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international - Page 615

  • La Post-démocratie, une démocratie sans liberté ?

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    Par Michel Lhomme, philosophe, politologue 

    La montée du populisme, l’hyper libéralisme, la désinformation et les manipulations électorales sont les questions abordées par les derniers best-sellers politiques internationaux comme How Democracies Die (« Comment les démocraties meurent ? ») de Steven Levitsky et Daniel Ziblatt ; How Democracy Ends (« Comment les démocraties se terminent ? ») de David Runciman ou le seul ouvrage déjà traduit en français, Le peuple contre la démocratie de Yascha Mounk [L’Observatoire, Paris 2018]. Tous ces ouvrages sont imprégnés de pessimisme sur l’avenir du pire système politique, à l’exception de tous les autres, comme Churchill le définissait. En France, au contraire, nos universitaires organiques continuent d’animer des séminaires sur la démocratie.

    Finis les coups d’État ! Place à la manipulation des opinions

    Le dernier rapport de Freedom House qui analyse les données de 195 pays pour évaluer leur état de santé démocratique, souligne que 2017 a marqué 12 années consécutives de détérioration globale de l’intégrité des processus électoraux en raison de facteurs tels que l’argent excédentaire dans les campagnes ou la manipulation médiatique. Selon Freedom House, l’année dernière, dans 71 pays, les droits politiques et civils et les libertés publiques ont été réduits et seulement 35 ont été améliorés. Depuis 2000, au moins 25 pays ont cessé d’être démocratiques. Pendant la guerre froide, les coups d’État ont été responsables de 75 % des cas de rupture démocratique, en particulier en Afrique et en Amérique latine. Aujourd’hui, ces méthodes grossières de coup d’état militaire pour capturer le pouvoir avec la violence ont cédé la place à des stratégies beaucoup plus sophistiquées pour déformer ou déformer la volonté populaire au profit des puissants, quitte même parfois à faire revoter les électeurs (idée qui commence à prendre de l’ampleur en Angleterre face au Brexit) ou à ne pas tenir compte de leur vote (le référendum français sur la constitution européenne). Le paradoxe de cette nouvelle voie électorale vers l’autoritarisme est que les nouveaux liberticides utilisent les institutions mêmes de la démocratie de manière graduelle, subtile et même légalement pour l’assassiner.

    À l’ère du numérique, le pouvoir politique dispose désormais de multiples instruments pour dénigrer la volonté populaire sans recourir à la violence, à la répression. Dans sa large gamme d’options, le pouvoir utilise la manipulation des documents de recensement, les scandales créés de toutes pièces par « la transparence », les calendriers électoraux (les législatives post-présidentielles), l’exclusion arbitraire de candidats, le redécoupage des circonscriptions. De fait, le vol électoral parfait est celui qui est perpétré avant que les gens votent.

    Pour les politistes, il n’y a rien à redire à 2017 : les Français se sont librement exprimés, même si au final Emmanuel Macron ne représente que 15 % des inscrits. À l’échelle mondiale, seulement 30% des élections entraînent un changement de gouvernement ou un transfert de pouvoir à l’opposition. Et ce chiffre est encore plus bas dans les pays ayant un passé autoritaire récent. De fait, il n’y a pas un seul autocrate du 21ème siècle qui n’ait appris qu’il est plus facile de rester au pouvoir à travers des « exercices démocratiques », ce qui explique le paradoxe que même s’il y a plus d’élections que jamais, le monde devient moins démocratique.

    L’autoritarisme numérique au service de la démocratie libérale

    Mais fi du processus électoral désormais maîtrisé pour que la populace ne parvienne jamais au pouvoir, la post-démocratie est en train d’opérer une synthèse encore plus radicale celle de l’autoritarisme numérique et de la démocratie libérale utilisant l’intelligence artificielle et les données recueillies pour surveiller et prévenir tout dérapage oppositionnel à la vision mondialiste car le numérique ne promet pas seulement une nouvelle économie  pour réformer le monde, il promet aussi aux gouvernements de lui permettre de mieux comprendre le comportement de ses citoyens pour les surveiller et les contrôler en permanence. Cette nouvelle réalité citoyenne offrirait ainsi aux gouvernants une alternative possible à la démocratie libérale d’hier restée trop gênante parce que source d’oppositions argumentatives. Il ne s’agirait plus d’éduquer mais de formater, à la lettre une éducation non plus critique à la Condorcet mais de la confiance à la Blanquer, soit la confiance en l’autorité immuable de l’administration des choses, prélèvement à la source et contrôle du privé par impôt et compteur link en prime, par solde de toute monnaie papier, par suivi informatique des déplacements et des pensées.

    L’intelligence artificielle permettra aux grands pays économiquement avancés d’enrichir leur citoyenneté sans en perdre le contrôle. Certains pays sont déjà dans cette direction. La Chine, par exemple, a commencé la construction d’un État autoritaire en support numérique, une sorte de nouveau système politique, un système de contrôle social indolore avec l’utilisation d’outils de surveillance perfectionnés comme la reconnaissance faciale qui vise à pouvoir contrôler n’importe quel secteur turbulent de la population. Plusieurs États liés à l’idéologie numérique ont commencé d’ailleurs à imiter le système chinois. Une grande partie du XXe siècle a été définie par la concurrence entre les systèmes sociaux démocratiques, les fascistes et les communistes. On en discute encore en Gaule dans les bibliothèques du Sénat  alors que la synthèse de la démocratie libérale et de l’autoritarisme numérique se déroule sous nos yeux.

    Les gouvernements pourront censurer de manière sélective les problèmes et les comportements sur les réseaux sociaux tout en permettant aux informations nécessaires au développement d’activités productives de circuler librement. Ils mettront ainsi un terme enfin au débat politique réalisant de fait le projet libéral en son essence : la dépolitisation du monde.

    Michel Lhomme
    15/09/2018

    Source : Metamag

    Crédit photo : Domaine public, via PixaBay

    https://www.polemia.com/post-democratie-liberte/

  • Économie : des clignotants partout au rouge dans le monde avant la catastrophe !

