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  • La Monarchie, les Ouvriers et la Justice sociale :

    http://royalismesocial.com/

  • Nous, ses soldats, l'appelions « le roi Jean » !

    Tous les généraux, même vainqueurs, même célèbres, admirés, aimés n'ont pas droit à ce titre suprême. Pourquoi Jean de Lattre de Tassigny fut-il élevé, tel un chef franc, sur le pavois d'un royaume guerrier, le « Corps expéditionnaire français d'Extrême-Orient »? Rien que ça, ça en jette!

    Cette histoire intéresse celles et ceux qui travaillent à la résurgence de la royauté en France. C'est affaire de charisme, pensera-t-on. Oui, pour une part, en effet, mais comment fonctionne la dynamique relationnelle que, dans le langage courant, on nomme « charisme »? Le couronnement de « de Lattre » en montre certains facteurs et, ressorts.

    Rappelons quelques données d'une histoire que j'eus la chance de vivre.
    Le régiment de la Coloniale où je m'étais engagé (attiré par l'Indochine et l'aventure militaire plus que par 1e Quartier latin et le Droit civil) fut envoyé en renfort, en décembre 1950, en même temps que le général de Lattre se portait au secours d'une armée ébranlée et d'un peuple déchiré.

    Après cinq ans d'une guéril1a et contre-guérilla à couteaux tirés, le « vietminh » venait de remporter un succès stratégique bien plus important que la prise d'un poste ou la mise à mort d'une patrouille. Toutes nos positions au Nord-Tonkin, à la frontière d'une Chine récemment tombée aux mains de Mao, avaient été en hâte abandonnées, avec toute la Haute-Région. Au cours du repli les colonnes d'excellentes troupes avaient été taillées en pièces (4.500 tués et disparus) par des multitudes de viets en embuscade dans la jungle.

    Ce revers avait ébranlé le moral d'une armée pourtant exceptionnellement aguerrie, uniquement composée de professionnels et, de volontaires, dont certains combattaient depuis 1940 et, beaucoup depuis 1942. Mais cette armée n'était pas sans faiblesses. Elle ne savait pas clairement pourquoi elle se battait. C'était « une guerre orpheline ». C'est-à-dire « une guerre sans père, sans nom et sans reconnaissance », dit d'elle le Commandant Elie Denoix de Saint Marc. Les gouvernements fugitifs de la IV eme République la menait vaille que vaille, furtivement, presque honteusement. En outre le Corps expéditionnaire ressemblait à Babel. Y étaient représentés tous les peuples d'Europe avec la Légion, ceux d'Afrique, des Antilles, de Polynésie et d'ailleurs avec les régiments de tirailleurs et de marsouins; s'y ajoutaient vietnamiens, laotiens, cambodgiens, muongs, nuongs, thais, thos, et même des chinois.

    Porteuse d’eau « Muong »

    Femmes en deuil en pays Muong – vers 1930

    Et les français, bien sûr, souvent d'origine immigrée, italienne, espagnole, polonaise…

    Extrêmement hétérogène, ce corps manquait d'une âme commune. A défaut d'une mission définie et d'un idéal partagé, les hommes épousaient l'Indochine, nuit de chine, nuit d'amour, avec cœur, sensualité, ivresse.
    Les troupes de cette sorte, en partie mercenaires, se battent fort bien mais supportent assez mal la défaite, puisqu'elles tiennent surtout par 1e goût du baroud et l'orgueil de vaincre.
    L'arrivée de « de Lattre » suffit à rendre le moral. Nous savions que les généraux Koenig et Juin avaient tour à tour refusé d'y al1er. La gratitude et l'estime envers le prestigieux chef de la 1ere Armée (Rhin & Danube) n'en furent que plus vives.

    Le C.E.F.E.O souffrait, d'un manque de reconnaissance nationale. Sa nomination aux fonctions de Haut-Commissaire et de Contremandant en chef y remédiait complètement. D'emblée il sut, répondre aussi au besoin d'objectifs clairs.

    Qu'un homme, ou une femme, aient les capacités et la volonté de répondre à d'importantes attentes collectives, il se déclenche, comme un arc électrique, une relation intense, entraînante, exaltante, en somme charismatique.

    De retour en Indochine, Denoix de Saint Marc, qui avait, douloureusement vécu l'abandon du Nord-Tonkin,  « trouve en Octobre 1951 un Vietnam transformé... dans une chanson de geste très française, de Lattre vole de New York à Saigon, harangue ses troupes, sacrifie son fils et sa santé afin de transformer le conflit en un bras de fer entre l'Est et l'Ouest. Il donne un sens à cette guerre lointaine: les troupes françaises sont là pour aider 1e régime de Bao-Dai à sauvegarder la « Liberté »,  même si 1es réalités coloniales ne s'effacent pas d'un revers de main...

    Le jeune « Bao Dai » en 1945.

    Tandis que les sombres réalités du totalitarisme communiste transparaissent de plus en plus sous le masque souriant de l'oncle Ho.

    « Le Pandémonium communiste est à l'œuvre »

    Cet extrait de « L'Aventure et l'Espérance », bel ouvrage de Saint Marc, illustre l’influence qu'un individu peut exercer, à certaines conditions.

    L'Armée avait besoin de considération. La voilà satisfaite. Elle a à sa tête un victorieux, un glorieux. Son nom, objet de blague à 1a bidasse -de Lattre de Tassigny de corvée de chiottes...-impressionne en fait. Il évoque les figures légendaires des connétables du temps jadis. Cela compte dans l'élévation au titre de roi. Nous étions fiers d'être commandés par un « souverain ». Souverain de nom, de renom, d'allure, de caractère. Servir sous 1es ordres d'un Grand, grandit. Mieux (me) sied d'être sujet d'un roi de la dynastie capétienne que citoyen d'un président médiocrement élu d'une république à la souveraineté tombée en indivision.

    De Lattre paie de sa personne, s'engage à fond, va sur le terrain, fait preuve d'attention, de sympathie envers ceux sur qui reposent la charge essentielle du conflit, capitaines, lieutenants, sous-officiers. Il harangue les troupes, définit avec clarté et force la finalité du combat: indépendance des trois Etats d'Indochine et liberté de leurs peuples menacée par le communisme.

    Trois victoires récompensent bientôt ses efforts: Vinh Yên (janvier 1951), Dong Triêu, et celle du Dây, assombrie par 1a perte du lieutenant de Lattre, son fils.
    Son discours adressé à la jeunesse vietnamienne est un modèle dont nos politiciens devraient s'inspirer s'ils en étaient capables. En substance, après avoir salué d'un coup de képi les jeunes qui ont le courage de rejoindre le vietminh, il admoneste ceux qui, hostiles au communisme, attendent passivement l'issue du conflit. Il les incite à y prendre part dans l'armée vietnamienne en formation.

    J’ai confiance en vous. Vous êtes l'espoir qui n'a pas failli et ne sera pas déçu. Je crois que le monde sera sauvé par quelques-uns.
    Je crois que le Vietnam sera sauvé par vous.

    Ainsi s'exprimait Jean de Lattre de Tassigny, Maréchal de France, que la France avait chargé de redresser la situation après le désastre de la RC 4.

    Parachutistes vietnamiens de la Légion.

    Ainsi que l'écrit Saint Marc, il est maître en l'art de la chanson de geste à la française. A l'occasion du 14 Juillet 1951, il organise un formidable défilé à Hanoi, destiné à impressionner la population et à renforcer fierté et unité de l'armée. Pour donner le maximum d'ampleur à la parade il fait appel aux effectifs des postes et campements du delta, osant les dégarnir 24 heures, au risque de les exposer. Le metteur en scène ne manque ni de culot ni de panache. Quel spectacle! Un défilé de fauves. Non pas de troufions végétant en temps de paix dans des villes de garnison, mais de guerriers, la veille encore et le lendemain au contact de l'ennemi.

    Cependant, à la nouvelle de la mort de son fils, chacun pressentit un malheur fatal. Le père ne tarda pas à le rejoindre. Les « viets » avaient visé juste, en plein cœur.

    Passons en revue les principaux ressorts de son élévation sur le pavois: ancrage dans l'Histoire de France, capital de réussites et de victoires, mis au service d'une situation compromise, ambition personnelle accordée à l' intérêt commun, l'écoute des besoins collectifs et les qualités pour y répondre, de la classe, de la superbe, l' intelligence du geste et de l'expression orale. Et surtout un engagement exemplaire qui provoque un irrésistible effet d'entraînement.

    Merci, mon général !
    Pour un royaliste j'étais gâté. Sous le Haut-commandement du « roi Jean », je servais à mon modeste rang trois monarques.

    Le jeune « Bao Dai »

    L'empereur Bao Daï, le roi du royaume-paradis laotien, et sa très originale majesté Norodom Sihanouk, qui me plaisait beaucoup.

    Novembre 1952

    2001 - Le roi Norodom Sihanouk

    S.M. Sisavang Vong, dernier roi du Laos.

    Ce n'est pas ici le lieu de raconter les deux ans de mon séjour là-bas, ou plutôt là-haut car j'y fus souvent divinement bien. Très rares sont les guerres à avoir laissé d'aussi attachants, cruels et délicieux, souvenirs.
    Comme tant d'autres j'ai aimé le pays, ses paysages, ses peuples, leur élégance, leur dignité, leur courage, ses femmes en général, l'une d'elles en particulier. J'ai apprécié la Coloniale, arme du populo, « voyoute », bourlingueuse, colorée, planétaire, un peu toquée, sujette aux coups de bambou et aux quarts d'heure de délire. La discipline m'en a semblé légère relativement à celle des "Bons Pères". La Coloniale compléta au mieux leur éducation en en compensant 1'austérité.
    Contrairement à 1'opinion établie, ce ne fut pas une guerre perdue. Pas entièrement en tout cas. L'expansion communiste en Asie du Sud-Est fut freinée, en partie contenue. Le partage du Vietnam (en 1954) laissait à des millions de gens une chance d'échapper au totalitarisme.

    Dans le métro parisien, parfois seul « blanc » dans le wagon, je me souviens de la bigarrure du Corps expéditionnaire. En cela 1e peuple français tend à lui ressembler. Je ne dis pas que c'est un progrès. Je dis: c'est! Et me demande qui saura lui parler, le réunir, l'enchanter à l'unisson, 1ui proposer un sens, un objectif autre que se serrer la ceinture en vain.
    Qui saura s'adresser à la jeunesse, à celle des "quartiers", sans démagogie; sans mépris sottement menaçant, avec autorité et sympathie? Assurément pas un politicien. C'est chanson de geste royale. A nous de préparer le pavois.

    (à suivre...)

    Bernard Lhôte http://www.lesmanantsduroi.com

  • Le Patriarcat de Moscou soutient les chrétiens de France contre la dénaturation du mariage

    MOSCOU (NOVOpress via le Bulletin de réinformation) — Le responsable des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou a adressé une lettre chaleureuse au cardinal archevêque de Paris, André Vingt‑Trois.

    Il y a exprimé le soutien et la volonté du Patriarcat de Moscou de travailler ensemble au nom de la défense des valeurs chrétiennes.

    Le métropolite Hilarion de Volokolamsk (photo ci-dessus) y déplore notamment, en parlant de la France : « L’érosion des principes moraux dans la vie privée et publique qui se produit dans un pays ayant de profondes racines chrétiennes ».

