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international - Page 781

  • Virer les élites | Par Dmitry Orlov.

    Compte tenu de ce qui se passe en ce moment avec le Brexit, il est difficile de ne pas écrire un petit quelque chose à ce propos, et je ne vais même pas essayer de résister à la tentation. Les marchés boursiers sont en chute libre, les banques sont sur la corde raide, l’or monte fortement et les financiers de la City à Londres et à Wall Street courent dans tous les sens avec leurs cheveux en feu.

    Mais au-delà de ces superficialités financières, ce qui se passe réellement, c’est que la lutte de classes est de retour comme une forme de vengeance au Royaume-Uni avec le référendum, une forme susceptible de se propager.

    Dans ce référendum, les générations les plus âgées, qui savent à quelle classe elles appartiennent, ont voté pour virer leurs suzerains fourbes à Bruxelles et à Londres, tandis que les plus jeunes générations, aux cerveaux bien lavés par la propagande de l’UE, ne l’ont pas fait. Certainsexperts ont affirmé qu’il y a une sorte de fossé entre les générations, mais je pense que les générations plus âgées ont fait une chose intelligente, et que cela peut être expliqué de manière adéquate, par le fait que ses membres sont vraiment plus intelligents. Vous voyez, les imbéciles ont tendance à mourir jeunes, et le simple fait de survivre est un signe d’intelligence. Mais ce n’est qu’un à-côté mineur. 
    Le point principal est que les élites fourbes ont grand besoin d’être virées, à la fois en Europe et aux États-Unis. Il y a plusieurs problèmes avec elles, que je voudrais énumérer brièvement :

    • Elles ont tendance à être néolibérales, et à épouser toutes les idées erronées qui viennent avec cette idéologie faillie. Les résultats sont évidents : les retraités volés, les jeunes privés d’un emploi enrichissant; des fabuleuses richesses pour une petite élite et l’austérité pour tout le monde; plus de tout pour l’Allemagne, moins de tout pour tout le monde. Un système financier qui est fondamentalement un système de Ponzi, qui va certainement sauter, et peut être de la façon dont je l’ai expliqué.

    • Elles ont tendance à être sous l’emprise des néo-conservateurs à Washington et, avec eux, elles vacillent d’une catastrophe à l’autre. Les résultats sont encore évidents : une liste complète de pays détruits (Afghanistan, Irak, Libye, Yémen, Syrie, Ukraine), un flot de migrants de ces pays inondant l’Europe pour ce qui est la plus grande crise mondiale de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, et les provocations extrêmement dangereuses et tout à fait inutiles contre la Russie.

    • Elles épousent une idéologie qui cherche à effacer toutes les distinctions ethniques et culturelles et qui force une rectitude politique repoussante pour tout le monde, sauf pour les musulmans (qui, curieusement sont considérés comme en étant exonérés). Après avoir éliminé les libertés humaines les plus importantes (y compris, la plus importante, la liberté de la presse, qui en Europe est captive des intérêts des grandes entreprises), les deux libertés restantes désormais défendues en Europe sont la liberté impitoyable de la dérive du continent et la liberté de se livrer à toute les perversions sexuelles que vous voulez, y compris la bestialité et la pédophilie.

    • Mais le plus gros problème avec ces élites transatlantiques est le suivant : elles ne peuvent pas être virées. Plus elles échouent, plus enkystées elles deviennent. De toute évidence, cela n’a rien à voir avec l’éducation, ou le mérite, ou la popularité; c’est tout simplement une question de classe. Les élites se considèrent comme des Übermenschen, vivant au-dessus des simples mortels. La démocratie est un jouet pour eux. La plupart du temps, ils ont été en mesure de manipuler la politique à leur avantage. Lorsque cela échoue, les petites gens doivent voter encore et encore jusqu’à ce qu’ils ne se trompent plus. Mais ce politiquement correct est maintenant en train d’échouer, des deux côtés de l’Atlantique, car il semblerait que les petites gens en aient finalement assez.

    Le recours automatique est de commencer à insulter les petites gens, dans une tentative pour les intimider et obtenir leur soumission. S’ils ne veulent pas voir leur pays envahi par les migrants illégaux (noter qu’avoir eu votre pays détruit par l’OTAN ne vous qualifie pas pour l’asile politique), ils sont traités de racistes et de sectaires. S’ils ne parviennent pas à saisir quelques-uns des éléments les plus fins de la gouvernance bureaucratique de l’UE (parce que, franchement, qui voudrait perdre du temps à comprendre tout ce non-sens?), ils sont traités d’ignorants et d’égarés. Et, surtout, s’il y a un krach financier (qui semble inévitable dans tous les cas de figure, voir la pyramide de Ponzi ci-dessus), alors ils seront blâmés pour leurs mauvais choix dans les urnes.

    Peut-être le plus important de tout : tous les efforts sont faits pour assimiler le patriotisme avec le nationalisme et le fascisme. Maintenant, cela demande une explication, car ces concepts sont parfaitement distincts :

    • Le patriotisme est l’amour de sa terre et de son peuple indigène. C’est un produit naturel, résultat organique d’une éducation reçue au sein d’un certain groupe de gens qui ont aussi grandi là, et qui transmettent le long héritage culturel et linguistique qu’ils aiment et chérissent tous. Cela ne signifie pas que ceux qui ne sont pas de la famille, du voisinage ou de la région soient inférieurs, mais ils ne sont pas eux, et on les aime moins.

    • Le nationalisme est un produit de synthèse généré en utilisant l’éducation publique, qui est centré autour de certains symboles creux : un drapeau, un hymne, quelques morceaux de papier jaunis, quelques mythes créateurs et ainsi de suite. Il est soutenu par certains rituels (défilés, discours, remise de médailles) qui composent un culte civique. Le but du nationalisme est de soutenir l’État-nation. Lorsque le nationalisme répond aux besoins de la terre et de sa population autochtone, le nationalisme et le patriotisme sont alignés; quand le nationalisme détruit ce lien, le nationalisme devient l’ennemi et les patriotes forment des mouvements partisans, se lèvent pour détruire l’État-nation.

