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lobby - Page 1951

  • [Communiqué] Manifestation pour les libertés mardi 18 mars à 19h30 place du Trocadéro !

    Le CARP (Collectif des Avocats contre la Répression Policière) et Solidarité pour Tous organisent une manifestation de défense des libertés publiques mardi 18 mars à 19h30 place du Trocadero à Paris, en soutien à :

     

    - Maxime, opposant à la loi Taubira condamné le 11 mars 2014 à 18 mois de prison de 6 mois fermes à la suite de sa participation à une manifestation à Lyon en 2013,
    - Anna, étudiante persécutée par la police pour l’obliger à espionner la manif pour tous contre sa volonté,
    - Hervil, poursuivi pour avoir brandi une banderole « Hollande démission », Guillaume, directeur de la rédaction du Salon Beige, mis en examen pour avoir publié un photomontage critiquant la répression policière en 2013,
    - et 3 manifestants arrêtés le 26 mai 2013, qui viennent de se voir mis en examen près d’un an après leur participation à la manifestation du 26 mai 2013 aux Invalides. Rejoignez l’évènement Facebook ici : https://www.facebook.com/events/533...

     
  • Farida Belghoul : « La République a mis la France à mal »

    Farida Belghoul est cette franco-maghrébine de la deuxième génération qui a fait reculer en désordre le pouvoir socialiste sur la question du genre à l'école et qui organise désormais chaque mois, comme une semonce, sa Journée de Retrait de l'Ecole : JRE. Dans certains quartiers, à Meaux par exemple, elle a obtenu de très bons chiffres puisque, dès le premier mois, 70 % des élèves manquaient à l'appel dans leurs classes le jour de la JRE.
    Monde et Vie : Farida Belghoul, qui êtes-vous ? On dit que vous venez de la gauche ?
    Farida Belghoul : Je suis née en 1958 à Paris et j'ai fait des études de sciences économiques. Mon seul engagement à gauche a été les trois années que j'ai passées, entre 17 et 20 ans, aux étudiants communistes. Cela dit je me suis toujours engagée dans le collectif. Et j'insiste : pas dans le communautarisme, dans le collectif. Vous vous souvenez qu'en 1983, un faux curé moderniste (sic), Christian Delorme, avait lancé la Marche nationale des Beurs. Quant à moi, j'ai lancé, l'année suivante, comme une sorte de réponse, le mouvement Convergence 84. Il s'agissait d'un grand rallye à mobylette, avec des gens de toutes origines, venant de cinq points de départ différents en France et se retrouvant à Paris. Je voulais moi aussi poser la question de l'immigration, mais pas dans les termes communautaristes utilisés par les antiracistes. Je soulignais les soucis communs que partageaient les Français de souche et les immigrés. Au fond, c'était déjà l'idée d'une coagulation.
    En même temps, vous êtes romancière et cinéaste... Pour votre roman, vous avez même reçu un prix...
    Disons plus simplement que j'ai réalisé deux films, produits dans des maisons de distribution alternatives.
    L'un s'appelle Madame la France, l'autre Le départ du père. Il y a eu aussi en 1986 ce roman Georgette, pour lequel j'ai reçu effectivement le Prix Hermès du premier roman, un prix qui était décerné par tous les lauréats des prix de l'année précédente. J'avoue que je ne m'y attendais pas du tout, d'autant plus que je n'étais pas dans le circuit de la grande distribution du livre. Georgette, c'est l'histoire d'une petite fille à l'école qui ne sait pas d'où elle vient. Deux forces opposées se disputent son identité : d'un côté, la maîtresse, qui représente le Progrès et la force de la loi humaine. De l'autre le père qui a pour lui la légitimité et la loi de Dieu...
    Après ce premier succès, il ne se passe rien jusqu'aujourd'hui... Vous avez réfléchi ?
    Pas rien ! J'ai été prof de Lettres et d'histoire-géo pendant vingt ans dans un lycée pro en banlieue. Et puis, en 2008, j'ai créé le RAID, Remédiation par l'aide individualisée à domicile, à l'attention des enfants en échec scolaire. C'est vrai que j'ai réfléchi. Les fées s'étaient penchées sur notre berceau. C'était magnifique. Mais j'ai voulu remettre en cause toutes les « vérités » des années 1980. Ces fées nous ont donné une fausse image du christianisme et de la France. Elles nous ont laissé ignorer le lien réel entre la France et le christianisme. À l'époque, nous avons cru à des choses... à des vérités relatives et manipulatoires. Voilà pourquoi cette convergence à laquelle j ' aspire avec les vrais chrétiens n'a pas eu lieu plus tôt.
    C'est vrai qu'il y aurait une puissance électorale dévastatrice dans cette coagulation ou dans cette convergence...
    Alors là vous n'y êtes pas du tout... Les élections ne m'intéressent pas, qu'elles soient nationales ou locales ou européennes. Je ne fais pas de politique...
    Mais alors qu'est-ce que vous cherchez ?
    Que les gens reprennent le contrôle de leur vie.
    Vous êtes libérale alors ?
    Non je cherche simplement à ce que les gens ne délèguent pas ce contrôle à des personnes illégitimes. Dieu nous a confié un dépôt, ce dépôt doit être élevé selon de vrais critères. Il faut que les questions soient posées à partir des principes et non à partir de leurs applications contingentes et maçonnisées. Les catégories politiques que vous évoquez - le libéralisme par exemple - cela ne nous concerne pas. Nous sommes dans une société libérale qui nous conduit vers le chaos. La société libérale, c'est la gouvernance par le chaos. Dans la société libérale, on ne s'étonne ni des catastrophes ni des courses à l'abîme. Moi, si vous voulez, je ne crois pas à la politique de l'époque: détachée de tout objectif spirituel, elle a perdu sa légitimité.
    Farida, vous avez conscience d'être une sorte d'OVNI dans l'époque comme vous dites. Quelle est votre identité spirituelle ? Comment vous définissez-vous personnellement? Qu'est-ce que vous lisez par exemple ?
    Les écrits des saints catholiques et des saints musulmans. Je ne m'imaginais pas qu'il y ait des saints en islam. Quand je l'ai compris, cela m'a libérée et j'ai pu aller vers les saints catholiques, sainte Thérèse d'Avila, sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, saint Augustin bien sûr, l'Africain, dont j'ai lu les Confessions et aussi Maître Eckhart. En islam, j'ai lu, parmi les noms que vous connaissez Ibn Arabi ou aussi les écrits spirituels de l'Emir Abdel Kader. Ajoutez à cela bien sûr toute la littérature française du XIXe siècle, que j'ai appréciée et enseignée en tant que prof de français.
    Où va-t-on, si l'on vous suit ?
    On va... à la victoire ! Les parents vont vaincre leur peur et on va pouvoir mettre sur pied le premier réseau structuré de catholiques et de musulmans unis sur le terrain. Et les familles vont se défendre, le père et la mère vont défendre leurs enfants. Voilà mon but. C'est cette union des catholiques et des musulmans face au socialisme qui permettra la victoire. La France... On peut dire que la République l'a mise à mal. Elle la fait disparaître. Mais l'intérêt du monde, c'est que la France revienne - en attendant Jésus-Christ, car, en tant que musulmane ma tradition m'a appris qu'à la fin des temps Jésus reviendra...
    Propos recueillis par Joël Prieur monde & vie 25 février 2014

  • Ne rien lâcher – le combat de toute une vie

    Sur Nouvel Arbitre

    Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

    En Europe et partout dans le monde, un véritable mouvement s’est lancé afin de promouvoir l’avortement, l’idéologie du genre et la feuille de route du lobby gay.

