Un déferlement catholique, de catholiques affichés ou effacés, selon qu'on ait marché le dimanche 18 ou le samedi 17 novembre - voire les deux jours... Déferlement, parce que, quels que soient les calculs que l'on veuille retenir, ce sont des centaines de milliers de personnes qui ont martelé le pavé parisien ou les rues de province pour dire « non » au pseudo mariage homosexuel. Catholique, parce que, qu'on ait suivi la Manif pour tous, qui s'affirmait haut et fort aconfessionnelle, ou la marche organisée par Civitas, qui revendiquait son identité chrétienne, leur réussite, réelle de part et d'autre, ne s'explique que par la mobilisation
Et au premier plan, celles des évêques. Mgr Aillet, l'évêque de Bayonne, nous en avait averti huit jours plus tôt, lors de la messe qu'il célébrait à Paris pour la France. « Sachez-le, avait-il lancé, vos évêques - pas seulement quelques-uns, mais vos évêques ! - vous encouragent et vous soutiennent dans votre combat. Ils vous encouragent à parler, ils vous encouragent à agir, ils vous encouragent à vous manifester. Utilisez tous les moyens d'expression qu 'une société démocratique peut vous offrir, aujourd'hui, dans le contexte, peut-être imparfait, mais dans lequel nous sommes, pour pouvoir faire entendre votre voix. »
Trop beau pour être vrai ? Peut-être... Mais le fait est que beaucoup se sont prononcés. Et qu'aucun n'a démenti. Et que, en définitive, ils ont été entendus. Et, parfois, se sont déplacés...
Sans s'afficher, sans drapeau, le 17 ; ou derrière leurs bannières le 18, ces familles nombreuses étaient catholiques, ces curés, ces religieux étaient catholiques. Et si tous, absolument tous, ne l'étaient pas, ils formaient bien le gros des manifestants venus redire la réalité du mariage. Pas spécifiquement du mariage religieux ; mais du mariage naturel, celui qui, depuis la nuit des temps, permet à la famille humaine de vivre.
Certains politiques l'ont bien compris, qui ont marché eux aussi, es qualités, ceints de leur écharpe. En tête desquels, et les deux jours s'il vous plaît, Bruno Gollnisch, Marie-Claude et Jacques Bompard. Mais aussi, le seul samedi, Xavier Lemoine, Bernard Debré, Gérard Larcher, Claude Goasguen, Philippe Goujon, Jean-François Legarret, etc.
120 000 manifestants, le samedi soir à Paris
Une réussite le samedi ? Les chiffres sont là, que même la mesquinerie des chiffres officiels ne peut taire. Le renseignement intérieur, les anciens « RG », avoue 120 000 manifestants, le samedi soir, pour la seule manifestation parisienne.
Une foule compacte, débordant de la chaussée sur les trottoirs, qui est partie de Denfert-Rochereau (où les derniers ont attendu plus de deux heures le moment de partir) pour rejoindre les Invalides. Sans parler du métro, littéralement bondé, et dont certains manifestants ont dû laisser passer cinq ou six rames avant de pouvoir y accéder !
Une réussite le dimanche ? Tout autant. Certes, ils étaient moins nombreux - quelque 15 à 18 000. Mais, et ce n'est pas rien de nos jours, ils s'étaient refusés à mettre leur drapeau dans leur poche. Il y avait là représentés, derrière Civitas qui en organisait la logistique, l'Action française, l'Alliance royale, l'Agrif, Avenir de la Culture, l'Œuvre française, Renaissance catholique, des associations familiales, SOS Tout petits, le Parti de la France...
Et un nombreux clergé, en soutane ou en clergyman, émanant tant de la Fraternité Saint-Pie X, que des communautés Ecclesia Dei, ou des diocèses.
Une réussite, oui ! Parce que les slogans se voulaient plus percutants : « Un papa, une maman, des enfants... la famille, c'est sacré ! » Loin de s'attarder sur l'homofolie, sur ce prétendu mariage des « couples » homosexuelles, ces catholiques étaient là pour défendre une réalité qui transcende les institutions.
Une réussite, enfin, parce que, sans elle, annoncée longtemps à l'avance, il n'y aurait pas eu ce point de départ - la provocation femeniste en est la preuve - derrière lequel, tous, depuis les évêques jusqu'aux organisateurs de la Manif pour tous, se sont engouffrés.
D'aucuns qui marchaient le dimanche, avaient déjà manifesté le samedi, privilégiant l'unité, et le bien commun, aux disputes de chapelles. Ce devrait être de bon augure pour la manifestation nationale du 13 janvier - si les responsables, de part et d'autre, parviennent, sans oublier ce qu'ils sont bien sûr, à se retrouver.
Car, quelle que soit la façon de l'affirmer, l'objectif demeure le même. Et c'est donc ensemble qu'il faut l'affirmer.
Pour que la mobilisation soit importante ; pour qu'elle rassemble tous et chacun d'entre nous.
Et qu'elle aboutisse !
Olivier Figueras monde & vie . 4 décembre 2012
religion - Page 258
-
Le peuple des chrétiens de France relève la tête
Lien permanent Catégories : actualité, France et politique française, lobby, religion, tradition 0 commentaire -
Inventaires des biens du clergé : quand la gauche renoue avec son instinct anticlérical
Le Conseil de Paris s’est prononcé mardi, en adoptant un voeu rédigé par les Verts, pour un inventaire des biens des congrégations religieuses. Le voeu propose à la mairie de Paris de solliciter les congrégations religieuses afin d’ »engager un travail d’inventaire de l’occupation » de leurs biens immobiliers : « en vue de mobiliser les bâtis vacants sur le territoire parisien, le maire de Paris sollicite les acteurs des congrégations confessionnelles pour engager un travail d’inventaire de l’occupation et des potentialités de ce foncier spécifique » exprime-t-il.
Allez, c’est reparti comme en 1905… Décidément, Cécile Duflot et ses amis du gouvernement ont décidé de rallumer une vieille querelle… qui ne s’est jamais vraiment éteinte. Qu’ils se rassurent : les catholiques répondront présents pour défendre leur religion et celle de leurs pères, dans cette terre de France qui fut jadis « miroir de Chrétienté », selon la formule de Pie VI, toutes les fois qu’elle sera menacée par les ennemis de la France et de l’Autel !
-
« Une révolution sous nos yeux - Comment l'islam va transformer la France et l'Europe » de Christopher Caldwell (2/2)
Polémia poursuit la publication de la présentation du livre de Christopher Caldwell, avec les troisième et quatrième partie où l’on découvrira d’une part les « écueils et incompatibilités » opposant les deux grandes entités que sont l’Occident et l’Islam et, d’autre part, en forme de conclusion, une hypothétique ouverture vers l’avenir.
