Si le marasme frappant le pays et surtout le tsunami des "affaires" lui en laissent le loisir, c'est en septembre que Nicolas Sarkozy devrait rendre à Bachar AI-Assad la visite officielle que celui-ci nous fit en juillet 2008, à l'occasion du sommet sur l'Union Pour la Méditerranée. Comment notre président sera-t-il reçu ? Fort courtoisement sans doute, même si les Syriens, quelque peu estomaqués par son style, le surnomment volontiers « le danseur», mimique burlesque à l'appui, et s'ébaudissent des 1 52 000 photos et de vidéos disponibles sur Internet et montrant notre Première Dame nue comme un ver. Au demeurant, c'est pour éviter toute fausse note que Bernard Kouchner avait été le premier ministre français des Affaires étrangères à se rendre le 23 mai dernier à Damas où - pur hasard, je vous l'assure -, je séjournais moi-même.
Si, à cette occasion, je n'ai pas croisé l'illustre French Doctor, et m'en console aisément, je regrette amèrement en revanche de n'avoir pas prolongé mon séjour jusqu'à début juin, en tout cas après l'arraisonnement meurtrier par les commandos marine israéliens du bateau amiral de la « flottille du salut » tentant de briser le blocus de Gaza. J'aurais bien aimé en effet suivre « en direct » les réactions des Jordaniens et surtout des Syriens.
MOSAÏQUE ETHNIQUE ET RELIGIEUSE
Peu avant la Révolution française, le jeune Français Constantin-François Chassebœuf parcourut pendant trois ans routes et pistes du Nil à l'Euphrate, de l'Egée à la mer Rouge, et publia à son retour, sous le nom de Volney, un passionnant « Voyage en Egypte et en Syrie » si documenté que, dans son introduction à l'édition de 1959 chez Mouton & Co, Jean Gaulmier écrit à juste titre qu' « il est encore presque impossible d'étudier, sous quelque aspect que ce soit, les régions visitées sans recourir à son témoignage », sur le climat, les ressources, les sites et surtout les innombrables minorités ethniques et religieuses chrétiens, druses , "Kourdes", Bédouins, Arméniens, Tcherkesses et autres Ottomans. À la différence de Volney, je n'ai passé que dix-sept jours en Syrie et en Jordanie et ce qu'on lira ne prétend nullement à l'exhaustivité ni même peut-être à la réalité vraie. Ce n'est qu'un kaléidoscope. D'images frappantes (des familles campagnardes pique-niquant au son d'un transistor criard sous les arcades de la célébrissime mosquée des Omeyyades, où les Occidentales doivent, comme dans les autres lieux de culte sunnites, revêtir un long manteau à capuchon) ou sublimes, celles du Krak des Chevaliers admirablement préservé, en passant par les « villes mortes » byzantines - mortes, déjà, de la désertification... Des sensations, des impressions retirées de ce que j'ai pu voir, de la Méditerranée aux frontières turque, irakienne et israéliennes au sud, et des conversations que j'ai pu avoir, facilitées par un puissant sésame : négligemment épinglé sur mon sac à dos, un badge à l'effigie de Saddam Hussein naguère offert par Farid Smahi. Un sésame qui m'a valu d'être interpellée dans les rues ou les mosquées, par des hommes et des femmes de toutes conditions, sur le thème immuable : « Saddam, very good man, Americans very bad ». Une entrée en matière comme une autre à des entretiens plus approfondis, et généralement très politiques.
LES PALESTINIENS, DES FRÈRES MAL AIMÉS
On ne s'en étonnera guère : dans leur immense majorité, Jordaniens et Syriens abhorrent l'Amérique - de Bush comme d'Obama -, et ils abominent l'Etat hébreu même si, sur les ondes de la radio de l'armée syrienne, le Grand Mufti Ahmed Bader Hassoun a rappelé le 19 janvier dernier que « l'islam exige de ses fidèles qu'ils protègent le judaïsme » et préconisé un rapprochement entre les adeptes des deux religions du Livre. Cette exécration induit-elle un total dévouement à la cause palestinienne ? Même si, au lendemain de la tuerie du 31 mai, le président Al-Assad a qualifié Israël, qui n'est « pas un partenaire pour la paix », d' « État pyromane », on peut en douter.
La chose est compréhensible dans le cas des Jordaniens de souche, désormais minoritaires sur leur propre territoire et qui n'ont pas , oublié les terribles combats de 1970 entre Bédouins autochtones et réfugiés palestiniens, batailles rangées qui aboutirent à la répression connue sous le nom de « Septembre noir ». Ayant naturalisé en masse les Cisjordaniens après 1948 et surtout 1967 à la suite de la guerre dite des Six-Jours, et accueilli leurs notables dans les gouvernements d'Amman, les sujets du roi Hussein s'estimèrent alors trahis et, depuis, une solide rancœur subsiste à l'égard de ces hôtes forcés.
D'autant que, accusent-ils, les plus beaux magasins, les plus luxueux hôtels du pays appartiennent à des Palestiniens, « en cheville avec les banques américaines », qui « tiennent tout ». D'ailleurs, Yacer Arafat, chef de l'OLP, n'avait-il pas profité de sa position pour accumuler frauduleusement « une immense fortune » dont il avait confié la gestion au Judéo-Marocain Gabriel Banon, par ailleurs beau-père du (très atlantiste) député français Pierre Lellouche, aujourd'hui secrétaire d'Etat aux Affaires européennes auprès de... Kouchner ?
« GAZA C'EST L'AFRIQUE »
Bien que n'ayant pas un tel contentieux avec les Palestiniens, les Syriens semblent partager ces préventions à leur égard. Du reste, rappellent-ils volontiers, « Gaza, c'est géographiquement en Afrique. » Autrement dit, c'est aussi exotique que ce Maghreb qu'ils méprisent, en particulier l'Algérie. « Nous, nous avons depuis des siècles une véritable littérature et nous sommes restés ethniquement des Arabes (ce qui reste à démontrer : les teints et les yeux clairs ne sont pas rares, héritages de la Galicie celte, de la présence alexandrine et de l'Empire ottoman où Albanais et Circassiens très leucodermes étaient nombreux) mais eux sont négrifiés par l'esclavage subsaharien et ils parlent un dialecte incompréhensible, un sabir pollué par le berbère et le français », m'a ainsi assené un universitaire aleppin, ajoutant : « Écoutez leur musique, le raï, c'est totalement métissé et çà ne ressemble à rien tandis que nous, si nous célébrons l'année Chopin, nous utilisons toujours les mélodies et les instruments traditionnels ».
En Jordanie, pour tenter d'apaiser les tensions entre "occupés" et "occupants" volontiers assimilés à des Levantins affairistes, le roi Abdullah II a épousé une Palestinienne, la blonde Rania. Mais celle-ci, en raison de ses études à l'université américaine du Caire et de son assiduité au Forum économique de Davos, n'est jamais parvenue à se débarrasser du sobriquet « l'Américaine » que lui a donné le petit peuple - qui avait surnommé « l'Anglaise » la princesse Mouna née Antoinette Avril Gardiner, deuxième épouse de Hussein et mère d'Abdullah. Preuve que de solides préventions anti-occidentales subsistent dans la patrie d'adoption du colonel Lawrence et de Glubb Pacha, créateur de la Légion Arabe... dont, au coucher du soleil, des vétérans en grand uniforme jouent de la cornemuse dans l'antique théâtre de Jerash, la toujours merveilleuse Gerasa perle de la Decapolis romaine du temps où Amman s'appelait Philadelphia -, dans l'espoir d'arrondir leur retraite.
Plus prudents, les dirigeants de Damas ont doté leurs Palestiniens de passeports "syro-palestiniens" afin, jurent-ils vertueusement, que ces réfugiés conservent leur « droit au retour » au cas, fort aléatoire, où Tel-Aviv se résignerait à la création d'un véritable État palestinien. Sans doute la télévision fait-elle grand cas des souffrances des Gazaouis et s'indigne-telle de cette abomination qu'est le « mur de la sécurité » ravageant et mutilant la Cisjordanie mais, dans le peuple, on sent que le cœur n'y est pas.
ALAOUITES, DONC CHIITES
En revanche, en Syrie comme en Jordanie,la fraternité semble totale, et spontanée, à l'égard de l'Irak, et c'est singulier dans le cas de la Syrie car les relations étaient si fraîches entre les deux factions Baath (parti fondé à Damas par le chrétien orthodoxe Michel Aflak) au pouvoir à Bagdad et à Damas que feu Hafed AIassad, ancien général d'aviation et ministre de la Défense parvenu au pouvoir en 1970, soutint Téhéran pendant l'interminable et meurtrier conflit Iran-Irak.
Si la quasi-totalité des Jordaniens sont sunnites, la Syrie musulmane, officiellement République laïque, est partagée entre sunnites, la majorité : 78 %, et trois sectes chiites très minoritaires, les druses, les ismaïliens et les alaouites 10 %, auxquels appartiennent une grande partie des cadres de l'armée et le clan des Al-assad encore que Bachar ait épousé une sunnite, Asma ( comme lui, toutefois, longiligne et d'apparence très aryenne avec ses cheveux blonds et son teint clair). Il est permis de penser que c'est cette appartenance, autant que la séculaire rivalité civilisationnelle entre Damas et Bagdad, qui incita Hafez à soutenir le pays des mollahs.
