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  • Barroso ferait du lobbying pour Goldman Sachs auprès de la Commission européenne

    Des ONG dénoncent le lobbying mené par José Manuel Barroso, ancien chef de l’exécutif européen, pour le compte de la banque américaine Goldman Sachs. Elles invitent la Commission à réunir son comité d’éthique pour statuer sur son cas. 
    Un collectif d’ONG, l'Alliance pour une réglementation de transparence et d'éthique en matière de lobbying (ALTER-EU) a dénoncé les activités de lobbyiste de José Manuel Barroso, l'ancien président de la Commission européenne, dans une lettre adressée au secrétaire général de l'organe, Alexander Italianer, et publiée le 20 février. 
    Les organisations demandent à l'institution de réunir son comité d’éthique interne pour revoir les engagements pris vis-à-vis du Portugais et travailler sur la porosité entre les milieux financiers et Bruxelles. 
    Devenu président non exécutif du conseil d’administration de Goldman Sachs en juillet 2016, José Manuel Barroso avait juré qu'il ne ferait pas de lobbying… Pourtant, le 25 octobre 2017, il a été repéré en grande discussion avec le Finlandais Jyrki Katainen, actuel vice-président de la Commission dans un hôtel de luxe de Bruxelles, un entretien sollicité par le Portugais. 
    Cette réunion, qui aurait dû rester secrète, avait immédiatement fuité sur internet. Aussitôt, le site Politico avait relayé l’information, obligeant Jyrki Katainen à inscrire après coup l’entrevue dans le registre de transparence de la Commission. Le collectif d’ONG, composé de membres de Greenpeace, des Amis de la Terre ou encore de SpinWatch, dénonce le mépris de José Manuel Barroso envers les engagements qu'il avait pris.
    «Une de nos inquiétudes concerne le fait que Monsieur Barroso a été embauché pour son savoir-faire, ses contacts et son influence, qu’il a acquis à la tête de la Commission pendant dix ans. Il y a eu des craintes que sa position privilégiée serait utilisée par la banque d'investissement pour influencer les décisions de l'Union européenne, sachant que cette banque est un grand lobbyiste actif à Bruxelles», ont-ils écrit dans le courrier.  
    Ils fustigent aussi la Commission, qui n'aurait selon eux pas assez œuvré pour empêcher le lobbying et réclament au comité d'éthique une enquête approfondie, notamment via des interrogatoires. «Nous adressons une plainte formelle vis-à-vis de cette mauvaise administration», ont écrit les ONG. 
    Le collectif estime en outre que l'attitude de José Manuel Barroso entre en contradiction avec l’article 245 de la Commission, qui exige des anciens commissaires «le devoir d’agir avec intégrité […] après la fin de leurs missions comme l’exige l’acceptation de certains contrats». 
    L’ancien président devait être considéré comme un lobbyiste 
    La prise de fonctions de José Manuel Barroso au sein de la banque Goldman Sachs avait scandalisé de nombreux fonctionnaires européens, personnalités politiques ou simples citoyens, dont 154 000 avaient signé une pétition exigeant des sanctions contre le Portugais. François Hollande, le 14 juillet, avait même qualifié l’embauche de Barroso de «moralement inacceptable». 
    Pour apaiser le courroux généralisé de l'opinion, les employés de la Commission se sont vus obligés par leur hiérarchie de «considérer l’ancien président comme un lobbyiste». Cela signifie concrètement que tout rendez-vous avec lui doit être dûment enregistré et selon les usages, faire l’objet de diverses traces écrites. 
    Un comité d’éthique s'était déjà réuni sur demande de la Commission européenne deux mois après la prise de fonction du Portugais dans la banque américaine. Le collectif critique le manque d'investigation de ce comité, qui avait statué sur l’embauche en se fiant à trois courriers rédigés par l'ancien président. Il y avait informé son successeur Jean-Claude Juncker qu’il n’avait «pas été engagé pour faire du lobbying pour le compte de Goldman Sachs» et qu’il n’en avait «pas l’intention». Une simple déclaration de bonne foi qu'il semble donc ne pas avoir respectée, selon l'ONG.
    Le «code de conduite» de la Commission ne pouvait formellement pas interdire son embauche par la banque américaine pour raison de conflits d’intérêt, car il n'est valable et contraignant que dans les 18 mois suivant la fin des fonctions. 

  • L’avenir de la nation, l’avenir du nationalisme

    Drapeaux  ...  

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    2289992243.jpgCe sont des concepts fondamentaux que manie Mathieu Bock-Côté - brillamment comme toujours - dans cette tribune du Journal de Montréal [23.0]. On y ressent l'influence que la question québécoise exerce sur sa réflexion. Comme notre attachement à la France dont nous voyons le déclin au fil des deux derniers siècles, fonde notre propre nationalisme. Maurras le définissait, non comme un absolu, mais comme une « douloureuse obligation » du temps présent. L'actuelle évolution géopolitique du monde, si on l'observe bien, nous semble lui donner raison. Au reste, le livre de Gil Delannoi porte un sous-titre : La nation contre le nationalisme, ou : La résistance des nations. L'on peut en débattre !   LFAR  

    La science politique, lorsqu’elle est bien pratiquée et s’abstient de verser dans les modes idéologiques, peut être d’une grande aide pour clarifier notre compréhension de la vie politique et des concepts à partir desquels nous cherchons à la saisir.