    • Le fascisme est la fusion parfaite de l’État-nation et des entreprises, dans le cadre de laquelle la distinction entre les intérêts publics et privés s’effacent et les grandes entreprises en viennent à dicter la politique publique. Une expression presque parfaite du fascisme sont les récents accords commerciaux transatlantique et trans-pacifique négociés en secret par l’administration Obama, qui pour le moment, au grand soulagement de tout le monde, semblent être mort-nés.

    Il devrait être évident que le fascisme doit être vaincu, et si nous devions choisir une seule très bonne raison de virer les élites transatlantiques, alors c’est celle de contrecarrer cette prise de pouvoir par les grandes entreprises. Mais cela ne s’arrête pas là, parce que le nationalisme et le patriotisme sont également en jeu. Le patriotisme est une valeur humaine naturelle, base sans laquelle tout ce que vous avez, c’est une population déracinée se déplaçant selon les possibilités offertes. Le nationalisme est une innovation relativement récente (les États-nations sont une invention du XVIIe siècle) et en tant que telle dangereuse, mais dans le cas de certains des États-nations les plus vieux et les plus efficaces, il fournit des avantages importants : une tradition culturelle chérie et ancrée à une langue nationale et à une littérature, la capacité de maintenir la paix et de repousser les agressions extérieures. Et puis il y a l’Union européenne, avec son drapeau représentant une constellation d’étoiles qui sont évidemment en orbite autour de quelque chose, quelque chose qui ne peut être qu’un trou noir, car il est invisible. Les États-Unis sont de la même manière une entité artificielle, synthèse d’une très récente déviance, avec leur drapeau représentant évidemment un plateau de biscuits en forme d’étoiles qui ne sont, pour la plupart, malheureusement, plus disponibles pour les petites gens, parce que les élites ont décidé qu’elles veulent tous les biscuits pour elles-mêmes.

    Il est donc nécessaire de les virer. Si cela doit être fait en votant (par opposition à la baïonnette), alors l’objet du scrutin est d’élire quelqu’un qui est, d’abord et avant tout, capable de virer ces élites. Les Britanniques semblent avoir fait cela; c’est maintenant au tour des Américains. Une question intéressante qui est parfois posée (après que les gens ont fait des réclamations délirantes comme quoi Donald Trump est fou, misogyne, raciste, fasciste, mauvais homme d’affaires, généralement pas très agréable ou tout autre argument négatif) est de savoir s’il est qualifié pour gouverner. À mon avis, cette question se réduit à une autre, beaucoup plus simple: est-ce qu’il est qualifié pour virer des gens? Et la réponse est, oui, il est très certainement qualifié pour virer des gens. En effet, «Vous êtes viré!» est l’une de ses marques déposées. En fait, il vient récemment de virer son propre directeur de campagne. Hillary Clinton, d’autre part, dirige l’ensemble de la cohorte des personnes qui ont besoin d’être virées. Et voilà pourquoi je pense qu’il y a une bonne chance que les petites gens se lèvent enfin et votent pour quelqu’un qui va le faire.

    Dmitry Orlov, 28 juin 2016

    Traduit par le Saker Francophone
    Article original sur Club Orlov.

    http://www.scriptoblog.com/index.php/archives/billets-d-auteurs/37-actualite1/1944-virer-les-elites-par-dmitry-orlov

  • Pas de TAFTA pour l’Europe ! par Georges FELTIN-TRACOL

    Europe Maxima a le plaisir de mettre en ligne l’éditorial du n° 53 (été 2016) de la revueRéfléchir & Agir dont le dossier s’intitule « Contre l’islam ? ».

    Il est important de s’y abonner en allant sur son site rénové et opérationnel, car en octobre prochain, les abonnés à jour recevront le n° 2 Hors Série consacré aux écrivains et penseurs.

    Deux collaborateurs de votre site préféré y participeront : Daniel Cologne évoquera René Guénon et Georges Feltin-Tracol traitera de Georges Sorel. Abonnez-vous donc !

    Malgré l’échéance présidentielle US de novembre 2016 et dans un silence médiatique plus qu’assourdissant, les négociations autour du TAFTA (ou Traité transatlantique) se poursuivent entre Washington et Bruxelles dans une complète opacité.

    À l’heure où la transparence s’érige en vertu publique suprême et que les États occidentaux surveillent les appels téléphoniques et les messageries numériques de millions de leurs résidents, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement déroge à cette lourde tendance. Est-il acceptable qu’un député laisse son téléphone à l’entrée, ne puisse prendre aucune note, ni la moindre photographie, et consulte dans un anglais juridique abscons cet accord commercial dans une pièce fermée sous la stricte vigilance de gardes ? Pire, s’il évoque la moindre clause, il risque des poursuites judiciaires en dépit de son immunité parlementaire !

    L’Europe à l’encan

    Si ce funeste traité était entériné, l’agriculture française déjà bien mal en point disparaîtrait définitivement. Mais la faillite de la ferme préfigurerait celle de l’atelier, de l’usine et de la boutique et le passage total de l’ensemble des activités économiques européennes aux mains des ploutocrates yankees. En France comme ailleurs dans l’UE, de nombreuses PME sont rachetées par des fonds de pension prédateurs et des multinationales voraces qui prélèvent outillages, techniques et savoir-faire avant de délocaliser et de licencier leurs personnels.

