Si j’osais ma chérie, je te demanderai si tu sais combien ça coûte de tirer un coup…

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Si j’osais ma chérie, je te demanderai si tu sais combien ça coûte de tirer un coup…
Comment pourrions-nous appeler cette nouvelle saga qui se déroule devant nos yeux depuis le 17 novembre, cette espèce de roman-feuilleton qui n’en finit pas de nous apporter son lot de rebondissements et de nouveaux personnages ? Castaner, jamais à court de nouvelles hyperboles et d’expressions tout droit sorties des années 30, vient de nous exhumer « les brutes ». On est bien d’accord qu’il n’y a pas que de doux poètes qui viennent déambuler le samedi après-midi « dans nos villes de grande solitude », comme chantait Sardou. Mais là, faut reconnaître qu’il s’est surpassé, notre ministre de l’Intérieur.
Jusqu’à présent, on diabolisait : les chemises brunes, les factieux, les séditieux, etc. D’ailleurs, la délicieuse Marguerite l’avait bien compris en chantant, en début d’année, Les gentils, les méchants! Avec la brute, on passe sur un autre registre. On monte en gamme. On exclut de l’espèce humaine. Carrément. Étymologiquement, la brute est un animal dans ce qu’il a de plus bas. Il fallait y penser. Mais il se peut aussi que Christophe Castaner ne connaisse pas tout le sens des mots. Donc, avec cette nouvelle contribution castaneriesque (certains disent castanérienne), notre saga, dite des gilets jaunes – car, vous l’avez compris, c’est de cela qu’il s’agit –, pourrait s’intituler Le bon, la brute et le truand. Une idée comme une autre. La brute, c’est le gilet jaune, évidemment, le bon, c’est Emmanuel Macron, re-évidemment. Problème pour le truand : j’hésite, d’autant que je n’ai pas eu encore le temps d’aller voir le dernier Vidocq.
Et puis, en ce début de semaine, est apparue la lumineuse Laetitia Casta qui vient de donner une interview dans le magazine Grazia. Elle y rappelle que, dès le début du mouvement, elle a pris partie pour le mouvement des gilets jaunes. En décembre, elle déclarait déjà dans Libération : « Les gilets jaunes, c’est ce qu’on est nous… C’est les miens, c’est moi avant… Les ronds-points, je viens de là. » Façon de parler pour la dernière phrase, vu qu’elle n’a pas dû faire souvent le pied de grue sur un rond-point, cet ange venu tout droit de l’île de Beauté. Mais elle ajoutait, sans tomber dans Cosette : « J’ai vu mes parents galérer, je suis fière de ce qu’ils ont fait et de la façon dont ils nous ont éduqués mais ce n’était pas facile tous les jours. » Et donc, aujourd’hui, elle réitère son soutien dans le très chic magazine Grazia. « Beaucoup se sont demandé pourquoi, avec le train de vue d’une actrice, mannequin… Je me suis simplement souvenue d’où je venais. » On se souvient de ce dialogue dans le Finistère entre un petit retraité de 73 ans et Édouard Philippe. Le premier évoquait ses 700 euros de retraite, le second la série de débats (« …et ça sera extraordinaire ! ») : surréaliste. Pourtant, Édouard Philippe, qui est un homme intelligent, doit savoir d’où il vient, lui qui est petit-fils de docker. On rétorquera que l’exercice du pouvoir ne permet pas la compassion et que la belle actrice a beau jeu de prendre parti pour les gilets jaunes : elle ne risque pas de se faire agonir comme le très atrabilaire François Berléand qui, il est vrai, a beaucoup moins de charme que l’ancienne bicycliste bleue.
Il n’empêche que la prise de position de celle qui offrit naguère son profil de déesse méditerranéenne à Marianne donne, sans doute, un peu de baume au cœur, notamment aux femmes des ronds-points à qui l’ancien mannequin rend hommage avec tendresse. Dans ce monde de brutes, comme dirait Castaner, un peu de tendresse ne fait pas de mal. Et cette saga, du coup, comment pourrions-nous donc l’intituler ? Tiens, La Belle et la Bête. La Belle est toute trouvée. La Bête, je vous laisse chercher.
Loup Mautin est père de famille et agriculteur dans le Perche. Il exerce son activité dans les domaines de la polyculture et de l’élevage depuis 22 ans. Au sein du Rassemblement national, il a lancé le forum Terres de France en novembre 2018. Le journal Présent l’a rencontré à l’occasion du 56e Salon International de l’Agriculture qui a fermé ses portes ce dimanche.