A la fin de ce texte, un commentaire reçu d’un essayiste anglo-saxon, résidant en Europe, qu’il connaît tout autant que les Etats-Unis, fournit un éclairage presqu’inattendu sur les véritables motivations de l’auteur.III - Ecueils et incompatibilités
Avec sa franchise de marbre, Caldwell introduit la deuxième partie de son livre, titrée L’Islam, par ces mots : « Si les Européens avaient compris, quand l’immigration en provenance de Turquie, du Maroc, d’Algérie et d’ailleurs débuta dans les années 1950 et 1960, que des milliers de mosquées seraient disséminées d’un bout à l’autre de l’Europe un demi-siècle plus tard, jamais ils ne l’auraient autorisée. »
Ici, l’auteur égrène écueils et incompatibilités de culture et de comportement qui ne peuvent, le pense-t-il, que faire obstacle à une intégration. Nous nous limiterons à n’en citer que quelques-uns sans omettre les deux les plus fondamentaux : la religion et le sexe.
– La protection sociale. Comme souvent, Caldwell procède par aphorisme : « Les économies complexes des Etats Providence comme celles qui se sont développées en Europe ces soixante dernières années ne naissent généralement pas dans les sociétés multiethniques. »
– La mobilité. « Les migrations déclenchent des migrations secondaires, ce que le sociologue Rogers Brubaker appelait les “migrations sans mélange ethnique”. »
– La diversité et le mépris de soi. « La diversité décrit à la fois une réalité sociologique (…) et une idéologie. Cette idéologie était en parfait accord avec la neutralité entre cultures adoptées par les bâtisseurs de l’idéal européen. Et pourtant, la diversité n’a jamais réellement pu devenir un idéal stable ou neutre, car les Européens n’en savaient pas assez sur les autres cultures pour la faire advenir. »
– Antagonisme entre Occident et Islam. Cet antagonisme est très ancien. Citant l’historien Henri Pirenne : « Les deux puissances – l’Europe en tant qu’Occident et l’Islam en tant que civilisation – sont apparues dans l’histoire ensemble et ont représenté un défi l’une pour l’autre. »
– Les populations musulmanes. « La nouvelle immigration, essentiellement musulmane, était moins gérable et moins soluble que les précédentes. »
– Régénération de quartiers en déshérence. Le résultat escompté s’est produit un peu partout en Europe. Mais cette vision de l’immigration, celle des élites qui habitent les beaux quartiers, était trompeuse. Il y a plus de ghettos que des Kreuzberg [à Berlin].
– Les zones de non-droit. Caldwell connaît bien le cas de Chanteloup-les-Vignes. Il est typique et le lecteur comprendra bien comment on passe, « d’un pas de somnambule », de la tentative d’intégration à la ségrégation pure et simple.
– Violence, délinquance et émeutes. « La violence relative des quartiers musulmans est un obstacle de taille à la mixité sociale et à l’intégration. »
– Les espaces de la Charia. « Dès qu’il devint évident que certains émigrés proposaient d’instaurer des cultures étrangères dans des pays européens, l’immigration (…) apparut sous un jour différent. » Par ailleurs, la propension au développement des lieux de culte répond à une certaine résurgence religieuse. Caldwell donne, par exemple sur l’appartenance des jeunes immigrés, étudiants et autres, à la religion islamique, des chiffres surprenants. Un long chapitre est consacré à La crise de la foi en Europe, et tente de placer les deux cultes, chrétien et musulman, l’un par rapport à l’autre. Jusqu’à aujourd’hui le dialogue interreligieux tiendrait du vœu pieux. Une chose est certaine : les musulmans restent fidèles à leur religion, les chrétiens s’en écartent. Le jour où le rapport de forces sera inversé, que se passera-t-il ?
– Le sexe. « Les musulmans d’Europe viennent de cultures où les femmes sont strictement subordonnées à leur mari et aux hommes en général. (…) C’est un fait sociologique universel. » (…) « Adopter le style européen de sexualité et de relations entre sexes est la seule exigence non négociable que l’Europe impose. »IV - Quel avenir se réserve l’Europe ?
Pour Caldwell, qui ne croit pas à l’intégration en Europe, l’immigration, c’est l’américanisation. Les Etats-Unis seraient le modèle du genre. Donc devant « les problèmes abyssaux » que l’Europe va rencontrer, la solution serait qu’elle devienne davantage comme l’Amérique. Mais on a vu que Caldwell rejetait la comparaison entre Europe et Amérique. Le melting-pot américain fonctionnerait-il avec des musulmans ? On ne connaît aucune expérience en la matière.
Un second modèle d’immigration serait peut-être plus adapté : le système du millet de l’Empire ottoman qui a fonctionné pendant plusieurs siècles avec des populations de différentes religions, mais qui a disparu au début du XXe siècle du fait de l’appétit expansionniste de ses voisins européens.
Comme nous l’avons déjà dit, Caldwell ne croit pas à l’intégration de masse. Néanmoins, il termine son puissant ouvrage par une légère pointe d’optimisme : « Les Européens ne peuvent qu’espérer que les nouveaux venus, surtout musulmans, s’assimileront pacifiquement », phrase rapidement compensée par un retour à la réalité crue : « Quand une culture peu sûre d’elle, malléable et relativiste rencontre une culture ancrée, confiante et renforcée par des doctrines communes, c’est généralement la première qui change pour s’adapter à la seconde. »
« Il est sûr que l’Europe sortira changée de sa confrontation avec l’Islam. » Quel verdict !
Un livre à lire, qui force à la réflexion.
René Schleiter Polémia
Titre original : Reflections on the Revolution in Europe, Doubleday, 2009.
Le commentaire d’un Anglo-Saxon :
Polémia a confié le livre de Christopher Caldwell, en sa version originale, à un ami anglo-saxon qui connaît bien la politique américaine. Nous voulions savoir ce qu’il en pensait et surtout comment il interprétait la démarche de ce journaliste américain néo-conservateur bien en cour. Il faut lire cette note avec détachement, en se rappelant que l’auteur du livre est américain, proche des néo-conservateurs et en oubliant tout préjugé français et européen.
Le 28 octobre dernier, Polémia avait publié une interview que Christopher Caldwell avait recueillie auprès de Marine Le Pen. (6)
Voici la note que notre ami nous a fait parvenir (il a demandé à conserver l’anonymat).Je suis en train de le relire – et je suis surpris, et troublé, par le nombre de noms d’amis, d’auteurs et de publications NEO-CONS qu’il mentionne comme étant des gens qui ont lu et vérifié le manuscrit et visiblement l’ont approuvé. La question est POURQUOI ?
