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international - Page 785

  • Bernard Lugan publie une Histoire de l’Afrique du Nord qui fera date

    Lugan-Afrique-du-Nord-226x350.jpgL’africaniste Bernard Lugan publie, aux éditions du Rocher, une Histoire de l’Afrique du Nord, une somme de quelque 740 pages qui fera date. Voici la présentation qu’en fait l’éditeur :

    L’Afrique du Nord est formée de cinq pays (Égypte, Libye, Tunisie, Algérie et Maroc) que ce livre présente dans leur longue durée historique. À l’Est, centrée sur l’étroit cordon du Nil, l’Égypte développa, dès le 5e millénaire av. J.-C., une civilisation aussi brillante qu’originale. À l’Ouest, en Berbérie, apparurent au VIe siècle av. J-C., trois royaumes berbères dont les limites correspondaient aux actuels États du Maghreb.

    Rome imprégna ensuite toute la région de sa marque. L’empire byzantin qui lui succéda s’établit de l’Égypte jusqu’à l’est de l’actuelle Tunisie, renonçant à la plus grande partie du Maghreb où la « reconquête » berbère eut raison du vernis romano-chrétien.

    Aux VIIe-VIIIe siècles, l’islamisation provoqua une rupture entre les deux rives de la Méditerranée ainsi qu’une profonde mutation des sociétés nord-africaines. Au XVIe siècle, l’expansion turco-ottomane subjugua toute l’Afrique du Nord avant de buter sur le Maroc qui réussit à maintenir son indépendance en s’alliant à l’Espagne chrétienne.

    Durant la période coloniale, les Britanniques s’installèrent en Égypte, les Italiens disputèrent le vide libyen à la Turquie et, à l’exception de la partie Nord du Maroc devenue protectorat espagnol, le Maghreb fut tout entier rattaché au domaine français. L’Égypte recouvrit son indépendance en 1922, la Libye en 1951. Quant au Maghreb, il connut des péripéties sanglantes avec la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962).

    En dépit d’une « arabité » postulée et d’une islamité commune, les cinq pays composant l’Afrique du Nord eurent ensuite des destins divers illustrés par l’épisode dit des « printemps arabes ».

    Riche d’une centaine de cartes en couleur, ce livre est l’outil de référence indispensable à tous ceux qui veulent connaître les constantes qui fondent la géopolitique de cette arrière-cour de l’Europe qu’est l’Afrique du Nord.

    http://fr.novopress.info/

  • Provocation massive de l’OTAN contre la Russie

    Récemment, la Russie déclarait que la Mer Noire ne deviendrait jamais un lac de l’OTAN. Merkel, dont la Bundeswehr a accouché d’un livre blanc sur les relations germano-russes et destiné à être publié en juillet, déclare que la Russie est désormais, non plus un partenaire, mais un adversaire. Un livre blanc, allemand, qui deviendrait la Bible de l’OTAN.

    Voilà que l’OTAN passe à la vitesse supérieure, par une provocation massive contre la Russie. Paul Craig Roberts, analyste célèbre en Amérique, ancien sous-secrétaire au Trésor de Ronald Reagan, Noam Chomsky, tout aussi célèbre intellectuel de gauche, tout comme, aussi, Stephen Cohen, le meilleur analyste de la Russie, craignent cette escalade depuis bien deux ou trois ans. Quant à Kissinger, néocon, membre à vie de Bilderberg – qui s’est rassemblé ces jours-ci à Dresde -, il n’est pas du genre à désapprouver cette escalade

    Il va sans dire que le groupe Bilderberg, comme la Trilatérale, doivent se frotter les mains. Pensez : une guerre, ça ferait les affaires, tant du complexe militaro-industriel que de l’agroalimentaire. À ce sujet, je cite Henry Kissinger – encore un titulaire du prix Nobel de la paix, fomenteur de guerre ! – qui disait, il n’y a pas si longtemps : « Les militaires sont des cons, des animaux stupides qu’il faut utiliser en tant que pions en politique étrangère. » Et encore : « Contrôlez le pétrole, vous contrôlez les nations ; contrôlez l’agroalimentaire et vous contrôlez les peuples. »

