
Mes premiers souvenirs de Bruno Masure ? Quelques images sur le poste de télévision familiale, il y a très longtemps, quand François Mitterrand était président : le dîner est terminé, je trainaille à côté de mes parents sur le canapé, reculant le moment de finir mes devoirs. Avec sa face ronde, on dirait un placide nounours en cravate. Il lit son prompteur sans ciller, dévidant le fil d’une information unique à laquelle la France rassemblée prête une absolue objectivité. Elle est parole d’Évangile. C’est une grand-messe à laquelle tout le monde communie. On y arrive à l’heure - 20h - dans cette petite église qu’est le salon. Il n’y a d’ailleurs, que deux paroisses, TF1 et France 2 - les chaînes d’information continue ne sont pas encore nées - qui distillent le même son de cloche. Et on boit les propos du présentateur : il est le chemin, la vérité, et la vie. Bruno Masure finit souvent son JT par un jeu de mots oiseux qui fait paraître le bonhomme encore plus inoffensif.