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international - Page 784

  • L’affrontement Trump/H.Clinton reflète bien les fractures de la société américaine

    Dans le cadre d’un séjour à Washington, Denis Bachelot a rencontré un certain nombre de personnalités locales et évoqué avec elles leurs visions de l’élection présidentielle, centrées autour de l’affrontement Trump/H.Clinton.

    Il en tire quelques réflexions qui permettent de mieux cerner les enjeux du contexte politique américain, mais aussi français.
    Polémia.

    Les sondages aujourd’hui, outre le fait qu’ils peuvent évoluer, ne permettent pas de dégager la probabilité forte d’une victoire pour l’un ou l’autre des candidats, tant ils sont dans l’ensemble serrés.

    La probabilité d’une victoire de Trump est toutefois prise très au sérieux par l’Establishment de WDC que j’ai pu rencontrer et, de fait, beaucoup d’éléments plaident en sa faveur. Ce sentiment est d’autant plus probant que le milieu washingtonien est globalement très « liberal » (au sens anglo-saxon) et donc très anti-Trump. Dans bien des assemblées où je me suis retrouvé avec des personnalités locales, la comparaison entre Trump et Hitler était énoncée comme une banalité. Ce milieu de la haute administration, des médias et des organismes internationaux, propre à WDC, ne reflète toutefois pas la complexité actuelle de la société américaine.

    Plusieurs éléments concrets montrent une réalité beaucoup plus contradictoire que l’image simpliste véhiculée par les médias français, celle de l’Amérique du ressentiment des petits Blancs perdants de la mondialisation, face aux classes « éclairées » de la société et aux minorités qui, « naturellement », soutiendraient H. Clinton (ce qui renvoie à l’analyse classique du vote FN en France). La dimension identitaire est, certes, réelle, mais elle n’explique pas tout le phénomène Trump.

    Un partie des milieux d’affaires est derrière Trump

    Le rejet des démocrates et de H. Clinton en particulier est énorme, non seulement dans les classes populaires ou moyennes, premières victimes de la crise économique, mais également, ce que l’on ne perçoit pas du tout en France, dans les milieux d’affaires. Il est faux de dire que le « big business » soutient inconditionnellement Clinton, tant il serait terrorisé par l’apocalypse économique que représenterait l’arrivée de Trump au pouvoir. Beaucoup de personnalités du monde des affaires considèrent que la gestion de l’ère Obama est une catastrophe pour l’économie américaine et que les milieux d’affaires ont été brimés ; notamment par le harcèlement judiciaire. Un point de vue très libéral (au sens classique du terme) qui pourrait faire sourire en France, mais qui compte aux USA.

    Ainsi, contrairement à la France où la quasi-totalité du patronat institutionnel condamne officiellement le FN, des personnalités de premier plan du monde des affaires soutiennent Trump. On peut citer : T. Boone Pickens, le milliardaire texan, Tom Barrak, un des rois de l’immobilier, Sheldon Adelson, le tycoon des casinos et des hôtels, Andy Beal, un banquier de Dallas, Julian Robertson, patron d’un grand hedge fund

    Ces personnalités se regroupent et, selon la pratique américaine, créent des « super PAC » (Political Action Commitee) pour soutenir le candidat républicain. Ils mobilisent déjà des dizaines de millions de dollars, et visent des centaines. Il suffit d’aller sur Internet pour suivre l’évolution de ces fonds de soutien à Trump et connaître les hommes qui les animent et le montant des sommes qu’ils collectent. Mais surtout, ces personnalités légitiment la candidature de Trump auprès de la communauté des affaires et du grand public. En fait, leur attitude est pragmatique. Elles se soucient assez peu des déclarations contradictoires ou incohérentes de Trump (elles sont réelles), mais prennent acte de sa volonté de changement et de sa dynamique politique. Ils se placent auprès du candidat et travaillent avec lui pour lui amener les compétences nécessaires une fois au pouvoir.

    Kissinger dialogue avec Trump

     Il en va de même pour le domaine de la politique internationale. Les médias français ont totalement ignoré les rencontres entre Kissinger et Trump (la dernière date du 18 mai) ; officiellement ce dernier a nié soutenir le candidat républicain ; il affirme, à juste raison, rencontrer les autres candidats pour s’assurer de leur compréhension des enjeux internationaux. Mais, de fait, sa non-condamnation de Trump et son dialogue avec lui sont déjà une reconnaissance puisqu’il le considère comme un interlocuteur légitime et incontournable. Il a même proposé à Trump de l’aider à constituer son équipe d’experts internationaux. Or, l’autorité de Kissinger est toujours considérable.

    Sur le plan international, également, les ressentiments à l’égard des démocrates sont très forts et l’Amérique est lasse de l’interventionnisme mou d’Obama, après l’interventionnisme « hard » de Bush. La question, notamment, d’Israël et du rapprochement avec l’Iran a laissé des traces profondes contre l’administration Obama et divisé la communauté juive qui est loin d’être unanimement du côté de Clinton, malgré la « reductio ad Hitlerum » qui frappe Trump.

    Pour nous Européens, les perspectives d’une nouvelle entente entre les Etats-Unis et la Russie sont un élément absolument capital qui peut être très prometteur, mais également se faire au-dessus de nos têtes et à notre détriment. En vue de futurs et possibles changements politiques dans l’axe USA/Russie, nous devons nous positionner comme des partenaires et intermédiaires indispensables à un dialogue équilibré et non comme des suiveurs dociles.

    Dépasser la vision simpliste des médias

     Enfin, si l’on veut comprendre les enjeux des élections américaines il faut dépasser la vision véhiculée par les médias internationaux centrée sur la promotion d’une image bouffonne et dangereuse de Trump. Derrière le show médiatico-politique se positionnent de vrais choix politiques qui mobilisent les forces profondes de la société américaine. On ne perçoit pas en France, en raison du parti pris des médias, combien l’image de H. Clinton est mauvaise et répulsive. Quel que soit le milieu des gens rencontrés, toutes les personnes qui m’ont dit qu’elles voteraient pour elle le font juste par rejet de Trump. Je n’ai pas entendu un seul commentaire positif à son sujet. Elle a une image d’opportuniste et de corrompue. Outre l’affaire des mails, elle est, selon un article récent du Washington Times, repris ni aux USA ni en Europe, sous le coup d’une enquête du FBI sur sa fondation qui pourrait entraîner une procédure pour « racket, concussion et blanchiment d’argent ». Les bourdes de Trump, à côté, font figure de broutilles.