    C’est la première réflexion que nous inspire spontanément la lecture de La nation contre le nationalisme (PUF, 2018), le remarquable essai du politiste français Gil Delannoi. Disons-le tout de suite, le titre est un peu trompeur, car si Delannoi n’hésite pas à critiquer les excès du nationalisme, il s’occupe surtout à dissiper le brouillard idéologique qui l’entoure, en rappelant que si la politologie française en entretient une conception exagérément négative, au point d’en faire une pathologie politique immédiatement condamnable, il n’en est pas nécessairement ainsi ailleurs dans le monde. Le nationalisme, nous dit Delannoi, n’a rien de diabolique. Il y en a de bons usages, comme de mauvais. Pour le dire avec ses mots, Delannoi essaie « avant tout de comprendre ce que sous-entendent la natiophobie et la passion d’abolir les frontières qui ont cours aujourd’hui » (p.11). Il ajoute même qu’à « son extrême, cette natiophobie revient aujourd’hui à nazifier tout passé national pour cause d’exclusion de l’Autre » (p.240). Tel est l’air que nous respirons, en effet.

    Qu’est-ce qu’une nation ? Cette question, attachée à une célèbre conférence de Renan prononcée à la Sorbonne en 1882, continue de travailler la philosophie politique et les sciences sociales ; même elles en proposent rarement une définition satisfaisante, et encore moins exhaustive. La nation, nous dit Delannoi, est à la fois politique et culturelle. C’est une communauté politique avec un substrat historique particulier, qu’on ne juge pas a priori interchangeable avec un autre. Ces deux dimensions ne coïncident pas toujours, ou du moins se recoupent souvent imparfaitement. Delannoi entend d’abord définir la nation comme forme politique singulière, qu’il distingue de la cité et de l’empire, en rappelant qu’elle semble le plus à même d’accueillir et de permettre l’expérience de la démocratie dans la modernité. Mais Delannoi le note bien, « la plupart des théoriciens récents de la nation et du nationalisme ont envers leur objet d’étude une attitude allant de l’hostilité à la condescendance » (p.17). La remarque est très fine : ceux qui étudient la nation sont généralement en mission pour la déconstruire, comme si elle représentait un artifice historique vieilli. L’antinationalisme est habituel dans l’enseignement universitaire en plus d’être la norme chez les intellectuels qui considèrent généralement l’attachement à une nation historique et à sa souveraineté comme une forme de crispation identitaire. Cette absence radicale d’empathie pour ceux qu’on appellera les gens ordinaires attachés à leur patrie fait en sorte qu’on fera passer toute forme de patriotisme pour une forme de xénophobie. La modernité radicale est l’autre nom du refus du particulier.

    À la recherche d’une définition du nationalisme, Delannoi propose la suivante : « le nationalisme est la volonté de faire coïncider la forme culturelle et la forme politique de la nation autant que possible. Telle est l’impulsion qui engendre et entretient le nationalisme : superposer davantage les deux dimensions culturelle et politique de la nation » (p.122). Le nationalisme, nous dit Delannoi, « est la volonté pour un groupe d’endurer l’adversité, de résister à l’extinction sur une base nationale. Au sens culturel, c’est préserver une langue, un territoire, un mode de vie. Au sens politique, ce nationalisme de faible intensité appelle une autonomie politique locale ou provinciale. Il ne parvient pas toujours à accéder à la souveraineté étatique, bien qu’il vise souvent celle-ci comme ultime garantie de l’indépendance Son premier ressort est de craindre que, privé de moyens politiques et de continuité culturelle, le groupe ou le pays identifiés à une nation disparaisse » (p.123). On pouvait ou non approuver la tentation d’accession à l’indépendance des Catalans ces derniers mois : elle n’avait rien de risible, comme ont pu le dire certains commentateurs. Elle n’était pas non plus inintelligible dans les catégories de la modernité. Chose certaine, une communauté politique n’est jamais une association strictement formelle, dépassionnée, où des individus étrangers à la chose publique cohabitent pacifiquement sans rien avoir en partage.

    Si la prose de Delannoi est toujours mesurée, il ne s’interdit pas, néanmoins, de lancer quelques piques aux post-nationaux fiers de l’être qui dominent l’université et les médias. Ainsi, il demande : « un nouveau monde fait de cités financières et d’empires territoriaux présente certainement quelques avantages comparatifs sur un monde international classique fait de nations. Mais pour qui ? Et à quel prix ?» (p.11) Il ajoute que « l’absence de frontière est un luxe d’enfants gâtés, profondément antipolitique » (p.231). De manière audacieuse mais tout à fait lucide, il conteste aussi l’idée souvent reprise qui fait du nationalisme le grand coupable de la seconde guerre mondiale, en rappelant que le nazisme était une doctrine de la race et non pas de la nation. Il conteste même l’idée que la première guerre soit une guerre des nationalismes: il y voit plutôt un affrontement des empires (p.148-156). Ceux qui répètent sans cesse que, « le nationalisme, c’est la guerre » se contentent d’une facilité rhétorique qui leur donne à la fois l’impression de comprendre le mal qui hante l’histoire de la modernité et de se positionner en surplomb sur le commun des mortels encore ignorant des ravages du sentiment national. En fait, ils se condamnent à ne pas comprendre le dernier siècle et certains besoins fondamentaux de l’âme humaine.