     

    De plus, au cours de ces derniers mois, ce mouvement a présenté au Parlement européen le rapport Estrela qui heureusement a échoué par trois fois. Celui-ci cherchait en effet à mettre en avant la culture de l’avortement chez les plus petits au sein même des écoles. Puis, il y a eu le rapport Lunacek, qui malheureusement a été approuvé, malgré une forte contestation. Ce rapport donne des privilèges spécifiques pour les personnes appartenant au lobby LGBT.

    En France, le gouvernement tente d’imposer une idéologie, un nouveau modèle de la famille et de la filiation à travers le mariage de personnes de même sexe, l’adoption pour ces personnes, la PMA et la GPA. Tous les moyens sont bons pour faire plier les membres de La Manif Pour Tous, comme le prouve l’affaire Anna qui explose encore une fois au nez du gouvernement français. Tous les moyens sont bons quand on sait que le gouvernement utilise une police politique ! Le plus drôle étant qu’ensuite ce même gouvernement donne des leçons de démocratie au monde entier et en particulier à la Russie !

    Nous faisons face à ces problèmes et tant d’autres vont encore surgir de la pensée de nos politiciens. C’est pourquoi nous ne pouvons et nous ne devons absolument pas relâcher nos actions contre le gouvernement et contre cette idéologie ! Nous faisons partie du futur de notre pays, nous faisons donc partie des décisions qui doivent être prises, nous ne devons pas nous cacher mais crier sur les toits nos idées ! [...]

    La suite ici

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Ne-rien-lacher-le-combat-de-toute

  • Quand le Tribunal administratif de Paris refuse de sauver une église

    PARIS (Bulletin de réinformation) - En dépit de la mobilisation active des paroissiens, le tribunal administratif de Paris a rejeté ce mardi le recours formé par l’association de défense de Sainte‑Rita contre la démolition du sanctuaire. Le nouvel acquéreur, un promoteur immobilier, souhaite construire une vingtaine de logements sociaux.

    L’église Sainte‑Rita située dans le XVe arrondissement de Paris est un haut lieu de pèlerinage pour les amoureux des animaux. Ces derniers sont bénis lors de la messe de saint François d’Assise, une fois par an. Mais l’association de la paroisse Sainte‑Rita n’a pas encore dit son dernier mot et vient de lancer un appel aux dons pour racheter l’édifice. Tous renseignements au 01 55 76 75 15.

    http://fr.novopress.info/

  • Chahuts provoqués par des militants d’Action française et du Printemps français durant cette semaine de la femme

    Certains se sont émus des chahuts provoqués par des militants d’Action française et du Printemps français durant cette semaine de la femme.

    Dans ce monde décérébré du consensus obligatoire, il est certes choquant de ne plus pouvoir se rendre tranquillement à une réunion organisée notamment par les jeunesses communistes à Bordeaux ou par les mouvements dits féministes ailleurs.

    Mais ne soyons pas dupes de la supercherie médiatique et des cris d’orfraie des démocrates à sens unique qui se drapent dans leur dignité dès qu’ils aperçoivent des étudiants goguenards qui ne jouent pas le jeu dont ils voudraient imposer les règles.

    "Que fait la police ?", s’exclament ces émules du ministre de l’intérieur...

    Sommes-nous pour autant hostiles aux femmes ? Ah que non, sacrebleu !

    C’est parce que nous les aimons passionnément que nous voulons disperser ceux qui se croient leurs thuriféraires mais les encensent, comme on encense le cercueil d’un défunt. Nous ferons tout pour que l’avenir des femmes ne leur soit jamais confié, elles peuvent compter sur nous.

    Nous voulons que les femmes vivent et s’épanouissent comme telles, eux désirent en faire des objets utilitaires et marchands. La PMA et la GPA par exemple qu’ils réclament à grands cris pour prétendument libérer les femmes, va les asservir plus sûrement que la prostitution. Quelques grandes bourgeoises y trouveront certes quelque avantage, tandis que de pauvres anonymes porteront pour elles le bébé qu’elles ne voudront pas assumer.

    Sacré Aldous, il nous avait déjà tout dit dans « Le meilleur des mondes ».

    Les cris effarouchés de ceux qui organisent l’asservissement de la femme et tuent la féminité ne nous atteignent guère.

    Des hommes qui aiment les femmes sont venus perturber la sérénité des liturgies de requiem matérialistes programmées par ceux qui, sous prétexte de les libérer, voudraient que les femmes disparaissent en tant que femmes.

    Gloire à eux qui s’inscrivent dans la plus pure tradition des Camelots du roi.

    - Action française
    - Printemps français
    - Femmes de France solidaires

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Communique-Chahuts-provoques-par

  • En France 34 % des naissances sont issues de l’immigration non européenne et de l’outre-mer

    La Haute Autorité de Santé vient de publier un avis concernant le dépistage de la drépanocytose, la maladie génétique qui touche des personnes originaires d’Afrique (Afrique sub-saharienne et Maghreb), d’outre-mer, de certaines régions de la péninsule arabique, de l’Inde et du pourtour méditerranéen (en Europe sont concernées l’Italie du sud, la Sicile et la Grèce).
    En France métropolitaine, seuls les nouveaux nés dont les parents sont originaires de ces régions sont dépistés : le nombre des dépistages effectués correspond donc à peu de choses près au nombre des naissances issues de l’immigration non européenne.
    271.887 dépistages ont été effectués en métropole en 2012, ce qui représente 34 % du total des naissances en France (métropole).
    Conclusion : en 2012, 34% des naissances en France étaient d’origine extra-européenne ou d’outre mer. 
    Il faut préciser que le nombre des tests de drépanocytose effectués ne correspond pas exactement au nombre des naissances issues de l’immigration non européenne :
    - Le test concerne les nouveaux nés issus de l’immigration mais aussi ceux dont les parents sont originaires de l’outre-mer (les données concernant l’origine géographique des nouveaux nés testés n’étant pas rendues publiques, il n’est pas possible de connaître le nombre des naissances issues de l’outre mer).
    - Le test concerne les nouveaux nés issus de quelques pays européens : Italie du Sud, Sicile, Grèce. Là encore le nombre de ces naissances n’est pas connu (mais il est probablement très faible).
    - Certains nouveaux nés issus de l’immigration non européenne ne subissent pas le test. C’est le cas des asiatiques.
    - Le test n’est effectué que lorsque les deux parents sont originaires d’une région à risque. Les nouveaux nés issus d’un couple « mixte » (par exemple un Français de souche et une Africaine) ne sont pas testés.
    Pour connaître le nombre exact des naissances issues de l’immigration extra européenne, il faudrait donc retrancher du nombre des tests effectués, les nouveaux-nés issus d’outre mer et les nouveaux-nés européens (Italie du sud et Grèce) et y ajouter les nouveaux-nés d’origine asiatique.
    La carte ci-dessus donne les chiffres par région. Exemple : en Île-de-France, c’est 60% des naissances qui, en 2010, étaient d’origine extra-européenne.
    (NB : cette carte porte sur les données 2010. Le nombre des tests de la drépanocytose représentait alors 31,5 % du total des naissances en métropole).
    Source

    http://www.oragesdacier.info/2014/03/en-france-34-des-naissances-sont-issues.html

  • Civitas s’indigne que Montreuil honore la pédophilie

    MPI – Vous êtes la seule personnalité politique à avoir pris contact avec notre rédaction afin de réagir à nos informations concernant l’inauguration, ce samedi 15 mars, à Montreuil, d’un square Jean Le Bitoux, fondateur du magazine homosexuel Gai Pied et défenseur de la pédophilie. M. Escada, en tant que président de Civitas, quel est votre commentaire à ce sujet ?

