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social - Page 388

  • Défendre la ruralité

    Chers amis,

    Depuis quelques semaines notre Premier ministre ne sait plus où donner de la tête, non pas pour gouverner la France, mais pour faire face au Front national, un simple parti politique, en vue d'un scrutin auquel plus de la moitié des électeurs ont, de toute manière, prévu de s'abstenir… Quelle farce !

    Notamment, emmenant avec lui une partie du gouvernement dans l'Aisne, il a déployé son plan pour les campagnes. Que souhaite-t-il ?

    - Régler le problème des déserts médicaux en promouvant les maisons de santé, sorte de dispensaires qui ne disent pas leur nom, sans doute parce que ceux-ci évoquent le tiers monde. On oublie un peu vite qu'il y en a dans Paris.

    - Renforcer la présence administrative défaillante de l’État, en créant dans les anciens bureaux de poste des maisons du service public. (C'était bien la peine de fermer toutes ces administrations pendant vingt ans, pour les rouvrir maintenant et ainsi multiplier les coûts.)

    - Donner un parfait accès au téléphone portable et à la connexion internet pour tous les coins de France.

    Tout cela est bien beau et bien utile.

    Mais d'une part nous peinons à voir la nouveauté de ces mesures, qui occupent les gouvernements depuis une quinzaine d'années sans qu'ils n'aient réussi à enrayer la désertification des campagnes françaises. Par ailleurs, Monsieur Valls, comme ses prédécesseurs, est sans doute atteint de troubles de la mémoire, car il semble ignorer que lui comme les anciens premiers ministres en faisant fermer des tribunaux et des hôpitaux, en regroupant les services des impôts ou de l'assurance maladie, en ne faisant rien contre la fermeture de bureaux de poste, ont largement contribué à l'accentuation de ce désastre, pour des raisons d'économie budgétaire.

    D'autre part, nous souhaitons bon courage aux futurs responsables de ces maisons du service public, qui auront à jouer le rôle de conseiller fiscal, d'assistante sociale, de postier, de para-pharmacien et pourquoi pas aussi d'épicier et de pompiste en même temps que de cafetier ? Ce sera un peu l'arlequin des campagnes, et il nous demandera, en guise de bonjour :

    - Est-ce à votre percepteur ou à votre premier adjoint au maire, au pompiste ou au postier que vous voulez parler ?

    Mieux vaut rire !

    Quelle que soit l'utilité de ces mesures, elles ne régleront en fait presque rien, puisqu'elles ne s'attaqueront pas aux causes. On aura beau donner des primes aux médecins généralistes, ils n'iront pas s'installer dans un désert humain. On aura beau financer à pertes des maisons de je ne sais quoi, viendra le moment où elles fermeront faute de revenus. On aura beau demander aux opérateurs téléphoniques et internet de relier chaque hameau, les antennes émettront pour les troupeaux de moutons et des compagnies de sangliers…

    Ce qu'il faut avant tout tenter de faire, c'est de repeupler ces contrées en leur rendant de l'attractivité économique.

    Parler de ruralité est une sottise de ministre parisien. Toutes ces petites campagnes délaissées sont irriguées par des villes moyennes, elles-mêmes en déshérence. C'est ici que l'on peut commencer. Regardons quelles sont les clefs du succès des provinces rurales en croissance. Dans le grand ouest les campagnes, dans l'ensemble, malgré la crise et les difficultés, se portent bien. La population y est croissante, l'accès aux services publics y reste relativement aisée, on y parle peu d'isolement, en comparaison des grandes provinces du Nord-Est du pays, en Champagne, en Lorraine, dans les Ardennes, ou de celles du centre-est et centre-sud, avec le Nivernais, le Morvan, le Bourbonnais, l'Auvergne, les Cévennes, le Larzac, des pans entiers du Limousin et du Périgord. Dans ces territoires, en effet, le monde rural meurt et les petites villes agonisent.

