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France et politique française - Page 3544

  • Forsane Alizza : neuf ans de prison pour Mohammed Achamlane

    Neuf ans de prison, dont deux de sûreté et cinq ans de déchéance des droits civiques. Mohammed Achamlane, « émir » du groupuscule Forsane Alizza, a été reconnu coupable de préparer des attentats terroristes.

    Le tribunal correctionnel de Paris a suivi les réquisitions du parquet. Mohammed Achamlane, 39 ans, écope de neuf ans de prison, dont deux de sûreté et cinq ans de déchéance des droits civiques. Treize de ses complices de Forsane Alizza, reconnus coupables d’association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste, se voient condamnés, suivant leur implication, à des peines allant d’un an de prison avec sursis à six ans de prison ferme.

    Celui qui se présentait comme le tenant d’un « islam décomplexé », se présentant comme « l’émir d’un groupe qui est considéré comme islamiste », mais qui voulait simplement « canaliser l’énergie » de jeunes musulmans pouvant être tentés par la violence en luttant contre l’islamophobie n’a donc pas convaincu le jury. Mohammed Achamlane a plaidé l’amateurisme et la provocation pour dédouaner son groupuscule islamiste, ne réussissant qu’à agacer le tribunal par ses pitreries et ses interventions intempestives.

    Le procureur a décrit lors du délibéré que Forsane Alizza était « un groupuscule organisé pour la mise en place d’actions », qui a choisi « de cacher la vérité ». A charge, plusieurs documents compromettants, dont un fichier nommé « cibles » et contenant une liste de magasins juifs et Hypercachers de la région parisienne. Forsane Alizza s’était aussi procuré les coordonnées d’un certain nombre de personnalités, notamment dans la mouvance identitaire. Parmi ses cibles, Pierre Sautarel, animateur du site Fdesouche et Fabrice Robert, dirigeant du Bloc Identitaire, qui était d’ailleurs partie civile au procès.

    http://fr.novopress.info/

  • "Sarkozy s'est fait élire sur la promesse de passer le Karcher. Il n'a même pas branché le tuyau"

    Thierry Mariani, co-fondateur de la Droite populaire, n'entend pas apporter automatiquement son soutien pour 2016 à Nicolas Sarkozy :

    "Il ne faudrait pas que notre candidat se presse de faire une campagne de second tour et cherche à convaincre les centristes et les déçus du socialisme."

    L'accord UDI/Les Républicains n'est pas une bonne chose. Il va dresser une liste de points non négociables et décidera ou pas de se lancer dans la primaire républicaine. 

    Mi-juin, Thierry Mariani avait refusé le poste de délégué national aux Français de l'étranger que lui offrait Sarkozy.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Loi Macron : la grande illusion (Présent 8394)

    La loi Macron est définitivement adoptée après un nouveau recours à l’article 49‑3, qui permet l’adoption du texte sans passer par le vote des députés. C’est ce procédé que François Hollande dénonçait en 2006 quand Dominique de Villepin alors Premier ministre, l’utilisait pour imposer le CPE : « Le 49‑3 est une brutalité, le 49‑3 est un déni de démocratie, le 49‑3 est une manière de freiner ou d’empêcher le débat parlementaire. »

    C’est la seconde fois que Valls use de ce procédé pour le même projet de loi. Lors de la précédente, en février 2015, afin de justifier cette méthode expéditive, il invoquait « l’esprit du 11 janvier », ce qui était hors-sujet. Cette fois, cet esprit ayant fait long feu, il se raccroche à une autre actualité : « C’est peut-être encore plus utile aujourd’hui, au moment où le monde est confronté à une crise, celle de la Grèce, mais avec des inquiétudes également avec ce qui se passe en Chine. » Sauf à considérer que du fait de la mondialisation tout, partout, est dans tout et réciproquement, la réforme des prud’hommes en France, n’a évidemment aucun rapport avec ce qui passe en Chine, en Grèce ou dans le Béloutchistan oriental.
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    Le seul motif de ce passage en force, c’est de tordre le bras des députés socialistes frondeurs qui, alliés à la droite parlementaire, feraient capoter cette réformette. À défaut de rassembler les socialistes, Macron a réussi à unir gauche et droite contre lui. Car son projet est trop libéral pour l’aile gauche du parti et pas assez pour les députés libéraux. C’est dans le droit fil de l’action de Hollande qui ménage la chèvre et le chou : il se fait donc mordre par la chèvre après qu’elle a dévoré le chou. Pour les libéraux, on ouvrira largement le travail du dimanche et pour apaiser les syndicalistes on imposera aux patrons d’informer les salariés en amont de la vente d’une entreprise. Emmanuel Macron veut libéraliser le transport en autocar, mais il laisse intact le statut des taxis alors qu’il entendait abolir les rentes de situation. Il préfère s’en prendre aux notaires qui ne peuvent paralyser les villes, c’est moins risqué.