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    Alors que Macron et les médias sont toujours très optimistes, les clignotants sont au rouge partout dans le monde. Ray Dalio, le fondateur milliardaire de Bridgewater, le plus gros « hedge fund » au monde, vient de déclarer qu’il estime la crise inévitable d’ici deux ans au plus tard. Ray Dalio nous paraît bien timoré en comparant la situation actuelle avec la période 1935-1940 ; il pense trop États-Unis en oubliant les bombes Europe et Japon.

    La France continue à s’enfoncer dans les dépenses publiques, qui sont passées de 300 milliards d’euros, en 1991, à plus de 1.200 milliards d’euros aujourd’hui. Alors que la fonction publique représente 5,4 millions d’individus, Macron persiste dans l’usine à gaz inutile du prélèvement à la source et envisage la suppression de 120.000 postes en quatre ans, soit 2,2 %, ce qui correspond au simple non-renouvellement des départs à la retraite.

    Le Financial Times reconnaît, aujourd’hui, publiquement dans un article signé par le journaliste John Authers, qu’il a menti en septembre 2008 pour défendre l’intérêt général, car la planète fut à deux doigts d’un effondrement total, en cachant le fait que les banquiers de Wall Street faisaient la queue aux guichets pour retirer leur argent personnel et qu’AIG avait reçu une aide d’urgence de 8,5 milliards de dollars pour payer les CDS (« Credit Default Swap ») qu’elle garantissait.

    Madame Danièle Nouy, responsable de la supervision bancaire à la BCE, a mis en garde contre la prochaine crise en raison de la bulle immobilière provoquée par l’effondrement des taux d’intérêt. Elle a pu déclarer à l’agence de presse lettone LETA : « Nous savons avec certitude qu’il y aura une nouvelle crise. Mais nous ignorons quand et pour quelle raison. »

    Les déficits américains, au-delà des discours rassurants des médias et de Trump sur la croissance, sont passés sous silence par les médias car ils explosent. Le déficit budgétaire américain devrait être de 1.000 milliards de dollars en 2019 !

    « La BCE avance en somnambule vers l’arrêt, en fin d’année, de son programme baptisé QE », a déclaré l’économiste Carsten Brzeski, de chez ING DiBa. Les rachats nets de dette sur le marché vont passer, en octobre 2018, de 30 à 15 milliards d’euros malgré les risques italien, turc, argentin et les tensions commerciales avec Washington. Les taux sont maintenus à zéro et les banques vont continuer à payer un intérêt négatif de 0,40 % sur leurs dépôts excédentaires. Quant au bilan agrégé des principales banques centrales dans le monde, il est passé de 12 % du PIB des pays respectifs, en l’an 2000, au chiffre monstrueux de 40 %, ce qui démontre l’épidémie mondialiste généralisée du laxisme monétaire.

    L’euro est au bord du précipice puisque, selon le dispositif « Target 2 », qui correspond au paiement entre banques centrales, la Bundesbank détient plus de 1.000 milliards d’euros de créances tandis que l’Italie est débitrice de plus de 460 milliards d’euros, qui ne seront probablement jamais remboursés.

    La plupart des banques espagnoles ont déjà perdu la moitié de leur valeur, tandis que la Grèce est en faillite malgré la « fake news » ahurissante que tout va bien. Les prêts à la Grèce ont été reportés à 2032, la Grèce ne payant que les taux d’intérêt, ce qui fut le cas lors de la crise des « subprimes », la crise éclatant lors du remboursement en capital des prêts par les particuliers. La bombe italienne, elle, devient de plus en plus menaçante avec l’augmentation des taux d’intérêt et le programme démagogique du Mouvement 5 étoiles (coût : 115 milliards d’euros).

    Quant à Dominique Strauss-Kahn, il vient de déclarer :« Imaginez que demain la Deutsche Bank ait des difficultés. Ce n’est pas les 8 % de capital dont elle dispose qui vont résoudre le problème. »Pendant ce temps, Goushi Kataoka, un membre inconscient du directoire de la Banque du Japon, appelle à encore plus d’assouplissement quantitatif, alors que la politique en vigueur consiste déjà en un taux à court terme de -0,1 % et un taux sur dix ans de zéro !

    Selon l’économiste suisse Egon von Greyerz, « il est trop tard ; les gouvernements sont en faillite et il n’est plus possible de réduire les dettes. Tout gouvernement qui essaie de lancer des plans d’austérité se fait immédiatement renvoyer. Les déficits et l’impression monétaire vont s’accélérer, et on sera en route vers une dépression hyperinflationniste. »

    Marc Rousset

    http://www.bvoltaire.fr/economie-des-clignotants-partout-au-rouge-dans-le-monde-avant-la-catastrophe/

  • La montée des populismes, fruit de la crise de 2007 ? DSK n’a (encore) rien compris !

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    L’ex-directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn (2007-2011), a estimé devant l’AFP, lors du dixième anniversaire de la faillite de Lehman Brothers, que la montée du populisme était un « produit direct de la crise », dont la gestion a favorisé les inégalités, contribuant notamment à l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.

    La montée des partis dits « populistes » en Europe et aux État-Unis est devenue la préoccupation majeure de ces démocrates éclairés et de ces parangons du libre-échange international. Le retour des préoccupations identitaires est perçu par ces spécialistes comme un inévitable danger. L’avis du bas peuple – mal instruit, réactionnaire, grossier et renfermé sur lui-même -, ces mondialistes passant leur vie entre deux aéroports s’en fichent pas mal. Pire : si leurs mesures ne sont pas acceptées ou pas efficaces, ils pointent du doigt la réticence du peuple et le manque de pédagogie destiné à les instruire au progrès.

    Alors, oui, peut-être, la crise économique de 2007 est une cause de la montée des populismes, mais il ne faut pas réduire le monde à un simple économisme bourgeois. Les causes de la montée des populismes sont tout autres et englobent un nombre de problématiques beaucoup plus important. En réalité, ces peuples qui ont porté les partis populistes au pouvoir sont bien plus soucieux que ces spécialistes de l’entièreté de leur condition, et non pas seulement de leur condition de consommateur.