Celui qui domine entre tous est le « Tsar » des néo-cons, Leon William Kristol, qui pendant des années a écrit dans l’organe des néo-cons, The Weekly Standard. Il a aussi écrit pour le New York Time Magazine, The Financial Times, etc. !!! Toutes ces publications étant des publications grand public.
Lisez la liste des noms de la page 365 [533, version française] sous le titre de « Remerciements ». C’était le 18 février 2009, tout à fait à la fin de l’ère Bush/néo-cons !!!
A mon avis, ce livre essaie, d’une manière très sophistiquée, d’adopter un parti pris antimusulman acceptable au sein de l’élite europeo-américaine. Une politique néo-con.
Je continue de penser que c’est l’un des livres les plus remarquables et le plus documenté et rempli de statistiques utiles que je connaisse. Je ne connais pas d’autre livre comme celui-là sur le marché.
Les statistiques sont révélatrices – et choquantes – et utiles pour les auteurs et penseurs dits de droite – pour nous aider à clarifier et étayer nos arguments à propos de cette « crise de la culture européenne » !
Mais il nous faut prendre conscience que Caldwell a bénéficié d’un accès privilégié à des banques de données auprès de ces grands médias que sont The Financial Times, The New York Times, The Weekly Standard – appartenant tous à l’Etablissement.
Par conséquent, il faut être PRUDENT mais, comme toujours, il faut s’appuyer sur les informations réunies et distribuées par l’Etablissement quand on ne dispose pas de réseaux propres. Donc il faut évaluer avec soin les arguments de Caldwell – ainsi que leur portée – qui sont là pour étayer un parti pris essentiellement antimusulman ; non pas de manière brutale, « raciste » ou « sectaire », mais simplement en jouant de manière subliminale sur les cerveaux intoxiqués par le système d’éducation « maçonnique » en vigueur en Europe en général et dans les cercles de l’élite franco-anglaise en particulier : l’endoctrinement fondé sur le concept « Liberté, Egalité, Fraternité » a poussé les néoconservateurs à cette immigration désordonnée et aujourd’hui ils s’inquiètent de ce monstre qu’ils ont laissé échapper !
Ce livre est très utile mais ce n’est qu’un outil, un outil non pas pour la libération de l’Europe, mais pour les propres objectifs des disciples de William Kristol…
(En Europe, décembre 2011)
(Traduction de l’anglais pour Polémia – RS)
Note :
(6) Madame Le Pen expliquée par un conservateur américain
Voir aussi (précédent) :
« Une révolution sous nos yeux – Comment l’islam va transformer la France et l’Europe » de Christopher Caldwell (1/2)
Christopher Caldwell, Une révolution sous nos yeux, préface de Michèle Tribalat, Traduction de l’anglais par Johan Frederik Hel Guedj, édition du Toucan, collection Adultes, 5 octobre 2011, 600 pages.
-
Deux sources radicales de l’islamophobie par Ulysse GIRARD
S’interroger sur la source radicale d’un phénomène n’est pas en nier le caractère multifactoriel, ni même en dégager la cause principale, mais plutôt la cause la plus profonde et la plus cachée, celle qui en est à la racine car son impensé le plus profond. Toute réflexion réellement utile sur la cause d’un phénomène doit en dégager la source radicale, car là est le vrai travail de révélation puis de compréhension réglée du réel.
Peuvent cœxister plusieurs causes radicales d’un phénomène, qui interagissent entre elles. L’islamophobie est aujourd’hui en France un phénomène grandissant; elle s’inscrit dans un discours de plus en plus décomplexé. Elle est un problème politique et social, mais aussi un révélateur de phénomènes plus profonds, qui se disent par elle tout en se cachant, comme le symptôme peut dire et cacher la maladie. L’islamophobie est donc un phénomène intéressant en tant qu’il est un révélateur de ce que l’on ne veut pas voir, et en l’occurrence il ne s’agit pas du danger, tantôt réel, tantôt fantasmé, de l’islam, de l’islamisation ou d’un certain type d’islam (distinctions que l’on n’interrogera ni ne justifiera ici).
La première cause du caractère grandissant du phénomène est la prédisposition du peuple à la condamnation de toute religion un tant soit peu combative. Cette prédisposition s’enracine d’une part dans une histoire, une mémoire, voire un mythe, celle de la République anticléricale, du combisme au Cartel des gauches; et d’autre part, dans une idéologie anti-religieuse conditionnée par l’état actuel des modes de production en France, et en Occident de façon plus générale. La religion est une menace en cela qu’elle viendrait entraver, dans certains cas et pour certaines religions bien particulières (donc pas le capitalisme anglo-saxon, fruit d’un protestantisme dévoyé) le capitalisme de la séduction, c’est-à-dire la recherche du profit du côté de la chaîne de production (méfiance à l’égard de l’usure, du profit voire de l’argent en général) et de la jouissance effrénée du côté de la consommation. Cette idéologie consumériste est d’autant plus redoutable que, contrairement à la discipline, voire à l’ascèse du travail qui dominait toutes les classes sociales à la fin du XIXe siècle, y compris la bourgeoisie, l’idéologie de la jouissance n’a pas à contraindre nos prédispositions biologiques élémentaires et primaires au désir et à la jouissance. La religion venant s’opposer au consumérisme frénétique, celle-ci en tant qu’idéologie entre en confrontation directe avec une certaine idéologie soi-disant républicaine, c’est-à-dire libertaire. C’est là l’islamophobie des laïcards comme Christine Tasin, de certains journalistes (du Point ?) et des groupes féministes ou L.G.B.T.
Cette thèse est connue. Néanmoins, elle n’est que l’une des deux sources, la moins problématique de toutes, car elle ne touche pas au grand tabou de notre société. Critiquer la religion est acceptable en France, car par un effet d’hystérèse représentationnel, la religion est encore conçue comme l’opium du peuple, l’Infâme, l’ennemi perpétuel et enragé de la liberté, de l’intelligence, du débat et, in fine, de la démocratie. On pourrait montrer comment l’anticléricalisme a pu servir de soupape de sécurité ou de diversion pendant toute notre histoire pour détourner le peuple des vrais combats, en particulier le combat de classes, comme le Cartel des Gauches le fit en 1924 pour éviter de se justifier de sa collusion avec le Grand Capital. Là encore, l’islamophobie fait figure de diversion dans le débat public, voulue mais surtout fantasmée. Voulue, car les réseaux qui nous dirigent préfèrent que l’on s’occupe de sujets peu dangereux plutôt que de ceux qui posent vraiment problème (comme la dette, l’austérité, le T.S.C.G. … ou sous Sarkozy, la vente d’or de la Banque de France à bas prix à Washington, la posture sécuritaire et identitaire permettant de s’acheter un patriotisme au rabais). Mais cette diversion est aussi fantasmée, car elle permet de refuser, par un ennemi commode, de nommer les vrais problèmes.