    Novopress

  • D’Amiens à Damas, du passé faisons table rase

    Le  site du Salon beige ou encore Novopress  notamment l’ont évoqué, dans la bonne ville d’Amiens, théâtre l’été dernier d’émeutes violentes  dans ses « quartiers pluriels », l’équipe du maire PS, Gilles Demailly, entend préserver le « vivre ensemble »… en s’attaquant aux racines helléno-chrétiennes de notre civilisation. Ainsi le traditionnel « Marché de Noël » de cette ville a été débaptisé cette année et s’appelle désormais « Marché d’Hiver ». Il s’agit, vous l’aurez compris, de ne pas froisser les minorités qui pourraient s’émouvoir de cette évocation de Noël, forcément discriminante à leur encontre, peut être même prosélyte, voire même agressive à l’égard de leur croyance… Ne doutons pas que nos socialistes et autres humanistes  assimilés se sont réfugiés derrière le prétexte de la neutralité républicaine et laïcarde pour justifier leur lâcheté coupable et leur mépris des traditions françaises…

     Cet état d’esprit,  prend une résonance particulière relève Bruno Gollnisch,  à l’aune des menaces et des agressions dont sont victimes les chrétiens d’orient. Il pense  particulièrement en ce moment au sort de cette minorité dans une Egypte en proie au redoublement des violences anti-coptes, et bien  sûr à la Syrie ravagée par le terrorisme islamiste.

     Archevêque syrien catholique de la préfecture de Hassaké-Nisibe au Nord-Est de la Syrie, Behnan Hindo, a lancé le 22 novembre un appel à la communauté internationale.  Au nom des trois évêques de la région, syrien catholique, syrien orthodoxe et assyrien oriental, et au nom des différentes composantes ethniques de la région, il a demandé  que la   préfecture de Hassaké   soit épargnée.

     Pour cela a-t-il dit,  il faut que   la communauté internationale  « fasse pression sur les différents groupes armés et l’Armée  syrienne libre (ASL) pour qu’elles n’entrent pas dans notre région afin qu’elle demeure toujours ce qu’elle est: le seul havre de paix et de sécurité en Syrie. »

      L’ASL  ne l’entend pas de cette oreille là où elle peut frapper. Mercredi, au moins une trentaine de personnes ont été tuées dans  l’explosion de deux voitures  piégées  visant clairement des civils  à Jaramana, un district du sud-est de Damas. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une émanation des Frères musulmans,  basé en Grande-Bretagne, a annoncé un total de 54 tués.  Des attentats fermement condamnés par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

     Interrogé par France 24, un habitant de Damas, « Nabil »,  explique que ce quartier ou vivent une majorité de Druzes et de Chrétiens,  était réputé pour « sa relative sécurité » et accueillait beaucoup de réfugiés fuyant les combats et les violences.

     « Les habitants explique-t-il,  ont refusé de laisser l’armée régulière entrer et ont formé leurs propres brigades pour contrôler l’entrée dans leur quartier (avec l’accord tacite de l’armée). Ils ont également refusé l’entrée aux milices de l’Armée libre syrienne. Les rebelles ont essayé à plusieurs reprises de venir à Jaramana, mais ils ont été repoussés par ces brigades locales. »

     « Ce n’est pas la première fois qu’il y a un attentat à Jaramana. Il y en a déjà eu un il y a deux mois, et une série d’explosions s’est produite il y a un mois. L’Armée syrienne libre avait proféré des menaces : elle demandait aux habitants du district de choisir entre eux et le gouvernement… »

     Dans ce contexte de rébellion armée,  fortement structurée et noyautée par les djihadistes,  contre le régime en place en Syrie, les milices anti-Assad ont utilisé  pour la  première fois ces derniers jours des missiles sol-air. Le site du quotidien Le Point cite Fabrice Balanche, maître de conférences à l’université Lyon-II et directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo) qui estime que les missiles en question  « viennent de l’étranger. »

     « Officiellement, seule l’Arabie saoudite et le Qatar financent et arment l’opposition syrienne. Le matériel envoyé serait léger : des kalachnikov et des lance-roquette RPG. Il faut dire que les deux pays du Golfe subissent les pressions de Washington et de Paris, qui craignent que des armes lourdes ne tombent entre les mains de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda, présents sur le terrain, et qui pourraient ensuite s’en servir contre des intérêts occidentaux dans la région (…)».

     « Côté français, on assure ne pas livrer d’armes aux rebelles syriens, contrairement à ce qui a été fait en Libye (…). Ceci n’empêche pas le versement d’argent. Depuis le début de la révolution syrienne, en mars 2011, Paris affirme avoir versé quelque 32 millions d’euros d’aide aux Syriens (…) ».

     32 millions d’euros versés avec nos impôts  à des groupes qui ont largement mis un pays entier à feu et à sang, pour complaire aux velléités géopolitiques de remodelage de la région de certains cercles et officinesDans l’intérêt également d’une France indépendante et souveraine sur la scène internationale ? Il  est très fortement permis d’en douter.

      Spécialiste du mondialisme,  « ce  processus technocratique de décomposition des nations et d’unification du monde, passant par la constitution de  grands blocs continentaux »,  l’universitaire Pierre Hillard, dans un entretien accordé en juin au blog CNTF, évoquait « les buts à long terme élaborés au sein de certaines officines peu philanthropes ». Il  citait notamment  les  travaux  «  d’un ancien fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères israélien Oded Yinon dans une publication parue en 1982 dans le cadre de « l’organisation sioniste mondiale » (World Zionist Organisation). »

     « Publié dans  La revue d’études palestiniennes  et reproduit dans la revue  Confluences méditerranéennes  (n° 61 printemps 2007) sous le titre  Une stratégie persévérante de dislocation du monde arabe, il est clairement indiqué par son auteur que « Le Moyen-Orient ne pourra pas survivre dans ses structures actuelles sans passer par des transformations révolutionnaires (…). Il s’agit ni plus ni moins de favoriser la dislocation des pays musulmans. »

     « Ainsi, il est déjà prévu en 1982 de partager l’Irak en trois blocs (chiite, sunnite et kurde), de pulvériser l’Etat syrien en plusieurs entités ainsi que l’Etat égyptien. Il est ajouté pêle-mêle que le processus doit toucher aussi la Libye, le Soudan, le Liban … A la lecture de ce texte, on se rend compte que les événements qui balaient les Etats arabes depuis 2011 ne sont pas fortuits. »

     « Il faut rappeler aussi que cette politique définie par Oded Yinon accompagne le rapport rédigé en 1996 par le  Prince des ténèbres , Richard Perle, intitulé A clean break : a new strategy for securing the realm. Ce document, véritable catalogue de déstabilisation des pays musulmans fut présenté à Benjamin Netanyahu dans le cadre d’un think tank israélien : The Institute for advanced strategic and political issues. La corruption et le népotisme qui caractérisent les pays musulmans ne suffisent pas à expliquer les bouleversements profonds en cours du Maroc au Pakistan. »

     Constatons simplement  de notre côté  l’évidence. A savoir que des moyens financiers très importants et que  la grosse artillerie médiatique ont été déployés depuis mars 2011 par le Nouvel ordre mondial, ses alliés européens et des pétromonarchies, pour faire chuter la Syrie,  avec l’aide sanglante des idiots utiles du djihadisme. Au vu de l’ampleur de ce  déchaînement,  qui peut douter encore que le régime  de Bachar el-Assad,  au-delà de ses tares, de ses fautes  et de ses imperfections n’a pas le soutien d’une majorité de la population ?

    http://www.gollnisch.com/

  • Le retour du dauphin d’Ahmadinedjad

    Mashai sera probablement candidat aux présidentielles iraniennes de 2013: les conservateurs sont furieux et évoquent, avec la même rage que les médias occidentaux, l’installation en Iran, d’un “modèle de transition poutinien”.
    “Ils ne pourront pas empêcher ma candidature aux prochaines présidentielles. Je poursuivrai sur la route qui est le mienne sans faire le moindre compromis, même au prix de ma propre vie”. C’est par cet appel, véritable cri du coeur, qu’Esfandiar Rahim Mashai, bras droit du président iranien Mahmoud Ahmadinedjad, a annoncé son intention de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles, prévues pour juin 2013. Cette déclaration aurait été prononcée peu avant la mi-novembre 2012 à Téhéran mais elle n’aurait filtré dans les médias que le 16 ou le 17, suite à des notes affichées sur les sites d’information iraniens, comme les philo-conservateurs “Tabnak” et “Nimruz”. Ces déclarations incendiaires du dauphin d’Ahmadinedjad —qui pourront sans doute être démenties prochainement— s’inscrivent dans un climat politique plutôt tendu, où le président et son équipe sont depuis longtemps déjà la cible des critiques conservatrices, venues des milieux proches du “Guide Suprême”, Ali Khamenei. Ce dernier a pris Mashai dans le collimateur parce que le dauphin du Président déploie une rhétorique nationaliste et prend des positions considérées comme étant à la limite de l’”hérésie”. Le “Guide Suprême” se montre surtout irrité par la thèse de Mashai qui évoque le prochain retour du Douzième Imam de la tradition chiite, un “Messie” qui, de fait, mettrait un terme à la légitimité même du “Guide Suprême” en tant que chef spirituel (et politique).
    Dans le passé, l’évocation d’une possible candidature de Mashai aux présidentielles iraniennes avait déjà déchaîné de vives protestations dans les rangs des conservateurs partisans du “Guide”, qui avaient accusé Ahmadinedjad (qui, légalement, ne peut pas se représenter pour un troisième mandat consécutif) de vouloir instituer en Iran un “modèle poutinien” afin de se maintenir au pouvoir. La présidence avait toujours démenti, jusqu’ici, la candidature de Mashai mais les partisans d’Ahmadinedjad feraient pression pour que cette candidature soit effective car ils sont désormais convaincus qu’au cours de ces deux dernières années, le bras droit du Président a bien résussi à obtenir une sorte de consensus dans de vastes strates de la population iranienne, surtout les plus humbles, grâce à ses prises de position nationalistes et “laïques”.
    Entretemps toutefois le poids politique d’Ahmadinedjad s’est réduit dans le pays suite aux coups que lui ont porté les élites conservatrices, la hiérarchie des mollahs et la magistrature. Traditionnellement proches des courants conservateurs, les juges, ces derniers temps, ont littéralement harcelé les collaborateurs du Président. Parmi les dernières embuches mises en place par la magistrature conservatrice, citons notamment l’arrestation, fin septembre 2012, d’Ali Akbar Javanfekr, directeur de l’agence de presse “Irna” et conseiller d’Ahmadinedjad.
    Arrestations, attaques en règle perpétrées par des clercs, confrontations avec le “Guide Suprême”, sanctions internationales et actes politiques jugés trop ambitieux ou trop risqués (tant en politique intérieure qu’en politique extérieure) ont mit en péril le pouvoir d’Ahmadinedjad. A cause de l’inflation galopante, au début de la troisième semaine de novembre 2012, le Parlement iranien a bloqué, du moins jusqu’au printemps prochain, la réforme des subsides accordés par l’Etat pour l’alimentation et l’énergie, alors qu’Ahmadinedjad désirait ardemment que passe cette réforme. Le blocage de la réforme a pourtant été approuvé par 183 voix favorables; 4 voix s’y sont opposé et il y a eu 20 abstentions.

    Ferdinando CALDA.
    ( f.calda@rinascita.eu ; article paru dans “Rinascita”, Rome, 17 novembre 2012; http://rinascita.eu/ ).

    Quels sont les autres candidats à la présidence en Iran ?

