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  • Une taxe perdue...

     

    Il y a beaucoup de choses à reprocher à la République et à ses dirigeants, et tout particulièrement l’hypocrisie, qui est sans doute la pire des choses en politique, au même titre que le manque de courage et l’indécision. Ainsi, le rejet par le Conseil constitutionnel de la fameuse taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros : qui peut croire que M. Hollande ne savait pas qu’elle serait annulée par ce Conseil, alors même que son principal conseiller, le secrétaire général de l’Elysée Emmanuel Macron, évoquait cette taxe provisoire comme celle d’un Etat comparable à un « Cuba sans le soleil » ? Qui peut croire qu’un Président de la République est un « amateur » en matière fiscale ou qu’il n’a pas des spécialistes sur la question capables de lui dire que sa proposition serait, au regard du Droit français, invalidée ? En fait, et sans doute dès le début, M. Hollande savait que cette taxe était condamnée, et cela avant même d’arriver au faîte de l’Etat, mais il s’agissait pour lui de mordre sur l’électorat d’une Gauche qui semblait, au printemps 2012, sensible aux sirènes mélenchonistes, et, pour cela, toutes les démagogies étaient autorisées, la fin présidentielle justifiant tous les moyens électoraux puisque la France a le malheur d’être en République… 

    Sinistre farce mais à laquelle, d’ailleurs, peu de gens ont cru : je me souviens d’une conversation entendue dans un café de Saint-Briac en pleine effervescence électorale, conversation durant laquelle une jeune femme visiblement issue des classes aisées et attachée, selon ses termes, à la « mondialisation obligatoire et forcément bénéfique (sic !) », expliquait qu’elle voterait « évidemment » pour François Hollande mais tout en affirmant à son interlocuteur encore hésitant que le candidat socialiste serait, de toute façon, « raisonnable » et que cette taxe, pourtant présentée comme fondamentale dans sa stratégie de candidat (mais qui dit stratégie ne dit pas forcément « mise en pratique »…), ne serait pas vraiment « utile » ni même « souhaitable », et qu’il y renoncerait sans doute après quelques mois et quelques conseils… Cette même jeune femme arguait de la nécessité pour François Hollande de « convaincre le peuple » qui « malheureusement » votait… Je n’invente rien, j’ai bien entendu cela ! 

    Et ce qui devait être, est effectivement ! Cette fameuse taxe symbolique a joué son rôle dans l’élection, même si elle ne devait, disait-on dans les milieux économiques, rapporter que des sommes relativement dérisoires (quoique, au point où en sont les caisses de l’Etat…) : elle est désormais invalidée et disparaît des dispositions du budget 2013 en attendant de disparaître définitivement dans les placards des promesses électorales, comme tant d’autres après chaque élection… Avant cette taxe à 75 %, il y a eu la fameuse « taxe carbone », censurée par ce même Conseil constitutionnel en 2009 et, malgré les promesses du lendemain de la reformater, totalement enterrée ensuite, dans une indifférence générale…

    Ce gouvernement est d’une hypocrisie totale quand il essaye de faire croire qu’il va chercher à relancer cette taxe en la formulant différemment ou en l’amendant « légèrement (sic !) » ! Les beaux discours de M. Hollande lorsqu’il était candidat sont, les uns après les autres, défaits par les réalités ou, bien plutôt, par cette sorte de fatalisme qui aujourd’hui gangrène le monde politique et le persuade qu’il ne peut, en définitive, rien faire si ce n’est suivre le cours de la mondialisation économique : cette morale impolitique de « la feuille morte au fil de l’eau » m’agace au plus haut point, et je refuse cette désertion de l’Etat face aux difficultés, cette propension à rendre les armes avant même d’avoir combattu, que cela soit à Florange face au prédateur Mittal ou à Bruxelles face à la chancelière allemande !