Mais comme rien n'est simple dans l'Orient compliqué, les chiites syriens se veulent "éclairés", au contraire de leurs coreligionnaires iraniens et irakiens. Contrairement à eux, ils n'ont ni clergé ni mosquées, boivent de l'alcool, sont généralement monogames et laissent leur épouse ou leurs filles s'habiller à l'européenne alors que les sunnites, influencés par l'islam wahhabite, se veulent ultra rigoristes, D'où la construction accélérée de mosquées dans les hameaux les plus perdus et la présence obsédante de femmes toutes de noir vêtues. Mais, comme rien n'est simple dans l'Orient compliqué (bis), prière de ne pas confondre cette vêture avec le niqab : si les Syriennes ont le visage et la tête voilés de noir, leur robe également noire est parfois si ajustée qu'elle ne cache rien de la silhouette, et souvent pailletée, de même que le voile. Certaines sont même ornées, dans le dos, de motifs en strass, fleurs ou papillons ! Quant aux dessous, mini slips et wonderbras pigeonnants made in China, ils occupent des étals entiers dans les souks où ces dames se disputent sans complexes ces affûtiaux affriolants.
Et rien de plus stupéfiant que de voir ces créatures voilées soulever leur voile pour allumer une cigarette ou, surtout en Jordanie d'ailleurs, sortir « en filles » pour fumer le narghilé et applaudir un chanteur à la mode.
HAMA TRENTE ANS APRÈS
La plus grande surprise de ce voyage, je l'ai d'ailleurs éprouvée à Hama, l'Epiphania hellénistique, temple du sunnisme et pour cela théâtre voici trente ans de violents affrontements. En 1980, en effet, un Frère musulman originaire d'Hama avait tenté d'assassiner le président Alassad, ce qui avait entraîné l'arrestation de plusieurs imams ; une agitation chronique s'ensuivit, qui déboucha en février 1982 sur une insurrection, conduite par une grosse centaine d'officiers sunnites. Assad réagit brutalement, ordonnant à l'armée d'assiéger la ville et de la bombarder à l'artillerie lourde. Le siège dura près d'un mois, et 10 000 civils selon le gouvernement - 25000 selon les insurgés - y perdirent la vie. Une hécatombe en tout cas très lourde pour cette cité d'un demi-million d'habitants et dont le tiers, y compris de nombreux joyaux architecturaux, fut alors détruit. Sans que, soit dit en passant, ce nettoyage par le vide soit beaucoup reproché à Hafez Al-assad alors qu'imputé à l'Irak (sauf par la CIA, qui en rendait l'Iran responsable), le gazage des cinq mille Kurdes de la ville frontalière d'Halabja fut toujours retenu à charge contre Saddam Hussein.
Je m'attendais donc à voir une ville sombre, austère, endeuillée. Or, en ces jours de festival - c'était vers le 11 mai -, Hama était joyeuse, bruyante et amicale envers les étrangers d'ailleurs très rares participant à ces réjouissances bon enfant se déroulant le long de l'Oronte, combien plus beau, avec ses admirables norias de bois datant de la présence byzantine et fonctionnant toujours malgré leurs quinze siècles d'âge, qu'à Antioche, où les Turcs semblent prendre pour un dépotoir le fleuve cher à Barrès.
LE GRAND TURC EN EMBUSCADE
C'est pourquoi, j'en reviens à Gaza, je me demande comment, au-delà des félicitations officielles, les Syriens ont pris l'opération de secours organisée par les Turcs et en reconnaissance de laquelle quantité de bébés gazaouis ont été prénommés Erdogan. En effet, si le mandat français (1918-1945) fut largement bénéfique sur le plan culturel et marqué par un début d'industrialisation, les Syriens ne pardonnent pas à Paris d'avoir laissé la Turquie s'emparer en 1939 du sandjak d'Alexandrette (lskanderun) et du district d'Antioche, et ils ne pardonnent pas davantage à la Turquie actuelle de contribuer à la désertification du pays - déjà si asséché par la perte du Golan et l'occupation depuis 1967 par les Israéliens qui récupèrent toutes les eaux du plateau par ses gigantesques barrages sur l'Euphrate. Excipant de la présence de camps d'entraînement de guérilleros kurdes - alors que les Syriens partagent avec les Turcs une solide méfiance à l'égard des Kurdes « qui ne sont jamais contents et cherchent toujours des histoires » -, Ankara avait ainsi à plusieurs reprises interrompu le cours de l'Euphrate.
Certes, les feuilletons télévisés turcs tel Le cri de pierres, violemment anti-israélien, ont été très suivis en Syrie où est en préparation une grande série historique sur la fin de l'empire ottoman, géant débonnaire « victime des puissances européennes », et les investissements turcs sont très appréciés, comme ceux de la chaîne hôtelière Dedeman, qui a construit un superbe établissement à Palmyre. Mais Damas commence à s'inquiéter de l'activisme diplomatique et économique déployé par Ankara dans les territoires arabes naguère possessions de la Sublime Porte. Au demeurant, la conversion relativement rapide de la République kémaliste du laïcisme à l'islam presque radical laisse sceptiques beaucoup de Syriens qui, fiers de leur histoire multimillénaire quand les futurs Seldjoukides n'étaient encore que des coureurs de steppe illettrés, y voient un simple opportunisme : bridé dans ses ambitions européennes, le Grand Turc chercherait des exutoires à sa volonté de puissance. En Asie centrale, à la faveur de l'éclatement de l'empire soviétique, et au Moyen-Orient en profitant de l'enlisement et des échecs du monde arabe.
L'HUMILIATION IRAKIENNE
De ces échecs, le plus cruellement ressenti car le plus humiliant est, à l'évidence, le si rapide effondrement de l'Irak et l'odieuse occupation qui s'en est suivie. Les Syriens - qui se targuent d'avoir inventé l'écriture, à Ougarit, dont les ruines n'évoquent aujourd'hui que de très loin la gloire et la prospérité passées - parlent du pillage des musées de Babylone et de Bagdad comme s'ils en avaient été eux-mêmes victimes et, surtout, ils ont ressenti physiquement le gigantesque et lamentable exode consécutif à la guerre. « Nous qui sommes pauvres et devons exercer plusieurs emplois pour obtenir un salaire décent, nous avons dû accueillir trois millions et demi de nos réfugiés, mais c'étaient nos frères », répètent-ils tandis que les Jordaniens, eux, assurent avoir reçu un million et demi de réfugiés. Des chiffres évidemment très exagérés, l'ONU ayant évalué à deux millions le nombre des Irakiens contraints à l'exil. Proportion déjà énorme : près du dixième de la population !
Ce qui est sûr en tout cas est que les deux pays comptent de très importantes communautés irakiennes et que le flux ne s'est pas tari, de plus en plus de chrétiens, victimes de persécutions, quittant l'Irak si heureusement rendu à la démocratie.
COUPOLES ET COUVENTS : JUSQUE À QUAND ?
En Jordanie, la présence chrétienne est marginale mais elle reste significative (13 % de la population selon les sources les plus optimistes) en Syrie où elle pourrait jouer un rôle important si, des nestoriens aux protestants, des jacobites orthodoxes aux melkites ou aux maronites catholiques, les chrétiens n'étaient divisés en multiples confessions qui ont, au fil des siècles, affaibli leur influence et favorisé l'essor de l'islam dans ces contrées qui furent pourtant les premières à accueillir la Bonne Nouvelle.
Il est peu de lieux aussi chargés d'émotion, esthétique comprise, que Saint-Siméon, hommage à ce moine stylite réputé avoir passé quarante-deux ans sur sa colonne. Jusqu'à l'achèvement de Sainte-Sophie, l'édifice fut la plus grande cathédrale chrétienne du monde. Par la beauté du site, l'harmonie des constructions aujourd'hui à moitié ruinées et la pureté de leurs lignes annonçant dès le Ve siècle le style roman, Saint-Siméon est une merveille qui parle autant au cœur qu'à l'esprit. Lorsque j'y allai, un prêtre italien célébrait la messe pour des pèlerins dont les touristes syriens respectaient la ferveur, intimant aux gosses braillards l'ordre de se taire.
Les écoles chrétiennes restent très courues, y compris par les musulmans de la Nomenklatura locale. Non loin de Damas, sur les contreforts des monts de l'Anti-Liban, le village de Maalula - dont le couvent Sainte-Thérèse est également un lieu de pèlerinage - est presque entièrement peuplé de catholiques de rite orthodoxe grec pratiquant encore l'araméen, la langue du Christ dans laquelle sont célébrés les offices. Alors que les Arméniens de Jérusalem se disent brimés par les autorités israéliennes et, pour certains, préparent leur départ, à Alep les coupoles dorées de leurs églises rivalisent de hauteur avec les minarets et en mai, mois de Marie, nombre de jeunes filles revêtent une longue robe bleue ceinturée de corde et coiffent un voile blanc, en révérence à la Vierge, sans que les musulmans semblent s'en formaliser. Dans mon hôtel de Damas, où un couple de catholiques latins fêtait ses noces d'argent, les voiles noirs des invitées mahométanes côtoyaient les spectaculaires robes du soir des chrétiennes.