    À quelques mois des prochaines élections présidentielles iraniennes, on ne connait pas encore les candidats officiels. Selon des sondages récents publiés dans le quotidien “Iran” (et qui restent à vérifier), le bras droit d’Ahmadinedjad, Esfandiar Rahim Mashai bénéficierait d’un bon appui au sein de la population (35%). Après lui, on aurait l’ancien président réformiste Seyyed Mohammed Khatami, qui fut à la tête du gouvernement iranien entre 1997 et 2005. Malgré les pressions des milieux politiques réformistes, il ne semble pas que Khatami ait l’intention de se présenter. Chez les conservateurs, en revanche, le consensus semble s’être fait autour de la personne de l’actuel maire de Téhéran, Mohammad Baqer Qalibaf. D’autres noms sont parfois évoqués comme celui du président du Parlement Ali Larijani, chef de file du mouvement qui soutient aujourd’hui Khamenei et mène toutes les campagnes contre l’entourage d’Ahmadinedjad (F.C.).

  • Sapir : “Europe, fin de partie ?”

    Le processus dit de « construction européenne » vient de subir, avec l’impasse sur la programmation budgétaire pour les années 2014-2020, et accessoirement pour le budget de 2013, de l’UE un triple échec : économique, politique et symbolique. La question symbolique est certainement la plus importante.

    Cette impasse, qui au mieux durera jusqu’au début de 2013, vient après le blocage sur la question de l’aide à accorder à la Grèce du début de la semaine, et des négociations extrêmement dures quant à la part respective des États au sein du groupe aéronautique EADS mais aussi une réduction importante des ambitions de l’Europe spatiale.

    Il est hautement symbolique que ces événements soient tous survenus dans une période d’environ huit jours. Ils témoignent de l’épuisement définitif de l’Union européenne à incarner « l’idée européenne ».

    Un échec économique

    La question du budget de l’UE est économiquement importante. Non pas tant pour les sommes en jeu. La contribution au budget de l’UE a été plafonnée à 1,26% du PIB des différents pays. Ainsi, pour 2013 ce sont 138 milliards d’euros qui sont prévus. Mais c’est la faiblesse de cette somme qui pose problème. Alors que la zone Euro, qui est une subdivision de l’UE, est en récession, et que ceci durera certainement en 2013 et en 2014, la logique aurait voulu que l’on se mette d’accord pour un budget de relance, soit en favorisant la demande, soit en favorisant des politiques de l’offre et de la compétitivité dans certains pays, et très probablement en faisant les deux.

    Or, c’est exactement le contraire qui s’est produit. On voit bien que chaque pays tire à hue et à soi, étant soumis aux règles de l’austérité budgétaire, par ailleurs institutionnalisées par le dernier traité de l’UE, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes ! Les égoïsmes se révèlent de toute part et trouvent, dans des réunions comme celle qui s’est tenue dans la nuit de jeudi à vendredi à Bruxelles le champ clôt parfait pour leurs affrontements.

    Dans la situation actuelle, on voit bien que la récession ne pourra être combattue efficacement que par la conjonction de politiques de relance de la demande et de l’offre. Ces politiques ont été quantifiées. Elles impliqueraient, rien que pour le rattrapage de compétitivité, que l’on dépense pour les quatre pays d’Europe du Sud (Espagne, Grèce, Italie et Portugal), environ 257 milliards d’euros par an comme on l’a établi dans une précédente note1.

    Si l’on veut être cohérent, il faut en réalité ajouter au moins 100 milliards à cette somme pour financer des grands projets permettant d’harmoniser la compétitivité des autres pays. Cette dépense supplémentaire de 357 milliards, pour un budget d’environ 138 milliards est importante. Elle impliquerait que le budget passe de 1,26% à 4,5%.

    En réalité, le problème est bien plus compliqué. Les 138 milliards prévus pour le budget 2013 donnent lieu à des retours, plus ou moins importants, pour tous les pays de l’UE. Sur les 357 milliards qu’il faudrait dépenser en plus, 257 milliards sont des transferts nets à destination des quatre pays du Sud déjà évoqués. Ils devraient donc être fournis par les autres États, et dans les faits ils ne pourraient l’être que par l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande et les Pays-Bas.

    Ceci revient à dire que l’Allemagne devrait à elle seule contribuer à hauteur de 85%-90% de cette somme, ce qui représenterait entre 8,5% et 9% de son PIB par an en transferts nets. Sur une période de dix ans cela aboutit à 3570 milliards d’euros de budget total. Quand on parle, les sanglots dans la voix et les larmes dans les yeux, du « fédéralisme européen », c’est de cela dont on parle en réalité, car sans transferts importants point de fédéralisme.

    Au regard de cela, notons que les dirigeants européens n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une somme de 978 milliards d’euros sur 7 ans (2014-2020) alors que sur la même période c’est 2499 milliards en plus qu’ils auraient dû financer. On mesure l’immensité de la tâche, et son impossibilité dans les circonstances actuelles. À cet égard, l’échec, probablement temporaire car une solution de compromis ne satisfaisant personne et ne réglant rien sera trouvée d’ici fin janvier 2013, prend toute sa signification.

    Si les 27 pays de l’Union Européenne ont tant de mal à s’accorder sur une somme, en réalité modeste, on ne voit pas comment ils pourraient décider d’un commun accord de sommes qui sont 2,5 fois plus importantes. La réalité de l’UE est bien l’absence totale de solidarité en son sein, même et y compris quand cette solidarité serait de l’intérêt de tous. Ce que révèle cette situation c’est qu’il n’y a pas de « chose publique» (res publica) dans l’Union Européenne.

    Ceci se manifeste aussi dans la manière dont le cas de la Grèce a été (mal) traité. Il est absolument évident que le fardeau de la dette engendre la dette. La seule solution au cas de la Grèce est un défaut (une « restructuration ») portant sur la moitié des dettes détenues par des organismes publics, tout comme un défaut équivalent a été imposé aux créditeurs privés2.

    Mais les pays de la zone Euro sont incapables de faire face à cette réalité. Ils vont donc redonner de l’argent pour que les paiements de la dette soient étalés. Ceci ne règlera rien, et la majorité des experts le savent. Cependant, outre le fait de prendre une mesure qui n’est qu’un palliatif, les mêmes pays n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la somme qu’il faudra prêter à court terme à la Grèce. C’est ce que l’on a vu au début de la semaine du 19 novembre. Ils préfèrent faire porter l’apparence de la responsabilité sur le FMI.

    L’auteur de ces lignes a écrit par le passé des choses extrêmement critiques et dures à l’égard de cette organisation3. Mais il est clair que les statuts du FMI ne lui permettent pas de prêter à un pays qui est clairement insolvable. De ce point de vue, le FMI est parfaitement dans son rôle quand il rappelle aux pays de la zone Euro qu’il faut une solution à long terme pour la Grèce et que celle-ci ne peut provenir que d’un défaut partiel. Ici encore, les solutions rationnelles sont écartées au profit de celles qui servent les intérêts immédiats de tel ou tel. Cette inconséquence est le produit d’une incohérence de fond : on veut éviter le défaut mais l’on se refuse à en payer le prix.

    Il n’est donc pas étonnant que les pays européens n’aient pu se mettre d’accord que ce soit sur la programmation des budgets à l’horizon 2020, ou sur un plan réaliste de sauvetage de la Grèce. Ce double échec est révélateur de l’épuisement de l’idée européenne. On vivra donc d’expédients, et l’on vivra de plus en plus mal jusqu’au moment où il faudra affronter la réalité.

    Un échec politique

    Le problème posé est ensuite politique, et il a été mis en lumière à l’occasion de l’échec du Conseil Européen de la nuit du 22 au 23 novembre. On glose beaucoup sur une « alliance » entre la chancelière allemande, Mme Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron, alliance qui aurait abouti à l’isolement de la France. Mais cette « alliance » est en réalité purement conjoncturelle. La Grande-Bretagne poursuit son vieil objectif de réduire l’UE à un espace de libre-échange et à un cadre réglementaire le plus léger possible.

    L’Allemagne, pour sa part, et elle est rejointe sur ce point par des pays comme la Finlande, les Pays-Bas et l’Autriche, s’oppose absolument à ce que les transferts prennent plus d’importance. On sait l’opposition absolue des dirigeants allemands, tous partis confondus, à des transferts massifs, en particulier au sein de la zone Euro. Le refus de l’Union de Transfert est un point cardinal de la politique allemande et cela s’explique tant par l’impact que ces transferts auraient sur l’économie allemande4 que par la démographie de ce pays qui est en train de se dépeupler.

    Cela n’implique pas qu’elle partage les vues de la Grande-Bretagne quant à la philosophie de l’UE. Les dirigeants allemands comprennent que cette dernière doit être autre chose qu’une simple zone de libre-échange. Mais leurs intérêts se rejoignent avec les Britanniques pour s’opposer à l’engagement de sommes supplémentaires, dans la mesure où ils comprennent parfaitement qu’ils seraient, par nécessité, les principaux contributeurs. C’est sur cette alliance que s’est cassée la position française.

    Il faut ici dissiper une illusion très répandue dans les élites politiques françaises. Nos dirigeants pensent que l’on pourra, moyennant des concessions sur certains points, amener les dirigeants allemands à accepter une contribution plus importante, du fait de leur (relatif) assouplissement sur la question de la crise de la dette dans la zone Euro.

    Rappelons que lors des premières réunions de crise, au début de l’année 2010, la position allemande était une opposition totale au sauvetage de la Grèce. En fait nos dirigeants commettent non pas une mais deux erreurs quant à la position allemande. La première est de confondre la crise de la dette et la crise de compétitivité. Ces deux crises sont distinctes, même si la seconde réalimente en permanence la première. L’attitude allemande a été de faire des concessions sur la crise de la dette pour éviter une tempête financière qui emporte avec elle la zone Euro, mais de refuser toute concession sur la crise de liquidité.

    La distinction entre ces deux crises est très claire chez les dirigeants allemands. Ils considèrent que la crise de la dette est un problème collectif, mais que la crise de compétitivité n’est que du ressort des États ! Il s’en déduit que l’on ne peut inférer de leur changement d’attitude sur la crise de la dette un quelconque changement sur la crise structurelle, celle de compétitivité. La seconde erreur consiste à ne pas comprendre que le choix pour l’Allemagne ne se réduit pas au sauvetage à tout prix de la zone Euro.

    L’Allemagne souhaite par dessus tout le statu-quo (qui lui permet de réaliser ses énormes excédents commerciaux au détriment des autres pays de la zone Euro). Pour maintenir ce statu-quo elle a déjà accepté de contribuer, et elle a déjà accepté une mutualisation des dettes – quoi qu’on en dise – sous la forme du rachat par la Banque Centrale Européenne des dettes des pays en difficulté sur le marché secondaire.

    Elle est en effet co-responsable du bilan de la BCE à hauteur de sa contribution initiale pour cette institution. Mais elle n’est pas prête à aller au-delà d’une contribution annuelle d’environ 2% de son PIB (soit environ 50 milliards d’Euros). Si l’on met l’Allemagne au défi de payer les sommes évoquées plus haut, soit 8% à 9% de son PIB afin de rendre viable la zone Euro, elle préfèrera la fin de la zone Euro. Là ou nos dirigeant voient le début d’un processus, qui pourrait être étendu, il y a en réalité un engagement strictement limité de l’Allemagne.

    La crise actuelle n’est donc pas uniquement économique, encore que cette dimension soit à elle seule bien suffisante pour nous conduire à la catastrophe. Elle est aussi politique. L’idée d’une alliance France-Allemagne, le Merkozy, qui était défendue par le précédent gouvernement était fondée sur l’illusion, entretenue par ignorance ou à dessein, que la crise de la zone Euro était uniquement une crise de la dette. Si tel avait bien été le cas, il est probable que l’on aurait pu trouver un terrain d’entente stable entre nos deux pays.