    Le but de tout cela ? Montebourg, le prédécesseur de Macron qui avait lancé le projet l’a dit : « Rendre 6 milliards de pouvoir d’achat aux Français » après qu’impôts et taxes leur en eurent ponctionné quelque 20 milliards ! Quoique urgente pour « l’emploi et la croissance » on ne sait pas quand la loi sera appliquée. Décidée il y a un an, elle attend maintenant le verdict du Conseil constitutionnel et l’avis des partenaires sociaux, après quoi, si tout se passe bien, il faudra passer aux décrets d’application, sachant que 40 % des décrets attendus pour 2014 ne sont toujours pas publiés. Le chef de l’État est déjà dépassé, lui qui disait le 16 juin : « Si on pense que ce texte est utile à la croissance et à l’emploi, il faut qu’il soit mis en œuvre avant l’été, avant les vacances. » Ce ne sera pas le cas. La loi Macron et ses mesurettes inopérantes, c’est la grande illusion de ce quinquennat agonisant.

    Guy Rouvrais

    http://fr.novopress.info/

  • Media Presse Info vs Guillaume de Prémare

    Suite à l'entretien accordé par Guillaume de Prémare à Monde & VieMedia Presse Info, organe d'information (de moins en moins) proche de la FSSPX, se montre très choqué de l'information selon laquelle LMPT ne voulait pas laisser à Civitas (proche de la FSSPX) le monopole de l'attaque contre la loi Taubira... L'abbé de Tanoüarn répond à MPI : 

    "[...] Soutenir que le mariage est une institution postulant la différence des sexes, est-ce adopter une attitude proprement catholique ou faut-il dire que les catholiques n'ont pas le monopole de la monogamie classique ? Guillaume de Prémare a très courageusement défendu l'idée que ce modèle, glorieusement illustré certes par le christianisme, n'est pas spécifiquement chrétien, qu'il est simplement humain et que les modèles concurrents (la polygamie ou encore le tourisme sexuel institutionnalisé à la Houellebecq) ne sont pas dignes de l'homme. Ce n'est quand même pas un hasard si, dans la Bible, Yahvé crée l'homme "homme et femme". Cela veut dire que le couple humain est au coeur du dessein créateur et que tous ceux qui reconnaissent la beauté de la création peuvent et doivent dans une démarche d'écologie spirituelle défendre le caractère originel et absolu de ce modèle.

    [...] Je ne vois pas ce qu'une attitude de repli, consistant à dire qu'il n'y a de vrai mariage que le mariage catholique [ce qui canoniquement reste vrai pour les catholiques] avait de "redoutable pour Christiane Taubira". Je crois au contraire que cette attitude confessionaliste nous aurait condamnés à avoir un message inintelligible. N'oublions pas que les catholiques ne se sont jamais replié sur eux mêmes et que prendre ce nom d'"universels", c'est justement refuser l'enfermement dans une confession particulière. "Le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde" dit saint Jean. Un peu partout dans l'humanité sont les semences du Verbe enchérit saint Justin vers 160. Quelles plus belles preuve de cette universelle présence du Verbe que l'amour vrai (et rare) d'un homme et d'une femme ? Et n'est-ce pas cela que le mariage chrétien a "démocratisé" ?

    Michel Janva

  • Pourquoi Sarkozy est loin d'avoir gagné la primaire

    Nicolas Sarkozy semble plus déterminé que jamais à retrouver l'Elysée en 2017. Alexandre Vatimbella analyse les raisons qui pourraient empêcher son élection.

    Il y a le feu dans la maison Sarkozy.

    Au fil des sondages, les Français continuent de dire très majoritairement qu'ils ne veulent pas d'un retour à l'Elysée de l'ancien Président de la République.

