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social - Page 266

  • Le progressisme sociétale est au service des intérêts sociaux-économiques du Système !

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    Ex: http://www.autochtonisme.com

    On sait, depuis Gramsci, que tous les systèmes de domination reposent sur un pouvoir culturel. Le système de domination oligarchique, quant à lui, passe par une suprématie culturelle mais aussi par un suprémacisme sociétal, un suprémacisme qui s’affirme peu à peu dès 1789 et qui, aujourd’hui, n’est quasiment plus contesté, si ce n’est par quelques milieux réfractaires.

    Le processus d’hégémonie culturelle est quasiment arrivé à son point terminal : les individus fréquentent davantage les centres commerciaux que les églises, ils cherchent moins à préserver leur liberté que leur « pouvoir d’achat », ils se soucient de leur individualité mais pas de leur lignée, ils ont conscience de leurs intérêts mais ignorent leur communauté, ils croient être libres mais sont domestiqués. L’homme d’aujourd’hui  est laid (au propre comme au figuré), déstructuré, liquide, superficiel, ignorant, égoïste et moralement tout petit. Même son QI semble s’amenuiser d’année en année, c’est dire ! Cette réalité, à peine caricaturée, prouve que le Système maîtrise à son profit et depuis longtemps tous les outils qui lui permettent d’assurer son hégémonie culturelle (enseignement scolaire, intelligentsia, télévision, presse, production artistique, publicité…). Cela prouve aussi qu’il en use pour amoindrir l’humain, ce qui devrait enlever toute illusion à son sujet. 

    Il est évident que cette hégémonie culturelle sert les intérêts du Système. L’Eglise, l’idée nationale, la capacité à penser selon des valeurs constituent autant de frontières morales, physiques ou intellectuelles qui parasitent la relation à la marchandise, qui entravent la libre circulation des biens, des capitaux et des hommes, voire qui limitent la consommation des produits et détournent l’attention des préoccupations strictement matérielles et monnayables, seules légitimes. Un croyant, un patriote, ou un individu dépositaire de l’héritage d’une lignée, ne sera jamais pleinement un consommateur. Il y a quelque chose en lui qui échappe au Système, un quant-à-soi dangereux que celui-ci ne peut marchandiser et qui doit donc être détruit.

    L’hégémonie culturelle du Système transforme les individus en consommateurs accomplis. Plus rien ne subsiste en eux que le désir d’exister à travers les produits qu’ils achètent et l’argent qu’ils gagnent. Toutefois, pour avoir une efficacité maximum, cette hégémonie culturelle doit aussi devenir sociétale. Autrement dit, elle doit pénétrer les mœurs et dicter les relations entre les hommes.

    Prenons l’exemple des rôles sociaux masculins et féminins. Ces rôles sociaux, que l’on sait largement dictés par la nature, ont aussi une indéniable dimension culturelle (c’est pourquoi ces rôles peuvent varier d’une société à l’autre, voyez l’islam, sans qu’ils soient exactement les mêmes quelque part). On comprendra que du point de vue Système, cette différentiation des rôles sociaux entre les sexes constitue une perte importante d’énergie. Pourquoi les femmes resteraient-elles dans leur foyer pour éduquer leurs enfants ? Ne seraient-ils pas oligarchiquement plus rentable de les mettre à l’usine avec des salaires moindres (dans un premier temps et pour faire baisser le coût du travail) et de leur faire payer dans le même mouvement  l’éducation oligarchique de leurs enfants ? Et puis, ne pourrait-on pas rentabiliser la « maternité », en marchandisant la PMA et en industrialisant la GPA par exemple ? Pour arriver à ses fins, le Système va accoucher du féminisme. Il va « libérer » les femmes en prétextant leur donner le même rôle social qu’aux hommes. Il va en fait exploiter leur force de travail, en attendant d’exploiter leur ventre. L’émancipation des femmes signifie, comme l’immigration, l’augmentation du nombre de consommateurs et de producteurs sous-payés. Et cela est bon pour les affaires.  

    En fait, le Système conçoit l’organisation des populations humaines comme un éleveur de poulet conçoit son élevage en batterie. On sait que l’homogénéité est pour l’éleveur un facteur important de productivité. L’homogénéité de l’élevage permet d’assurer une meilleure gestion de l’alimentation, une meilleure évacuation des déjections, une stimulation lumineuse adaptée à tous les membres du groupe, une meilleure maîtrise de la concentration des animaux. L’homogénéité permet aussi d’endiguer le risque microbien, de standardiser le matériel de production ou d’envoyer à l’abattage tout le lot arrivé en même temps à maturité… Pour obtenir cette homogénéité, l’éleveur fait ce qu’on appelle un « calibrage » : en début de production, il pèse et isole les petits sujets afin que ceux-ci rattrapent leurs congénères par un meilleur accès à la mangeoire ou à l’abreuvoir. On peut renouveler l’opération si besoin est. L’objectif est d’obtenir à terme une homogénéité supérieure à 80%. La raison est triviale : gagner en productivité pour gagner plus d’argent.

