC a été créé par Hassan Hattab, un ancien commandant du GIA.

    En janvier 2007, le groupe a officiellement changé son nom pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Donc au début septembre 2007, l’AQMI récemment formé a établi une relation étroite avec le Groupe islamique combattant en Libye (GICL).

    Les commandants du GSPC avaient été inspirés par les enseignements religieux salafistes en Arabie Saoudite, ayant autrefois joué un rôle important dans la formation des moudjahidines en Afghanistan.

    L’histoire des commandants djihadistes d’AQMI est significative dans le contexte plus vaste de cette question

    • Qui est derrière les diverses factions affiliées à Al-Qaïda?
    • Qui appuie les terroristes?
    • Quels intérêts économiques et politiques sont servis?

    Le Council on Foreign Relations (Conseil des relations internationales, CFR) situé à Washington retrace les origines d’AQMI à la guerre soviéto-afghane :

    La plupart des hauts dirigeants d’AQMI auraient été formés en Afghanistan durant la guerre contre les Soviétiques de 1979 à 1989. Ils auraient fait partie d’un groupe de volontaires nord-africains connus sous le nom d’« Arabes afghans » revenu dans la région après la guerre et qui radicalisait les mouvements islamistes. Le groupe est divisé en « katibas » ou brigades formant diverses cellules le plus souvent indépendantes.

    Depuis 2004, le chef du groupe, ou l’émir, est Abdelmalek Droukdel, également connu sous le nom d’Abou Mossab Abdelwadoud, un ingénieur de formation et expert en explosifs qui s’est battu en Afghanistan et est issu du GIA algérien. C’est sous son leadership qu’AQMI a déclaré que la France était sa cible principale. L’un des dirigeants d’AQMI les « plus radicaux et les plus violents » est Abdelhamid Abou Zeid selon les experts en contre-terrorisme. Abou Zeid est lié à plusieurs enlèvements et exécutions d’Européens dans la région. (Council on Foreign Relations, Al Qaeda in the Islamic Maghreb, cfr.org, non daté.)

    L’article du CFR omet de mentionner que le djihad islamique en Afghanistan était une initiative de la CIA, lancée en 1979 à l’époque de l’administration Carter et fortement appuyée par Ronald Reagan au cours des années 1980.

    En 1979 la plus vaste opération clandestine de l’histoire de la CIA a été lancée en Afghanistan. Des missionnaires wahhabites d’Arabie Saoudite ont mis sur pied les écoles coraniques (madrasas) au Pakistan et en Afghanistan. Les manuels scolaires utilisés dans les madrasas ont été imprimés et publiés au Nebraska. Le financement clandestin a été acheminé aux moudjahidines avec l’appui de la CIA.

    « Fortement encouragés par la CIA et l’ISI du Pakistan, qui désiraient transformer le djihad afghan en guerre mondiale menée par tous les États musulmans contre l’Union soviétique, 35 000 musulmans radicaux provenant de 40 pays islamiques se sont joints à la lutte afghane entre 1982 et 1992. Des dizaines de milliers d’autres sont allés étudier dans les madrasas pakistanaises. Avec le temps, plus de 100 000 musulmans radicaux ont été directement influencés par le djihad afghan. (Ahmed Rashid, “The Taliban: Exporting Extremism”, Foreign Affairs, novembre-décembre 1999.)

    La Central Intelligence Agency (CIA) a joué un rôle clé dans la formation des moudjahidines en utilisant l’Inter-Services Intelligence (Direction pour le renseignement inter-services) pakistanais. La formation des guérilleros parrainée par la CIA était intégrée aux enseignements de l’islam.

    « En mars 1985, le président Reagan a signé la directive nationale de sécurité 166 [laquelle] autorisait un appui militaire clandestin supplémentaire et signalait clairement que la guerre secrète afghane avait un nouvel objectif : vaincre les troupes soviétiques en Afghanistan par des actions clandestines et encourager le retrait soviétique. La nouvelle aide secrète étasunienne a débuté par une augmentation spectaculaire des livraisons d’armes, une progression constante atteignant 65 000 tonnes annuellement en 1987 […] ainsi qu’un « flot incessant » de spécialistes de la CIA et du Pentagone se rendant au quartier général secret de l’ISI au Pakistan, situé sur la route principale près de Rawalpindi. Les spécialistes de la CIA y rencontraient des officiers du renseignement pakistanais afin d’aider à planifier des opérations pour les rebelles afghans ». (Steve Coll, Washington Post, 19 juillet 1992)

    Mokhtar Belmokhtar, le cerveau des attaques terroristes perpétrées par la brigade islamiste des Moulathamine (masquée) au complexe gazier d’In Amenas est l’un des membres fondateurs d’AQMI.