Mais, outre que cette coexistence pacifique pourrait facilement basculer dans l'hystérie antichrétienne, comme cela s'est si souvent produit en terre d'islam, il n'est évidemment pas question de fraternisation poussée ni de mariages mixtes. Au demeurant, les mariages toujours arrangés par les familles, en Syrie comme en Jordanie, et généralement célébrés assez tard, le promis devant disposer d'une bonne situation et d'une maison avant de présenter sa demande - restent rares entre obédiences musulmanes même si l'alaouite Bachar a ouvert la voie en choisissant une sunnite. Ainsi les Druses pratiquent-ils la plus rigoureuse endogamie. « C'est mieux comme ça, m'expliquait l'un d'eux. On se connaît, on a la même histoire, les mêmes traditions, les mêmes coutumes. Chez nous, par exemple, il ne nous viendrait jamais à l'idée d'épouser une Noire ou une Chinoise même si elle nous plaisait. Il faut d'abord penser à la famille et aux enfants ! » Qui oserait dire le contraire ?
Ainsi, près d'Amman, survit depuis deux siècles une communauté de Nubiens importés d'Égypte par les Turcs pour travailler la canne à sucre. Regroupés dans le même village, ces "Nègres" se marient entre eux. Chacun chez soi et le troupeau sera bien gardé !
DE PETRA À PALMYRE, LA ROUTE DES MERVEILLES
Tout comme beaucoup d'Occidentaux se rendent en Jordanie à seule fin de faire de la plongée dans le golfe d'Aqaba et de découvrir Petra la nabatéenne, site en effet exceptionnel et, autour du fameux Khazneh - le "Trésor", si souvent vu en photos ou dans les films, qui ne lui rendent pas justice -, plus accessible qu'on ne le dit, jusqu'au Château croisé, au monastère du IIIe siècle et à l'Autel des sacrifices -, Palmyre la cananéenne est une étape obligée et parfois unique. « Si vous ne deviez voir qu'une seule chose en Syrie, ce serait Palmyre. Même si vous avez déjà vu assez de ruines pour le restant de vos jours, faites un effort car celles-ci sont inoubliables », ordonne ainsi le guide Lonely Planet.
Oasis dans l'immense désert caillouteux allant jusqu'à la ville-frontière de Deir ezZur, centre pétrolier où l'on empruntera bien sûr le « pont des Français » enjambant l'Euphrate et qui, à la fraîche, se transforme en paseo, Tadmor, rebaptisée , Palmyre par les Grecs et promue « ville libre » par les Romains en l'an 150 de notre ère, coupe bien sûr le souffle. Par l'incroyable étendue (50 hectares), la richesse et l'élégance de ses ruines, l'enchevêtrement des cultes et des traditions, les temples dédiés aux dieux Nebo et Bel (Baal) voisinant avec les autels des divinités romaines, les pharaoniques tombeaux de l'aristocratie marchande avec les thermes (édifiés sous Dioclétien), l'agora et le théâtre proprement palatiaI.
Palmyre, où Septimia Bathzabbai Zineb, dite reine Zénobie, leva en 270 l'étendard de la révolte contre l'Empire (qui vainquit ses armées et la ramena à Rome pour le triomphe d'Aurélien), est à l'architecture coloniale romaine ce que Hanoï fut à l'architecture coloniale française : un miracle, les architectes ayant avant tout veillé à respecter l'esprit des lieux où l'histoire souffle si fort. Mais elle n'est pas la seule : Apamée, Rassafa - non loin du lac Assad et ceinte de remparts à l'ombre desquels s'élevait la basilique Saint-Serge avant la conquête par le calife omeyyade Hicham -, Bosra avec son austère et grandiose théâtre de basalte (et son musée des mosaïques, où l'on peut admirer de superbes swastikas) sont aussi des endroits magiques, qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte. Tant que la Syrie est un pays sûr, où les mendigots sont rares et les autorités inflexibles avec les voyous.
DES MENACES SE PRÉCISENT
Car qui peut présager de son avenir ? Appuyé sur une croissance longtemps impressionnante (+ 147 % en vingt ans, de 1983 à 2003, si bien que chacun ou presque mange à sa faim et que l'état sanitaire est convenable), le régime semble solide. Mais après les convulsions du Liban, l'ordalie infligée à l'Irak a montré la fragilité des régimes proche et moyen-orientaux et des menaces se dessinent. James Cartwright, adjoint du chef des armées des États-Unis, déclarait ainsi le 13 mai dernier : « Durant les dix prochaines années, nos forces auront à mener des combats semblables à ceux qui furent menés en Irak et en Afghanistan ». Hasard ? Le mois précédent, Damas avait été accusée par Washington d'avoir livré des missiles SCUD au Hezbollah, accusation reprise par Tel-Aviv, qui avertissait la Syrie de son intention de « la ramener à l'âge de pierre », bien que l'allégation ait été formellement démentie par Saad Hariri, Premier ministre du Liban (où Al-Assad s'est rendu à la mi-juillet). Ainsi d'ailleurs que par le Hezbollah qui précisait n'avoir nul besoin d'antiques SCUD, disposant depuis 2006 d'armes autrement sophistiquées.
N'importe, l'administration Obama profita aussitôt de l'occasion pour proroger d'un an les sanctions prises contre Damas en 2004, et la menace subsiste, au point que certains se demandent si, malgré l'enlisement des États-Unis en Irak et en Afghanistan, certains faucons néo-conservateurs ne gardent pas cette histoire de SCUD en réserve pour l'utiliser le moment venu, comme fut exploité contre Bagdad le mythe des « armes de destruction massive ».
Quitte à transformer en République islamique, soumise à la Charia, l'actuelle République laïque syrienne où les chrétiens bénéficient d'une relative sécurité ? Mais on sait que, sans hésitations ni états d'âme, ce risque fut pris ailleurs par ceux-là même qui proclament jusque sur leur monnaie « ln God we trust».
Camille Galic RIVROL du 30 juillet au 2 septembre 2010
< camille.ggalic@orange.ft >.
lobby - Page 2467
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Comme l'Irak, la Syrie sera-t-elle « ramenée à l'âge de pierre » ? (arch 2010)
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Cette gauche qui me fait peur
Je n’en peux plus. Comme beaucoup d’entre vous, j’en suis sûre. Chaque jour ou presque, une déclaration, une prise de position, un slogan me déchirent les entrailles. C’est Pierre Bergé qui me lance au visage : « Moi je suis pour toutes les libertés.
Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? » Vous avez bien lu…
Mais ce méchant homme – on se souvient de la bile qu’il déversa sur le Téléthon – n’est pas seul. Elisabeth Badinter vole à son secours. Avec ses mots à elle, mais qu’est-ce que ça change ? Elle trouve, elle aussi, qu’on ne va assez loin avec le mariage gay, l’adoption gay, la procréation médicalement assistée pour les lesbiennes. Elle voudrait qu’on légalise la gestation pour autrui. Et a même dégoté une « gestatrice » pour expliquer : « A part ma propre famille, rien ne m’a autant valorisée dans ma vie. » Je préfère ne rien savoir de sa vie…
Mais il y a pire encore. Cette affiche brandie par un gamin lors de la manif pour le mariage homo. Avec ce slogan qui me répugne : « Bite dans le cul ou pas, on veut l’égalité des droits. » Ça me rend malade pour ce gamin qui voit s’esclaffer les hommes autour de lui. À croire que certains n’aiment les enfants que dans leur lit. [...]
Emmanuelle Duverger - La suite sur Boulevard Voltaire
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L’arnaque de l’impot sur le revenu
Le professeur Etienne Chouard rappelle rapidement et efficacement à quoi sert l’impôt sur le revenu et qui décide de la politique monétaire…
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« La fabrique du crétin : la mort programmée de l'école »
L’école, parlons-en : les collégiens sont dans la rue, poussés par certains de leurs professeurs ; ils disputent le premier rang dans les défilés protestataires aux gros bras des syndicats professionnels. Sous la direction d’équipes d’animateurs, des enfants d’écoles primaires travaillent sur le thème de la revendication, l’opération consistant à apprendre aux petits à organiser des manifestations, à adhérer à un « syndicat de revendication de l’enfant », à obtenir une carte de militant, à fabriquer des banderoles et à formuler des revendications (voir http://www.soseducation.com).
En même temps, on s’étonne que les enfants ne sachent plus lire ni écrire ni surtout penser. Le constat est terrible, mais ses causes sont moins obscures qu’on veut bien le dire. « Un enchaînement de bonnes intentions mal maîtrisées et de calculs intéressés a délité en une trentaine d’années ce qui fut l’un des meilleurs systèmes éducatifs au monde. » Les responsables ? Les politiques, les professeurs, les parents, les syndicats de l’enseignement, les programmes ? Sans doute tous à la fois ; mais une chose est certaine : la « Nouvelle Pédagogie a fait ses preuves » : l’école a cessé d’être le moteur d’un ascenseur social défaillant.