    Au-delà des conséquences humaines de vies réduites en miettes par la « mondialisation heureuse » et outre un abaissement prévisible des normes sociales, préfiguré par la loi El Khomri, écologiques (hum ! le bon poulet aux hormones…) et juridiques (un tribunal d’arbitrage privé bien apprécié des contribuables français depuis le fiasco Adidas – Tapie trancherait les litiges entre États et entreprises), Washington aura le droit d’exiger que l’UE adopte toutes leurs lois. Ce partenariat prépare donc la dissolution définitive du Vieux Monde dans un pandémonium occidental made in Hollywood

    Coup d’État commercial

    Les transnationales du fric et de la malbouffe soutiennent sa conclusion rapide. En brisant le droit continental d’origine romaine, elles lorgnent sur la privatisation du vivant (GPA, organes humains, semences) et incitent les populations à s’endetter par une consommation futile. L’actuelle campagne contre l’argent liquide au profit d’une monnaie électronique sous couvert de lutte contre la criminalité et le terrorisme participe à ce putsch marchand. Mais ce coup d’État ira encore plus loin dans l’asservissement de nos vies. Déjà, certains endroits aux USA interdisent la détention de… jardins potagers ! Il s’agit d’empêcher à terme toute autonomie collective et personnelle.

    Le Traité transatlantique représente notre pire menace. Front paneuropéen du bien commun contre l’Ennemi !

    Georges Feltin-Tracol

    http://www.europemaxima.com/

  • Les composants de missiles de Daech venaient de Turquie

    De Georges Malbrunot dans Le Figaro :

    "Des missiles étaient testés dans un «département recherches et développement», puis produits en série dans des fabriques clandestines, où les artificiers djihadistes confectionnaient de grandes quantités d'explosifs. Les composants venaient de Turquie, révèlent au Figaro les démineurs.

    En deux ans et demi de contrôle de Faloudja, Daech a eu le temps de mettre en place une mini-industrie de l'armement, avec des chaînes de production standardisée, une division du travail et même un «département recherches et développement». Les experts de l'ONG Conflict Armament Research (CAR) en ont acquis la certitude. Mandatés par l'Union européenne, ils viennent d'inspecter plusieurs des quatorze ateliers de fabrication d'armes que l'État islamique (EI) avait cachés dans des maisons, situées près des mosquées ou des hôpitaux de Faloudja, ce bastion djihadiste à 50 km à l'ouest de Bagdad"

    Michel Janva

  • Dallas : l’assassin de cinq policiers voulait « tuer des Blancs »

    L’individu qui a abattu cinq policiers à Dallas, aux Etats-Unis, voulait « tuer des Blancs ». « Le suspect a dit qu’il en voulait aux Blancs, qu’il voulait tuer des Blancs, en particulier des policiers blancs », a déclaré David Brown, le chef de la police locale, lors d’une conférence de presse.

    Les faits ne sont encore que partiellement connus : hier soir jeudi 7 juillet, un ou plusieurs hommes ont ouvert le feu depuis « une position surélevée » à l’issue d’une manifestation dénonçant les violences policières, à la suite de la mort d’un homme noir, tué par des policiers blancs. Cinq policiers ont été tués et sept autres blessés, ainsi que deux civils.

    Un tireur a été abattu – celui dont les motivations racistes sont rapportées par le chef de la police – et plusieurs suspects sont en garde à vue, sans que la nature de leur implication soit connue.


    Fusillade à Dallas : Le tireur qui était cerné… par 20Minutes

    «

  • L’Inde et le Pakistan entrent dans le Groupe de Shanghai le jour du Brexit

    Pour le professeur Alfredo Jalife-Rahme, le principal géopoliticien latino-américain, la concomitance de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et de l’entrée de l’Inde et du Pakistan dans l’Organisation de coopération de Shanghai marque le basculement du monde. Désormais, la déglobalisation est en marche.

    L’Organisation de coopération de Shanghai représente désormais les deux tiers de la population mondiale. Elle comprend la première économie mondiale (la Chine) et la première puissance militaire conventionnelle (la Russie).

    La chute du Mur de Berlin en 1989 avait imposé l’unipolarité stratégique des États-Unis, et la globalisation financière toxique, ce qui a répandu une inégalité monstrueuse, aux niveaux local, régional et global, assortie de chômage massif et d’une austérité asphyxiante. 

    Le Brexit, un demi-siècle après l’étape pernicieuse de dérégulation thatchériste, et vingt-sept ans après la chute du Mur de Berlin, ouvre le chemin à une douloureuse déglobalisation  [1] ; cela implique des changements géostratégiques, et accentue le dynamisme de la multipolarité.

    Le Brexit constitue la plaque tectonique en mouvement : et cet ébranlement aura des conséquences profondes pour le nouvel ordre global que je qualifie de tripolaire : États-Unis, Russie et Chine.

    À court et moyen terme, le Brexit équivaut à la chute du Mur de Berlin.

    À plus long terme, à l’échelle du temps long de Fernand Braudel, c’est un anti-Waterloo : c’est un renversement de tendance par rapport à la trajectoire ascendante de la Grande-Bretagne depuis sa victoire militaire décisive, il y a 201 ans, dans l’ancienne Belgique, devenue précisément siège d’une Union Européenne en voie de dislocation.

    Pour l’éditorialiste du Global Times chinois, « le futur paysage de la politique globale va probablement conduire des changements d’envergure, comparables à ceux dont on a la trace dans l’histoire géologique avec la fracture de l’ancien super-continent Gondwana il y a 180 millions d’années » [2].

    Les pions dispersés de l’UE vont se partager entre la Russie et les États-Unis, la Chine restant à l’arrière-plan.

    Dans la façon dont les trois super-puissances racontent la chose, se dessine peut-être le noyau du nouvel ordre global qui va naître du Brexit : les États-Unis disent que c’est la Russie qui a gagné, la Chine assure que c’est le dollar qui a gagné et l’euro qui a perdu, tandis que la Russie assure que c’est la Chine qui a gagné.

    De façon prémonitoire, trois jours avant le Brexit, le diabolique méga-spéculateur George Soros —qui a sérieusement contribué au démantèlement de l’Union européenne et de l’euro, en maniant à sa guise migrants et capitaux mobiles—, entrevoyait déjà la Russie comme la puissance globale émergente, dans le mouvement même de la vaporisation de l’Union [3].