    Mais la crise de l’Euro est avant tout une crise issue de l’hétérogénéité des économies, hétérogénéité qui s’accroît naturellement dans un système de monnaie unique et avec une politique monétaire uniforme en l’absence de flux de transferts massifs, et qui débouche sur une crise majeure de compétitivité, qui elle-même engendre une montée des déficits. Arrivées à ce point, les positions respectives de la France et de l’Allemagne divergent spontanément, ce dont le nouveau gouvernement a pris acte. Mais, alors qu’il tentait de rallier à lui les pays en difficultés, il n’a fait que provoquer l’alliance, certes temporaire, mais redoutable, de l’Allemagne avec la Grande-Bretagne.

    En fait, dans le cadre de la zone Euro, l’Allemagne peut toujours se trouver des alliés et une stratégie de secours, du moins à court terme. C’est la France qui se trouve, en fin compte, comme l’on dit chez les pilotes de chasse « out of power, out of altitude and out of idea » (ce que l’on peut librement traduire par « à bout de puissance, à bout d’altitude, à bout d’idées »). François Hollande doit comprendre que, dans la situation actuelle, la seule chance qui reste pour notre pays est de renverser la table, de mettre l’Allemagne devant le choix de procéder soit à une dissolution ordonnée de la zone Euro, dans laquelle elle perdra incontestablement certains de ses avantages, et un éclatement désordonné dans lequel elle a bien plus à perdre.

    Un échec symbolique

    Les échecs tant économiques que politiques de la semaine passée sont, bien entendu, révélateurs d’un échec symbolique majeur. Aujourd’hui, qui croit encore en l’Union Européenne ?

    L’analyse des derniers sondages publiés en juin et novembre sur ce point donne un résultat clair. La perte de confiance dans la capacité de l’UE à apporter quoi que ce soit de positif aux populations est massive. Jamais l’Euroscepticisme ne s’est aussi bien porté, non seulement en Grande-Bretagne, mais aussi en France et même en Allemagne.

    Dans l’Eurobaromètre, sondage réalisé de manière régulière dans tous les pays de l’UE5, la côte de confiance dans l’Union Européenne est tombée à 31%. En fait, 28% de sondés ont une opinion « très négative » de l’UE et 39% ne se prononcent pas. Le plus impressionnant est l’évolution dans le temps des résultats. Les mauvaises opinions sont passées de 15% à 28% de l’automne 2009 au printemps 2012, alors que les bonnes opinions sont passées quant à elles de 48% à 31% dans la même période. Mais il y a pire : 51% des personnes interrogées ne se sentent pas plus proches des autres pays avec la crise.

    Graphique 1

     

    Autrement dit, la politique de l’UE a conduit à une montée des méfiances réciproques, ce qu’elle devait normalement combattre. Et l’on voit bien que la perte de confiance dans l’UE et dans ses institutions tend à se généraliser. Quel bilan peut-elle présenter ?

    C’est donc la crédibilité générale de l’UE qui est en cause, et l’on voit bien ici que les stratégies discursives utilisées par les européistes seront de moins en moins efficaces. Ces stratégies reposent sur une délégitimation des opinions négatives, qui sont associées à des catégories dites « peu éduquées » et par cela incapables de comprendre ce qu’apporte l’UE et sur une explication de ces résultats par les simples difficultés matérielles engendrées par la crise. Sur le premier point, il y aurait beaucoup à dire.

    On voit immédiatement la parenté entre cet argument et les arguments du XIXe siècle en faveur du vote censitaire. Les personnes aux revenus modestes, qui en général ne font pas d’études supérieures, sont considérées comme intrinsèquement inaptes à juger d’un projet qui est présenté comme « complexe ». Cet argument n’est en réalité qu’une rationalisation du cours anti-démocratique pris par la construction européenne depuis 2005. Le second argument contient une parcelle de vérité. Il est clair que l’impact de la crise a modifié les préférences des individus.

    Mais cet argument se retourne contre ses auteurs : pourquoi l’UE a-t-elle été incapable de protéger les personnes des effets de la crise ? En fait, cette dernière agit comme un révélateur qui met en évidence les carences et les défauts de l’UE. Il reste un troisième argument, qui est utilisé de temps en temps : l’Union Européenne nous aurait évité le retour des conflits intereuropéens des siècles précédents. Mais ceci est faux, techniquement et historiquement. Techniquement, l’UE a été incapable d’empêcher les conflits des Balkans, et leur mode de résolution doit bien plus à l’OTAN qu’à l’UE. Historiquement, les deux événements majeurs que sont la réconciliation franco-allemande et la chute du mur de Berlin ne sont nullement le produit de l’Union Européenne.

    En fait, et on le voit bien aujourd’hui, l’UE par sa politique actuelle nourrit le retour des haines recuites, que ce soit entre pays (Grèce et Allemagne, mais aussi Portugal ou Espagne et Allemagne) ou à l’intérieur de ceux-ci (Espagne, avec le Pays Basque et la Catalogne, et Belgique).

    Cet échec symbolique est certainement le plus grave à court terme, car il touche aux représentations des peuples. Si l’échec économique et politique montre que l’UE est à bout de souffle, l’échec symbolique, illustré dans les derniers sondages, ouvre la voie à des radicalisations des opinions publiques à relativement court terme.

    Tirer les leçons de l’épuisement d’un projet européen

    Il convient aujourd’hui de se livrer à un bilan sans concession du projet que l’UE porta et qui a aujourd’hui manifestement échoué. Cela ne signifie pas que tout projet européen soit condamné à l’échec. Mais encore faut-il sortir de l’identification de l’Europe avec l’Union Européenne.

    On voit bien que certains pays hors du cadre de l’UE ont un intérêt à l’existence d’une Europe forte et prospère. Le cas de la Russie et de la Chine saute aux yeux. La Russie, de plus, est elle aussi un pays européen, même si elle n’est pas uniquement européenne. Il est donc possible de penser un projet européen intégrant toute l’Europe, y compris les pays qui aujourd’hui ne sont pas membres de l’UE et n’aspirent pas à le devenir. Mais à la condition de faire des nations européennes, ces « vieilles nations » qui restent aujourd’hui le cadre privilégié de la démocratie, la base de ce projet.

    Ce projet devra être construit autour d’initiatives industrielles, scientifiques et culturelles dont le noyau initial pourra être variable, mais qui exigent pour exister que soient remises en cause un certain nombre de normes et de règlements de l’UE. Plus que tout, il faudra procéder à une dissolution de l’Euro. Cette dissolution, si elle est concertée par tous les pays membres de la zone Euro sera en elle-même un acte européen, et pourra donner immédiatement lieu à des mécanismes de concertation et de coordination qui feront en sorte que les parités de change des monnaies nationales retrouvées ne fluctuent pas de manière erratique mais en fonction des paramètres fondamentaux des économies.

    Cette voie demande du courage, car les dirigeants actuels dans de nombreux pays sont les héritiers directs des « pères fondateurs » de l’Union Européenne. Mais tout héritage doit à un moment être soldé. À se refuser à le faire c’est à l’entrée des pays européens dans une nouvelle phase historique de convulsions violentes, tant internes qu’externes, que l’on se prépare. S’il est vrai que l’idée européenne est porteuse de paix, la poursuite dans sa forme actuelle de l’Union Européenne ne peut-être que source de conflits de plus en plus violents.

    Notes

    1. Jacques Sapir, “Le coût du fédéralisme dans la zone Euro”, billet publié sur le carnet Russeurope le 10/11/2012, URL: http://russeurope.hypotheses.org/453 []
    2. Jacques Sapir, “Grèce: seule l’annulation de la dette peut apporter un début de solution”, billet publié sur le carnet Russeurope le 20/11/2012, URL: http://russeurope.hypotheses.org/522 []
    3. Jacques Sapir, Le Krach Russe, La découverte, Paris, 1998. Idem, Les Économistes contre la Démocratie, Albin Michel, Paris, 2002. Idem, “Le FMI et la Russie: conditionnalité sous influences”, in Critique Internationale, n°6, Hiver 2000, pp. 12-19. []
    4. Patrick Artus, La solidarité avec les autres pays de la zone euro est-elle incompatible avec la stratégie fondamentale de l’Allemagne : rester compétitive au niveau mondial ? La réponse est oui, Flash Économie, NATIXIS, n° 508, 17 juillet 2012. []
    5. Eurobaromètre Standard 77, L’OPINION PUBLIQUE DANS L’UNION EUROPÉENNE, Commission européenne, Direction générale Communication, juillet 2012, URL : http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb77/eb77_first_fr.pdf []

    Russeurope  http://fortune.fdesouche.com

  • Le rapport Védrine par Pierre de Meuse

    Le 14 novembre, Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères, a déposé un rapport au secrétariat de la Présidence sur «  Les conséquences du retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, sur l’avenir de la relation transatlantique et les perspectives de l’Europe de la défense ».

    Nous connaissons Hubert Védrine comme un fin professionnel  de la politique étrangère de la France, puisqu’il a occupé le bureau de Calonne de 1997 à 2002 prenant souvent des positions empreintes de bon sens, conformes aux besoins de la France en ce domaine. Le fait qu’il ait participé à des gouvernements socialistes ne change rien à l’affaire car la politique étrangère n’est pas une affaire de parti. Pourtant nous n’attendions pas de miracles lorsque le Président Hollande lui a demandé de traiter cette question.  Il eût été étonnant que l’ancien ministre ose jeter un pavé dans la mare, et du reste on ne lui aurait pas demandé de faire un rapport s’il ne s’était pas engagé à rendre un document conforme à la pratique des ministères Fabius et Juppé,  d’ailleurs fort peu différents l’un de l’autre. L’ancien ministre rappelle que c’est la France qui a œuvré pour la création de l’OTAN au début des années 50. Il rappelle aussi les raisons pour lesquelles le général de Gaulle, le 7 mars 1966, écrit au Président Johnson pour lui faire savoir qu’il n’entendait plus, ni participer aux commandements intégrés, ni mettre ses forces à la disposition de l’OTAN,  recouvrant ainsi sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté. Les motifs du général tenaient au refus des USA de placer l’OTAN sous commandement triparti, laissant le commandement aux seuls anglo-américains, et à l’opposition des mêmes à la force de dissuasion. De plus le gouvernement français craignait de se voir engagé sur un théâtre d’opérations où il n’aurait rien à faire. Est-il besoin de se souvenir qu’à cette époque, le danger soviétique n’était pas un vain mot ? Alors qu’après 1990 ce danger est écarté, comment expliquer le retour dans l’OTAN en décembre 1995 sous l’impulsion de Jacques Chirac ? Comment justifier une implication accrue aujourd’hui ?

    subordination-OTAN-UE-300x214.jpgC’est que, nous dit Védrine, la nature de l’OTAN a changé : aujourd’hui les USA sont tout prêts à partager le fardeau de la défense stratégique de l’Europe, alors que les autres Etats se refusent à y consacrer les efforts minimaux. Le retour de la France, selon lui, valorise le rôle de notre pays par le nombre des militaires français qui participent au commandement et leur efficacité. Pourtant l’ancien ministre constate que des décisions contraires à l’intérêt stratégique de la France ont été prises car le gouvernement français, y compris celui de M. Hollande a"accepté que l’OTAN décide de se doter d’une capacité de défense des territoires et des populations contre les missiles balistiques, sur la base d’une extension du programme de défense de théâtre (ALTBMD : Active Layered Theatre Ballistic Missile Defence)." Il doute que l’industrie européenne soit mise à contribution, suspecte avec raison que ce système, présenté artificieusement comme dirigé contre l’Iran, soit braqué au contraire contre la Russie. Il estime que ce système est dangereux pour notre sécurité et contraignant pour l’indépendance de l’Europe. Même si le rapport n’était légitimé que par ce paragraphe, il mériterait d’avoir été publié ! Mais alors, pourquoi l’accepter ? Parce que nous sommes seuls, parce que nous sommes faibles ! Et Védrine de nous engager à la vigilance. Une exhortation qui se résume à conseiller aux européens de ne pas oublier que les motivations des USA, état des deux océans, ne peuvent être les mêmes qu’un ensemble continental risquant toujours de se trouver marginalisé par rapport à l’Histoire. On ne saurait mieux dire. Ainsi « Vigilance signifie que nous devrons veiller à ce qu’elle reste une Alliance militaire, recentrée sur la défense collective, et le moins possible politico-militaire dans son action. » Il parle d’or, mais s’il craint avec raison l’idéologisation de l’Alliance, alors pourquoi se félicite t-il que l’OTAN ait répondu à un « appel à l’aide d’insurgés » en Libye, acte d’agression contraire au droit international, comme le soulignait Medvedev la semaine dernière, et justifié par une vision idéologique et biaisée des évènements ? Et en Syrie où l’OTAN vient d’accepter la coûteuse et inutile installation de missiles patriot à la frontière turque ? Il ne s’explique pas sur cette lourde contradiction. Peut-être considère t-il que l’exportation de la « démocratie » n’est pas une opération idéologique ? Ses cours de Sciences Po sont peut-être un peu loin. De même pour l'alliance inconditionnelle des USA avec Israël, étrangère aux intérêts de la France et même de l'Europe.