    De la même manière, le Système a intérêt à ce que les citoyens soit à 80% « sans distinction » (Constitution), c’est-à-dire « calibrés ». Il pourra ainsi soumettre les individus aux mêmes hiérarchies. Il pourra les affecter aux mêmes fonctions. Il pourra les manipuler en usant des mêmes émotions. Il pourra les grouper, les organiser, les redistribuer selon ses besoins et sans se soucier des anciennes incompatibilités naturelles, culturelles ou géographiques, désormais effacées. En rendant homogène le cheptel humain, le Système n’a plus à tenir compte des origines, des races, des sexes, des religions, des comportements sexuels… Pour le système d’exploitation, le calibrage représente donc indéniablement un gain important d’énergie, aussi important sans doute que dans un élevage de poulets en batterie. Bien sûr, le calibrage des hommes est bien plus subtil et beaucoup plus long que celui des poulets. Le métissage est un bon moyen d’évoluer vers le standard, de même que la substitution du « genre » aux sexes ou la confusion entretenue des rôles sociaux masculins et féminins. Il sera profitable aussi qu’un nouvel ordre sexuel basé sur l’union inconstante et superficielle entre individus abstraits et plus ou moins asexués se substitue à l’ordre sexuel traditionnel fondé sur l’union d’un homme et d’une femme en vue de fonder une famille.

    Le progressisme sociétal (le féminisme, l’idéologie LGBT, l’antijaphétisme, le soutien aux minorités…) est donc un moyen du processus de calibrage de l’humain. Au nom de l’interchangeabilité planétaire et du calibrage institutionnalisé, il est important que tous les hommes soient passivement les clones d’un être qui ne serait plus vraiment Blanc ou Noir, homme ou femme, chrétien ou musulman, jeune ou vieux, hétérosexuel ou homosexuel… Le calibrage sociétal est la condition de la rentabilité maximum. Aussi faut-il que cesse le détournement inutile d’énergie au profit des appartenances traditionnelles : toute l’énergie humaine du cheptel doit bénéficier au système qui exploite le cheptel. Comprenez bien, au nom de l’efficacité du système d’exploitation, aucune fraction de cette énergie ne doit revenir inutilement au cheptel. La famille traditionnelle, l’ordre sexué, les traditions, les religions… sont des parasites du système d’exploitation, des parasites qu’il convient donc d’éradiquer. Le Système ne peut tolérer des mangeurs d’énergie qui accaparent en partie ce qui lui est du en totalité. Et peu importe que ce processus-Système de captation d’énergie, de vol !, transforme les peuples, vidés de leur âme, en troupeaux de zombies : c’est l’objectif de la manœuvre !

     En 1789, une classe de bourgeois et de marchands a pris le pouvoir. Cette classe oligarchique a taillé les institutions à sa mesure et depuis deux siècles n’a rien laissé au hasard pour perpétuer son emprise sur la société. Imaginer que des évolutions sociétales d’une importance historique inouïe, comme celles que nous vivons actuellement, puissent n’avoir pas été décidées et conduites par cette oligarchie relève, tant les faits sont évidents, d’un déni ridicule. Objectivement, ces évolutions sociétales servent les intérêts sociaux-économiques du régime oligarchique. Celui-ci a tout à craindre d’un peuple organisé et tout à profiter d’un agrégat sagement calibré.  

    Antonin Campana

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2019/01/21/le-progressisme-societal-est-au-service-des-interets-sociaux-6122567.html

  • Jérôme Rodrigues, le blessé de trop

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    La grave blessure à l’oeil de Jérôme Rodrigues, survenue à l’occasion de l’Acte 11 des gilets jaunes ce samedi à Paris, est-elle celle de trop ? Il est vrai qu’au fil des manifestations qui se succèdent depuis maintenant plusieurs semaines, le nombre des blessés graves, notamment de ceux qui risquent de demeurer, d’une façon ou d’une autre, handicapés à vie ne cesse d’augmenter. Et cette situation ne peut plus durer. Le tribut payé par nos concitoyens, au sein duquel il faut inclure les blessés parmi les forces de l’ordre, est en voie de devenir exorbitant et, en tout cas, largement disproportionné au regard des enjeux portés par un mouvement dont on sent bien aujourd’hui, qu’il perd tout sens de la mesure.

    Parti sur les bases de revendications citoyennes légitimes, le mouvement des gilets jaunes a d’abord reçu, dans la population, un large soutien. Nombreux étaient les Français qui, dans leur for intérieur, s’identifiaient à cette frange de la population qui n’en peut plus de travailler pour des salaires de misère. A ces retraités qui, ayant cotisé toute leur vie, voient leurs retraites fondre comme neige au soleil. A ces petits commerçants, artisans, agriculteurs qui n’arrivent pas à faire vivre leurs entreprises ou leurs exploitations, et qui, pour beaucoup d’entre-eux, n’arrivent pas à dégager un salaire décent de leur travail.

    Et puis, comme il fallait s’y attendre lorsqu’un conflit social s’enracine, est venu le temps de la violence. Chaque samedi qui passait, a vu les manifestations parisiennes ou provinciales se durcir. Les affrontements entre forces de l’ordre et manifestants dégénérer et provoquer de plus en plus de dégâts et de victimes. Bientôt, des dommages irréversibles pour le petit commerce se sont faits sentir, et la solidarité populaire n’a pas manqué de se distendre. Le gouvernement et le président de la République en tête, en répondant à minima aux revendications des gilets jaunes et en instaurant un « grand débat » de façade, n’ont pas manqué d’aggraver une situation déjà d’une exceptionnelle gravité.