    Il a été formé et recruté par la CIA en Afghanistan. Belmokhtar était un volontaire nord-africain, un « Arabe afghan » enrôlé à 19 ans comme moudjahidine pour se battre dans les rangs d’Al-Qaïda en Afghanistan à une époque où la CIA et sa filiale pakistanaise, l’ISI, appuyaient activement le recrutement et la formation des djihadistes. Mokhtar Belmokhtar a fait la « guerre civile » en Afghanistan.

    Il est retourné en Algérie en 1993 et s’est joint au GSPC. Le passé et l’implication de Belmokhtar en Afghanistan suggèrent qu’il était un « agent de renseignement » appuyé par les États-Unis.

    Le rôle des alliés des États-Unis, l’Arabie Saoudite et le Qatar

    Dès le début en 2007, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a établi des liens étroits avec le Groupe islamique combattant en Libye (GICL), dont les dirigeants avaient également été formés et recrutés en Afghanistan par la CIA. La CIA et le MI6 britannique appuient clandestinement le GICL.

    Le GICL a été directement appuyé par l’OTAN durant la guerre de 2011 contre la Libye « fournissant des armes, de la formation des forces spéciales et même des avions pour appuyer le renversement du gouvernement libyen ». (Tony Cartalucci, The Geopolitical Reordering of Africa: US Covert Support to Al Qaeda in Northern Mali, France “Comes to the Rescue”, Global Research, janvier 2013.)

    Les Forces spéciales britanniques SAS avaient été envoyées en Libye avant l’insurrection, agissant à titre de conseillers militaires du GICL.

    Plus récemment, des reportages ont confirmé qu’AQMI a reçu des armes du GICL, dont les mercenaires ont intégré les rangs des brigades d’AQMI. Le commandant Mokhtar Belmokhtar, qui a coordonné l’opération d’enlèvement d’In Amenas, a déclaré :

    « Nous avons été l’un des principaux bénéficiaires des révolutions dans le monde arabe. En ce qui concerne le fait que nous bénéficions des armes [libyennes], cela est normal dans ce genre de circonstances. » http://www.hanford.gov/c.cfm/oci/ci_terrorist.cfm?dossier=174

    La raffinerie de BP à In Amenas est située en plein sur la frontière libyenne. On peut soupçonner l’implication d’un contingent de combattants du GICL dans l’opération.

    AQMI a également des liens avec le Front Al-Nosra en Syrie, appuyé clandestinement par l’Arabie Saoudite et le Qatar.

    AQMI est lié de manière indélébile à un programme de renseignement occidental. On le décrit comme « l’un des groupes militants les plus riches et mieux armés de la région », financé secrètement par l’Arabie Saoudite et le Qatar.

    Le journal français Le Canard enchaîné a révélé (juin 2012) que le Qatar (un fidèle allié des États-Unis) finance diverses entités terroristes au Mali, incluant le groupe salafiste Ansar Dine :

    Et les rebelles touareg du MNLA (indépendance et laïcité), d’Ansar Dine, d’AQMI et de Mujao (djihad en Afrique de l’Ouest) ont reçu de l’argent du Qatar selon un reportage (The Examiner).

    L’information du journal satirique Canard enchaîné, qui rapportait (juin 2012) que le Qatar financerait des groupes armés au Nord-Mali, a été relayée par les médias d’Algérie et d’Afrique de l’Ouest.

    Depuis plusieurs mois au Mali on soupçonne Ansar Dine, le principal groupe armé pro-charia de la région, de recevoir du financement du Qatar.

    Au début du conflit par exemple, des reportages (non confirmés) indiquaient qu’un avion qatari rempli d’armes, d’argent et de drogue était atterri à Gao.