    Alain Escada – J’ai été écoeuré en découvrant cette information. Comment est-il possible, en 2014, d’honorer publiquement de la sorte un personnage aussi répugnant qui, durant des décennies, a pris la défense de la pédophilie ? Ce scandale doit être dénoncé avec force et pose plusieurs questions.

    1. Les élus du conseil municipal de Montreuil ont-ils bien conscience qu’ils honorent un défenseur de la pédophilie en donnant à ce nouveau square le nom de Jean Le Bitoux ?
    2. Comment se fait-il que pas un élu, ni dans la majorité, ni dans l’opposition, n’ait fait un minimum de travail de recherche au sujet du personnage honoré de la sorte ?

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  • Pitié pour les automobilistes : une pétition en ligne pour vous défendre !

    L’essentiel n’est pas de sauver des vies, mais de remplir les caisses de l’État, quitte à faire passer les automobilistes pour ennemis publics.
    Non seulement, nous sommes tous plus ou moins sur écoute, Internet et téléphones portables obligent. Mais de plus, sous caméra à chaque instant. Filmés dans les rues et flashés sur les routes. Il paraît que c’est pour notre sécurité.
    Ce n’est pas tout à fait l’avis de la Ligue de défense des conducteurs qui vient de publier une étude intitulée « Radars : vitesse abaissée, rentabilité assurée ! ». Ainsi, « sur la liste des 100 radars qui ont le plus flashé en 2013, 52 d’entre eux sont situés sur des portions de voies où la vitesse a été abaissée. Voilà qui laisse augurer du pire si le projet d’abaisser la vitesse à 80 km/h sur les nationales devient réalité. » Bref, note cette association, « un bon radar est un radar-piège ! »
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  • Prix des aliments et des matières premières : les banques inventent l’hyper-spéculation