    Plusieurs semaines après le début des manifestations, la situation semble donc bloquée. Macron et Philippe sont partis en campagne, tentant par quelques tours de passe-passe oratoires dont ils sont friands de recoller les morceaux d’une majorité partie en quenouille. Et les gilets jaunes, pris par leurs contradictions internes, sont en train de se diviser et de se déchirer pour savoir quels bénéfices chacun pourra tirer du désordre qui s’est emparé de notre pays depuis le 17 novembre dernier. Cela donne, pour certains d’entre eux, une liste putative aux prochaines élections européennes, et, pour d’autres, la poursuite d’un mouvement contestataire qui entend faire de la rue le seul argument qui vaille. Dans ce contexte pour le moins délétère et porteur de tous les dangers, la justice par la voix des magistrats du tribunal administratif de Paris, vient de rendre une décision importante. En refusant de statuer, pour des raisons de fond et de forme peu contestables il est vrai, sur la suspension de l’utilisation du LBD 40 lors des manifestations, la justice administrative ne manquera pas de conforter de nombreux Français dans l’idée qu’ils se font d’un pouvoir corrompu qui n’est désormais plus soutenu que par des institutions judiciaires et policières aux ordres. A cela est venu s’ajouter l’appel au soulèvement d’un Eric Drouet.

    Tous les ingrédients idéologiques et stratégiques sont maintenant réunis pour que notre pays sombre dans le chaos. La crise des gilets jaunes, simple mouvement social et populaire à l’origine, pourrait donc bien devenir l’élément déclencheur de ce « grand soir » attendu par beaucoup.

    Olivier Damien

    http://www.bvoltaire.fr/jerome-rodrigues-le-blesse-de-trop/

  • Le vrai mal : la République jacobine et oligarchique

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    Le mouvement des Gilets jaunes signe la déchéance représentative du pouvoir politique et, plus gravement, la faillite de nos institutions. Soubresauts violents et résignation contrainte se partagent le cœur des Français et des Gilets jaunes. 

    Les actes V, VI, VII, VIII et autres de la mobilisation des Gilets jaunes ont révélé un essoufflement incontestable du mouvement en même temps qu’un certain durcissement. Les annonces du président Macron ont relativement porté. La stratégie gouvernementale est parvenue à diviser le mouvement et à réduire le courant de sympathie dont il jouissait. Beaucoup de gens inclinent à croire que les mesures annoncées sont de peu de poids, n’auront aucune incidence positive réelle, et, de fait, seront annulées par d’autres initiatives gouvernementales, mais ils doutent que la prolongation du mouvement puisse avoir des retombées fastes et que l’exécutif puisse vraiment mettre en œuvre une politique alternative à celle qui a été la sienne jusqu’à présent. Les Français comprennent les Gilets jaunes, dont ils partagent les conditions de vie et les problèmes pécuniaires, mais ils ne croient pas que leur mouvement, prolongé sine die, puisse contribuer à améliorer leur quotidien. Et les Gilets jaunes eux-mêmes baignent dans cet état d’esprit. Devant les caméras, beaucoup d’entre eux, non convaincus par le discours présidentiel du 11 décembre dernier et par les vœux du 31 décembre, et déterminés à persévérer dans leur action, reprochent à Emmanuel Macron de rester muet sur les moyens de financement des mesures sociales qu’il vient d’annoncer et le soupçonnent, à terme, de vouloir “reprendre d’une main ce qu’il a accordé de l’autre”.

    Le fatalisme face à l’omnipotence du pouvoir économique et à l’impuissance du politique

    Les intéressés n’accordent donc aucune confiance au président de la République quant à l’application des mesures qu’il a énumérées. Et les Français en général partagent cette défiance.

    Fort bien. Mais une pleine et exacte compréhension du discrédit qui atteint ainsi le président, le gouvernement et la classe politique, exige l’élucidation de la nature profonde de cette défiance. En quoi consiste exactement cette dernière ? On peut l’entendre comme une accusation tacite contre ce « président des riches », qui applique une politique favorable aux détenteurs de capitaux et défavorable aux travailleurs, aux petits retraités et aux agriculteurs. Mais on peut également l’interpréter comme une absence de confiance en la capacité de l’État à pratiquer une politique qui ne répondrait pas aux exigences des « riches » et serait plus soucieuse des intérêts des salariés et des petits entrepreneurs. La défiance viserait alors surtout l’impuissance de l’État et du gouvernement – et, pour tout dire, l’impuissance du politique – face au pouvoir économique, qui est le vrai pouvoir, celui qui a la faculté d’imposer sa loi et la prévalence de ses intérêts ; et qui se trouve en mesure d’obliger les pouvoirs publics et toute la population à identifier ses intérêts propres à ceux de la nation… et aux intérêts mêmes des travailleurs, dont le sort dépend de la décision des capitalistes d’investir ou de ne pas le faire, de laisser vivre ou de fermer les entreprises, de maintenir l’emploi sur place ou de délocaliser. Ces deux manières de concevoir la défiance à l’égard de la politique économique et sociale de l’exécutif ne s’excluent d’ailleurs pas. Et les propos tenus par les Gilets jaunes eux-mêmes, et par les Français interrogés sur le mouvement et la situation actuelle, montrent que, dans la tête de la plupart des gens, elles vont de pair.