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  • Dans la douleur

    C’était avant la victoire du onze tricolore sur la modeste équipe roumaine, avant les violences de ces derniers jours entre supporters Allemands, Ukrainiens,  Anglais et Russes, à Marseille, Nice et Lille. Le sondage Ifop commandé par le quotidien gratuit  metronnews et réalisé juste avant le début de l’Euro 2016 indiquait    que seuls  48 % des Français trouvaient  l’équipe de France sympathique. « Un pourcentage encore plus élevé chez les électeurs du FN et de Marine:  61% d’entre eux n’éprouvent pas de sympathie à l’égard des Bleus (…).  En outre, 56% des électeurs FN ne suivront pas les matches des Bleus durant l’Euro, contre 48% pour l’ensemble de la population. Enfin, les sympathisants de Marine Le Pen sont 73% à ne ressentir aucun intérêt pour le foot, légèrement au-dessus de la moyenne nationale (70%). » La même semaine, évoquant l’accueil houleux réservé par des militants cégéto-communistes à Emmanuel Macron lundi dernier  à Montreuil - voir notre blogue - Bruno  Roger-Petit dans Challenges  pointait une « convergence » Front de Gauche-Front National. Elle  aurait pour base commune  « le rejet des politiques. La fragmentation sociale. La haine du bas envers le haut. Et la collusion des gauches de la gauche avec le Front National, les deux termes de l’horizontalité politique française ayant intérêt à entretenir la haine entre Français. »

    Et l’éditorialiste, qui doit se réjouir de la décision  des pays de l’UE, sous injonction de Washington, de prolonger fin juin  les sanctions économiques  prises contre Moscou,  pourtant en première ligne dans la lutte contre  le terrorisme,  de pointer une  « étrange et inquiétante cohorte extrémiste. » En l’espèce, celle  « qui voit le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière (…)  à l’unisson (dans leur analyse de cette affaire Macron, NDLR)  avec  l’économiste souverainiste Jacques Sapir, zélé admirateur de Poutine et avocat de l’alliance des gauches de la gauche avec le FN (…) » et « Florian Philippot« .  » Même référent symbolique, le costard de l’élite dominante opposé au t-shirt du petit peuple en souffrance. Même réification du corps physique de l’ennemi politique, qui légitime l’agression. Même sortie du champ républicain » (sic).

    Roger-Petit pour appuyer sa thèse qui est, grosso modo, celle de l’intelligentsia progressiste, du ventre mou de la politique française, de Juppé à BHL, de Nicolas Sarkozy à  Alain Duhamel, de Pierre Gattaz à Manuel Valls,  ajoute  sur ce mode  anxiogène qu’il affectionne tant :  « Gauches de la gauche et Front  National convergent vers leur objectif premier : détruire les forces démocratiques centrifuges afin de devenir les deux termes dominants de l’offre politique, chacun dans leur camp. »

    Pourtant n’en déplaisent à tous les Roger-Petit du microcosme médiatique, à tous les Juppé de laCaste au pouvoir, ce qui inquiète les Français, les Européens, ce n’est pas un fantasmatique  complot rouge-brun, la montée des populismes, mais la présence au sein de nos sociétés d’individus, noyés dans la masse de l’immigration massive,  animés de pulsions terroristes meurtrières, les fous d’Allah et autres djihadistes. Encore une fois si tous les musulmans ne sont pas terroristes (très loin s’en faut) tous les terroristes sont musulmans.

    En ce début de ramadan, c’est aux Etats-Unis après la fusillade à motivation djihadiste de San Bernardino (Californie)  en décembre,  que le terrorisme a frappé hier à Orlando (Floride)… comme il frappe quotidiennement chrétiens et musulmans  en  Syrie, en Irak, en Afrique, dans les zones aux prises avec les milices djihadistes sans que cela suscite, il faut bien le dire, beaucoup d’émotion dans nos contrées. Mais cette fois c’est un symbole de l’Occident décadent qui a été visé par un américain d’origine afghane,  Omar Mateen, 29 ans, juste après qu’il ait  fait allégeance à l’Etat Islamique.  Ce jeune homme, finalement abattu, est l’auteur présumé du pire  massacre terroriste depuis le 11 septembre 2001,  une fusillade dans une boîte de nuit gay qui a fait au moins 50 morts et 53 blessés.