Jean-Paul Brighelli, professeur de lettres, normalien, agrégé des lettres, analyse avec lucidité cette école de la réussite devenue souvent l’école de l’échec programmé, et donne des solutions pour une école de demain. Il le clame dans deux livres :– La fabrique du crétin : la mort programmée de l'école, pamphlet dénonçant les dérives de l’école actuelle ;
– A bonne école, un livre de propositions.Ces deux ouvrages, le premier paru en août 2005, le second en avril 2006, recueillirent un réel succès mais ne plurent pas à tout le monde, notamment dans le milieu des enseignants, au point tel que bon nombre de confrères de l’auteur se sont empressés de faire circuler une pétition pour demander son exclusion du jury du Capes. « Plusieurs membres de ce jury, particulièrement ceux de l’épreuve didactique (pédagogie, NDLR), ont exprimé leur difficulté à siéger dans un concours qui l’hébergeait », a indiqué J.-P. Brighelli sur son blog (bonnetdane.midiblogs.com). L’Alma mater a aussi ses « Fouquier-Tinville » et les belles âmes de l’Education nationale ont eu raison du collègue qui osait résister à la « pensée unique pédagogique ». Le 10 mai, il a été « débarqué » du jury du Capes de Lettres modernes pour « délit d’opinion », comme il l’affirme lui-même sur son blog : « Le président du jury, Alain Pagès, flanqué du vice-président, l’inspecteur général Jean Jordy, m’a interrompu au milieu du classement des copies que nous venions de ramener à Tours, centre du concours. Il y avait apparemment urgence. »
Pour rester dans la ligne, le ministre de l’Education, Gilles de Robien, a demandé immédiatement une enquête sur le « cas » Brighelli.
L’enseignant a reçu le soutien de l’association « S.O.S. Education » (http://www.soseducation.com), qui compare son sort à celui de Laurent Lafforgue, ce célèbre mathématicien, médaille Fields 2002, qui, nommé par le président de la République, a été contraint de démissionner du Haut Conseil de l’éducation en raison des vives critiques qu’il avait formulées sur les orientations prises par le HCE
(http://www.polemia.com/contenu.php?iddoc=11288&cat_id=22).
On apprend, aujourd’hui même, que Jean-Paul Brighelli, lui, a été réintégré au sein du jury du Capes de Lettres modernes dès le 12 mai, sur décision du ministre. Son communiqué, passé sur son blog, se termine d’une façon assez inattendue :« Hasta la victoria siempre ! », lance-t-il.
N’était-ce pas le cri de guerre lancé par Che Guevara à Cuba et dans les pays de l’Amérique latine victimes de la guérilla ? Faut-il relier la mansuétude des hautes instances de l’Education nationale à une apparente sympathie de Jean-Paul Brighelli pour la pensée marxiste ou, plus simplement, envisager que la décision du ministre de réintégrer sous 48 heures l’exclu dans le jury du Capes a été prise dans le respect du droit pour couper court à toute initiative éventuelle de la part d’étudiants qui exigeraient l’annulation du concours pour changement de composition de jury ?
René Schleiter © Polémia
15/05/06 -
Antichristianisme du gouvernement : de plus en plus grossier et idiot
Le gouvernement socialiste est un habitué des attaques contre la seule religion catholique : rappel constant à la loi de 1905 tandis que les musulmans sont choyés et que Paris a droit à sa menorah géante pour « Noël » ; innombrables émissions et documentaires de la télévision publique à charge contre le catholicisme tandis que tous les politiciens se bousculent au dîner du CRIF et que des terrains de l’Etat sont cédés à prix sacrifiés pour que les mahométans puissent construire leurs mosquées à moindre coût, etc.
Aujourd’hui, les ministres socialistes, obéissant à la même « logique », prennent le prétexte de la lutte pour le mariage homosexuel pour se défouler sur la religion catholique, alors que les responsables juifs et musulmans se sont également positionnés contre.Après, notamment, le ministre Cécile Duflot qui réclame la réquisition des biens de l’Eglise catholique en France, c’est le ministre Michèle Delaunay qui s’est distinguée hier en commettant une déclaration anticatholique grave (voir image ci-dessus), prouvant ainsi, une fois de plus, que le gouvernement actuel n’est pas celui de tous les Français mais celui d’une caste ne représentant qu’elle-même et dirigée contre le catholicisme, c’est-à-dire contre la colonne vertébrale de la France qui, n’en déplaise, existe depuis 496 et non 1789.
De ce fait, rarement un gouvernement n’aura autant mérité la qualification d’anti-Français.
Source PDF 14
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Clovis à la trappe dans les programmes du collège
Les programmes d'histoire au collège ne soufflant plus mot de Clovis ni des Mérovingiens, il nous semble utile de rappeler brièvement dans cette chronique qu'ils ont laissé leur empreinte dans l'histoire de France, entre 496 et 732. Deux dates qui ne diront bientôt plus rien aux petits Français.
Clovis ? Connais pas. Ou connais plus. Le fondateur de la dynastie mérovingienne, la première qui ait régné sur ce qui allait devenir la France, et à laquelle notre pays doit son nom, est exclu - le mot est à la mode - des programmes d'histoire au collège. A l'heure où le président de la République prétend réfléchir à l'identité nationale et où son ministre de l'immigration et de l'identité nationale, Eric Besson, affirme sans vergogne que la France n'est qu'un conglomérat de peuples qui veulent bien vivre ensemble, voilà qui n'a rien de rassurant. A vrai dire, c'est même l'ensemble des Mérovingiens qui passe à la trappe de l'Education nationale. Les collégiens, qui ne gardent pour la plupart qu'un souvenir très approximatif de ce qu'ils ont appris en primaire de cette période-clé de notre histoire nationale, devront donc comprendre par eux-mêmes, si toutefois l'idée et le désir leur en viennent, comment on est passé de l'Empire romain aux Carolingiens : soit un saut chronologique de quelque 230 ans, une séquence plus longue que celle qui nous sépare de la Révolution française !
Clovis remplacé par l'empereur chinois Wu
Gageons que la plupart d'entre eux auront au mieux retenu l'anecdote fameuse du vase de Soisson, bien faite pour frapper- d'un coup de francisque - les imaginations enfantines, mais qui est loin d'être essentielle à l'œuvre du roi franc. Que s'est-il donc passé sous son règne ? Rien sans doute qui vaille d'être retenu : sous l'influence de sainte Clotilde et de saint Rémi, le baptême du barbare fait de la France la « fille aînée de l'Eglise », pour des siècles. Ce n'est pas par hasard que Reims, site de l'événement, deviendra la ville des sacres. Ce n'est pas non plus par hasard qu'en 1996, le pape Jean-Paul II s'y rendra, au vif déplaisir de tout ce que la France compte de sectes laïcardes, pour y célébrer dans le cadre du XVe centenaire de l'avènement du roi franc une messe qui fera écho à celle du Bourget : « France, fille aînée de l'Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? »
Les collégiens français n'entendront plus résonner dans le baptistère rémois les paroles de saint Rémi : « Dépose humblement tes colliers, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. » Dans la superbe biographie qu'il a consacrée à Clovis, Michel Rouche explique que « le collier porté orgueilleusement sur la poitrine des chefs était celui de la déesse Freyja rayonnant de prospérité et de gloire. » Et commente : « Le roi des Francs, en jetant les symboles de son pouvoir charismatique, franchissait le pas qui le faisait entrer dans la sphère chrétienne d'un pouvoir délégué par Dieu : il séparait le roi du prêtre. »
Il nouait aussi avec l'Eglise catholique l'alliance qui devait en faire son champion contre l'arianisme alors partout triomphant, en particulier au royaume wisigoth. Avec Clotilde, il posa, écrit Michel Rouche, « les fondations d'un organisme politique romain et chrétien. »
Les Mérovingiens ne s'arrêtent pourtant pas à Clovis. Les fils que lui donna Clotilde - et Thierry, qu'il avait eu d'un premier lit - n'ont pas laissé dans l'histoire un souvenir très attrayant. Clovis lui-même avait gardé, malgré sa conversion, des manières radicales de traiter ses rivaux - on le vit bien lorsqu'il poussa Chlodéric, fils de Sigebert le boiteux, à assassiner son propre père, avant d'éliminer le parricide et de s'emparer de son royaume.
Clotaire et Childebert, fils de Clovis, ne reculèrent pas devant l'assassinat de leurs neveux. malgré Clotilde - un seul d'entre eux échappa massacre et fut plus tard canonisé sous le nom saint Cloud. Ils retournèrent aux coutumes barbares et à la polygamie - elle devait rester courante parmi les princes chrétiens jusqu'aux Carolingiens -, mais n'apostasièrent pas. Les petits-fils, à en croire les chroniques, ne furent pas moins sanguinaires et tous les écoliers connaissaient naguère la lutte furieuse de Frêdégonde et Brunehaut, cette dernière ayant sur ordre de Clotaire II, été finalement attachée nue par les cheveux, la main et le pied à la queue d'un cheval furieux.