    La montée des partis populistes est une réaction au modèle maastrichtien, une réaction à l’immigration massive, une réaction à la perte du pouvoir décisionnel des peuples vis-à-vis d’une Europe de plus en plus fédéraliste et de plus en plus totalitaire.

    L’insécurité culturelle est l’enjeu politique majeur d’aujourd’hui, il suffit de voir le programme et la communication des partis dits populistes arrivés au pouvoir en Europe pour s’en rendre compte. C’est sur l’immigration qu’ils ont été élus, et c’est d’ailleurs l’erreur fatale qu’a commise l’ex-Front national lors de l’élection présidentielle, en estimant que leur base d’électeur voterait quoi qu’il en soit sur leur programme anti-immigration, et qu’il fallait essayer de ratisser large en parlant « insécurité économique ». La vérité est que la copie fut pâle et l’électeur déçu par la faiblesse du projet global sur l’immigration.

    Tous ces éléments montrent bien que l’ancien secrétaire général du FMI se trompe ou, tout du moins, occulte une grande partie de la réalité en parlant de la montée du populisme comme le produit direct de la crise économique de 2007. Le peuple n’est plus perçu que comme une masse d’individus agissant uniquement en fonction de leur statut de consommateur – quel mépris !

    Les élections européennes qui approchent vont être un beau révélateur, l’abstention risque une fois de plus d’être la grande gagnante d’un scrutin qui va ensuite se partager entre, d’un côté, le camp du bien et, de l’autre, le camp du mal. Macron/Merkel contre Salvini/Orbán et les autres. Le 26 mai prochain, la France ne sera peut-être plus la petite dernière de la coalition populiste ; au moins faut-il l’espérer.

    Nicolas Pécari

    http://www.bvoltaire.fr/la-montee-des-populismes-fruit-de-la-crise-de-2007-dsk-na-encore-rien-compris/

  • On détient enfin la preuve d’une ingérence dans les élections américaines

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    Et ce n'est pas la Russie constate Olivier Bault dans Présent :

    "Si ingérence il y a eu, et de taille, c’est de la part du géant de l’internet Google.Et il ne s’agit pas ici de l’accusation portée le 28 août dernier par le président Donald Trump contre la société californienne. Trump s’insurgeait alors contre le fait que la quasi-totalité des informations le concernant, affichées dans les résultats des recherches Google, provenaient des médias de gauche et il promettait qu’il allait s’attaquer à ce grave problème. [...]

    Les dirigeants de Google ont toujours prétendu ne pas user de leur pouvoir pour favoriser un camp contre un autre même si leur penchant à gauche n’est un secret pour personne. Un nouveau rapport publié par le Washington Examiner montre d’ailleurs que90% des donations faites par les employés de Google vont aux Démocrates. Mais il y a bien pire. Une longue chaîne de mails internes divulguée par la chaîne Fox News lundi soir apporte la preuve que la direction de Google a cherché à faire gagner Hillary Clinton aux dernières élections. Au centre du scandale, il y a un long message envoyé le 9 novembre 2016, au lendemain des élections, par Eliana Murillo, la responsable du département de Marketing multiculturel du géant de l’internet. Ce message semble impliquer directement le PDG de Google, Sundar Pichai, qui a la double nationalité indienne (va-t-on parler d’ingérences indiennes ?) et américaine, ainsi que Philipp Schindler, un des principaux vice-présidents de la compagnie, puisque Eliana Murillo affirme les avoir tenus au courant.

    L’effort mené par l’équipe de la responsable du Marketing multiculturelle consistait, en manipulant les résultats des recherches sur internet et aussi dans le cadre d’un partenariat avec des ONG gauchistes, à inciter les Latino-américains citoyens des Etats-Unis à aller voter. Et il ressort clairement du long mail de Mme Murillo que la direction de Google pariait sur le fait que ces Latino-américains voteraient massivement pour Hillary Clinton. Dans le bilan de l’opération dressée par la responsable du département du Marketing multiculturel de Google, la stupeur et la déception ressentie par le fait que 29% des Latinos aient finalement voté pour Donald Trump n’est pas masquée, et Mme Morillo reconnaît explicitement que certaines des actions menées étaient des « donations secrètes » en faveur de la campagne de la candidate démocrate. Ce pourrait aussi être un angle d’attaque possible pour Donald Trump et ses partisans, car c’est illégal et ils disposent désormais des aveux involontaires d’une dirigeante de Google."

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Le CSA à la sauce Pravda – Journal du jeudi 13 septembre 2018

    Médias / Le CSA à la sauce Pravda
    Alors que la réforme de l’audiovisuel doit être présentée avant la fin de l’année, le CSA a dévoilé 20 propositions pour être de la partie. Le but : étendre son pouvoir sur le numérique.

    Politique / Les voies de communication réhabilitées
    C’est un problème récurrent depuis maintenant deux décennies, les voies de communications françaises sont en piteux état ! Pour faire face à ce fléau, le gouvernement a annoncé un plan de réhabilitation qui, s’il aboutit, pourrait s’avérer bien utile.

    Paris / Grand Paris Express : une opposition face à un projet capital

    International / Vers une paix russo-japonaise ?
    Vladimir Poutine veut un traité de paix avec le Japon. Le président russe entend ainsi mettre fin à un désaccord remontant à la deuxième guerre mondiale… en cas de réussite la diplomatie russe pourrait sortir renforcée de ce “petit événement”.

    Serveur TVL

    Lien dailymotion

    Lien Dtube

     
  • Le réveil de la poudrière balkanique

    6a00d8341c715453ef022ad38db034200d-320wi.jpgEn acceptant, le 25 août à Kiev, le principe de modifications des frontières balkaniques, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis John Bolton vient d'ouvrir une boîte de Pandore. On doit hélas en redouter les conséquences pour l'Europe entière[1].

