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international - Page 709

  • Vladimir Poutine entre guerre mondiale d’un nouveau type et espionnage de masse. Dernière partie du film d’Oliver Stone

    Entre attaques meurtrières à distance, guerre des « hackers », espionnage de masse, et mise en œuvre de l’État d’urgence permanent, la dernière partie de l’entretien du cinéaste américain avec le président Poutine, en transcription exclusive, est au cœur de l’actualité. Elle est particulièrement éclairante sur les dangers physiques de la cyberguerre, mais encore sur la privation des libertés essentielles que constitue un espionnage en grand des citoyens, sans aucun contrôle judiciaire préalable, par le biais des moyens techniques prodigieux qui se développent sans cesse. Ces questions ne concernent pas seulement les supposées interférences des Russes dans les élections américaines ou bien plus encore l’ingérence des Américains dans les affaires des autres États, mais cela concerne directement la France. En effet, le président Macron s’apprête à mettre sous surveillance l’ensemble des Français en tentant de faire passer dans le droit commun les lois d’exception de l’État d’urgence. De plus la France étant membre de l’OTAN son armée se trouve directement impactée par les choix stratégiques américains, d’autant plus que les USA ne cessent d’augmenter leur budget militaire, alors que la France ne cesse de le rogner.

    Il faudrait avoir visionné le film d’Oliver Stone intitulé « Snowden » paru il y a quelques mois à peine, pour comprendre parfaitement l’intérêt de cette dernière partie du film d’Oliver Stone intitulé « Conversation avec M. Poutine ». En effet, c’est parce que le passeport d’Édouard Snowden pour l’Amérique Latine où il allait chercher asile, a été annulé durant son transit vers l’étape de Moscou, qu’Édouard Snowdon s’est retrouvé coincé à l’aéroport de Moscou. Et c’est durant le tournage de la fin du film « Snowden » que les hasards ont permis à Oliver Stone de prendre contact avec Vladimir Poutine. De ce fait, le film apparaît bien souvent, et notamment dans cette dernière heure, comme une suite de « Snowden ».

    Le cinéaste pousse ici son interlocuteur sur des terrains brûlants, en essayant de dénouer les conflictuelles relations internationales. Il tente, à travers les révélations du chef russe, de cerner les tensions, et peut-être de prévenir une guerre généralisée d’un nouveau type avec de redoutables nouveaux moyens techniques qui pourraient conduire à la fin du monde.

    Les deux premières heures du film qui en comporte quatre, étaient passées sur France 3 à une heure de grande écoute. La deuxième et la troisième partie, plus proches de l’actualité, sont au contraire passées tard dans la nuit et ne sont plus actuellement visibles en « replay ». Je vous avais proposé un compte-rendu de la première partie, et une transcription de la seconde partie sur l’Ukraine. Voici la transcription de la dernière partie aujourd’hui.

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  • Le « ratio Texas » et les faillites à venir des banques en Europe !

    On se rappelle le tollé et les remous médiatiques qu’avait causés François Fillon lorsqu’il avait eu le malheur d’évoquer une France en faillite. La vérité à ne pas dire a donc été divulguée d’une façon officieuse par un organisme privé dont le métier est, justement, d’analyser les risques financiers et bancaires : l’agence de notation Fitch, lors d’une déclaration toute récente de sa directrice budget Gandy pendant une conférence à Londres.

    En fait, trop de banques en Europe – et plus particulièrement en Italie, Grèce, Espagne et Allemagne – sont comme des malades condamnés à mort dont la poursuite des activités ne dépend plus d’eux mais du simple bon vouloir de leurs gouvernements et des pressions plus ou moins grandes de Bruxelles et de la BCE. Le destin de ces banques est donc soit la disparition pure et simple, ce qui est impossible en raison de la ruine des déposants, soit (ce qui revient au même financièrement) le rachat pour un euro symbolique par une autre banque moins malade qui cherche aussi, souvent, à se sauver en diminuant l’importance de ses frais d’exploitation tout en trouvant de nouveaux clients. Le plus souvent, et dans la quasi-totalité des cas, il y a un apport de capitaux publics ou des garanties publiques sur des emprunts par l’acheteur, ce qui a pour effet de continuer à dégrader la situation financière déjà impossible des États. C’est de cette façon qu’a été réglée la crise des « subprimes » ; le problème, le malheur, c’est que la crise continue.

    Bruxelles et la BCE (Banque centrale européenne) ont imposé comme solution à l’Europe, en cas de faillite des banques, la spoliation technocratique pure et simple, en priorité, des obligataires et, ensuite, en partie ou complètement, des dépôts de leurs clients (« chyprisation »). Il se trouve que c’est impossible à mettre en pratique dans la réalité, suite à la ruine des trop nombreux déposants et aux conséquences politiques dans les pays concernés.