— Que vous inspire cette vitrine du monde agricole qu’est le Salon de l’agriculture ?
— Comme toujours, ce salon est une réussite. La grande vitrine des campagnes de France s’offre au monde entier comme un instrument diplomatique et commercial de premier plan. C’est le salon de l’excellence française et quelque part aussi celui de la fierté française, de la fierté de nos productions et de nos terroirs. Ce sont les produits de siècles de labeur dont les façons ont produit les fruits les plus savoureux.
— Pourtant le monde agricole souffre et la réalité est parfois difficile ?
— La vitrine est un peu trop belle quand on connaît la vraie vie des campagnes, quand on côtoie la misère du bout des chemins ou que l’on partage le quotidien du fin fond du bocage. C’est pourtant une bonne chose qu’une fois par an, la plus grande ferme de France se mette sur son 31 pour montrer le meilleur d’elle-même parce qu’elle sait que les Français l’attendent, que le monde entier la regarde. Il n’y a jamais eu un tel attachement pour le monde agricole. Les citadins sont fiers de leurs terroirs et de leurs paysans. Et c’est bien là le paradoxe car dans l’arrière-boutique, la réalité est très différente.
La dérégulation en cours actuellement favorise les ambitions affichées des Etats-Unis, du Brésil et de la Chine qui ont la capacité de pratiquer des prix issus d’un dumping social ou environnemental sur lequel il est impossible de nous aligner. C’est la raison pour laquelle notre agriculture est grandement fragilisée, y compris vis-à-vis de certains pays au sein même de l’UE en raison de l’absence d’harmonisation fiscale et sociale, et de charges salariales plus élevées en France. De plus, le démantèlement de la Politique Agricole Commune en cours actuellement, a largement fragilisé la position des agriculteurs français et européens par une exposition plus forte à la volatilité des prix.
En conséquence de quoi, le monde rural souffre et nos agriculteurs n’arrivent plus à vivre de leur travail. Personne n’ignore le drame des suicides (un tous les deux jours en France) et la misère des revenus toutes filières confondues. Nous avons le sentiment d’être la variable d’ajustement de choix politiques dont le pouvoir n’a plus les moyens.
— Cette réalité de la mondialisation, comment se manifeste-t-elle dans votre profession ?
— Les défis des prochaines années sont colossaux. En 2050, il y aura 10 milliards de bouches à nourrir et notre agriculture est grisonnante. Certains l’ont bien compris, ce qui attise d’ores et déjà les convoitises. Un immense mouvement de financiarisation du foncier est à l’œuvre : 40% de nos terres agricoles sont détenues par le biais de sociétés par actions, contre 10% il y a seulement une dizaine d’années. Les Chinois (20% de la population mondiale pour 10% des terres arables) s’intéressent de plus en plus à nos exploitations agricoles. Des milliers d’hectares leur ont été vendus. L’envol du prix des terres rend de plus en plus difficile l’installation des jeunes agriculteurs qui ne peuvent soutenir la concurrence. Dans ce domaine, un protectionnisme ciblé est vital. L’alimentation est trop stratégique pour répondre aux règles classiques du libre-échange. C’est notre souveraineté et notre sécurité alimentaires qui sont en jeu.
D’autre part, d’ici dix ans, la moitié des agriculteurs cesseront leur activité et un exploitant sur deux ne sera pas remplacé. Qu’allons-nous transmettre ? Que deviendra le modèle d’agriculture familial français qui a façonné le monde rural ? Nos savoir-faire ? Nos traditions ? Ce patrimoine a besoin d’être protégé.
— Mais l’agriculture française possède déjà de nombreuses marques et appellations reconnues ?
— Nos produits sont d’une qualité exceptionnelle. Malheureusement, les produits importés en vertu des accords de libre-échange signés avec la terre entière par l’UE inondent nos marchés et font chuter les cours. De surcroît, nos concurrents ne respectent pas les normes sanitaires et environnementales que nous nous imposons. C’est une distorsion de concurrence déloyale très préjudiciable aux producteurs que nous sommes et c’est un danger pour le consommateur dont la sécurité alimentaire peut être menacée.
— Comment notre modèle agricole pourrait survivre dans ces conditions ?