    Comme souvent,  l’auteur de cette tuerie  a été décrit par les médias,  ses proches, son père, sa femme  comme « un loup solitaire », un individu « instable », « impulsif », « bipolaire », mais pas du tout comme un  « religieux »…  Dans le cas présent, il aurait basculé soudainement dans la haine après avoir  vu deux hommes  en train de s’embrasser dans la rue alors qu’il se promenait avec son jeune fils.

    L’Express rapporte cependant que cet ex gardien « dans un établissement pour délinquants juvénile qui » occupait depuis 2007 un poste dans une entreprise de sécurité, G4S, dont le slogan est Securing your world (protéger votre monde) », était dans le collimateur des services de renseignements. « Le patron de la police fédérale à Orlando, Ronald Hopper, a révélé que le jeune homme avait été interrogé plusieurs fois en 2013 et 2014. Le FBI s’était intéressé à lui après « des remarques à ses collègues suggérant d’éventuels liens avec des terroristes », a-t-il expliqué. D’après Le Monde, le FBI avait en 2013 lancé une première enquête « plus approfondie ». Il avait été interrogé, deux fois, ainsi que ses proches. En 2014, la deuxième enquête a estimé que « le contact » avec Moner Mohammad Abu Salha, considéré comme étant premier kamikaze américain en Syrie, était minimal et ne constituait pas une relation substantielle ou une menace à l’époque, rapporte le journal. »

    D’ores et déjà la grande inquiétude des médias Français est…  que ce drame  profite électoralement à  Donald Trump, lequel avait déjà déclaré, sans excès de finesse, après l’attentat de San Bernardino,  qu’il interdirait l’entrée sur le territoire américain aux   musulmans.  M. Trump a ainsi annoncé que son  discours de campagne, qui avait pour thème initial  la  calamiteuse Hillary Clinton,  était remplacé  par une allocution sur « l’islam » et la « sécurité nationale ». Spécialiste des Etats-Unis pour BFMTV, François Durpaire (par ailleurs scénariste d’une BD, « La  présidente« , décrivant sur un mode catastrophiste Marine Le Pen élue à l’Elysée),  a estimé que la tuerie d’Orlando était  un tournant de première importance   dans la campagne présidentielle américaine.

     Avec ou sans attentats, la stigmatisation dans nos médias de la candidature de Donald Trump  (le socialiste Bernie Sanders jouissant sans surprise d’un traitement plus sympathique constate Bruno Gollnisch), ne faiblira pas dans les mois à venir.  Cette hostilité pour un candidat qui « casse les codes »,  s’apparente aussi à de la frayeur chez   les bruxellois  qui se satisfont de vivre sous la tutelle du Nouvel ordre mondial et qui, pour cette principale raison,  repeignent  pareillement Vladimir Poutine sous les couleurs les plus sombres.

    Jean-Michel Quatrepoint,  journaliste économiste qui  a travaillé  au Monde, à La Tribune et au Nouvel Economiste,  notait dans Le Figaro en mars dernier que M. Trump « renoue avec l’isolationnisme traditionnellement ancré dans le parti républicain jusqu’au tournant de la Deuxième guerre mondiale. Sa vision du monde n’est pas unipolaire mais multipolaire; son slogan Make America great again est concentré davantage sur la situation socio-économique interne du pays que sur son implication dans les affaires du monde. S’il est élu, il devrait renouer avec une politique extérieure réaliste, pragmatique et non messianique, à la différence de (Hillary) Clinton. »  Trump ajoutait-il,  « a réussi à court-circuiter la machine à financements, car il est auto-suffisant. Il ne dépend de personne, et c’est pour ça que beaucoup d’Américains le soutiennent. C’est la seule manière d’élire quelqu’un qui ne soit pas corrompu et qui ne dépende de personne, d’aucun gros donateur, d’aucun lobby. Comment Hillary Clinton peut-elle être indépendante de Goldman Sachs quand cette banque est l’un des principaux contributeurs du financement de sa campagne? »

    M. Quatrepoint dit aussi l’évidence quand il  explique  que des deux côtés de l’Atlantique,  « la montée des populistes, comme on les qualifie non sans un certain dédain, est la manifestation del’échec patent de ceux qui gouvernent et du modèle économique dominant depuis un quart de siècle (…). Trump et Sanders sont les candidats anti-establishment qui portent les rancœurs et les revendications des classes moyennes, plutôt blanches de la middle-working class, encore majoritaire aux Etats-Unis. »