    Le reportage original cite un rapport du renseignement français indiquant que le Qatar a fourni de l’aide financière à trois des principaux groupes armés du Nord-Mali : Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, AQMI et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).

    Le montant du financement donné à chaque groupe n’est pas révélé mais on signale que de nombreux rapports de la DGSE française remis au ministère de la Défense ont mentionné l’appui du Qatar au terrorisme au Nord-Mali. (C’est l’auteur qui souligne)

    Il faut évaluer attentivement le rôle d’AQMI comme atout du renseignement. L’insurrection islamiste crée des conditions favorisant la déstabilisation politique du Mali en tant qu’État-nation. Quels intérêts géopolitiques ont été servis?

    Conclusion : Le « Soudan étasunien »

    Ironiquement, l’opération d’enlèvement au sud de l’Algérie et la tragédie provoquée par l’opération de « sauvetage » militaire menée par l’Algérie fournissent une justification humanitaire à l’intervention militaire occidentale menée par AFRICOM, le Commandement des États-Unis pour l’Afrique. Celle-ci ne concerne pas uniquement le Mali et l’Algérie, mais pourrait aussi comprendre la région plus vaste s’étendant de la zone sahélienne sub-saharienne, de la Mauritanie à la frontière occidentale du Soudan.

    Ce processus d’escalade fait partie d’une « feuille de route » militaire et stratégique des États-Unis, et constitue une étape subséquente de la militarisation du continent africain, un « suivi » de la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Libye en 2011.

    Il s’agit d’un projet de conquête néocoloniale d’un vaste territoire par les États-Unis.

    Même si la France constitue l’ancienne puissance coloniale, intervenant pour le compte de Washington, le but ultime est d’exclure tôt ou tard la France du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne. Le remplacement de la France comme puissance coloniale se fait de manière constante depuis la guerre d’Indochine des années 1950.

    Alors que les États-Unis sont, à court terme, prêts à partager le butin de guerre avec la France, l’objectif ultime est de redessiner la carte de l’Afrique et de transformer par la suite l’Afrique francophone en sphère d’influence étasunienne. Celle-ci s’étendrait de la Mauritanie, au bord de l’Atlantique, jusqu’au Soudan, à l’Éthiopie et à la Somalie.

    Un procédé similaire visant à exclure la France de l’Afrique francophone a lieu depuis les années 1990 au Rwanda, au Burundi et en République du Congo.

    En conséquence, on empiète sur le français comme langue officielle en Afrique. Aujourd’hui au Rwanda, l’anglais est une langue officielle avec le kinyarwanda et le français : Le gouvernement du FPR en 1994 a commencé par offrir l’éducation secondaire en anglais ou en français. Depuis 2009, elle est offerte uniquement en anglais. Depuis 1994, l’université n’utilise plus le français comme langue de travail. (Le président rwandais Paul Kagame ne lit pas et ne parle pas le français.)

    Un vaste territoire est en jeu, celui qui, durant la période coloniale, comprenait l’Afrique de l’Ouest française et l’Afrique équatoriale française. (Voir la carte ci-dessous)

    À l’époque de la France coloniale, on appelait le Mali le Soudan français.

    Il est ironique que ce processus visant à affaiblir et, tôt ou tard, à exclure la France de l’Afrique francophone soit mis en œuvre avec l’approbation tacite de l’ancien et de l’actuel présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, servant tous deux les intérêts géopolitiques étasuniens au détriment de la République française.

    La militarisation du continent africain relève du mandat d’AFRICOM.

    L’objectif à plus long terme consiste à exercer le contrôle géopolitique et militaire sur une vaste zone ayant historiquement appartenu à la sphère d’influence française. Cette zone est riche en pétrole, en gaz naturel, en or, en uranium et en minéraux stratégiques. (Voir R. TeichmanThe War on Mali. What you Should Know: An Eldorado of Uranium, Gold, Petroleum, Strategic Minerals …, Global Research, 15 janvier 2013.)

    La division coloniale de l’Afrique décidée à la conférence de Berlin (à droite). Voir les cartes de l’Afrique coloniale française ci-dessous.

    Article original : Al Qaeda in the Islamic Maghreb: Who’s Who? Who is Behind the Terrorists?

    Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca

    Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en plus de 20 langues).