Le grand tabou en France est ethnico-racial. La guerre de 39-45, qui fut pour nous une blessure narcissique grave (on n’explore pas assez la thèse selon laquelle la mémoire de cette guerre nous est traumatique aussi pour cette raison in fine bien peu noble : la défaite et l’occupation) doublée d’un génocide, en grande partie fondé sur des questions de race. Auschwitz fut notre péché originel : commis par nos ancêtres, il nous hantera pour toujours, et nous devrons l’expier à jamais. Il nous hante surtout par son non-dit : la dimension ethnique du politique. C’est bien la Seconde Guerre mondiale et le nazisme qui constituent le spectre derrière le tabou, et non un supposé universalisme républicain (les républicains, y compris de gauche, ne s’embarrassaient pas de scrupules sur la question raciale à la fin du XIXe siècle). Or l’islamophobie, voire la laïcité, permettent à peu de frais de nommer un ennemi sans dire la vérité, par un effet d’association d’idée parfois inconscients, mais aussi parfois de manière délibérément tactique. La France subit un remplacement de population à grande échelle. Parmi les populations nouvellement arrivées, une grande partie est arabo-berbère. Les Arabo-Berbères sont, pense-t-on, musulmans. En ciblant l’islam, on ciblera les musulmans, et donc les Arabo-Berbères. L’islamophobie serait donc chez beaucoup un racisme caché, qui permet de s’offrir une conscience à peu de frais (une conscience, c’est-à-dire une respectabilité). Et c’est précisément cette source-là, et non une haine particulière pour la religion ou pour la morale en tant que telles (en témoignent l’islamophobie de populations chrétiennes, ou pratiquant une forme de décence commune populaire) qui permet le succès de l’idée islamophobe et sa diffusion rapide dans la population, à cause du malaise causé par une submersion populationnelle plus ou moins bien perçue.
Or l’islam n’est pas le problème, mais la victime d’un transfert. L’islam est en tant que telle une spiritualité respectable, qui a beaucoup emprunté au paganisme européen (néo-platonisme et aristotélisme principalement). Le cœur européen du christianisme est ce qu’il a hérité du paganisme européen : le droit romain, mais aussi la philosophie grecque, héritage partagé par l’islam, et qui permit un dialogue fécond entre ces deux religions (les controverses entre Thomas d’Aquin et Averroès en sont un exemple : ces échanges n’auraient pas été possibles sans un fond aristotélicien commun). Il y a un héritage européen de l’islam, qui permettrait en droit et pour une certaine conception de l’islam de le rendre compatible avec une authentique civilisation européenne (et donc pas avec l’Occident du capitalisme de la séduction).
L’autre grand problème de ce transfert est non seulement qu’il choisit une victime innocente, mais aussi qu’il oublie une grande partie de la donnée du problème. Une grande partie du grand remplacement de population et du déracinement universel n’est pas le fait de populations musulmanes, ni ne concerne des populations musulmanes, mais aussi des populations chrétiennes (populations d’Afrique Noire), hindoues, ou athées (lumpenprolétariat de banlieue).
Le problème subsistera donc tant que l’on refusera de poser le bon diagnostic. Le problème est double : il vient première de la violence du capitalisme mondialisé, qui déracine les peuples et donc les assassine, puis les immerge dans la décadence du capitalisme de la séduction. Il vient ensuite du brassage ethnique et, in fine, racial en Europe et ailleurs dans le monde. On ne gagne rien à ne pas nommer les problèmes, car on ne les règle pas et, pire encore, on sacrifie l’innocent et peut-être même, selon les circonstances, un allié et un ami. Mais la lucidité nécessite du courage car, dans le règne du faux universel, tout jugement vrai concourt à déstabiliser le système. Cela veut dire entrer dans une guerre quotidienne dont la lutte idéologique est l’une des modalités princeps.
Ulysse Girard http://www.europemaxima.com/
• D’abord mis en ligne sur Scriptoblog, le 4 décembre 2012, et repris sur Cercle non conforme, quatre jours plus tard.
-
« La France au risque de l'islam » de Thierry Bouclier
Il y a tout juste un an, Polémia publiait un dossier présentant la traduction française du livre de Christopher Caldwell, Une révolution sous nos yeux, aux éditions Le Toucan. Comme on pouvait le redouter, l’ouvrage, s’il avait connu un franc succès aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, est resté en France très confidentiel. La question posée par Caldwell était trop simple : la progression fulgurante de l’immigration en Europe n’empêchera-t-elle pas les Européens de conserver leur civilisation ?
Pour Thierry Bouclier, avocat à la cour, la question est un peu différente : une certaine forme d'islamisation est-elle en train de gagner la société française ? Il a enquêté, recueilli des témoignages, exploré les textes législatifs, pour conclure au constat d’une société française qui se transforme pas à pas. Eric Delcroix, également juriste, grand pourfendeur des lois liberticides, présente le livre de son ancien confrère en invitant les lecteurs de Polémia à lire et à faite lire La France au risque de l’islam, « avant qu’un matin, au lever du soleil, le muezzin ne s’éveille ».
PolémiaPublié à la fin de l’été dernier, La France au risque de l’islam, livre de Thierry Bouclier, tranche quelque peu avec les livres français récents contre l’islamisation de la France. Ici, l’auteur ne se laisse pas aller à dénoncer sottement le prétendu « fascisme vert » emprunté au lexique marxiste. T. Bouclier nous met en garde, de la façon la plus circonstanciée, contre les capitulations de la République française face à l’islam, contre la mise en conformité de la première aux règles de la seconde, c’est-à-dire par l’introduction subreptice de la charia, abdiquant notre identité. Certes, il lui faut faire attention face à un sujet sacralisé par la République qui a fait, depuis la loi Pleven (1972), de l’islamophobie un délit. Mais La France au risque de l’islam se présente comme un état des lieux qui devrait éviter à son auteur la correctionnelle…
Thierry Bouclier met en ordre des faits – le fait et le droit – qui montrent au lecteur, insuffisamment au courant des arcanes de la vie publique, combien les politiciens de la droite parlementaire sont en phase avec ceux de la gauche pour mettre nos lois et règlements en conformité avec l’islam. Utiles rappels de Nicolas Sarkozy, premier président de la République ayant participé à un repas de rupture du jeûne du ramadan (iftar), François Fillion, premier ministre, inaugurant la mosquée géante d’Argenteuil ou Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, se déguisant en grand Mamamouchi pour inaugurer celle de Clermont-Ferrand. Quant à la gauche, elle achève de démontrer par l’action qu’elle est historiquement anticatholique, mais nullement fermée aux autres religions, aucune superstition exotique ne rebutant son ouverture à « l’altérité ».