    Qui fait grimper le prix des matières premières, notamment celui des produits agricoles ? Les banques, principaux spéculateurs sur ces marchés. Une nouvelle étape a été franchie : ces banques sont devenues propriétaires d’entrepôts de stockage de métaux ou de produits agricoles, de raffineries de pétrole ou de centrales électriques. Goldman Sachs ou JP Morgan interviennent sur les marchés financiers, mais peuvent également agir directement sur les stocks. Les banques françaises ne sont pas en reste, alors que l’Europe vient pourtant de voter un accord pour tenter de lutter contre cette hyper-spéculation.
    Via leurs activités de trading, les banques sont les principaux spéculateurs sur les marchés de matières premières et de produits agricoles, car elles disposent de moyens financiers nettement plus élevés que les autres protagonistes en jeu. Une petite visite sur le site du Commodity business awards permet de découvrir une liste de banques et de courtiers qui jouent un rôle de premier plan sur le marché des commodities (marché des matières premières) [1], ou sur celui des produits dérivés basés sur ces commodities. Parmi ces banques, on retrouve le plus souvent BNP Paribas, Morgan Stanley, Crédit Suisse, Deutsche Bank et Société Générale.
    Certaines banques vont d’ailleurs plus loin et se dotent d’instruments pour influer directement sur des stocks de matières premières. C’est le cas du Crédit Suisse qui est associé à Glencore-Xstrata, la plus grande société mondiale de courtage en matières premières : cette dernière contrôle en 2013 environ 60 % du zinc mondial, 50 % du cuivre, 30 % de l’aluminium, 25 % du charbon, 10 % des céréales et 3 % du pétrole [2]. Parmi les banques européennes, BNP Paribas est avec Deutsche Bank une banque des plus influentes sur le marché des commodities, elle joue un rôle clé dans le secteur des produits financiers dérivés sur les matières premières.
    Quand les banques investissent dans les entrepôts de stockage
    Plusieurs banques des États-Unis sont allées plus loin que les européennes dans la stratégie de contrôle d’une part du marché des commodities : JP Morgan, Morgan Stanley et Goldman Sachs. Par exemple, JP Morgan a importé aux États-Unis 31 millions de barils de pétrole au cours des quatre premiers mois de l’année 2013 ! Les banques des États-Unis sont propriétaires de raffineries de pétrole, de centrales électriques, de réseaux de distribution d’énergie, d’entreprises de stockage de métaux, de stocks de produits agricoles, d’entreprises d’exploitation de gaz de schiste…
    Comment en est-on arrivé là ? La Fed, banque centrale des États-Unis, a autorisé en 2003 la banque universelle Citigroup à acheter la société de courtage Phibro, en expliquant qu’il était normal de compléter l’activité de la banque sur le marché des dérivés de commodities par la détention physique de stocks de matières premières (pétrole, grains, gaz, minerais…). Quant à Morgan Stanley et Goldman Sachs qui jusqu’en 2008 [3] avaient le statut de banque d’affaires, elles ont pu dès 1999, grâce à la loi de réforme bancaire qui a complété l’abrogation du Glass Steagall Act (la loi d’encadrement des banques, adoptée après la crise de 1929, pour séparer banques d’affaires et banques de dépôts), faire l’acquisition de centrales électriques, de tankers pétroliers et d’autres infrastructures.
    Goldman Sachs fait grimper le prix de l’aluminium
    C’est ainsi que Morgan Stanley possède des barges, des tankers, des pipelines, des terminaux pétroliers et gaziers ! De son côté, JP Morgan a acheté la divisioncommodities de la Royal Bank of Scotland (RBS) en 2010 pour 1,7 milliard de dollars. Ce qui lui a permis d’acquérir 74 entrepôts de stockage de métaux au Royaume-uni comme aux États-Unis, tandis que la banque Goldman Sachs en détient 112. Ces deux banques détiennent donc ensemble plus d’entrepôts de stockage de métaux que Glencore (qui en possède 179) ! Détenir des entrepôts de stockage est fondamental notamment si une société ou un cartel de plusieurs sociétés (par exemple des banques) veut spéculer sur les prix en stockant au maximum pour faire monter les prix ou en déstockant pour les faire baisser.
    C’est ce qui s’est passé concrètement sur le marché de l’aluminium depuis 2008. Selon une enquête menée par le New York Times, depuis que Goldman Sachs a racheté en 2010 les entrepôts d’aluminium à Detroit, le temps d’attente pour être livré en barres d’aluminium est passé de 6 semaines à 16 mois. Les prix ont nettement augmenté (alors que l’offre et les stocks d’aluminium sur le marché mondial se sont accrus), ce qui a provoqué de fortes réactions d’entreprises comme Coca-Cola et le brasseur Miller, gros consommateurs d’aluminium pour la fabrication des canettes… Rien qu’en revenus de stockage d’aluminium à Detroit, Goldman Sachs a engrangé 220 millions de dollars.
    Un secteur de moins en moins rentable ?
    Après avoir fait de plantureux bénéfices en manipulant les cours, les banques les plus présentes sur le marché physique des commodities ont adopté une stratégie de sortie. Trois raisons principales les ont poussées dans cette direction. Premièrement, les autorités de contrôle se sont rendu compte des manipulations auxquelles se sont livrées plusieurs banques. JP Morgan, Barclays, Deutsche Bank ont dû payer des amendes dans plusieurs affaires concernant notamment la manipulation du marché de l’électricité de Californie. JP Morgan a ainsi accepté de payer une amende de 410 millions de dollars dans cette affaire qui n’est pas terminée [4]. Les autorités américaines, sous la pression de sociétés concurrentes des banques et face à l’impopularité des banquiers en général auprès du grand public, envisagent sérieusement de limiter les activités des banques sur le marché physique des commodities.
    Deuxièmement, les bénéfices que tirent les banques de leurs activités sur ce marché ont commencé à baisser depuis 2011-2012. Les prix des matières premières ont d’ailleurs tendance à se contracter. Et troisièmement, le capital dur (Core Tier 1) requis pour les investissements dans les entreprises de courtage pèse plus lourd que d’autres investissements (dettes souveraines par exemple). Du coup, comme les banques doivent augmenter leur ratio fonds propres/actifs pondérés, elles font le calcul qu’il vaut mieux se délester en tout ou en partie des investissements dans le marché physique des commodities [5]. Affaire à suivre.
    Une dangereuse bulle spéculative
    Il n’en demeure pas moins que les banques resteront très actives sur les marchés des dérivés de commodities et sur tous les segments des marchés financiers qui sont concernés par les matières premières. Leur capacité de nuisance est et restera tout à fait considérable si des mesures radicales ne sont pas prises.
    Ces banques sont des acteurs de tout premier ordre dans le développement de la bulle spéculative qui s’est formée sur le marché des commodities [6]. Quand elle éclatera, l’effet boomerang sur la santé des banques provoquera de nouveaux dégâts. Il faut également prendre en compte le réel désastre, bien plus grave, pour les populations des pays du Sud exportateurs de matières premières. L’ensemble des peuples de la planète seront affectés d’une manière ou d’une autre.
    Les affameurs sont les « investisseurs institutionnels »
    La spéculation sur les principaux marchés des États-Unis où se négocient les prix mondiaux des biens primaires (produits agricoles et matières premières) a joué un rôle décisif dans l’accroissement brutal des prix des aliments en 2007-2008 [7]. Cette hausse des prix a entraîné une augmentation dramatique, de plus de 140 millions en un an, du nombre de personnes souffrant de malnutrition. Plus d’un milliard d’êtres humains (une personne sur sept !) ont faim.
