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religion - Page 204

  • Les coptes d’Égypte : 1970-2011 Discriminations et persécutions

    Une critique du livre de Christine Chaillot (Editions de L’œuvre), proposée par LM De Woillemont :

    C"Un des signes de ralliement des chrétiens est le signe de la croix. C'est même le lieu et le moment  de la victoire de la vie sur la mort, paradoxalement. Pour tous les chrétiens de la planète terre, en attendant les martiens et autres extra terrestres, cela n'a pas toujours le même sens. Pour quelqu'un que je  fréquente  depuis plusieurs dizaines d'années,  moi par exemple, petit bourgeois occidental normalement endormi, le signe de la croix est une activité assez banale que je  pratique à l’église ou lorsque je récite des prières. Il n'en est pas ainsi pour les Coptes ou les Coréens du Nord, voire les Chinois ou encore les Vietnamiens. Pour ces gens là le signe de la Croix est le signe de la victoire spirituelle certes mais surtout de mort sociale ou de mort tout court. Non sans souffrance diverses et variées.

    Prenons la cas des Coptes. Le nom a un sens, déjà, il signifie «égyptien». D'une certaine manière ils peuvent prétendre être les seuls Egyptiens puisqu’ils sont les véritables héritiers des peuples de l’Égypte ancienne et reconnus comme tels. Pour éviter un mot interdit, on utilisera le mot d’ethnie. Ou, pour reprendre un terme utilisé en France, les «Égyptiens de souche» ceux qui étaient là avant l’envahisseur et colonisateur arabe. De même qu’Israël est revenu à son légitime propriétaire, on pourrait rendre l’Égypte aux Coptes.

    Au XXeme siècle, les Coptes et les musulmans ont eu l'occasion de s'unir ensemble contre l'occupant britannique. Il y eut un grand moment de combat de la nation égyptienne sous la bannière du parti Wafd. Dina el-Khawaga intellectuelle musulmane laïque soutint en 1993 à Sc-Po Paris une thèse sur «Le Renouveau copte.1919-1942» dans lequel elle écrit :« Les dirigeants coptes défendent alors avant tout la nation au lieu de représenter les soucis et aspirations de l'ensemble des coptes». C'est aussi l'époque ou Hassan al-Bana crée le mouvement politico religieux des Frères musulmans qui milite en faveur de la charia. Le Coran est leur constitution, et leur mission «d'éduquer le monde selon les principes de l'islam». Le Frère musulman promet en outre de combattre pour accomplir cette mission tant qu'il vivra et de sacrifier pour cela tout ce qu'il possède». Il y a une dimension secte que l'on retrouve dans la  Franc-Maçonnerie mais aussi et surtout le fanatisme musulman. Selon Al Bana «l'islam est à la fois l'injonction et l’exécution, tout comme il est la législation et l'enseignement la loi et le tribunal, pas l'un sans l'autre». Bref, comme l'indique frère Tariq l'islam est un «englobant». La difficulté c'est que les Coptes ne veulent pas être englobés.

    Un moment de répit fut le régime du colonel Nasser qui interdit les  frères musulmans et créa avec la Syrie la RAU (République Arabe Unie) entre 1958 et 1961. Il manifesta aussi beaucoup  de respect pour le pape orthodoxe  Cyrille V. Mais son successeur Anouar el Sadate se crut assez fort pour manipuler les frères afin de contrer les nasséristes et les marxistes. On connaît le  résultat : ils l’assassinèrent. La vérité est que l’Égypte vit sous subvention US: 1,7 milliards et 415 millions pour l’aide civile, 1,3 Mds pour l'aide militaire et 1,8 millions pour la formation militaire. Sans oublier le G8 qui a promit 40 Mds de dollars pour aider la Tunisie et l’Égypte en 2011. Un des très rares revenus de l’Égypte est le tourisme, activité abhorrée de Frères, tout naturellement. Torpiller une des très rares ressources de l’Égypte, qui peut, en outre, ouvrir sa population au monde extérieur et   faire découvrir les bienfaits de l'islam au monde entier et en temps réel, n’est pas du goût des Frères. Pour eux l'«Islam est  la solution». L'énorme avantage de leur aventure du pouvoir politique, qui semble prendre fin en ce moment même, est bien de démontrer, a contrario, que l'islam est non pas la solution, mais bien plutôt, comme partout ailleurs, le problème.