    Redisons-le, La nation contre le nationalisme est un essai d’une richesse conceptuelle extraordinaire, et il faut s’y jeter pour apprécier toutes les observations de l’auteur que nous n’avons pas pu noter ici, par souci de ne pas transformer cette recension en long commentaire de l’ouvrage. Sans jamais se transformer en militant, Delannoi nous démontre de manière convaincante qu’un monde sans nations serait probablement un monde moins humain. À la lumière d’une philosophie politique qui se tient loin de l’esprit de système, et qui médite sur la liberté humaine et ses conditions historiques, Delannoi nous offre ici un livre brillant qui passionnera à la fois ses compatriotes soucieux de mieux comprendre le phénomène national et les nôtres qui trouvent trop peu d’ouvrages sur les tablettes capables de fonder théoriquement ce que nous appellerons encore sans gêne le nationalisme québécois. 

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  • Que reste-t-il de Daesh en Syrie ?

    Syrie: le camp de réfugiés de Yarmouk, près de Damas

    3034693255.pngPar Antoine de Lacoste

    L’Etat islamique est vaincu. Il a subi des pertes considérables et de nombreux volontaires venus de pays étrangers sont repartis. Certains vers leurs pays d’origine, d’autres vers de nouveaux points de conflits : Afghanistan, Mali, Libye.

    Ceux qui sont encore présents en Syrie tiennent quelques poches d’où ils parviennent à mener des raids meurtriers.

    La plus emblématique, et la plus restreinte, est celle de Yarmouk, dans la banlieue sud de Damas. A  l’origine c’est un camp de réfugiés palestiniens. Lorsque ces derniers ont été chassés de leurs terres en 1948, plusieurs dizaines de milliers ont trouvé refuge là. Au fil des décennies il est devenu une vraie ville comptant 250 000 habitants.

    Yarmouk a vu de nombreux combats depuis 2011 entre Palestiniens, islamistes et armée syrienne. Finalement, en 2015, c’est Daesh qui l’a emporté contre Al Nosra et les islamistes palestiniens, l’armée syrienne ne tenant plus qu’une partie du camp aidée par des palestiniens loyalistes.

    Depuis, c’était le statu quo. Il a été rompu lors de l’attaque syrienne contre la Ghouta. Daesh a profité du relâchement de l’armée dans son secteur pour attaquer de nouveaux quartiers faisant plusieurs victimes et étendant son territoire.

    Maintenant que la Ghouta a été vaincue, la reconquête de Yarmouk est à l’ordre du jour. Des troupes ont été déployées à proximité depuis quelques jours et seront épaulées par des Palestiniens bien décidés à prendre leur revanche. Ce ne sera pas facile tant le réseau de tunnels creusés par Daesh est dense et profond.

    Tout en pilonnant les positions islamistes depuis le 21 avril, Damas a ouvert des négociations afin d’obtenir une évacuation qui lui éviterait de lourdes pertes.

    Le deuxième territoire tenu par Daesh est plus vaste et plus mouvant. Il se situe tout à fait à l’est, à la frontière avec l’Irak. C’est une zone désertique, mais le terrain y est accidenté, permettant les caches. Nous sommes à l’est de l’Euphrate, là où l’armée américaine s’est installée avec ses alliés kurdes. Cela permettait aux Américains de combattre Daesh et de mettre la main sur les puits de pétrole syriens…

    Mais depuis que les Turcs ont attaqué les Kurdes à Affrine, ceux-ci, mécontents du lâchage des Américains, ont, pour beaucoup, quitté la région et rejoint leurs frères dans le nord afin les aider en cas de nouvelle attaque turques. La lutte contre Daesh a donc quasiment cessé, lui permettant de se réorganiser et de se déplacer à cheval sur les deux frontières. Malgré cela, les Américains interdisent toujours à l’armée syrienne de passer l’Euphrate pour le plus grand bonheur de Daesh qui s’est même permis une attaque éclair contre la ville de Mayadin il a quelques jours.

    Quelques centaines de combattants de Daesh se déplacent également dans le désert entre Palmyre et Mayadin, sans constituer un réel danger pour l’instant.

    L’Etat islamique constitue donc encore une menace et la libération de Yarmouk est donc incontournable. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/04/24/que-reste-t-il-de-daesh-en-syrie-6045914.html

  • Les 4 Vérités saluent l’action de Génération identitaire : “Merci à ces jeunes militants d’avoir forcé l’État à faire son travail !”

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    Si l’on avait le moindre doute sur la portée du « en même temps » macronien, en matière d’immigration, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb s’est chargé de lever ce doute.

    D’abord, parce que la loi qu’il vient de faire voter à l’Assemblée est si visiblement un enfumage qu’il est impossible – sauf à des gauchistes fanatiques – d’y voir la moindre parcelle de fermeté.

    Bien au contraire, le regroupement familial, principale source de l’immigration légale, y est considérablement élargi, puisque, désormais, les fameux soi-disant « mineurs isolés » peuvent faire venir leurs parents, leurs frères et sœurs, et les enfants de ces derniers.

    Sans, naturellement, que quiconque s’interroge sur la capacité de tout ce beau monde à subvenir à ses besoins. C’est gratuit, l’État paiera !

    Mais le summum du pseudo-centrisme et réel gauchisme a été atteint quand le ministre a renvoyé dos à dos « extrémistes de droite et de gauche » qui avaient manifesté dans les Hautes-Alpes le week-end dernier.