    Après tout, cette affaire de taxe refusée n’est pas la plus grave, même si elle est hautement révélatrice (et que cette taxe, personnellement, ne me choquait pas outre mesure, bien au contraire, comme je l’ai déjà écrit ici) : ce qui est inquiétant, c’est cette impression donnée par la République et son gouvernement actuel, certes forcément « provisoire », que l’Etat a renoncé à réfléchir et à agir, à décider et à s’imposer ! A contrario, donc, voici encore quelques raisons supplémentaires d’être royaliste !

    http://jpchauvin.typepad.fr/

  • L'offensive américaine sur les banlieues françaises (Partie 1)

    On le sait depuis plusieurs années, les Américains sont clairement engagés dans une stratégie d’influence de vaste ampleur vis-à-vis des minorités en France. Pour les lecteurs de Polémia, « il ne s’agit pas là d’une découverte mais d’une confirmation : oui, il y a une claire et nette entreprise de manipulation des minorités en France par les Américains. Les opérations mises en œuvre sont scrupuleusement planifiées, suivies et évaluées ». Aujourd’hui, c’est le Qatar, gonflé de ses dollars et de ses euros qui lance une nouvelle offensive vers nos banlieues. Nous conseillons vivement le lecteur à se rendre aux adresses indiquées en fin d’article.
    Polémia  

    « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique (...) sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. ». Ces mots surprenants sont ceux du défunt président français François Mitterrand.

    Ils pourraient prêter à sourire plus qu’à les prendre au sérieux, sauf pour ceux qui s’inquiètent de l’offensive du Qatar, qui vient de promettre au gouvernement français de s’occuper des quartiers défavorisés, en échange du rachat d’un peu de dette française. Pourtant les banlieues françaises ne sont pas seulement visées par le Qatar mais également par de nombreux stratèges du département d’état américain, qui ont développé une stratégie à long terme basée sur la démographie des jeunes français issus de l’immigration africaine qui implique, à terme, une prise progressive de pouvoir et d’influence en France pour ces minorités.

    C’est un câble datant du 25 janvier 2007 publié par Wikileaks qui révèle cette étonnante affaire. L’ambassade américaine y affirme clairement développer une politique active de soutien et de développement envers les communautés afro-arabes de France, en visant clairement les jeunes musulmans français. Les premiers éléments de cette politique furent fixés en 2001, juste après le 11 septembre, alors qu’il semblait vital au département d'état de tenter d'améliorer l'image de l’Amérique aux yeux des musulmans d'Europe.

    Mais c’est suite aux émeutes françaises de 2005, que le président Obama nomme en 2009 Charles Rivkin comme nouvel ambassadeur des États-Unis en France. Celui-ci va alors par le biais de l’ambassade développer une intense campagne de lobbying auprès de jeunes français issus de l’immigration. Cette campagne prendra différentes formes : l’organisation de voyages sponsorisés aux Etats-Unis dans le cadre de programmes politiques, des déplacements de l’ambassadeur dans des zones sensibles à forte concentration de population d’origine immigrée, l’organisation de visites de stars américaines issues de la diversité dans ces quartiers, ou encore l’organisation d’événements (politiques ou artistiques) avec des jeunes français issus de la diversité. L’ambassadeur est principalement assisté dans ses activités de lobbying en direction de ces minorités par Mark Taplin, un diplomate de carrière, spécialiste des méthodes d’influence et du soft-power. Ancien attaché de presse adjoint en 1994 à l’ambassade américaine à Moscou il a ensuite travaillé en Ukraine, Moldavie et Biélorussie de 1999 à 2004, année de la révolution de couleur en Ukraine.