    Par ailleurs, la question des minorités ethniques, théoriquement massivement favorables à Clinton, est plus complexe qu’il n’y paraît. Les Hispaniques, notamment, ne sont pas insensibles au discours conservateur de Trump sur les valeurs, même si, selon les derniers sondages, ils soutiennent Clinton à plus de 60% contre 23% pour Trump. Les études d’opinion relèvent cependant des potentiels de progression pour le candidat républicain dans cet électorat. Il faut rappeler que Trump a fait un de ses meilleurs scores à New York (plus de 60%) où les communautés noires et latinos sont nombreuses. La politique de laxisme sécuritaire du nouveau maire gaucho communautariste de Blasio est mal vécue par une part grandissante de la population, après l’ère sécuritaire des conservateurs Bloomberg et Giuliani.

    En conclusion, si les jeux semblent encore ouverts dans la course à la Maison-Blanche, il est clair que la présentation faite en France par les médias est tronquée et sous-estime totalement la dynamique Trump et ce qu’elle représente comme volonté de changement et de renouvellement de la vie politique américaine. Cette volonté est massive et ne concerne pas que les classes moyennes et populaires blanches, même si celles-ci sont particulièrement mobilisées. Pour preuve : 14,7 millions d’électeurs ont voté pour Trump lors des primaires, contre 10 millions pour le candidat Mitt Romney en 2010 ! Après l’Autriche, la perspective du Brexit et l’élection d’une candidate d’un parti contestataire à la mairie de Rome, l’exemple américain traduit l’ampleur des mutations politiques et civilisationnelles qui travaillent les peuples des pays occidentaux. Les leçons de l’élection américaine seront certainement riches d’enseignement pour les échéances françaises de 2017.

    Denis Bachelot, 20/06/2016

    http://www.polemia.com/laffrontement-trumph-clinton-reflete-bien-les-fractures-de-la-societe-americaine/

  • Les hooligans russes prouvent que Schengen est une passoire

    Il est inquiétant de constater qu’un hooligan expulsé pour des faits de violence ait pu revenir sans problème sur le territoire national.

    Il ne faut pas critiquer pour critiquer. L’Euro 2016 est, par bien des aspects, une belle fête populaire et sportive. Les stades sont magnifiques, remplis des chants des supporters les plus sympathiques, à l’instar des Irlandais ou des Gallois. En revanche, l’événement a été gâché par des violences quasi quotidiennes entre groupes de hooligans, principalement des Anglais et des Russes, renforcés ponctuellement par des casseurs locaux. Les autorités françaises n’ont pas été en mesure d’assurer correctement la sécurité de la compétition.

    Notre gouvernement semble ne plus vivre avec nous, totalement déconnecté de la réalité. Ainsi, les ministres des Sports et de l’Intérieur ont présenté, après dix jours de compétition, le bilan de sécurité de l’Euro 2016 comme étant « globalement positif », malgré des violences qui ont conduit à (excusez du peu) 557 interpellations. Mais de qui se moquent-ils ? Patrick Kanner et Bernard Cazeneuve sont-ils aveugles ? Ont-ils comparé l’Euro 2016 avec les compétitions précédentes qui se sont tenues en Europe au cours des quinze dernières années, exemptes de violences comparables à celles qu’ont pu connaître les villes de Marseille, Nice, Lille ou Lyon ?

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  • Poutine à la Nuit aux Invalides pour les chrétiens d'Orient, ce jeudi 23 juin

    Enfin presque... Frédéric Pons a en effet été invité à rejoindre la belle cohorte d'auteurs amis la belle cohorte d'auteurs amis qui viendront signer leur ouvrage. Il signera son "Poutine" paru chez Calmann-Lévy. Cette biographie politique, vous le devinez, n'est pas précisément dans le courant dominant. Mais le livre rencontre un beau succès.

    Frédéric Pons y explique notamment la relation compliquée (mais désormais de plus en plus claire) de Poutine avec la religion, de la petite croix d'argent de son baptême secret à ses retraites spirituelles discrètes dans les monastères de Carélie du nord...

    Programme de la soirée de jeudi :

    • De 20h30 à 22h : dédicaces, expositions
    • 22h15 : intervention de Marc Fromager et Charles de Meyer
    • 22h30 : Show monumental La Nuit aux Invalides

    Pour s'inscrire.

    Michel Janva

  • La Hongrie refuse que l’Union européenne décide à sa place pour des traités comme le TAFTA

    Hongrie, Budapest – Le Parlement hongrois a voté une motion visant à contrer le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI ; TTIP en anglais) aussi connu sous le nom de traité de libre-échange transatlantique (TAFTA en anglais) et l’accord économique et commercial global (AECG ; CETA en anglais), mais aussi l’Accord sur le Commerce des Services (ACS / TiSA). 
    Proposé par le député vert Schiffer, du parti LMP (La politique peut être différente), cette motion vise à pousser le gouvernement à, tout d’abord, tirer des lignes rouges ne pouvant pas être franchies, en particulier dans des domaines tels que les normes environnementales et sanitaires , les réglementations sociales et démocratiques, les droits des consommateurs, ou même le droit. Le deuxième point visé par cette motion est de pousser le gouvernement à changer le mode de ratification de ces traités. 
    Depuis le traité de Lisbonne de 2007, ces traités sont négociés par la Commission européenne uniquement, et ratifiés par l’Union européenne, tant qu’ils ne comprennent pas les dispositions légales « non commerciales ». Avec cette motion, les députés hongrois veulent classer ces traités commerciaux comme « accord mixte », considérant que ce traité est bien plus qu’un simple traité commercial. La Commission européenne aurait alors à faire signer le document par chaque État membre avant la mise en vigueur du traité. 
    La motion a été acceptée par 178 oui, 5 abstentions et 2 non (le Parlement hongrois a 199 sièges). 

  • La Fin des chrétiens d’Orient ?

    Arte a consacré un documentaire de grande qualité sur les chrétiens d'Orient, rappelant qu'ils étaient là avant les musulmans :

    "Minée par les persécutions, l’exil et le recul de ses droits, la communauté chrétienne va-t-elle disparaître du Moyen-Orient ? Un saisissant panorama de sa fragile condition dans cinq pays : l’Irak, la Syrie, la Turquie, l’Égypte et le Liban.