     

    En fait l’auteur du rapport se résigne à ce retour dans l’OTAN parce qu’il ne voit pas d’autre politique possible, même s’il est quelque peu sceptique. Les européens considèrent que l’OTAN suffit à la défense de l’Europe et ne voient aucune nécessité de l’assurer eux-mêmes. Or Védrine n’envisage pas d’évènements possibles nous contraignant à changer nos alliances et se contente de déclarations d’intentions qui n’ont aucune chance d’être suivies. Après tout, pourquoi s’en étonner ? Védrine est un grand commis, mais certainement pas un visionnaire.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com

  • Sans peur, pas sans reproches

    Au premier abord, j'ai eu une érection mentale : que nous fait encore le bellâtre bandant ? Au second rabord, j'ai débandé. Il y a quelque chose de vrai et donc sincère dans le sort jeté à Lakshmi Mittal par Me Arnaud Montebourg. Le jetsetter plein aux as semble être sur l'orbite d'un projet de classement personnel au palmarès de Forbes, plus que dans l'ambition irrépressible d'un leadership mondial de l'acier. Riche à milliards (30 de mémoire), sa holding est endettée à milliards (23 de mémoire) et les agences de notation la classent en catégorie "spéculative". La faute à pas de chance, le capitalisme, chère médème, c'est aussi prendre des risques. Acheter des mines qui finiront en canettes c'est de l'intégration verticale. Sauf que la mine vaut ce que vaut sa matière, et rien que cela ! En période de récession, l'intégration verticale congèle la structure et les réglages ne se font pas. Le produit fini se rétreint, à l'autre bout le minerai ne paie plus la mine. Alors on bricole ; Mr Mittal qui appartient à la caste mercantile des Marwaris, a une formation commerciale et n'est pas ingénieur, il bricole ses chiffres. Il me fait penser furieusement à Bernard Tapie, fameux redresseur d'industries à dépecer.
    Même s'il est désavoué implicitement par son président qui reçoit ce cher Lakshmi au château, Me Montebourg aura eu le mérite de faire exploser le consensus libéral d'auto-régulation des marchés, présentement celui de l'acier, régulation dévoyée par la capacité de nuisance de gestionnaires trop courts ou mal-intentionnés. Nulle valeur ne monte jusqu'au ciel et la croissance ne se mesure pas sur l'échelle ouverte de Richter. Aussi, capturer des coulées de fonte et des laminoirs en Europe occidentale, sur le marché le moins prometteur de la planète, comme l'a fait Mittal par une OPA hostile sur Arcelor en 2006, peut se juger comme une intention de détruire à terme un concurrent des sidérurgies low-cost émergentes, à la faveur du premier retournement de conjoncture ; nous y sommes. Et c'est ce que dit Montebourg à Mittal quand il lance : "le problème des hauts-fourneaux de Florange, ce n'est pas les hauts-fourneaux de Florange, c'est Mittal". Dans un billet précédent, nous avions montré pourquoi le site de Florange est une "entité sidérurgique" qu'il est malaisé de découper en appartements, les uns rentables, les autres moins ou pas du tout : Le site de Florange est intégré. On entre du charbon et du fer d'un côté, on sort des bobines de tole et des canettes de l'autre. Mittal arrête seulement une partie du site, celui de la coulée à chaud. Bercy a 60 jours pour présenter à Mittal un acheteur du process ; le prix de cession sera négocié avec le repreneur présenté par M. Montebourg ! Mais quel industriel peut vendre à son conseil d'administration l'achat d'une coulée à chaud, avec deux vieux hauts fourneaux, dont le client de cette production contrôlerait le train de laminage des brames en aval ? Qui ferait le prix à qui ? Il faut être un grand dépendeur d'andouilles pour y croire. En l'état, Mittal garderait la cokerie pour approvisionner ses trois hauts fourneaux de Dunkerque qui lui retourneront des brames pour le train à chaud et laminoir de Florange. S'il cède la cokerie, à quel prix achèterait-il ce coke pour Dunkerque ? Il mettrait évidemment ces brames en concurrence avec celles que le repreneur de la coulée à chaud distraira de ses ventes, repreneur qui cherchera raisonnablement à récupérer un peu des six ou sept cents millions d'euros que lui aura coûté la mise à niveau de son achat... (source).
    Il n'est pas étonnant que le nouvel acheteur (russe ?) ne puisse s'engager que sur la totalité du site, aux fins de quoi l'expropriation par l'Etat est à mon sens justifiée, même si en droit on pourra se disputer longtemps. N'oublions pas qu'il n'y a pas de capitalisme français digne de ce nom capable de suppléer l'Etat et que la nationalisation est l'arme des pays faibles, mais c'est ainsi. Il suffira de payer Mittal en bons grecs ! Notre Trésor en a plein.
    "Rentable, le site de Florange est un établissement inscrit au greffe du tribunal de commerce de Nancy que l'Etat peut reprendre sans l'aval de son propriétaire moyennant indemnisation. L'idée serait une association avec un opérateur industriel, minoritaire dans le capital le temps de stabiliser l'activité. Mais l'Etat est particulièrement impécunieux. Le prix éventuel du site de Florange demeure un mystère. Sollicités, ni le ministre ni ArcelorMittal ne s'avancent sur la question. Mais la mauvaise conjoncture pousse les prix à la baisse, indique un expert" (Les Echos).
    Moralement, le coup de sang du ministre est juste : couler une usine pour qu'elle n'en concurrence pas une autre en refusant de la vendre est faire peu de cas des ouvriers et de la stratégie globale industrielle du pays-hôte. Quand le libéralisme tourne au capitalisme sauvage - on y est en plein - il ne sert pas la société où il s'exerce, la seule finalité qui vaille. Seule est à prendre en compte la viabilité de l'activité sur un cycle conjoncturel, c'est oui ou c'est non. Il semblerait qu'à Florange ce soit oui (mais pas assez pour ces messieurs à gros cigares). Quant à la menace d'impact sur les vingt mille salariés français du groupe, elle est risible. Si les produits plats de Dunkerque et de Fos sont touchés par la nationalisation de Florange (on se demande comment Mittal fera ce lien), la valeur des sites diminuerait sensiblement. Leur valeur de rachat serait dès lors plus abordable et il y aurait bien plus de repreneurs intéressés par ces deux sidérurgies sur l'eau qu'on en a trouvés pour l'usine lorraine enclavée.
    Pour une fois qu'un ministre français se bat, on peut tirer son chapeau. Non ?
    Le point faible du projet montebourgeois est que les "managers" de son côté n'en sont pas. Les socialistes sont l'espèce la plus éloignée de la "production" qui soit. La ruse technocratique ne suffira pas, il faut aussi de réelles compétences industrielles de classe internationale pour arracher la sidérurgie française à l'ornière hindoue. Langue au chat !
    Mais le vrai maillon faible c'est le volet politique qui peut faire foirer le projet d'Arnaud. Et les syndicats s'y attendent, qui n'ont aucune confiance dans la fermeté d'un président aussi irrésolu que M. Hollande. "Iront-ils au bout ?" est la seule question qui court les vestiaires. Il est parfois bon d'aller au clash, à chaud, en toute mauvaise foi si nécessaire, sans oublier les menaces collatérales déloyales. Seule la victoire est belle, elle nettoie les noirceurs car ce sont les vainqueurs qui l'écrivent. C'est hélas le contraire du tempérament temporisateur de M. Normal, son goût du consensus, ce compromis a minima dont le Ciel nous a punis.
    Si les choses s'étaient arrangées ce soir à l'Elysée, sur le dos des ouvriers comme à Gandrange, on aurait pu prévoir de grandes secousses politiques attisées par la énième reculade socialiste ; les communistes y sont prêts, capitalisant sur le mécontentement général et sur la cure d'austérité prussienne. Les écologistes ne pourraient pas se laisser distancer et l'aile gauche du PS se détacherait de chacun des deux groupes parlementaires au Sénat et à l'Assemblée nationale. Il faudrait beaucoup de bagout corrézien pour rattraper ça. Ce n'est pas fini, il reste encore trois jours.

    Postscriptum: Sapin (ministre du travail) juge la nationalisation hors de saison. Ca le ferait vraiment ch... que le chien fou Montebourg règle un dossier social pourrissant dans ses tiroirs mais qui lui appartient. Les ouvriers ? C'est secondaire, a dit Terra Nova.
    Terminons sur la provocation du maire de Londres, Boris Johnson. En tournée de promotion à New Delhi, sans son coiffeur, il a appelé les Indiens à rejoindre sa capitale économique et financière plutôt que de perdre leur temps en France, oubliant que ce ne sont pas les états-majors qui coulent l'acier mais des ouvriers et que la sidérurgie anglaise est au main des Indiens de la Tata Steel qui ont le même logiciel prédateur que Mittal Steel. Le reste est aux Séoudiens de l'Al-Tuwairqi Group (Thamesteel) qui ont fait un coup d'accordéon en janvier dernier pour éponger leurs pertes à moindre prix. Si d'appeler ces chiens est patriote, alors M. Johnson est inégalable en humour
  • Pour une troisième voie économique (arch 2011)