Le « Printemps arabe », c’est ici et maintenant
Il est vrai que les magistrats sont à l’unisson de la décadence, depuis l’arrêt Montcho (Conseil d'Etat, 11 juillet 1980) qui a reconnu la polygamie comme source légitime de droit. On sait aussi ce qu’il en a été des condamnations de la courageuse Brigitte Bardot pour sa lutte contre la sauvagerie de l’abattage halal, lequel rapporte plus de 150 millions d’euros de taxes religieuses à l’islam (alors que l'Eglise est privée de la dîme depuis 1789) et ce pour des viandes dont plus des 2/3 sont imposées, à leur insu, à l’ensemble des consommateurs. Un arrêt de la Cour administrative d’appel de Lyon du 17 juillet 2007 a même reconnu la kalafa, sorte d’adoption islamique révocable, apparemment tout comme le Conseil général et la Caisse d’allocations familiales de Seine-Saint-Denis. Le « Printemps arabe », cher à notre classe politique, c’est ici et maintenant…
La loi de 1905 a été vidée de sa substance : d’une part, par l’ordonnance du 21 avril 2006 (merci à la droite !) sur les baux emphytéotiques : désormais les collectivités publiques peuvent aider à la construction de mosquées ; d’autre part, par cinq arrêts du Conseil d'Etat en date du 19 juillet 2011, l’ « intérêt public local » ouvre des perspectives illimitées à l’islamisation, jusque dans ses mœurs les plus primitives. Et l’auteur de conclure : « Le débat sur la réforme de la loi de 1905 est obsolète. »
La bienveillance masochiste de l'Eglise
Nos politiciens et nos magistrats affectent, avec une hypocrisie consommée, comme le remarque Thierry Bouclier, de considérer, belle langue de bois, que nous connaissons des problèmes liés aux religions en général, alors que les seules difficultés résident dans l’islam et lui seul. Remarquez que l'Eglise, tournée fille facile, n’y voit plus rien à redire, poussant la bienveillance masochiste jusqu’à former les imams… à l’Institut catholique de Paris – « la Catho » ! – et les élèves des écoles catholiques vont à la mosquée recevoir des leçons de tolérance. Thierry Bouclier remarque à bon escient à cet égard : « Il est peu probable que les directeurs d’établissement catholique et les professeurs qui y enseignent, quasi tous laïcs, aient une connaissance approfondie des évangiles et de la doctrine de l'Eglise. En revanche, après avoir lu le dossier que le secrétariat de l’enseignement catholique leur a préparé, ils seront imbattables sur l’islam. »
Sous l’égide des droits de l’homme, le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, a pu dire au sujet des cantines scolaires : « Nous servons de la viande halale par respect pour la diversité, mais pas de poisson [le vendredi] par respect de la laïcité » ! Sous l’égide des droits de l’homme veule, préfets et justice interdisent la soupe au cochon parce que haram (illicite) pour les SDF, mais laissent distribuer la chorba, la soupe halale…
Thierry Bouclier nous met en garde : « Un bilan des quelques années qui ont vu la substance du pays modifiée davantage qu’en plusieurs siècles d’Histoire … avant qu’un matin, au lever du soleil, le muezzin ne s’éveille ». A lire, à faire lire.
Eric Delcroix http://www.polemia.com
7/12/2012Thierry Bouclier, La France au risque de l’islam, Editions Via Romana /Rémi Perrin, septembre 2012, 186 pages.
-
CHRÉTIENS D'ISLAM Au risque du martyre
Dans un monde musulman déstabilisé, les chrétiens, assimilés à l'ennemi occidental, sont redevenus les cibles privilégiées du fanatisme haineux, comme le prouve l'actualité des derniers mois. Mais le phénomène est ancien, et récurrent.
La philosophie de l'histoire qui prévaut dans nos sociétés occidentales, imprégnée du dogme du progrès, du respect des droits de l'homme, du modèle démocratique et libéral, apparaît, s'agissant des minorités chrétiennes en pays musulmans, battue en brèche par la réalité ; l'intervention américaine en Irak, les mouvements insurrectionnels, loin d'améliorer le sort des chrétientés locales, ont marqué le début d'un calvaire dont elles désespèrent de voir le bout. Pour prendre la mesure du phénomène, il faut se référer à l'ouvrage de Claude Lorieux, Chrétiens d'Orient en terres d'islam, paru en 2001, avant la tragédie du 11 Septembre et ce qui s'ensuivit. Constat accablant.
Synthèse remarquable
Spécialiste du Proche-Orient, Lorieux avait eu de nombreuses occasions de visiter les Églises de Turquie, Irak, Syrie, Liban, Jordanie, Israël, Palestine, Iran, Égypte, Soudan, et même les communautés réduites à la clandestinité de la péninsule arabique. Si l'on excepte le drame des chrétiens de Khartoum, qui devrait trouver un dénouement heureux du fait de la partition du pays, la situation, partout ailleurs, loin de s'améliorer, n'a cessé de se dégrader tandis que les mouvements islamistes, favorisés par la chute des dictatures laïques, prenaient de l'ampleur. Le cas irakien en donne l'exemplaire démonstration puisque des communautés, protégées par Saddam Hussein, se sont, depuis la chute du régime, retrouvées exposées à la vindicte de leurs concitoyens musulmans, acculées à la fuite ou à la mort. Par ces aspects liés à l'actualité, le travail de Lorieux a vieilli, mais reste, outre un instantané de l'état des chrétientés d'Orient avant 2001 qui a pris valeur historique, l'une des plus claires et remarquables synthèses tentées sur le passé de ces communautés, leurs espoirs, leurs rêves, leurs malheurs. Ce qui en fait un ouvrage de référence indispensable.
Récent, celui de Jean-Michel Cadiot, Les Chrétiens d'Orient, ne saurait ni l'égaler, ni le remplacer. Certes, il fait le point sur cent millions de catholiques, orthodoxes, nestoriens, coptes, maronites, syriaques, chaldéens, protestants, invraisemblablement regardés, tant par leurs compatriotes que par la communauté internationale, comme convertis à la foi de l'Europe, eux qui demeurèrent fidèles à leur religion ancestrale quand leurs voisins passaient à celle du conquérant arabe ou turc. Certes, il y a là des points de vue intéressants. Hélas, tout cela apparaît embrouillé dans des pages où se mêlent considérations historiques trop vastes, jugements désolés sur l'incapacité chrétienne à se fondre dans un oecuménisme fraternel, et impuissance à cerner le sujet, de sorte que l'on ne sait plus ni où ni quand commencent et finissent ces chrétientés d'Orient.