    Au début du XXe siècle, un habitant du Moyen-Orient sur quatre était chrétien. Aujourd’hui, ils sont largement minoritaires (11 millions parmi 320 millions de musulmans). Chaque année, des milliers d’entre eux sont massacrés, souvent  parce qu’on les assimile à un Occident qui, pourtant, ne les soutient guère. Peu à peu, ils disparaissent de la région qui a vu naître leur religion. Ils descendent en effet des premiers chrétiens qui fondèrent des communautés religieuses au cours du Ier siècle, quand l’Europe était païenne. Au VIIe siècle, ils ont accompagné l’avènement de l’islam. Cet ample et passionnant documentaire explore leur fragile condition dans cinq pays : l’Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie et l’Égypte. D’une région à l’autre, leur position minoritaire les conduit souvent à s’allier au pouvoir en place en échange d’une protection incertaine."

    Ce documentaire de 87mn peut être vu jusqu'au 16 juillet.

    Pour soutenir les chrétiens d'Orient, vous pouvez assister à la Nuit aux Invalides jeudi 23 juin.

    Michel Janva

  • Orlando : un attentat homophobe ?

     « Tués parce qu'homosexuels ». Voila ce qu'on a pu lire un peu partout à la suite de la tuerie d'Orlando autant dans la bien-pensance que chez certains cadres du FN trop pressés de courir après les indignations victimaires du système médiatique. Il s'agit non seulement d'une erreur de lecture mais également d'une faute politique. Explications.

    L'homophobe pas si homophobe …

    Omar Mateen auteur de la tuerie d'Orlando s'est bel et bien revendiqué de l'Etat islamique et sa cible n'est pas un hasard sur ce plan. De nombreux homosexuels sont en effet victimes des agissements de l'EI en Irak et en Syrie. Des vidéos de propagande montrent par exemple des homosexuels ligotés jetés du haut d'un toit et s’écrasant au sol. Images glaçantes qui ont pour but de toucher en plein cœur les Occidentaux. Pourtant, une vidéo de Boris Le Lay, confirmée par la presse anglo-saxonne et même par la presse francophone dresse un portrait tout autre de l'auteur des faits. D'origine pachtoune, Omar Mateen provient d'une société sexiste et misogyne pratiquant l'homosexualité à tendance pédophile (c'est à dire en direction des jeunes hommes voir des jeunes garçons). La tradition du « basha bazi »1 qui signifie « jouer avec des enfants » est en effet très répandue. Une simple recherche sur Youtube nous permet d'ailleurs de trouver des vidéos d'adolescents maquillés et portants des vêtements amples, dansant au milieu d'hommes plus âgés qu'eux. Omar Mateen aurait par ailleurs fréquenté la boîte homosexuelle où il a commis sa tuerie pendant 3 ans2. Bien loin d'un homophobe, et sans tomber dans la psychologie de bistrot, Omar Mateen est probablement un homosexuel refoulé et l'islam salafiste constitue pour lui une façon de se « purifier ». En effet en Afghanistan la Charia tente de lutter contre le « basha bazi ». Hypothèse de la purification qui peut être validée par le succès du salafisme auprès de nombreux musulmans ayant eu à une moment donné une vie dissolue ou marquée par le grand banditisme. On se souvient de Brahim Abdeslam qui tenait un bar à Molenbeek...

    Le cliché d'un Occident homosexuel

    Boris Le Lay revient aussi sur le cliché d'un occident qui serait « homosexuel ». Là aussi ses propos sont dignes d'intérêt, même si on s'étonnera du coup que le même Boris Le Lay se fasse le relais de certains canaux « pro-russes » opposant une Russie « virile et sans LGBT » à un Occident « féminisé et pro-LGBT ». Mais fermons cette parenthèse. L'Occident n'est pas homosexuel. La part des couples homosexuels y est marginale et le nombre de mariages gay en France est très faible comparativement à la mobilisation qu'a suscité le mariage homo. Les modèles occidentaux demeurent globalement marqués par des figures hétérosexuelles et par des figures assez viriles (y compris dans la soupe cinématographique états-unienne des super-héros...). En revanche l'homosexualité y est acceptée car l'Occident distingue assez facilement la sphère publique de la sphère privée. L'homosexualité est considérée par la majorité des Occidentaux comme une affaire « privée » et c'est bien plus souvent la propagande LGBT et le lobbying « gay » qui agacent, plus que l'orientation sexuelle. Dans la pornographie, réceptacle des frustrations autant que des fantasmes, ce sont les actes hétérosexuels qui sont plébiscités et non les actes entre hommes. C'est à l'inverse le Pakistan qui arrive en tête des « Google trends » en ce qui concerne les recherches sur le porno gay...3 L'homosexualité refoulée s'accompagne d'un rejet de la femme qu'on voile et qu'on masque alors qu'en Europe, où l'hétérosexualité est majoritaire et vécue avec sérénité, le corps de la femme n'est pas combattu (si on excepte un certain puritanisme chrétien).

    L'homosexualité n'est pas une identité

    Un titre un peu abrupt, mais que je vais expliciter. Le piège des prises de positions du type « tués parce qu'homosexuels » est de résumer les individus à leur orientation sexuelle et de considérer l'orientation sexuelle comme une identité telle qu'on l'entend en histoire4. Or c'est faux. Il ne peut y avoir d'identité qu'en lien avec une origine ethnique et/ou avec une culture. L'orientation sexuelle ne peut pas consister en une « identité » comme le seraient d'autres formes d'identité qu'elles soient nationales, religieuses, culturelles, ethniques, linguistiques, etc... L'homosexualité est une affaire personnelle qui fait qu'un individu se sent plus proche sentimentalement (et/ou sexuellement) d'un individu du même sexe. Une identité et une culture supposent au préalable une transmission et ne sont pas du registre du choix, du sentiment ou de la construction personnelle. C'est un héritage. Même un couple homosexuel ayant un enfant (qu'il soit issu d'une FIV ou de l'adoption) ne cherchera pas a priori àfaire de ce dernier un homosexuel. Pour être encore plus clairs, sauf cas marginaux, les homosexuels ne sont pas issus de couples homosexuels, mais hétérosexuels et ils ont une identité héritée et une culture (transmission d'un code génétique, d'une langue, de règles, de valeurs)5. L'importance du vote homosexuel pour le FN traduit en partie cette réalité. Bien qu'homosexuels, ces électeurs se perçoivent aussi comme appartenant à une société, à un peuple avec ses codes et ses valeurs. Et on peut parfaitement défendre une « certaine idée de la France » qui se basera sur un héritage culturel tout en étant homosexuel, puisque l'un n'a pas de lien avec l'autre. Comme c'était le cas en Grèce où l'homosexualité n'empêchait nullement de se sentir partie prenante d'une cité à part entière où d'un « monde grec » distinct d'autres aires culturelles. Il ne serait pas venue à l'idée aux Grecs de définir qu'homosexuel est une identité à l'instar de Perse, Grec ou Romain.