    Cette fois-ci, dans le dernier baromètre Opinionway pour Metronews et LCI (*), il est à 30% d'opinion favorable non seulement loin derrière ses principaux rivaux de LR (Les républicains), Alain Juppé (58%) et Bruno Le Maire (46%), mais, surtout, derrière Marine Le Pen (31%).

    Pourquoi ne parvient-il pas à décoller? Est-ce une tendance de long terme qui empêchera son retour à l'Elysée ? 

    Voilà en tout cas quatre raisons qui poussent les Français à se détourner de sa candidature :

    1) Il est un président sortant battu qui veut faire du neuf mais pourquoi alors ne pas voter pour une nouvelle tête ?

    Nicolas Sarkozy se présente comme quelqu'un qui va tout changer.

    Oui, mais voilà, il a été président de la république pendant cinq ans, auparavant ministre de Jacques Chirac et donc coresponsable dans l'opinion publique de toutes les politiques de 1995 à 2012.

    En outre, la situation de la France pendant son quinquennat n'inspire pas une puissante nostalgie qui le ferait regretter de ses compatriotes.

    De plus, il a connu un échec retentissant face à François Hollande, un outsider que personne ne pensait voir à l'Elysée mais qui a battu un homme que beaucoup ne voulait plus y voir.

    Enfin, les Français, dans toutes les enquêtes d'opinion, semblent plus enclins à vouloir une nouvelle tête comme président ce qui explique les bons scores de personnalités comme Bruno Le Maire à droite, Manuel Valls à gauche et Marine Le Pen à l'extrême-droite.

    Ou une personnalité vue comme consensuelle et posée comme Alain Juppé, image que Nicolas Sarkozy ne pourra jamais acquérir.

    2) Il veut concurrencer Marine Le Pen mais pourquoi prendre un clone quand on peut voter pour l'originale ?

    Nicolas Sarkozy martèle incessamment que sa principale rivale est Marine Le Pen et qu'il va, comme en 2007 avec son père, la battre sans problème et à plate couture.

    Pour cela, il a adopté une posture très à droite qui lui avait réussi lors de sa victoire à la présidentielle où il avait enfoncé Jean-Marie Le Pen, le finaliste de 2002.

    Cependant, cette stratégie ne semble pas donner les résultats escomptés pour l'instant.

    Beaucoup d'électeurs du FN ne sont plus dupes de ce racolage quand d'autres, venant directement de la gauche, n'ont jamais eu aucune envie de voter pour lui de toute façon.

    Enfin, pourquoi voudraient-ils voter pour un clone de leur égérie alors que celle-ci a le vent en poupe et qu'elle a réussi à «dédiaboliser» son parti dans les médias ?

    3) Il veut s'allier avec les centristes qu'il n'aime pas mais pourquoi ne pas voter pour Juppé qui est adoubé par ceux-ci

    Même si Nicolas Sarkozy a réussi à faire un accord avec les centristes de l'UDI pour les régionales et qu'il s'est déjà mis dans la poche plusieurs dirigeants du parti de centre-droit pour la présidentielle, les électeurs et les sympathisants centristes ne souhaitent pas, à une majorité écrasante, qu'il soit le candidat unique de l'opposition.

    Il lui préfère nettement Alain Juppé, voire même Bruno Le Maire ou François Fillon.

    Ceux-ci ont une image de modérés que Nicolas Sarkozy n'aura jamais.

    De même, Alain Juppé séduit jusque dans les rangs des électeurs du PS, une prouesse qui semble inatteignable pour l'ancien Président de la République.

    Enfin, les Français semblent plus enclins à choisir un vrai modéré qu'un radical qui se fait passer pour modéré pour nouer des alliances.

    4) Il veut garder une image gaulliste mais pourquoi ne pas préférer Bruno Le Maire dont le discours est plus convaincant dans ce domaine ?

    En zigzaguant en matière de politique étrangère au cours de son mandat et depuis, Nicolas Sarkozy a brouillé son image pour tout ceux qui demeurent des gaullistes dans l'âme, ceux qui continuent à défendre la vision du monde du général ainsi que sa lutte pour la grandeur retrouvée du pays pour lui demeurer fidèle.

    De par ses prises de position Bruno Le Maire a réussi à capter cet héritage (en se présentant aussi comme le continuateur en ce domaine de Villepin et de son discours aux Nations Unies contre l'intervention américaine en Irak) et il sera difficile à Nicolas Sarkozy d'aller le déloger.