    L’année suivante, en 2010, l’ambassade américaine à Paris rédige un câble dans lequel l’ambassadeur Charles Rivkin explique les activités américaines en direction des minorités. Le câble décrit la crise de la représentation nationale en France, la nécessité pour les américains de développer une stratégie pour la France, de s’engager dans un discours positif, de mettre en avant un exemple fort, lancer un programme agressif de mobilisation de la jeunesse, l’encouragement des voix modérées, une diffusion des meilleures pratiques, l’approfondissement des compréhensions du problème, et enfin le ciblage des efforts. Le câble a été traduit et il est consultable ici, il est plus qu’explicite et mérite d’être lu. Il y est clairement expliqué que l’opération n’a comme intérêt final que de faire progresser les intérêts américains en France via la prise de pouvoir progressive de jeunes français issus de la diversité. Bien sur de nombreuses associations et fondations américaines opèrent depuis longtemps pour s’assurer du soutien à l’Amérique au sein des élites françaises, que l’on pense à la très célèbre fondation Franco-américaine, au club Jean Moulin (destiné à créer un projet d’opposition au gaullisme) ou encore plus récemment au conseil national pour les visiteurs internationaux. Mais la nouveauté de cette politique de séduction est qu’elle est focalisée sur des communautés ethnico-religieuses en France et notamment sur les jeunes musulmans.

    Cette activité diplomatique vise donc les élites françaises tout comme les sites internet de la communauté immigrée en France. Sont cités notamment comme relais les sites oumma et saphir, qui ont confirmé leurs bonnes relations avec l’ambassade des Etats-Unis en France (voir ici et la). Mais des personnalités publiques et politiques issues de la diversité ont également été visées, comme par exemple Rokhaya Diallo, Reda Didi (ex-responsable du mouvement socialiste écologiste français les Verts qui a notamment publié un ouvrage A nous la France racontant son expérience américaine). Il y a aussi Ali Soumaré (ancien candidat PS aux élections régionales), Almamy Kanouté, (militant associatif et à la tête d'une liste indépendante à Fresnes), Najat Belkacem, ancienne porte-parole de Ségolène Royal, et aujourd’hui membre du gouvernement français, ou encore Said Hammouche, fondateur du cabinet de recrutement Mozaïk RH, qui vise à favoriser la diversité dans les entreprises françaises. Enfin, le rappeur Axiom, qui a lui aussi participé à ce programme et publié un ouvrage intitulé J'ai un rêve, appelant à lancer, en France, une vraie dynamique de lutte des droits civiques, sur le modèle américain. Cette liste n’est pas exhaustive.

    Plus surprenant, ce travail de lobbying des minorités cible particulièrement les musulmans français. L’ambassade américaine a par exemple contribué à lancer une association nommée Confluences, destinée à promouvoir les minorités et particulièrement la minorité musulmane dans la région lyonnaise, tout autant qu’ à lutter contre les discriminations. L’attaché culturel du consulat américain à Lyon siège au conseil d’administration de l’association. Plus récemment, c’est une maison des Etats-Unis qui a été créée, destinée à informer les Lyonnais sur l’Amérique. Notre ambassadeur est aussi fortement intéressé par les « écoles de la seconde chance » destinées à favoriser l’intégration des jeunes défavorisés, souvent issus des agglomérations cosmopolites des grandes villes françaises. Ce travail en faveur des minorités défavorisées est plus limpide lorsque l’on lit le vibrant hommage rendu à l’ancien directeur de Sciences Politiques Richard Descoings, décédé dans des circonstances sordides aux Etats-Unis au début de cette année. On sait le travail énorme fourni par Richard Descoings pour ouvrir Sciences Po à la nouvelle diversité française, et aux minorités des quartiers dits défavorisés.

    Au passage, la presse française, qui a applaudi cette initiative au nom de l’égalitarisme social et républicain a curieusement passé sous silence la gestion financière catastrophique de l’établissement.