    En effet, Génération identitaire a déployé des banderoles au col de l’Échelle, par où passent bon nombre d’immigrés clandestins en provenance d’Italie.

    Aux dires mêmes du ministre, cette manifestation s’est déroulée dans le calme.

    Le lendemain, « en réponse », des extrémistes de gauche ont entrepris de faire franchir illégalement la frontière, au col de Montgenèvre, à une trentaine d’immigrés et se sont heurtés aux forces de l’ordre.

    Mettre sur le même plan une manifestation calme visant à faire respecter la loi et une manifestation violente promouvant le viol de la loi, voilà donc le sens du « en même temps » de nos vaillants gouvernants !

    Le plus fort, c’est qu’il s’est trouvé des journalistes pour relayer les « éléments de langage » des gauchistes, sans la moindre prise de distance critique, sur le « deux poids, deux mesures » du gouvernement et des forces de l’ordre.

    Mais, s’il y a injustice, elle est en sens inverse.

    Ce qui est profondément injuste, ce n’est pas de traiter différemment le respect et l’irrespect de la loi, c’est, au contraire, de les renvoyer dos à dos.

    Malgré ce naufrage idéologique du gouvernement, il y a tout de même matière à se réjouir.

    La conséquence de ces manifestations, c’est que le ministre a envoyé des renforts dans les Hautes-Alpes. On peut espérer que, pendant quelques jours, le nombre d’immigrés illégaux dans cette zone va diminuer.

    L’action de Génération Identitaire n’aura ainsi pas été vaine.

    Merci à ces jeunes militants d’avoir forcé l’État à faire son travail !

    Jean Rouxel

    Tribune reprise de les4verites.com

  • Zoom : Une famille française, broyée financièrement, à la rue ?

  • Sur EuroLibertés : un article de Rémi Tremblay sur "Un chemin de résistance", le livre de Carl Lang

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    Le Parti de la France ou la continuité du Front historique

    Rémi Tremblay, EuroLiberté cliquez ici

    Ceux qui ont aimé les récentes mémoires de Jean-Marie Le Pen – et ils sont nombreux – apprécieront cet entretien de Carl Lang mené par Jean-François Touzé qui amène un point de vue différent sur l’histoire du Front National.

    Lang, qui célèbre cette année 40 ans de lutte pour la nation, 40 ans de résistance sans compromission, « sans courber l’échine » et « sans baisser la tête », s’est joint au Front à l’âge de 20 ans, en 1978. Refusant le communisme, mais aussi le libéralisme, il rejoignit le camp national pour entreprendre le combat de sa vie aux côtés du charismatique Jean-Marie Le Pen.

    Son ardeur et son militantisme le firent remarquer et il gravit rapidement les échelons, dirigeant notamment le Front National de la Jeunesse ainsi que le Mouvement des Jeunesses d’Europe et devenant le secrétaire général du parti. Au-delà des souvenirs militants, en lisant cet entretien, on revit l’émergence du Front comme alternative sérieuse aux partis du système et comme force révolutionnaire, mais aussi sa transition vers un parti compatible à la pensée dominante.

    Loin d’être aigri malgré les trahisons dont il fut victime, Lang fait revivre cette glorieuse époque et donne au lecteur les clés permettant de comprendre la situation qui prévaut actuellement au front mariniste duquel il fut d’ailleurs exclu en 2009, année où il décida de fonder le Parti de la France, véritable continuité du Front historique.

    Plutôt que de prendre une retraite de la vie politique qui aurait été bien méritée, il a continué son combat pour la nation, « communauté physique et de destin », perpétuant ainsi son engagement de jeunesse. Refusant le défaitisme ou la fatalité, il affirme que « le rôle des dirigeants politiques n’est pas de subir l’histoire mais d’agir sur les évènements historiques. »

    Partant de ce postulat, il ne propose rien de moins que la remigration, ce qui est fort courageux pour un politicien. Son programme est décrit dans ces pages et en le lisant on comprend rapidement qu’il existe toujours un parti proposant une alternative au système, un parti qui refuse les compromissions et les magouilles, le Parti de la France.

    Carl Lang, Un chemin de résistance, Les Bouquins de Synthèse Nationale, 189 p., 2018. Pour commander ce livre, cliquez ici.

    Le commander en ligne cliquez là

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  • L'oligarchie nous emmène vers la guerre et la dictature

    6a00d83451619c69e20224df2d796b200b-250wi.jpg"La seule possibilité qui reste aux Français de percevoir l'escalade à temps pour l'interrompre est la diversification de leurs sources d'information."

    C'est la conclusion de la dernière tribune de Stratediplo, sur le blog éponyme.

    Nous n'en partageons pas toute l'analyse. Notamment, nous ne pensons pas que la Russie ne mente jamais, par exemple sur la présence d'éléments de ses forces armées dans l'Est de l'Ukraine. Présence à notre sens légitime, puisqu'elle n'aurait pas pour objectif d'envahir l'Ukraine, mais de maintenir dans l'Est une zone grise, un glacis de protection face à un "État" et des "autorités" ukrainiens issus d'un coup d'État, au bénéfice d'intérêts qui ne sont certes pas ceux de la Russie.