    « En France, le FN a beaucoup plus percé que le Front de Gauche car il s’est approprié une part des revendications sociales autrefois portées par la gauche de la gauche, et a attiré à lui les petits blancs, la white middle working class qui n’est pas, n’est plus, dans ces grandes métropoles qui se distinguent particulièrement du reste du territoire: le désert français, ou l’Amérique profonde. Les habitants des périphéries sont peut-être mal considérés par l’élite métropolitaine, mais s’expriment par leur vote. Après avoir essayé droite et gauche, et devant l’aggravation de leur situation, ils veulent tenter autre chose. C’est Trump outre-Atlantique, c’est le FN en France. »

    « Trump a pris tout monde par surprise, alors que cela fait quarante ans que le FN est installé dans le paysage médiatique et politique. Ses dérapages verbaux ne le desservent pas. Au contraire, ils le font monter dans les sondages. Ses soutiens se disent: enfin quelqu’un qui parle notre langue et qui nous défend !». Mais il n’a pas gagné, car l’Establishment, le Big Business, fera tout pour l’abattre. Tout comme le système fait tout pour abattre les Le Pen (…). »

    Establishment, Big Business qui peuvent encore compter sur leurs employés des gros médias pour débiter le bon catéchisme, distribuer bons points et fatwas. Mais sont-ils encore audibles, crédibles ? A la fin c’est toujours le principe de réalité qui l’emporte, hélas parfois dans la douleur.

    http://gollnisch.com/2016/06/13/dans-la-douleur/

  • Provocation massive de l’OTAN contre la Russie

    Il va sans dire que le groupe Bilderberg, comme la Trilatérale, doivent se frotter les mains.

    Récemment, la Russie déclarait que la Mer Noire ne deviendrait jamais un lac de l’OTAN. Merkel, dont la Bundeswehr a accouché d’un livre blanc sur les relations germano-russes et destiné à être publié en juillet, déclare que la Russie est désormais, non plus un partenaire, mais un adversaire. Un livre blanc, allemand, qui deviendrait la Bible de l’OTAN.

    Voilà que l’OTAN passe à la vitesse supérieure, par une provocation massive contre la Russie. Paul Craig Roberts, analyste célèbre en Amérique, ancien sous-secrétaire au Trésor de Ronald Reagan, Noam Chomsky, tout aussi célèbre intellectuel de gauche, tout comme, aussi, Stephen Cohen, le meilleur analyste de la Russie, craignent cette escalade depuis bien deux ou trois ans. Quant à Kissinger, néocon, membre à vie de Bilderberg – qui s’est rassemblé ces jours-ci à Dresde -, il n’est pas du genre à désapprouver cette escalade.

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  • Bachar el-Assad: « Notre lutte ne prendra fin qu’avec la victoire! » Discours et Analyse

    Dans un important discours prononcé mardi , Bachar el- Assad est apparu plus déterminé que jamais devant les 250 députés issus des élections du 13 avril dernier qui avaient pris leurs fonctions la veille: « Nous libérerons chaque pouce de notre territoire! » s’est il exclamé sous des ovations très nourries.  « Le peuple syrien a surpris une nouvelle fois le monde par sa participation exceptionnelle au scrutin et par le nombre considérable de candidats », a-t-il déclaré. C’était la première fois que le Président syrien s’adressait aux députés depuis juin 2012, au début de l’ancienne législature.

    Ce discours diffusé en direct à la télévision syrienne n’a pas été relayé en France, où les médias mainstream ne font plus leur travail d’information. Ce nouveau Parlement a été élu le 13 avril dernier par la partie libre de la Syrie. Le parti Baas, au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle en Syrie, et ses alliés ont remporté  la majorité des sièges. Le Parlement a élu à sa tête pour la première fois une femme, Hadia Abbas.  

    Le président s’est d’abord félicité de l’importante participation du peuple et du choix de ses représentants pour adresser au monde le message clair d’un peuple qui s’attache à sa souveraineté quelles que soient les pressions. Il a insisté sur la différence de ce Parlement avec le précédent puisque les électeurs ont choisi des candidats « venus du fond de la souffrance ».« Soyez motivés par le travail au service de vos administrés, non pour vous-mêmes, exactement comme l’ont fait les blessés, les victimes et tous ceux qui se sont sacrifiés et qui continuent à le faire », a-t-il dit.