Cette litanie de crimes a longtemps conduit les historiens à peindre ces siècles sous les couleurs les plus sombres. Dans l'ouvrage qu'il a consacré à Clovis dans sa série « Les rois qui ont fait la France », Georges Bordonove - qui traite l'ensemble de la période mérovingienne - est plus nuancé : « L'héritage des Mérovingiens, complexe, contradictoire, pour cela même difficile apprécier, n'est point aussi négatif qu'il le paraît au premier abord », écrit-il dans sa conclusion « On ne saurait oublier que les Mérovingien furent le trait d'union entre le Bas-Empire en décomposition et le spectaculaire redressement carolingien », écrit-il. « ils ont mis fin aux incursions des Barbares en Occident et, dans une certaine mesure, en raison de leur supériorité militaire, aux migrations des peuples venus de l'Est. Ils s'avancèrent plus loin en Germanie que les Romains n'avaient osé le faire au zénith de leur puissance. Anciens Barbares, issus eux-même de Germanie, ils tentèrent, et réussirent, l'amalgame avec les Gallo-Romains. Ils ne détruisirent point les structures de l'Empire. Ils s'en réclamèrent et s'efforcèrent de les exploiter. Ils essayèrent aussi indirectement, en protégeant l’Église, de sauver la civilisation latine. » Ainsi dessinèrent-ils, finit Georges Bordonove, « la première ébauche de l'Europe chrétienne et politique » et annoncèrent-ils la renaissance carolingienne.
La dynastie suivante fut elle-même en quelque sorte l'héritière des Mérovingiens par les maires du Palais, dont le plus célèbre, Charles Martel, arrêta comme on sait l'invasion arabe à Poitiers. On comprend, en ces temps de discrimination positive, que l'Education nationale ait préféré laisser dans l'ombre un souvenir aussi politiquement incorrect. En revanche, les élèves de sixième étudieront avec intérêt le règne de l'empereur Wû dans la Chine de Han, en attendant de commencer le programme de 5e par l'étude l'islam (10 % du temps consacré à l'Histoire). 732 ? Connais pas !
Jean-Pierre Nomen monde et vie. 30 janvier 2010 -
Climats : ces idéologues qui font la pluie et le beau temps
A l'occasion du sommet sur l'effet de serre de Kyoto, les médias brodent sur un scénario catastrophe : les émissions de gaz dues à l'activité humaine provoqueraient d'ici à quelques dizaines d'années un réchauffement de l'atmosphère tel qu'il provoquerait la fonte des pôles, le relèvement du niveau des mers, donc la disparition de certaines terres aujourd'hui émergées, et en fin de compte un dérèglement général du climat. Pour éviter cette apocalypse, on préconise de réduire l'émission de certains gaz, donc de modifier la croissance et la production : un gigantesque enjeu économique et politique, tant pour le tiers monde que pour les pays développés. Mais comment peut-on être sûr du climat dans cent ans, alors que les météorologues ne prédisent pas le temps à trois jours ? En d'autres termes, ce scénario catastrophe est-il une certitude scientifique ou une hypothèse politique orientée ?
Avant de paniquer, il serait bon de savoir à partir de quoi un tel scénario est formulé. En bref, qu'est-ce que la climatologie ? Si l'on s'en tient à la définition du Larousse, il s'agit de l'étude scientifique des climats, qui sont l'ensemble des phénomènes météorologiques, (température, pression, vent, précipitations), qui caractérisent l'état moyen de l'atmosphère et son évolution en un lieu donné. Pour être plus précis, la climatologie se fonde sur des modèles, qui sont des descriptions mathématiques de phénomènes physiques, des descriptions mathématiques de la réalité qu'est le climat. Ces descriptions sont mises sous forme d'équations que des spécialistes, les climatologues, doivent intégrer et résoudre, au moyen de puissants ordinateurs. Le scénario catastrophe des climatologues est donc fondé sur des simulations informatiques réalisés à partir des modèles de circulation générale de l'atmosphère.
L'étude d'un modèle de climat nécessite d'identifier et de mettre en équation chaque flux d'énergie, de matière, de mouvement et toutes les transformations chimiques et biologiques qui peuvent agir sur le déroulement du processus climatique. Puis sont établis et comparés entre eux, un modèle de circulation générale de l'atmosphère, un modèle de circulation générale des flux océaniques, et des modèles d'évolution des biotopes (aire géographique) en réponse au changement des conditions climatiques. Les différences des modèles sont dues à la manière dont sont pris en compte les phénomènes mal connus ou complexes à introduire dans le schéma de calcul. Les plus grands écarts portent sur la modélisation des océans, la formation et la dynamique des nuages. Les interactions avec les biotopes terrestres et marins et les modèles de la circulation océanique sont sujets à incertitude.
L'ésotérisme de ces équations incompréhensibles pour le commun des mortels ne peut cependant pas masquer une évidence : comment peut-on prédire le climat sur des années, voire sur plusieurs décennies, alors que les météorologues ne peuvent pas « prévoir le temps » plus d'une dizaine de jours à l'avance ? (les prévisions météorologiques ou numériques du temps sont des prévisions à court terme, de quelques heures à sept jours, le plus souvent trois jours ; ces prévisions sont relativement stables.) Un modèle climatique est une tendance établie sur une prise en compte du «temps» beaucoup plus longue ; c'est un travail élaboré à partir d'archives climatologiques qui peuvent remonter à plus de cent ans. La climatologie se fonde donc sur des données de la météorologie. Par ailleurs, et sans rentrer dans des descriptions compliquées, il est bon de préciser la manière dont les climatologues «récoltent» leurs données : l'atmosphère est fractionnée en «cellules» de 200 à 500 kilomètres de «long», et de un kilomètre de «hauteur». Pour couvrir la Terre, elles se chiffrent donc à plusieurs centaines de milliers. La critique formulée à l'encontre de Cette méthode est que les cellules ne sont pas suffisamment conséquentes en altitude pour apporter des valeurs intéressantes.
Philippe Roqueplo, sociologue au CNRS, auteur de Climats sous surveillance, limites et conditions de l'expertise scientifique, émet un doute sur la réalité du changement climatique. Il a analysé la façon dont l'expertise a transformé des recherches scientifiques incertaines en arguments politiques et pose l'hypothèse d'un consensus qui n'aurait pas forcément comme finalité la cause à priori défendue... Il rappelle l'importance de ne pas confondre expertise et science : pour un chercheur, accepter de se placer dans un processus de décision politique l'oblige à donner une réponse, alors que dans une majorité de cas, la science ne peut répondre. Le fait de devoir produire une expertise entraîne un effacement des incertitudes dans la chaîne de transmission des informations, de l'amont de la recherche, à l'aval de la décision ; à chaque étape de la recherche, l'aval cautionne l'incertitude de l'amont, et fonde sa recherche sur des résultats incertains, posés comme fiables. Pour Philippe Roqueplo, « la problématique climatique apporte un surcroît de légitimité scientifique à beaucoup de politiques qu'on cherche à faire et qu'on ne parvient pas à imposer ». En ce qui concerne l'effet de serre, c'« est un opérateur politique efficace. Sur ce point précis l'environnement fonctionne comme horizon justificateur d'une politique qui ne dit pas son nom. »
Des différences d'interprétation de 25 à 400%
Cette toute nouvelle «science» est contestable, et d'ailleurs contestée, notamment par des climatologues eux-mêmes : M.E Schlesinger et J.F.S. Mitchell, ont démontré dans une thèse l'impossibilité actuelle de créditer la précision des simulations ; ils ont aussi dénoncé l'utilisation de données mathématiques à mauvais escient, ou plutôt à bon escient pour qui cherche à démontrer Scientifiquement une théorie a priori définie. L'Américain S. Weare a montré des différences d'interprétation de 25 à 400 %, selon l'intégration ou non de données dans un modèle, et son compatriote S.L Grotch a même dénoncé l'inaptitude de certains à reproduire le cycle climatique annuel actuel.
Le professeur M. Leroux, climatologue au laboratoire de géographie physique de l'Université de Lyon, expose la dynamique des climats à partir des «AMP». « Des lentilles d'air froid et donc dense de 1 000 à 3 000 km de diamètre et de l'ordre de 1 500 m d'épaisseur, baptisées Anticyclones mobiles polaires (AMP), produites à raison de 3 à 5 par semaine au voisinage des pôles ». Ces AMP se déplacent (grâce à la rotation de la Terre) des pôles vers l'équateur, déviés par les reliefs, en diminuant peu à peu. Une circulation d'air plus chaud tourne autour d'eux dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, au nord de l'équateur. Ce sont ces transports de masse et d'énergie qui sont à l'origine de l'ensemble des phénomènes météorologiques. A la différence des théories fondées à partir d'ordinateurs sophistiqués, l'étude pratique des AMP permet d'expliquer l'augmentation générale des pressions atmosphériques depuis 50 ans dans leurs zones de passage et de regroupement. L'étude de ces AMP permet aussi de comprendre le recul des pluies vers le sud dans toute l'Afrique subsaharienne, le réchauffement important de l'Alaska, les chutes de neige sur la Virginie et le déplacement des cultures au Canada ; l'augmentation des chutes de neige en Norvège responsables des inondations. On comprend alors l'augmentation de la fréquence de phénomènes exceptionnels, comme les tornades en régions tempérées et les inondations, les chutes de neige dans l'est du bassin méditerranéen, la sécheresse sur le Maghreb.
Ainsi, il vaut mieux observer les phénomènes que chercher à les synthétiser. Les fluctuations instables de la nature ne permettent pas, semble-t-il, de modélisation. Alors que le refroidissement arctique et l'intensification de la circulation atmosphérique sont observables depuis une quarantaine d'années, tous «les modèles» prévoient un réchauffement arctique et une réduction des échanges, et cela en réponse à une augmentation des gaz à effet de serre. Les variations de la nature, « responsables pour la circulation atmosphérique, du butoir ultime d'environ quinze jours pour les prévisions météorologiques, impliquent pour la circulation océanique dont les temps caractéristiques se chiffrent en saisons, années, décennies, voire siècles, l'impossibilité d'établir la moindre prévision climatique à long terme » dit le Pr Leroux.