    Bonjour mesdames et messieurs,
    J’ai aujourd’hui l’honneur de m’adresser à vous à l’invitation de Serge Ayoub. Je ne suis pas membre de Troisième Voie, l’expérience m’ayant enseigné qu’un engagement politique est incompatible avec le recul attendu d’un analyste impartial. Pour autant, je me considère comme un compagnon de route de votre mouvement. J’ai en effet coécrit, avec Serge et un mystérieux « M. Thibaud », un petit ouvrage, « G5G, la guerre de cinquième génération », dont certaines idées se retrouveront sans doute, à l’avenir, dans votre Troisième Voie.
    C’est pourquoi, quand Serge m’a demandé une contribution à votre réflexion sur l’économie, j’ai immédiatement accepté. De toute manière, le moment est excellent pour proposer des voies nouvelles. Après tout, ce que nous allons vivre dans les vingt ans qui viennent, c’est la fin d’un monde. Alors profitons-en pour dessiner, dès à présent, ce que nous espérons pour le monde d’après.
    Entendons-nous bien : cette formule, « la fin d’un monde », n’est pas une « manière de parler ». C’est l’exacte réalité, nous vivons, tous ici, depuis notre naissance, dans un monde : le monde de la consommation, de la confiance en l’avenir et du crédit. Nous allons, dans les deux décennies qui viennent, basculer dans un autre monde : le monde de la rareté, de la méfiance devant l’avenir et de la menace.
    Nous sommes à la veille de constater la faillite du monde anglo-saxon. La dernière fois que ça s’est produit, c’était en 1343, sous le règne d’Edouard III. Cela a entraîné la chute du capitalisme médiéval, conditionné la prolongation de la guerre dite de Cent Ans, et contribué à la division par deux de la population de notre continent. Oyez, oyez, bonnes gens, grand spectacle en perspective ! On ne voit pas ça tous les jours !
    C’est comme ça, on n’y peut rien… Essayons de faire une opportunité de cette grande menace : voilà ce dont il doit être question, pour une troisième voie économique.
    Mais commençons par prendre l’exacte mesure de la réalité.
    Sur le plan financier, la situation actuelle de l’Occident est facile  à résumer : c’est la faillite à peu près complète d’à peu près tout le monde. Il y a, dans le système et avant de prendre en compte les produits dérivés, trois ou quatre fois plus de dettes que ce qui est soutenable au regard des taux de croissance actuels. Les évaluations des actifs monétaires sont totalement déconnectées du réel et ne renvoient plus qu’à un immense schéma de Ponzi. Les actifs immobiliers sont estimés sur la base de ce que les baby-boomers étaient prêts à payer pour préparer leur retraite, on va bientôt voir ce qu’ils vaudront quand ces mêmes baby-boomers devront les revendre aux classes démographiques creuses. Les actifs productifs eux-mêmes sont largement surévalués, puisqu’apparemment, personne n’a provisionné les implications des crises énergétiques et écologiques à venir.
    En fait, tout l’Occident, c’est ENRON. Tous les occidentaux sont des salariés d’ENRON : ils croient qu’ils ont un boulot, mais en fait, ils n’ont qu’une ligne de crédit sur un compte déjà dans le rouge.
    En 2008, les USA et l’Europe se sont offert un répit en sauvant leur système bancaire par les comptes publics. Mais l’Etat salvateur est lui-même totalement démuni. A court terme, la faillite de certains Etats occidentaux devra forcément être constatée, d’une manière ou d’une autre. Va-t-on sauver l’Etat par la Banque, après que la Banque a été sauvée par l’Etat ? Si oui, cela passera par les super-souverains, FMI, BCE. Et après ? Et après, rien. On n’aura fait que reculer pour mieux sauter.
    Dans notre situation et à l'intérieur du cadre imposé par la haute finance actuellement au pouvoir, dans l'Etat profond, aux USA et en Europe, il n’y a que trois solutions : admettre qu’on ne peut pas rembourser les dettes, ce qui implique la déflation, puisque les faillites détruisent des revenus ; faire semblant de rembourser en imprimant de la monnaie à tour de bras, ce qui finit toujours par provoquer une inflation, par exemple via les prix des matières premières ou des denrées alimentaires ; ou bien gérer au fil des évènements, une politique de stop and go, pour fabriquer autant que possible une stagflation ou quelque chose qui s’en rapproche.
    C’est cette dernière solution que nos élites vont probablement suivre ; tout l’indique à ce stade, en tout cas. Dans les années 1970, cela avait permis de gérer l’abandon de l’étalon-or et les chocs pétroliers ; mais cette fois, la situation est bien plus grave : une stagflation étalée sur dix ans, qui se traduira probablement par une inflation réelle de l’ordre de 10/15 % par an, avec dans le même temps des salaires qui stagneront ou progresseront peu en monnaie courante, voilà le programme. La soupe à la grimace, et il y en aura pour tout le monde ; le tout venant impacter des sociétés ravagées par trente ans de dérive inégalitaire et d’appauvrissement des jeunes au profit des vieux.
    Première rupture : c’est la fin de l’ère de la consommation, c’est le début d’une ère de rareté relative. Voire, si certains mécanismes s’emballent, de rareté tout court.
    Circonstance aggravante dans ce contexte pour le moins tendu, le système financier international est par terre. Pour l’instant, on a l’impression qu’il est toujours debout parce que tout le monde fait semblant de ne pas voir qu’il est par terre, mais il est bel et bien par terre.
    La zone euro sera évidemment à brève échéance contrainte à un réaménagement drastique ; ce sera peut-être une explosion pure et simple entre une zone mark et une zone franc, peut-être le passage à un euro monnaie commune mais pas unique, peut-être une assez improbable sortie de crise par l’inflation, une inflation orchestrée par la BCE – une issue assez improbable vu les positions allemandes sur la question.
    Mais en tout cas, ce qui est certain, c’est que la zone euro telle que nous la connaissions, c'est fini. Ça ne pouvait pas durer, de toute manière. En gros, c’était : « empruntez comme des Américains si vous êtes espagnols ou irlandais, négociez vos salaires comme des Français si vous êtes français, et profitez cependant des avantages d’une monnaie forte, à l’Allemande, si vous êtes riches. » Ce genre d’incohérence ne peut pas durer très longtemps. Surtout quand ça crée un système où il n’y a plus aucun outil de contrôle au sein d’un espace allant de Naples à Paris…
    Le dollar, lui, n’est plus appuyé sur rien, à part la trouille bleue que le monde entier éprouve devant l’US Army. A ce sujet, pour ceux qui se demanderaient ce que les armées occidentales vont faire en Lybie : non, il ne s’agit pas de défendre les droits de l’homme parce que BHL a prophétisé son oracle. Il s’agit d’implanter une présence militaire euro-américaine pour empêcher par les armes la progression jusque là irrésistible de la Chinafrique, et ainsi conserver les matières premières sous contrôle – la seule raison qu’il reste au monde de vouloir du dollar, c’est en effet qu’on en a besoin pour acheter du pétrole et des matières premières.
    Conclusion : le système que l’Occident est en train de mettre en place, en gros, c’est le durcissement de la structure de classes en interne, et l’impérialisme à l’extérieur, pour défendre le pouvoir de la haute finance, principalement anglo-saxonne, en confisquant les matières premières et les énergies. Soit l’impérialisme pour sauver l’hypercentralisme du capital privé.
    Techniquement, ça rappelle assez certaines logiques des années 30, n’est-ce pas ?
    Militants de Troisième Voie, à l’avenir, quand on vous traitera de fascistes, vous pourrez répondre à bon droit que vous l’êtes  en tout cas moins que les gens que vous combattez ! Une réponse alternative serait que vous assumez les bons côtés du fascisme-projet, alors que les dirigeants actuels du capitalisme globalisé incarnent les mauvais côtés du fascisme-Etat, mais ce genre de nuances est probablement incompréhensible pour la plupart des gens…
    Bref, revenons au sujet.
    En face de ce fascisme bancaire occidental, un contre-pôle apparaît. En gros, c’est l’Organisation de Coopération de Shanghai, c'est-à-dire principalement l’alliance sino-russe, avec l’Inde en arrière-plan, même si elle n’a pas encore clairement choisi son camp.
    Ce contre-pôle, on peut le remarquer au passage, est allié avec une partie du monde musulman, mais ennemi d’une autre partie. Ici comme ailleurs dans l’Histoire, l’unité musulmane apparaît comme un leurre, et ceux qui ont espéré, à une certaine époque, en l’Islam unifié contre l’Empire de la Banque… eh bien ceux-là apparaissent, une fois de plus, comme des rêveurs. Le monde musulman, sur le plan géopolitique, ça n’existe pas. Il y a des pays musulmans, la plupart sont sans force. La Turquie et l’Iran ont un véritable pouvoir régional, mais le face-à-face planétaire, évidemment c’est Chine contre USA, avec l’Europe à ce stade dans le camp américain, et la Russie dans le camp chinois.
    Il y a un contre-impérialisme pour défendre l’hypercentralisme du capital d’Etat, et ça n’a rien à voir avec le Grand Jihad Hollywoodien et autres fariboles plus ou moins made in CIA...
    Le monde qui émerge, à travers cette confrontation pour l’instant très froide et très indirecte entre OTAN et OCS, c’est un monde de la méfiance. La méfiance de tous devant l’avenir engendre la méfiance de chacun devant les autres. C’est la deuxième rupture : le passage d’un monde de la confiance en l’avenir à un monde de la méfiance devant l’avenir, et donc de la méfiance entre les puissances.
    Cette rupture est sinistre, bien sûr, mais il faut aussi reconnaître qu’elle traduit une prise de conscience : les peuples qui ont fait confiance à l’Empire occidental savent maintenant à quoi s’en tenir, quand on leur tient des discours lénifiants sur la démocratie et la société ouverte. Allez parler de société ouverte aux retraités russes, vous allez voir, ils ont des choses à dire à ce sujet…
    Bref, revenons au sujet : le temps de la méfiance.
    La manifestation concrète de cette méfiance, c’est la décision sino-russe de commercer désormais en roubles et yuans. La signification de cette décision, c’est que la moitié du monde se prépare à sortir du cadre de représentation monétaire promu par l’Occident. La confiance ne règne pas…
    Et elle ne règne pas, d’ailleurs, pour de bonnes raisons.
    Ce cadre de représentation monétaire, promu par la sphère anglo-saxonne, dominante au sein de l’Occident, est depuis toujours appuyé sur le système du crédit. Ce système du crédit, concrètement, cela consiste à fabriquer, via la dette, une masse monétaire un peu plus importante que les besoins de l’économie réelle, qu’on lance ainsi à la poursuite d’une fiction : l’économie qu’il faut construire pour donner un sous-jacent à la masse monétaire générée par le crédit. De ce cadre de représentation, induit par le système du crédit, découle l’obligation de la croissance.
    Au départ, tout cela n’était pas malsain ; cela a pu contribuer à créer de la prospérité. Mais le système a peu à peu dégénéré, au fur et à mesure que le capitalisme butait sur des limites écologiques et énergétiques niées contre toute évidence. La machine économique occidentale s’est ainsi virtualisée jusqu’à définir une véritable paraphrénie, une sorte de discours délirant produit par un cerveau global schizophrène : vous ne pouvez plus rouler en voiture, mais les compagnies automobiles font des bénéfices records ; vous êtes  rendus malades par les médicaments, mais l’industrie pharmaceutique prospère. C’est de la folie. Le système économique occidental, depuis quelques décennies, c’est de la folie.
    Le résultat contemporain, c’est une course en avant qui a échappé à toute limite, à tout processus de pilotage coordonné, un cerveau global entièrement dominé par une irrésistible « pulsion de croissance », si j’ose dire, en  fait un cerveau global psychotique. Un cerveau global qui, parvenu au terme de son évolution, révèle progressivement son caractère psychotique, jusqu’à devenir une sorte de serial killer planétaire, ivre de toute puissance technologique, exactement comme un pervers violent est ivre de puissance devant une victime.
    Il y a un moment où il va falloir que nous, occidentaux contemporains, acceptions de nous voir tels  que nous sommes, même si c’est douloureux…
    Nous sommes une civilisation malade. Nous avons détruit la conscience en anéantissant les cadres religieux qui interposaient des limites, des barrières, entre nous et nos fantasmes de toute-puissance. Nous sommes sortis de la religion, puis nous avons laissé tomber nos idéologies, qui étaient des formes religieuses dégénérées. A présent, nous sommes dans les ténèbres, mais nous ne le savons pas. Nous avançons tels des somnambules, ou plutôt tels des morts vivants, des robots, des créatures programmées par une obsession qui les commande pour leur perte. De la disparition de toute référence à une extériorité transcendante, de l’émergence d’une sorte de projection de nous-mêmes comme point de référence à notre course, est sortie une vision du monde pathologique. Celle d’un Jacques Attali, qui nous présente comme « l’idéal judéo-grec » la double négation de la conscience juive du péché et de la conscience grecque de la nature. Véritablement, c’est une maladie dégénérative.
    Nous sommes aussi une civilisation contagieuse. Parce que nous engageons une course indéfinie à la puissance technologique, tout le monde est obligé de nous suivre. Certains n’y parviennent pas : Africains, musulmans, sud-américains, pour l’instant. D’autres y parviennent : Russes et Chinois, Indiens aussi, en partie. Il y a donc d’un côté ceux que nous pouvons détruire, et d’autre part ceux qui sont amenés, à leur façon, à nous suivre pour résister à notre menace – en produisant une menace en sens inverse.
    C’est là que nous trouvons la troisième rupture : bienvenu dans le siècle des menaces, et des menaces croisées, réciproques.
    Donc, je me résume pour que tout le monde ait les idées claires, voilà la situation : l’ère de la consommation, de la confiance et du crédit, nous a conduits, à l’instant de son retournement, dans l’ère de la rareté, de la méfiance et de la menace.
    Et alors la Troisième Voie, dans ce contexte ? J’y viens.
    Deux voies existent aujourd’hui. Le système s’arrange toujours plus ou moins pour fabriquer deux voies. Ça ne date pas d’hier…
    La première voie est définie par le bloc occidental : c’est le capitalisme de la Banque ; la seconde voie est incarnée désormais par la Chine : c’est le capitalisme de l’Etat. Dans les deux cas, le capitalisme n’a plus grand-chose à voir avec la libre entreprise, encore moins avec la liberté. Il n’y a pas de libre entreprise dans un pays où la Banque déclenche des faillites collectives  pour ramasser périodiquement la mise. Il n’y en a pas plus, évidemment, dans un système où l’Etat conserve fondamentalement un contrôle presque total sur la société.
    Ces deux voies, chinoises et anglo-saxonnes, n’en font qu’une à long terme. Aucune des  deux ne répond aux défis de l’heure. Elles sont produites par le siècle des menaces, mais elles ne permettent pas de répondre aux défis de ce siècle. Dans les deux cas, ce que nous avons, c’est un programme de maximisation de la puissance, une obsession de la croissance quantitative. Ni le modèle américain, ni le modèle chinois ne permettent de définir un avenir humain dans un monde où l’impératif de croissance va buter sur ses impératifs écologiques, énergétiques, mais aussi psychosociaux.
    En fait, ces deux modèles supposent implicitement un rebond technologique avant la date fatidique où les catastrophes convergent, entre 2020 et 2030. Mais ce rebond paraît très improbable. L’énergie de fusion, les ordinateurs quantiques… on nous promet  tant de choses. Mais en pratique, ce que l’on voit, c’est un déluge de gadgets, une multiplication des micro-innovations d’un intérêt de plus en plus douteux.