    Dans les provinces de l'ouest de nombreux atouts semblent jouer ; le maillage des villes moyennes est dense, il n'y a pas d'espaces ruraux complètement hors du champ d'une zone urbaine, les routes et les voies de chemin de fer irriguent parfaitement les régions, reliant aisément chaque point, la population est souvent bien formée, enfin, si les services dominent, l'agriculture et l'industrie conservent là un poids important grâce à un système d'organisation propre au grand ouest, avec des structures d'entreprises très familiales, mais reliées à des grands groupes qui leur donnent une solide ouverture sur l'international. C'est grâce à cette alchimie que la Mayenne est devenue un des premiers départements industriels de France, que l'agroalimentaire breton s'exporte si bien, même avec la crise, que les industries du sud Bretagne fabriquent des coques d'avion et des armatures d'éoliennes marines, à force d'avoir travaillé l'acier des navires.

    Ce grand ouest pourrait devenir un modèle économique pour les espaces ruraux français. Il dispose d'avantages spécifiques, comme le littoral. Mais le réseau des petites villes se retrouve partout, et d'autres provinces ont des privilèges que n'ont ni la Normandie, ni la Bretagne. Ainsi, de Nantes à Nevers coule la Loire, traversant des régions prospères comme la Touraine, mais aussi d'autres en plus grande difficulté comme la Nièvre et l'Allier.

    Que pourrait faire l’État, ici ? Accompagner les acteurs locaux, notamment les entreprises, en jouant son rôle d'aménageur du territoire. Il n'a pas à être l'animateur à la petite semaine des maisons du service public. Cela, n'importe quel buraliste franchisé peut le faire en vendant carnets de timbres et formulaires administratifs à côté des cigarettes et des alcools. Par contre, ce que nul autre que lui ne peut faire, ce serait réunir les groupes industriels nécessaires pour rendre de nouveau navigable la Loire, ou encore rénover les voies de chemin de fer du cœur du pays, en somme désenclaver ces provinces. De même il pourrait soutenir la création d'universités privées dans ces régions, en lien avec les chambres de commerce et d'industrie, pour former une jeunesse en parfaite adéquation avec les besoins économiques et ainsi recréer l'emploi qui manque, attirer les investissements et les cadres… Faire refleurir ces déserts.

    Depuis quelques mois des investisseurs chinois aménagent à Châteauroux, sur l'ancienne base de l'OTAN, le plus grand complexe d'entreprises du centre de la France. Mais tiendront-ils longtemps le choc si les infrastructures suffisantes ne sont pas mises en place et les instituts de formation idoines développés directement dans le Berry ?

    L’État doit être pilote de la France, dans la tradition capétienne. C'est la voie du bon sens, me semble-t-il, pour rendre la vie aux zones rurales et ainsi rééquilibrer le peuplement de la France, concentré à plus de 70 % dans les grandes villes et leurs périphéries immédiates.

    Chers amis, voici un dernier exemple pour la route. L'exemple parfait de ce qui n'a pas été fait et aurait dû l’être… Récemment des industriels laitiers ont été épinglés pour entente illégale sur les prix et contraints à une forte amende. Cette amende sera répercutée, certainement, sur les prix. Les consommateurs avaient déjà été pénalisés, ils le seront de nouveau, et l’État, lui, après avoir tiré un premier bénéfice des hausses de prix via la TVA, en tirera un deuxième avec l'amende et un troisième avec le maintien de prix hauts pour que les entreprises compensent l'amende. Les perdants sont, une fois de plus, les consommateurs et les exploitants agricoles qui eux n'ont jamais bénéficié de ces hausses entendus de prix à la vente. Ces exploitants sont pourtant les premiers aménageurs du territoire rural et des actifs essentiels à la vie de ces provinces. Si M. Valls voulait vraiment redynamiser les espaces ruraux,  trois voies s'offriraient à lui : utiliser l'amende pour soutenir le monde agricole, ou, au lieu d'une amende, exiger que la hausse de prix soit traduite par une renégociation des contrats avec les exploitants, ou enfin que les prix publics baissent substantiellement par rapport au trop payé par les consommateurs durant le temps de l'entente illégale et ce pendant une période équivalente à la durée de cette entente, en veillant bien à ce que les exploitants n'en pâtissent point par des diminutions de leurs prix de vente.