    Sa déclaration en réponse à une question conférence de presse porte sur une question apparemment ponctuelle et fort délicate. "Nous n'excluons pas d'adaptations territoriales" a-t-il maladroitement déclaré. Ceci revenait, de la part des Américains, à préempter le résultat des négociations, se déroulant actuellement à Bruxelles, entre la Serbie et le Kosovo. Ce territoire dominé par les Albanais, dirigé par Hassem Thaci, sous une très forte dépendance mafieuse, a été arraché en 1999, par les bombardements de l'OTAN à la souveraineté de Belgrade.

    Rappelons brièvement la situation qui en est résultée. La grande majorité des quelque 1,8 million d’habitants du Kosovo sont des Albanais musulmans mais quelque 120 000 Serbes y vivent encore dans diverses enclaves. Or, au nord de ce qui se veut désormais une république indépendante, il y demeure ainsi un territoire serbe comprenant le nord de la ville de Mitrovica. Cette agglomération de 80 000 habitants est, au sud, majoritairement peuplée d'Albanais. Il y vint environ 65 000 fils de l'Aigle, comme se désigne ce peuple. Mais le nord de la ville est surtout habité par quelque 15 000 Serbes. Elle constitue encore, avec trois autres communes de la région septentrionale du territoire le reliquat de la fiction d'une république multiculturelle indépendante. C'est au nom de cette illusion que les Occidentaux étaient intervenus il y a 20 ans. Ils avaient voté la résolution 1244 du conseil de sécurité et ils avaient envoyé sur place un procurateur international en la personne du bonimenteur Kouchner.

    Grossièrement aujourd'hui, il s'agirait d'échanger la rétrocession à la Serbie du Nord-Kossovo contre l'annexion par les Kosovars de quelques villages frontaliers majoritairement musulmans.

    Ainsi posée, ainsi acceptée par Bolton sous condition d'un accord serbo-albanais satisfaisant les deux parties, la correction des frontières pourrait paraître raisonnable et de bons esprits y voient une fois de plus l'établissement d'un cercle de paix. Rappelons à ce sujet, que ce mot d'ordre, agréable à l'oreille des francs-maçons et des démocrates-chrétiens a toujours été démenti, hélas cruellement, par les faits depuis Wilson, Briand, etc.

    De modeste ambition, son application en cours divise néanmoins les habitants de la petite vallée de Presevo, objet de l'échange.

    Mais ce mince coup de canif dans les frontières que l'on se propose ainsi de rectifier, légitimerait par ricochet une série de projets analogues. D'ampleur infiniment plus importante, leur enjeu dépasserait une fois de plus le terrain balkanique, considéré comme expérimental depuis 1912. Non seulement, située dans le voisinage immédiat, la Macédoslavie basculerait. Les Slaves orthodoxes n'y représentent plus qu'une courte majorité. C'est sur elle que Hashim Thaçi et les réseaux criminels turcs entretiennent des vues prioritaires. Et en Europe occidentale d'autres types de conflagration territoriale ne manqueraient, à l'évidence, se manifester plus rapidement qu'on ne veut l'imaginer.

    Il est encore temps d'enrayer un processus qui pourrait bien avoir été évoqué entre Trump et Poutine lors de leur rencontre du 16 juillet à Helsinki, hypothèse qui nous ramènerait aux pires moments des erreurs diplomatiques occidentales.

    Le 31 juillet, une réunion informelle des ministres européens des Affaires étrangères se tenait à Vienne. Plusieurs responsables ont exprimé leur hostilité. La présidence tournante autrichienne de l'Union, représentée par Mme  Karin Kneissl, craint de voir s’ouvrir la boîte de Pandore des revendications territoriales. Le ministre allemand Heiko Maas a estimé que des discussions sur ce sujet ne sont pas opportunes et "risquent de raviver de vieilles blessures". Tout en jugeant les pourparlers positifs en eux-mêmes, le représentant finlandais Timo Soini met en garde contre le risque résultant de tout échange de territoires. Le Luxembourgeois Asselborn considère qu’un redécoupage entraînerait des effets très négatifs sur d’autres pays. La Grande Bretagne met, elle aussi, en garde contre le risque de déstabilisation.

    Hélas il semble bien que la Commission soutienne le processus …

    JG Malliarakis 

    Apostilles

    [1] Le président actuel du Kosovo Hacem Thaçi, ci-devant chef politique de l'UÇK, théorise et mène la négociation [on lira a ce sujet l'entretien complaisant publié par Le Figaro le 25 juin Hashim Thaci : "La paix entre le Kosovo et la Serbie est inévitable"] son premier ministre la refuse explicitement : le 20 juillet, Ramush Haradinaj, l'ancien chef militaire de l'organisation et des Aigles noirs a ainsi déclaré : toute partition du Kosovo entre zones serbes et albanaises conduirait immanquablement à la guerre. "Pour moi, la division c’est la guerre. Je le dis sans hésiter, il est dangereux d’évoquer une division", avait-il répondu à TV Dukagjini sur l'échange de territoires envisagé entre Belgrade et Pristina. La veille, ce personnage par ailleurs fort dangereux avait déjà promis qu’il n’y aurait "pas de division, d’échanges de territoires ou de modification des frontières".

    http://www.insolent.fr/page/2/

  • Troisième Guerre Mondiale en préparation : La Russie déploie la “plus grande force de navires de guerre de tous les temps” pour mettre fin aux attaques des États-Unis contre la Syrie

    Les chefs de la marine russe ont envoyé leur plus grande force opérationnelle en Méditerranée depuis le début de l’intervention de la Russie dans le conflit syrien en septembre 2015.

    Il comprend au moins dix navires de guerre et deux sous-marins – avec davantage de navires en route, selon le quotidien russe Izvestia.

    La plupart des navires transporteraient des missiles de croisière Kalibr.

    Izvestia cite des experts militaires qui affirment que la flotte sera en mesure de soutenir la campagne de l’armée syrienne dans l’Idlib tenue par les rebelles.