    Le Premier ministre de Hongrie, Victor Orban, avait déjà souligné la responsabilité de Soros, quand il a favorisé la crise migratoire du Proche-Orient afin de faire couler l’Europe [4].

    Ce n’est pas par hasard si Soros est déjà l’un des principaux bénéficiaires du tsunami financier causé par le Brexit, pour avoir misé sur l’effondrement de la Bourse et la hausse de l’or [5].

    Maintenant, Soros fait le pari d’anéantir la principale banque allemande/européenne, la Deutsche Bank, de façon à avantager les banksters de Wall Street et de la City [6].

    Mon article de l’année dernière aura été prémonitoire : « La Grande Bretagne quitte l’Europe pour la Chine : une alliance géofinancière avec hollandisation », tandis que la complémentarité des plus grandes réserves de devises de la Chine avec le savoir-faire financiériste de la City construit l’échafaudage multipolaire pour le nouvel ordre géofinancier du XXI° siècle [7].

    Proche de ma façon d’aborder le sujet, c’est Thierry Meyssan, directeur du Réseau Voltaire, qui ajoute que le Brexit, appuyé par la reine d’Angleterre et la réorientation de la Grande-Bretagne vers le yuan chinois, équivaut à la chute du Mur de Berlin et accélère la redistribution des cartes de la géopolitique mondiale [8].

    Dans mon article précédent [9], je soulignais la simultanéité géostratégique suivante : le jour même où l’UE commençait à imploser, le groupe de Shanghai (OSC) se réunissait, pour son seizième sommet, à Tachkent (Ouzbékistan), où se sont retrouvés le tsar Vladimir Poutine et le mandarin Xi, et ils approuvaient le protocole d’adhésion de deux grands poids lourds nucléaires : l’Inde et le Pakistan [10]. C’est bien la fin d’une ère [11].

    En fait il y a eu deux poussées géostratégiques dans la mesure où, le lendemain du Brexit et après avoir assisté au sommet du Groupe de Shanghai à Tachkent, Poutine a réalisé une visite de deux jours en Chine, pour y approfondir les liens stratégiques avec Xi.

    Et ces deux rencontres, celle de Tachkent et celle de Pékin, ont été escamotées par les médias désinformateurs de l’Occident angoissé.

    Avec son sarcasme légendaire, le tsar Poutine, sept jours avant le Brexit, admettait, lors de la réunion financière de Saint-Pétersbourg, que les États-Unis « sont encore probablement la seule superpuissance mondiale », au moment où il « se prépare à travailler avec celui qui héritera de la présidence à Washington, quel qu’il soit », sans pour autant « accepter que les États-uniens lui dictent la conduite à tenir » [12].

    Le jour même du Brexit, deux puissances nucléaires du sous-continent indien étaient admis dans le Groupe de Shanghai, ce qui veut dire : 110 à 120 ogives nucléaires pour l’Inde [13], et de 110 à 130 ogives pour le Pakistan [14].

    Le Daily Times en déduit que l’adhésion du Pakistan est fort significatif, sur la scène géopolitique en plein bouleversement [15].

    Avec moins d’enthousiasme cependant que le Pakistan, The Hindu exulte à l’idée que l’Inde et le Pakistan vont être des membres de plein droit de l’OSC ; on peut supposer que la Chine parraine le Pakistan, et la Russie l’Inde [16].

    Or tout n’est pas rose dans le Groupe de Shanghai, car, selon Yang Jin, de l’Académie des Sciences sociales de Chine, la « crise financière globale, les prix en baisse des matières premières de première nécessité (staple commodities) et la détérioration des échanges qui découle des sanctions économiques appliquées à la Russie ont exercé des effets négatifs sur la stabilité (sic) et l’économie des membres de l’OCS », alors que « les grandes puissances (autrement dit les États-Unis, et plus précisément le « plan Brzezinki ») sont intervenus en profondeur dans les affaires régionales, perturbant les intérêts conjoints des membres de l’OCS », ce qui « a rendu difficile leur coopération circulaire » ; car à côté du binôme des superpuissances que sont la Chine et la Russie, quatre pays centre-asiatiques (Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan et Ouzbékistan) qui en sont membres, se disputent territoires, ressources en eau et ethnicité [17].

    L’adhésion de l’Inde et du Pakistan au Groupe de Shanghai va-t-il lui donner un nouvel élan, après seize sommets décevants ?

    Le problème de l’élargissement de l’OCS est qu’elle doit définir son objectif principal, la met face à un dilemme : constituer un bloc de sécurité militaire euro-asiatique pour contrecarrer l’Otan, ou intégrer sans plus un vulgaire bloc mercantiliste.

    Le rapprochement entre l’ours russe et le dragon chinois, voilà l’évènement. LePeople’s Daily affirme que l’association entre la Chine et la Russie sera un tournant implacable (sic) [18], tandis que Cao Siqi explique que la Chine et la Russie fortifient la stabilité globale et ont atteint un consensus contre l’hégémonie US [19].

    Dans le Global Times, un éditorialiste considère que la pression des États-Unis resserre les liens entre la Chine et la Russie, alors que Washington est incapable d’abattre le dragon chinois et l’ours russe en même temps [20].

    L’ancien régime est mort, vive la nouvelle ère !

    Traduction
    Maria Poumier

    Source
    La Jornada (Mexique)

    [3] “Soros sees Russia emerging as global power as EU fades”, Andy Bruce & Kit Rees, Reuters, June 20th, 2016.

    [4] “Hungarian Prime Minister accuses billionaire investor George Soros of trying to undermine Europe by supporting refugees travelling from the Middle East”, Jennifer Newton, Daily Mail, October 30th, 2015.

    [5] “Billionaire Soros Was ‘Long’ on Pound Before Vote on Brexit”, Francine Lacqua & Sree Vidya Bhaktavatsalam, Bloomberg, June 27th, 2016.

    [6] “Soros had Deutsche Bank ’short’ bet at time of Brexit fallout”, Arno Schuetze,Reuters, June 28th, 2016.