    Hélas ! Notre Premier ministre est occupé à des affaires plus pressantes… Il est plus aisé de gesticuler face au FN avec des arguments politico-partisans que de trouver des solutions à la déliquescence de notre France…

    Charles

    Ndlr : Article initialement publié le 19 mars 2015

    Durant le mois d’août, et comme chaque année, nous proposons à la lecture quelques articles sélectionnés par la rédaction de Vexilla Galliae et déjà publiés en 2015 sur le site. Toute la rédaction de Vexilla Galliae vous souhaite un excellent été.  

    http://www.vexilla-galliae.fr/actualites/politique/2093-defendre-la-ruralite-2

  • Abolition de la distinction entre immigration régulière et immigration illégale

    Selon Alexis Théas, universitaire et juriste, dans Le Figaro :

    "Le 1er août 2016, les ministres de l'Intérieur et du Logement ont publié un communiqué passé totalement inaperçu dans la torpeur de l'été mais d'une importance capitale sur le plan de l'évolution des mentalités et de l'idéologie politique française. Ce texte marque une inflexion profonde de la conception française de l'immigration. Jusqu'alors, celle-ci était fondée sur la distinction entre l'immigration régulière et l'immigration illégale. La première, conforme à la loi, était destinée par exemple à accueillir des travailleurs dont la France peut avoir besoin, à former des étudiants dans l'intérêt de la France ou du pays d'origine, ou bien à assurer le principe d'unité familiale. Elle était évaluée à environ 200 000 personnes par an - ce qui est considérable dans un pays dévasté par le chômage. En revanche, les migrants en situation irrégulière, entrés ou séjournant en infraction avec la loi, devaient impérativement repartir dans leur pays, volontairement ou par la contrainte. Tel était le principe. Cette différence, pour la première fois depuis que l'immigration est devenue un sujet politique au début des années 1980, est désormais officiellement condamnée par l'Etat. Le migrant en situation irrégulière n'a plus vocation à être reconduit dans son pays, mais à être accueilli en France et pris en charge par la puissance publique, au même titre qu'un étranger en situation régulière ou qu'un citoyen français en difficulté.

    Communiqué du 1er août 2016:

    «Créé le 25 février dernier à l'initiative de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, et d'Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l'Habitat durable, le comité de suivi du plan de mise à l'abri des migrants sans-abri s'est à nouveau réuni mardi 26 juillet 2016. Présidée par Emmanuelle Cosse, en présence de représentants du Ministère de l'Intérieur, du Ministère de la Famille, de l'Enfance et des Droits des Femmes et de la Préfecture du Pas- de-Calais, cette séance a rassemblé une trentaine d'associations engagées dans l'accompagnement des migrants. Les pouvoirs publics ont tenu à saluer leur travail et leur mobilisation pour faire face à cette crise migratoire sans précédent. A cette occasion, le ministère de l'Intérieur et le ministère du Logement et de l'Habitat durable ont présenté aux associations la Charte de fonctionnement des Centres d'Accueil et d'Orientation (CAO). Répondant à un souhait partagé de l'Etat et des acteurs associatifs, et rédigée au terme de plusieurs semaines de dialogue avec les opérateurs des CAO, cette charte édicte des règles claires de fonctionnement et décrit les principales prestations délivrées aux migrants sans-abri qui y sont accueillis: conditions d'accueil et de localisation, taux d'encadrement, restauration, évaluation - juridique, sociale et médicale - de la situation des personnes accueillies et accompagnement adapté, sécurité, etc. La prise en charge en CAO doit ainsi permettre aux personnes migrantes sans-abri de bénéficier d'un temps de répit et d'engager, si elles le souhaitent, une démarche de demande d'asile. Elle leur permet également d'avoir accès à une offre de soins adaptée et d'être orientées rapidement vers des structures qui correspondent à leur situation (CADA pour les demandeurs d'asile, etc.). Depuis le 27 octobre dernier, 148 Centres d'accueil et d'orientation ont été ouverts sur l'ensemble du territoire national pour un total de près de 2000 places qui ont permis de mettre l'abri plus de 4700 personnes dans des délais très resserrés.»