— Si rien n’est fait, ce modèle mourra et le productivisme produira son œuvre de destruction et de déracinement. Il faudrait réduire le déséquilibre entre un amont atomisé, avec des centaines de milliers d’agriculteurs, des dizaines de milliers de PME de l’agro-alimentaire, et un aval extrêmement concentré, avec cinq centrales d’achats qui tiennent la distribution. Ce rapport de force doit être corrigé. Il faudrait pouvoir revenir à des choses simples qui étaient saines. Le plus simple doit être de faire ses courses chez les commerçants de proximité, de son village. Le plus simple, ce doit être de pouvoir habiter où l’on a ses racines, sa famille, ses engagements de vie. C’est la clé de la revitalisation de nos territoires ruraux. Le localisme est la réponse appropriée au nomadisme forcé induit par les règles européennes de libre circulation et de libre-échange.
— Que propose le RN sur ces sujets dans son programme pour les européennes ?
— Il faut avant tout extraire l’agriculture des traités de libre-échange qui mettent en péril notre sécurité alimentaire, sanitaire et menacent notre modèle agricole. Nous préconisons l’exception agri-culturelle. Le RN souhaite mettre en place un patriotisme économique qui privilégiera la consommation de nos propres produits dans la commande publique. La consommation locale doit devenir la norme et l’importation, l’exception. La traçabilité doit être améliorée afin que chaque Français sache ce qu’il consomme réellement dans son assiette.
Le localisme doit permettre de restructurer nos filières et d’assurer la sécurité alimentaire de nos compatriotes tout en préservant l’environnement dont la circulation anarchique des biens et des personnes est devenue le principal destructeur. Enfin, mettre en place les conditions fiscales et législatives qui faciliteront la reprise et l’installation des jeunes générations d’agriculteurs.
— Peut-on envisager une France sans paysans ?
— Le monde rural est l’âme de notre pays. Il l’a façonné. Nous y avons tous des racines et nous en vivons quotidiennement, que nous le voulions ou non. La défense de l’agriculture et du monde rural devrait être le socle du redressement de notre pays. C’est la raison pour laquelle la politique agricole a absolument besoin d’être sanctuarisée et préservée.
Notre métier ne devrait pas être considéré uniquement sous l’angle économique. Paysan, c’est bien plus que cela. C’est une passion et la vérité, c’est qu’il faut de l’amour pour élever des veaux ou faire pousser des betteraves. Le monde agricole est dur au mal et nous sommes plutôt des taiseux. Nous partageons dans la discrétion l’effort du quotidien, le rythme des saisons et des aléas climatiques. Notre emploi du temps est tout fait. C’est le travail qui commande, le temps qui décide et en fin de compte, la nature qui l’emporte toujours. Il en est bien ainsi… préservons-le pour les générations futures et le bien de tous !
Propos recueillis par Hélène Rochefort
Article paru dans Présent daté du 4 mars 2019
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L’actualité en bref
Pour la première fois, le 16e samedi de l'atypique et anarchique mobilisation des gilets jaunes s'est déroulé pratiquement sans violence. Atteignant une sorte de vitesse de croisière, avec 4 000 participants à Paris, quelque 39 000 sur toute la France il conduit Mediapart[1] à parler d'essoufflement. Tous les comptages venant des sources officielles, on comparera les derniers aux 282 000 personnes du 17 novembre et aux 46 000 du samedi précédent 23 février.
Les partisans de cette révolte placent désormais leurs espoirs dans le prochain rendez-vous programmé pour le 16 mars, soit au lendemain de la clôture officielle du grand débat national.
Paradoxalement cela pourrait sembler promettre à cette protestation, inorganisée et contradictoire, qui dure depuis novembre, une sorte d'essor printanier. L'évolution vers une sorte normalité, les défilés et rassemblements étant légalement déclarés, le scandale des casseurs en liberté étant écartés, au moins provisoirement, on va pouvoir s'interroger enfin sur les vraies questions qu'elle pose, ou qu'elle aurait dû poser, depuis le début.
Le paradoxe et la contradiction résident dans deux types de revendications concrètes.
La première, d'ordre fiscal, portait au départ sur la diminution de la taxation énergétique, devenue insupportable pour ceux qui ne disposent pas d'une alternative à l'automobile ; l'influence de la gauche et de la démagogie marxisante ordinaire ont amené à considérer comme représentative de la justice fiscale le rétablissement cet ISF, auquel tous les pays européens ont renoncé et dont la menace elle-même, avec tout ce qu'elle représente, sert de puissante incitation à l'émigration : celle des actifs, et pas seulement celle des investisseurs ; celle des créateurs de valeur ajoutée, et pas seulement celle des diplômés de l'enseignement supérieur.