    Mais l'essentiel de l'analyse de Stratediplo n'est pas là. Il est dans la description de la servitude et de la malhonnêteté fondamentales des médias vis-à-vis de l'oligarchie dont Macron est un brillant et efficace serviteur. Oligarchie coupée du réel, et qui souhaite ardemment en couper également l'opinion publique française pour lui faire avaler ses chimères, et qui fourbit les mesures adéquates à cet effet. Il est aussi dans la description du discrédit peut-être définitif que la posture Macronienne fait peser sur la France, et sur l'irresponsabilité globale des pseudo-élites qui risquent de nous mener à la guerre mondiale.

    cette presse "fire and forget" incendiaire et amnésiante

    La presse française (en réalité occidentale) a été unanime et volubile à rapporter les images, les vidéogrammes et les accusations colportées par les "réseaux sociaux" antisyriens et clamant que la Syrie avait procédé à un bombardement chimique sur la ville syrienne de Douma, en Ghouta orientale, samedi 7 avril 2018. La presse française (en réalité occidentale) est unanime à avoir complètement occulté les aboutissants de ces allégations, ayant soudain des milliers d'autres sujets plus importants à traiter qu'un prétendu crime assez grave pour que la France décide d'agresser ouvertement un pays, violant la charte de l'ONU, sans même attendre l'enquête internationale.

    Pourtant les rebondissements n'ont pas manqué, avant même l'attaque française, et les invitations syriennes à la presse accusatrice étrangère non plus. Les images et accusations ayant commencé à circuler sur les "réseaux sociaux" dimanche 8, et étant tout de suite diffusées par les trois agences de presse des pays de l'OTAN (AFP, Reuters et AP) qui détiennent le quasi-monopole de la fourniture d'informations dans le monde occidental (Europe, Afrique et Amérique), l'armée russe a décidé lundi d'ouvrir une enquête pour événement chimique, et dépêché une équipe de spécialistes. Dès mardi 10 les chercheurs d'information indépendante pouvaient lire ou écouter ce que les receveurs passifs d'information livrée peuvent toujours attendre, le rapport (formellement négatif) à la presse du colonel Alexandre Rodionov, commandant le détachement russe de défense NBC en Syrie. A l'hôpital de Douma où les faux Casques avaient tourné leur court-métrage personne n'avait vu ou traité la moindre victime d'attaque chimique, et sur le lieu prétendu de l'attaque, difficile à trouver car les habitants disaient qu'aucune attaque chimique n'avait eu lieu dans la région, il n'y avait rien à voir, ce qui n'a d'ailleurs pas empêché l'équipe NBC des trouver des laboratoires chimiques des terroristes islamistes.

    Il n'est pas inutile de rappeler ici que l'armée russe est une armée européenne, pas américaine (sans insulte ici pour les armées brésilienne, uruguayenne et encore récemment canadienne non représentatives de l'Amérique), qui ne s'exprime pas par les éructations télévisées de n'importe quel sous-caporal anonyme ayant supervisé l'abattage par ses soudards débraillés d'une statue du chef d'Etat vaincu ou des gazelles d'un parc zoologique. Comme tout porte-parole du commandement voire simple officier supérieur autorisé à s'exprimer devant la presse, cet ingénieur-docteur, diplômé d'école de guerre et haut fonctionnaire de son pays s'identifie, engage la signature de son gouvernement et donne ses coordonnées pour pouvoir être recontacté. Un véritable journaliste devrait y porter plus d'intérêt qu'aux "déclarations d'un haut responsable sous couvert d'anonymat" que font si souvent circuler les agences de presse du phare ouest et qui garantissent l'impossibilité d'authentification, de cotation de crédibilité, et de conséquences en cas de démenti ultérieur par les faits, surtout quand ces "déclarations d'un haut responsable sous couvert d'anonymat" proviennent d'un pays dont le gouvernement est coutumier du fieffé mensonge avéré jusque devant les plus hautes instances internationales. Au contraire, le gouvernement russe doit jouir auprès de la presse sérieuse (malheureusement pas auprès de l'auditorat endoctriné occidental) d'une crédibilité impeccable puisqu'il n'a jamais été pris en délit de mensonge en ce siècle, fait particulièrement rare parmi les grandes démocraties.

    Ce même 10 avril le journaliste étatsunien Pearson Sharp a annoncé, de Damas, qu'il serait bientôt en mesure de diffuser des informations sensationnelles. Il a aussi dénoncé le mensonge de certains journalistes occidentaux prétendant qu'ils ne pouvaient pas entrer en Syrie, alors que lui, ennemi déclaré puisqu'Etatsunien, avait obtenu son visa très rapidement. Prenant son temps pour interroger les Damascènes, puis surpris par l'attaque dans la nuit du 13 au 14 et par les manifestations de rue célébrant le 14 le succès de la défense antiaérienne syrienne, il est allé le 15 à Douma, où les dizaines de personnes qu'il a interrogées lui ont toutes déclaré qu'il n'y avait eu aucune attaque chimique. Sauf erreur c'est lui qui a popularisé le mot qu'il ignorait il y a dix jours, qui a fait la semaine dernière par internet le tour du monde en plusieurs langues, et que les trois agences de presse de l'OTAN doivent toujours soigneusement éviter. Le médecin-chef de l'hôpital souterrain de Douma lui a expliqué que l'hypoxie, ou manque d'oxygène, n'est pas rare chez les gens qui passent une nuit ou plus entassés dans des abris souterrains à atmosphère confinée sous les décombres, mais qu'en plus des bombardements accentués depuis quelques jours, le vent avait soulevé cette nuit-là une tempête de poussière, aussi l'hôpital a reçu beaucoup de patients souffrant d'irritation des voies respiratoires.