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  • « Le Leviathan » | Par James Howard Kunstler.

    L’image de la situation économique fabriquée par la transe du consensus national n’a jamais été autant hors de tout contact avec la réalité de ma vie.

    Aussi les questions que tout le monde devrait se poser, deviennent difficile à aborder. Comment puis-je protéger mes économies ? Pour qui dois-je voter ? Comment puis-je penser l’avenir de mon pays ? L’incohérence règne, en particulier dans les cercles dirigés par ceux qui protègent le statu quo, ce qui comprend les médias officiels qui ont échoué.

    La Réserve fédérale s’est transformée en une institution sans visage agissant dans l’ombre pour les objectifs plus que limités d’une claque de nécromanciens et d’astrologues, dirigée par un grand vizir, bien en vue du public, semblant guider un bateau économique gigantesque qui a, en fait, perdu son gouvernail et se trouve à la dérive dans un gigantesque tourbillon.

    Depuis plus d’un an, le sort de la nation est accroché à la décision de la Fed de relever ou non ses taux d’intérêt de référence d’un quart de point. Ils en parlent sans cesse, et la foule des observateurs des marchés financiers doit donc sans cesse aborder ce sujet et ce bavardage sert lui-même à éviter la nécessité d’une action réelle sur cette question. La Fed arrive à influencer les marchés sans jamais avoir à faire quoi que ce soit. Et surtout elle a travaillé pour produire le mythe d’une économie avancée qui fonctionne magnifiquement bien à l’avantage du bien commun.
    Cela survient dans le contexte d’un réseau mondial plus large de relations économiques qui est très clairement en train de se briser tout seul. Les tensions croissantes entre les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Union européenne ont grandi parallèlement aux bêtises monétaires innovantes de notre banque centrale, en particulier les manigances autour de la monétisation de la dette, qui ont créé des distorsions dangereuses sur les marchés, dans le commerce et dans la perception de l’intérêt national. Les nations sortent les sabres du fourreau et fanfaronnent les unes en face des autres. Le monde est en faillite après trente ans de traites tirées sur l’avenir pour financer les fêtes du présent, et les autorités ne peuvent pas le reconnaître.

    Mais elles peuvent fournir les conditions pour déguiser cela, en particulier par le jeu statistique de miroirs qui il-était-une-fois produisaient des signaux sensés concernant la circulation des capitaux. Au lieu de choix et de décisions fondés sur la réalité, la tâche à accomplir par les personnes en charge a été d’élaborer un faux-front économique à la Potemkine de plus en plus baroque, derrière lequel se trouve un paysage de ruine balayé par des racketteurs désespérés. Que ce racket ait évolué de manière si transparente dans l’enceinte autrefois sacrée des médicaments et même au delà, doit nous informer sur le désespoir et le danger de la situation.

    Le dernier opus du jeu de la désinformation concernait le communiqué de presse sur l’emploi de vendredi publié par l’US Bureau of Labor Statistics. C’était un blockbuster, ce qui implique un ciel bleu partout, de Montauk à Malibu. Sauf que personne ayant gardé une parcelle minimale de faculté critique ne peut y croire. 80% des nouveaux emplois ont été attribués au mythique modèle naissance-mort1, un fantasme pseudo-scientifique d’hypothétiques nouvelles mises en chantier d’affaires associées à de nouvelles hypothétiques embauches. Démographiquement, la plupart des nouveaux emplois sont allés à la cohorte des plus de 55 ans, ensacheurs d’épicerie et agents d’accueil chez Walmart – beaucoup moins pour les hommes de 25 à 54 (cette tranche a sensiblement perdu des emplois). Le taux de chômage officiel est tombé à 5%, sans discussion sérieuse sur le grand nombre de gens découragés qui ont abandonné la population active.

    Mais la perception d’une économie qui tourne à plein régime a envoyé les indices boursiers vers le ciel. Le Dow Jones, le S&P et le Nasdaq sont les seuls signaux que les médias officiels regardent avec attention et les politicards prennent leurs repères sur eux, dans une boucle de rétroaction de fausses informations qui engendre une psychologie positive plus délirante sur ces mêmes marchés. Je soupçonne que le sentiment qui règne maintenant est bien capable de passer au travers de la saison des fêtes sans accident financier.