    [7] « Gran Bretaña abandona a EU por China : alianza geofinanciera con "holandización" », Alfredo jalife-Rahme, La Jornada, 25 de Octobre de 2015.

    [8] « Le Brexit redistribue la géopolitique mondiale », Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 27 juin 2016.

    [9] “Brexit : ganó el nacionalismo británico/Perdió la globalización/Derrota de Obama/Triunfo de Putin”, Alfredo Jalife-Rahme, La Jornada, 26 de Junio de 2016.

    [10] « Ташкентская декларация », Сеть Вольтер, 24 июня 2016.

    [11] « "Un nuevo significado, un nuevo peso" : La organización que unirá casi a la mitad del planeta », Russia Today, 24 de Junio de 2016.

    [12] « Presidente ruso Putin dice acepta rol de superpotencia de EEUU, diluye elogios a Trump », Grigory Dukor, Reuters, 17 de Junio de 2016.

    [13] “Indian nuclear forces, 2015”, Hans M. Kristensen & Robert S. Norris, Bulletin of Atomic Scientists, September 1st, 2015.

    [14] “Pakistani nuclear forces, 2015”, Hans M. Kristensen & Robert S. Norris,Bulletin of Atomic Scientists, September 1st, 2015.

    [15] “Pakistan’s entry at SCO significant in changing geopolitical scenario”, Daily Times, June 26th, 2016.

    [16] “India, Pakistan become full SCO members”, The Hindu, July 11th, 2015.

    [17] “SCO needs to overcome diverse demands”, Yang Jin, Global Times, June 26th, 2016.

    [18] “China, Russia pledge "unswerving" partnership”, People’s Daily, June 27th, 2016.

    [19] “China, Russia to strengthen global stability”, Cao Siqi, Global Times, June 27th, 2016.

    [20] “US pressure spurs closer Sino-Russian ties”, Global Times, June 27th, 2016.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Journal du Vendredi 08 Juillet 2016 : International / Dallas : les policiers pris pour cible

  • L’Amérique nous montre le chemin?

    Incarnation chez les progressistes  du camp du bien,  la calamiteuse Hillary Clinton, candidate des médias,   voit «probablement la fin d’un long cauchemar» se réjouissait  Le Monde cette semaine puisque «le FBI a recommandé   de ne pas poursuivre la candidate démocrate pour avoir utilisé sa messagerie personnelle quand elle était secrétaire d’Etat entre 2009 et 2013.» Son rival  Donald Trump,  a dénoncé un  système « totalement truqué». Il a  ironisé sur le fait que Bernie Sanders, le challenger démocrate malheureux de Mme Clinton avait « perdu les primaires du FBI » et s’est ému de ce que Bill Clinton  ait été  récemment aperçu en plein entretien sur le tarmac d’un aéroport avec Loretta Lynch,  la secrétaire  à la Justice, dont le ministère chapeautait l’enquête du FBI sur sa femme… Ce que ne rapporte pas  Le Monde mais que souligne le site de RTL c’est que le directeur du FBI , James Comey, a été aussi très cinglant en  affirmant que Mme Clinton et «ses collaborateurs» ont fait preuve d’une «négligence extrême» et que «toute personne sensée occupant la fonction de Mme Clinton (…) aurait dû savoir» qu’un serveur non protégé ne pouvait accueillir des informations classées secret défense. Les informations contenues dans les emails, elles, étaient «classées secrètes par la communauté américaine du renseignement au moment où elles étaient échangées.»

    Stéphane Montabert sur le blogue Contreproints.org,  relève que «malgré les dénégations (du directeur du FBI) , c’est évidemment un verdict politique (qui a été rendu au profit de Mme Clinton), le seul qui puisse épargner la candidate démocrate dans sa campagne électorale. Mais Hillary Clinton n’en sort pas indemne. Le grand public américain est bien plus au courant des tenants et aboutissants de cette affaire, et la décision du FBI suscite une indignation légitime.»

    «Beaucoup de gens ont le sentiment qu’il y a une justice pour le bas peuple et une autre justice, infiniment bienveillante, pour les puissants ; difficile de les contredire. Lorsque Donald Trump qualifie continuellement Clinton de crooked Hillary  (crooked pour malhonnête, véreuse, tordue…) sur Twitter, il n’est que l’écho du sentiment de nombreux Américains. Mme Clinton s’en sort peut-être indemne légalement, mais elle aura fort à faire jusqu’aux élections pour changer son image de politicienne corrompue, hypocrite et au-dessus des lois.»

    Frédéric Autran,  correspondant de Libération  à New York, qui décrit M. Trump comme «un dingue»,  estime, comme la  plupart des observateurs,  que l’appui de Barack Obama  pourrait dans ce contexte se révéler déterminant pour la démocrate car «avec à peine 40% d’opinions favorables, l’ancienne secrétaire d’Etat continue d’inspirer de la défiance à une majorité d’Américains (…). Le  camp républicain (…) ne cesse de dénoncer le manque de droiture et d’honnêteté d’Hillary Clinton. Signe que ce sentiment est profondément ancré au sein de l’électorat, un récent sondage NBC News/Wall Street Journal donne un large avantage à Donald Trump (41% contre 25%) en matière d’honnêteté et de fiabilité.»

    Cela n’empêche pas Barack Obama de s’engager activement en faveur d’Hillary Clinton, notamment mardi  lors d’un meeting commun à Charlotte (Caroline du Nord),  «tous deux ont débarqué de Washington à bord d’Air Force One, l’avion présidentiel» indiquait Le Monde. «Pourquoi Barack Obama est-il autorisé à utiliser Air Force One pour les déplacements de campagne avec la malhonnête Hillary ? Elle vole avec lui, mais qui paye pour cela ?» s’est interrogé M. Trump.

    Pas de quoi entamer les certitudes de M. Obama: « Je suis prêt à passer le relais, et je sais qu’Hillary Clinton peut gagner la course ! , a lancé le président, qui s’est livré à un panégyrique de la candidate, louant sa  force et son  leadership: Hillary a ce qu’il faut pour devenir commandant en chef (…) jamais il n’y a eu un homme ou une femme aussi qualifié pour ce poste.»