    Pour nous rassurer, les médias ainsi que la BCE dans ses enquêtes nous parlent toujours des sacro-saints ratios de la BRI (Banque des règlements internationaux) à Bâle, plus particulièrement du fameux ratio de 10 à 12 % entre les capitaux propres et les actifs bancaires. Mais ce ratio, condition nécessaire dans une économie saine, est tout à fait insuffisant dans une économie en quasi-faillite ! Le seul ratio qui importe, mais jamais divulgué par la BCE, les gouvernements et les autorités bancaires, est le « ratio Texas », qui compare les créances douteuses aux fonds propres des banques. Selon l’agence Fitch, une banque est en quasi-faillite lorsque le ratio Texas dépasse 100 %, ce qui signifie qu’elle ne dispose pas des capitaux propres nécessaires pour faire face à ses créances douteuses.

    Si l’on prend l’exemple de l’Italie, pays le plus dangereux actuellement, le montant des créances douteuses des banques s’élève à 350 milliards d’euros, ce qui représente 16,4 % de leurs actifs. Les banques les plus menacées dans l’immédiat, après les sauvetages en cours de Monte Dei Paschi, Banco Popolare di Pienza , Veneto Banca, sont : MPS, Carige, Creval, Vénétie et Vicenza. Selon le journaliste Charles Sannat, sur les 500 banques qui existent en Italie, 114 ont un ratio Texas de plus de 100 % et 24 ont un ratio de plus de 200 %.

    La situation est tout aussi grave en Grèce (47,1 % de créances douteuses), Chypre (46,7 % de créances douteuses), Espagne et même en Allemagne avec quelques banques telles que Bremer Landesbank et HSH Nordbank, la Deutsche Bank venant tout juste de sauver sa tête après une augmentation de capital en provenance du Golfe. Selon le FMI, le montant des créances douteuses en Europe s’élève à 900 milliards d’euros.

    L’euro, excellente idée, risque donc d’être emporté par le système moribond du QE (quantitative easing) des banques centrales, par l’hyper-endettement des États et des agents économiques, et par une faillite en chaîne de banques en Europe. 1929 a commencé avec la faillite d’une seule banque à Vienne : la Kreditanstalt.

    http://www.bvoltaire.fr/ratio-texas-faillites-a-venir-banques-europe/

  • Donald Trump met fin à un programme d’aide de la CIA aux djihadistes « modérés » en Syrie

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    Donald Trump vient d’imposer à la CIA de mettre fin à son programme de soutien aux « rebelles syriens » qui a aidé pendant plusieurs années des organisations islamistes prétendues « modérées » à tenter de renverser le président syrien Bachar el-Assad. La décision a été prise après un entretien entre le président Donald Trump, le directeur de la CIA, Mike Pompeo, et le conseiller à la Sécurité nationale, le général Herbert Raymond McMaster.

    Cette aide militaire offerte par la CIA à des djihadistes avait officiellement été enclenchée il y a quatre ans, sous la présidence de Barack Obama.

    La Maison Blanche et la CIA se sont refusées à tout commentaire. Mais l’agence Reuters relativise en précisant que l’arrêt de ce programme ne remet pas en cause le soutien des Etats-Unis à certains groupes rebelles en Syrie, notamment avec des frappes aériennes.

    Le Washington Post considère que la fin de ce programme de soutien aux « rebelles syriens » témoigne de la volonté du président Donald Trump de «trouver des moyens de travailler avec la Russie».

    L’ancien président Barack Obama avait approuvé ce programme d’aide de la CIA aux islamistes en 2013.

    Des milliers de combattants islamistes ont été formés et armés par les Etats-Unis et par d’autres nations alliées des Américains.

    «L’argent dépensé par la CIA a tout d’abord profité à Al-Qaïda», a rappelé le journaliste Rick Sterling. «Armer et entraîner des rebelles qui ont immédiatement rejoint le Front al-Nosra a été un gâchis d’argent monumental.»

     

    http://www.medias-presse.info/donald-trump-met-fin-a-un-programme-daide-de-la-cia-aux-djihadistes-moderes-en-syrie/77341/

  • Entre humour, provocation et combat radical, l’Alt-Right à l’assaut de l’Amérique !

    Une véritable campagne médiatique planétaire contre la Alt-Right a suivi l'élection de D.Trump, Nous avons posé à Anon Frog, un universitaire spécialiste de la culture et de la politique nord-américaine utilisant ce pseudonyme dans une des meilleures études sur le sujet dans la revue Rébellion, quelques questions pour comprendre la nature de ce phénomène en développement que nous évoquons par souci d'information mais dont RIVAROL n'assume pas la totalité des positions, des méthodes et des orientations.

    R. : Comment définir l'Alt-Right ? Pourquoi ce nom ?

    Anon Frog : Il s'agit d'une contre-culture nationaliste américaine, et plus généralement anglophone. Le nom est une contraction d'Alternative Right, le mouvement s'étant dès ses débuts défini par son opposition au néoconservatisme majoritaire au sein du Parti Républicain. C'est l'Autre Droite, celle qui fait peur.

    R. : La campagne des présidentielles américaines est l'acte de naissance de l'Alt-Right ou ses racines sont-elles plus anciennes ?

    A. F. : Le terme existe depuis 2008, et on peut trouver des accents très proches de ceux de l'Alt-Right chez les théoriciens et politiciens paléoconservateurs des années 1980 jusqu'au milieu des années 2000 (notamment Pat Buchanan et Ron Paul dans le monde politique, Paul Gottfried dans le monde universitaire et Samuel Francis dans le monde journalistique). Mais la campagne présidentielle de 2016 a servi de rampe de lancement pour le mouvement, qui demeurait auparavant une curiosité anecdotique confinée à des blogs et des sites.