    Une erreur politique

    Il s'agit donc d'une erreur politique de parler « des homosexuels » et aussi de résumer l'homosexualité à la fréquentation de boîtes gays6. Par exemple des homosexuels « patriotes » fréquentent de telles boîtes, mais ils le font à titre « privé » et non par esprit lobbyiste. En amalgamant ensemble « les homosexuels » on mélange dans le même sac ceux qui pratiquent une homosexualité privée7 et une homosexualité « publique », totalement politique8, qui a seulement pour objet de s'imposer dans l'opinion et le débat public alors qu'elle est extrêmement minoritaire et qu'elle n'intéresse pas grand monde en dehors de quelques quartiers de Paris9. C'est la même erreur qui consiste à fragmenter systématiquement la société française en communautés englobantes par exemple en résumant « les juifs » aux CRIF et « les musulmans » à l'UOIF, …. Ainsi on parle des « Juifs de France » pour regrouper les juifs de nationalité française et ceux de nationalité étrangère. Je rappelle à nos parangons de la République que celle-ci ne reconnaît pourtant aucune communauté. Les politiques sont donc face à un exercice périlleux mais nécessaire. En proclamant, même au sein du FN, que ces personnes ont été tués parce qu'elles sont homosexuelles, on introduit un facteur aggravant à la mort. Être tué parce qu'on est homosexuel serait donc « plus grave » que parce qu'on est hétérosexuel ? En vertu de quoi ? Si ce n'est en vertu de la sacro-sainte « victimisation » des minorités ? Minorités souvent autoproclamées d'ailleurs10. Au Bataclan ce n'était pas « des homosexuels » qui ont été tués, ce qui n'enlève strictement rien à l'horreur de la tuerie11. De fait, insister sur l 'orientation sexuelle des morts, c'est d'une part valider la stratégie de l'Etat islamique qui veut démontrer à ses hommes qu'elle combat un Occident « impur » et d'autre part offrir demain d'autres homosexuels en victimes sacrificielles aux assassins de l'EI qui pourront se « purifier » par ce biais. Si même au FN on valide le communautarisme gay et la hiérarchie des morts en fonction d'une analyse minorité/majorité anti-républicaine, on poursuit d'introduire le ver dans le fruit et de faire le jeu d'un communautarisme et d'une vision post-moderne de l'Occident qui nous détruit elle aussi.

    Les islamistes s'en prennent à la société post-moderne

    Le communautarisme gay, qui repose sur une approche biaisée de l'identité, est en effet le fruit du post-modernisme occidental et il est à l'homosexualité ce que sont les intégristes aux religions. Face à une morale religieuse puritaine, souvent hypocrite, on y oppose une sexualité libre et festive entre personnes du même sexe. L'un alimente l'autre comme l'a très bien compris René Girard dans ses théories sur la rivalité mimétique et sur la montée aux extrêmes. Ce sont donc les deux faces d'une même médaille qui se sont rencontrées à Orlando : l'islamisme salafiste puritain « purificateur » et l'homosexualité post-moderne libérale festiviste du sans limite. Il s'agit de deux faces du communautarisme, de deux faces du rejet de la société de la décence commune et du rejet de l'idée même de société. Nous avions également écrit quelques lignes qui allaient dans ce sens après la tuerie de Charlie Hebdo : c'est face à un Occident nihiliste qui blasphème sans limite et sans faire preuve de discernement que des salafistes réagissent. Encore une fois, cela ne justifie pas les meurtres, c'est une évidence, mais il est très intéressant de noter que les islamistes visent globalement les signes de la post-modernité chez nous alors qu'ils visent plutôt les signes de cultures enracinées et historiques au Moyen Orient (les ruines de Palmyre, les Yezidis, les chrétiens d'Orient…) comme s'ils avaient intégré que l'Occident ce n'était plus que la post-modernité. Erreur.

    La troisième voie

    C'est parce que nous refusons de choisir entre l'islam salafiste d'un côté et la post-modernité qui conduit au post-humain de l'autre que nous sommes l'unique solution raisonnable à la situation. Une excellente interview de Martha Duval, présentée comme une disciple de la philosophe Simone Weil, dans le numéro 129 de mai 2016 du journal La Décroissance va dans ce sens. Cette entrevue qui s'intitule « Ni peste ni choléra » refuse le choix qu'on nous impose entre Google et Daesh, entre le post-modernisme et le post humanisme d'un côté et l'oumma salafiste de l'autre. L'interview démarre comme suit : « Un jour en Angleterre j'ai vu un quartier de Londres où la « charia » était appliquée. Avec quatre interdits : interdits de l'alcool, de la pornographie, des jeux et de la musique. Les parents des quartiers fragiles se trouvent alors pris dans une alternative terrible : youporn, les tatouages, Cyril Hanouna, le rap ou l'intégrisme religieux. Entre la peste et le choléra une part de la population choisira logiquement le système qui offre des repères que la société ne peut plus donner […]. » Au même titre que le « Grand Effacement » pave la voie du « Grand Remplacement », c'est la post-modernité qui a œuvré à tout « déconstruire » au nom du rejet d'un certain « ordre bourgeois » ou d'un certain Occident « patriarcal » qui pave la voie de l'islamisme12. C'est parce que, comme l'explique judicieusement le Comité invisible, il n'y a plus de société13, c'est parce que l'Etat est devenue une simple courroie de transmission du droit global, l'Armée une milice du capital, l'Eglise un organisme de charité désacralisé et l'Ecole une structure d'intégration au monde du travail, que l'unique verticalité qui résiste dans les quartiers à majorité musulman est l'imam14. Il y a donc une certaine logique à vouloir utiliser Etat, Armée, Eglise et Ecole pour refonder une société car c'est le moyen de rejeter à la fois la fragmentation post-moderne du sans limite et l'unification islamique liberticide.