    Ce communiqué enterre donc toute notion d'immigration irrégulière. Il abolit le clivage entre légalité et illégalité en matière d'immigration. Il va dans le sens de la loi du 6 mars 2016, dont les dispositions reviennent à rendre très difficiles l'application des mesures d'éloignement. Il proclame que la France a le devoir d'accueillir et de prendre en charge tout étranger sur son territoire, qu'il soit autorisé à entrer et à séjourner ou qu'il ne le soit pas. De facto, le principe ainsi proclamé abroge l'idée de frontière ou de respect du droit de l'entrée et de séjour. Les associations humanitaires, les idéologues, les partisans de la liberté totale d'immigrer en rêvaient depuis au moins quarante ans. M. Cazeneuve et Mme Cosse l'ont fait. La question est de savoir quel sera l'ampleur de l'appel d'air que cette transformation profonde de tous les fondements de la politique d'immigration française est susceptible provoquer à terme. Le communiqué annonce une France ouverte, qui n'éloigne plus ses migrants illégaux mais au contraire les accueille. Le potentiel d'émigration est infini: des centaines de millions de personnes déshéritées et désœuvrées, dans ce monde en ébullition, ne songent qu'à trouver un point d'accueil. Le gouvernement, par ce communiqué officiel, leur ouvre les portes de la maison. Reste à savoir si la France, qui compte cinq millions de chômeurs, de gigantesques problèmes de logement, des centaines de milliers de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, un millier de cités sensibles dévastées par la violence, l'exclusion, le communautarisme, l'islamisme radical, si cette France a les moyens de ce grand appel généreux. Mais pour M. Cazeneuve et Mme Cosse, c'est une autre affaire. Et ce n'est visiblement pas la leur."

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • La priorité du gouvernement : loger les immigrés clandestins

    Non, la priorité n'est pas l'emploi, la sécurité ou le logement des Français modestes. Emmanuelle Cosse veut loger en priorité les immigrés clandestins entrés en France de manière irrégulière que l'on nomme désormais les "migrants" ou "réfugiés" sans doute pour rassurer :

    « Nous allons, avant la fin septembre, plus que doubler les capacités de ces centres de répit, en passant de 2 000 à 5 000 places. Toutes les grandes villes ont accepté cet accueil, l’un des objectifs étant de désengorger les territoires très sollicités », annonce au Monde Emmanuelle Cosse, ministre du logement et de l’habitat durable, chargée de ce dossier avec le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve.

    « Les campements ne satisfont personne, ni les migrants, ni les riverains, ni les élus. Nous devons accueillir dignement ces réfugiés, c’est une priorité et un engagement international », réaffirme-t-elle."

    Philippe Carhon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Les entreprises françaises sont les plus taxées d'Europe

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    Source

    Philippe Carhon

  • Abracadabra, les chômeurs disparaissent

    Selon le Canard Enchainé, Pôle emploi aurait diffusé le 21 avril dernier à ses cadres une «instruction» indiquant la marche à suivre pour mettre 500 000 nouveaux chômeurs en formation d'ici fin 2016 - correspondant à l'objectif fixé par François Hollande - et ainsi faire baisser les chiffres des catégories A,B ou C, les plus regardées. Soit au total, 1 million de chômeurs en formation sur l'année.

    Michel Janva

  • Agriculture : c’est vraiment la crise

    L’année 2016 ne va pas rester dans les annales agricoles comme une année d’abondance. Elle le restera plutôt comme celle d’une année creuse et d’une année de crise, où la plupart des feux étaient au rouge. Les secteurs touchés ? Le porc, les céréales, le lait, la viande bovine, etc. Seuls les viticulteurs (ceux qui ont été épargnés par les orages de grêle) et quelques filières de qualité (labels) s’en sortent mieux.

    Les céréaliers réalisent, en moyenne et bon an mal an, entre 50 et 80.000 euros de revenus (avant impôt). Ils devraient en perdre la moitié cette année. Non seulement la récolte de céréales (blé dur, blé tendre, orge d’hiver et de printemps) en France est catastrophique mais en plus la surproduction des autres pays, concurrents directs de la France (États-Unis, Canada, Ukraine, Russie) font chuter les cours mondiaux du blé. Ainsi, à la Bourse de Chicago, les cours du blé américain étaient, le 4 août, proches des plus bas niveaux constatés depuis dix ans. À Paris, les prix sur Euronext sont en deçà de 170 euros la tonne. Les intempéries de mai-juin ont eu raison de la floraison et du remplissage des grains et ont favorisé la prolifération de maladies et des ravageurs. En France, le rendement attendu est en baisse de 30 %. « Du jamais vu depuis 1986 », selon le ministère de l’Agriculture.