    Alexandre Latsa
    La Voix de la Russie
    3/11/2012, http://www.polemia.com/

  • COMMENT L'OCCIDENT MANIPULE LES CONSCIENCES

    Longtemps on a cru que la désinformation était l'apanage de l'Est et qu'avec la chute de l'Empire soviétique, enfin la vérité serait plus facile à traquer. Faux, bien entendu. Si elle est une invention communiste, la « desinformatiya » sert aujourd'hui plusieurs maîtres et un totalitarisme mou en apparence qui a nom « pensée unique ». Vladimir VoIkoff, qu'on ne peut suspecter de sympathie pour l'URSS, nous livre post-mortem dans son excellente collection sur la désinformation fondée aux éditions du Rocher un opuscule qui paraîtra peut-être incongru aux vétérans de la guerre froide. Il s'agit d'un commentaire d'un ouvrage à ce jour non traduit en français, une analyse critique de la manipulation de la conscience (2000) du politologue marxiste Sergueï Kara-Mourza.
    Né à Moscou en 1939, scientifique de formation, épistémologue ayant consacré sa thèse à L'Histoire et la Méthodologie de la science et de la technologie, celui-ci a été professeur avant de publier des ouvrages consacrés à la politologie. Bien qu'il s'oppose à sa thèse selon laquelle c'est l'URRS qui a créé la désinformation, Volkoff constate qu'il le rejoint sur les conclusions et les méthodes employées, ainsi que sur les moyens d'en libérer les esprits.
    Selon Kara-Mourza, cependant, la désinformation étant « l'adaptation à la politique des techniques publicitaires » la Russie soviétique n'a pu en être la conceptrice mais bien les Etats-Unis. Mieux que « désinformation », ce dernier emploie d'ailleurs plus volontiers l'expression plus forte et significative de « manipulation de la conscience » qui en définit beaucoup mieux l'objectif : « un moyen d'imposer sa volonté en agissant spirituellement sur les gens par la programmation de leur comportement ».
    L'utilisation des sondages, par exemple, dont on n'a pas - et pour cause - vu l'usage en Union soviétique, participe de cette manipulation quoique Kara-Mourza ne le mentionne pas dans son ouvrage. Mais le fait que les programmes politiques et l'exposition d'alternatives soit, remplacé par la concurrence des images des politiciens, images créées  selon les lois du bizness publicitaire » nous rappelle étrangement notre dernière campagne électorale. Et notre analyse marxiste de conclure avec une lucidité qu'on aimerait voir à nos politologues de comptoir : « Dès que la manipulation de la conscience s'est transformée en une technologie de la maîtrise, le concept même de démocratie est devenu purement conventionnel et ne peut plus s'utiliser que comme un cliché idéologique. » Selon lui, ce sont les médias qui sont devenus les meilleurs vecteurs de désinformation, clone de manipulation, que ce soit à leur insu ou non.
    Pour s'en convaincre, il n'est que de poursuivre par la lecture d'un autre ouvrage de la même collection, Désinformation et Services spéciaux, dans lequel Sophie Merveilleux du Vignaux, chercheur spécialiste du renseignement, analyse l'enjeu que constitue le contrôle de l'opinion à travers la maîtrise des média et le rôle joué par les services spéciaux clans ce triangle qu'on osera qualifier d'infernal. Loin de tout le « romantisme » qui accompagne les histoires d'agents secrets, son étude d'un cas d'école, l'affaire du Rainbow Warrior, est à cet égard édifiante. On y découvre toutes les facettes et tous les acteurs de la désinformation à l'œuvre du début à la fin. Très instructif, et pas seulement pour les élèves d'école militaire...
    Michel Arbier le Choc du Mois  Juin 2007 -

    La Désinformation vue de l'Est, par Vladimir Volkoff, éditions du Rocher, 136 pages, 17 euros. Désinformation et Services spéciaux, par Sophie Merveilleux du Vignaux, éditions du Rocher, 240 pages, 18 euros.