    La constitution de 1971 en son article 2 institue l'islam comme religion officielle de l'état et mentionne la charia comme «une source» de la législation. En 1981, Sadate fit corriger le texte en la déclarant «source principale». On n'arrête pas le progrès.

    Il y a aussi  dans ce livre tout un chapitre sur les exemples de violence subies par les chrétiens. Un grand classique est l'assassinat à la sortie de la messe. Ou encore plus fort, pendant l'office. Un peu comme les FEM HAINE en plus violent naturellement.  Avec à la clef le déni :  soit l'impétrant est considéré comme malade  mental, soit on nie le fait religieux en parlant de délinquant. L'assassin de la messe de Noël de Nag Hammadi fut condamné à  mort parce que dans la fusillade il avait tué le policier musulman chargé de protéger l'église copte. C'est dire clairement que la vie d'un coopte ne vaut rien. Généralement au moment des funérailles des victimes, les chrétiens sont caillassés bastonnés voire couverts d’excréments.

    Ailleurs, ce sont des moines qui sont kidnappés entravés, et sommés de cracher sur la croix et de réciter la chahada. Et cela dure depuis toujours, mais surtout depuis les années 70.

    En février 2007 «le mufti de la confrérie des Frères musulmans le cheikh Al-Khatib publia une fatwa interdisant la construction d'églises en Égypte et recommandant la destruction  de celles qui existaient».

    Un chapitre important de ce livre concerne les propositions de changement. Car les Coptes aiment l’Égypte et se posent en force de proposition pour tenter de sortir ce pays de la mouise dans lequel l'Islam tente de l’embourber. A commencer par la faiblesse des revenus par rapport au coût de la vie, la difficulté d'accéder aux soins et à l'éducation, la mise en place d'une vraie justice, l'ouverture d'un vrai débat sur le sectarisme, la reconnaissance des droits fondamentaux et singulièrement la liberté religieuse, ce qui passe par une reforme de l'art 2 de la Constitution, une analyse saine des rapports entre religions et de l'histoire de la région en général. Depuis 2006, la moitié des chrétiens d'Irak a du fuir leur pays livré à la guerre fratricide que sunnites et chiites se sont promis. Un dialogue religieux semble très nécessaire. Mais «laïcité» est un mot proscrit en islam car il est compris comme athéisme.

    Parfois, il se trouve cependant un musulman qui peut prononcer des paroles censées comme ce Libanais musulman Muhammad al-Sammak  qui intervint à Rome en octobre 2010 lors du Synode:  «je ne peux pas vivre mon arabité sans le chrétien arabe du Moyen orient.  L'émigration du chrétien est un appauvrissent de l’identité arabe de sa culture et de son authenticité».

    Parmi les solutions proposées par les Coptes pour l’Égypte,  il y a ce principe du fondateur du parti Wafd : «La religion est à Dieu et la patrie à tous».

    Le jésuite égyptien Henry Boulad propose quant à lui un dialogue  «islamo-musulman entre modéré et radicaux»; il observe également que «l'islam est en pleine interrogation; le signe d'un doute fondamental qui n'arrive pas à composer avec la modernité», comprise dans le sens d'une   mentalité.

    L'engagement politique publique des Coptes est un fait nouveau (comme celui des catholiques en France). La question qui se pose est celle de l'identité de l’Égypte. Va-t-elle redevenir ce très vieux pays d’où est sorti un certain Moise, et quelques mathématiciens célèbres qui ont formatés les Grecs nos maîtres en philosophie et en démocratie, ou bien va t elle rester l'un de ces innombrables pays arabo-musulmans à la dérive. Avec, comme toujours, la même intoxication à l'islam, opium le plus dur pour les peuples et voie la plus sure de la servitude."

    Le Salon Beige

  • Ces adeptes du djihad qui voulaient s’en prendre aux identitaires

    Mohammed Achamlane, le leader de Forsane Alizza, avait multiplié les appels à combattre les Identitaires...

    Nous sommes le 30 mars 2012. Quelques jours auparavant, Mohamed Merah a été abattu par le RAID. La police décide alors d’organiser un vaste coup de filet dans les milieux islamistes. La principale cible est Forsane Alizza, également baptisé « Les Cavaliers de la fierté », un groupe radical adepte d’un islam fondamental. Les personnes interpellées sont mises en examen et écrouées pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et acquisition d’armes.