    Cette décision intervient dans un contexte de tensions, alors que la Russie affirme que les États-Unis pourraient se préparer à frapper à nouveau la Syrie en raison de rumeurs de nouvelles attaques chimiques.

    La Syrie est devenue un point de tension entre la Russie et l’Occident alors que Poutine tente de protéger le dictateur Bachar al-Assad de l’intervention de l’Occident au Moyen-Orient.

    Deux frappes de missiles de croisière contre le régime ont été menées par les États-Unis au cours des deux dernières années – avant de répondre directement aux accusations d’attaques chimiques.

    La Russie et la Syrie nient que des armes chimiques ont été utilisées par le régime contre des civils, affirmant qu’elles ont été mises en scène par des terroristes, des rebelles ou même par l’Occident.

    Les médias russes décrivent l’opération comme un “bouclier marin” pour la Syrie – et parmi le groupe d’attaque, on trouve des frégates, des croiseurs et des navires de soutien. 

    Et cela intervient au moment où le ministère russe de la défense prétend que les Etats-Unis sont en train de lancer une action militaire pour soutenir les rebelles qui luttent contre le régime d’Assad.

    Les chefs militaires ont affirmé que les plans américains prévoyaient d’utiliser la “dramatisation”d’une attaque chimique dans la province d’Idlib comme prétexte pour attaquer le régime syrien.

    La Syrie risque d’être le terrain d’une confrontation militaire directe et dangereuse entre les Etats-Unis et la Russie.

    Il a affirmé que les plans américains prévoyaient mettre en scène une attaque chimique dans la province d’Idlib comme prétexte pour attaquer le régime syrien.

    Konashenkov a mis en garde qu’une attaque au gaz par des militants de Jabhat An-Nusra, l’un des plus grands groupes djihadistes en Syrie, sera imputée à Assad.

    Elle provoquera alors le bombardement du gouvernement syrien – et sera coordonnée par les “services spéciaux” britanniques

    Konachenkov a dit : “La mise en scène de cette provocation avec la participation active des services spéciaux britanniques doit servir de nouveau prétexte aux frappes de missiles et de bombes des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France contre le gouvernement et les installations économiques de la Syrie.”

    Il a averti que les actions des nations occidentales conduiront à une “escalade dramatique de la situation au Moyen-Orient”.

    Les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont mené une attaque aux missiles de croisière en réponse à une attaque aux gaz le 14 avril.

    Et elle suit une attaque des États-Unis le 7 avril 2017 sur la base aérienne de Shayrat – également en réponse à une attaque chimique.

    Source: Daily Star

    https://michelduchaine.com/2018/09/04/troisieme-guerre-mondiale-en-preparationla-russie-deploie-la-plus-grande-force-de-navires-de-guerre-de-tous-les-temps-pour-mettre-fin-aux-attaques-des-etats-unis-contre-la-syrie/

  • Twitter, Facebook, Youtube… Un été 2018 de censure

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    Par Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples ♦ La censure des dissidents français et européens a récemment atteint un point paroxystique. L’ensemble des réseaux sociaux et des plateformes numériques semblent s’être mis d’accord afin de limiter au maximum l’influence des personnalités s’opposant au cosmopolitisme prôné par la super-classe mondiale.
    Michel Geoffroy s’est donc logiquement décidé à lister les principaux faits de censure mis en œuvre durant la torpeur estivale de cet été 2018.
    Une introduction parfaite au prochain Forum de la Dissidence organisé par Polémia : Face à la censure, tous dissidents ! De nombreux intervenants viendront témoigner et apporter des solutions concrètes à ces pratiques qui mettent en péril l’avenir de la France et de l’Europe. Réservez dès maintenant vos places : www.weezevent.com/forum-dissidence.

    Petit récapitulatif des faits de censure effectuée par des entreprises « privées » révélés ou dénoncés cet été 2018

    – Accusations portées par Donald Trump contre le moteur de recherche de Google qui privilégierait les sources de gauche et marginaliserait les sites conservateurs américains. (28 août)

    – Fermeture du profil de Robert Spencer, auteur d’ouvrages critiques contre l’islam, sur la plate forme de paiement Gofundme. Une nouvelle censure après celle de son profil Patreon. (21 août)

    – Suppression des comptes d’Alex Jones (« conspirationniste » américain) et de son site Infowars ainsi que de Télésur (latino-américain) sur Facebook, Google, YouTube, Apple, LinkedIn, le service d’envoi d’e-mails MailChimp et Pinterest (8 et 24 août).

    – WordPress.com, la principale plate-forme d’hébergement de sites Web dans le monde, a supprimé ces derniers jours plusieurs sites « conspirationnistes ».  (17 août )

    – Google mémorise les déplacements de ses usagers à leur insu. (14 août)

    – Fichage illégal d’internautes pour leurs tweets sur l’affaire Benalla. Un fichage illégal effectué par l’ONG UE DisinfoLab qui serait proche de LREM. L’affaire a été portée devant la CNIL  (10 août).

    – Facebook a bloqué les comptes de centaines de militants  de droite « Free Brazil » au Brésil dans le cadre de leur campagne contre les Fake News. Cette initiative a scandalisé. Beaucoup accusent Facebook d’interférer dans l’élection présidentielle à venir. (29 juillet)

    – Twitter est sous le feu des critiques pour avoir limité la visibilité de figures conservatrices sur la plateforme. Le réseau social a plaidé une erreur de l’algorithme qui vise à s’attaquer aux trolls, assurant qu’il cherchait à l’améliorer. Le média Vice a publié un article ce 25 juillet expliquant que plusieurs comptes de personnalités conservatrices, tels que celui du fils du Donald Trump, des représentants du Congrès Mark Meadows, Matt Gaetz, Jim Jordan ou encore de la présidente du parti Républicain RonnaMcDaniel, étaient enfouis dans les entrailles du site et difficilement accessibles. (26 juillet)