    R. : Quelles sont les composantes de l’Alt-Right (revues, sites, réseaux) ?

    À; F. : Les réseaux sont encore très informels, même si des groupes de militants émergent au niveau local (citons le Traditionalist Workers Party, Identity Evropa — sic — et Vanguard America, qui regroupent des étudiants et des jeunes travailleurs). En l’état, les vitrines de l'Alt-Right sont un ensemble de sites le Daily Stormer, The Right Radix Journal, Altright.com, et bien entendu la centrale à idées que constitue le 4chan et sa sous-section « Politically Incorrect » ou /pol/ R.: Quelle est la stratégie de ce courant? autonomie et la viralité semblent être la règle de son action ?

    A- F. : Oui, avant Trump l'Alt-Right était complètement déconnectée de tout enjeu politique concret, et même après lui elle reste marginale, ses visées sont donc métapolitiques. Les alterno-droitards veulent implanter leurs thèmes de réflexion dans l'esprit des Euro-Américains et leur rendre une conscience identitaire volée par un bon demi-siècle d'hégémonie du marxisme culturel du néoconservatisme (les deux n'ayant rien de contradictoire).

    R. : Les références au monde des jeux-vidéos et de l'Internet sont nombreuses dans l'univers de l'Alt-Right. Ce phénomène existerait-il sans internet ? Quel est son lien avec la pratique du "trollage" ? 

    A. F. : 4chan a beaucoup joué dans cette ;: omniprésence de références aux jeux-vidéos, ainsi qu'aux mangas. Avant de devenir un forum fourre-tout, c'était un espace de discussion lié à la culture populaire japonaise, : et le thème est resté comme réfèrent culturel commun pour les participants, y compris dans sa section /pol/ où la BD nippone laisse lia place à des officières de la Waffen-SS mais dans un style toujours inspiré du manga. Le fait que les Japonais aient été sacrés « Aryens d'honneur » par Adolf Hitler n'y est pas tout à fait étranger... Ce bain culturel au départ très éloigné de toute considération politique a parfois des effets inattendus : ainsi le jeu-vidéo Crusader Kings I, ayant pour thème les croisades, a contribué à rendre populaire sur Internet le cri de ralliement « Deus Vult ! » auprès de jeunes gens qui rêvent désormais de reprendre Constantinople et Jérusalem...

    Quant au trollage, il s'agit de la méthode de propagande privilégiée de l'Alt-Right. C'est d'abord une propagande à usage interne reposant sur des codes souvent obscurs pour les novices, mais l'idéal reste quand même de l'exporter sur des média ennemis. Quoi de plus drôle en effet que de faire sortir de ses gongs une féministe juive aux cheveux bleus en lui envoyant sur Twitter un montage grossier de Donald Trump en gardien de camp de concentration ?

    R. : La base du mouvement est très jeune?

    A. F. :Les quelques figures connues sont des hommes entre 30 et 50 ans, mais l'Alt-Right regroupe effectivement une majorité d'étudiants, de jeunes travailleurs, voire de lycéens et de collégiens, dont l'activisme consiste surtout à rire sur Internet aux dépens de toutes les minorités agissantes au sein de la société américaine.

    R. : Que représente la figure de « Pepe the frog »?

    A. F. : C'est une grenouille anthropomorphe issue d'une bande-dessinée n'ayant rien de politique qui est, par les mystérieuses voies de l'Internet, devenue une image virale sur 4chan avant de se répandre partout ailleurs. L'Alt-Right en a fait sa mascotte et compte parmi ses plus grands faits d'armes l'inclusion de Pepe dans la base de données des « symboles de haine » de l’Anti-Defamation League (la LICRA américaine). Une religion parodique s'est organisée autour de la grenouille les 4chaneurs utilisent depuis des années le mot "kek" comme synonyme de "lol » (« mort de rire »). L'un d'eux a découvert que c'est également le nom d'une divinité égyptienne du chaos, représentée par une grenouille anthropomorphe. Pepe est depuis considéré comme un avatar de Kek, "dieu" longtemps endormi et ranimé par des internautes désœuvrés, qui a décidé pour l'instant d'aider les peuples européens à combattre le cosmopolitisme et la décadence mais qui peut se détourner d'eux à n'importe quel moment.

    R. : Comment faire la part entre l’humour noir, la provocation et les convictions réelles dans tes manifestations souvent drôles et violentes de ce courant sur le net ?

    A. F. : Andrew Anglin, le créateur et principal contributeur du Daily Stormer, explique dans son manifeste que « à l’ère du nihilisme, l'idéalisme absolu doit se draper d'ironie pour être pris sérieusement. Quiconque se présente comme quelqu'un de sérieux sera immédiatement perçu de façon contraire à travers les lentilles blasées de notre environnement post-moderne ». Son site distille la rhétorique la plus sulfureuse de toute l'Alt-Right, mais aussi la plus comique. Ne disposant d'aucune possibilité d'action politique à grande échelle, le mouvement compense en tenant des propos souvent outrageux, par exemple le mantra « Gas The K…, R… War Now ! » (« gazons les y…, on veut la guerre raciale ! ») répété jusqu'à plus soif. Toujours la logique de la provocation et du trollage, qu'on pourrait résumer ainsi puisque nos ennemis vont nous traiter de nazis quoi que nous fassions, nous allons assumer jusqu'au bout cette imagerie de façon parodique. Mais qu'on ne s'y trompe pas : derrière les plaisanteries, il y a des convictions solides quant à l'ordre du monde.