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  • L’hommage de Hollande aux musulmans

    Sans doute à court d’idées le gouvernement a voulu rendre hommage aux musulmans morts pour la France. Pourquoi ne pas rendre hommage aux protestants morts pour la France ! Dans sa stupidité électoraliste la gauche par ce geste met à part les musulmans de la communauté nationale comme s’ils n’étaient pas vraiment comme les autres. Pourquoi aussi ne pas rendre hommage aux Bretons et Corses morts pour la France (très nombreux) qui le mériteraient. On pourrait aussi rendre hommage aux corps de métiers comme les vignerons morts pour la France.
    Cet hommage comprend-t-il les musulmans engagés dans la Waffen-SS et les nord-africains de la BNA(brigade nord-africaine)au service de la gestapo française ?
    De toutes les façons les Africains musulmans enrôlés dans l’armée française se sont engagés parce qu’ils étaient nourris, habillés, logés, blanchis. Les valeurs de la république ou les droits de l’homme étaient rarement une motivation. À l’engagé on a dit : « Tire sur les boches »;
    François Hollande a-t-il voulu mettre fin à ce cocuage planétaire dont on nous a rebattu les oreilles pendant des semaines ?
    Patrice Gros-Suaudeau

  • La laïcité « recyclée » à l’unanimité en Seine-Saint-Denis !

    L’islam chez lui chez nous(1), mais pas partout et plus du tout à l’intérieur de l’entreprise de recyclage Paprec en Seine-Saint-Denis. Une « charte de la laïcité » qui interdit le port de signes religieux vient d’y être signée à l’unanimité des 4 000 employés. Elle ne fait pas référence explicitement à une religion, concerne évidemment toutes sans exclusivité aucune, mais c’est bien sûr à celle du Prophète précisément que tout le monde songe.
    On garde à l’esprit le précédent judiciaire à rebondissement de cette salariée voilée de la crèche privée Baby Loup située à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), licenciée pour « faute grave » en raison de son souhait de porter le voile sur son lieu de travail à son retour de congé maternité.
    Après que le conseil des prud’hommes ait donné raison à l’employeur – jugement confirmé par la cour de Versailles, désavoué par la Cour de cassation, à nouveau confirmé par la cour d’appel de Paris, toujours en cours par des voies de recours – l’avocat de la plaignante a de toute façon déjà indiqué qu’il saisir si nécessaire la Cour européenne des droits de l’homme…
    Alors, que se passera-t-il le jour où le DRH de la Paprec signifiera à un juif à kippa, à un Sikh à turban, à une femme à voile ou à un catholique au col ouvert sur une croix venu solliciter un emploi, d’aller se faire embaucher… ailleurs ?
    « Le fait religieux dans une entreprise privée relève de lignes juridiquement plus floues que dans l’espace public, autour du principe général de liberté de conscience », écrit Libération. En mars dernier, le défenseur des droits, Dominique Baudis, avait justement déjà demandé une « clarification » de la loi sur la laïcité.
    Quoiqu’il en soit, Jean-Luc Petithuguenin, patron de la Paprec, a mis les pieds dans le plat en se protégeant lui-même – de façon un peu mystique, mais ô combien ! prudente en notre époque de totalitarisme anti-fasciste – en expliquant haut et fort qu’il est « bien connu (qu’il est) un militant antiraciste (et qu’il n’est pas) un militant d’extrême droite. »
    Même Libération est obligé de reconnaître que « le groupe privé basé en Seine-Saint-Denis, (est) régulièrement salué comme un modèle en terme de diversité et de promotion sociale, notamment d’employés d’origine étrangère… »
    « J’applique le modèle qui prévaut dans la sphère publique et je l’applique à l’entreprise. J’applique le modèle de la République », a insisté Jean-Luc Petithuguenin à l’AFP tout en admettant : « S’il s’agit de reconnaître que c’est militant, la réponse est oui (…) On compte défendre notre point de vue, défendre qu’on l’a voté tous ensemble. Mais effectivement, on prend le risque que les tribunaux nous disent “Vous avez tort” (…) Je suis prêt à endosser ce risque et j’espère pour mon pays que je ne serai pas condamné, qu’on verra une évolution et que le législateur fera peut-être bouger les lignes. »
    Car effectivement, que se passera-t-il le jour où un nouvel employé – ou ancien employé qui a signé, mais a changé d’avis ensuite –n’accepta plus de cacher sa Foi au vu et au su de tous ?
    Gageons que certains ultras religieux – musulmans (ou autres en mal de promotion – ne vont désormais avoir de cesse que de créer l’incident…
    Philippe Randa    http://www.voxnr.com/cc/politique/EFAFpluEpyqBtQCSuD.shtml
    notes (1) Titre d’un livre de Norbert Multeau aux éditions L’Æncre.
    Source: http://francephi.com/chroniques-hebdomadaires/la-laicite-recyclee-a-lunanimite-en-seine-saint-denis/