Épuration ethnique
Si l'on se souvient des massacres d'Arméniens orchestrés, dès 1896, par Abdul Hamid, puis, en 1915, par les Jeunes Turcs désireux d'en finir avec une communauté soupçonnée de tendre la main aux Alliés, l'épuration ethnique de la Cilicie, en 1909, prise entre ces bains de sang, a sombré dans l'oubli. La réédition des reportages de la journaliste arménienne Zabel Essayan, Dans les ruines, remet en pleine lumière ces massacres d'Adana. Il demeure malaisé de comprendre les raisons de la sauvage flambée de violence qui tua trente mille Arméniens, souvent rescapés des tueries de 1896 réfugiés dans la paisible Cilicie. Arrivée sur les lieux deux mois après ce déchaînement d'atrocités, Zabel Essayan, intellectuelle francophone pénétrée d'idéologies des lumières, constata, ramenée brutalement à ses origines, ce dont la barbarie humaine est capable. Son récit est un témoignage halluciné, incantatoire : tueries, tortures, enfants et adolescentes convertis de force, abjurations de désespérés que l'apostasie ne sauva pas toujours, détresse des survivants, héroïsme d'hommes qui firent tête aux égorgeurs et réussirent parfois à couvrir la fuite des leurs, avant de succomber sous le nombre, ou d'être pendus pour rébellion... Tout cela emblématique de la tragédie arménienne, du cortège de souffrances d'un peuple qui paya cher l'honneur d'avoir été le premier royaume chrétien du monde, mais d'une telle force, d'une telle violence que ce texte terrifiant devient hymne poignant à la mémoire de toutes les victimes de toutes les tueries d'une Histoire définitivement tragique.
Aux massacres d'Arméniens succéda l'exode des Grecs, achevé en 1955, de sorte qu'il ne demeure dans ce qui fut l'Empire byzantin qu'une poignée de chrétiens dispersés, en but aux persécutions d'un État décidé à éradiquer ce qu'il considère comme des minorités allogènes potentiellement hostiles. Cette réalité, occultée à l'heure où l'on cherche à nous convaincre de l'intérêt d'une adhésion de la Turquie à la Communauté européenne, contrebalance rêveries et sympathies engendrées par la lecture de Loti ou Farrère... Sébastien de Courtois connaît cette attristante ambivalence et cherche à la comprendre à travers un Périple en Turquie chrétienne aux accents de requiem. Il y a cette haine qui ne désarme pas, absurde, sanglante, illustrée par l'assassinat annoncé d'un journaliste arménien coupable de rappeler certains faits, dire certaines choses, que les poursuites judiciaires n'avaient pas fait taire. Les chrétiens assassinés en Turquie ne sont pas rares ; cela explique la prudence des autres. Ces expropriations qui privent les Églises de leurs biens et favorisent leur disparition. Entre un présent inquiétant et un passé grandiose dont les traces deviennent indiscernables dans un pays qui ne favorise pas la restauration de monuments chrétiens, la promenade, documentée, passionnante, jamais hostile ni partisane, invite à se poser nombre de questions, d'une brûlante actualité.
Voyage en Palestine
Qui s'est rendu à Bethléem voilà trente ans se souvient de l'accueil chaleureux réservé aux pèlerins par les Palestiniens chrétiens, majoritaires. Ils ne représentent plus aujourd'hui que 10 % d'une population arabe prise au piège de l'Intifada et de l'occupation israélienne. Les autres ont eu le choix entre l'exil et la conversion à l'islam qui leur rendait une identité malmenée de toutes parts. Telle est l'une des réalités de ces Chrétiens en Terre Sainte dont les médias ne parlent que pour moquer leurs divisions et leurs querelles autour du Saint Sépulcre. Le mérite de Catherine Dupeyron est d'aller plus loin, de souligner qu'au-delà d'une diminution évidente de leur nombre, nous assistons à une redistribution des cartes. Tandis que disparaissent les Églises orientales, surgissent des mouvements évangélistes apocalyptiques venus chercher dans la vallée de Josaphat les signes des derniers temps... Tout cela éclaire un aspect intéressant d'une certaine politique américaine au Proche-Orient. Il n'y a pas de quoi être rassuré.
Le triomphe mérité du film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, a popularisé la quête mystique et fraternelle du prieuré trappiste Notre-Dame de l'Atlas. Donné envie, aussi, de mieux connaître ces moines qui avaient choisi de rester dans une Algérie déchirée au risque d'en mourir. Force est cependant d'admettre que les ouvrages remis en vente à cette occasion se révèlent décevants. Passion pour l'Algérie de l'Américain John Kiser a servi de référence durant le tournage. Cela s'admet si l'on considère le soin mis à retracer le parcours, le quotidien, les motivations, la vie des sept frères martyrs. Cette recherche est unique, énorme, précieuse. Mais Kiser est américain. Il pense, analyse, commente en Américain dont l'ignorance profonde, quasi-invincible des façons d'être et de l'histoire du reste du monde n'entame pas l'arrogance et la prétentieuse bonne conscience. Peu importe qu'il ne saisisse rien à ce que furent les rapports franco-algériens. Il s'est fait sa vision des événements, anticolonialiste et sereine. Il explique, péremptoire, que, face à un FLN bon et héroïque, l'armée française et l'OAS ont multiplié les crimes, avant de pousser leurs compatriotes à fuir le pays indépendant et fraternel qui allait naître. C'est odieux. Reste la possibilité de sauter les premiers chapitres. Si le coeur vous en dit.
L'Église en Algérie
Publié à l'origine sous le titre Une espérance à perte de vie, le reportage que Jean-Luc Barré consacra à l'été 1996 à l'état de l'Église en Algérie ressort sous le label Tibhirine. Or, il n'est presque jamais question des moines dans ce texte qui met en évidence les désillusions de prêtres, religieux, prélats jadis acquis à la cause FLN, par idéalisme chrétien sincère, semble-t-il, pour qui le réveil fut amer et sanglant. C'est finalement à un musulman, Kebir Ammi, que l'on doit le livre le plus fraternel, le plus consolant sur les relations entre les deux fois et les deux cultures. Sur les pas de saint Augustin est un périple attachant, d'un bord à l'autre de la Méditerranée, à la recherche de l'enfant de Thagaste, avec les Confessions pour guide. Écrit dans une langue délicieuse, ce texte donne l'indicible regret de ce qui aurait pu, de ce qui aurait dû être...