    En écho à mon article intitulé « Occident ? » c'est bien parce que nous devons réaffirmer ce que nous entendons par « liberté » que nous parviendrons à la fois à vaincre d'une côté l'égalitarisme théocratique islamique et de l'autre l'absence de limite. Comme l'explique Martha Duval « On pense que deux logiques s'affrontent alors qu'elles s'alimentent. » Comme l'illustre la réaction ridicule de Coeur de Pirate qui ne fait qu'alimenter la rivalité mimétique et la focalisation sur une homosexualité marketing et médiatique bien utile à la propagande islamiste. C'est parce que nous avons compris le mécanisme de la montée aux extrêmes et que nous savons qu'une dialectique s'est établie entre l'Occident ultra-libéral post-moderne et l'islam salafiste que nous devons veiller à adopter une stratégie qui nous permettra de combattre puis de vaincre à la fois l'un et l'autre. Nous devons donc aussi renvoyer dos à dos les « anti-islam » qui le sont au nom du progressisme (la religion du progrès) et les « anti-Occidentaux » qui cherchent le salut dans un islam prétendument traditionnel.

    Jean / C.N.C.

    1  http://www.lalibre.be/actu/international/le-bacha-bazi-la-tradition-afghane-des-jeunes-esclaves-sexuels-5766391835708dcfedb26782

     

    4  L'étude de l'homosexualité comme « identité » provient de la sociologie anglo-saxonne et donne les « gender studies ».

    5  Si on ne considère pas l'homosexualité comme un choix personnel, alors on introduit l'idée que l'homosexualité d'un individu est génétique. Cela revient à avoir une vision biologique de l'homosexualité et non une vision existentialiste. Ce débat a été important dans les années 1960/70.

    6  Ou bien l'homosexualité est une affaire sérieuse ou bien il s'agit d'une affaire futile. Soit on parle d'amour, de construction personnelle, de rapport à soi et à l'autre, soit on parle d'une posture narcissique et festiviste générée par la société du spectacle et la société de consommation. J'aurais tendance à parler d'une « homosexualité médiatique » qui ne correspond qu'imparfaitement à l'homosexualité vécue ou à l'homosexualité historique.

    7  Par privée je ne parle pas de gens qui se cachent, mais de gens qui vivent cela de façon intime.

    8  Comme souvent le combat politique part d'une demande pour « l'égalité des droits » et se transforme en énième avatar de la société du spectacle.

    9  Ce sujet n'a par exemple jamais été source de préoccupation dans mon environnement familial et social.

    10 A l'échelle mondiale les musulmans ou les sub-sahariens ne sont pas vraiment « minoritaires » pourtant ils agissent comme des « minorités » sur notre territoire et se constituent en lobbies.

    11 Ce sont des amateurs de rock qui la aussi, en vertu de la fragmentation communautaire de la post-modernité pourraient tout autant être considérés comme une « communauté » voire même une « identité » avec ses codes esthétiques, son vocabulaire ou ses lieux de rassemblement par exemple.

    12 « Je le dis d'ailleurs sans far, le gauchisme culturel a pavé la voie de l'islamisme. » http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2015/11/18/le-choc-histoire.html

    13 Lire la partie « Notre seule patrie, l'enfance » pages 171 à 197 de l'ouvrage A nos Amis

  • Mardi 21 juin 7h00, les débuts en direct de Radio Libertés

    Sur internet et sur smartphone :

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    Michel Janva

  • La baisse des prix du pétrole renverse l’échiquier géopolitique

    La baisse des prix du pétrole a démenti la théorie du « pic de Hubbert ». Il ne devrait pas y avoir de pénurie énergétique dans le siècle à venir. La baisse des prix a probablement aussi commencé le démantèlement de la théorie de « l’origine humaine du réchauffement climatique ». Elle a privé de toute rentabilité les sources d’énergie alternatives et les investissements dans les hydrocarbures de schistes et les forages en eaux profondes. Renversant l’échiquier géo-politique, elle est susceptible de rappeler les militaires US au Proche-Orient et de contraindre le Pentagone à abandonner définitivement la théorie du « chaos constructeur ».

    En deux ans, le marché mondial des sources d’énergie a été bouleversé. D’abord, l’offre et la demande ont considérablement changé, puis les flux commerciaux, enfin les prix qui se sont écroulés. Ces changements radicaux remettent en cause tous les principes de la géo-politique du pétrole.

    Le mythe de la pénurie

    Le ralentissement de l’économie des pays occidentaux et celui de certains pays émergents s’est traduit par une baisse de la demande, tandis que la croissance continue en Asie l’a, au contraire, augmentée. En définitive, la demande globale poursuit son lent développement. Côté offre, non seulement aucun État producteur n’a vu ses capacités s’effondrer, mais certains ont pu l’augmenter comme la Chine, qui amasse désormais d’importantes réserves stratégiques. De sorte qu’au total, le marché est très excédentaire.

    Ce premier constat contredit ce qui était la doxa des milieux scientifiques et professionnels durant les années 2000 : la production mondiale s’approchait de son pic, le monde allait connaître une période de pénurie au cours de laquelle certains États allaient s’effondrer et des guerres de ressources éclater. Dès son retour à la Maison-Blanche, en janvier 2001, le vice-président Dick Cheney avait formé un groupe de travail sur le développement de la politique nationale de l’énergie (National Energy Policy Development — NEPD), qualifié de « société secrète » par le Washington Post [1]. Dans une ambiance ultra-sécurisée, les conseillers de la présidence auditionnèrent les patrons des grandes entreprises du secteur, les scientifiques les plus reconnus, et les patrons des services de Renseignement. Ils arrivèrent à la conclusion que le temps pressait et que le Pentagone devait garantir la survie de l’économie états-unienne en s’emparant sans attendre des ressources du « Moyen-Orient élargi ». On ignore qui participa exactement à ce groupe de travail, sur quelles données il travailla, et les étapes de sa réflexion. Tous ses documents internes ont été détruits afin que nul ne connaisse les statistiques auxquelles il avait eu accès.

    C’est ce groupe qui conseilla de mener des guerres contre l’Afghanistan, l’Iran l’Irak, la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie et le Soudan ; un programme qui fut officiellement adopté par le président George W. Bush lors d’une réunion, le 15 septembre 2001, à Camp David.

    Je me souviens d’avoir rencontré à Lisbonne, lors d’un congrès de l’AFPO, le secrétaire général du groupe de travail de la Maison-Blanche. Il avait présenté un exposé sur l’étude des réserves annoncées, l’imminence du « pic de Hubbert » et les mesures à prendre pour limiter la consommation d’énergie aux USA. J’avais alors été convaincu —à tort— par son raisonnement et son assurance.