Un système idéologique bien rodé
La climatologie semble être de nos jours un des thèmes favoris des médias ; elle est devenue au fil des années, de manière croissante, une valeur sûre pour qui veut attirer l'attention. Bien sûr, tout le monde se soucie de l'environnement, et c'est justement par ce biais qu'un «lobby climatique» s'est mis en place. Le principe de mobilisation est relativement simple : entretenir une forte demande de sécurité, afin d'en faire accepter le prix. La cause apparente doit être juste : l'environnement et la nature le sont. Difficile à réaliser, l'objectif doit être clairement compris et intégré dans l'inconscient collectif et possible à atteindre, mais au prix de réels efforts collectifs. Et surtout, il faut entretenir l'espoir et la croyance dans le progrès, et donner des réponses graduées. Pour reprendre les termes d'Yves Lenoir, « fédérateur en amont (tous les phénomènes naturels interfèrent avec le climat) et omniprésent en aval (la plupart des activités productives ont des Conséquences climatiques), le problème climatique est lourd d'un pouvoir global, ''totalisant'', sur l'avenir de nos sociétés ».
La science climatique mondialiste assied ainsi son pouvoir, comme seule détentrice de la vérité universelle, comme seule capable de bien «gérer la planète». Ce n'est pas un hasard si les plus grandes institutions climatiques sont internationales, car bien sûr, les catastrophes écologiques ne connaissent pas de frontières ; le nuage de Tchernobyl n'a-t-il pas atteint les côtes normandes ? Selon les chercheurs officiels, la planète est en grave danger, et le scénario catastrophe qu'ils ont établi a de quoi faire frémir : le deuxième rapport du GIEC, Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution des climats, est très alarmiste quant à l'adaptation actuelle des systèmes à l'évolution des climats et de la température qui devrait augmenter de 1,5°C à 5°C, suivant les théories. Ce rapport prévoit une modification de la composition et de la répartition géographique de nombreux écosystèmes - c'est-à-dire de l'ensemble des êtres vivants et des éléments non vivants -, à cause des réactions de diverses espèces à l'évolution de la température. Terres inondées, famines et épidémies sont inscrites au scénario. La lutte contre l'effet de serre a imposé une stratégie de réduction des émissions de C02 dont la première étape a été la convention cadre sur le climat, adoptée à Rio en juin 1992 par 178 Etats. Elle a imposé aux 35 pays industrialisés signataires de ramener, d'ici l'an 2000, leurs émissions de C02 et autres gaz à effet de serre à leur niveau de 1990. Mais lors du second sommet de la terre qui s'est déroulé à New York en juin 1997, force a été de constater l'échec du projet. En effet, si l'Europe consent à produire un réel effort, les Etats Unis arguent que ces mesures sont contraires à leurs intérêts économiques. La conférence de Kyoto qui se déroule actuellement tentera une fois encore de fixer un système de réduction des émissions de gaz au niveau mondial, avec toujours, comme toile de fond, le réchauffement du climat.
Le lobby des climatologues
La liste des différentes institutions est longue, qui existent en général sous le patronage de l'ONU. Le Conseil international des unions scientifiques (CSIU/ICSU) est à l'origine du Programme international géosphère-biosphère et travaille en liaison étroite avec l'OMM (Organisation météorologique mondiale), le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'environnement) et l'UNESCO. Sous l'égide du CIUS, le Conseil international en sciences sociales (ISSC), le Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC/WCRP). Sous l'égide de l'UNESCO, le Programme MAS (Man and biosphère), le Programme international d'éducation relative à l'environnement (PIEE), le Programme hydrologique international (PHI/lHP), la Commission océanographique intergouvernementale (COI) ; le Programme de corrélation géologique international (PCGI/IGCP) pour la compréhension des facteurs contrôlant l'environnement global. Sous l'égide de la FAO (OAA : Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), le Programme-cadre de coopération internationale pour une agriculture et un développement rural durables (PCCl/ADRD), la Stratégie mondiale et les Programmes d'action associés pour l'aménagement et le développement des pêches ; le Programme d'action pour les forêts tropicales (PAFT), créé en commun avec la Banque mondiale et le PNUD (Programme des Nation unies pour le développement) traite de la conservation des ressources naturelles dans plus de 85 pays. Sous l'autorité de l'Alliance mondiale pour la nature (UICN/IUCN), l'Union internationale pour la conservation de la nature élabore et met en œuvre des stratégies nationales et internationales pour la protection de la nature et des espèces. Selon les termes de la Commission française du développement durable : « pour permettre aux décideurs et au grand public de mieux comprendre ce que les chercheurs ont appris, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et l'OMM ont créé en 1988 le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC/IPCC) ». Cet organisme est chargé d'évaluer l'état des connaissances du système climatique et ses changements, ses incidences environnementales, économiques et sociales, et les stratégies à envisager. En fait, les deux rapports du GIEC sur les changements climatiques sont particulièrement abscons. La liste est loin d'être exhaustive, elle comprend aussi des programmes européens, des organisations non gouvernementales (ONG), qui collaborent entre eux, ainsi que moult commissions, conventions, sessions extraordinaires. L'ensemble des ONG françaises est regroupé dans le Réseau Action Climat (RAC). Le Conseil de la Terre, coordonne, lui, les ONG internationales et les commissions nationales. Les subventions et aides diverses vont «en général» aux organismes respectueux du dogme.
Aux «valeurs sûres» de la climatologie qui véhiculent unanimement le discours de la terreur, s'opposent d'autres chercheurs, certes moins soutenus. mais dont les thèses présentent plusieurs avantages; en premier lieu, celui d'être relativement accessibles au commun des mortels ; en second lieu, celui de s'opposer au terrorisme de la pensée unique. Ces chercheurs ne contestent pas le réchauffement de la planète, mais affirment qu'elle ne subira qu'une augmentation de 0,5°C, qui ne peut être source d'inquiétude. Ils réfutent l'amalgame effet de serre-réchauffement-catastrophe.
Françoise Villar National Hebdo du 4 au 10 décembre 1997 -
PAUVRETE : LA PARLOTTE RUINEUSE
Plusieurs faits récents ont pris place au sujet du problème récurrent de la pauvreté. Malgré leurs inexactitudes inévitables, les statistiques montrent une aggravation de la pauvreté à l'approche de Noël. Le pouvoir a réuni les 10 et 11 décembre une grande conférence sur le sujet. Les lecteurs habituels de ces flashs savent que, depuis des lustres, les pouvoirs successifs évacuent les catastrophes dont ils sont responsables en organisant des parlottes qui ne résolvent rien. Seuls les noms changent : il peut être question d'états généraux, de séminaires ou même de grands- messes, ce qui est drôlatique pour des gens que l'on ne voit guère à la Messe.
Les statistiques sont cruelles malgré l'incertitude des critères. Selon L'Insee, la pauvreté aurait atteint 14,1 % de la population en 2010, soit 8,9 millions de personnes contre 13,4 % en 2007 ; les jeunes, les personnes ayant des enfants à charge, les chômeurs et les retraités sont particulièrement touchés. Depuis lors, tous les signes montrent que la pente fatale ne cesse de s'aggraver : voir en particulier la modestie de certains salaires et celle de petites retraites. Ajoutons la prospérité du Secours Catholique ainsi que des restos du cœur. C'est un vrai scandale, dans un pays aussi riche que la France en ressources et en talents divers.
QUELLE EST L'EXPLICATION ?
Il est clair que le président Hollande déteste tellement les riches qu'il fabrique des pauvres et voici comment il s'y prend.
Après quelques mois de pouvoir, il a toujours sur sa table, parmi d'autres, trois dossiers difficiles dont il est, dans l'ensemble, responsable : la panne de croissance, le chômage et le pouvoir d'achat. Ils sont imbriqués l'un dans l'autre, la panne du pouvoir d'achat mène bien à la pauvreté : du fait de cette panne les modestes souffrent lorsque les plus chanceux s'en arrangent plus ou moins. Un proverbe, attribué par commodité aux chinois, dit que quand les riches maigrissent, les pauvres ont faim.
Chaque jour les médias nous infligent des mauvaises nouvelles de la croissance. Elle est si basse que personne ne la voit plus sous le tapis. Sa faiblesse est due, notamment au tsunami fiscal dont la presse et les médias nous donnent sans cesse des nouvelles imprécises et changeantes. Dès son arrivée et refusant de faire les économies nécessaires ainsi que possibles, le pouvoir a ouvert la chasse contre les riches et les entreprises.
Dans cette ambiance, il est sur que ces entreprises, seules vraies créatrices de richesse, mettent en veilleuse leurs projets attendant que l'orage se passe : pourquoi investir et embaucher si le pouvoir risque de vous priver des profits escomptés ? C'est pour la même raison que les mauvaises nouvelles déferlent au sujet de l'emploi. Le gouvernement fait croire que c'est une fatalité alors qu'une des causes principales est justement la fiscalité en folie.