Céder sur ce point, ce que l'on peut hélas craindre dans le contexte de la campagne électorale européenne, où le pouvoir s'est engouffré sans le dire explicitement, reviendrait à faire encore plus reculer le pays.
La seconde idée mise en avant, depuis décembre[2], par les protestataires appelle sans doute, au départ, une réponse moins univoque : celle du référendum d'initiative citoyenne.
Il s'agit en l'occurrence d'instituer, ou de remettre à plus tard, un mode de décision dont la Constitution reconnaît, depuis peu, le principe, au nom de la souveraineté du peuple, mais que les modalités prévues rendent pratiquement impossible.
Ainsi la réforme de l'article 11 n'a-t-il ouvert la voie qu'à un recours à l'opinion s'appuyant sur un groupe substantiel de parlementaires, alors que le mouvement des gilets jaunes et la plupart de ceux qui soutiennent l'introduction de la démocratie directe en France conçoivent celle-ci comme destinée à balayer le pouvoir des élus.
Une conférence donnée par le professeur François Garçon le 27 février permettait de clarifier le sujet en expliquant le fonctionnement de la démocratie référendaire en Suisse, pays de référence du sujet[3].
Or le premier point sur lequel insista le conférencier soulignait la première condition de l'existence de la démocratie directe en Suisse : la prééminence d'une très vigoureuse démocratie représentative aussi bien au niveau fédéral qu'au niveau cantonal et au niveau municipal. Le référendum sert de garde-fou et de complément aux divers aspects de la législation.
Deuxième point : les modalités pratiques écartent les courants d'opinion soudains et irréfléchis, comme celui qui assure la popularité actuelle de l'idée d'un rétablissement de l'ISF, le délai d'initiative et de votation, 18 mois d'une pétition rassemblant 100 000 signatures, plus 3 ans d'organisation, mais aussi la multiplication et la régularité des questions soumises à votation quatre fois par an, ce qui corrige la tendance plébiscitaire de la question unique qui consiste à censurer le pouvoir sans s'intéresser vraiment à ce qui est demandé.
Exposé de façon claire, détaillé, sur un mode pince-sans-rire d'autant plus agréable, cet exposé avait tout pour séduire le public intelligent de l'ALEPS[4], dans le cadre de laquelle il était développé ce soir-là.
On retomba sur terre, hélas, avec la conclusion d la réunion. L'un des organisateurs, certainement de bonne foi, demanda en effet à l'auditoire de répondre par oui ou par non, à main levée, à une seule question, et immédiatement : voulez-vous instituer en France le référendum d'initiative citoyenne.
C’est-à-dire exactement le contraire des modalités et des garde-fous du système suisse.
Tout en souhaitant lui-même l'instauration de quelque chose d'analogue, l'auteur de ces lignes avoue ici être sorti de cette réunion en méditant la fameuse réponse d'Aristote à celui qui lui demandait de se prononcer pour la meilleure des constitutions, parmi les 158 traités qu'il avait étudiés : "dis-moi d'abord pour quel peuple et pour quelle époque".
Les conditions de la démocratie directe supposent encore une longue route à parcourir en France, en commençant par celle de la démocratie tout court.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] cf. "Mobilisation en baisse pour l’acte XVI des gilets jaunes"
[2] cf. "Gilets jaunes. Beaucoup de banderoles avec la mention RIC: c'est quoi le référendum d'initiative citoyenne ?"
[3] cf. son dernier livre Le génie des Suisses ed. Tallandier 2018
[4] ALEPS : Association pour la liberté et le progrès social.
L’acteur de confession juive Gérard Darmon se désole qu’on ne parle plus aujourd’hui des revendications des Gilets Jaunes mais d’antisémitisme, et traite l’humoriste Franck Dubosc de «bouffon» pour avoir soutenu les Gilets Jaunes et les avoir lâchés 2 jours après.
– RMC, 19 février 2019, 11h15
Pour la seizième semaine d'affilée, les Gilets jaunes vont investir les rues de la capitale et de nombreuses villes de province. Cet acte 16 doit être le premier d'un mois de mars qu'ils espèrent être celui du regain de mobilisation.
Selon le ministère de l'Intérieur, 5 600 personnes manifestaient en France à 14h, dont 1320 à Paris.