    Nous avons constaté avec le temps que cette analyse est complétement fausse et que les cinq premières guerres (contre l’Afghanistan, l’Irak, le Liban, la Libye et la Syrie) ont été de ce point de vue inutiles, même si ce programme se poursuit aujourd’hui. Cette énorme erreur de prospective ne doit pas nous surprendre. Elle est la conséquence de la « pensée de groupe ». Progressivement une idée s’impose au sein d’un groupe que nul n’ose remettre en question au risque de se voir exclure du « cercle de la raison ». C’est la « pensée unique ». Dans ce cas, les conseillers de la Maison-Blanche sont partis et sont restés dans la théorie malthusienne qui domina la culture anglicane du XIXe siècle. Selon elle, la population augmente à un rythme exponentiel, tandis que les ressources ne le font qu’à un rythme arithmétique. À terme, il ne peut pas y avoir de ressources pour tous.

    Thomas Malthus entendait s’opposer à la théorie d’Adam Smith selon laquelle, lorsqu’il est libre de toute réglementation, le marché se régule de lui-même. En réalité, le pasteur Malthus trouvait dans sa théorie —non démontrée— la justification de son refus de subvenir aux besoins des innombrables pauvres de sa paroisse. À quoi bon nourrir ces gens si, demain, leurs nombreux enfants mourront de faim ? Le gouvernement de George W. Bush était alors largement WASP et comprenait de nombreuses personnes issues de l’industrie pétrolière, à commencer par le vice-président Cheney, ancien patron de l’équipementier Halliburton.

    Si le pétrole est une ressource non renouvelable et qu’il aura donc une fin, rien ne permet de penser que celle-ci est proche. En 2001, on raisonnait en fonction du pétrole de type saoudien que l’on savait raffiner. On ne pensait pas exploitables les réserves du Venezuela par exemple, dont on admet aujourd’hui qu’elles suffisent à pourvoir à l’ensemble des besoins mondiaux pour au moins un siècle.

    On observera que la théorie de l’« origine humaine du réchauffement climatique » n’est probablement pas plus sérieuse que celle du pic pétrolier. Elle procède de la même origine malthusienne et a en outre l’avantage d’enrichir ses promoteurs à travers la Bourse des droits d’émission de Chicago [2]. Elle a été popularisée dans le but d’apprendre aux Occidentaux à diminuer leur consommation d’énergie d’origine fossile, donc de se préparer à un monde où le pétrole serait devenu rare et cher.

    La fin des prix artificiels

    La hausse du prix du baril à 110 dollars a semblé conforter la théorie de l’équipe de Dick Cheney, mais sa chute brutale à 35 dollars montre qu’il n’en est rien. Comme en 2008, cette chute a débuté avec les sanctions européennes contre la Russie qui ont désorganisé les échanges mondiaux, déplacé les capitaux et en définitive crevé la bulle spéculative du pétrole. Cette fois, les prix bas ont été encouragés par les États-Unis qui y ont vu un moyen supplémentaire de couler l’économie russe.

    La chute s’est aggravée lorsque l’Arabie saoudite y a trouvé son intérêt. En inondant le marché de ses produits, Riyad maintenait le cours du baril d’Arabian light entre 20 et 30 dollars. De la sorte, il détruisait la rentabilité des investissements dans les sources alternatives d’énergie et garantissait son pouvoir et ses revenus à long terme. Il est parvenu à convaincre ses partenaires de l’OPEC de soutenir cette politique. Les membres du cartel ont pris la décision de sauver leur autorité à long terme quitte à gagner beaucoup moins d’argent durant quelques années.

    Par conséquent, la baisse des prix, encouragée par Washington contre Moscou, a fini par l’atteindre lui aussi. Si plus de 250 000 emplois ont été détruits dans les industries de l’énergie en deux ans dans le monde, environ la moitié l’ont été aux États-Unis. 78 % des plateformes pétrolières US ont été fermées. Même si le recul de la production n’est pas aussi spectaculaire, il n’en reste pas moins que les États-Unis ne sont probablement plus indépendants énergétiquement ou ne vont pas tarder à le devenir.

    Et ce ne sont pas que les États-Unis : tout le système capitaliste occidental est impacté. En 2015, Total a perdu 2,3 milliards de dollars, ConocoPhillips 4,4 milliards, BP 5,2 milliards, Shell 13 milliards, Exxon 16,2 miliards, Chevron près de 23 milliards.

    Cette situation nous renvoie à la « Doctrine Carter » de 1980. À l’époque, Washington s’était donné le droit d’intervenir militairement au Proche-Orient pour garantir son accès au pétrole. Par la suite, le président Reagan avait créé le CentCom pour appliquer cette doctrine. Aujourd’hui on exploite du pétrole un peu partout dans le monde et sous des formes assez différentes. Le fantasme du « pic de Hubbert » s’est dissipé. De sorte que le président Obama a pu ordonner de déplacer les troupes du CentCom vers le PaCom (théorie du « pivot vers l’Asie »). On a pu observer que ce plan a été modifié avec l’accumulation de forces en Europe orientale (EuCom), mais il devra l’être encore si les prix stagnent entre 20 et 30 dollars le baril. Dans ce cas, on cessera d’exploiter certaines formes de pétrole et l’on reviendra vers l’Arabian light. La question du repositionnement des forces au Proche-Orient se pose donc dès à présent.

    Si Washington s’engage dans cette voie, il devra probablement également modifier les méthodes du Pentagone. La théorie straussienne du « chaos constructeur », si elle permet de gouverner des territoires immenses avec très peu d’hommes sur le terrain, exige beaucoup de temps pour permettre l’exploitation de vastes ressources, comme on le voit en Afghanistan, en Irak et en Libye. Peut-être faudra-t-il revenir à une politique plus sage, cesser d’organiser le terrorisme, admettre la paix, pour pouvoir commercer avec les États ou ce qu’il en reste.