    La voie du capitalisme financiarisé, virtualisé, à l’occidentale, nous conduit vers un monde où le Capital privé, devenu maître de l’Etat, bâtit un pôle de puissance et de richesse prédateur et restreint, dominant un contre-pôle de pauvreté et d’impuissance, formé par une masse dominée. C’est le monde créé par la toute-puissance de la Banque virtualisée, toute-puissance prédatrice et corruptrice, racine de presque tous nos maux, en réalité. Fondamentalement, le cœur de cette voie se trouve dans les pays anglo-saxons et en Israël. Précisons que les peuples américains, anglais ou israéliens n’y sont, dans leur écrasante majorité, pour rien ou à peu près ; ils se trouvent simplement que le Capital a élu domicile chez eux. Ils commencent d’ailleurs à figurer parmi les victimes les plus cruellement attaquées, d’ailleurs, s’agissant en tout cas des Américains et des Anglais.
    La voie du capitalisme encore industriel, à la chinoise, nous conduit exactement vers le même monde, avec deux ou trois décennies de retard, malgré la vitesse étonnante du décollage chinois. Le capitalisme de l’Etat, tout en haut de la structure,  donne peut-être à la voie chinoise, à ce stade, une plus grande cohérence. Mais ne nous y trompons pas, cette cohérence n’est pas mise au service de la liberté, de la dignité des êtres ordinaires. Le système chinois a l’immense mérite de parvenir à gérer un pays d’un milliard trois cent millions d’habitants. Mais ce n’est pas un système que nous, européens, pouvons envier.
    En pratique et en profondeur, Chine, USA, cela revient au même : c’est le modèle d’une humanité à deux vitesses, pour mettre en cohérence le maintien du niveau de l’empreinte écologique démesurée des riches et l’harmonisation des structures de classes à l’échelle planétaire. Deux voies s’opposent, mais elles s’opposent pour se cautionner, et pour conduire, par leur opposition, à un unique modèle. Lire Jacques Attali, pour savoir ce qu’est ce modèle.
    Chine-USA, une opposition en forme de piège. Une ruse de l’Histoire. Ou plutôt : de ceux qui font l’Histoire.
    Mais c’est aussi une opportunité, car à la charnière de ces deux voies opposées par leur origine, et convergentes par leur dynamique, une troisième voie peut apparaître.
    Cette troisième voie, c’est notre espoir.
    Le duopole sino-américain est en crise. Il y a une sorte de course de vitesse entre deux phénomènes historiques : d’une part la confiscation progressive du pouvoir par une hyperclasse mondialisée qui a encore, sans doute, besoin de plusieurs décennies pour prendre vraiment conscience d’elle-même à l’échelle globale ; d’autre part l’implosion de l’empire jusque là dominant, celui du capitalisme occidental, et une transition complexe à gérer vers une nouvelle structure, au sein de laquelle la Chine risque d’être prédominante. La super-crise sociale et la super-crise géopolitique : laquelle des deux va surdéterminer l’autre ?
    Alors, à tout moment, l’opposition de façade entre capitalisme occidental et capitalisme asiatique peut devenir autre chose qu’une opposition de façade. Le système global n’est pas stabilisé ; il faudra encore plusieurs décennies pour le stabiliser.
    Et c’est donc pendant ce moment historique, entre l’ère impérialiste occidentale et l’ère de l’hyperclasse globalisée, et à la charnière entre les deux sphères occidentale et asiatique, c’est ici et maintenant, que peut se trouver une des rares lueurs d’espoir de notre époque : l’hypothèse d’une renaissance européenne, pour une troisième voie, ni américaine, ni asiatique.
    Le monde a besoin d’un retour à l’esprit de limitation, parce que nous sortons de la consommation et entrons dans la rareté. Le monde a besoin d’une proposition de société qui préfère l’équilibre à la croissance, parce que nous sortons du temps de la confiance aveugle en l’avenir, parce que nous  entrons dans l’ère de la méfiance. Et par-dessus tout, le monde a besoin d’une capacité à construire la paix et la stabilité, parce qu’il est, désormais, le monde de la menace. Ces caractéristiques, limitation, équilibre, stabilité, ne peuvent être apportées ni par l’économie atlantique contemporaine, véritable prolifération cancéreuse de la valeur comptable sans contrepartie réelle, machine à secréter le déséquilibre destructeur, ni par une économie chinoise pour l’instant éclatante de santé, mais caractérisée en profondeur par des déséquilibres sociaux gravissimes, qui finiront par pousser Pékin à s’engager dans un impérialisme adapté à la donne chinoise.
    Dans un tel contexte, la définition d’une troisième voie par un troisième pôle est une espérance pour le monde.
    Cette troisième voie, sa définition suppose d’une part qu’une force émerge qui puisse dire non à l’impérialisme anglo-saxon, d’autre part que ce refus soit accompagné d’une proposition positive de refondation.
    La force, pour liquider l’énorme masse de dettes  en la soldant sur la finance spéculative – ce qui suppose, pour que le voleur rende gorge, que la puissance de l’US Army et des réseaux d’influence de l’Empire occidental, gardiens du pouvoir de la Banque, trouve en face d’elle une puissance dissuasive, de force sinon égale, au moins comparable. La force, en somme, pour préempter la crise géopolitique, pour l’utiliser comme un levier, au lieu de la subir.
    Et la proposition de refondation, c’est la fin, ou plutôt le dépassement de la psychose occidentale. Si notre civilisation a fabriqué cette psychose, c’est d’abord parce qu’elle avait pris énormément d’avance sur les autres civilisations du globe. Ceci implique aussi que nous pouvons, peut-être, trouver les premiers le remède à la maladie que nous avons répandue.
    Ce remède, on le connaît tous en réalité. Arrêtons de tourner autour du pot : très concrètement, il s’agit de convaincre les  riches qu’ils vivront une vie bien plus intéressante en partageant. Hors de là, pas de salut. Un processus d’imitation parcourt la structure sociale et la modèle de haut en bas. Nous devons en changer le contenu, pour qu’il répande à nouveau, à travers toutes les couches de la société, les valeurs supérieures du courage, de l’ascèse, du partage, et de la protection du faible par le fort en somme. Bref, il faut en finir avec le règne des marchands.
    Si l’on a pu s’illusionner un instant sur une possible révolution conservatrice aux USA, il devient désormais évident que nous ne trouverons pas la formule de cette réhabilitation des valeurs supérieures dans un monde atlantique qui nous domine, mais qui illustre, jour après jour, sa renonciation à toute décence. Nos traditions de l’Europe continentale sont notre dernier espoir, voilà ce qu’il nous faut raviver si nous ne voulons pas périr.
    Bref, qu’il s’agisse de constituer un pôle de puissance ou de lui donner une substance, c’est toujours par un choix géostratégique que peut et doit commencer toute « troisième voie économique » : nous devons choisir le contrepoids à la puissance et aux valeurs d’un monde atlantique malade et prédateur, qui nous fait crever parce qu’il héberge, pour l’instant du moins, la Banque, le Capital parasitaire. Demain, peut-être, une deuxième révolution américaine me fera mentir.
    Mais pour l’instant, nous savons tous où se trouve l’alternative : dans l’alliance russe.
    Et nous savons tous, aussi, comment cette alliance peut s’organiser. Depuis que Vladimir Poutine a publié dans la Süddeutsche Zeitung un plaidoyer pour un espace économique de Lisbonne à Vladivostok, tout le monde a pu constater que le Kremlin veut l’alliance européenne – ce qui est parfaitement logique, puisque cela installe la Russie en pont terrestre entre l’Europe et l’Asie. Et tout le monde a pu constater, aussi, que la proposition a été formulée en allemand, ce qui, là encore, n’étonnera personne, du moins parmi les gens qui se sont intéressés, ces dernières années, à la progression fulgurante du commerce germano-russe.
    Bref, le nom concret de l’alliance russe, c’est : Paris-Berlin-Moscou.
    Alors soyons clair : si vous vous demandez, parmi les gens qui vous parlent, qui est du côté des peuples, il y a deux questions à poser. La première, évidente, c’est : êtes-vous pour le retour à la souveraineté monétaire des Etats, donc pour l’abolition de la loi de 1973 interdisant à la Banque de France d’accepter les effets du Trésor à l’escompte. La deuxième, moins évidente mais tout aussi cruciale, c’est : êtes-vous pour une alliance Paris-Berlin-Moscou ?
    Ceux qui répondent oui aux deux questions veulent une troisième voie économique.
    Ceux qui répondent oui à la première question, la loi de 73, mais non à la seconde, Paris-Berlin-Moscou, sont de doux rêveurs, qui n’ont pas pris conscience des vrais rapports de force.
    Vous en trouverez aussi qui répondent oui à la deuxième question, Paris-Berlin-Moscou, mais non à la première, la loi de 1973. Ceux-là veulent en réalité positionner le pouvoir bancaire au cœur d’une future économie continentale – car, il faut bien le comprendre, ce pouvoir, aujourd’hui logé dans le monde atlantique, peut très bien, demain, se repositionner dans un cadre différent, y compris à travers un axe Berlin-Moscou maîtrisé, en réalité, par les banques d’affaires. La politique et l’économie sérieuses, ce n’est jamais simple.
    Mais supposons que tous les écueils ont été contournés. Supposons qu’un nouveau pouvoir, en France et en Allemagne, sans rompre totalement les liens avec les USA, engage réellement l’Europe dans une troisième voie économique…
    Imaginons que le rêve esquissé par Vladimir Poutine dans la Süddeutsche Zeitung est devenu réalité. En quoi consiste alors la troisième voie ?
    Oh, ça n’a rien de bien sorcier : c’est d’une part le relèvement de tout ce qui a été abattu par un demi-siècle de despotisme bancaire, et d’autre part l’adaptation de ces dispositifs restaurés à la nouvelle donne créée par les défis du XXI° siècle, des défis qui ne seront pas ceux du XX° siècle.
    En France, en gros, il faut refaire le Conseil National de la Résistance, en nous souvenant que l’enjeu n’est plus tant de sortir de la pauvreté que d’organiser une aisance écologiquement responsable. En Allemagne, il faut revenir, là encore sous des formes renouvelées, à ce qui s’appelle, là-bas, l’économie sociale de marché et la cogestion. Et en Russie, il faut continuer le bon travail fait, depuis dix ans, par Poutine, en tirant profit des avantages considérables que la Russie peut espérer d’un investissement technologique européen. Nous avons notre hinterland à développer, il s’appelle la Sibérie, et il est immense. Croyez-moi, si nous osons renaître, nous ne sommes pas les plus mal placés sur terre…
    On peut tout à fait imaginer que progressivement ces modèles européens, ces projets nationaux inscrits en Europe, se rapprochent et, dans une certaine mesure, fusionnent. Il est hors de doute qu’il existe aujourd’hui en  France un intérêt pour ce que l’Allemagne a réussi mieux que nous ; une partie de cet intérêt est obscène : cette partie renvoie au fantasme que le pouvoir capitaliste français a toujours entretenu à l’égard de la société germanique hiérarchisée. Mais une autre partie de cet intérêt est tout à fait sain : le fait est que la cogestion et l’économie sociale de marché, eh bien cela marche tout simplement, dans certains domaines, mieux que la planification indicative à la française – même si dans d’autres  domaines, c’est le système français qui s’impose.
    D’ailleurs, il existe aujourd’hui en Allemagne un vif intérêt pour l’esprit de solidarité français – évidemment, les médias dominants, ici, ne vous en parlent pas, mais savez-vous que récemment, un sondage a révélé que 75 % des Allemands approuvaient une grève dure dans les chemins de fer, parce qu’ils estiment la rigueur excessive ? Vous a-t-on parlé des manifestations importantes  qui viennent de secouer la Saxe, à peu près là d’où est parti, en 1989, le mouvement qui devait mettre la RDA par terre… Non, évidemment : vous comptez compter sur les médias français quand il s’agit de ne pas vous informer de ces choses. On préfère vous expliquer que les Allemands bossent dur et ferment leur gueule, et que vous devriez faire pareil. Eh bien, sachez-le, on vous ment : en Allemagne, il n’y a pas que des patrons et des retraités, il y a aussi une population qui souffre. Rien ne dit que cette population acceptera éternellement d’être le prisonnier modèle de la nouvelle prison des peuples, j’ai nommé l’Union Européenne bruxelloise…
    En fait, ce qui se passe en ce moment, c’est que l’Europe est en train d’hésiter entre conclure son suicide et renaître.
    Si nous ne parvenons pas à triompher de la dictature des marchés financiers, si nous devenons les auxiliaires du combat d’une soi-disant voie occidentale vers la société de l’injustice, contre une voie asiatique conduisant d’ailleurs elle aussi à cette même société de l’injustice… bref, si nous nous laissons entraîner dans une voie que nous n’avons pas choisie, les gens qui nous ont poussé au suicide finiront leur travail.
    Mais il y a une autre voie.
    La voie qui consiste, tout simplement, à décider nous-mêmes de notre avenir. Restaurer notre souveraineté nationale, l’insérer dans un ordre européen reposant sur une alliance structurelle entre des puissances européennes souveraines, mais coordonnées par un système d’agences, souple et réactif. Utiliser le formidable levier de puissance de cette alliance pour reconquérir les instruments de la souveraineté monétaire. Utiliser la souveraineté monétaire pour opérer, à l’échelle d’un espace eurosibérien coordonné, une véritable refondation monétaire. Profiter de cette refondation monétaire pour faire, à l’échelle de cet immense espace eurosibérien, ce que jadis, en plus petit, l’alliance des résistants dans le CNR avait fait en France, ou encore ce que, d’une autre manière, les politiques habiles et raisonnables firent en Allemagne, dans les années 50. Redistribuer les revenus. Dompter le capitalisme. L’obliger à produire, sans violence inutile, sans contrainte autre que celle strictement nécessaire, la dose exacte de socialisme qui doit servir de contrepoids à un libéralisme sain, un libéralisme des entrepreneurs. Et choisir, ainsi, à travers l’économie, qui n’est qu’un outil, la renaissance de nos vieux peuples.
    On sait tous très bien ce qu’il faut faire. Et on sait tous très bien que la seule chose qui nous empêche de le faire, c’est, tout simplement, le pouvoir des riches, des très riches. Il faut, donc, tout simplement, briser ce pouvoir, là où il est à ce stade concentré : dans l’Anglosphère. La troisième voie, c’est la voie qui conduit à remporter cette bataille-là.
    C’est possible. Mon opinion est qu’il y a très peu de chances pour que cela arrive, je ne vous le cacherai pas. Mais c’est possible, et c’est absolument la dernière chance, le dernier arrêt pour descendre et changer de train. Après, le programme, c’est highway to hell.
    Donc, en conclusion, voilà à quoi, à mon avis, doit correspondre la troisième voie économique défendue par votre mouvement : saisir la dernière chance de l’Europe.
    Evidemment, on dira qu’il y a un extraordinaire décalage entre cette ambition et vos moyens. A quoi bon, dira-t-on, parler de ces questions à des gens si peu nombreux, si peu puissants ?
    A cette objection, je répondrai qu’on ne vous demande pas, à vous du mouvement Troisième Voie, d’être plus que des auxiliaires dans ce grand combat.
    A ceux qui s’étonnent, ici ou là, que je sois un compagnon de route de votre mouvement, je réponds en général ceci : quand on va passer aux choses sérieuses, ce qui arrivera forcément dans quelques années, et nous le savons tous… quand on va passer aux choses sérieuses, donc, vous préférez les trouver où, les jeunes gars de cette tendance : en face de vous, ou à côté de vous ?
    Et donc, voilà pourquoi j’espère, militants et sympathisants du mouvement Troisième Voie, vous avoir, en bon compagnon de route,  un peu aidé aujourd’hui à choisir le bon combat.
    Michel drac http://www.scriptoblog.com