    – Tama D’Haen, responsable communication du tourisme en Flandre, était l’invitée de RT France ce 26 juillet. Elle est revenue sur la politique de censure de Facebook concernant la nudité des tableaux de maîtres flamands. (26 juillet)

    – Plus de chronique pour Eric Zemmour dans la matinale de RTL. (14 juillet)

    – Des chercheurs de l’University College London et de l’Alan Turing Institute viennent de démontrer que l’on peut  identifier avec exactitude un utilisateur de Twitter avec un stupéfiant pourcentage en utilisant seulement les tweets et les métadonnées accessibles au public par le biais d’un algorithme de machine-learning. [apprentissage-machine]. Les chercheurs ont découvert que leur algorithme le plus élémentaire pouvait identifier correctement un utilisateur individuel dans un groupe de 10 000 personnes en utilisant seulement 14 métadonnées de leurs messages sur Twitter dans près de 96,7 % des cas. (10 juillet)

    – En 2 mois, Twitter a suspendu 70 millions de comptes suspects, soit plus d’un million de comptes supprimés par jour selon le Washington Post. Ces données ont été confirmées par Twitter. En mai, l’épuration a atteint un point culminant avec plus de 13 millions de comptes suspendus en une seule semaine. (10 juillet )

    – La sortie du nouveau livre de Thilo Sarrazin, OPA hostile – Comment l’islam freine le progrès et menace la société, était initialement prévue pour fin août mais sa maison d’édition, Random House, qui appartient au groupe Bertelsmann, a annulé celle-ci, a affirmé l’auteur au quotidien Bild. (6 juillet)

    – Un journal qui publiait des extraits de la déclaration d’indépendance américaine a vu l’un des ses messages supprimé par Facebook qui l’a considéré comme un « discours haineux ». Le réseau social a finalement fait marche arrière et s’est excusé. (5 juillet)

    – Personnalisation des baskets Adidas : « Obama » et « Palestine » interdits, « Israël » et « bombe » autorisés. (2 juillet 2018)

    – Une semaine après avoir fermé sa chaîne principale, ce sont les autres chaînes de TV Libertés qui ont été « arbitrairement » fermées par YouTube, selon Martial Bild. Interrogé par RT France, il dénonce une « volonté politique » de sanctionner son média.

    Après avoir fermé la chaîne du journal de TV Libertés le 14 juin, invoquant une violation des droits d’auteur, YouTube a décidé le 23 juin de fermer les autres chaînes du média accessibles sur sa plateforme.

    Michel Geoffroy 03/09/2018

    Crédit photo : Domaine public, via PixaBay

    https://www.polemia.com/twitter-facebook-youtube-ete-2018-censure/

  • Mathieu Bock-Côté : « Après l’illusion du nouveau monde, le réel reprend ses droits »

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    C'est à lire ! À discuter !

    Interview. Alors que l'opinion jauge la rentrée politique compliquée d'Emmanuel Macron, le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté analyse ici pour Valeurs actuelles* le désenchantement d'une présidence qui avait, depuis le début, envoûté une bonne partie de la population et de l'opposition. 

    Dans Le nouveau pouvoir, Régis Debray parle de « dépolitisation de la politique ». Emmanuel Macron a-t-il « dépolitisé » son action depuis son élection ?

    À certains égards, oui. Emmanuel Macron, très consciemment, a cherché à monopoliser l’aspiration au renouveau qui traverse la vie politique française depuis quelques années. Il s’est voulu le grand débloqueur d’une société bloquée. C’était de bonne guerre: qui n’aurait pas réclamé ce rôle ? Il s’est même cru prêt à enfiler les habits de l’homme providentiel : il se croyait assez grand pour eux. C’était peut-être un peu présomptueux.  

    Rappelons-nous les suites immédiates des législatives, après la victoire d’En Marche: Macron voulait manifestement rassembler dans son parti l’ensemble des volontés réformatrices. Plus encore, c’est à l’intérieur d’En Marche que devaient s’exprimer les contradictions raisonnables de la société et ses débats légitimes, Emmanuel Macron accomplissant finalement le vieux fantasme giscardien d’un parti rassemblant deux Français sur trois, dans une société purgée de ses passions tristes et renouant avec l’optimisme et le progrès. Le parti moderniste, résolument européen et partisan de la mondialisation heureuse, venait de rassembler ses troupes et de faire éclater les vieux clivages, qui le divisaient contre lui-même. Une France nouvelle, réconciliée avec son époque, allait émerger. Dans cet esprit, tout désaccord de fond avec la nouvelle présidence était assimilé à une forme d’extrémisme ou de populisme et devait être refoulé dans les marges – au mieux, c’était un reste pétrifié du monde d’hier qu’il s’agissait simplement de laisser mourir. Autrement dit, Emmanuel Macron a rêvé de recréer l’espace public en occupant tout son espace central, pour refouler ses adversaires dans la périphérie. 

    Il faut dire qu’il avait une situation stratégique exceptionnelle. Le paysage politique semblait en décomposition grave. Le FN s’est disqualifié lors de la présidentielle, la droite était cognée, hébétée, sonnée, groggy, la gauche classique semblait ramenée à un créneau très étroit, d’autant que Macron s’était en partie fait élire en occupant son espace politique. Macron pouvait redéfinir le jeu politique à son avantage en choisissant ses adversaires. Il y est parvenu pendant un temps en privilégiant son affrontement avec Jean-Luc Mélenchon, avec la complicité du système médiatique qui était très heureux de se débarrasser de la question identitaire, comme si sa présence dans le débat public relevait désormais d’un mauvais cauchemar dont la France serait sortie. Macron lui-même n’est pas très à l’aise sur ces questions: dans la mesure du possible, il s’en tenait éloigné.

    Mais la dynamique politique était inévitablement appelée à se recomposer. Macron ne pouvait rester éternellement maître du jeu. En politique, même le plus chanceux des hommes ne dispose pas éternellement d’une conjoncture idéale.