  • Tuerie d’Orlando : comment les médias ont voilé l’ennemi

    FRANCE (NOVOpress avec OJIM)

    Chaque époque et chaque culture développe son propre sens de la pudeur et de l’obscénité, lequel peut parfois se crisper dans un puritanisme effrayant. Si pour les maniaques de l’État Islamique, un simple visage de femme dans l’espace public tient à une scandaleuse provocation, les médias français ont eux aussi des pudeurs névrotiques, mais elles sont d’un autre ordre. C’est au visage de l’ennemi qu’il faut imposer le voile intégral selon nos vierges effarouchées du politiquement correct, et plus cet ennemi provoque, tue, massacre et revendique, plus il faut rajuster les pans de tissu noir, dissimuler à nouveau une mèche de cheveux, resserrer le rectangle afin que ne passe qu’un regard anonyme, quitte à déployer pour cela les plus invraisemblables trésors rhétoriques. Dès qu’on évoque les attaques islamiques, en France, on n’est plus dans l’information, mais dans un concours de sophistique. À défaut d’obtenir une perspective éclairante sur les faits, on pourra du moins saluer des prouesses de virtuoses.

    « Ce nouveau drame des armes à feu… »

    Le 12 juin, dans Libé, on titre : « L’État islamique revendique la fusillade à Orlando » et on rapporte les éléments cruciaux qui établissent cette réalité avec une redoutable pédagogie. « Plusieurs heures après l’attentat, celui-ci a été revendiqué par une branche de l’État islamique, alors que plusieurs médias américains (…) avaient auparavant affirmé qu’Omar Mateen avait appelé la Police peu avant la fusillade pour prêter allégeance à l’État islamique. » Avant, après, déclaration du tueur lui-même, confirmée ensuite par le groupe dont il se revendique : difficile d’être plus clair. Pourtant, dans le même article, le journaliste de Libé croit essentiel de noter une réflexion du père du tueur interviewé précipitamment par une chaîne de télévision juste après les événements, et qui déclare donc que cet acte n’a « rien à voir avec la religion », tout en affirmant par ailleurs : « Nous n’étions au courant de rien. » S’il n’était au courant de rien, on ne voit pas en quoi il serait fondé à caractériser l’acte en question… Le témoignage n’a en fait strictement aucune valeur : on interroge le père parce qu’il faut bien interviewer quelqu’un, il débite mécaniquement le lieu commun obligatoire sur le fait que rien n’a jamais à voir avec la religion, si elle est islamique, que ce qui la magnifie, puis admet que père ou pas, il n’en sait pas davantage que le journaliste. Cette non-information est donc glissée là, juste après les faits bruts, afin de les couvrir du mantra habituel, comme un martèlement automatique dont on n’interroge pas une seconde la pertinence. Enfin, le plus extraordinaire demeure la conclusion de l’article : « Ce nouveau drame des armes à feu… » Le tout illustré par un tableau sur les dernières fusillades américaines. Les 50 morts du Pulse d’Orlando auront donc été victimes… des armes à feu ! Il faut en ce cas admettre que les victimes du Bataclan, comme les caricaturistes de Charlie Hebdo auront également été victimes d’armes à feu, et nous devons peut-être nous attendre bientôt à de grandes mobilisations contre les armes à feu afin que ces dernières cessent de supprimer le quidam pour un oui ou pour un non, cette manie se faisant pour le moins irritante. Ce type de papiers devrait être étudié par des psychiatres comme cas d’école, tant ils témoignent d’un trouble cognitif manifeste, tant ils révèlent en leur sein ce moment où l’aiguillon idéologique vient faire dérailler la succession logique du discours.

    Une arme ou un bipolaire ?

    Selon L’Express, le lendemain, qui rapporte également les propos du père, on apprend que ce dernier, qui affirme donc que la tuerie n’a « rien à voir avec la religion » : « affirme de fortes opinions politiques » (savourons l’euphémisme) et qu’il a notamment « manifesté son soutien pour les Talibans. » (lesquels Talibans, habitués à sanctionner les actes de sodomie par des exécutions publiques, auraient, on l’imagine, été offusqués par la tuerie d’Orlando). Dans le corps de l’article, un témoignage du patron de la police fédérale nous explique d’Omar Mateen avait déjà été interrogé par le FBI parce que soupçonné de liens avec d’éventuels terroristes. Auparavant, le témoignage de l’ex-femme : elle décrit son mari comme musulman pratiquant mais dit qu’elle ne l’aurait pas entendu faire l’apologie du terrorisme. En revanche, elle affirme que quelques mois après leur mariage, Mateen se serait montré « instable, bipolaire ». Pourquoi ? Parce qu’il lui arrivait de la battre quand il rentrait et que la lessive n’avait pas été faite. Bref, il lui arrivait de se comporter comme un certain islam archaïque, précisément, le lui autorisait… Titre du papier : « Un tueur « instable et bipolaire ? » » On nous prouve tout le long que le coupable est un islamiste radical engagé tel que lui-même l’a affirmé pour éclairer son acte, mais non, l’angle à adopter pour appréhender les faits serait de garder en tête que le tueur était…. bipolaire. Ce ne sont plus les armes à feu qui sont coupables, non, ce coup-ci, la responsabilité incombe à la santé mentale.

    La Manif pour tous ?

    Parmi les plus remarquables contorsionnistes du déni, on trouve Anthony Bellanger qui, dans sa chronique du 13 juin dans le 7/9 de France Inter, réalise un morceau d’anthologie dans la mauvaise foi, la confusion, l’aveuglement idéologique, l’esbroufe rhétorique et la malhonnêteté intellectuelle la plus décomplexée.

    Après avoir résumé les faits, le journaliste annonce : « Tout est en place pour servir l’agenda de ceux qui viendront vous dire : « Je vous l’avais bien dit ! » » On ne voit pas quel est le rapport avec l’agenda des personnes en question, mais on comprend dès cette introduction que le défi que se pose notre acrobate est de tordre les faits de manière à ce qu’ils ne racontent pas ce qu’ils racontent. Ça a l’air d’un attentat islamiste ? Trop simple. Attendez un peu… D’abord, pourquoi juin ? Parce que ce serait le mois de toutes les « gay prides » du monde.