    Néanmoins, Nicolas Sarkozy garde encore une carte dans sa main. Comme le montre le baromètre Opinionway, il demeure populaire auprès des sympathisants de LR (avec 66% d'opinions favorables derrière Le Maire à 77% et Juppé à 75% mais devant Fillon à 64%) et, évidemment et surtout, auprès des militants du parti.

    Cela pourrait lui suffire pour être désigné candidat de l'opposition, de pouvoir battre au premier tour Hollande (ainsi que Bayrou) et Marie Le Pen au deuxième tour.

    Voilà sans doute pourquoi il peut afficher une certaine assurance car une présidentielle est tout autant le choix d'une personnalité que le rejet des autres…

    Alexandre Vatimbella

    notes

    Alexandre Vatimbella est un journaliste français. Il est, depuis 2008, directeur de la rédaction de l'agence de presse LesNouveauxMondes.org, qui est spécialisée sur les pays émergents et la mondialisation. Il est également le directeur du Crec (Centre d'étude & de recherche du centrisme), un centre indépendant sur la pensée politique centriste, avec le site Le Centrisme. 

    (*) Sondage réalisé du 3 au 7 juillet auprès d'un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

    source : Le Figaro :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuFyulpEZpZEidpaHD.shtml

  • Affaire des « robes courtes » : Rachida Dati prend la défense du Maroc

    Le 6 juillet, près d’Agadir, au Maroc, s’ouvrait le procès de deux jeunes femmes, âgées de 23 et 29 ans.

    Trois semaines auparavant, alors qu’elles se promenaient dans le souk d’Inezgane, elles se retrouvèrent encerclées et malmenées par des marchands ambulants, scandalisés par leur tenue vestimentaire. Sauvées in extremis par les forces de l’ordre… qui les arrêteront pour « outrage public à la pudeur » : elles portaient des robes jugées « trop courtes ». Selon l’article 483 du Code pénal de ce pays, une infraction passible d’un mois à deux ans de prison et d’une amende de 120 à 500 dirhams.

    Rachida Dati, interrogée sur cette affaire par France Info, s’est-elle émue du sort réservé à ces jeunes filles ? A-t-elle défendu la liberté de porter des robes ? A-t-elle dénoncé la montée de l’islam littéral dans ce pays ? Absolument pas. La « chouchoute du Président » (enfin, de l’ancien…), passablement énervée, a commencé par accuser la France d’avoir une « responsabilité » dans la « déstabilisation » de certains pays. Au Maroc ? Elle doit confondre avec la Libye… Une assertion qui donne raison à certains élus qui prétendaient qu’elle « ne connaît pas très bien ses dossiers »…

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  • « la droite constitue sur un mode sécularisé la postérité légitime du christianisme »

    Professeur d'histoire du droit et des Institutions à l'Université de Paris il, Jean-Louis Harouel a publié, entre autres ouvrages, La grande falsification - l'art contemporain (2009); Le vrai génie du Christianisme: Laïcité, Liberté, Développement (2012); et Revenir à la nation (2014), aux éditions Jean-Cyrille Godefroy. Il prépare actuellement un livre sur la droite.

    Monde et Vie : Les notions de droite et de gauche vous semblent-elles avoir encore un sens aujourd'hui ? Si tel est le cas, dans quelle mesure ?

    Jean-Louis Harouel : L'antithèse entre droite et gauche résulte d'une différence de nature qui repose sur de très anciennes racines religieuses.

    On trouve de lointaines anticipations de la gauche dans de grandes falsifications du christianisme : la gnose, avec son affirmation que l’homme est Dieu, son rejet de la Bible et de sa morale, son exaltation du communisme des biens et des personnes ; et d'autre part le millénarisme qui prétendait réaliser le paradis sur la terre, généralement sous la forme d'une société communiste. Avec dans les deux cas l'affirmation que le mal est un problème extérieur à l'homme résultant d'un état de choses insatisfaisant. Une fois sécularisé, tout cela a produit les facettes innombrables et souvent contradictoires d'une religion de l'humanité dont l'actuel avatar le plus évident est le culte intolérant des droits de l'homme qui détruit les nations européennes au nom de l’amour de l'autre jusqu'au mépris de soi. Tout cela est nourri d'idées chrétiennes devenues folles, selon la formule de Chesterton, car détournées de leur sens originel, coupées de la religion, et appliquées aux choses terrestres. La gauche apparaît comme une descendance illégitime du christianisme.