  • La situation des femmes en Irak est devenue un véritable enfer

    Hanaa Edwar, secrétaire générale d'»Al-Amal», une organisation de défense des droits humains basée à Bagdad, est venue présenter à Genève son rapport au Comité de la «Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes» (CEDAW). Elle déclare à l'agence Apic :

    "Il faut d'abord rappeler que l'Irak a été longtemps le pays le plus progressiste de toute la région en ce qui concerne les droits des femmes. La «loi du statut personnel» de 1959, qui s’appliquait de manière uniforme à tous les Irakiens musulmans, était considérée comme l’une des lois sur la famille les plus progressistes du Moyen-Orient. L'Irak connaissait alors l’interdiction du mariage des fillettes, et rendait la polygamie plus difficile, alors que c'est une pratique autorisée par la charia, la loi islamique.

    Selon des chiffres non officiels, il y a actuellement en Irak 1,5 million de veuves – en raison notamment des diverses guerres, violences et attentats – sans parler des femmes abandonnées ou divorcées. Près de 11% des ménages sont tenus par des femmes seules. Il leur est très difficile de trouver du travail pour nourrir leur famille – 71% sont sans travail – et seule une minorité reçoit une rente de veuve de guerre. Alors qu’en 1970 la quasi-totalité des Irakiennes étaient alphabétisées, seules 40 % fréquentent aujourd’hui les salles de classe. [...]

    L'invasion américaine de 2003 a renforcé les divisions sectaires et ethniques, ainsi que la domination des partis islamiques. Ni les responsables américains ni les nouveaux gouvernants irakiens n'ont voulu imposer les principes d'égalité fondamentale entre hommes et femmes. Ils ont plutôt permis aux éléments extrémistes de promouvoir leurs traditions tribales et leurs coutumes religieuses et d'exploiter la loi pour renforcer leurs positions conservatrices en ce qui concerne le droit des femmes. C'est ainsi que les femmes ne sont plus vues que dans leur fonction reproductrice, au service de la famille, et dans la subordination aux hommes. [...]"

    Michel Janva

  • Kiev : les prêtres en première ligne sur la place Maidan

    Des photos à découvrir ici.

    UKRAINE-UNREST-EU-RUSSIA-POLITICS

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    Michel Janva 

  • Grâce à Farida Belghoul, les catholiques se lâchent et les musulmans se libèrent…

    Décidément, l’actuel gouvernement est épatant, obligeant des gens n’ayant pas forcément vocation à se rencontrer à désormais se côtoyer.

    Le 19 février dernier, conférence de presse du mouvement Journée de retrait de l’école, menée par Farida Belghoul. Conférence de presse d’un genre inédit, sachant que la « grande presse » n’y était pas conviée, Farida Belghoul, ex-égérie de la seconde Marche des beurs, millésime 1984, n’avait souhaité recevoir que les médias « alternatifs » ; ce qui faisait tout de même pas mal de monde. Pas mal de monde sur la tribune, aussi. Qu’on en juge :

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  • Affaire Dieudonné : le rapport au Sacré en République