    «Les traces que l’âpreté de la primaire démocrate de l’élection de 2008 avait pu laisser entre les deux rivaux semblent définitivement effacées.» En effet l’équipe de M. Obama, fut à l’époque  contrainte de se séparer d’une conseillère qui avait déclaré que  Mme Clinton était « un monstre prêt à toutes les bassesses». Dans le camp d’en face, Geraldine Ferraro, trésorière de la campagne d’Hillary Clinton, avait  affirmé  que  «si Barack Obama  était blanc, il ne serait pas dans cette position. Ni s’il était une femme. Il a beaucoup de chance d’être ce qu’il est.» Mme Clinton avait mollement condamné ce jugement, tout comme elle avait laissé planer le doute sur la confession musulmane de M. Obama.

    Dans son  livre-enquête très fouillé, «Obama vs Clinton, la guerre des clans», Edward Klein, journaliste au NY Times, décrit en détail  la haine entre les deux coteries, et cite cette phrase pleine de mépris de Bill Clinton: «Obama ? À une époque, il nous aurait servi notre café ».

    Il sert aujourd’hui la soupe à la très inquiétante Mme Clinton dont Marine vient  de rappeler dans l’entretien qu’elle a accordé à Valeurs Actuelles que contrairement  à Donald Trump, («un homme libre»), «elle incarne tout ce que les Etats-Unis ont pu construire et exporter de néfaste dans le monde en termes de modèle économique, de choix internationaux.»

    Candidate démocrate avec laquelle M.Trump, qui entend  aussi séduire  les Américains sensibles au discours de Bernie Sanders sur les effets pervers de l’ultra libre échangisme et de la mondialisation, a très sensiblement réduit  son écart dans les intentions de vote.  Seuls cinq points séparent  aujourd’hui  selon les sondages les deux adversaires contre onze points il y a deux mois

    Pour autant, «selon le dernier baromètre du site Real Clear Politics, 87% des électeurs démocrates approuvent l’action de Barack Obama. Un soutien quasi-unanime dont la candidate démocrate espère récolter les bénéfices. Si le Président parvient à galvaniser la fameuse coalition qui l’a élu puis réélu à la Maison Blanche, notamment les jeunes (davantage séduits par Bernie Sanders) et l’électorat noir» souligne Libération.

     En novembre 2012, Adèle Smith dans un article du Figaro consacré à la réélection de M. Obama («Barack Obama élu grâce aux minorités») constatait que son adversaire républicain, Mitt Romney,avait remporté «une part plus importante du vote blanc que n’importe quel autre candidat républicain depuis Ronald Reagan en 1984 (59 %),» mais avait chuté  devant «l’Amérique bigarrée et rajeunie d’aujourd’hui  (…).  La part de l’électorat de couleur a été multipliée par trois ces quatre dernières décennies et représente 27 % du total aujourd’hui. Les femmes représentent environ 53 % de l’électorat.»

    «Ainsi, alors que la part de l’électorat blanc a légèrement baissé depuis 2008 pour s’établir à 72 % mardi, celle des minorités a légèrement augmenté. Celle des Hispaniques par exemple est passée de 9 % à 10 % et Barack Obama a remporté autour de 71 % de leur vote (…). Le premier président de couleur a remporté 93 % du vote des Afro-Américains, majoritairement démocrates et anxieux à l’idée de perdre le premier président de leur race»,  a su séduire   également «les femmes célibataires et celles issues des minorités», «un électorat largement progressiste sur les questions de société» de par son soutien, «quoi qu’un peu forcé», au mariage homosexuel.

    Américains qui,  progressistes ou pas, constatent la permanence de tensions ethniques et/ou d’une violence sociale qui divisent profondément un  pays né de l’immigration lequel, malgré les promesses de l’avènement d’une société post-raciale symbolisée par l’élection d’Obama,  reste divisé sur une base communautaire… comme le sont toutes les sociétés multiraciales.

    Des manifestations se sont déroulées  dans plusieurs villes des Etats-Unis  ces dernières heures  pour protester contre la mort de deux hommes noirs tués par les forces de l’ordre,  l’un en Louisiane, l’autre dans le Minnesota. Barack Obama  a tenu  à réagir à  l’émotion suscitée par  ces deux affaires. Il a  affirmé «que ces fusillades meurtrières ne sont pas des incidents isolés» mais «symptomatiques de défis plus larges au sein de notre système judiciaire» et  «des disparités raciales qui apparaissent dans le système année après année et le manque de confiance qui en résulte entre les forces de l’ordre et de trop nombreuses communautés».  Un manque de confiance qui a aussi  coûté  la vie  à quatre policiers, tués par des tirs hier pendant un rassemblement à Dallas (Texas)contre le racisme (réel ou supposé) de la police. Il faut savoir aussi  si l’on entend racialiser ce débat, comme le fait le président Obama, qu’il y beaucoup  plus de blancs tués chaque année aux Etats-Unis par des Afro-américains que l’inverse.

