Il y avait une partie saine, normale, de l'humanité, où les traditions étaient fortes, où la vie, intérieure et extérieure, demeurait inchangée dans la Contemplation, il y a encore quelques années, s'affirmait souverainement, et toute la vie extérieure était un rite, donc l'approximation plus ou moins efficace, selon les individus et les groupes, d'une vérité que la vie extérieure, en soi, ne donne pas. Mais celle-ci, lorsqu'elle est vécue de manière pure, permet de réaliser intégralement ou partiellement la vérité. Dans cette partie du monde vivaient des peuples dont la vie était entièrement orientée vers le Supra-monde : ces peuples pensaient, agissaient, aimaient, haïssaient, s'entretuaient de manière sainte, ils avaient sculpté un temps unique dans une forêt de temples, par où le torrent des eaux grondait, et ce peuple était le lit du fleuve, la vérité traditionnelle, la sainte syllabe dans le cœur du monde. Car, si l'existence est un fleuve, alors un est le lit de cette existence, lit très profond dont les traditions scrutent les profondeurs.
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