
Par commodité, on a pris l'habitude de diviser le salafisme en deux grandes tendances, entre lesquelles il y a cependant une grande porosité : un salafisme politisé, minoritaire, occasionnellement révolutionnaire, qui peut basculer dans le djihadisme et un salafisme piétiste ou quiétiste, inspiré du wahhabisme et des cheikhs de la Péninsule arabique, qui a la caractéristique d'être ultra-conservateur, tant au niveau social que moral, prônant un retrait relatif par rapport à une société perçue comme impie. Le salafiste veut se changer avant de changer le monde, dans un premier temps du moins. « Dieu ne modifie rien en un peuple, avant que celui-ci ne change ce qui est en lui ». La méthode ? Confessionnaliser la société plutôt que politiser l'islam. Théoriquement, les salafistes ne s'engagent pas dans l'action politique - ce qui les distingue là aussi des Frères musulmans. Mais de fait et l'argent saoudien aidant, à travers le financement de mosquées, de centres islamiques, de journaux, télévisions, sites et autres organisations de bienfaisance, ils sont entrés en politique, en Algérie, en Égypte, au Moyen-Orient. La mondialisation du salafisme, c'est d'abord l'œuvre du wahhabisme, l'idéologie officielle du royaume saoudien.
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