    Les affameurs ne sont pas des francs-tireurs. Ce sont les investisseurs institutionnels (les « zinzins ») : les banques – BNP Paribas, JP Morgan, Goldman Sachs, Morgan Stanley et, jusqu’à leur disparition ou leur rachat, Bear Stearns, Lehman Brothers, Merrill Lynch –, les fonds de pension, les fonds d’investissement, les sociétés d’assurances. Ou les grandes sociétés de trading comme Cargill. Les hedge fundsont aussi joué un rôle, même si leur poids est bien inférieur à celui des investisseurs institutionnels. Au niveau mondial, au début de l’année 2008, les investisseurs institutionnels disposaient de 130 000 milliards de dollars, les fonds souverains de 3000 milliards de dollars et les hedge funds de 1000 milliards de dollars.
    Augmentation des prix de 183 %
    Michael W. Masters, qui dirigeait depuis douze ans un hedge fund à Wall Street, a explicité le rôle néfaste de ces institutionnels dans un témoignage qu’il a présenté devant une commission du Congrès à Washington le 20 mai 2008. À l’occasion de cette commission chargée d’enquêter sur le rôle possible de la spéculation dans la hausse des prix des produits de base, il a déclaré : « Vous avez posé la question : est-ce que les investisseurs institutionnels contribuent à l’inflation des prix des aliments et de l’énergie ? Ma réponse sans équivoque est : oui. » Dans ce témoignage, qui fait autorité, il explique que l’augmentation des prix des aliments et de l’énergie n’est pas due à une insuffisance de l’offre mais à une augmentation brutale de la demande venant de nouveaux acteurs sur les marchés à terme des biens primaires (« commodities ») où l’on achète les « futures ».
    Sur ce marché (également appelé « contrat à terme »), les intervenants achètent la production à venir : la prochaine récolte de blé, le pétrole qui sera produit dans 6 mois ou dans 5 ans. Dans le passé, les principaux intervenants sur ces marchés étaient des entreprises qui avaient un intérêt spécifique – lié à leur activité – pour un de ces biens primaires. Par exemple une compagnie aérienne qui achète le pétrole dont elle a besoin ou une firme alimentaire qui se procure des céréales. Michael W. Masters montre qu’aux États-Unis, les capitaux alloués par les investisseurs institutionnels au segment « index trading » des biens primaires des marchés à terme sont passés de 13 milliards de dollars fin 2003 à 260 milliards en mars 2008 [8] ! Les prix des 25 biens primaires cotés sur ces marchés ont grimpé de 183 % pendant la même période !
    Il explique qu’il s’agit d’un marché étroit et qu’il suffit que des investisseurs institutionnels comme des fonds de pension ou des banques y allouent 2 % de leurs actifs pour en bouleverser le fonctionnement. En 2004, la valeur totale des « contrats futurs » concernant 25 biens primaires s’élevait seulement à 180 milliards de dollars. A comparer avec le marché mondial des actions qui représentait 44 000 milliards, environ 240 fois plus. Michael W. Masters indique que cette année-là, les investisseurs institutionnels ont investi 25 milliards de dollars dans le marché des futurs, ce qui représentait 14 % du marché. Au cours du premier trimestre 2008, les investisseurs institutionnels ont augmenté de manière très importante leur investissement dans ce marché : 55 milliards en 52 jours ouvrables. De quoi faire exploser les prix !
    Le laxisme des autorités de contrôle
    Le prix des biens primaires sur le marché à terme se répercute immédiatement sur les prix courants de ces biens. Ainsi, quand les investisseurs institutionnels ont acheté des quantités énormes de maïs et de blé en 2007-2008, la flambée des prix de ces produits a été immédiate.
    A noter qu’en 2008 l’organe de contrôle des marchés à terme, la Commodity Futures trading Commission (CFTC), a estimé que les investisseurs institutionnels ne pouvaient pas être considérés comme des spéculateurs. La CFTC définit les « zinzins » comme des participants commerciaux sur les marchés (« commercial market participants »). Cela lui permet d’affirmer que la spéculation ne joue pas un rôle significatif dans l’envolée des prix. Une sévère critique de la CFTC est faite par Michael W. Masters, mais surtout par Michael Greenberger, professeur de droit à l’université de Maryland, qui a témoigné devant la commission du Sénat le 3 juin 2008. Michael Greenberger, qui a été directeur d’un département de la CFTC de 1997 à 1999, critique le laxisme de ses dirigeants qui font l’autruche face à la manipulation des prix de l’énergie par les investisseurs institutionnels.
    Il cite une série de déclarations de ces dirigeants dignes de figurer dans une anthologie de l’hypocrisie et de la bêtise humaine. Selon Michael Greenberger, 80 à 90 % des transactions sur les Bourses des États-Unis dans le secteur de l’énergie sont spéculatives [9]. Son expertise est donc sans appel.
    « Tirez avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires ! »
    Le 22 septembre 2008, en pleine tourmente financière aux États-Unis, alors que le président Bush annonçait un plan de sauvetage des banques qui consistait à leur remettre 700 milliards de dollars (sans compter les liquidités qui ont été mises à leur disposition massivement), le prix du soja faisait un bond spéculatif de 61,5 % !
    L’économiste français Jacques Berthelot montre lui aussi le rôle crucial joué par la spéculation des banques dans la montée des prix agricoles mondiaux. Il donne l’exemple de la banque belge KBC, qui a mené une campagne publicitaire pour vendre un nouveau produit commercial : un investissement des épargnants dans six matières premières agricoles. Le fonds de placement « KBC-Life MI Security Food Prices 3 » racole des clients avec un slogan cynique : « Tirez avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires ! ». Cette publicité présente comme une « opportunité » la « pénurie d’eau et de terres agricoles exploitables », ayant pour conséquence « une pénurie de produits alimentaires et une hausse du prix des denrées alimentaires ».
    Du côté de la justice américaine, les spéculateurs sont dans leur bon droit. Paul Jorion, dans une tribune publiée par Le Monde, met en cause la décision d’un tribunal de Washington qui a invalidé le 29 septembre 2012 des mesures prises par la CFTC « qui visaient à plafonner le volume des positions qu’un intervenant peut prendre sur le marché à terme des matières premières, afin qu’il ne puisse pas, à lui seul, le déséquilibrer ».
    Le « banditisme bancaire » à l’assaut des matières premières agricoles
    Jean Ziegler, ex-rapporteur des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, exprime les choses sans détour : « La crise financière de 2007-2008 provoquée par le banditisme bancaire a eu notamment deux conséquences. La première : les fonds spéculatifs (hedge funds) et les grandes banques ont migré après 2008, délaissant certains segments des marchés financiers pour s’orienter vers les marchés des matières premières, notamment celui des matières premières agricoles. Si l’on regarde les trois aliments de base (le maïs, le riz et le blé), qui couvrent 75 % de la consommation mondiale, leurs prix ont explosé. En 18 mois, le prix du maïs a augmenté de 93 %, la tonne de riz est passée de 105 à 1010 dollars et la tonne de blé meunier a doublé depuis septembre 2010, passant à 271 euros. Cette explosion des prix dégage des profits astronomiques pour les spéculateurs, mais tue dans les bidonvilles des centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants. Une deuxième conséquence est la ruée des hedge funds et autres spéculateurs sur les terres arables de l’hémisphère sud. Selon la Banque mondiale, en 2011, 41 millions d’hectares de terres arables ont été accaparés par des fonds d’investissements et des multinationales uniquement en Afrique. Avec pour résultat, l’expulsion des petits paysans. » [10]