    Utiliser  la carte des minorités,  profiter (susciter parfois)  des antagonismes entre communautés, ou à tout le moins jouer la carte des clientélismes ethnico-religieux, est une pratique que certains entendent acclimater en France. Les sociaux-démocrates  de  cette deuxième gauche  favorable a mondialisation sans frein,  à  la financiarisation, ralliée à l’euro-atlantisme qui animent  le laboratoire d’idée  (Think tank) Terra Nova (son conseil scientifique était présidé par Michel Rocard), avaient théorisé  ce que le PS n’ose pas formuler clairement. A savoir la nécessité pour se maintenir au pouvoir d’utiliser l’atomisation (encouragée) du corps social, de susciter, de mobiliser  des coalitions de minorités, afin  de damer le pion à une  classe ouvrière qui  réclame un État-nation fort, protecteur, défendant notre identité et notre  souveraineté nationales.  Bref des catégories populaires  constate Bruno Gollnisch, et de manière croissante des classes moyennes, qui ne  partagent  plus les valeurs la gauche mais celles du Front National. Un clivage, deux visions du monde bien présents des deux côtés de l’Atlantique et qui seront au cœur des déterminantes échéances électorales à venir.

    http://gollnisch.com/2016/07/08/lamerique-montre-chemin/

  • Les composants de missiles de Daech venaient de Turquie

    De Georges Malbrunot dans Le Figaro :

    "Des missiles étaient testés dans un «département recherches et développement», puis produits en série dans des fabriques clandestines, où les artificiers djihadistes confectionnaient de grandes quantités d'explosifs. Les composants venaient de Turquie, révèlent au Figaro les démineurs.

    En deux ans et demi de contrôle de Faloudja, Daech a eu le temps de mettre en place une mini-industrie de l'armement, avec des chaînes de production standardisée, une division du travail et même un «département recherches et développement». Les experts de l'ONG Conflict Armament Research (CAR) en ont acquis la certitude. Mandatés par l'Union européenne, ils viennent d'inspecter plusieurs des quatorze ateliers de fabrication d'armes que l'État islamique (EI) avait cachés dans des maisons, situées près des mosquées ou des hôpitaux de Faloudja, ce bastion djihadiste à 50 km à l'ouest de Bagdad"

    Michel Janva

  • Le Brexit un symptôme, pas un remède !

    Bruno Mégret Polémia cliquez ici

    Le Brexit est sans conteste un événement politique important mais, au-delà des polémiques qu’il suscite, il convient de s’interroger sur sa portée réelle. A l’évidence, il s’agit d’abord d’une nouvelle et puissante manifestation populaire de rejet de la classe dirigeante et de l’idéologie qu’elle véhicule, la revendication identitaire face au danger migratoire ayant sans doute été le facteur le plus déterminant du vote pour la sortie de l’Europe. Malgré une campagne massive organisée par tous les tenants du politiquement correct, les Britanniques ont exprimé clairement leur refus d’une Europe mondialisée qui bafoue les identités, les Etats et les peuples.

    A ce titre, leur vote s’inscrit dans le vaste courant qui se développe un peu partout en Europe, comme encore récemment lors de l’élection présidentielle en Autriche.

    Une catastrophe (?)

    A cet égard, on ne peut qu’être choqué par la propagande du Système présentant cette sortie de l’Union comme une catastrophe pour la Grande-Bretagne. A entendre les thuriféraires de l’Europe bruxelloise, celle-ci va connaître des troubles économiques, monétaires et commerciaux majeurs. Gageons qu’il n’en sera rien. Certes, la période d’incertitude ouverte par ce vote continuera pendant quelque temps à perturber les milieux économiques et financiers mais elle n’aura que peu de conséquences d’envergure. On voit déjà que l’impact sur la livre sterling est des plus modérés. Certes, la devise britannique a perdu près de 10% de sa valeur depuis le jour du référendum, mais il s’agit là d’une évolution qui se stabilise et qui se révèle, somme toute, bien modeste au regard de la baisse, au demeurant bénéfique, de l’euro qui a perdu quant à lui 20% de sa valeur au cours des douze derniers mois.

    La vérité est que, si ce Brexit ne conduit pas aux catastrophes annoncées par les tenants du maintien du Royaume-Uni dans l’Union, il risque de ne pas apporter non plus les avantages promis par les partisans de sa sortie et de ne pas changer grand-chose dans la vie quotidienne des Britanniques. Sur le plan commercial, n’oublions pas que le Système bruxellois est dominé par le libre-échange. Il n’y a plus de frontières commerciales entre les pays d’Europe mais il n’y en a pas davantage entre l’Europe et le reste du monde. Sous une forme ou sous une autre, les droits de douane ne seront donc pas rétablis entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne et le commerce entre ces deux ensembles continuera comme avant. Sur la question de l’immigration, le Royaume-Uni ne faisait pas partie de l’Espace Schengen et, la classe dirigeante étant toujours très ouverte à l’immigration du Commonwealth, celle-ci se poursuivra comme auparavant et d’autres grandes villes britanniques finiront elles aussi par se doter, comme Londres, d’un maire musulman.

    Et si la France suivait la Grande Bretagne ?

    Cette observation doit conduire à s’interroger sur ce qui se produirait si la France sortait à son tour de l’Union européenne. La réponse serait la même : cela ne résoudrait rien. Les entreprises françaises seraient toujours soumises aux mêmes charges qui pénalisent leur compétitivité. En matière d’immigration, les gouvernements du Système acquis au politiquement correct ne feraient rien de plus qu’aujourd’hui pour arrêter la déferlante migratoire. Quant à la bureaucratie, faisons confiance à l’administration française pour concocter des règles aussi complexes et pénalisantes que celles imposées par Bruxelles.

    Le Brexit est un symptôme de la maladie bruxelloise

    En réalité, ce ne sont pas les structures institutionnelles, qu’elles soient nationales ou supranationales, qui déterminent la politique, mais leurs dirigeants et l’idéologie qui les anime. Placez des responsables acquis aux idées de la droite nationale à la tête et dans les rouages des institutions bruxelloises et l’Europe changera radicalement : de bureaucratique et mondialisée elle deviendrait protectrice de nos identités et de nos intérêts. A l’inverse, maintenez des dirigeants comme Hollande à la tête d’une France même sortie de l’Union et rien ne s’améliorera. Le Brexit est un symptôme de la maladie bruxelloise, pas un remède.