    Comment notre société peut-elle à la fois s'enorgueillir d'avoir « conquis » le droit au blasphème tout en abaissant toujours plus son seuil de tolérance dans le domaine de l'humour ? C'est que si l'influence des religions peut disparaître, celle de la sacralité demeure toujours...
    En mettant en avant le « risque sérieux que soient de nouveau portées de graves atteintes au respect des valeurs et principes, notamment de dignité de la personne humaine, consacré par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et par la tradition républicaine » [1], le Conseil d'État a rendu une « décision historique » (Aurélie Filippetti). Il convient tout d'abord de rappeler, en préambule, que la plus haute juridiction de notre pays opère ici, sans doute en conscience (?), un grave contre-sens qui est le cœur de notre sujet.
    Car que dit en réalité la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 (la distinction des dates est ici primordiale) ?
    - Article 1 : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
    - Article 2 : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression.
    Notons que toute notion « d'atteinte à la Dignité humaine » est, ici, inexistante.
    La question se pose donc de savoir où est-ce qu'elle apparaît dans les textes qui font sens aujourd'hui pour que le Conseil d'État s'emploie à l'invoquer afin de légitimer la censure de Dieudonné «M'Bala M'Bala». La réponse est, contrairement à ce que présume le communiqué, à trouver du côté de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 :
    - Article 1 : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
    - Article 2 : Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation [2].
    En d'autres termes, le Conseil d'État insère dans la Déclaration de 1789 la Dignité présente dans la Déclaration de 1948, prétextant qu'il s'agit là de s'inscrire dans la « tradition républicaine » - ce qui est, nous l'avons vu, faux -, tout en se refusant d'évoquer la Liberté, pourtant premièrement citée dans les deux ! Il est pourtant évident que la Déclaration de 1789, héritée des idées libérales du monde anglo-saxon, ne pouvait faire présider au-dessus de la Liberté un concept aussi difficile à cerner que l'atteinte à la dignité humaine.

    Dignité : le nouveau paradigme de l'Occident ?

    Par cette confusion, voulue ou non, le Conseil d'État a le mérite de stopper, enfin, l'hypocrisie sur ce mensonge qui consiste à poser la Liberté comme socle de nos valeurs. En effet, l'« affaire Dieudonné » vient clairement confirmer le remplacement, par la Dignité, de la Liberté comme notre nouveau paradigme philosophique. Ce glissement, enclenché au sortir de la Seconde Guerre mondiale, s'inscrit d'ailleurs dans ce que le sociologue Norbert Élias a nommé le « processus de civilisation »(3), c'est-à-dire la féminisation progressive de nos rapports, et le dégoût toujours plus prononcé de la société civile à l'égard de la violence, qu'elle soit physique ou verbale.
    Notre société a fait le choix de l'apaisement, et donc de son corollaire : la limite ; sans comprendre qu'une société apaisée n'est pas une société où les problèmes ont disparu. Ils sont seulement étouffés, mis sous couvercle par un lourd arsenal judiciaire. Puisqu'il ne peut être acceptable de « rire de l'Autre », cet Autre issu des « minorités », d'atteindre sa dignité, alors faisons en sorte qu'il soit, au moins dans un premier temps, juridiquement inatteignable. Et la morale suivra, bien naturellement, un jour... La judiciarisation de la pensée demeure donc logiquement l'arme suprême de la société apaisée.
    L'interdiction a priori du spectacle de Dieudonné constitue son dernier exploit. Il faudra dorénavant surveiller tout œuvre qui va comporter une dimension « pamphlétairisante » trop forte. C'est-à-dire celle où la visée est clairement établie, où les coups portés sont efficaces dans le sens où ceux qui les reçoivent, « souffrent » [4]. À ce titre, l'analyse faite par le philosophe François L'Yvonnet, qui distingue humoriste et amuseur de Cour, est implacable [5]. Notre époque était confortablement installée dans la dérision où trônent en parfaits maîtres des lieux les Stéphane Guillon et autres Nicolas Bedos. Comme l'explique L'Yvonnet, ces comiques sont le pouvoir et sont le système ; jamais virés, tout juste déplacés à l'intérieur de celui-ci, ils concentrent certainement en leur personne quelques inimitiés ; inimitiés oui, mais précisément, « de Cour ». Soit l'art de se faire gronder par le roi, mais à sa table.
    Ce pourquoi ils échappent à l'embastillement, ne serait-ce que morale, réside dans cet usage immodéré de la dérision. Enlever tout ce qu'il y a de véritablement politique, gênant, et ne s'attaquer qu'à l'accessoire (Nicolas Sarkozy, petit nerveux ; DSK, queutard ; Martine Aubry, bulldog ; George W. Bush, véritable idiot...). Un type d'humour consacré par les Guignols de l'info, absolument inoffensif, au point que les politiques s'efforcent de faire au mieux pour disposer, enfin, d'une marionnette à leur effigie... Pas sûr que les mêmes se seraient battus pour se retrouver dans un sketch de Desproges. La dérision apparaît donc confortable à la fois pour le comique, qui ne prend pas de risque, et pour le politique qui lui fait face, apparaissant « sympa » car assez humble pour rire de lui. Gagnant, gagnant...