  • Crue, gel, assèchement ! Comment l'eurocratie liquide la paysannerie

    L'Europe verte communautaire, lancée par le ministre de l'Agriculture Chirac sous Pompidou, devait être l'âge d'or des paysans de France, d'après la propagande du « plus grand ministre depuis Sully » (la FNSEA en 1973). Le vert espérance s'est mué en vert-de-gris fatal, les paysans sont une espèce en voie de disparition. L'agonie des exploitants aboutit en ce moment à une crise intereuropéenne, la France et l'Allemagne se heurtent. Les agriculteurs, désespérés, ne savent pas comment résister à leur disparition programmée. Comment en est-on arrivé là ?
    Dans une première phase, jusqu'en 1990 environ, la Commission européenne a poussé à la production, sans mesure, d'énormes quantités de produits agro-alimentaires pouvant être écoulées grâce au commerce Est-Ouest, aux rouages mystérieux. La jonglerie des "MCM", les montants compensatoires, permettait de masquer les disparités entre pays européens. Mais le fonctionnement faussé des exploitations, orientées artificiellement vers telle ou telle activité, faisait disparaître au moins 600 000 paysans en quinze ans, rien qu'en France.
    Après la chute du Mur, la Politique agricole commune généralisait le système des aides communautaires et d'Etat. L'agriculture marchait à la subvention à 100%, le résultat fut foudroyant : en cinq années, 1990-1995, il disparut autant de paysans français 600 000 - que de 1975 à 1990. Moins d'un million d'agriculteurs subsistaient sur environ 700 000 exploitations. Plus question de pousser les paysans au productivisme pour tous, maintenant réservé aux plus importants. Le gel des terres est à l'ordre du jour.

    Paysagiste ou machiniste
    Mais cette aberration à tous points de vue ne sert à rien. Une double influence pèse sur Bruxelles. L'Amérique impose sa notion de "prix mondial", et l'Europe de l'Est est censée adhérer à l'Union européenne,dans un avenir proche. Qu'est-ce que le prix mondial ? Il est à la base de la réforme de la PAC, de l'Agenda 2000, et il correspond en fait, pour un produit agricole donné, à son prix de vente aux pays du tiers monde insolvables. Le prix mondial n'est pas établi d'après les coûts de la production. A la lumière d'un tel critère, les subventions à l'agriculture deviennent inconcevables. Quant à l'Europe de l'Est, elle est grosse productrice agricole. Pour Bruxelles, c'est clair, il faut en finir avec la paysannerie. Et vite.
    A Paris, Chirac et Jospin sont d'accord ; seulement, ils souhaitent qu'une mort lente intervienne, afin d'éviter les sursauts d'agonie. A usage interne, tournés vers les condamnés à la disparition, ils se sont partagés les rôles. Chirac prône le tout-export, qui ne nécessite plus que des machinistes salariés sur les zones où la culture sera encore tolérée. Jospin, lui, fait miroiter le poste de paysagiste, chargé de l'entretien des paysages. Les subventions européennes diminueraient lentement jusqu'à extinction totale.
    La Commission européenne est, elle, impatiente. La moitié de son budget est consacrée aux paysans (plus de 40 milliards d'euros). La France représente un obstacle sur la route des précieuses économies à réaliser. Le trio Chirac-Jospin-Glavany (le ministre de l'Agriculture) est sommé de s'activer. D'autant plus que l'Allemagne exige de payer moins pour le budget européen. D'où la campagne alarmiste sur le « conflit France-Allemagne » à propos de la nouvelle PAC, dramatisé à dessein, alors qu'il y a longtemps que Chirac et Jospin ont accepté le point de vue de la République de Berlin. Ils feront semblant de plier sous la contrainte germanique, pour ne pas endosser la responsabilité du nouveau budget de Bruxelles, de plus en plus lourd sur les impôts français.
    Et les paysans, dans tout ça ? Ils ont manifesté à Bruxelles, par dizaines de milliers, toutes nationalités de "l'Euroland" confondues. Seul résultat visible : la coopération policière européenne à leur encontre a été parfaite. Le commissaire eurocratique à l'Agriculture, Franz Fischler, a concocté une petite réglementation supplémentaire à leur égard, la norme écologique, qui permettra, par le coût qu'elle entraîne, de supprimer plus vite de nombreuses exploitations. Les médias se déchaînent entre les "céréaliers" et les "profiteurs paysans" de "l'Europe, ça eut payé", pendant que Glavany agite le budget de "l'agriculture bio" qui n'autorisera qu'une poignée de paysans à subsister quelques années de plus. Il ne reste plus aux agriculteurs qu'à se défendre, dos à leur ferme, contre ceux. qui les tuent à coup de subventions.
    René-Louis DUVAL National Hebdo du 4 au 10 mars 1999

  • Marche forcée vers l’éducation numérique

    Pour l’ancien PDG de Microsoft France Éric Boustouller, l’avenir de l’école se situe dans la numérisation de l’apprentissage [1]. L’idée étant d’avoir les mêmes processus partout dans le monde dans toutes les écoles. Bien entendu, Microsoft réfléchit là-dessus mais seulement de manière philanthropique. Informatique et humanitaire sont pratiquement synonymes, cela va de soi.