    Mais cette Fed se trouve maintenant dans un piège de sa propre fabrication. Ayant interminablement jappé à propos de la hausse des taux d’intérêt, la banque centrale devra la mettre en place ou se taire en décembre. Seuls les chiffres définitifs de l’emploi annuel du BLS pourraient jeter un froid, si les chiffres ne semblent pas si phosphorescents. Je pense que la vérité est que cette économie bidon de la foutaise ne peut pas résister même à un maigre quart de point d’augmentation des taux d’intérêt de référence. Pour une seule raison, cela ferait exploser les modèles d’exploitation de Fannie Mae et Freddie Mac, les acheteurs de prêts immobiliers qui gardent en vie l’industrie de la construction, ainsi que le racket en parallèle dans les prêts automobiles et étudiants titrisés. Imaginez tous les paris sur les dérivés (CDS) [paris sur le non remboursement des prêts, NdT] qu’il faudrait honorer. En réalité, la Fed sait qu’elle aura à bourrer à la pelle plus d’argent ZIRP [à intérêt zéro, NdT] dans la gueule d’un Léviathan financier mourant, saturé de dettes. Elle peut le faire, bien sûr, et probablement elle le fera au cours de l’hiver 2016, mais le moment venu, elle n’aura absolument plus aucune crédibilité en réserve. Et le Léviathan sera un peu plus près d’être rejeté mort sur la plage.

    James Howard Kunstler
    9 novembre 2015.

    James Howard Kunstler est l’auteur « Too Much Magic: L'amérique désenchantée » (Le Retour aux Sources, 2014) 

    Traduit par Hervé, édité par jj, relu par Literato pour la Saker Francophone

    1Délai existant entre l’enregistrement statistique de la disparition d’une entreprise et celui de la création d’une autre.

    http://www.scriptoblog.com/index.php/archives/billets-d-auteurs/39-economie3/1914-le-leviathan-par-james-howard-kunstler

  • Alexandre Latsa : « le renouveau russe s’opère au moment où l’Europe et l’Occident traversent à contrario une grave crise »

    Alexandre Latsa réside et travaille en Russie comme chef d’entreprise depuis 2008.

    A l’occasion de la sortie de son essai Un printemps russe, aux éditions des Syrtes, il a bien voulu répondre aux questions du Rouge & le Noir.

    R&N : Votre livre décortique l’image négative que donnent les médias français de la Russie. Quelle est à contrario l’image que se fait le grand public russe de la France et de l’Union Européenne ?

    Alexandre Latsa : Tout d’abord il me semble que l’image de la Russie est surtout rendue négative chez les gens qui ne connaissent pas le pays, ou ne le connaissent que par les informations qui leurs sont fournie par leurs médias. Mais je pense encore une fois que c’est un phénomène euro-occidental car cette désinformation journalistique sur la Russie concerne surtout les médias occidentaux, surtout anglo-saxons et ouest-européens.

    La Russie a cependant une plutôt bonne image populaire en Asie, en Afrique ou par exemple en Amérique du sud. Dans de nombreux pays musulmans la Russie a une bonne image, comme par exemple en Iran ou au Maroc. Enfin la Russie a une excellente image dans de nombreux pays orthodoxes d’Europe tels que la Grèce, la Serbie ou encore Chypre.

    Concernant l’image de la France et de l’Union Européenne en Russie elle est complexe et il y a un gros dilemme. La France a une excellente image de fond en tant que pays ami, en tant que réel pays civilisation (comme la Russie) et pays de grande culture. Mais de l’autre la télévision russe montre une réalité bien difficile à nier qui est une France connaissant des difficultés sociales, religieuses et des évolutions sociétales auxquelles une majorité de la société russe, les élites en tête, n’adhère pas.

    Concernant l’UE, il ne faut pas oublier que l’UE est le principal partenaire économique de la Russie et que la Russie s’est voulue depuis la chute de l’URSS tendre vers l’Europe sur le plan civilisationnel mais aussi politique. L’UE est cependant de plus en plus montrée et donc perçue comme ce qu’elle est vraiment, c’est à dire une structure froide, sous tutelle américaine et parasitant les relations entre la Russie et les États Européens.[....]