    R. : Comment le mouvement a-t-il gagné la guerre de la communication lors de la campagne présidentielle américaine ? Dans quelle proportion son action a-t-elle contribué à l'élection de Trump ?

    A. F. : C'est très difficile à estimer. L'enthousiasme populaire pour Trump dépasse bien sûr très largement les rangs de l'Alt-Right. Un fait sûr néanmoins : celui-ci n'ai pas du tout pâti de leur soutien durant la campagne. La dénonciation par Hillary Clinton de la « marge radicale » qui se serait emparée du Parti Républicain lors de son discours de Reno fin août 2016 est sans doute la plus grande victoire de l'Alt-Right et a contribué à la faire connaître d'un public plus large. En outre, une partie du vocabulaire du mouvement a contaminé les Américains pro-Trump plus modérés et ce que certains appellent l’Alt-Light" (des nationalistes civiques opposés au politiquement correct mais plus judéo-compatibles). Ainsi, sur le forum géant Reddit, la section des partisans de Trump (intitulée r/The_Donald) regorge d'images de Pepe et a fait sienne l'insulte "cuckservative" (« conservateur cocu ») popularisée par l'Alt-Right, sans toutefois se départir de l'israëlomanie caractéristique des Républicains. Mais une droitisation réelle du peuple américain est en cours, et l'Alt-Right constitue son avant-garde.

    R. : Existe-t-il une ligne idéologique commune au sein de ce mouvement ? Vous évoquez par exemple son "eurocentrisme" et son rapport avec la « Nouvelle Droite » européenne curieusement ?

    A. F.: En réponse à une journaliste de Radio France lors du dernier colloque du National Polky Institute en novembre 2016, Richard Spencer déclarait que « la différence entre nous et les conservateurs, c'est que nous lisons des livres ». Les traductions en anglais d'ouvrages d'Alain de Benoist, de Guillaume Faye ou d'Alexandre Douguine, ainsi que la synthèse sur la Nouvelle Droite Against Democracy and tquatity du Croato-Américain Tomislav Sunic font partie du corpus idéologique du mouvement, qui par ailleurs se nourrit de tout le canon occidental, de Platon à Heidegger en passant par Shakespeare et Cari Schmitt.

    La ligne idéologique commune est le nationalisme blanc et la solidarité avec les pays blancs. Sans nier à leur pays une identité spécifique et définie historiquement, les membres de l'Alt-Right pensent que les États-Unis d'Amérique font partie de la civilisation européenne, comme les pays du Commonwealth, l'Argentine, le Chili ou l'Uruguay. L'invasion migratoire à laquelle nous faisons face les inquiètent beaucoup, ils ont soutenu le Brexit, trouvent que Poutine et Orban sont des dirigeants admirables, et beaucoup seraient prêts à bien des efforts pour s'asseoir à la terrasse d'un café avec Marion Maréchal-le Pen.

    Si on trouve des nuances quant aux aspects plus concrets de ce que pourrait être une politique Alt-Right, l'opposition au capitalisme financier — héritée des racines libertariennes du mouvement — est assez constante. Et, fait notable dans un contexte américain, beaucoup n'hésitent pas à se réclamer du socialisme (tant qu'il est national bien entendu). Ainsi Richard Spencer se qualifie volontiers de collectiviste et aime le concept de sécurité sociale (une hérésie totale aux yeux des Républicains). Il est même allé jusqu'à louer certaines mesures proposées dans le programme de Bernie Sanders !

    R. : La modération sur la question raciale ou la question juive ne semble pas être la règle dans la mouvance ? Comment définir sa position en la matière ?

    A. F. : Premier amendement oblige (ou plutôt n'oblige pas), tout peut se dire outre-Atlantique à l'exception de l'appel explicite au meurtre. L'Alt-Right prône le « réalisme racial » , synonyme moins poli de l’ethno-différentialisme de la Nouvelle Droite, et une analyse objective de la "JQ" (« Jewish Question »). Le livre du professeur de psychologie évolutionniste Kevin MacDonald The Culture of Critique, qui analyse l'implication de Juifs dans les mouvements culturels et politiques au cours du 20e siècle, a beaucoup joué dans l'éveil de beaucoup d'activistes (1) Bien entendu, de telles opinions ne sont pas acceptables en bonne compagnie, mais l'Alt-Right travaille justement à les faire connaître du plus grand nombre.

    R. : Des liens existent entre la Alt-Right et les « nationalistes blancs » comme Jared Taylor ou Greg Johnson ?

    A. F. : À bien des égards ces deux-là sont les grands-pères du mouvement. Jared Taylor est parfois décrié en raison de sa position très molle sur la question juive, mais son organisation American Renaissance a beaucoup fait pour théoriser et expliquer le réalisme racial. Greg Johnson, quant à lui, a contribué à faire connaître la Nouvelle Droite via sa maison d'édition Counter Currents (dont le site publie beaucoup de traductions d'articles en de nombreuses langues dont le fiançais) et tenté de créer une North American New Right dans les années 2000. Aujourd'hui on peut dire qu'ils font partie de l'Alt-Right, les frontières sont très poreuses.