A Bordeaux, des Gilets jaunes envahissent la gare SNCF, selon la journaliste Stéphanie Roy.
Fuyant la «censure» de Facebook, les Gilets jaunes «déménagent» peu à peu sur le réseau social russe VKontakte. Sputnik s’est entretenu avec l’animateur de l’un de leurs groupes pour élucider ce phénomène.
Depuis peu sur VKontakte (VK), des groupes de Gilets jaunes comptent chacun sur le réseau social russe plus d’un millier d’adhérents. Le plus nombreux d’entre eux, qui s’appelle Info blocage Gilets jaunes, a déjà franchi le seuil des 2.500 membres. Tout comme sur Facebook, ces pages contiennent des informations sur les blocages, ainsi que des vidéos et des images réalisées lors des manifestations dans les villes françaises. La majorité des publications sont en français.
Ayant découvert ce phénomène, Sputnik a sollicité l’animateur de l’un de ces groupes afin de lui demander pourquoi de plus en plus de Gilets jaunes se mobilisent sur VK. Préférant garder son anonymat, il explique que c’est à cause d’une «énorme censure» sur Facebook que de nombreux manifestants préfèrent son alternative russe.
«Facebook a servi de vecteur au début du mouvement et beaucoup de Gilets jaunes y sont encore. Mais une énorme censure existe dès que l’on va de groupe en groupe pour se rassembler», précise-t-il.
Il raconte avoir personnellement fait face à une «grosse censure». Privé à plusieurs reprises de l’accès aux groupes Facebook pour des périodes de plusieurs jours, il a finalement été complètement banni sous prétexte que le «robot détecte anomalies».
«J’ai encore ouvert un autre compte, toujours sur Facebook […] et j’ai recréé un groupe, j’avais plus de 1.500 contacts et de nouveau des censures à répétition, des images supprimées sans aucune raison, jamais d’insulte et finalement compte accès bloqué sauf si je peux reconnaitre [un certain nombre, ndlr] d’amis alors qu’il ne s’agit que de contacts», s’indigne-t-il.
Il a alors décidé de créer un groupe sur VK, plateforme qu’il qualifie d’«espace de liberté», afin de «s’organiser».
«Je travaille à essayer de participer à l’organisation au niveau national en proposant un organigramme du mouvement avec sections de base jusqu’à la direction nationale», ajoute-t-il.
Interrogé sur les allégations du gouvernement français qui accuse les médias russes, dont Sputnik, d’ingérence dans les affaires intérieures françaises, ce Gilet jaune indique que ces déclarations sont «sans fondement».
«Le gouvernement est tellement aux abois qu’il accuserait mon chien d’encourager les Gilets jaunes. Oui, ils peuvent raconter sans fondement que la Russie est derrière, mais on sait bien que non, bien sûr», affirme-t-il.
Il a aussi rappelé qu’en mai dernier Emmanuel Macron avait rencontré Mark Zuckerberg. Selon l’interlocuteur de Sputnik, il est «vraisemblable» qu’un certain «accord a été conclu entre eux».
Il est à rappeler que quelques mois après cette rencontre, le Président français a annoncé un partenariat à venir entre le gouvernement et Facebook. Le réseau social a consenti d’ouvrir ses portes à «quatre à cinq experts» nommés par le gouvernement français afin de leur montrer comment se faisait le travail de modération.
Contacté par BFM TV, Facebook a assuré n’avoir «reçu aucune demande de la part du gouvernement français pour supprimer des contenus liés aux manifestations» des Gilets jaunes.
Néanmoins, de nombreux Gilets jaunes accusent la plateforme fondée par Mark Zuckerberg d’agir en leur défaveur. Par exemple, à la suite des modifications mises en place par Facebook à la mi-janvier, le «compteur officiel de Gilets jaunes» a perdu près d’un million de membres, passant de 2,8 millions à 1,8 million en quelques jours.
Facebook exclut désormais des groupes toute personne ayant été ajoutée par un de leurs contacts, mais n’y ayant jamais participé. Un autre changement concerne la possibilité d’ajouter des membres dans un groupe Facebook. Auparavant, il était possible d’ajouter à un groupe des utilisateurs de Facebook sans leur autorisation. Désormais, ils figurent dans la partie «Invités» jusqu’à ce qu’ils acceptent l’invitation qui n’est valable que pendant vingt-huit jours.