    « Il ne suffit pas d’avoir un jeune président charmant, cultivé et audacieux pour faire oublier que nos temps sont tragiques et que des questions comme l’immigration massive, par exemple, continuent de se poser brutalement à notre civilisation, comme on l’a vu cet été avec l’Aquarius. En d’autres mots, les questions politiques les plus fondamentales remontent à la surface et il faut y répondre politiquement. »

    Quand il est interrogé sur l’action qu’il met en oeuvre, Emmanuel Macron situe souvent sa réponse sur le terrain des résultats et de l’efficacité, et refuse de débattre de ses idées. Quelles sont les conséquences de ce positionnement sur la vie politique française ? 

    C’est la posture classique de ce qu’on appelait encore hier la troisième voie, qui prétend faire une politique post-idéologique. Autrement dit, Macron reprend en ce moment la stratégie de Tony Blair (photo) , qui disait mener non pas une politique de gauche ou de droite, mais une politique efficace. La politique ne serait qu’une forme achevée de pragmatisme. C’est une manière de dissoudre la politique dans la seule gestion, et d’invisibiliser rhétoriquement le fondement philosophique de toute décision politique. Ce n’est qu’une illusion, évidemment: quoi qu’on pense, toute décision politique engage une certaine idée du monde, une certaine idée de l’homme. Et pour cela, les idées de Macron doivent être débattues. Il est nécessaire d’expliciter la philosophie macronienne, comme ont cherché à le faire chacun à leur manière Brice Couturier et Philippe Raynaud, qui en proposent une lecture à la fois favorable et convaincante dans deux ouvrages de grande qualité. 

    La grande question de notre temps est la question identitaire. C’est à travers elle qu’aujourd’hui, on renoue avec les fondements de la cité. Le préjugé matérialiste commun aux libéraux et aux marxistes ne doit plus nous faire écran : l’homme ne saurait se réduire à la simple gestion de ses besoins primaires, même si les questions économiques sont évidemment fondamentales. On pourrait en dire de même des questions sociétales. Encore la droite doit-elle s’emparer sérieusement de ces questions, ce que fait notamment un Bruno Retailleau, il faut le mentionner. Une question s’impose, finalement: dans quelle civilisation voulons-nous vivre ? Il importe alors de mettre en scène les désaccords fondamentaux qui aujourd’hui, émergent dans la vie publique, sans chercher à se cacher derrière un faux consensualisme. 

    Dans ce contexte, la droite a tout intérêt à assumer nettement son désaccord avec le président, et à ne pas se laisser intimider par ceux qui l’accusent de se « radicaliser » ou de se « droitiser »: ces accusations servent surtout à la neutraliser idéologiquement, à l’inhiber politiquement et culturellement. Elles sont normalement relayées par cette frange de la droite idéologiquement satellisée par la gauche et qui n’en finit plus de donner des gages de respectabilité au camp d’en face, pour enfin recevoir son brevet d’humanisme.

    « Ceux qui voudront défier véritablement Emmanuel Macron ne devront pas simplement se présenter comme de meilleurs gestionnaires des mêmes idéaux que lui, mais marquer une différence philosophique de fond sur leur conception du monde et de la France. »

    Peut-on établir un lien entre la disparition du politique et l’européanisation de notre vie politique ?

    Absolument. Ce lien est même fondamental : si on ne le fait pas, on ne comprend plus rien. Dans la modernité, le cadre national permet une démocratisation du politique: c’est dans ce cadre qu’un peuple peut délibérer des finalités qu’il entend poursuivre politiquement, dans la mesure où les hommes, pour débattre, ont besoin d’un monde commun, d’un univers de sens partagé et de repères dépassant leurs désaccords. Le politique quitte alors le registre de la gestion pour s’inscrire dans celui du projet collectif, qu’on ne confondra pas avec celui de l’utopie. Philippe Seguin, en son temps, l’avait deviné : qui largue la nation largue le politique. Le préjugé habermassien qui veut que le politique, pour renaître à l’heure de la mondialisation, doive être reconstitué au niveau supranational est désavoué par la réalité : il suffit de regarder l’Europe d’aujourd’hui pour constater que le niveau national demeure celui où le politique est substantiel. C’est là où se révèle le mieux sa part sacrée. J’ajoute que les nations ne sont pas des constructions artificielles sans profondeur, que l’on pourrait déconstruire pour composer ensuite aussi artificiellement de nouvelles formes politiques. On relira sur la question les travaux essentiels de Pierre Manent(photo)

    Je rappellerai un principe tout simple : la démocratie a besoin d’un peuple pour s’incarner, sans quoi, elle se dénature dans une forme de juridisme minimaliste qui laisse complètement l’aspiration des hommes à maîtriser leur destin. Et il n’y a pas de peuple européen au singulier. Dès lors, l’Europe telle qu’elle s’est construite depuis trente ans était une machine à neutraliser les peuples : pire encore, elle avait la tentation de dissoudre son être historique, comme si elle devait donner l’exemple d’un monde devant se vider de toute substance pour s’universaliser. Faut-il pour autant congédier l’Europe à la manière des Britanniques ? Si j’étais britannique, j’aurais voté en faveur du Brexit, mais la France n’est pas la Grande-Bretagne. Sa situation géopolitique n’est pas la même. Le choix n’est pas entre l’Europe des européistes et le saut vers le Frexit.

    « Il faut reconstituer politiquement l’Europe, mais non pas à la manière d’une superstructure technocratique désincarnée et autoritaire neutralisant et déconstruisant ses nations. La civilisation européenne n’est pas cette masse floue, aux frontières indiscernables qui en vient à dégoûter les peuples mais une réalité historique qu’on ne parviendra à constituer politiquement qu’en respectant la diversité des peuples qui la composent, et en ne cherchant pas non plus à les homogénéiser et les standardiser bêtement. »

    Il y a dans tout cela une dimension très pratique. Les souverainetés nationales sont en ce moment entravées et condamnées à l’impuissance : elles doivent se délivrer de ce qui les étouffe. Cela impliquera notamment de rompre avec le gouvernement des juges à l’européenne qui incarne une forme de despotisme droit-de-l’hommiste à la légitimité plus qu’incertaine. De ce point de vue, qui prend au sérieux la réforme de l’Europe est obligé de constater qu’à travers elle, on renoue avec la question du régime.