    R. : L'autre spécificité de l’Alt-Right est son absence de références religieuses (aussi bien d'ailleurs chrétiennes que païennes). Cela est très particulier dans l'univers des droites radicales américaines et n'est-ce pas une grave déficience du mouvement ?

    A. F. : Il y a une très grande tolérance religieuse au sein du mouvement, quand bien même les quelques croyants se rattachent plus volontiers au catholicisme traditionnel ou à l'orthodoxie qu'aux diverses dénominations protestantes, vues le plus souvent comme des fabriques de cocus. Mais les références religieuses sont effectivement très rares. Cela peut s'expliquer par plusieurs facteurs : la baisse de fréquentation des églises en général, les abus de la droite religieuse sioniste sous George Bush fils, et l'aspect très folklorique et peu rassembleur du christianisme racialiste de mouvements antérieurs comme le Ku Klux Klan. Beaucoup se définissent cependant comme "post-athées" c'est-à-dire non-croyants mais conscients de l'importance de la religion dans le maintien du lien social et l'identité d'un peuple.

    R. : L'une des figures centrales du courant est Richard Spencer. Quel est son parcours et son rôle dans le développement de l’Alt-Right ?

    A. F. : On doit à Richard Spencer le nom de la mouvance. Cela fait presque 10 ans qu'il porte sa vision politique de colloques en manifestations. Après avoir travaillé comme journaliste pour des journaux paléoconservateurs, il a monté plusieurs sites Internet et pris la tête des éditions Washington Summits et du National Policy Institute, un groupe de réflexion nationaliste blanc. S'il lui arrive d'être un peu taquin, son discours est bien moins "trollesque" que celui de beaucoup de ses compères. Il a emprunté aux Français le mot "identitaire" et produit une critique de l'anomie de la société américaine dont les accents évoquent parfois Baudrillard ou Christopher Lasch. Il n'aime pas vraiment le culte de la Constitution et de l'individualisme. Fort avenant et remarquablement cultivé, ce gentleman facho a été mis en avant par les média, multiplie les entrevues ces derniers mois et a donné des conférences sous haute tension dans plusieurs universités. Quand les gauchistes américains (la racaille antifa s'est bien exportée là-bas récemment) pensent à l’Alt-Right, ils voient Richard Spencer, le nouveau et charmant visage de la haine.

    R. : Les femmes sont-elles présentes dans l'Alt-Right ?

    A. F. : Les figures féminines de l'Alt-Right sont principalement des youtubeuses. Comme tout mouvement politique radical, PAlt-Right attire plus d'hommes que de femmes, mais celles-ci sont mises en avant autant que possible. Parmi les sous-cultures dont elle est issue, la "manosphere" (virilosphère ?) joue un rôle important. Il s'agit de communautés en ligne d'hommes qui critiquent le néo-féminisme et la libéralisation sexuelle, avec leurs corollaires que sont l’éclatement de la famille nucléaire et la submersion démographique des Blancs. Bien entendu, ils ne s'interdisent pas des propos peu amènes au sujet des femmes. Mais certaines, de plus en plus à vrai dire, se reconnaissent dans un modèle de société qui ne nierait pas la complémentarité des sexes, et comprennent que « faire une carrière » ne leur apportera pas forcément le bonheur, Cette réaction au féminisme va bien au-delà de l'Alt-Right. Le caractère hystérique des mouvements LGBT, qui exigent l'emploi de pronoms spécifiques pour les 36 "genres" possibles et font campagne pour combattre ; le « privilège masculin » sous toutes ses formes, est en train de polariser durablement la société américaine. Là où croît le danger...

    R. : Comment jugez-vous l'action de Steve Bannon auprès de Trump ? Sera-t-il la victime d'une nuit des « longs couteaux » dans la guerre d'influence au sein du gouvernement ?

    A. F. : L'homme est encore plus difficile à scruter que Trump. Les derniers mois de la campagne lui doivent beaucoup. Breitbart, le média qu'il dirigeait jusqu'à peu, n'a pas laissé le clan Clinton respirer une seule seconde. S'il s'est un jour défini comme un « nationaliste économique », Bannon a, en d'autres occasions, décrit Breitbart comme une « plateforme pour l'Alt-Right », il cite Julius Evola et Le Camp des Saints de Jean Raspail, et il aurait déclaré à un journaliste être léniniste et vouloir détruire l'État américain. Oy vey ! On pouvait espérer suite à l'élection qu'il jouerait un rôle important en tant que conseiller du Président. Les premières semaines du mandat de Trump étaient fantastiques : il avait tout l'appareil d'État contre lui mais se tenait droit dans ses bottes. L'ombre de Bannon planait sur la Maison-Blanche. Hélas, qu'il ait été fourbe dès le départ ou qu'on lui ait expliqué quelques réalités en coulisse, le Donald semble désormais bien plus à l'écoute de son gendre Jared Kushner et de sa convertie de fille. N'étant qu'un modeste internaute, je me refuse à des pronostics, mais tout cela a l'air mal parti. Tant pis, tant mieux le combat continue, et l'Alt-Right n'est pas près de se taire.