    Déjà le 13 avril l'étudiant en médecine Halil Ajij, de service aux urgences de cet hôpital, avait publiquement déclaré que l'hôpital n'avait reçu aucune victime d'attaque chimique le 7 et le 8, et raconté ce qui s'était passé dans le hall de l'hôpital le 8. Le même 13 avril le ministère de la défense russe a présenté en conférence de presse les preuves et témoignages de l'absence d'attaque chimique à Douma, le général de division Igor Konachenkov faisant même remarquer que les témoins (dont Halil Ajij) déclinaient leurs noms et fonctions et pouvaient être contactés par tout enquêteur intéressé. Le 16 le représentant russe à l'OIAC a déclaré à celle-ci que les enquêteurs russes avaient retrouvé, vivantes, des victimes prétendues mortes de cette fausse attaque, qui étaient prêtes à témoigner.

    Le 17 avril le fameux journaliste britannique Robert Fisk a aussi publié les résultats de sa visite des lieux (avec quelques journalistes syriens il a même faussé compagnie à une visite organisée pour la presse) et de l'hôpital, ainsi que de son entrevue du médecin-chef Assim Rahaibani, qui lui a expliqué que la vidéo tournée par les "Casques Blancs" (il ignore que ce ne sont pas ceux reconnus par une vingtaine de résolutions de l'ONU depuis 1994) était authentique mais pas sincère. Alors que le personnel soignant s'occupait des personnes souffrant d'hypoxie, un "casque blanc" a fait irruption, hurlé "attaque au gaz !" et d'autres ont filmé la panique qui en a résulté, augmentée d'ailleurs par l'irruption soudaine de plusieurs inconnus vêtus de blouses hospitalières qui ont introduit de prétendues victimes (qui observées immédiatement se sont avérées indemnes) et aspergé d'eau les patients présents. Une fois leur film fait, tous les intrus se sont retirés aussi rapidement qu'ils étaient arrivés.

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    Paula Corbulon

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Droits-de-l’homme ? Liberté de la presse ? Parlons-en !

    agora.jpgHier, dans le cadre de sa visite d’Etat aux Etats-Unis, Emmanuel Macron a rencontré à l’ambassade de France à Washington quelques Français  expatriés. Il a évoqué devant eux « la relation très spéciale entre nos deux pays » qui reposerait sur « des valeurs et des rêves communs, la démocratie, la liberté individuelle, l’ouverture de la société, la croyance dans le progrès, l’attachement à la culture. »  Soit les Valeurs promues officiellement par  l’Occident marchand et libéral, l’Europe de Bruxelles,   qui ne seraient pas assurées voire qui seraient résolument combattues par  des  Etats développant   une vision  du monde souvent sensiblement  différente mais qui surtout, le hasard fait bien les choses, sont en conflit plus ou moins larvé, ou à tout le moins en situation de très forte concurrence,  avec les Etats-Unis et certains de ses vassaux.  C’est en tout cas ce qui ressort du Rapport annuel sur  les droits de l’homme dans le monde pour 2017, publié vendredi par le département d’État américain. Certes,  l’ONG Human Rights Watch (HRW) a critiqué celui-ci avec force du fait qu’il ne fait pas entrer dans ses critères les sujets sociétaux comme les libertés  sexuelles et les discriminations liées au genre ce qui était  le cas sous l’ère Obama.

     Le secrétaire d’État par intérim, le républicain  John Sullivan, défend  une  approche de la question des droits de l’homme politiquement  plus pragmatique, plus trumpiste en un mot. Il a ainsi précisé que  « la Stratégie de sécurité nationale 2017 reconnaît qu’une gouvernance faible et corrompue est une menace pour la sécurité mondiale et pour les intérêts américains. Certains gouvernements sont incapables de maintenir la sécurité et de pourvoir aux besoins de base de leur peuple, quand d’autres n’y sont simplement pas favorables. »« Les États qui restreignent les libertés d’expression et de rassemblement pacifique, qui autorisent et commettent des violences contre des membres des minorités religieuses ethniques ou d’autres groupes minoritaires (…)  sont moralement condamnables et discréditent nos intérêts. »

    Une phrase un peu étrange (en quoi les intérêts de Washington  seraient discrédités par une violation des droits de l’homme dans un Etat tiers ?) mais qui prend tout son sens quand M. Sullivan   précise que  «les gouvernements de Russie, de Chine, d’Iran et de Corée du Nord, par exemple (sic), violent quotidiennement les droits de l’homme. » Que les pays en question,  amalgamés ci alors que leur réalité politique, leur mode de gouvernance  sont très différents, soient  sujets à des degrés divers à  des problèmes de corruption et/ou  de restriction  des libertés individuelles,  est une évidence qui n’est pas contestable.

    Ce qui ne l’est pas non plus c’est que nous retrouvons ici  les vieux Etats voyous (Rogue state)  les membres de l‘axe du mal qui figurent sur toutes les listes noires de l’Etat profond  américain  depuis des décennies en ce qu’ils refusent  de courber l’échine devant le nouvel ordre mondial. Ou  parce qu’ils sont considérés du fait de leur existence même  comme  des adversaires géopolitiques… contrairement aux amis de l‘Oncle Sam qui, comme l‘Arabie saoudite peut ratonner  sauvagement  actuellement  les  yéménites chiites sans craindre une pluie de missiles tomahawk. Éternelle hypocrisie d’une morale droit-de-hommiste à la sauce quaker et à   géométrie variable.