    Un peu moins d’un an et demi après son élection, la politique de Macron est critiquée pour la première fois pour son inefficacité (chômage, croissance, immigration, couacs du prélèvement à la source, démission de Hulot…). Vit-il un tournant de son quinquennat de ce point de vue-là ? 

    Ce qui me frappe, en ce moment, c’est le désenchantement assez brutal d’une présidence qui avait d’abord envouté une bonne partie de la population, et même, de l’opposition. Pendant quelques mois, on ne savait pas trop comment s’opposer à Macron. Élu par la gauche, il était même parvenu, avec un certain talent, à occuper une partie l’espace symbolique du conservatisme, en restaurant la verticalité de la fonction présidentielle, et en restaurant la dimension littéraire de la parole présidentielle. Macron ne faisait pas honte. Il redonnait même une certaine fierté aux Français.

    « Macron avait compris qu’il pouvait occuper une partie de l’espace de la droite à très peu de frais. De même, à coup de petites phrases bien calculées, il savait aussi occuper l’espace de la transgression. Sa popularité des derniers mois vient d’abord de là. Et c’est aussi par là qu’il déçoit, car il y a des limites à se maintenir au sommet grâce au pouvoir de l’illusion : la politique n’est pas qu’un théâtre. Un jour, la rhétorique doit se concrétiser, ou alors, elle devient exaspérante. »

    Mais vous avez raison, Macron se présentait comme celui qui réussirait là où les autres ont échoué. Il débloquerait la France. Il redonnerait de la vigueur à l’action publique. C’était l’anti-décliniste en chef. Qu’en est-il ? Ne soyons pas trop sévère. On ne change pas en un an de part en part, et cela, même si on opte pour la thérapie de choc, ce que Macron n’a pas fait. Il faudra encore du temps pour évaluer les effets de ses politiques sociales et économiques, sur lesquelles il voulait être évalué, même s’il commence à s’embourber. Mais ses adversaires seront en droit de lui demander : vous pensiez restaurer l’action publique et lui redonner sa noblesse. L’avez-vous fait ? Tout dépend des attentes du commun des mortels par rapport au pouvoir. Il sait qu’il n’est pas capable de miracles : mais il espère au moins quelques décisions résolues de la part de leaders ne reculant pas à la première tempête. 

    Alors que les résultats sont moins au rendez-vous, Macron a-t-il touché les limites de la dépolitisation, perçue jusqu’alors comme une réponse possible à l’instabilité politique et aux blocages issus des prétendues crispations idéologiques des représentants de « l’ancien monde » ? 

    Nouveau monde, ancien monde, ces distinctions, pour moi, ne veulent pas dire grand-chose. Nous sommes ici victimes d’une sloganisation de la pensée politique. La vie politique, qu’on le veuille ou non, met d’abord en scène les contradictions qui traversent une cité et il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps ! Des hommes s’affrontent, des valeurs s’affrontent, des philosophies s’affrontent. On peut bien refouler dans les marges toutes les contradictions fondamentales: on crée alors les conditions d’une révolte « populiste » ou du moins, on favorise le retour de la fonction tribunicienne, qui donne l’illusion d’une insurrection démocratique des classes populaires, alors qu’elle consacre leur sécession civique. Emmanuel Macron ne se sauve pas de la politique et découvre même que les familles politiques issues du « monde d’hier » sont bien plus résistantes qu’on ne le croyait. Dans le monde qui est le nôtre, Emmanuel Macron découvre l’opposition et constate que ses idées sont contestées et que sa majorité est contradictoire. Si vous voulez, après l’illusion du nouveau monde, le réel reprend ses droits.

    La volonté de gouverner « en même temps » pourrait-elle faire office d’idéologie si Emmanuel Macron se décidait à abandonner son discours technocrate pour « redonner du sens politique » à son action, comme le réclament certains de ses proches aujourd’hui ?

    Tout gouvernement, quel qu’il soit, gouverne selon le principe du « en même temps », dans la mesure où dans la cité s’expriment des aspirations humaines contradictoires mais également légitimes. Il y a au cœur de l’homme une aspiration à l’enracinement, mais il y en a aussi une au cosmopolitisme. Il y a une aspiration à l’appartenance, mais une autre à la dissidence. Il y en a une à la liberté, et une autre à l’égalité. L’art politique consiste à composer avec ces aspirations contradictoires, en sachant qu’elles sont inégalement répandues dans la population, et que d’une époque à l’autre, elles peuvent varier dans leur intensité. Un homme politique qui voudrait enfermer le monde dans une seule idée pourrait à bon droit se faire accuser de mutiler le réel et d’étouffer la vie qui s’exprime toujours dans mille contrastes, et dans de vraies et belles contradictions. 

    « Cela dit, l’en-même-temps macronien semble moins se présenter comme une doctrine transcendant les pôles contradictoires de la vie politique autour d’un projet sachant donner une direction à notre époque qu’à la manière d’une doctrine s’enfermant peu à peu dans ces contradictions, sans parvenir à les surmonter. »

    Macron parle de la psychologie profonde des peuples mais en même temps, semble croire à leur dissolution dans un grand tout mondialisé, comme si la souveraineté française devait se transvider intégralement dans la souveraineté européenne. Il célèbre la culture classique française, au point même de l’incarner de très belle manière, mais il se permet aussi des pitreries culturelles (photo) qui ne sont pas à la hauteur de la fonction présidentielle. Il annonce une certaine fermeté en matière migratoire mais assimile aux passions tristes la peur de devenir étranger chez soi, qui hante aujourd’hui les peuples européens.

    Traduisons tout cela de manière prosaïque : on ne peut pas être éternellement Jean-Michel Blanquer et Marlène Schiappa. Un jour, il faut choisir.  

    * 5.09.2018

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/index-2.html

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