    On pourrait simplement penser que c’est surtout, cette année, le mois de ramadan et qu’au seuil de ce mois, le 26 mai dernier, le porte-parole de l’État islamique a appelé tous les musulmans du monde à tuer des occidentaux, mais, Bellanger a quelque chose de plus futé à nous proposer, en s’intéressant davantage à la nature des victimes qu’à celle du coupable. « Pas question de le nier », admet-il, tout de même, être gay en islam n’est pas exagérément simple, il arrive qu’on en meure pour des raisons juridiques. « Mais, et c’est très important de le souligner, toutes les religions ont des choses à reprocher à l’homosexualité. » Certes, mais il y a quand même une nuance entre « reprocher » et « condamner à mort », mais là, subitement, on ne fait plus du tout dans la nuance. Voilà que l’artiste entre alors en pleine amalgamite aiguë. « Je ne soulignerai jamais assez comment le débat sur le mariage pour tous en 2012 a réveillé partout dans le pays la bête de l’intolérance et de la violence faite aux gays au nom d’une certaine morale catholique. » Cap de l’odieux franchi à pleines turbines. Faire un lien entre les familles cathos de la Manif pour tous en France, et le massacre d’Orlando, en Floride, comme ça, d’une phrase à l’autre, sans le moindre scrupule, c’est possible. Dans le camp du Bien : tout est permis.

    On aimerait pourtant avoir des preuves de ce qui est avancé. Quelles violences concrètes ont pu subir les homosexuels français durant l’épisode de la Manif pour tous ? Les Veilleurs ont-ils lynché quelqu’un ? Personne. Ah si : un couple homosexuel, en avril 2013, qui a étalé les stigmates de cette violence sur le Net. Mince, en dépit de l’exploitation idéologique de l’agression, il avait fallu admettre que ses auteurs, Malik et Taieb, n’étaient pas des Versaillais, et que leur « homophobie » tenait plus à leur fond culturel musulman qu’à leurs liens avec Frigide Barjot. Il aurait fallu, pour poursuivre ce genre de parallèles odieux, que le double meurtre de policiers, le lendemain, dans les Yvelines, par un autre « déséquilibré », Larossi Abballa, soit également relié par Bellanger à la haine anti-flics telle qu’elle est objectivement entretenue depuis deux mois par les militants à temps plein de Nuit debout, qui scandent bien, quant à eux : « Tout le monde déteste la police ! », alors qu’on n’entendit jamais, lors des Manifs pour tous, des slogans tels que : « Tout le monde déteste la jaquette ! »
    La haine anti-minorité ?

    Quelle leçon faut-il retenir de ce massacre ? « La leçon ultime, c’est que les gays sont une minorité parmi d’autres visées par la violence, la haine et le meurtre. » (« la méchanceté, le lynchage et l’humiliation », aurait pu continuer d’égrainer le chroniqueur redondant). Et voilà Bellanger alignant alors une suite de minorités : chrétiens en pays musulmans, chiites en pays sunnites, Noirs aux Etats-Unis… « C’est le fait minoritaire qui est systématiquement visé. » Notre prestidigitateur ne le formule pas directement, mais il vient pourtant d’accomplir un miracle : les musulmans en France sont minoritaires, il faut donc retenir de la tuerie d’Orlando qu’il est urgent de protéger les… musulmans ! Admirons l’audace ! On remarquera tout de même que la démonstration est fondée sur une prémisse franchement discutable : les minorités seraient toujours menacées par la majorité. Est-ce si vrai ? Pourtant, la révolution communiste fut essentiellement le fait d’une minorité radicale ayant tenu sous son joug un pays immense durant 70 ans. L’épisode de la Terreur, en 1793, fut bien le fait d’une minorité livrant à sa démence la majorité de la population. La minorité croate en Yougoslavie, durant la Seconde Guerre Mondiale, leva des Oustachis génocidaires contre la majorité serbe avec l’appui de l’envahisseur allemand. En somme, il existe des minorités dangereuses pour la majorité, comme des minorités menacées par la majorité. Et puis, il y a des minorités décroissantes et issues d’une ancienne majorité, comme les Chrétiens en terre d’islam, et puis des minorités nouvelles venues dans une dynamique conquérante, comme la minorité musulmane en Europe. Peut-on mettre toutes ces « minorités » sur le même plan ? Non, mais un concept flou, où l’on peut faire rentrer n’importe quoi, permet une espèce d’effet levier propre à renverser la conclusion logique d’une démonstration.
    Natures des victimes ou nature des bourreaux

    Ces quelques exemples extraits des médias dominants ne sont qu’un florilège, mais un florilège qui résume parfaitement la posture générale. Lors des événements de Cologne, au dernier jour de l’an, après le déni, les médias avaient, on s’en souvient, incriminé l’antiféminisme. On nous a parlé, après Orlando, d’homophobie. Après Charlie : de haine de la liberté d’expression. L’hypercasher traduisait le regain d’antisémitisme. On n’osa, le 13 novembre dernier, arguer de la « terrassophobie », de la haine du football ou des préjugés anti-rock. De la haine des flics, aujourd’hui. Du mépris de l’armée, hier. C’eut été, pourtant, continuer d’utiliser la même grille de lecture de manière cohérente, grille de lecture qui consiste, pour mieux voiler l’agresseur, à focaliser sur ses cibles et à réinterpréter l’acte non en fonction de celui qui le commet mais en fonction de celui qui le subit. Ce qui permet de biaiser à chaque fois, de morceler la cohérence du réel afin de le flouter.

    Qu’aurait-on compris au nazisme si, afin de ne pas susciter de la germanophobie, on s’était contenté de dénoncer l’antisémitisme de manière générale, l’anticommunisme de manière générale, le mépris des slaves de manière générale, les attaques à la liberté d’expression de manière générale, l’handicapohobie, la gitanophobie, la haine du métissage de manière générale, sans jamais identifier la cohérence du programme et la logique de ses promoteurs ? Rien. Alors comment aurait-on pu le combattre ? Et avec lui ses expressions mortifères ? Parce que les nouvelles menaces battent en brèche le projet multiculturel soutenu par le pouvoir idéologique en place, celui-ci nous livre à un ennemi dont il s’acharne lui-même à confectionner le camouflage.

    Notre ennemi a un nom : l’islamisme ; il a un programme : l’instauration de la Sharia ; il attaque en premier lieu ce qui déroge à cette loi : mode de vie occidental, liberté féminine, liberté d’expression, homosexualité, musique, cafés ; et ceux qui incarnent son ennemi : Juifs, militaires et policiers français. Il a une stratégie claire et efficace parfaitement décrite par Montbrial dans Le Figaro par exemple, lequel n’est pas un garde-chiourme du politiquement correct mais un spécialiste des questions du terrorisme, qui tente d’observer les faits davantage que la doxa. Or, par leur enfumage systématique, les médias dominants se font moralement complices de l’État islamique et des meurtres que ses affiliés multiplient.

    http://fr.novopress.info/201907/tuerie-dorlando-medias-ont-voile-lennemi/#more-201907