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  • Argentine, Brésil, Uruguay, Pérou, Vénézuela: les USA à la manœuvre

    Michel Lhomme, politologue

    Ex: http://metamag.fr

    L’Amérique Latine est en pleine recomposition. De l’Argentine au Vénézuela en passant par le Brésil et le Pérou, la contre-offensive du néo-libéralisme bancaire est en marche. Dans un contexte marqué par la récession et la crise des matières premières, les États-Unis tentent de reconquérir par tous les moyens leur ancien « pré-carré » latino-américain.

    L’Argentine dans le rang

    Lors de ses cent premiers jours au pouvoir, le président argentin Mauricio Macri a reçu le premier ministre italien Mateo Renzi, le président français François Hollande  et enfin le président Barack Obama. Tous trois sont les premiers serviteurs du gouvernement mondial. Le Président argentin a satisfait ce beau monde occidental : il a abandonné aussitôt les efforts du gouvernement précédent pour promouvoir l’intégration régionale. Il y a un changement, une inflexion pro-américaine très nette de la politique extérieure de l’Argentine même si le gouvernement Kirchner n’était pas sans défaut dans son instinct de prédation populaire et de corruption oligarchique.

    Les gouvernements Kirchner avaient pourtant toujours entretenu de très bonnes relations avec le Venezuela, avec Cuba, avec la Bolivie, avec  la gauche populiste d’Amérique latine. La politique extérieure argentine a donc aujourd’hui profondément changé. Lors de la conférence de presse à la Casa Rosada, le Palais Présidentiel argentin, les présidents Obama et Macri ont clairement évoqué la possibilité de signer un accord de libre-échange entre le Mercosur et les États-Unis, anticipant déjà un nouvel ALCA (Zone de libre échange des amériques) et ce, alors que le pays va certainement finir par rejoindre l’Alliance pour le Pacifique.

    En Europe, la Commission européenne vient de faire pression la semaine dernière sur Paris pour signer le traité transatlantique . Alors que la Russie s’embourbe un peu en Syrie, les États-Unis avancent leurs pions et profitent du ralentissement chinois pour avancer en Amérique latine, reprendre le dessus et faire pression sur les gouvernements locaux pour qu’ils adoptent des mesures de libre-échangisme radical. L’Uruguay et son gouvernement qualifié par la communauté internationale de « « progressiste » » est lui-aussi en train de signer ces traités, tout comme le Chili  de Michelle Bachelet.

    Le Brésil sous contrôle

    Restait donc l’os brésilien. Il était nécessaire et urgent de déloger Dilma Rousseff, la seule maintenant rétive à signer les grands traités de la grande reconfiguration libérale du monde en cours. Mais comment pouvait-on faire tomber une Présidente élue dans le modèle démocratique du consensus de Washington ? Par la République des Juges.

    Avec le Brésil, on sait ainsi que les coups d’état du vingtième siècle ne seront plus militaires mais judiciaires et l’ambassade des États-Unis au Brésil n’a pas cessé de recevoir les visites des opposants à Dilma dans le processus d’impeachment (destitution). On raconte au Brésil qu’aujourd’hui, cette ambassade  ressemble à celle aux temps d’Allende au Chili. C’est le lieu où se sont préparés tous les projets de déstabilisation visant la chute programmée de Dilma Rousseff.

    Ainsi, en s’emparant de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay, du Chili et du Paraguay, demain peut-être du Pérou avec Kuczynski , les États-Unis sont en passe de réaliser le grand schlem, la prise en main complète du Cône Sud. Rafael Correa, le Président équatorien a réagi sur les événements au Brésil et a parlé d’un nouveau Plan Condor (alliance des armées des pays du Cône Sud pour éliminer à l’époque la subversion communiste et maoïste) qui serait en train de frapper le continent, un Plan Condor non plus strictement militaire mais avant tout économique et judiciaire, piloté en quelque sorte par les multinationales mondiales.