    Nos compatriotes inclinent à percevoir le président comme le représentant des maîtres du pouvoir économique, et ne pensent pas que, de toute façon, même s’il le désirait, ou même s’il était remplacé par quelque autre, il puisse mettre en œuvre une politique qui ne satisferait pas les intérêts des détenteurs de capitaux. Ils sont, au fond, pénétrés de cette conviction fataliste que la politique d’austérité est « la seule politique possible », comme disait Alain Juppé, au temps où il était Premier ministre, en 1995. À cette époque, les Français ne se résignaient pas à ce douloureux principe de réalité, et ils partaient en grève à la moindre annonce de réforme de la SNCF ou du régime des retraites. Puis, vaincus par le découragement et par l’expérience vécue de la dégradation continue de leurs conditions de vie, déçus par les mensonges et palinodies des partis (à commencer par le PS), ils ont accepté ce qu’ils refusaient quelque vingt ans plus tôt : la réforme du Code du Travail, la réforme de la SNCF, celle des études secondaires et de l’accès aux études supérieures, etc. Ils ont, certes, montré avec le mouvement des Gilets jaunes les limites de ce qu’ils pouvaient supporter. Mais ils sont néanmoins sans illusion. Et cela explique à la fois la résignation de ceux qui souhaitent un arrêt du mouvement, persuadés de l’inanité de la poursuite de cette action, et la détermination désespérée de ceux qui rechignent à lever le camp, refusant que tout continue comme avant. C’est la révolte de l’impuissance, de tous ceux qui sont écrasés par des forces économiques qui les asservissent, et qui ne voient pas comment s’en délivrer pour améliorer leur sort, et qui croient leurs dirigeants politiques aussi incapables qu’eux-mêmes de changer les choses (les socialistes, en 1981, disaient « changer la vie »), à supposer qu’ils en aient l’intention. Ce que révèle le mouvement des Gilets jaunes, c’est que les Français sont des victimes impuissantes, et qui croient leurs dirigeants eux aussi impuissants. Et ce ne sont pas les derniers événements qui vont infirmer ce jugement. Dernièrement, nous avons vu Ford refuser tout net le sauvetage de son usine de Blanquefort, malgré ses promesses, à la colère de notre ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui ne peut rien faire d’autre que se déclarer « indigné » et « écœuré », c’est-à-dire trépigner d’une rage impuissante. Certes, M. Le Maire, inspecteur des Finances, connaît très bien le monde de l’industrie et du business, et est donc peut-être moins surpris et indigné qu’il ne l’affirme. Mais cette hypothèse confirmerait alors l’idée d’une collusion entre le pouvoir politique et le pouvoir économique (nonobstant certains accrocs), et cela n’est pas fait pour réconcilier les Français avec leurs représentants et dirigeants.

    La nocive illusion référendaire

    Nos compatriotes sont si mécontents de ces derniers qu’ils demandent l’institution d’un référendum d’initiative citoyenne. Ce référendum pourra être législatif (un citoyen ou un groupe propose une loi, soumise au vote national en cas d’approbation préalable par 700 000 signataires), abrogatoire (suivant les mêmes conditions, pour faire abroger une loi), constituant (pour proposer une modification constitutionnelle) ou révocatoire (visant à démettre tout élu de son mandat).

    Ce type de référendum irait beaucoup plus loin que ceux, de nature comparable, existant en d’autres pays, où ils restent encadrés par de strictes conditions d’application. Les partis « extrêmes » (RN, LFI) s’y montrent favorables, ceux « de gouvernement » (LREM, LR, PS) ne le sont guère. Mais, de toute façon, on se demande à quoi cela avancerait. Les grands problèmes demeureraient dans toute leur acuité, et leurs solutions, quelles qu’elles fussent, impliqueraient des sacrifices dont le refus par une majorité d’électeurs se révélerait une source de paralysie et d’enlisement. M. Macron envisage une grande consultation nationale sous les deux formes de cahiers de doléances et de plateformes en ligne, destinés à recueillir les attentes des Français dans tous les domaines. L’idée est nocive : l’exemple des cahiers de doléances de 1789 montre que le pouvoir recourt à ce type de consultation quand il a échoué dans tous ses essais de réforme, qu’il ne sait plus que faire, qu’il se sent acculé au point de s’en remettre à l’expression des desiderata de ses administrés. Et alors ? Soit cela n’avance à rien, soit c’est la porte ouverte à l’irruption des revendications les plus disparates, les plus contradictoires et les plus irréalistes. De là à penser qu’une révolution (avec toutes ses convulsions et ses misères) puisse se produire, comme en 1789, il y a peut-être un pas, mais plus court qu’on pourrait le croire. Un pouvoir qui demande leurs doléances à ses administrés est un pouvoir qui abdique parce qu’il ne se sent plus maître de la situation, ne sait plus gouverner, et sent vaciller son autorité. Tel est le cas de notre pouvoir actuel, coincé entre ce qu’il estime sans doute être « la seule politique possible » (mondialiste, européenne et néolibérale) et la nécessité que Macron reconnaît, depuis les derniers événements de « prendre le pouls de la France », sans conviction, sans savoir où il va, et en essayant de faire baisser la température par des mesures économiques auxquelles il ne croit pas, qu’au fond il réprouve, et qui, de toute façon, ne résoudront rien… si elles n’ont pas un effet délétère.