L'autre dossier se trouvant toujours là est celui du pouvoir d'achat. Que dire de plus ? Écraser les gens d'impôts, les envoyer au chômage ne peut que créer la crise du pouvoir d'achat avec de la pauvreté !
LES FAUX REMEDES
La parlotte a été luxueuse. A-t-on-fait la fête ? Motus. Toutefois, il est dans la tradition républicaine que pour se parler il soit nécessaire d'avoir des buffets bien garnis.
Le nombre exact des participants est inconnu. Cependant la liste des catégories invitées est impressionnante : ministres et sous-ministres, membres des cabinets, associations, syndicats, patronat, collectivités, etc. Les personnes habituées à agir savent que rien ne peut sortir de concret d'un tel aréopage.
Nous n'entrerons pas dans le détail des dispositifs que chacun peut lire à loisir dans les journaux sans savoir ceux qui seront vraiment en œuvre mais nous soulignerons trois aspects.
D'abord, ce sera une floraison d'usines à gaz avec l'effet de ruine habituel. Ensuite, le pouvoir annonce des dizaines de milliards de dépenses ; il n'y arrivera pas, mais tout ce qu'il fera sera générateur de pauvreté ailleurs par les impôts nécessaires. Le même pouvoir bute sur la limite budgétaire puisque par son refus de faire des économies, il est sans cesse dans un équilibre instable.
En tout état de cause, les pauvres ont été informés que le combat prendrait du temps et, hélas, ils y sont accoutumés.
MICHEL de PONCINS http://libeco.net -
L'Education nationale : le Méga-Titanic
L’Education nationale n’en finit pas de sombrer. En nombre de victimes, c’est même beaucoup plus spectaculaire que le Titanic, mais cela intéresse moins les producteurs de films catastrophes. MG
Le sous-marin sans périscopeIl faut dire que le machin, sourd à tous les avertissements, ne change ni de cap ni de capitaine et continue de filer à toute vitesse vers les icebergs.
Les ministres de droite ont consciencieusement appliqué le plan Langevin-Wallon d’inspiration communiste et ont démantelé l’élitisme républicain au nom de l’idéologie du « tronc commun », et aussi pour avoir la paix avec les syndicats. Les ministres de gauche ont continué dans la foulée, en promettant le bac pour tous, avec l’appui des mêmes syndicats et la complicité des associations de parents d’élèves, noyautées par la gauche.
Tout le système s’est en outre progressivement verrouillé de l’intérieur comme un gigantesque sous-marin doté d’un équipage d’un million de mariniers et surtout de marinières. Mais sans périscope.
Thermomètres, manomètres, radars et boussoles cassés
Car on a soigneusement cassé tous les thermomètres, manomètres, radars et boussoles permettant de mesurer la course : l’évaluation des enseignants (il paraît que les syndicats ne la supportaient pas), la notation des élèves (il paraît qu’elle les traumatisait), les paliers de sélection (trop précoce, nous dit-on), les redoublements (cela ne servirait à rien). Et bien sûr, on a instauré le diplôme pour tous, ou quasiment.
Et dans cette baleine aveugle qui, mieux que celle de Jonas, avale tous les ans des milliards d’euros, des milliers d’ordinateurs et des milliers d’enfants et de « jeunes », les chefs d’établissement font périodiquement la grève des statistiques, histoire d’y voir plus clair encore. On ne sait d’ailleurs plus qui dirige vraiment le machin.
Pour faire bonne mesure, l’université a suivi le sillage du Méga-Titanic : pas de sélection en première année, notation et rattrapage bienveillants ensuite, sur fond d’allongement des parcours.
On a aussi modifié en permanence les programmes et les méthodes pédagogiques, autre moyen de brouiller l’évaluation des résultats : il paraît qu’il fallait lutter contre la « reproduction sociale », les « stéréotypes » ou l’influence pernicieuse des familles. Le savoir c’est réac, en effet !
Enfin, il a fallu accueillir des centaines de milliers d’enfants immigrés, maîtrisant mal la langue et rebelles aux savoirs : pas de problème ! Les commandants du Titanic ont décidé de réduire encore la voilure programmatique, au nom du pédagogisme jargonnant et, bien sûr, de « l’ère numérique ».
Le niveau monte ? Non : le bateau coule !
Car rien ne gêne le commandant ou l’équipage : ils ont réponse à tout.
Si ceux qui sortent du système ne maîtrisent pas bien la langue ou la culture de leur pays, cela signifie seulement qu’ils ont d’autres aptitudes : des « aptitudes verbales » et en informatique notamment. Si les résultats ne s’élèvent pas à la hauteur des espérances, c’est qu’on ne dépense pas assez d’argent. Si les élèves sont turbulents ou violents cela ne provient pas du laxisme pédagogique : non, c’est la faute des parents et de la télévision. Il paraîtrait aussi maintenant que tout le mal viendrait de l’école maternelle (Le Monde du 13 décembre 2012). La faute aux nounous !
Il y a aussi les experts de service – des « pédagogues » et des « chercheurs » – pour trouver périodiquement que le « niveau monte » au sein du machin. Cette croyance est très répandue chez les bobos de gauche, qui mettent quand même leurs enfants dans l’école libre.
La preuve que le niveau monte ? Les ministres de l’Education nationale se fixent sérieusement pour objectif que les enfants sachent lire et écrire : on appréciera ainsi l’ampleur des progrès accomplis depuis Jules Ferry par le Titanic éducatif.
Le niveau « monte » pour la seule raison que le bateau coule.
Fermons les écoutilles !
L’équipage du Titanic n’aime pas trop le monde extérieur. Il rêve de rester entre collègues et si possible pas trop en contact avec ces satanés élèves ou ces salauds de parents ou d’employeurs.
Avec la carte scolaire, l’équipage a ainsi essayé d’empêcher les parents de choisir la meilleure école publique pour leurs enfants : un autre moyen de casser le thermomètre au nom, bien sûr, de la « mixité sociale ». Le nouveau capitaine du sous-marin, Vincent Peillon, promet d’ailleurs « d’élaborer une nouvelle carte scolaire plus rigide » (entretien à Libération du 18 décembre 2012). Et il s’en est fallu de peu qu’Alain Savary ne mette en place dans les années 1980 un « grand service public unifié et laïc de l’Education nationale », afin d’empêcher la comparaison insupportable avec l’école libre.
Quant aux universités, elles trouvent déloyale la concurrence des grandes écoles et ne se préoccupent guère du devenir professionnel de leurs étudiants : ce serait sans doute rabaisser le savoir à un niveau indigne !
Rattrapé par la patrouille
Tant que l’on restait entre syndiqués et entre « pédagogues », on pouvait expliquer à loisir que l’on allait dans la bonne direction et que l’on « refondait l’école » (tous les trois ans en moyenne…). Mais, hélas, voilà le Méga-Titanic rattrapé par la patrouille.
Car la réalité dépasse aujourd’hui la fiction idéologique. La réalité c’est d’abord la violence qui s’installe à l’école et prend pour cibles les enseignants. Les enfants du docteur Spock, père de la pédagogie non directive, expriment leur « créativité » en frappant les enseignants ou leurs condisciples. Les parents s’y mettent aussi, qui ne supportent pas les mauvaises notes de leurs charmants bambins.
Bref le métier d’enseignant devient chaque jour plus plaisant, dans des classes de plus en plus hétérogènes : les bonnes âmes de gauche découvrent les « incivilités » à leurs dépens, et cela fait plaisir à voir. Une étude de la MGEN parue en octobre 2011 faisait d’ailleurs apparaître que 30% des professeurs de collèges et de lycées songeaient à quitter le métier et qu’un enseignant sur 5 souffrait de « burn out » (Le Monde du 20 octobre 2011).
Il ne faut sans doute pas s’étonner si le nombre de candidats aux concours d’enseignants ne cesse de diminuer !
La réalité, ce sont aussi ces entreprises contraintes de reprendre la formation initiale des jeunes qu’elles recrutent, ou bien ce sont ces CV de diplômés de l’enseignement supérieur auxquels on ne donne pas suite parce qu’ils sont bourrés de fautes d’orthographe.
La réalité, c’est enfin que tout le monde sait maintenant que l’Education nationale, comme le roi Midas, a des oreilles d’âne.
Car on publie de plus en plus d’études internationales qui montrent l’inexorable déclassement de notre « système éducatif » et la baisse constante des aptitudes de ceux qui sortent du machin.
Le déclassement français
L’enquête de 2011 sur les compétences linguistiques des élèves de 14 à 16 ans a, par exemple, montré que la France se situait en dessous de la moyenne européenne pour l’anglais, qui est pourtant la première langue étrangère enseignée (Les Echos du 18 juillet 2012).
L’enquête sur le niveau d’orthographe en CM2 montre qu’en 2007 la proportion d’élèves faisant plus de 15 fautes atteint 46% contre 26% en 1987 (Le Monde du 4 mai 2012). L’enquête INSEE de 2011 montre aussi qu’une personne sur six a des « difficultés à l’écrit » et que la part des jeunes de 30/34 ans – c'est-à-dire ceux qui sont sortis du système éducatif – ne cesse d’augmenter dans ce total. Et les performances en calcul diminuent aussi (Les Echos du 18 novembre 2012).