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  • Pour en finir avec la Doctrine Sociale de l’Église – Stageiritès

    Pour comprendre que la «DSE» est une expression contemporaine :

    «L’expression doctrine sociale remonte à Pie XI* et désigne le « corpus » doctrinal concernant les thèmes d’importance sociale qui, à partir de l’encyclique Rerum novarum* de Léon XIII, s’est développée dans l’Église à travers le Magistère des Pontifes Romains et des évêques en communion avec lui. La sollicitude sociale n’a certes pas commencé avec ce document, car l’Église ne s’est jamais désintéressée de la société. Néanmoins, l’encyclique Rerum Novarumouvre un nouveau chemin : venant se greffer sur une tradition pluriséculaire, elle marque un nouveau début et un développement substantiel de l’enseignement dans le domaine social.

    * Cf. Pie XI, Encycl. Quadragesimo anno : AAS 23 (1931) 179; Pie XII, dans son radiomessage pour le 50ème anniversaire de « Rerum novarum »: AAS 33 (1941) 197, parle de « doctrine sociale catholique » et, dans l’Exhortation apostolique Menti nostrae sur la sainteté de la vie sacerdotale, du 23 septembre 1950: AAS 42 (1950) 657…
    Le Compendium de la doctrine sociale de l’Église – Document rédigé en 2004 par le cardinal moderniste Martino qui vante les mérites des papes successeurs de Vatican II.

    Ci-dessous se trouve un extrait d’article comprenant de bons points, qui se base en partie sur la pensée de Jean Madiran, les deux auteurs de ce qui suit sont quelque peu «tradi-conciliaire», ce en quoi la ligne éditoriale ne les suit pas,  mais il est cependant opéré une critique du positionnement «tradi-pêchu» qui voit dans cette doctrine sociale : le traitement essentiel de tous les éléments politiques possibles, ainsi qu’un enseignement relevant limite d’un magistère infaillible… C’est ainsi que l’auteur souligne ensuite l’incohérence de refuser la néo-DGE post-conciliaire tout en «mangeant» intégralement celle d’avant Vatican II ; sans parler des dégâts précédents dus au «ralliementisme» républicain sous le pontificat de Léon XIII.

    -*-

    (…)

    La DSE [Doctrine Sociale de l’Église] est un cursus d’une ampleur impressionnante et dont la qualité mérite manifestement de retenir l’attention. Ce serait une malhonnêteté intellectuelle de ne pas reconnaitre à la DSE l’importance spéculative d’un tel corpus. Or un problème de premier ordre se pose immédiatement à l’observateur attentif des débats politiques qui animent notre « famille de pensée ». Clercs et laïcs semblent unanimes pour tenir les deux propositions suivantes :

    1° Tous les problèmes politiques importants y sont traités. Elle est exhaustive.
    2° Cette « doctrine » est obligatoire (il s’agit donc ici d’un argument d’autorité)

    Observons que ces deux caractéristiques sont étroitement liées. Quel serait en effet l’intérêt d’un cursus obligatoire s’il ne traitait l’ensemble des problèmes politiques ? Autrement dit à quel titre et comment la DSE ferait-elle la distinction entre les éléments de science politique simplement importants mais réputés facultatifs et ceux qui seraient à la fois importants et obligatoires ?

    Tous les problèmes importants sont-ils effectivement traités dans la DSE ?

    Pierre Martin dans Patrie, Nation, État cite Pie XII écrivant que « les points principaux sont contenus dans les encycliques, les allocutions et les lettres pontificales » et conclut en note : « D’autres points – secondaires – se trouvent dans les écrits des docteurs de l’Église, tels saint Thomas d’Aquin. »1
    Or cette assertion est manifestement fausse.
    Nous prendrons un exemple et non des moindres puisqu’il s’agit du problème de la légitimité politique. Ce thème est d’une importance capitale puisqu’il conditionne toute l’action politique. La moralité des actions politiques dépend directement de de la légitimité de l’État : soit l’État est légitime et la soumission est de mise et tout trouble à l’ordre est un péché grave, soit l’État est illégitime et alors la situation se complique…
    L’ennui c’est que ce thème central de science politique n’est traité dans la DSE que par un membre de phrase – pas même une phrase entière – dans l’enseignement de Léon XIII.