    Un pouvoir qui a perdu toute légitimité représentative

    À l’évidence, un tel pouvoir ne peut plus prétendre représenter la nation. Souvenons-nous, d’ailleurs, que M. Macron n’est que l’élu des deux tiers de 43% d’électeurs inscrits, autrement dit d’une très étroite minorité. L’affaire des Gilets jaunes aura aggravé ce déficit de légitimité. Il est d’ailleurs inquiétant de songer à la possible influence de ce mouvement sur notre vie politique. À quoi ressemblerait une république des Gilets jaunes ? À une sorte d’anarchie, sans dirigeants, sans hiérarchie, sans représentants élus. Quelle peut être l’influence des Gilets jaunes sur les élections ? Une phénoménale abstention, ou des listes ou candidatures individuelles de Gilets jaunes absolument dissonantes. Cela promet.

    En définitive, ce mouvement aura surtout fait apparaître en pleine lumière, mais en filigrane, l’inanité, l’épuisement et la faillite finale de notre République d’inspiration jacobine. Il conviendrait de voir là l’occasion d’une refondation de notre modèle politique.     

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle 

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/01/20/le-vrai-mal-la-republique-jacobine-et-oligarchique-6122322.html

  • Sortie le 6 février d'un n° hors-série de Synthèse nationale destiné à être diffusé auprès des Gilets jaunes

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    Au-delà d’une simple jacquerie antifiscale, la révolte des Gilets jaunes marque le début de la prise de conscience par une partie grandissante de notre peule du fait que notre nation n’est plus maîtresse de son destin. Depuis des décennies les pouvoirs successifs ont bradé la France au profit du mondialisme et du libéralisme outrancier. Aujourd’hui, la coupe est pleine, le peuple en a assez, la révolte gronde, la révolution approche....

    Refuser l’enfumage du pseudo Grand débat est un acte civique. Dénoncer les mensonges des leurres du Système style Mélenchon est un devoir. Donner une consistance nationale et identitaire à l’engagement contestataire est indispensable.

    Synthèse nationale, fidèle à sa vocation d’aiguiller ses lecteurs, a donc décidé, en publiant ce numéro hors-série, de s’adresser directement aux Gilets jaunes afin de leur donner une véritable réflexion politique sur le combat courageux qu’ils mènent depuis le mois de novembre dernier.

    Lisez-le, diffusez-le, allez au-devant des Gilets jaunes, sur les ronds-points, dans les manifs ou ailleurs pour expliquer que leur combat est le même que celui que nous menons depuis toujours. Il faut une rupture totale avec le Système libéralo-mondialiste, il faut que la France retrouve sa liberté, sa prospérité et son identité. Tel est le message de ce n° hors-série de Synthèse nationale.

    120 pages,  l'exemplaire : 15 € (+ 5 € de port)

    Par 5 : 50 € (port offert), par 10 : 80 € (port offert)

    Sortie, le 6 février 2019

    Dans ce n°, vous retrouverez des articles de Emmanuel Albach, Serge Ayoub, Franck Buleux, Charles-Henri d’Elloy, Alain Escada, Georges Feltin-Tracol, Roland Hélie, Pieter Kerstens, Aristide Leucate, Olivier Pichon, Arnaud Raffard de Brienne, Philippe Randa, Jean-Claude Rolinat, Vincent Vauclin, de nombreux Gilets jaunes et de bien d’autres encore...

    Le commander en ligne : cliquez là

    Bulletin de commande : cliquez ici 

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/01/24/sortie-le-6-fevrier-d-un-n-hors-serie-de-synthese-nationale-6123465.html

  • GILETS JAUNES : UN EX DE LA DGSE DÉNONCE LA RÉPRESSION

  • Réinfo, magazine d'information du Parti de la France du 21 janvier 2019

    Réinfo, journal d’information bimensuel du Parti de la France, présenté par Sylvie Collet.

    AU SOMMAIRE DE CE NUMÉRO :