Voyons aussi le classement international PIRLS qui montre que la France, dont les résultats ne cessent de décliner depuis 2001, se situe désormais en 29e position pour le niveau de lecture des élèves : avec une moyenne de 520 points, la France se situe en outre en dessous de la moyenne européenne (534 points). L’étude montre aussi que « plus la réponse attendue doit être élaborée, plus le score des élèves français diminue » (Le Monde du 13 décembre 2012). Par contre le score des élèves de l’enseignement privé sous contrat augmente et se situe au-dessus des élèves du secteur public (531 points).
Dans le classement PISA qui mesure tous les 3 ans les acquis des élèves de 15 ans dans 65 pays en matière de lecture, de mathématiques et de sciences, la France se situe au 19e rang et atteint une moyenne inférieure à celle des pays de l’OCDE. Quant au classement, dit de Shangai, des universités, si 20 françaises se classent dans le « Top 500 », celui-ci comprend par contre 150 établissements américains, 42 chinois, 38 britanniques et 37 allemands. Au surplus, la première française (Paris Sud) n’arrive qu’en 37e rang et celui des autres décline (LePoint.fr du 14 août 2012).
L’équipage du Méga-Titanic a, certes, essayé de contester cette avalanche de mauvais résultats en usant des arguties habituelles en la matière : ces critères défavoriseraient la France ou ne révéleraient pas la véritable richesse des savoirs dispensés par l’Education nationale et l’Université – des billevesées qui ne trompent personne.
L’Education nationale : la garderie la plus chère du monde
La convergence de ces études, qui s’inscrivent dans la durée et dont le sérieux ne peut être contesté, donne à réfléchir : comment se fait-il que les élèves français, qui passent plus de temps à l’école que leurs petits camarades européens, voient leurs performances diminuer régulièrement ? Comment se fait-il que le classement de nos universités reste aussi médiocre ? Comment se fait-il que nos « chercheurs » trouvent si peu ?
Ces études disent en langage scientifique ce que tous les Français ressentent : l’enseignement en France dysfonctionne de plus en plus. Il ne remplit plus les fonctions élémentaires que le contribuable serait en droit d’attendre de lui. L’Education nationale est devenue la garderie la plus chère du monde !
Ces études montrent aussi que les résultats des élèves de l’enseignement libre sous contrat ne se dégradent pas : comme c’est curieux, alors qu’il applique les mêmes programmes que l’école publique !… Oui, mais pas avec les mêmes méthodes, ni la même gouvernance ! Oui, mais sans hétérogénéité des classes ! Et cela explique que ceux qui le peuvent se tournent massivement vers lui.
La baleine éducative est en train de s’échouer lamentablement au su et au vu de tout le monde. Elle commence déjà à se décomposer.
Mais silence dans les rangs ! On va recruter encore plus d’enseignants et d’assistants éducatifs et tout va aller pour le mieux puisque l’Education est la « priorité » du gouvernement.
Michel Geoffroy http://www.polemia.com
21/12/2012Nos lecteurs pourront aussi se reporter à : Claude Meunier Berthelot, Comprendre la « refondation » de l’école en 25 leçons, éditeur Trianons, novembre 2012, 144 pages, 15 € ; à commander à leur libraire ou à chaPitre.com
Contributrice régulière de Polémia, Claude Meunier Berthelot y décrit avec une belle alacrité la spirale du déclin de l’éducation nationale. -
Suisse : Les 20 ans du “Non” à l’adhésion européenne
Le 6 décembre 1992, la Suisse rejetait à 50,3% l’adhésion à l’Espace Économique Européen. Ce front du refus, mené par un certain Christoph Blocher, révélait une brèche béante entre le peuple et ses représentants, tous unanimement engagés dans la célébration de la construction européenne. Le Conseiller Fédéral Jean-Pascal Delamuraz eut à l’époque des mots très durs envers le résultat du scrutin populaire, évoquant un “dimanche noir”.
Suite aux résultats catastrophiques des votations sur l’EEE, le 6 décembre 1992, allocution du président de la Confédération helvétique, Jean-Pascal Delamuraz.
Il se trompait, naturellement. Deux décennies se sont écoulées, mais si les partisans du Non célèbrent encore leur victoire historique, il n’y a guère de raisons de pavoiser.
Certes, le sentiment pro-européen recule – il n’a jamais été aussi bas. Ils ne sont que 24% à estimer, rétrospectivement, que le refus de l’adhésion à l’EEE de 1992 était une “mauvaise idée”. L’Union Européenne, vers laquelle l’EEE n’était qu’un marchepied, ne fait plus recette ; vu d’ici, chacun comprend que l’UE est de plus en plus dirigiste, antidémocratique, embourbée dans la crise de la dette, la récession et le chômage. Une génération plus tard, les atours de la mariée ne sont plus guère séduisants.
Pourtant, comme l’explique dans le quotidien Le Temps le professeur de droit zurichois Daniel Thürer (qui a “personnellement toujours regretté” la non-adhésion helvétique à l’EEE et considère que la souveraineté est “un mot dépassé”, histoire de situer le personnage) la Suisse est, dans les faits, entrée dans l’Espace Économique Européen:
« Il faut bien constater que tout ce que l’on a fait depuis 1992 avec les accords bilatéraux a consisté à mettre en place secteur par secteur les mêmes règles que celles de l’EEE. A deux exceptions près: nous n’avons pas d’accord sur la libre circulation des services, qui était contenue dans l’EEE; et nous avons Schengen, qui ne faisait pas partie de l’EEE ».A tout prendre, je ne suis pas sûr que l’adhésion de la Suisse à l’espace Schengen vaille la liberté des services… Pauvres Suisses! Ils pensaient échapper à l’Europe et s’en méfient aujourd’hui encore, sans réaliser que leurs élites les y ont amené, petit à petit pendant vingt ans, sans en avoir l’air. Voire même au vu et au su de tout le monde, lorsque la BNS décide sans en référer à personne d’adopter l’euro.
Officiellement, l’adhésion de la Suisse à l’Union Européenne n’est pas à l’ordre du jour ; en réalité, elle n’a jamais cessé d’être discutée. Hormis l’UDC, les partis de l’échiquier politique helvétique ont été et sont toujours de chauds partisans d’une adhésion à l’Union Européenne. Ils ont renoncé à communiquer sur ce thème en public pour des raisons tactiques, le soutien populaire faisant défaut, mais n’ont certainement pas changé d’avis.
Si bien qu’en fin de compte, partout où porte le regard, c’est l’impasse.
Les Suisses n’aiment pas l’Europe mais acceptent d’y entrer petit à petit, à leur rythme, en plébiscitant la voie bilatérale? Pas de chance, l’Union Européenne n’en veut plus. Même si ici certains font tout pour maintenir l’illusion (je pense notamment à René Schwok, Professeur à l’Institut européen de l’Université de Genève, qui ne ménage pas ses efforts dans ses interviews) Bruxelles n’a certainement pas l’intention de se fatiguer à négocier chaque nouveau règlement avec Berne, et Dieu sait qu’elle en produit à la pelle. L’UE exige l’automatisme, c’est-à-dire le renoncement à la souveraineté.
Les Suisses ne veulent pas entrer dans l’Union Européenne? Pourtant, ils continuent élection après élection à plébisciter, avec plus des deux-tiers des suffrages, des partis qui prônent directement l’adhésion ou de louvoyer pour y parvenir. Soit les électeurs votent sans comprendre qui ils élisent (une hypothèse qu’on ne peut pas exclure au vu de la force de l’habitude dans les décisions de vote) soit ils estiment que cet aspect des positions politiques n’a guère d’importance, qu’il s’agit d’un point secondaire d’un programme électoral…
C’est évidemment une erreur, et une erreur dangereuse. Alors que la situation économique se dégrade toujours davantage en Europe, que les diplomates européens cachent de plus en plus mal leur hargne contre notre petit pays, les tensions ne peuvent que s’aggraver. La Suisse, îlot de prospérité dans un continent à la dérive, irrite – précisément parce qu’elle existe.
Non seulement elle ne suit pas le modèle d’intégration européen mais elle en est devenue l’antithèse. La Confédération Helvétique montre que la voie de l’indépendance et de la souveraineté, la voie de la démocratie directe et de la subsidiarité, bref, toutes les valeurs aux antipodes de la construction européenne telle qu’elle s’observe depuis environ trente ans, mènent au succès.
Du point de vue du dogme européiste, la Suisse est une hérésie, au sens propre du terme.
Elle représente un danger vis-à-vis des institutions européennes non seulement parce qu’elle illustre de façon éclatante les fourvoiements de l’Europe de Bruxelles, mais aussi parce que son “mauvais exemple”pourrait se répandre, devenant une menace pour la construction européenne toute entière.
Les reproches, les menaces, les exigences de tribut et les sanctions vont pleuvoir dru dans quelques temps, encore plus que par le passé, aidés et encouragés par les élites politiques en faveur de l’adhésion à l’intérieur du pays. La question des relations entre la Suisse et l’UE promet de revenir centrale dans un avenir proche, et elle se posera en termes moins courtois.
Même si depuis vingt ans, la lutte pour la souveraineté helvétique est largement perdue – sacrifiée en tranches par des citoyens qui ne comprenaient pas vraiment ce qu’ils abandonnaient ici ou là - il en reste encore quelques traces. C’est ce maigre héritage qu’il faut désormais défendre.