    En février 2013, dans un rapport intitulé « Ces banques françaises qui spéculent sur la faim », l’ONG Oxfam France indique que les quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole et Natixis (BPCE) – géraient, pour leurs clients, en novembre 2012, au moins 18 fonds qui spéculent sur les matières premières. « Il y a deux façons de spéculer, explique Clara Jamart, responsable de la sécurité alimentaire chez Oxfam France. En prenant des positions sur les marchés de produits dérivés de matières agricoles. Ou par ces fonds indiciels, qui suivent les prix des matières premières agricoles et les poussent à la hausse. » [11] La majorité de ces fonds ont été créés une fois qu’avait commencé en 2008 la crise alimentaire, dans le but manifeste de faire des profits en spéculant sur les aliments et d’autres commodities.
    Spéculer sur la vie des gens est un crime
    À Bruxelles, le Réseau financement alternatif a également dénoncé en 2013 l’implication de six banques actives en Belgique dans la spéculation sur la faim dans le monde. Environ 950 millions d’euros provenant de clients de banques belgesservent à spéculer sur les matières premières alimentaires. Pour mettre fin à cet ordre des choses et mettre en place une alternative à la crise alimentaire, il est nécessaire d’interdire la spéculation sur l’alimentation – spéculer sur la vie des gens est un crime ! – et interdire aux banques et autres sociétés financières privées d’intervenir sur le marché des commodities (voir l’ensemble des propositions développées sur le site du CADTM).
    Face aux crises alimentaires et environnementales actuelles, des changements radicaux sont indispensables et urgents. La sécurité alimentaire de tous passe par des prix agricoles stables qui couvrent les coûts de production et assurent une rémunération décente pour les producteurs. Le modèle des prix agricoles bas, promus par les gouvernements pour augmenter la consommation de masse de produits manufacturés et des services (tourisme, divertissement, télécommunications, etc.), n’est pas durable, ni sur le plan social ni sur le plan environnemental. Ce modèle bénéficie essentiellement aux grandes entreprises de l’agro-business, aux banques privées et, en détournant les attentes démocratiques des populations vers la consommation de masse, aux élites politiques et économiques des pays qui confisquent ainsi le pouvoir.
    Eric Toussaint
    http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EFAulZuVyFVHqxAphO.shtml
    Source : http://www.bastamag.net/Comment-les-banques-speculent-sur via http://www.michelcollon.info/Prix-des-aliments-et-des-matieres.html
    [1] Les commodities regroupent le marché des matières premières (produits agricoles, minerais, métaux et métaux précieux, pétrole, gaz…). Les commodities, comme les autres actifs, font l’objet de négociations permettant la détermination de leurs prix ainsi que leurs échanges sur des marchés au comptant, mais aussi sur des marchés dérivés.
    [2] Glencore-Xsrata est une compagnie de négoce et courtage de matières premières fondée par le trader Marc Rich. Elle est basée en Suisse, à Baar, dans le canton de Zoug, paradis fiscal bien connu par les fraudeurs de haut vol. Marc Rich (décédé en 2013) a été poursuivi à plusieurs reprises pour corruption et évasion fiscale. Il a été amnistié par le président Bill Clinton le dernier jour de son mandat présidentiel, ce qui a provoqué un scandale considérable. Glencore-Xsrata possède en tout ou en partie 150 mines et sites métallurgiques. Selon les données disponibles, avant la fusion avec Xsrata qui a eu lieu en 2013, Glencore contrôlait environ 60 % du zinc mondial, 50 % du cuivre, 30 % de l’aluminium, 25 % du charbon, 10 % des céréales et 3 % du pétrole. Cette société très controversée a reçu en 2008 le prix du Public Eye Awards de la multinationale la plus irresponsable. Glencore-Xsrata est présente dans 50 pays et emploie 190 000 personnes. Le patron et principal propriétaire de Glencore-Xsrata (il détient 16 % des actions), Ivan Galsenberg, aurait perçu une rémunération d’environ 60 millions de dollars en 2013. Crédit Suisse et Glencore-Xsrata collaborent étroitement sur le marché chinois. Les autres grandes sociétés spécialisées dans le courtage (trading) de commodities (en dehors des banques qui y sont très actives) sont Vitol (Pays-Bas), Cargill (Etats-Unis), Trafigura (Pays-Bas), Noble Group (Hong-Kong/Singapour), Wilmar (Singapour), Louis Dreyfus commodities (France), Mitsui (Japon), Mitsubishi (Japon), ADM (États-Unis). Le revenu cumulé de Glencore et de ces 9 sociétés s’est élevé à la somme colossale de 1200 milliards de dollars en 2012. Voir Financial Times, « Tougher times for the trading titans », 15 avril 2013.
    [3] Morgan Stanley et Goldman Sachs ont obtenu leur licence de banque universelle en pleine crise afin de bénéficier d’un plus fort soutien de l’État et éviter le sort de la banque d’affaire Lehman Brothers.
    [4] Financial Times, « JPMorgan nears commodities sale », 6 février 2014. Barclays de son côté a payé une amende de 470 millions de dollars dans la même affaire.
    [5] JP Morgan a annoncé début 2014 son intention de vendre ses activités physiques decommodities, Deutsche Bank a fait de même. Morgan Stanley a passé un accord avec le pétrolier russe Rosneft pour lui céder une partie de son business.
    [6] Bien sûr, parmi les puissants protagonistes du marché des matières premières et des produits alimentaires, il faut ajouter les grandes entreprises spécialisées dans l’extraction, la production et la commercialisation des commodities : dans les minerais, Rio Tinto, BHP Billiton, Companhia Vale do Rio Doce ; dans le pétrole, ExxonMobil, BP, Shell, Chevron, Total ; dans les aliments, en plus de Cargill déjà mentionné au niveau de courtage, Nestlé, Monsanto et bien d’autres, dont plusieurs sociétés chinoises.
    [7] Sur les causes de la crise alimentaires de 2007-2008, lire Éric Toussaint, « Une fois encore sur les causes de la crise alimentaire », publié le 9 octobre 2008, sur le site du CADTM. Voir également : Damien Millet et Éric Toussaint, « Pourquoi une faim galopante au XXIe siècle et comment l’éradiquer ? », publié le 24 avril 2009, ici.
    [8] « Assets allocated to Commodity index trading strategies have risen from $13 billion at the end of 2003 to $260 billion as of March 2008 »
    [9] Voir Testimony of Michael Greenberger, Law School Professor, University of Maryland, before the US Senate Committee regarding « Energy Market Manipulation and Federal Enforcement Regimes », 3 juin 2008, p. 22.
    [10] Jean Ziegler, « La faim est faite de main d’homme et peut être éliminée par les hommes », interview donnée à Éric Toussaint, publiée le 11 février 2012 sur le site du CADTM. Jean Ziegler est l’auteur de Destruction massive, géopolitique de la faim, Éditions du Seuil, Paris, 2012.
    [11] Voir Le Monde, « Quatre banques françaises accusées de "spéculer sur la faim" », 11 février 2013. Sur la campagne internationale d’Oxfam, voir Financial Times, « Food price peculation taken off the menu », 4 mars 2013. Voir également sur le site d’Oxfam : EU deal on curbing food speculation comes none too soon, 15 janvier 2014.
    [12] Il est auteur du livre Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège. Prochain livre à paraître en avril 2014 : Bancocratie chez ADEN, Bruxelles.