    • Le CICE rentable surtout pour les grands patrons : Destiné à toutes les entreprises qui emploient des salariés, ce crédit d'impôt devait les aider à embaucher et à investir. Nous verrons que cette usine à gaz n'a créé aucun emploi et a surtout bénéficié aux multinationales qui annoncent cette année des dividendes records, pour leurs actionnaires.  
    • Sécurité sociale nouvelle hausse. Le gouvernement veut faire des économies sur le dos de la santé et du porte-monnaie des Français. Alors que la demande du Sénat d'un rapport d'information sur l'étendue  d'une fraude à notre système de protection sociale, estimée en 2011 à 14 milliards d'euros par an, n'a pas été suivie par l'Assemblée nationale. 
    •Tout va bien, vous êtes en Macronie. Avec la suite du feuilleton Benalla, la loi Egalim face à un Conseil constitutionnel sous l'influence des lobbies industriels et le choix du gouvernement de faire appel à un cabinet d'avocats pour écrire l'exposé des motifs de sa loi sur les mobilités. 
    • FEAGA et FEADER escroquerie et loupé monumental.La PAC continue de creuser des inégalités entre agriculteurs favorisant les grandes exploitations et paupérisant les plus petites. On parlera également des dysfonctionnements de gestion des fonds, lié au logiciel imposé par l'Etat et qui va faire perdre aux territoires ruraux près de 700 millions d'euros. 
    Et pour finir, l’actualité du parti de la France et les prochains rendez-vous du mouvement
  • Tiens, on a retrouvé Édouard Philippe !

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    Édouard Philippe, vous connaissez ? Le Premier ministre, grand, barbu, celui qui ne voulait pas de « bololo » avant le 17 novembre ? Sur les ronds-points, dans les manifestations du samedi, vous avez beau demander, écouter, on ne connaît qu’un nom : « Macron ». Et un prénom : « démission ». On commence tout de même à en connaître un autre : Castaner. Et pour cause. Mais Édouard Philippe, non, pas vu, pas passé par ici.

    Et en effet, depuis un mois, le Premier ministre jouissait tranquillement de cette notoriété zéro. Rasage de murs. Matignon toutes lumières éteintes. Un Premier ministre fantôme. Surtout depuis qu’il avait ouvert la porte du jardin, un samedi soir, à un Benjamin Griveaux détalant devant un transpalette qui avait détruit sa maison de paille. On aurait sans doute fait de même. Histoire de ne pas insulter son avenir personnel. Histoire de ne pas perdre davantage de ce qui lui restait de cohérence alors que le Président détricote et rétropédale à tout-va. Il paraît que le 80 km/h était la limite à ne pas franchir, sinon Édouard quittait la bateau.

    Mais il a suffi que le Président semble reprendre la main, que les sondages virent tous au vert pour qu’Édouard Philippe réapparaisse sur les écrans. Il participait, vendredi soir, à un petit débat du grand débat national, à Sartrouville, dans les Yvelines, dans la circonscription de Yaël Braun-Pivet, cette députée LREM connue pour avoir sabordé la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur Alexandre Benalla en août 2018. Une émule de Jean-Paul Delevoye, quoi.

    Alors, des nouvelles du Premier ministre ? Eh bien, figurez-vous qu’il va très bien. Ni rhume ni grippe ni déprime hivernale. Il fera même plusieurs débats par semaine : « Dans des formats très différents, car il y a presque autant de formules que de débats : des petits, des grands, en ville ou à la campagne, avec ou sans la presse. Au moins deux à trois fois par semaine, plus si possible. »Quelle énergie ! On sent que sa cure de sommeil lui a été bénéfique.

    Et sinon, qu’a à nous dire le chef du gouvernement, l’homme censé « déterminer et conduire la politique de la nation » ?

    D’abord, un mea culpa de bon aloi. « Moi, j’ai jamais aucun problème à dire “Je me suis trompé”. »Sauf que rien ne sera dit sur les 80 km/h : à Sartrouville, visiblement, il n’y a pas de radars, pas de gendarmes qui verbalisent. Bizarre, on ne vit pas dans le même pays… Et qu’il défend sa suppression de l’ISF.

    Ensuite, une banalité qui ne mange pas de pain (ni de milliards) sur la fiscalité « trop complexe ».

    Enfin, une vraie conviction sur le RIC : « Si on fait ça, on rentre dans une mécanique qui est terrible, où on passe son temps à remettre en cause des choses (votées). » Pas faux. Mais pas inintéressant, non, de remettre en cause des choses votées ? C’est un peu ça, la démocratie, d’ailleurs. Et c’est ce qui est effectivement arrivé, sans RIC, à l’ISF depuis 1981 : voté, dévoté, revoté, etc.

    Mais, on l’a compris, l’important, c’est le débat, le petit, le grand, l’urbain, le rural, le débat trois fois par semaine, le débat jusqu’à plus soif. Jusqu’à plus de gilet jaune.

    « On a un débat bien français, passionné, parfois ça chauffe un peu, mais c’est comme ça, c’est normal. On est dans un pays où, un vendredi soir – à 11 heures moins le quart ! -, il y a des femmes, des hommes qui considèrent que c’est important de parler ensemble de ce qu’ils souhaitent pour leur pays. Rien que ça, ça devrait nous donner la pêche. »

    Il a de l’humour, Édouard Philippe : le bololo lui a redonné la pêche. Merci, les gilets jaunes ! D’ici qu’avec le RIC, ils aient maintenant envie de le « hérisser ». Mais à la sortie de la salle, des gilets jaunes l’attendaient en hurlant « Macron démission ». Ouf, le Premier ministre est soulagé : il peut continuer le débat. Et retourner s’enfermer dans sa maison de pierre pour l’acte XI.