    Déjà des premières victimes ?

    « Le Mur » est venu chambouler les repères de notre société où la sacralisation de l'Autre, forcément intouchable, « digne », a été bafouée [6]. Que la shoah ait été une horreur, nul n'est en mesure de le réfuter, mais pourquoi la sacraliser ? Car c'est bien ce qui est reproché au comique franco-camerounais : d'avoir fait rire avec le juridiquement inacceptable. La shoah avait été séparée dans la sphère du sacré, et Dieudonné l'a restituée à l'usage commun. Se pose alors la question du devenir de ce genre d'humour profane où l'Autre est dépouillé de son caractère intouchable (divin ?).
    Le film Case Départ, qui tourne en dérision ce qu'a été l'esclavage, porte-t-il atteinte à la dignité humaine ? Sans aucun doute. Le sketch, absolument déroutant, du Comte de Bouderbala sur les roumains aux États-Unis - « sans bras, sans jambes et parfaitement bilingues » - ne porte-il pas atteinte à la dignité humaine ? Sans aucun doute. D'ailleurs, Nicolas Bedos est aussi en train de faire les frais d'un laisser-aller verbal que la vigie, tant médiatique qu'intellectuelle, ne laisse plus passer, ce qui, comme toute situation où l'arroseur devient arrosé, prête à sourire. En utilisant l'expression « autochtones oisifs »pour décrire certains Guadeloupéens dans une de ses chroniques pour l'hebdomadaire Marianne, Bedos fils s'est attiré les foudres du Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais, qui y a vu « une grave atteinte à l' honneur des Antillais ». Il est aujourd'hui mis en examen pour « injures à caractère racial ».
    Nous croyions les comiques conformistes à l'abri de l'arsenal judiciaire, même pas ! Mais le plus intéressant réside dans la défense choisie par Nicolas Bedos : il s'explique. Il met en avant le second degré - pourtant évident - de son sketch, rappelle qu'il n'est pas raciste et qu'au contraire sa chronique, bien conforme au credo, combattait le racisme. Bref, il s'acharne à démontrer qu'il n'a rien profané ! Autre exemple : Olivier De Benoist, dans la nouvelle émission de Laurent Ruquier a ce petit mot : « Moi, président de la République, je suis pour l'IVG. L'interruption de Valérie pour Gayet. En plus, prendre un scooter pour tirer, je n'ai rien inventé, Mohamed Merah le faisait déjà ». Ni une, ni deux, Patrick Cohen a pris la plume pour ajouter le nom de De Benoist sur sa liste de « cerveaux malades » [7], lequel a immédiatement regretté son propos sur Twitter. Il y a aussi ce sketch du Grand débarquement, sur Canal +, qui est venu tourner en dérision le génocide tutsi au Rwanda ; la chaîne présente ses excuses avant de retirer le sketch de son site.
    Reste, enfin, Sébastien Thoen, qui a eu ces quelques mots pour Élie Semoun, encore sur Canal + : «Tu n'as jamais plongé dans le communautarisme... Certains l'ont fait... Tu aurais pu toi aussi t'afficher dans la rue en vendant des jeans et des diamants à l'arrière d'une Smart en disant « Israël a raison, nique la Palestine wouala... » Mais tu ne l'as pas fait... Comme quoi, on peut être de confession juive et pas complètement dégueulasse, n'en déplaise à certains». Se voyant étiqueté antisémite potentiel par le CRIF, Thoen a eu le zèle d'ajouter une tournée - « mes excuses ? » - d'abord chez RCJ puis directement aux locaux d'Europe-Israël qui avait lancé une pétition demandant son licenciement, afin, là encore, d'affirmer son respect du nouveau credo.
    Dans tous ces exemples, les hérétiques ne s'excusent pas de leur performance, mais de leurs conséquences ; pas de leur bon mot, mais de la blessure qu'il a infligée. À la manière d'un Galilée qui ne regrette pas sa trouvaille, mais la réception par les clercs de sa trouvaille !