  • Pour l’Espagne en déliquescence, le salut par les juifs ?

    La crise économique espagnole semble sans fin à ceux qui la subissent. Le chômage continue à culminer à 27 %, le double chez les jeunes ; la croissance a encore été négative, à près de - 2 % l'an dernier. La promesse de retour à une croissance, encore plus faible pour ne pas dire fictive que la française, semble encore optimiste, surtout après des annonces similaires tous les semestres ou presque depuis 2008. Le léger regain de compétitivité de l'Espagne au sein de la Zone Euro, à  l'évidence radicalement inadaptée à son économie, à été obtenu par une nette baisse des salaires réels - avec toutes les conséquences sociales négatives - ; les usines espagnols pourront ainsi espérer concurrencer plus efficacement les françaises. Le secteur immobilier ne paraît encore pas près de se remettre de l'éclatement de la bulle spéculative il y a sept ans ; l'effondrement des revenus des Espagnols, doublé de la trop grande prudence des banques dans l'octroi de prêts - après une phase d'irresponsabilité totale - ne pousse pas à la reprise de ce secteur essentiel, et la stagnation générale de l'Europe conduit à une absence de relais par des investisseur du reste de l'Union Européenne. L'Espagne subit depuis 2008 tous les inconvénients de sa présence dans l'UE et en a perdu les avantages. Les déficits des comptes publics continuent de s'accumuler année après année, donc la dette publique augmente régulièrement ; une nouvelle crise de la dette espagnole est donc loin d'être exclue, d'autant plus que le système bancaire demeure-lit fragile.
    UNE RÉCESSION DURABLE, UNE CRISE DE LA NATION ET DES INSTITUTIONS
    Le territoire espagnol reste menacé d’éclatement, en particulier au Pays Basque et en Catalogne. Les deux régions sont gouvernées par des partis indépendantistes. Basés sur des fondements ethniques, il y a plus d’un siècle, ces nationalistes sécessionnistes ont complètement apostasié cette dimension essentielle depuis les années 1970 au plus tard ; ils publient régulièrement des documents de propagande avec des individus de couleur en costumes folkloriques basques ou catalans, et vont jusqu'à glorifier le fait que les horaires des prières dans certaines des nombreuses nouvelles mosquées de Barcelone sont indiqués de manière bilingue arabe-catalan et non arabe-castillan... Folie manifeste du nationalisme de gauche. Indépendants, la Catalogne ou le Pays Basque resteraient hélas furieusement immigrationnistes, péril mortel pour des identités déjà menacées. Les autorités de Barcelone ont annoncé récemment à plusieurs reprises qu'elles proclameraient l'indépendance en septembre 2014, à l'occasion  des  trois cents ans de la prise de la ville par les troupes de Philippe V, premier roi Bourbon d'Espagne, défaite dramatique majeure pour les partisans de la rupture avec Madrid ; cette défaite historique est considérée comme la base de la Nation sécessionniste, un peu l'équivalent du Champ des Merles (Kosovo-Polje) pour les Serbes ou d'Alésia pour nous. Si elle n'est pas absolument certaine, cette déclaration forte de rupture à Barcelone cet automne relève du possible, doublée par un référendum d'approbation, à la portée des indépendantistes. Le Premier ministre espagnol, M. Rajoy, a annoncé que ce serait inconstitutionnel, et qu'il refuserait un tel scénario. Il traite pourtant l'affaire bien à la légère. De toute façon, il est évident que le gouvernement n'enverra pas les chars, et que la Catalogne de facto indépendante le deviendrait de jure. Il reste comme seul frein à la marche à l'indépendance, dans un conteste de crise profonde aussi bien à Madrid qu'à Barcelone, le chantage aux aides européennes, conventions juridiques et commerciales, qui pourraient être coupées en cas de rupture avec Madrid ; il fait réfléchir bien davantage les dirigeants indépendantistes que les discours sans souffle ni effets de Rajoy.
    La monarchie est usée par une série de scandales [longuement évoqués dans Ecrits de Paris de février 2014], certains graves, touchant de nombreuses personnalités, particulièrement un gendre et la fille du souverain, pour des montages financiers importants fort audacieux, y compris pour des fondations philanthropiques. Le vieux roi Jean-Charles - qui est depuis 1975, l'infâme liquidateur du franquisme - est devenu franchement impopulaire et contesté. Depuis plus d'un an, il se développe en Espagne une campagne médiatique pour son abdication, au profit de son fils Philippe, pour l'instant seul épargné par les scandales. Toutefois, sa femme, Letizia, impatiente d'occuper le premier plan, n'est pas appréciée des Espagnols, du fait de son caractère ou de ses convictions profondes incompatibles pour les conservateurs avec la fonction de reine d'Espagne, car elle reste in petto agnostique et républicaine, suivant en cela son héritage familial, ce qui ferait pour le moins désordre.
    Le Parti Populaire au pouvoir subit, quant à lui, une violente contestation dans la rue, pour son projet de loi de restriction de l’avortement. Les opposants à ce projet défilent dans la rue, plus nombreux que les partisans de la vie innocente. Toutefois ces derniers manifestent en nombre bien plus considérable qu'en France, par centaines de milliers, avec le soutien le plus officiel de l’épiscopat espagnol conciliaire - chose impensable à Paris -. Il s'agirait de supprimer le droit d'avorter en posant une interdiction de principe, assortie cependant d'une tolérance assez large de facto, bien que formellement encadrée ; dans un de ses récents éditoriaux Jérôme Bourbon avait déjà rappelé que la clause de « violence psychologique » revient à une tolérance massive dans les faits ; de même les certificats de deux médecins militants, se présentant comme "neutres" - chose au fond facile -, ne seront pas difficiles à trouver. Les féministes ont causé une grande agitation en Espagne et en Europe pour une simple querelle sémantique, même s'il n'est pas totalement indifférent en soi de rappeler que tuer des enfants avant leur naissance ne saurait constituer un droit positif. Les défections de moins en moins discrètes au sein du groupe parlementaire du Parti Populaire commencent à se produire, sous la pression de la rue et des agences mondialistes. Il n'est pas certain que cette loi symbolique aille jusqu'au bout du processus législatif, ou du moins sans amputations majeures, ce qui achèverait de la vider de son contenu déjà très limité. En outre, le PP a été atteint par de nombreux scandales, de corruption principalement, à tous les niveaux, ce qui fragilise, même si c'est sans lien direct avec le sujet, sa position politique, tout comme son bilan économique désastreux. Enfin, les socialistes du PSOE ont solennellement juré de revenir complètement sur ce texte restreignant, au moins sur le papier, le droit d'avorter, au besoin en aggravant la loi précédente du juif Zapatero - l'une des plus libérales au monde déjà sur l'avortement -, lorsqu'ils reviendront au pouvoir, chose très probable aux prochaines élections générales, et, sur ce sujet précis, il y a tout lieu de croire hélas qu'ils tiendront scrupuleusement parole.
    Que fallait-il espérer du Parti Populaire, qualifié souvent par abus de langage ou anglicisme de "conservateur" ? Rien. On constate en Europe qu'il n'y a absolument aucune chose réellement positive à attendre des libéraux, qui, rappelons-le, constituaient la gauche d'avant 1830 et qui sont aujourd'hui la fausse droite. En France, l'UMP a laissé faire en douce ce que clament haut et fort les socialistes, comme les programmes pourris de l'éducation nationale sur la théorie du genre, antérieurs à 2012. En Allemagne, Mme Merkel gouverne avec les socialistes sur un programme antinational, avec l'introduction massive de la double nationalité en particulier et le catastrophique abandon du droit du sang, etc. Au-delà de son échec de gestion, de ses lamentables hésitations sur le combat nécessaire en faveur de l'accueil et de la défense de la vie, de cafouillages systématiques, le Parti Populaire développe une vision fantasmatique de l'Espagne, fondée sur la nostalgie absurde de l'Al-Andalous des Trois Religions, inventée par les historiens libéraux au XIXe siècle. Ce mythe historique est absurde, très loin de la réalité d'une société sous sévère domination mahométane, avec une tolérance précaire des chrétiens et des juifs ; ce mythe a servi d'argument fallacieux contre les conservateurs authentiques attachés au caractère fondamentalement catholique de l'Espagne. À quoi s'ajoute la forte et détestable influence dans le cadre des pays de l'OTAN de la culture du Parti Républicain américain, ultrasioniste depuis les années 1970.
    Ainsi, le Parti Populaire (PP) veut faire revenir des millions de juifs, en attendant peut-être autant de musulmans, sinon beaucoup plus, en Espagne. Le tout avec le soutien enthousiaste de l'opposition de gauche, qui tend plutôt à surenchérir sur le sujet.
    VERS UN RAPPEL DES JUIFS EN ESPAGNE ?
    L'idée d'une loi pour donner massivement la nationalité espagnole aux juifs sépharades date du printemps 2013. Elle est actuellement à l'étude au Parlement, après de larges consultations des rabbins des communautés sépharades en Espagne et à l'étranger. Les sépharades, descendants des juifs expulsés d'Espagne en 1492, pourront bientôt, s'ils le souhaitent, acquérir la nationalité espagnole. "Séphar" signifie "Espagne" en hébreu médiéval. On estime entre 40 000 et 45 000 le nombre de Juifs vivant aujourd'hui en Espagne, revenus aux XIXe et XXe siècles.