    R. : Qui incarne l'Alt-Right en France ?

    A. V. : Le forum 18-25 du site jeux video.com est une sorte d'équivalent français de 4chan, les sites Démocratie Participative et Blanche Europe reprennent explicitement les codes de l'Alt-Right, et des figures comme Boris le Lay en sont idéologiquement très proches. Plus généralement, toute la jeune génération de nationalistes qui a fleuri sur Internet ces dix dernières années dans le sillage d'Égalité et Réconciliation peut prétendre incarner une alternative à droite à la française.

    Propos recueillis par Monika Berchvok. Rivarol du 6 juillet 2017

    (1) Une traduction de sa volumineuse et explosive préface se trouve d'ailleurs à l'adresse suivante : www.kevinmacdonald.net/laculturedecritique-preface.pdf

    A lire Anon Frog, La victoire en trollant. Petite histoire de l’Alt-Right dans le numéro 79 de la revue Rébellion (disponible contre 5 euros auprès de Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02 ou sur le site internet http://rebellion-sre.fr).

  • La guerre froide du gaz et les inacceptables sanctions des États-Unis contre l’Europe !

    Marc Rousset

    Que ne feraient pas les États-Unis pour exporter leur gaz de schiste nouveau et contrer la puissance stratégique de la Russie aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient !

    Le russe Gazprom (Газпро́м) veut construire un nouveau gazoduc (Nord Stream 2) de 9,5 milliards d’euros dans la Baltique, qui augmenterait d’un tiers en 2019, soit de 55 milliards de m3, le gazoduc sous-marin Nord Stream 1 déjà existant entre Vyborg (Выборг, Russie) et Greifswald (Allemagne).

    Suite à l’opposition de l’Ukraine et de la Pologne, dont les gazoducs continentaux Yamal et Brotherhood passant par leurs territoires sont court-circuités, Gazprom a été amené à être le seul actionnaire du projet. Le français Engie, les allemands Uniper (ex-E.ON) et Wintershall (BASF) ainsi que l’anglo-néerlandais Shell ont décidé d’être seulement des financiers à hauteur de 10 % chacun, et non plus des actionnaires, ce qui était initialement prévu. Nord Stream, passant sous la mer, échappe à la juridiction de Bruxelles ; les Allemands considèrent ce projet comme strictement commercial.

    Mais le 15 juin 2017, le Sénat américain a décidé, au grand dam de l’Europe, d’envisager des sanctions contre les entreprises européennes « du fait des effets préjudiciables de Nord Stream 2 sur la sécurité énergétique européenne ». Bref, l’Amérique est plus royaliste que le roi Europe, alors qu’il s’agirait bien au contraire de diminuer la sécurité énergétique de l’Europe et de nous obliger à acheter du gaz de schiste américain transporté sous forme liquéfiée à partir des États-Unis jusqu’à des ports terminaux européens. À noter qu’aux États-Unis mêmes, l’idée d’exporter du gaz de schiste est considérée par l’Industrial Energy Consumers of America comme stupide car contribuant à augmenter la cherté du gaz dans les industries manufacturières porteuses de valeur ajoutée.
    Selon Isabelle Kocher, directrice générale d’Engie, « il s’agit d’une ingérence spectaculaire et inacceptable dans les affaires européennes », après les sanctions financières des États-Unis contre BNP Paribas, Alstom et les contraintes imposées à Renault, PSA et Total pour investir en Iran. Cette implication est d’autant plus surréaliste, impérialiste et inacceptable que Nord Stream est un projet non américain avec des entreprises non américaines et un financement sans dollars américains.

    L’Europe ne peut, au contraire, que se réjouir de diversifier son approvisionnement en gaz naturel pour 40 % en provenance de la Russie, pays frère continental européen, d’autant plus que la production chute au Royaume-Uni (mer du Nord) et au Pays-Bas.

    La folle agressivité américaine se comprend d’autant mieux que la Russie, suite à son intervention victorieuse en Syrie, est devenue le maître du jeu au Moyen-Orient pour le gaz en provenance du Qatar et d’Iran. Le projet « Turkish Stream » prévoit la construction en Turquie par la Russie de deux conduites d’une capacité de 15,75 milliards de m3 par an chacune, qui formeront un gazoduc sous la mer Noire, évitant encore une fois l’Ukraine, pour fournir l’Europe. Le Qatar a dû passer sous les fourches caudines russes et renoncer au projet initial « sunnite » évitant l’Irak, passant par l’Arabie saoudite et une Syrie non Bachar el-Assad. La Russie devient le pivot central pour que le gaz tant iranien que qatari transite vers l’Europe sans déposséder Moscou via le futur gazoduc russo-turc « Turkish Stream ». À quand une Europe européenne et enfin libre ?