    Nous posons la question aux champions de la DSE : Durant tout le XX° siècle et ses millions de morts, la DSE peut-elle prétendre à l’exhaustivité alors qu’elle s’est révélée incapable de proposer aux citoyens catholiques un enseignement sur la légitimité du pouvoir politique ? Une telle carence dans un tel enseignement est manifestement une preuve d’insuffisance.

    La DSE est-elle une doctrine obligatoire ?

    Le pape Pie XII n’hésite pas à affirmer lors de l’Allocution aux membres du congrès de l’Action catholique italienne du 29 avril 1945 : Cette doctrine « est obligatoire ». Étonnant de ne pas avoir stipulé la chose avant 1945.2
    Nous proposons maintenant une discussion plus serrée du problème.

    La DSE à géométrie variable.

    Très souvent, dès qu’un partisan de la DSE expose un sujet politique quelconque il s’empresse de modifier subrepticement sa propre définition de la DSE. En effet sans être grand clerc, on constate facilement ceci :

    1° L’auteur embauche à son service de nombreux experts qui ne sont pas les papes de la DSE, comme par exemple saint Thomas d’Aquin, saint Augustin, saint Paul, Jean Madiran, mgr Pie, etc.
    2° L’auteur fait un tri dans le cursus de la DSE qui est pourtant sensée être obligatoire dans sa totalité ; soit en passant sous silence l’enseignement de plusieurs papes depuis Léon XIII et le Ralliement3 ou chez Paul VI ou Jean-Paul II ; soit en ramenant de sa propre initiative l’enseignement ponctuel de tel ou tel pontife dont on doit reconnaître qu’il est parfois quelque peu surprenant, à ce qu’il estime devoir être la vérité pratique.4

    Qu’on se le dise, les partisans de la DSE ont manifestement un problème de cohérence interne. Nous ne sommes pas chargés de leur apporter la solution d’un problème dont ils sont eux-mêmes la cause, mais simplement de faire remarquer que lorsqu’une théorie conduit à quelque inconséquence, il faut tenir que certaines prémisses sont fausses.
    Par ailleurs, le problème est bien plus vaste que la simple alternative entre le fait que la DSE soit à la fois exhaustive et obligatoire ou trancher en disant qu’il est inutile désormais de lire Léon XIII.

    En réalité la seule alternative intellectuelle est la suivante :
    Ou s’intéresser véritablement, laborieusement à la vraie politique5, ou cesser de prétendre s’intéresser à la politique.

    D’un point de vue d’ordre général

    1° Avant Léon XIII, les Princes connaissaient et pratiquaient, par la prudence politique, la science politique. Ce savoir organisé doit bien être disponible ailleurs que dans la DSE ?

    2° Si nous lisons bien Jean Madiran le domaine prudentiel serait souvent celui de la DSE. Comment peut-on penser que dans ce domaine prudentiel, le citoyen catholique devrait tenir compte non point des jugements historico-prudentiels du Prince (ce qui fut toujours le cas partout et de tout temps) mais des jugements proposés par les papes depuis Léon XIII ?6 L’affirmation par l’Église de l’autorité politique souveraine du Prince ne serait-elle dans ce contexte qu’un mensonge ? L’ordre naturel serait-il dissous dans l’ordre surnaturel de sorte que les papes doivent diriger tous les pays du monde par leur sagesse ?7

    3° On nous présente les papes depuis Léon XIII comme des experts en prudence politique. Mais comment expliquer que ces experts si avisés n’aient pas su conserver leur propre territoire, en l’occurrence les états pontificaux aujourd’hui devenus un des États les plus petits du monde ? On ne s’en tirera pas par un calembour sur « la conjuration anti-chrétienne », la bonne politique se juge in concreto, dans les résultats. Par suite, l’existence d’ennemis n’a pas valeur d’excuse en politique.