    Inversement, la droite constitue sur un mode sécularisé sa postérité légitime. Le christianisme, comme l'a souligné Paul Veyne, n'est pas un projet politique et social pour ce bas monde. Son exigence de perfection, son souffle d'égalité et de liberté sont orientés vers le salut dans l'Au-delà. Les préceptes évangéliques sont restés reliés à leur substrat biblique, porteur de précieuses valeurs de durée : valorisation de la patrie, de la famille, souci de l'ordre social, code moral strict, exigence d'une justice protégeant les innocents, caractère normal de l'inégalité corrigée par la charité, considération pour la richesse et le savoir. Tout cela était dominé par le Décalogue, avec son programme de discipline sociale et de justice destiné à contenir le mal qui est en l'homme. Les masses de granit de la Bible ont permis à l'Europe chrétienne de développer les virtualités égalitaires, libératrices et universalistes de l'Evangile tout en gardant les pieds sur la terre. Là sont les racines de la droite.

    La gauche est-elle caractérisée par la foi dans le progrès ?

    La gauche appartient à cette forme sécularisée du millénarisme qu'est l'historicisme, lequel transforme l'histoire en cheminement de l'humanité vers un salut collectif terrestre. Caractérisant une grande parue de la philosophie allemande du XIXe siècle, cette vision inspire également la plupart des courants socialistes et plus généralement la pensée de gauche. Le socialisme, observait Durkheim, « est tout entier orienté vers le futur ». Selon une formule déjà présente chez Zola, la gauche se considère comme « le parti de demain ». La gauche, souligne Jean-Claude Michéa, est animée par la croyance progressiste en l'existence d'un « mouvement historique providentiel - et irréversible - qui ouvrirait peu à peu au genre humain les portes de l'Avenir radieux ». Or si la gauche se croit le parti de l'avenir, en réalité elle compromet l'avenir du fait qu'elle rejette les valeurs de durée. La gauche n'est pas le parti de demain mais celui de l'utopie qui est un autre nom du millénarisme.

    Peut-il exister une utopie de droite, ou l'homme de droite est-il fondamentalement réaliste ?

    La droite, à l'instar du christianisme, refuse la tentation de chercher à instaurer sur la terre un monde voulu partait et de faire naître un homme nouveau. L'objectif de la droite se borne à rendre un monde imparfait le plus vivable possible malgré la présence du mal en l'homme.

    D'aucuns objecteront que le nazisme, comme l’a montré Frédéric Rouvillois, avait une fort dimension utopique. Mais l'utopie nazie ne relevait pas de la droite. Ambassadeur à Berlin, André François-Poncet notait que le nazisme s'affirmait comme « d'extrême gauche » et « farouchement révolutionnaire ». Même si le nazisme n'a persécuté que la part juive de la bourgeoisie allemande, il était, comme le démontre George L. Mosse, porteur d'un projet de révolution antibourgeoise et anticapitaliste. François Furet a observé que communisme et nazisme prétendaient offrir « quelque chose comme un salut, en face des misères de l’égoïsme bourgeois ». Par-delà la profonde différence de contenu de ces deux utopies, il s'agissait dans les deux cas de réaliser le paradis sur la terre, et les mêmes mots furent employés pour décrire la société harmonieuse que Ton entendait fonder. Leur commune nature utopique - volonté d'instaurer une société réconciliée et de taire apparaître un homme nouveau - rapproche qu'on le veuille ou non le nazisme et la gauche.

    La gauche tout entière est inspirée peu ou prou par l'utopie. Certes, par réalisme, une partie de la gauche peut choisir de rester à mi-chemin de son rêve utopique, mais celui-ci demeure la référence : société réconciliée et humanité changée. L'utopie est la toile de fond de la pensée de gauche. C'est pour cela qu'il n'y a pas de cloison étanche entre le communisme et la gauche dite modérée. Au sein de la gauche, il y a unicité de nature, avec seulement des différences de degré. D'où l'antithèse avec la droite qui est l'anti-utopie.

     

    Propos recueillis par Eric Letty monde&vie Juin 2015