    S’il faut donc refuser l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui, il est vain de chercher la solution dans une sortie mécanique de l’Union. Il faut, au contraire, imaginer une autre Union, une Union qui rende aux Etats toutes les prérogatives qu’ils peuvent parfaitement gérer à leur niveau. Une Union qui soit dirigée par les nations et elles seules. Une Union qui se prémunisse de la concurrence sauvage par une régulation des échanges commerciaux à ses frontières. Une Union qui assure son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis en rejetant le TAFTA et en créant une Alliance militaire européenne se substituant à l’Otan. Une Union dont la monnaie servirait les économies européennes comme le dollar sert l’économie américaine. Une Union qui mettrait un terme à l’invasion migratoire et qui aiderait les Etats à organiser la réémigration. Bref, une Union qui se préoccuperait de l’identité, de l’indépendance et de la puissance collective de l’Europe.

    L’Europe se doit être une cohérence entre les nations composantes, défenseurs en commun de leur civilisation européenne

    Dans le monde multipolaire qui est dorénavant le nôtre, marqué par le choc des civilisations et la montée des puissances anti-occidentales comme le monde chinois ou le monde musulman, il est essentiel que l’Europe impose à nouveau la puissance de sa commune civilisation. Et ce ne sont pas des nations isolées, divisées, envahies et culpabilisées qui peuvent nous rendre notre place dans ce monde-là.

    La sortie de la Grande-Bretagne, laquelle a toujours voulu une Europe de l’atlantisme et du libre-échange, pourrait faciliter l’émergence d’une Europe de l’identité, de l’indépendance et de la puissance. Le choc politique du Brexit pourrait par ailleurs créer l’occasion de refonder l’Europe sur de tout autres principes que ceux qui ont prévalu jusqu’à présent. Les tenants de la classe politique reconnaissent aujourd’hui que l’Europe bruxelloise est discréditée et qu’il faudrait la rénover. Pourtant, ils ne semblent pas voir les fondements sur lesquels elle devrait être reconstruite et se contentent de proposer des modifications abstraites, voire absconses.

    Une nouvelle Europe

    Expliquons-leur, alors, que, si l’Europe s’affirmait demain comme le rempart contre l’invasion migratoire, si elle abandonnait son emprise bureaucratique sur les Etats, si elle assurait par sa monnaie et sa politique commerciale la réindustrialisation du continent et si elle rendait aux Européens leur fierté par une indépendance et une puissance retrouvées face aux Etats-Unis, les institutions européennes deviendraient enfin populaires.

    Encore faudrait-il qu’au lieu de se réjouir passivement du Brexit, ceux qui s’opposent au Système en place fassent comprendre aux Français que l’Europe peut être tout autre chose que ce que les Européistes en ont fait et qu’elle pourrait constituer un puissant instrument pour combattre le politiquement correct et assurer la renaissance de notre nation.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Blair et Clinton : responsables mais pas coupables ?, par Charlotte d’Ornellas

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    Il fallait le lire pour le croire, Tony Blair, Premier ministre britannique en 2003, a affirmé ce mercredi que la guerre en Irak avait rendu le monde « meilleur et plus sûr ». Les dizaines de milliers de familles endeuillées en Irak comme partout dans le monde apprécieront.

    Cette déclaration faisait suite à la publication d’un rapport explosif de l’ancien haut fonctionnaire Sir John Chilcot sur l’intervention militaire du Royaume-Uni en Irak. On n’y apprend rien qu’on ne soupçonnait déjà, mais c’est officiel : le Royaume-Uni est intervenu en Irak aux côtés des Etats-Unis alors que Saddam Hussein « ne présentait pas de menace imminente » et que « toutes les alternatives pacifiques (…) n’avaient pas été épuisées ».

    Concrètement, le rapport accuse Tony Blair de s’être appuyé sur de fausses informations – non établies par les renseignements de manière certaine, pour justifier son invasion. « Pour la première fois depuis la seconde guerre mondialele Royaume-Uni a participé à l’invasion et à l’occupation complète d’un Etat souverain », ajoute le rapporteur.

    Résultat ? 495 000 morts (dont 200 soldats britanniques), une économie irakienne réduite en cendres, un chaos durable, une région éventrée et des attentats terroristes dans le monde entier (la décision britannique n’est pas responsable de tout cela à elle seule, mais elle en est au moins largement complice). Tony Blair a joué son numéro : « C’était la décision la plus difficile que j’ai jamais prise, a déclaré Tony Blair. Je l’ai prise de bonne foi. J’en endosse l’entière responsabilité. J’éprouve plus de peine, de regrets et d’excuses que vous pouvez l’imaginer. » La belle affaire.

    Le bilan est lourd et la faute avérée. Pourtant, le procureur britannique comme celui du Tribunal international de La Haye ont exclu de poursuivre Tony Blair.Injustice majeure, mais apparemment indiscutable : « Comme nous l’avons déjà indiqué en 2006, la décision du Royaume-Uni de faire la guerre en Irak n’est pas de la compétence de la Cour », a tranché le procureur. Pire encore, il précise que le rapport Chilcot sera étudié et que des soldats britanniques pourraient être incriminés pour mauvaise conduite. Tony Blair, non.

    Injustice comparable avec la présidentiable Clinton. Ce même mercredi, elle était entendue par le FBI pour des messages professionnels envoyés depuis des boîtes mails non sécurisées alors qu’elle était secrétaire d’Etat. Le patron du FBI a reconnu des « négligences graves », mais ne veut aucune poursuite. Tenez-vous bien, Hillary Clinton n’aurait peut-être pas eu l’intention de mal faire… !

    Hillary Clinton était pourant secrétaire d’Etat et donc signataire d’un texte clair : « J’ai été informée que la diffusion non autorisée, la rétention non autorisée ou le traitement négligent d’informations sensibles de ma part peuvent causer un tort irréparable aux Etats-Unis ou peuvent être utilisés à l’avantage d’une nation étrangère. » Injustice flagrante, encore une fois.

    Ces deux cas ne sont pas uniques, mais révélateurs de cette caste destructrice mais intouchable… La Fontaine est décidément indémodable : « selon que vous serez puissants ou misérables… »

    Charlotte d’Ornellas

    Texte paru dans Présent daté du 8 juillet 2016

    http://fr.novopress.info/