    4° Bien plus. Si comme l’explique Jean Madiran l’essentiel de la DSE porte sur des jugements historico-prudentiels, comment la DSE pourrait-elle avoir la qualification d’une science ? Car une science justement doit apporter à ceux qui la connaissent des jugements permanents et universels. Selon Thomas d’Aquin la cité est un tout d’ordre et pour ce motif il existe obligatoirement la science correspondante.8

    5° La DSE ne traite pas de ce qui fait l’objet pour l’essentiel de la science politique de saint Thomas d’Aquin dans ses commentaires sur la Politique et l’Éthique d’Aristote (pour ne citer que ces deux ouvrages). Ni des grands débats qui l’oppose à Suarez par exemple. Comment l’expliquer ? Comment expliquer le silence de l’Église sur le fait de n’avoir pas diffusé largement les bons auteurs, vrais disciples de Thomas d’Aquin : Koninck, Meinvielle, Lachance, Descoq, etc ? Comment ne pas avoir pris part à leurs travaux ? En effet, le personnalisme de J. Maritain, erreur pratique singulièrement pernicieuse, a pu s’étendre au monde entier durant le règne de Pie XII. Aucune mise en garde adressée aux autorités politiques et aux citoyens n’a été faite par la DSE. Les thomistes américains ont lutté seuls contre cette erreur politique. Comment expliquer cette carence ?

    6° La DSE dans sa partie théologie morale9, la partie la plus noble de ce cursus, est aujourd’hui elle-même en débat. Autrement dit, dans ce qui devrait être le plus sûr, l’incertitude morale règne. A quoi peut bien servir en pratique un cursus « obligatoire » de ce type ?

    L’autorité de la DSE

    La DSE relève du magistère pontifical ordinaire, réputé faillible. Dans ce contexte comment peut-on soutenir l’inerrance habituelle de la DSE ? Une exception est précisément celle de la liberté politique en matière religieuse si discutée de nos jours.10
    Mais au niveau des principes, jamais la science politique n’est subalternée à la théologie proprement dite.11 En supposant – dato non concedo – que l’un des papes récents soit un hérétique formel, cette hérésie n’affecterait a priori en rien sa métaphysique ni sa science politique deux éléments d’ordre naturel. On ne peut donc pas rejeter l’apport doctrinal des papes conciliaires à la DSE sous prétexte d’hétérodoxie religieuse. Il y faut d’autres motifs et plus avisés. La position de certains traditionalistes, partisans de la DSE, face à l’enseignement de la doctrine sociale sous les pontificats de Paul VI jusqu’à François est donc singulièrement incohérente.

    (…)

    Conclusion de Marcel de Corte :

    Rappelons-le, la règle fondamentale du politique est l’échelle du Réel. Ne faudrait-il donc pas cesser « de christianiser la politique comme la plupart des clercs ne cessent de le faire depuis plusieurs siècles avec les résultats que nous avons sous les yeux12 ».

    Thomas Audet et Bernard de Midelt pour Stageiritès


    1. Martin Pierre, op cit, p 6
    2. cité par Martin Pierre, op cit, p 6
    3. dès l’origine de la DSE ?
    4. Par la méthode dite de la pieuse interprétation dont la revue Itinéraires jusqu’à Paul VI exclusivement est une véritable anthologie. Les citations sollicitées dans un sens manifestement inacceptable sont légion. Malheureusement, cette détestable habitude perdure de nos jours, tout particulièrement dans notre famille de pensée. Par exemple lorsque Pie XI enseigne matériellement, mot à mot, le contradictoire de la science politique de saint Thomas d’Aquin sur les rapports de l’homme et de la Cité
    5. et par suite à la science politique et pourquoi pas aussi, par voie de conséquence, à la DSE.
    6. et pendant ce temps les non-baptisés, qui en seraient dispensés puisque n’étant pas sous la juridiction de l’Église, obéiraient eux aux jugements historico-prudentiels du Prince ? Autant dire l’anarchie.
    7. Nous renvoyons le lecteur à nos différents articles sur le surnaturalisme
    8. Prooemium des commentaires de la Politique, n 4
    9. La théologie morale, au plan politique, traite de la doctrine du Christ, Roi des nations.
    10. Marcel Clément et Bossuet soutiennent que la science politique est dans la Bible. A noter que l’islam soutient cette même thèse pour le Coran.
    11. Une telle affirmation ce nomme le fidéisme. Le fidéisme au sens large désigne toute doctrine d’après laquelle les vérités fondamentales de l’ordre naturel au plan spéculatif et pratique (i.e. politique) ne peuvent être établies ou justifiées par la raison ; et par conséquent ne peuvent être connues et établies que par la Foi. L’Église a condamné les fidéistes : S. 3, c. 4 ; Denz., 1796
    12. De Corte Marcel, Réflexion sur la nature de la politique, L’ordre français mai 1975 n°191 p 17.* En théologie, l’infaillibilité est une position doctrinale selon laquelle une autorité ne peut pas se tromper et l’inerrance une position selon laquelle un ou plusieurs textes ne contiennent aucune erreur. Ces deux termes sont parfois utilisés de manière interchangeable mais une distinction doit absolument être faite