Anne Bernet L’ACTION FRANÇAISE 2000 – Du 17 mars au 6 avril 2011
✓ Claude Lorieux : Chrétiens d'Orient en terres d'islam, Perrin , 370 p., 21,19 €.
✓ Jean-Michel Cadiot : Les Chrétiens d'Orient, Salvator, 335 p., 22,50 €.
✓ Zabel Essayan : Dans les ruines, Phébus, 302 p., 23 €.
✓ Sébastien de Courtois : Périple en Turquie chrétienne, Presses de la Renaissance, 270 p., 18,50 €.
✓ Catherine Dupeyron : Chrétiens en Terre Sainte, Albin Michel, 285 p., 19 €.
✓ John Kiser : Passion pour l'Algérie, les moines de Tibhirine, Nouvelle Cité, 480 p., 24 €.
✓ Jean-Luc Barré : Tibhirine, une espérance à perte de vie, Fayard, 165 p., 12 €.
✓ Kebir Ammi : Sur les pas de saint Augustin, Presses de la Renaissance, 155 p., 8 €. -
Le 13 janvier, tous à Paris !
Le gouvernement actuel de Jean-Marc Ayrault veut actuellement faire accéder les couples homosexuels au mariage civil et à l'adoption, laissant la porte ouverte aux pires manipulations embryonnaires. Une telle loi mettrait en péril l'équilibre des Français de demain. Jamais, dans toute l'histoire de l'humanité, on ne s'était aventuré vers des utopies aussi délirantes. Purs objets de convoitise égoïste, les enfants deviendraient alors les malheureuses victimes des caprices humains. Mais la nature ne pourra que rappeler le fruit du plan divin : qu'on le veuille ou non, pour que naisse un enfant, il faut un homme et une femme. Jamais aucune loi ne changera cette irrémédiable réalité.Devant la tragédie qui se trame, nous devons employer tous les moyens pour interrompre un projet dont les auteurs paraissent aussi cyniques qu'inconscients. Dès l'été, nous avions invité les Français à défiler nombreux autour de nous dans les rues de Paris le 18 novembre. Ce premier rendez-vous fut un succès auquel les opposants n'ont cru pouvoir répondre que par une mascarade médiatique de quelques activistes provocatrices, dénudées et rémunérées.À la suite de notre appel estival, l'émotion des Français a suscité d'autres initiatives les 17 novembre et 8 décembre. L'unité nécessaire pour fédérer le plus grand nombre n'a pas été trouvée à ces dates. Aussi, ne désirant pas devenir devant l'histoire les auteurs de divisions stériles qui serviraient la triste cause d'une poignée d'homosexualistes et considérant la gravité des faits devant lesquels nous sommes confrontés, nous prenons l'initiative d'appeler à une large mobilisation en demandant aux Français de rejoindre les rangs de l'Institut Civitas dans les rues de Paris le 13 janvier, à l'occasion de la grande marche organisée contre ce projet de l'équipe Ayrault. Nous défilerons sans masquer notre identité ni honte pour notre foi chrétienne, forts de nos convictions, récusant tout esprit de haine pour notre prochain, mais réprouvant fermement les divagations d'un microcosme parisien. Pour notre part, nous ne quémandons aucune amélioration du PaCS. Nous ne perdrons pas non plus notre temps en tactique dilatoire qui consisterait à réclamer des états généraux ou un référendum. Nous irons droit au but en demandant au président de la République de retrouver le bon sens et de retirer le texte gouvernemental auquel lui-même ne semble pas croire.Ne nous méprenons pas. Le 13 janvier prochain, les journalistes acquis à la cause du projet de loi tenteront de faire diversion par quelque épiphénomène médiatique dont ils ont le secret, dans l'unique but de victimiser les promoteurs du mariage homosexuel. Nous leur répondrons par une mobilisation de masse qui fera inévitablement reculer le gouvernement.Alain Escada,président de Civitas http://www.civitas-institut.com/ -
Cet antichristianisme qui se développe en France
Le Colloque pour la Vie organisé à Biarritz il y a quelques jours par Mgr Aillet a connu un traitement assez similaire à celui de la manifestation du 18 novembre organisée par CIVITAS contre le projet de loi dénaturant le mariage et la parenté. Voilà qui n'est pas un détail et qui mériterait l'attention de tous les catholiques de France.
Dans les deux cas, ces événements ont fait l'objet de provocations haineuses de la part de milieux unis par un antichristianisme primaire et viscéral qui s'accompagne d'une volonté explicite de subvertir la famille et la moralité. « Aillet, occupe-toi de ton c… », « God save the gouine », « Oui, oui, oui, à la sodomie, non, non, non, à l’inquisition ! », tels étaient les slogans de Biarritz. Parmi les porteurs de cette dernière pancarte, des hommes travestis en religieuses et des femmes affublées de cornes de diable. De quoi nous rappeler l'attaque des FEMEN dénudées, coiffe de religieuse sur la tête et inscriptions pornographiques et blasphématoires sur le corps.
Le second point commun entre ces deux événements, c'est leur traitement médiatique. Dans les deux cas, les médias n'ont que peu évoqué la réussite de mobilisation de ces événements. Quasiment tous les gros médias ont préféré, dans un cas comme dans l'autre, insister essentiellement sur les contre-manifestations, faisant la part belle aux agitateurs.
Troisième point commun : les propos de parlementaires socialistes à l'égard de ces événements. A propos de ce colloque pour la Vie, le député PS présent, Sylviane Alaux, parlait à la presse « de provocation pure et simple ». De quoi ici aussi nous souvenir des propos insultants tenus par différents ministres et parlementaires socialistes à l'égard de la manifestation du 18 novembre et de ces 20.000 participants. Et, bien sûr, jamais la moindre condamnation des provocations antichrétiennes pourtant incontestables. On se souviendra pourtant que la même famille socialiste n'avait pas manqué de dénoncer les "provocations" lorsque l'actualité s'était arrêtée sur une obscure bande-annonce -circulant uniquement sur internet- d'un film se moquant de Mahomet ou sur une caricature blessante pour les musulmans publiée dans Charlie Hebdo. Le parti socialiste confirme ainsi ce que beaucoup savaient déjà : au nom de la laïcité républicaine, il s'émeut de toute "islamophobie" tout en applaudissant chaque démonstration de "christianophobie".
Pour les fondamentalistes de la laïcité, l'ennemi c'est le christianisme. Il est essentiel que chaque catholique en prenne conscience.