    La nouvelle hérésie

    C'est donc le rythme de la nouvelle République : une provocation, une excuse. Existe-t-il pourtant plus hypocrite qu'un soldat qui après avoir visé la tête fait le signe de croix ?
    Ainsi, les couvertures islamophobes de Charlie Hebdo se voient défendues au nom de la liberté d'expression, comme le sont ces diverses pièces de théâtre sur-subventionnées à coup d'argent public où un portrait du Christ reçoit des gadins. Nous pourrions évoquer les actions violentes des Femen, qui mettent du temps à être condamnées, et encore, d'une voix feutrée...
    Il y a dans ces cas de figure un blasphème autorisé, pour lequel est absolument rejetée la possibilité d'être « atteint dans sa dignité ». Ce sont d'ailleurs souvent les mêmes - Fourest, Klugman, Cohen, Barbier, etc... - qui, bien dans leurs bottes, vous expliquent les yeux dans les yeux que les affaires ne sont pas sur le même plan sans se rendre compte de la précision de cet argument. Ils ne le pensent certainement pas ainsi mais, l'inconscience trahissant, il y a effectivement une valeur de plan - terrestre / astral ? - qui entre en jeu dans leur faculté d'indignation. Ce sont les curés de la morale laïque, au secours de l'Autre minoritaire, qui de prêche en prêche intiment l'opinion publique à ne pas rire de tout. Sans doute le malaise est plus profond : il nous semble qu'entre Français, rire de tout est possible, et même salvateur. Mais entre communautés ?
    Notre ministre de l'Éducation, Vincent Peillon, figure parmi les plus honnêtes dans l'entreprise forcée de laïcisation des esprits qui est en cours. Ses livres, comme ses différentes interviews, font état d'une franche volonté de remplacer le christianisme, du moins son influence, par une foi laïque présentée comme la« religion de la République ». « D'où l'importance de l'école au cœur du régime républicain. C'est à elle qu'il revient [...] d'être la matrice qui engendre en permanence des républicains pour faire la République, République préservée, république pure, république hors du temps au sein de la République réelle, l'école doit opérer ce miracle de l'engendrement par lequel l'enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines (ndla : un baptême ?), va s'élever jusqu'à devenir le citoyen, sujet autonome. C'est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l'école et par l'école, cette nouvelle Eglise, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi », écrit-il.
    La République, dans sa recherche du Sacré, a reçu le premier article de sa Révélation : de l'Autre minoritaire, tu ne pourras pas rire.

    Gustave Sombreval

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EFAEVAlEFFtqtaCtKC.shtml

    Notes :

    [1] Lire le communiqué dans son intégralité :
    www.conseil-etat.fr/fr/communiques-de-presse/spectacle_de_dieudonne.html
    [2] Lire à ce sujet :
    KRETZMER David, KLEIN Eckart, «The concept of human dignity in human rights discourse», La Hague, Kluwer law international, 2002.
    [3] ELIAS Norbert, «La civilisation des moeurs».
    [4] L'interdiction par un tribunal, et à la demande de la LICRA, de la mise au pilori et du caviardage de livres publiés chez Kontre Kulture jugés antisémite (malgré que figure parmi eux Le Salut par les Juifs de Léon Bloy), la maison d'éditions d'Alain Soral, est à ce propos édifiante...
    [5] L'YVONNET François, «Homo comicus ou l'intégrisme de la rigolade».
    [6] d'après nous, un spectacle comme «Mahmoud» aurait bien pu faire l'objet de cette même interdiction. Reste à savoir : pourquoi aujourd'hui ? Un article politique pourrait sans doute mieux nous éclairer...
    [7] Un Mohammed Merah décrit comme un «tueur d'enfants». Il nous semblait pourtant que Merah avait fait d'autres victimes...
    [8] Voir : http://www.dailymotion.com/video/xrthu7_vincent-peillon-la-franc-maconnerie_news?start=57
    Source: politique magazine : http://www.politiquemagazine.fr/affaire_dieudonne_le_rapport_au_sacre_en_republique.html