    Boulevard Voltaire cliquez ici

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2017/07/17/la-guerre-froide-du-gaz-et-les-inacceptables-sanctions-des-etats-unis-contr.html

  • L'énorme erreur politique de Macron Bonaparte

    6a00d83451619c69e201b8d296eb5c970c-800wi.jpgJean-Dominique Merchet, spécialiste des questions militaires, dont le prochain ouvrage, Macron Bonaparte, paraîtra à la rentrée prochaine, est interrogé dans 20 Minutes :

    "Comprenez-vous les critiques de Pierre de Villiers, adressées la semaine dernière à l’encontre d’Emmanuel Macron ?

    Les critiques ne sont pas nouvelles, cela fait des années que le chef d’état-major des armées se bat pour une augmentation du budget de la Défense. L’annonce de la restriction budgétaire a donc suscité une surprise assez forte du côté des armées, ainsi que de celui du chef d’état-major Pierre de Villiers.

    Que pensez-vous du recadrage public du président de la République ?

    Il faut d’abord savoir que la première réaction de Pierre de Villiers, certes excessive, avait eu lieu à huis clos, lors de la Commission de la Défense à l’Assemblée nationale. Mais il y a eu une fuite, et toute la presse a rapporté ses propos. Je pense que le recadrage public est une énorme erreur politique de la part d’Emmanuel MacronEn une minute, il s’est mis la communauté militaire à dos pour cinq ans. D’autant que ça fait longtemps que le pouvoir politique en demande beaucoup aux armées.

    Est-il fréquent qu’il y ait des tensions entre l’Armée et l’Elysée ?

    Sur le fond, ce n’est pas nouveau dans la Vème République, il y a souvent eu des tensions entre l’état-major et le gouvernement. Cependant, c’est sur la forme que c’est inédit : d’habitude, ça se règle en petit comité, ou du moins en réunion privée. Là, c’était clairement une volonté de l’Elysée, de faire une démonstration d’autorité, voire d’autoritarisme selon le point de vue. De plus, le président de la République sape aussi l’autorité de sa ministre des Armées, Florence Parly, dont la voix n’existe pas aujourd’hui.

    La promesse de ramener le budget de la Défense à 2 % du PIB d’ici 2025 est-elle encore crédible ?

    Les promesses sont effectivement mirobolantes. Emmanuel Macron ne compte pas réduire les effectifs, et on ne sait pas exactement où vont se faire les coupes budgétaires. Ce sera très difficile à réaliser en tout cas, il faudrait franchir de grandes étapes tous les ans : pour passer le budget de la Défense à 2 % du PIB d’ici 2025, il faudrait l’augmenter de deux milliards chaque année pendant huit ans. En sachant qu’on ne l’a jamais augmenté de plus de 600 millions en un an sur les dernières décennies.

    L’augmentation du budget de la Défense est une nécessité selon vous ?

    Le budget de la Défense est un sujet important, mais en prenant du recul, l’Armée ne garantit pas à elle seule la souveraineté d’un pays. La souveraineté budgétaire est certainement au moins aussi importante que la souveraineté militaire. Il faut donc que le président fasse des choix, qu’il arbitre, mais sans pour autant mettre une balle dans la tête de son chef des armées.

    Si Pierre de Villiers venait à être démis de ses fonctions, comment pensez-vous que la décision serait appréciée ?

    Il y a une forte culture militaire en France. Les Français aiment leurs militaires et sont attachés à leur Armée. Je ne pense pas que cela puisse être bien perçu dans l’opinion. Je répète que pour moi, ce recadrage médiatique est une faute politique majeure."

    Vous pouvez soutenir le général de Villiers en signant notre pétition adressée au Premier ministre.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Quelles tensions cet été ?

    Georges Feltin-Tracol

    653867916.jpgAvant d’entrer dans la longue période estivale synonyme de chaleur, de vacances, de voyages et de divertissements, intéressons-nous aux possibles foyers de tensions qui éclateront peut-être cet été. Pronostic délicat, car l’actualité est si mouvante que le feu pourra presque survenir aussi bien au Groenland qu’aux Seychelles.

    Dans le cadre de cette dernière chronique avant la Rentrée, on peut dès à présent dresser la liste des zones en guerre : la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, le Sahel, la Somalie, l’Ukraine. Dans le Caucase, le conflit dit gelé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabakh risque de reprendre puisque l’armée azérie a acquis un équipement militaire auprès des Occidentaux payé par la vente des hydrocarbures de la Caspienne.

    En Extrême-Orient, les contentieux entre la Chine et les États voisins de la Mer de Chine méridionale ne cesseront pas. Cependant, le point névralgique de la future crise majeure reste la péninsule coréenne. Depuis son revirement interventionniste néo-conservateur, le bravache milliardaire ne cesse de provoquer et de menacer la vaillante République démocratique populaire de Corée parce qu’elle tient toujours tête à la stupide « Communauté internationale ». Comme on aurait aimé que la Maison Blanche exerçât les mêmes pressions sur l’État d’Israël qui ignore superbement les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Certes, Washington abrite un puissant lobby israélien alors qu’il n’existe aucun lobby nord-coréen…

    Paralysé sur le plan intérieur par les menées politiciennes des élus du Congrès, Trump cherche à redorer son blason en gesticulant contre Pyongyang. Or il sait que tout missile yankee tiré sur la Corée du Nord entraînera une riposte immédiate légitime capable de bouleverser non seulement la Corée du Sud et le Japon, mais aussi l’économie chinoise, voire la stabilité très précaire de l’aire Asie – Pacifique.