Alain Escada, président de CivitasLe "débat pour tous" selon Binet, rapporteur de la loi homosexualiste
Le candidat Hollande l'a promis : la « présidence normale » serait celle de l'écoute des citoyens, en rupture avec la présidence « brutale » de Sarkozy. Chose promise, chose due : dans le cadre des tables-rondes organisées sur le « mariage pour tous », Erwann Binet, député PS et rapporteur de la loi pro-homo qui se prépare, a décidé de consulter les différentes parties en toute objectivité. Jugez-en par vous même :
La première table-ronde a été celle des juristes. Un grand moment de débat démocratique : cinq juristes invités, cinq favorables au projet de loi gouvernemental (encore qu'au vu des positions de certains, il semblerait que le projet gouvernemental n'aille pas assez loin). Le Sieur Binet aurait eu du mal à trouver des juristes contre le projet de loi. Pourtant, seuls quelques... centaines de juristes ont signé l'appel pour le pluralisme à l'Assemblée Nationale sur le débat du mariage et de l'adoption pour tous[1]. Mais sans doute n'est-ce pas encore assez pour M. Binet ?
Ne soyons pas cyniques. Il n'y eut pas que la table ronde des juristes. La table ronde des sociologues garantissait en effet l'objectivité, puisqu'elle était composée de... Irène Théry, sociologue favorable au projet de loi, Martine Gross, présidente d'honneur de l'Association des Parents Gays et Lesbiens et Virginie Descouture, sociologue qui a notamment reproché au Gouvernement d'être incohérent en excluant la procréation médicalement assistée du débat.
Il fallut attendre la table ronde réunissant les « psys » pour avoir un semblant de débat. (Rassurons-nous cependant : les opposés au projet de loi était en légère minorité). Enfin, cerise sur le gâteau, M. Binet invita les associations françaises et européennes de lesbiennes, gays et autres trans-je-ne-sais-quoi. Les pauvres, peut-être n'ont-ils pas eu le temps de s'expliquer suffisamment ?
Face à ces débats (sic) on ne peut plus partiaux, les représentants des religions – connus pour leur opposition – ont eu droit à un peu de temps. Reconnaissons-le, la stratégie du Binet est habile : on invite ces représentants au nom de la DEMOCRATIE, et ce faisant on laisse supposer qu'il n'y a plus que les religions pour s'opposer au « mariage pour tous ».
Enfin, deux autres tables-rondes doivent encore être organisées : l'une – sur laquelle nous n'avons pas d'informations – est prévue le 13 décembre et réunira les philosophes et les ethnologues ; l'autre est annoncée pour le 20 décembre et permettra de finir en beauté. Le thème ? L'approche des familles homoparentales ! Au cas où nous n'aurions pas compris...
Quand on voit un tel programme et la composition de la plupart des tables-rondes, on a envie de penser : Staline l'a rêvé, Binet l'a fait !
Puisque le combat actuel contre l'homofolie se déroule dans le cadre constitutionnel du système démocratique, on aurait aimé que la procédure contradictoire fusse respectée jusqu'au bout. Ne soyons pas naïfs pour autant : les démocrates autoproclamés, férus de débats et de dialogues, sont souvent prompts à suspendre la règle du débat démocratique équilibré lorsque ses résultats ne leur conviennent plus. C'est pour eux un procédé Hollande, pardon... normal.
Henri Préhaut
Sources : www.lavie.fr - www.assemblee-nationale.fr - www.consultation-nationale.fr[1] Voir notamment le site : www.consultation-nationale.fr
-
Affaire Le Pen : il est désormais illégal de dénoncer des comportements illégaux
Le 10 décembre 2010, à Lyon, Marine Le Pen avait tenu les propos suivants, évoquant les prières de rue :
« Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c’est une occupation du territoire. C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation. Certes il n’y a pas de blindés, il n’y a pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants. »
Ce parallèle entre les prières de rue et l’Occupation allemande n’a pas plus à tout le monde. Suite au dépôt d’une plainte du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), le parquet de Lyon avait ouvert en janvier 2011 une enquête préliminaire pour « incitation à la haine raciale ».
Hier, le ministère de la Justice a transmis au Parlement européen une demande de levée de l’immunité parlementaire de Marine Le Pen. Procédure classique, à partir du moment où le parquet de Lyon avait ouvert une enquête sur ses propos.
Quoiqu’il en soit, l’affaire est délirante. Car enfin, l’Islam n’est pas une race : aussi bien l’accusation d’ »incitation à la haine raciale » n’a aucun sens. Par ailleurs, personne n’appelle à la haine des personnes. Marine le Pen est un homme politique, et elle soulève un problème politique : l’envahissement illégal de l’espace public par une communauté. Alors que ses détracteurs utilisent le levier affectif pour tenter de la culpabiliser, faut-il rappeler qu’en politique, il faut prendre de la hauteur et discerner à l’aune du bien public ? Désormais, comble du paradoxe, chacun saura qu’en France, pays prétendu de la liberté d’expression, l’on est susceptible d’être poursuivi en justice pour avoir dénoncé une action illégale…
-
Henri d’Orléans : « Il faut s’attendre à avoir un jour un Califat à Poitiers »
« Dans un billet intitulé « L’Islam et l’Islamisme », le Comte de Paris s’insurge contre la naïveté de certains à l’égard de l’islamisme. « Le respect ne doit pas pourtant nous empêcher d’être lucides. Il nous oblige à regarder aujourd’hui une autre réalité en face », écrit celui, qui descend pourtant de Mahomet.
Bien qu’il considère que « chaque religion a depuis ses origines généré ses extrêmes », il rappelle que « dans le Coran il y a un verset qui nous parle de « Dar al Islam » le pays des croyants et « Dar al Kurf » le pays des mécréants qu’il leur faudra un jour conquérir et convertir ». Et de poursuivre : « Alors que nous avons cru naïvement pouvoir aider l’islamisme modéré dans les guerres du printemps arabe, celles-ci ont donné partout naissance au pouvoir des islamistes extrémistes, car contrairement à l’islam, l’islamisme ne sera jamais modéré ». [...]«
Complément 1 : Relire
Jacques Ellul, 1989 : «Il faut vivre dans la lune pour croire que l’on pourra intégrer des musulmans »
Complément 2 : Alain Besançon : les musulmans « ne se fondent pas dans la population »
Extraits d’une interview d’Alain Besançon, agrégé d’histoire, docteur en histoire, membre de l’Institut, membre de l’Académie des sciences morales et politiques.L’histoire est quand même formelle : les populations musulmanes ne se fondent pas dans la population alentour. C’est un fait, un simple fait. Le 20e siècle a vu une purgation des zones mixtes. Par exemple, il y avait beaucoup de chrétiens en Turquie, en Égypte etc… Ils sont tous partis. Il y avait des musulmans en Grèce, dans les Balkans… Ils sont tous partis. Il y avait des Français en Afrique du Nord, ils sont tous partis…
En savoir plus ici