    Des droits de l’homme à ceux  des médias  il n’y a qu’un pas  et Reporters sans frontières (RSF) vient de sortir son  Classement mondial de la liberté de la presse,  dans 180 pays – la Norvège est en haut du classement,  la Corée du Nord  bonne dernière. «(Il)  révèle un climat de haine de plus en plus marqué. L’hostilité des dirigeants politiques envers les médias n’est plus l’apanage des seuls pays autoritaires comme la Turquie (157e, -2) ou l’Egypte (161e), qui ont sombré dans la mediaphobie (…) De plus en plus de chefs d’Etat démocratiquement élus voient la presse non plus comme un fondement essentiel de la démocratie, mais comme un adversaire pour lequel ils affichent ouvertement leur aversion. Pays du Premier amendement, les Etats-Unis de Donald Trump figurent désormais à la 45e place du Classement, en recul de deux places. Le président adepte du media-bashing décomplexé, en qualifiant les reporters d’ennemis du peuple, use d’une formule utilisée autrefois par Joseph Staline. »

    RSF indique  que «c’est en Europe, la zone géographique où la liberté de la presse est la moins menacée dans le monde, que la dégradation de l’indice régional est la plus importante cette année. Sur les cinq plus fortes baisses du Classement 2018, quatre sont des pays européens : Malte (65e, -18), République tchèque (34e, -11), Serbie (76e, -10) et Slovaquie (27e, -10). La lente érosion du modèle européen se confirme. »

    Un   Classement qui  montre également « l’influence grandissante des hommes forts et des contre-modèles. Après avoir étouffé les voix indépendantes à l’intérieur de ses frontières, la Russie (148e) de Vladimir Poutine étend son réseau de propagande à travers le monde grâce à ses médias comme RT et Sputnik, et la Chine (176e) de Xi Jinping exporte son modèle d’information verrouillée en Asie. »

    CNN, la  BBC, aljazeera ou France 24 ne seraient aucunement des réseaux de propagande plus ou moins appuyé et habile, des instruments  de soft power pour les gouvernements des pays dont  ils sont la voix et l’image à l’étranger ? L’information ne serait   absolument pas verrouillée en France ? 10 milliardaires ne posséderaient pas chez nous 90 % des quotidiens nationaux, des télévisions et radios de grande audience qui  ont toujours  tous fait ouvertement campagne  contre l’opposition nationale ?

    Le problème de la liberté de la presse en France  est aussi celui de la liberté du journaliste vis-à-vis de son employeur qui tutoie les puissants, quand bien même beaucoup de titulaires de carte de presse  sont  formatés et relaient par conviction les  idées dominantes.  Bruno Gollnisch l’a dit dernièrement,  la Russie comme la France par exemple  sont toutes deux des démocraties imparfaites et il s’agirait  de ne pas trop s’illusionner sur la réalité de la pleine liberté d’informer le bon peuple  en France sur tous les sujets…  

    Le Monde qui évoque ce classement  donne la parole  à Christophe Deloire,  secrétaire général de RSF,  co-auteur  il y a quelques années du très intéressant Circus politicus. Nous ne doutons aucunement de sa sincérité   quand il défendait  « la souveraineté des électeurs»  face à  ceux  « qui détiennent réellement le pouvoir, c’est-à-dire ceux qui sont à Bruxelles, dans des institutions dites indépendantes et qui ne relèvent pas de responsabilité politique. » Il  estime aujourd’hui que  « Les dirigeants politiques qui alimentent la détestation du journalisme portent une lourde responsabilité.» « A propos de l’Hexagone, RSF évoque les attaques régulières du président du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, à droite, et celles du chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, à gauche, alimentant un climat délétère ayant atteint  son paroxysme pendant la campagne électorale de 2017 . Contester aujourd’hui la légitimité du journalisme, c’est jouer avec un feu politique extrêmement dangereux , prévient M. Deloire. »

    La légitimité du journalisme qui est celle d’informer les citoyens n’est en aucun cas remise en cause par l’opposition nationale, c’est même une question centrale. C’est pourquoi nous estimons aussi que   tronquer sur ordre, par idéologie ou autocensure,  la réalité,  la déformer  voire la passer sous silence quand celle-ci ne va pas dans le sens de l’histoire, du vivre-ensemble ou de l’avènement à marche forcée des sociétés (largement)  ouvertes, lesquelles sont  contestées toujours plus  avant par les peuples européens, c’est aussi jouer avec un feu politique extrêmement dangereux.  

    https://gollnisch.com/2018/04/25/droits-de-lhomme-liberte-de-la-presse-parlons-en/

  • « FONDEMENTS DE LA GÉOPOLITIQUE: LE FUTUR GÉOPOLITIQUE DE LA RUSSIE »

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    COMPTE RENDU ANALYTIQUE: « FONDEMENTS DE LA GÉOPOLITIQUE: LE FUTUR GÉOPOLITIQUE DE LA RUSSIE »

    Philosophe, professeur, politologue, sociologue, idéologue, Aleksandr Dougine aime brouiller les pistes. Dans ses « Fondements de géopolitiques », somme de 600 pages paru en 1997, il revient sur un siècle de théorie géopolitique et propose une analyse programmatique de ce que devrait être l’orientation stratégique russe dans une perspective résolument « néo-eurasiste ». Il concerne ainsi plus de 13 chapitres non seulement à la Russie, mais aux pays constituant sa périphérie immédiate, destinés dans l’optique de Dougine à faire partie d’un bloc eurasiatique sous influence russe. Ces thèses, appuyées sur une lecture manichéenne du monde inspirée entre autre de Carl Schmitt, font l’objet de vives inquiétudes occidentales depuis l’annexion de la Crimée et le conflit à l’Est de l’Ukraine.