    Pascal Célérier

    http://www.bvoltaire.fr/tiens-on-a-retrouve-edouard-philippe/

  • Macron, ou le retour de l’Inquisition : une étrange conception de la liberté d’opinion

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    Le macronisme est une religion, avec son dieu et ses grands prêtres. Pas question de s’opposer aux dogmes qu’ils ont définis ! Ainsi, le bureau du groupe LREM s’est réuni jeudi pour examiner le cas d’une élue de l’Oise, Agnès Thill, accusée de propos hérétiques. On se croirait revenu au temps de l’Inquisition.

    Que lui reproche-t-on ? Hostile à la PMA pour toutes, elle ne le cache pas. Elle avait déjà suscité l’ire d’une partie de ses collègues par des propos tenus sur Twitter : « Il y a un puissant lobby LGBT à l’Assemblée et l’Assemblée nationale n’est pas la France. » Aussitôt, les principaux dirigeants de son parti lui reprochent une « sémantique homophobe » et une « mise en cause insidieuse de certains [membres de la majorité] ». Haro sur l’hérétique !

    Contrainte de présenter ses excuses, elle continue, l’insolente, de dénoncer les pressions qu’elle subit : « Depuis que nous discutons de la PMA, quand je cherche à faire entendre ma voix sur ce sujet crucial et central de notre société, des collègues parlementaires, y compris ceux de notre groupe, […] m’ostracisent et m’attaquent régulièrement. » Ayant fait acte de contrition, elle pouvait être absoute.
    Mais voici qu’elle vient de récidiver. À l’occasion de la publication du rapport de la mission parlementaire sur la bioéthique, elle a déclaré que « l’absence de genre dans le mot parent favorise l’éclosion d’écoles coraniques ». Il n’en faut pas plus pour qu’elle soit accusée, non seulement d’homophobie, mais d’islamophobie, voire de xénophobie. L’élue rebelle déclare ne pas craindre une décision d’exclusion, car « on peut parler dans notre groupe » et elle compte continuer de défendre ses idées.

    Cette anecdote montre, s’il en était besoin, la conception que se font les cadres macroniens du dialogue, qui en dit long sur le grand débat qu’ils ont organisé. Vous avez le droit de prendre la parole et d’exprimer votre opinion si vous ne vous éloignez pas trop de la pensée normalisée. Au cours des débats de ces derniers jours, Macron est revenu, à plusieurs reprises, sur la nécessité d’être bien informé pour émettre une opinion éclairée, ce qui peut se défendre si l’on estime que le dialogue et la confrontation d’idées permettent d’approcher la vérité ou de trouver un consensus.
    Encore faut-il que les sources d’information soient variées et que l’esprit critique ne s’exerce pas à sens unique. Mais notre Président considère implicitement qu’il fait partie de ceux qui savent, sont bien informés, d’où sa dénonciation des « fausses nouvelles » qui se développent sur Internet et les réseaux sociaux, étant bien entendu que lui et son clergé ne propagent que la vérité. Il a même recommandé une « hygiène démocratique du statut de l’information ». Autrement dit, si vous pensez mal, il faut vous soigner.

    Macron devrait relire l’œuvre de Soljenitsyne ou, à défaut, 1984 de George Orwell. Il comprendrait que la police de la pensée, les camps de rééducation, le contrôle de l’information sont les procédés habituels des États totalitaires. Dans sa façon de débattre avec ses interlocuteurs, il ne peut dissimuler un sentiment de supériorité. C’est un zélateur infatigable de sa propre religion.

    Lui et sa majorité, son grand prêtre Benjamin Griveaux et sa grande prêtresse Marlène Schiappa veulent faire croire qu’ils sont à l’écoute des Français alors qu’ils sont prêts à excommunier tous les dissidents. Pour eux, le dialogue ne peut se concevoir qu’à l’intérieur de la pensée unique. Toute entorse à cette règle doit être réprimée.

    Philippe Kerlouan

    http://www.bvoltaire.fr/macron-ou-le-retour-de-linquisition-une-etrange-conception-de-la-liberte-dopinion/

  • Point de vue : Le grand débat peut-il permettre une sortie de crise ?

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    Au moment où les débats se multiplient sur le territoire, le sociologue et philosophe Bruno Latour* salue cette chance d’amorcer ensemble la transition de nos modes de vie. Mais il insiste sur la nécessité de décrire, au préalable et avec précision, tout ce dont nous dépendons au quotidien, à l’instar des Français en 1789.

    Bruno Latour : Le grand débat une occasion qu’il serait idiot de ne pas saisir. Mais pour que cette consultation contribue à refonder notre vie politique, il faut éviter d’en faire un super-sondage ou une boîte à idées. Car dans les deux cas, on part d’une idée fausse : les Français connaissent la situation dans laquelle ils se trouvent. La réalité est tout inverse : quarante ans de néolibéralisme et de mondialisation nous ont rendus incapables de savoir de quoi et de qui nous dépendons au quotidien. Nous ne percevons plus qu’une toute petite partie de la chaîne de dépendances dans laquelle s’inscrivent nos existences. En ce sens, il s’agit bien, comme à la veille de la Révolution française mais différemment, d’une crise de subsistance. Les Français ne meurent plus de faim mais ils échouent à saisir ce qui leur permet de subsister.