    Le 17 avril 2016 marquera l’histoire politique. Pour la première fois, une démocratie est entachée par un procès politique sans fondement juridique qui viole le précepte constitutionnel. C’est un coup d’État juridique sans respect de la souveraineté populaire, le point de départ d’une période de chaos et de violence par la seule volonté des puissants. La Chambre des députés du Brésil n’a ainsi pas tenu compte de l’accusation de la présidente de crime de responsabilité, l’argument de « pédalage fiscal » a été laissé de côté. A  aucun moment ce sujet n’a été abordé par les députés qui ont voté « oui à la destitution ». Dans ce contexte, il est parfaitement naturel de dire qu’il y a bien eu un coup d’état parlementaire au Brésil. On a ainsi vu le Président de la chambre des députés Eduardo Cunha, un véritable gangster politique présider la session alors que lui-même était mis en examen pour corruption passive et blanchiment d’argent et cité dans la liste des Panama Papers, en tant que propriétaire d’une société off-shore suspectée d’évasion fiscale.  Tous les députés en croisade contre Dilma Rousseff ont été élus avec l’argent de la corruption politique, soutenue par les grandes entreprises. C’est une alliance médiatico-politico-juridique qui est à l’origine du chaos politique et économique du  Brésil. La presse a construit et développé un discours ultra partisan contre les gouvernements du Parti des Travailleurs désigné comme le seul responsable de la corruption au Brésil, alors mêmes que les scandales de corruption touchaient l’ensemble des partis politiques de droite. Les secteurs juridiques conservateurs ont transformé les affaires juridiques de l’opération « Lave-Jato » (l’opération « mains propres » brésilienne) en opération de règlements de compte politique avec le soutien médiatique des grands journaux conservateurs comme « Estadao », « Folha de Sao Paulo ».

    Le Venezuela la chute avant l’été ?

    Au Venezuela, le bras de fer entre le président Maduro et l’opposition qui avait remporté les élections législatives de décembre continue. Le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a pris position pour l’amnistie des opposants politiques emprisonnés. La situation est très délicate comme le révèlent le surprenant plan d’économie d’énergie – dans un pays pétrolier qui sur le papier dispose d’importantes réserves dans le delta de l’Orénoque – et qui se retrouve pourtant contraint de rationner l’électricité dans la partie la plus densément peuplée du pays. A Caracas, ce sont maintenant des queues interminables de plusieurs heures pour acheter les denrées alimentaires de base (farine, riz…)  et tous les rayons des supermarchés sont vides. La situation sociale est explosive alors qu’il faut se souvenir qu’avant le bolivarisme, le Venezuela était l’un des pays les plus industrialisés du continent latino-américain.

    Le président Maduro pourrait donc être l’objet d’une révocation pour incapacité à diriger le pays à l’issue d’un reférendum que souhaite organiser au plus tôt l’opposition qui affirme avoir déjà collecté pour ce faire environ un million de signatures. En attendant, faute de ressources, les députés ne seront plus payés.

    Le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA) Luis Almagro a réclamé lundi 30 mai une réunion urgente de ses États membres pour évoquer la « crise institutionnelle » au Venezuela. Dans une lettre de 132 pages au président du Conseil permanent de l’OEA, M. Almagro affirme que le Venezuela connaît une « altération de son ordre constitutionnel » qui affecte la démocratie dans le pays. Il demande une réunion des 34 États membres de l’OEA du 10 au 20 juin, affirmant que « la crise institutionnelle au Venezuela exige des changements immédiats dans les agissements de l’exécutif » et soulignant que le pays « risque de tomber immédiatement dans une situation d’illégitimité ».  Luis Almagro avait déjà accusé ces derniers mois le président vénézuélien Nicolas Maduro de devenir un « dictateur », fin inéluctable de tout le processus révolutionnaire bolivarien.

    Début mai, une coalition d’opposition a déjà réuni 1,85 million de signatures réclamant un référendum sur le départ de Maduro que celui-ci conteste, l’accusant de fraudes. Il paraît donc évident que la population excédée par une crise économique qui la prive d’électricité plusieurs heures par jour, entraîne la fermeture des services publics cinq jours par semaine, et vide les rayons des supermarchés sortira très prochainement dans la rue à moins que le Venezuela ne décide de se couper définitivement du monde par la force  ce qui est peu probable. Le Vénézuela n’est pas la Birmanie !

    On risque donc d’entendre parler du Venezuela ce mois de juin même si pour Cuba, Maduro reste le modèle parfait du bon démocrate populaire.

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