    Profitez cependant bien de ses deux mois ensoleillés et à la Rentrée pour de nouvelles chroniques hebdomadaires.

    Bonjour chez vous !

    • « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 41, diffusée sur Radio-Libertés, le 7 juillet 2017.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • La grande muette va-t-elle marcher au pas ? - Journal du lundi 17 juillet 2017

  • La Grèce face à l'injustice européenne.

    La Grèce ne fait plus beaucoup parler d'elle, comme si, après sa reddition d'il y a deux ans, elle était définitivement condamnée à toujours céder et obéir aux oukases de ses créanciers et de l'Union européenne : sa résistance serait ainsi définitivement brisée et c'est la Gauche radicale, devenue social-démocrate, qui est chargée de la sale besogne dont elle s'acquitte avec une grande (sinon bonne) conscience et une belle constance. Relisez les discours de M. Tsipras du début des années 2010 et, même, du début de l'été 2015, alors que le référendum grec faisait trembler tout l'édifice mal construit de la zone euro-monnaie unique qui ne s'avérait alors forte que de sa violence sociale : discours qui pouvaient se qualifier de « résistance » parce qu'ils semblaient vraiment l'incarner face aux décisions des banquiers et de la troïka UE-BCE-FMI, bras armé de la fameuse « gouvernance » en Europe des 28. C'était un autre temps, révolu et déjà oublié...

    Ainsi, après plus d'une douzaine d'épisodes de baisses des pensions de retraite et des salaires, en particulier du public « captif » des fonctionnaires, la Grèce reçoit quelques secours de l'Eurogroupe sous la forme du déblocage de quelques milliards d'euros qui, en définitive, ne profiteront jamais aux Grecs ni à l'économie du pays, comme le reconnaît le quotidien libéral L'Opinion dans son édition du lundi 10 juillet : « Le conseil d'administration du Mécanisme européen de stabilité (MES), est (…) convenu vendredi de débloquer ce lundi une somme de 7,7 milliards d'euros. Les Grecs ne garderont pas l'argent longtemps : 6,9 milliards sont, en effet, destinés au service de la dette, c'est-à-dire à rembourser les créanciers. Et 800 autres millions à régler des arriérés de paiements. » En somme, pas un euro pour les Grecs eux-mêmes : ni pour investir dans des secteurs d'avenir, ni pour soutenir des entreprises en difficulté, ni pour soulager les misères contemporaines des habitants les moins aisés... Où est l'Europe sociale là-dedans ? Où est la simple justice sociale, celle qu'évoquait déjà en son temps le roi Louis XVI sans être vraiment entendu par les bourgeois d'argent de l'époque dont le règne né de la Révolution se poursuit aujourd'hui sans beaucoup d'entrave... 

    Mais, en parlant de justice, l'Union européenne ne respecte même pas celle-ci au sens juridique du terme, comme le signale sans insister beaucoup L'Opinion : « L'affaire a donné lieu à un bras de fer inattendu. L'Espagne, appuyée par l'Italie, a menacé un temps de bloquer l'opération si Athènes n'abandonnait pas les poursuites judiciaires engagées contre trois fonctionnaires européens chargés de mettre de l'ordre dans le fond de privatisation grec. Suite à une opération contestée, ils se sont trouvés impliqués dans un procès. Le gouvernement grec a dû en conséquence clore le dossier pour toucher l'aide européenne. » En fait, les trois fonctionnaires, un Espagnol, un Italien et un Slovaque, qui étaient chargés de conseiller l'Agence grecque des privatisations, sont accusés de véritables irrégularités au détriment de l’État grec : en somme, une affaire de corruption assez classique mais qui, au lieu d'être condamnée par l'Union européenne et les États dont sont issus les trois fonctionnaires soupçonnés, a donné lieu à un chantage de l'Italie et de l'Espagne ! Ainsi, « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », comme le rappelait déjà en son temps Jean de La Fontaine. D'ailleurs, pourquoi cette discrétion des médias français alors que ceux-ci, en d'autres temps (pas si lointains), ont fait leurs gros titres et leurs choux gras de quelques centaines de milliers d'euros « détournés » ou mal utilisés par quelques hommes politiques moins riches, en définitive, que ces trois experts européens peu scrupuleux ?

    Quant au fait que la Cour suprême grecque ait, le 29 juin dernier, renoncé à toute poursuite envers les trois suspects, elle montre à l'envi que, quand il s'agit des intérêts des « importants » d'Europe, la simple justice et la séparation des pouvoirs, dont il nous est complaisamment dit dans les manuels d'éducation civique qu'elle est une des conditions fondamentales de toute démocratie digne de ce nom, n'existent plus, tout simplement. Mais qui le dira, le dénoncera ? Pas les européistes, semble-t-il : les entendez-vous ?... Mais les royalistes, eux, n'auront pas cette timidité, même si, là aussi, ils se sentent bien seuls à évoquer et à vouloir défendre la justice, qu'elle soit « légale » (le terme « légitime », ici, serait plus approprié) ou sociale.

    http://nouvelle-chouannerie.com/