    Autre particularité du moment, cette ignorance n’est pas propre au peuple, elle est même aujourd’hui la chose la mieux partagée. Au sommet de l’État comme dans le monde des experts, per- sonne ne sait quelles réformes mener face à la gravité de la situation climatique. Là réside le vertige de notre époque. Cela peut devenir une chance si, au lieu de nous exprimer sur le mode « moi, je pense que », nous acceptons de répondre d’abord à cette question : de quoi dépendons-nous pour subsister ?

    En quoi notre appartenance à un territoire est-elle devenue centrale ?

    L’histoire du Brexit en est l’illustration parfaite. Il a fallu deux ans pour que ceux qui l’ont voté pour des raisons d’identité et ce qu’ils pensaient être un positionnement politique prennent conscience de leur appartenance réelle à l’Europe. Ils ont compris que les. droits sociaux garantis par l’Union étaientplus protecteurs que ceux promis par le parti pro-Brexit. En fait, ils ont compris que leur territoire, c’est-à-dire l’ensemble de leursonditions réelles de subsistance, était européen. Cette histoire en somme confirme à quel point nous sommes aujourd’hui coupés de nos véritables dépendances, et donc de nos véritables intérêts.

    Pour les connaître, il faut donc effectuer un travail qui consisteà lister ce qui nous permet de subsister, ce dont on dépend etce qu’on veut protéger, avec et contre d’autres. Et cette enquête est d’autant plus difficile que la crise environnementale implique d’inclure désormais dans cette liste l’état des sols, le climat... C’est une tâche ardue, voire douloureuse. Mais c’est l’équipement minimal dont nous avons besoin pour débattre réellement : la description de nos conditions de subsistance. Et le prix pour retrouver enfin une parole politique.

    Les gilets jaunes ne représentent-ils pas une prise de parole politique 

    Il faut mesurer combien la dépolitisation dans notre pays est ancienne, et à présent presque complète. Qu’est-ce qu’une parole politique ? Un essai de composer entre des intérêts divergents. Ce qui suppose une adresse d’une personne à une autre et implique la contradiction. Par définition, la parole politique n’est pas anonyme, elle ne se résume pas à un clic. Pour prendre conscience de sa quasi-disparition, il suit de s’interroger : quand avons-nous parlé de politique avec des per- sonnes dont les opinions sont contraires aux nôtres ? En général, nous peinons à trouver une date...

    Dans ce contexte, que représente le mouvement des gilets jaunes? L’impasse dans laquelle nous nous trouvons, qui consiste à appeler à un changement de régime sans connaître précisément nos dépendances.  La généralité comme l’errance des revendications le montrent chaque jour : la in du capitalisme pour les uns, la sauvegarde de la planète pour les autres, en passant par la fin des impôts ou le mot d’ordre « Macron démission »... À défaut de politique, ces plaintes produisent une sorte d’hystérie autour de la transformation totale du système, amplifiée bien sûr par les réseaux sociaux. En exprimant leur opinion sur le Web, certains croient ainsi faire de la politique alors qu’ils s’adressent, de manière anonyme, à la cantonade. Pire, ils pensent trouver là un lieu d’expression, libre et sans médiation, alors qu’une simple modification de l’algorithme de Facebook peut changer les cohésions des groupes. En 1789, le notable le plus borné ne possédait pas ce pouvoir de modifier l’opinion de millions de Français !

    Pour renouer avec la politique, vous avez proposé, bienavant cette crise, l’écriture de nouveaux cahiers de doléances. En quoi permettraient-ils une autre forme de débat national ?

    En1789, dans 60 000 cahiers de doléances, les Français ont décrit tout ce qu’ils subissaient au quotidien et ont proposé des remèdes à ces multiples jougs. C’est d’ailleurs par cet effort de description que la nation a pris conscience d’elle-même. Les Français de la fin du XVIIIe siècle ont mis six mois à effectuer cette tâche, sans Internet et parfois même sans la maîtrise de la langue écrite. Passer de l’expression de plaintes et d’opinions à une telle description, c’est l’exercice que nous avons proposé lors de différents ateliers en France : « Arrêtez de nous parler du capitalisme, de l’État, et parlez-nous de ce que vous vivez, dites-nous de qui vous dépendez pour votre subsistance, sur qui vous pouvez compter... » À chaque fois, nous avons été saisis par la rapidité avec laquelle évolue une assemblée réunie de manière artificielle dès qu’elle se plie à cet exercice.

    Très vite, des alliés et des ennemis se découvrent, se disputent, des alliances se créent. Si l’expérience se poursuivait à l’échelle nationale, des groupes se forme- raient autour d’un même enjeu, comme le maintien des liaisons ferroviaires par exemple. Peu à peu, ils réuniraient des personnes situées dans des départements voire des pays différents et sou- mettraient des propositions aux représentants de l’État pour qu’ils les mettent en œuvre. Et progressivement, c’est toute une société civile qui se mettrait à nouveau à faire de la politique et inventerait, en tâtonnant, la transition vers un autre mode vie.

    (*) Bruno Latour est sociologue et philosophe

    Recueilli par Béatrice Bouniol  pour La Croix 25/01/2019

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/01/25/le-grand-debat-peut-il-permettre-une-sortie-de-crise-6123584.html

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