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    En complément, la déclaration ONUesque hallucinante de Pie XII qui n’a rien à envier à la «théologie démocratique» de Jean-Paul II :

    «Dans une partie toujours croissante de nobles esprits surgissent une pensée, une volonté de plus en plus claire et ferme : faire de cette guerre mondiale, de cet universel bouleversement, le point de départ d’une ère nouvelle pour le renouvellement profond, la réorganisation totale du monde (…) En outre – et ceci est peut-être le point le plus important – à la lueur sinistre de la guerre qui les emporte, dans la chaleur cuisante de la fournaise où ils se trouvent emprisonnés, les peuples se sont comme réveillés d’une longue torpeur. Ils ont pris face de l’État, en face des gouvernants, une attitude nouvelle, interrogative, critique, défiante. Instruits par une amère expérience, ils s’opposent avec plus de véhémences aux monopoles d’un pouvoir dictatorial, incontrôlable et intangible, et ils réclament un système de gouvernement qui soit plus compatible avec la dignité et la liberté des citoyens. Ces multitudes, inquiètes, bouleversées par la guerre jusqu’en leurs assises les plus profondes, ont acquis aujourd’hui l’ultime persuasion – auparavant peut-être vague et confuse, mais désormais incoercible – que, si la possibilité de contrôler et de corriger l’activité des pouvoirs publics n’avait pas fait défaut, le monde n’aurait pas été entraîné dans le tourbillon désastreux de la guerre, et qu’afin d’éviter à l’avenir qu’une pareille catastrophe se répète, il faut créer dans le peuple lui-même des garanties efficaces. Dans cet état d’esprit, faut-il s’étonner que la tendance démocratique envahissent les peuples et obtiennent largement le suffrage et le consentement de ceux qui aspirent à collaborer plus efficacement aux destinées des individus et de la société.»
    Le radiomessage au monde entier du 24 décembre 1944.

    http://reconquetefrancaise.fr/pour-en-finir-avec-la-doctrine-sociale-de-leglise-stageirites/

  • Agriculture : pitié pour nos vaches, nos cochons, nos poules, nos paysans !

    Dans cette agriculture industrielle et mondialisée, nos paysans français ne partent pas gagnants ; et c’est tout à leur honneur.

    « L’élevage français reste en crise », note Le Figaro dans ses fameuses pages « saumon » de ce lundi 25 juillet. Quelle clairvoyance… D’où un article fait de bric et de broc, écrit du pied gauche, d’où il ressort que, nonobstant les aides européennes – des centaines de millions d’euros annuels –, les quotas laitiers qu’on supprime côté rue avant de les remplacer côté cour, la paysannerie française est tout bonnement en train de crever la gueule ouverte.

    Et toujours la même antienne : « Il faut être compétitif ! » Soit un système permettant à des riches de plus en plus riches de vendre toujours plus et à toujours moins cher à des gueux de plus en plus gueux. Nos chers libéraux, et ce Figaro (leur organe emblématique), ont visiblement oublié, malgré la chute du mur de Berlin, que l’Histoire demeurait tragique. Pourtant, ce sont les mêmes qui nous assènent quotidiennement que la vie n’est que lutte de chaque jour. Faudrait savoir, les gars…

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