    LA RUSSIE, SON ESPACE ET L’EURASIE SELON DOUGINE

    L’homme, décrit dans les médias russes comme « l’idéologue du néo-eurasisme » 1, adhère très tôt à des courants extrémistes marginaux, dès la fin des années 80, telle l’organisation russe anti-sémite, Pamyat 2 créée dans l’illégalité en 1984 puis médiatisée durant la Glasnost à l’occasion de manifestations dénonçant le complot juif international et le sionisme. Dougine est également membre du cercle secret Yuzhinsky 3, crée dans les années 1960, composé d’intellectuels versés dans le mysticisme, le paganisme et le fascisme. Au gré des bouleversements politiques de la Russie de l’après-URSS et de ses relations avec l’appareil politique et le milieu intellectuel, Alexandre Dougine enrichit son discours initialement nationaliste et développe une version d’extrême droite d’une idéologie présente depuis le XIXème siècle dans le paysage intellectuel russe, l’eurasisme. Ce néo-eurasisme consiste “à s’appuyer sur une commune conception de l’identité russe et de son destin impérial : les peuples vivant sur le territoire de l’entité eurasienne appartiennent à une seule et même communauté de destin, leur unité est fondée sur l’alliance turko-slave ainsi que sur le rejet de l’Occident » selon la définition proposée par Marlène Laruelle 4.

    Dans l’ouvrage de Dougine, l’idée d’un destin propre au peuple russe se taille la part du lion.

    La théorie géopolitique de Dougine, novatrice selon son auteur, puise pourtant ses sources dans l’histoire intellectuelle européenne et russe du 19ème et du 20ème siècle. Il convient de souligner que la géopolitique russe ne s’est pas fondée sur les sciences politiques, géographiques ou stratégiques mais sur l’histoire et principalement la philosophie 5 d’où la prédominance dans l’ouvrage d’Alexandre Dougine et bien d’autres, de concepts tels que les « facteurs de civilisations » (présents chez Danilevski et plus tard chez Spengler dans «Le Déclin de l’Occident»). 

    L’idée impériale, sous une forme messianique, civilisatrice ou communiste, a donc toujours été profondément ancrée dans la pensée russe

    Dans l’ouvrage de Dougine, l’idée d’un destin propre au peuple russe s’y taille la part du lion. Cette « spécificité russe » a été pensée dès le début du XIXème par ceux qui à l’époque de la Russie tsariste se qualifiaient de « slavophiles ». Opposés à l’idée, défendue par les intellectuels « occidentalistes », selon laquelle l’imitation de l’Occident serait un facteur de progrès, les slavophiles, issus de différentes disciplines, ont cherché à démontrer que la Russie a une trajectoire historico-politique propre, qu’en raison de sa dimension eurasiatique et de sa proximité avec l’univers de la steppe on ne peut la comprendre à l’aide des grilles d’analyse purement occidentales. Cette spécificité russe, d’aucuns comme Lev Gumilev 6 l’ont expliquée par des facteurs naturalistes ; d’autres comme Alexandre Panarin 7 privilégient l’explication culturaliste. Ainsi, en raison de ses filiations idéologiques complexes et de ses nombreux référents culturels, l’eurasisme peut simultanément prendre la forme d’une philosophie, une conception du monde, une politique ou une doctrine. Le néo-eurasisme de Dougine en reprenant cette tradition – qui a pu prendre souvent la forme d’une pensée de la « troisième voie » entre occidentalisme et slavophilie, comme le rappelle Jeffrey Mankoff 8– et en la mâtinant d’une idéologie décadentiste aux accents fascistes l’amène à ses conclusions les plus extrêmes, justifiant comme nous allons le voir une stratégie géopolitique d’influence à peine voilée.

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    LA RUSSIE ET SON ESPACE SELON DOUGINE

    « Rassembler l’Empire »

    Elaboré dans le contexte de détresse sociale et économique post-soviétique qu’à connu la Russie dans les années 1990 9 le courant néo-eurasiste d’Alexandre Dougine reprend à son compte l’idéologie impérialiste russe du 19ème siècle pour « rassembler un nouvel Empire : l’Eurasie » « ni nation-état, ni pouvoir régional » (p.96) car « la Fédération de Russie n’est pas un Etat russe 10 …n’est pas un Etat historique, ses frontières sont aléatoires, ses marqueurs culturels vagues» (p.103).

    Rappelons ici que la Russie n’a connu de puissance internationale que sous la forme « impériale » : tsariste ou soviétique et qu’il est difficilement concevable, chez de nombreux penseurs russes, d’imaginer une autre forme de rayonnement ou de « participation à la civilisation » (p.112) autrement que sous cette forme. L’idée impériale, sous une forme messianique, civilisatrice ou communiste, a donc toujours été profondément ancrée dans la pensée russe, et ce dès le début de l’expansion de la Moscovie, au XVIème siècle à travers le territoire eurasiatique.

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