  • Deux craquements au sein de la pseudo-majorité

    Le spectacle lamentable donné par le fonctionnement statutaire de l'UMP induit ces temps derniers des effets collatéraux non négligeables.

    Deux "petits" événements significatifs, survenus le même jour le 28 novembre doivent pourtant retenir l'attention. Il s'agit des votes négatifs du Sénat sur le projet de Loi de finances et les protestations de l'Association des régions de France sur le fonctionnement prévu pour la Banque publique d'investissement. Ces deux dossiers manifestent en effet une situation du pouvoir actuel beaucoup plus fragile qu'on ne veut faire semblant de le croire.

    D'une part, en effet, le feuilleton de la présidence du principal parti de droite, dissimule les débats profonds internes à la gauche. Celle-ci se révèle déchirée par des choix indispensables. Or, ni Monsieur Normal ni son Premier ministre ne parviennent à les imposer, ni probablement même à les concevoir. Il ne s'agit pas seulement de fiscalité ou d'économie, mais aussi de politique scolaire, de lutte contre la délinquance et l'immigration clandestine, de position au sein de l'Union européenne, etc.

    Tôt ou tard, et même sans doute très bientôt, ces sujets reviendront au premier plan sans que la cohérence, au moins apparente, de l'action gouvernementale ait vraiment été rétablie.

    D'autre part, la majorité factice gronde de plus en plus. Elle se sait confrontée à ces contradictions entre les idéologies, dont elle se réclame encore, et les réformes qu'il faudra bien esquisser et, plus encore, mettre en œuvre. Elle n'est pas seulement composée du parti socialiste en ses diverses tendances et factions. Elle comprend aussi le parti radical de gauche, un peu dérisoire, le parti communiste, qui se refait impunément une dentition, mais aussi les écolos, les groupuscules, les mouvements associatifs extraparlementaires, etc.

    Or tout cela se retrouve, effectivement, à deux échelons : celui de la majorité sénatoriale conquise à l'automne 2011, et celui des collectivités territoriales qui dans leur grande majorité ont basculé à gauche dès la deuxième présidence Chirac, donc depuis quelque 10 ans. Par conséquent leurs personnels savent pertinemment ne rien devoir ni à Monsieur Hollande ni à son collaborateur Ayrault, respectivement chef de l'État et chef du gouvernement, à ce qu'il paraît, depuis mai 2012.

    Le pays légal, celui qu'accapare la classe politique, se trouve ainsi en présence d'un morcellement quasi féodal. Et comme les dirigeants officiels ressemblent fort peu aux Capétiens directs, on n'en sortira que difficilement et, du point de vue de ses profiteurs, que douloureusement.

    Les discours tenus dans l'enceinte du Palais du Luxembourg pourraient être cités largement.

    Une perle de taille a été lâchée par exemple par l'indérridable humoriste Cahuzac : celui-ci a osé se féliciter, lors du débat sur les crédits de l'Union européenne que "le président de la République a placé la France au centre du jeu. Il a eu des entretiens bilatéraux pour que le Conseil ne voie pas s'affronter contributeurs nets et amis de la cohésion". (1)⇓Cette déclaration veut dire, en clair, que tout un clan gouvernemental de frivoles courtisans et de technocrates à courtes vues ne voient pas l'erreur que commet Paris en approfondissant le fossé avec ses principaux partenaires.

    Le point crucial est ici que la majorité sénatoriale de gauche, celle qui a élu Bel à la présidence de cette assemblée, a besoin des communistes et que ceux-ci ont pris l'habitude de voter "contre" avec la droite et le centre. Ceci n'empêchera sans doute pas l'adoption en seconde lecture au Palais Bourbon des principales mesures notamment fiscales, rejetées par la haute chambre du parlement. Mais cela pose plus en plus un problème politique.

    Or on ne doit pas perdre de vue que le Sénat lui-même reflète les rapports de forces au sein des collectivités territoriales, théoriquement dominées par les socialistes.

    Et le deuxième craquement au sein de la pseudo-majorité issue du second tour de mai 2012, s'est précisément manifesté par la fronde des exécutifs régionaux autour du contrôle de la future Banque publique d'investissement. Le Ministère des Finances entend placer l'institution sous sa coupe. Ce que bien évidemment les grandes régions refusent. On rapporte ainsi la remarque du président de la plus grosse d'entre elles fâché car "Bercy nous prend pour des analphabètes sur le plan économique"(2)⇓ Or ces propos viennent d'un soutien de poids de l'actuel président de la république. Les régions considèrent qu'avec 2 administrateurs sur 15 elles ne détiendront aucune véritable influence dans les choix "volontaristes" Ceux-ci leur seront imposés au nom du soi-disant redressement productif, cette vaste escroquerie semblant destinée à camoufler le plus sordide des clientélismes.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    notes :

    1. cf. Compte rendu analytique officiel du 28 novembre, première séance.
    2. cf. Cf. Le Monde.fr | en ligne le 28.11.2012 à 21h00.