    En 1924, le gouvernement autoritaire du général Miguel Primo de Rivera promulgua un Décret juridique qui permit d'octroyer la nationalité à des sépharades désireux de quitter des contrées affectées par la guerre. Beaucoup de sépharades de Turquie bénéficièrent de cette loi peu après. De même, le régime franquiste a-t-il très généreusement accordé la nationalité espagnole aux sépharades apatrides des Balkans, précisément aux moments les plus pénibles pour ces communautés en 1942-1944. Il faut se garder de simplifications abusives, des légendes absurdes recopiées ad nauseam sur internet, comme la thèse d'un Franco antisémite complice de Hitler : rien de plus absurde pour un Caudillo, philosémite convaincu, à la suite des libéraux-conservateurs espagnols du XIXe siècle, ou de ses contemporains les papes Pie XI ou Pie XII. Cette loi de 1924 fut réactivée au début des années 1990, durant la guerre civile en ex-Yougoslavie (1991-1995), pour permettre à des familles sépharades natives de cette région de s'échapper en Espagne. En novembre 1992, quelques mois après la commémoration du 500ème anniversaire de l'expulsion des Juifs d'Espagne, les Cortès promulguèrent une loi historique qui considérait, pour la première fois dans l'Histoire de l'Espagne, le judaïsme comme bénéficiant de la stricte égalité avec le catholicisme, la religion officielle de l'Espagne suivant l'héritage franquiste. Cette loi historique fut le fruit de longues années de négociations entre le gouvernement espagnol et la Fédération des Communautés juives d'Espagne - à peu près l'équivalent du CRIF là-bas, et tout aussi central dans la vie politique -, présidée alors par un grand leader communautaire juif, feu Samuel Toledano. Actuellement un sépharade obtient la nationalité espagnole après deux ans seulement de résidence, suivant une procédure accélérée aujourd'hui courante.
    Ce projet de loi de Mariano Rajoy, déjà envisagé de manière analogue par son prédécesseur Zapatero, Premier ministre socialiste, s'inscrit donc dans une continuité historique, comprenant aussi des gestes personnels du roi Jean-Charles, très impliqué sur ces sujets. Au printemps 1992, Jean-Charles fit la première visite royale à la grande synagogue de Madrid, avec à la clé une demande de pardon, sur le modèle de feu Jean Paul II, puis la famille royale et ses armes reçurent la bénédiction judaïque par les rabbins de la synagogue. Ce dernier fait choqua alors beaucoup de rabbins sépharades à l'étranger, adepte des malédictions traditionnelles proférées depuis le XVe siècle contre la Péninsule Ibérique, ses habitants et ses chefs. Depuis, le philosémitisme constant déployé ardemment par toutes les autorités espagnoles a été tel que la majorité des sépharades le reconnaît désormais comme une dimension essentielle de l'Espagne d'aujourd'hui, en réservant les malédictions rabbiniques aux responsables des expulsions au XVe siècle, excluant donc leurs descendants.
    Il existe encore un élément essentiel à préciser, la définition du juif sépharade, moins évidente qu'il n'y paraît. En effet, la très grande majorité des rabbins tient pour une judaïsé stricte, combinant ascendance, pratiques religieuses et culturelles authentiques. Le gouvernement et le parlement espagnols sont favorables à une définition plus large, comprenant toutes les populations d'origine juive séfarade, y compris celles devenues formellement chrétiennes, au Sud ou à l'Est de la Méditerranée musulmane, qu'une pratique crypto-juive ait été conservée ou non.
    Les rabbins orthodoxes imposent ainsi une reconversion au judaïsme pour les Marranes ou Anoussim, formellement convertis à un moment au catholicisme, ou aux Sabbatéens ou Dônmeh, ayant adopté extérieurement l'Islam à la suite de leur messie Sabbataï Tsevi - forcé de se convertir par le sultan ottoman, sous peine de mort, en 1666 -. Mustafa Kemal Ataturk est très fortement soupçonné d'avoir été un Dônmeh d'origine. Il est très difficile d'envisager le nombre des uns et des autres, les estimations varient de moins de 100 000 au double. Beaucoup ont pu se dissoudre parmi les populations environnantes, le crypto-judaïsme demeurant bien moins structuré sur le temps long que le judaïsme, avec un taux de mariages mixtes parfois significatif pour certaines communautés.
    Parmi les marranes, signalons les cas particulier des marranes catalans, surtout implantés dans les Baléares - archipel de langue catalane -, appelés traditionnellement chuetas. Ces chuetas sont encore juifs par le sang, car ils se marient en principe entre eux exclusivement depuis le XVe siècle, du moins pour ceux demeurés à Majorque; ils ont conscience de leur ascendance, mais il n'y a plus de transmission culturelle des principes juifs. Il existe une douzaine de noms typiques de chuetas, attestant donc d'une origine juive lointaine : parmi ces patronymes, relevons par exemple WALLS, ou sa variante courante VALLS.
    Le monde compte plus de 2 200 000 sépharades, selon la définition restrictive du grand rabbinat de l'Entité Sioniste, qui en abriterait le plus grand nombre, soit 13 million. Puis viennent la France avec 0,4 million, les États-Unis 0,3 million. Bien moins nombreuses sont les autres communautés, dont les 50 000 séfarades d'Argentine, les 30 000 de Turquie, les 6 000 du Maroc, à quoi s'ajoutent de petits groupes dispersés dans tout le bassin méditerranéen et en e-Bretagne.
    En cas de définition législative large des sépharades, les effectifs considérés pourraient doubler, en comptant les demi-juifs et les quarts-juifs, désormais nombreux en Occident. Toutefois, à l'exception peut-être des sépharades argentins, ou sûrement de ceux du monde arabe, l'attractivité de l'Espagne devrait être relativement faible pour eux. D'où cette tentation de définition très large pour les législateurs du PP, qu'on ne voit pas rejeter les juifs non sépharades, ce qui constituerait une intolérable discrimination. Les autorités espagnoles craignent visiblement de ne pas recevoir une immigration juive massive. Elles pourraient paradoxalement recevoir surtout des ashkénazes, à la judaïté douteuse — avec très peu de pratiques ou de sang juif -, venus d'Ukraine, du fait des événements récents, en concurrence avec l'Entité Sioniste. En cas de coup très dur, a priori improbable, les habitants de l'Entité Sioniste pourraient aussi certainement se réfugier en Espagne désormais.
    APRÈS LES JUIFS, LES MUSULMANS ?
    Pour les libéraux espagnols, l'âge obscurantiste de l'Espagne aurait autant scandaleusement persécuté les morisques que les marranes. Ce fait aurait ruiné l'Espagne. Curieusement, c'est à cette époque que l'Espagne connaît pourtant son Siècle d'Or, et s'impose comme première puissance mondiale, des années 1540 aux années 1640, combinant nationalisme impérialiste et catholicité ardente.
    Les morisques étaient les descendants de la population musulmane qui s'est convertie formellement au catholicisme, sous la menace de l'exil des Rois Catholiques, Ferdinand et Isabelle, libérateurs de la totalité de l'Espagne, en 1502. De 1609 à 1614, le gouvernement espagnol a expulsé les 350 000 morisques vers l'Afrique du Nord, constatant l'absence de conversion réelle au christianisme et la pratique massive de l'Islam. Aujourd'hui, il y a environ 5 millions de descendants des morisques dans le seul Maroc, et des millions d'autres vivant en Algérie, Égypte, Libye, Mauritanie, Tunisie et Turquie, évidemment mêlés aux populations locales.
    Dans un manifeste publié 3 décembre 2013 par le journal Correo Diplomático - Courrier Diplomatique -, l'intellectuel marocain Ahmed Bensalh es-Salhi soutient que la décision « d'accorder la nationalité espagnole aux descendants des juifs expulsés d'Espagne aux XVe et XVIe siècles, tout en ignorant les morisques, [relèverait] certainement de la ségrégation et de la discrimination flagrante ». Selon lui, « cette décision pourrait également être considérée par la communauté internationale comme un acte historique d'immoralité et d'injustice absolue [...], honteux et déshonorant ». Ce qui est intéressant, c'est de relever la parfaite maîtrise de la langue de gauche, condamnant toute "ségrégation" ou "discrimination", invoquant une obscure « communauté internationale », si chère aussi à Fabius, Kouchner, ou à BHL, mais ce ne doit pas être exactement la même. Des universitaires algériens, quand ils n'insultent pas la France en général et son œuvre civilisatrice en particulier, attaquent aussi à l'occasion l'Espagne, en réclamant repentirs publics, réparations financières, et évidemment immigration totalement libre, pour les Nord-Africains dans la Péninsule voisine.
    Or, il y a lieu de craindre que ces plaintes ne soient entendues. Moins de "réparations" morales que pour les juifs, aucun versement financier, mais une généreuse distribution de la nationalité espagnole et l'autorisation d'immigration en Espagne pour des descendants de morisques, ou réputés tels, voilà qui paraît hélas crédible, surtout le jour, sans doute proche, où les socialistes reviendront au pouvoir par alternance mécanique.
    La distribution large de passeports espagnols, pour les sépharades, marranes, ou pour les morisques, nettement plus nombreux encore, donnerait un droit illimité de circulation et d'installation, au-delà de l'Espagne, dans toute l'Union Européenne. L'installation en Allemagne, ou en France, réputée pour ses aides sociales généreuses, risquerait d'être préférée par ces populations. Décidément, l'Union Européenne ne fonctionne que pour le pire.
    Scipion de SALM. Rivarol du 27 février 2014