    « C’est l’enseignant qui est la star », nous lançait cet honnête homme en 2007. Microsoft sera le facilitateur. La société américaine va en effet faciliter l’ouverture du tiroir-caisse.

    Plus récemment, parallèlement à ces déclarations inquiétantes pour l’avenir de nos enfants, le frère Peillon, ministre de l’Inéducation nationale, vient de proposer son plan pour « faire entrer l’école dans l’ère du numérique » [2].

    Il n’hésite d’ailleurs pas à reprendre la terminologie kantienne d’impératif en y ajoutant l’épithète pédagogique. Comme s’il était indispensable d’apprendre à lire et à compter à l’aide d’un ordinateur. Les vieux réacs que nous sommes ont bien fait l’apprentissage de ces disciplines avec nos gommes et nos stylos.

    Première priorité : l’achat du matériel informatique. Non, non, on vous le dit, Microsoft ne va pas s’enrichir. Ensuite, il faudra former les profs. En dépit de toutes les formations imaginables, on voit mal comment ils pourraient concurrencer les nabots qui sont nés avec un ordinateur dans les mains.

    Tout ce cirque a pour vocation de mieux transmettre le savoir. Encore une fois, en se pliant aux exigences des élèves, faisant par là même le jeu du marché [3], les autorités publiques s’inscrivent dans la continuité de Mai 68, qui a placé au même niveau l’élève et le professeur, supprimant ainsi toute idée d’autorité. L’élève devient alors un consommateur et le professeur un gentil organisateur, censé apporter un aspect ludique aux enseignements.

    Par ailleurs, le numérique risque aussi de permettre à l’État d’exercer un contrôle approfondi sur le contenu des enseignements, laissant alors peu de marge de manœuvre à l’enseignant qui souhaite un peu s’écarter du matraquage idéologique distillé dès le primaire dans les écoles de la République.

    Antoine S.  http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • Manuel Valls, nouveau Sarkozy au ministère de l’esbroufe

    Tribune libre de Paysan Savoyard

    Comme le notent la plupart des observateurs, M. Valls a adopté une stratégie proche de celle qu’avait choisie M. Sarkozy dans sa marche au pouvoir : il a décidé d’occuper à son tour le ministère de la parole martiale. Les actes sont inexistants ou dérisoires, comme c’était déjà le cas avec M. Sarkozy. Mais, instruit par le succès de son devancier, M. Valls sait qu’il n’est nullement besoin d’agir et d’obtenir des résultats pour séduire une majorité d’électeurs.

    • La posture de la fermeté théâtrale

    M. Valls a choisi, à la suite de son modèle, de devenir ministre de l’intérieur, reprenant à son compte la même stratégie : ce poste de ministre lui permet d’adopter la posture de la fermeté, en phase avec les souhaits d’une opinion majoritairement avide d’ordre et de sécurité. M. Valls sert ainsi ses intérêts personnels de carrière. Mais il occupe en même temps une fonction indispensable pour le système.

    Il est en effet vital pour le système UMP-PS de donner l’impression qu’une opposition vigoureuse existe au sein de la classe dirigeante sur les questions de sécurité et d’immigration : opposition entre la gauche et la droite ainsi qu’au sein de chacun des deux camps. L’objectif de l’oligarchie est simple : il faut donner aux électeurs qui souhaitent une plus grande détermination en matière de sécurité et d’immigration le sentiment que cette aspiration à la fermeté est bien présente au sein de la droite comme au sein de la gauche et qu’ils peuvent donc continuer à faire confiance aux grands partis, sans se laisser tenter par le vote extrémiste pour le FN.

    C’est avec cet objectif que M. Sarkozy occupait le terrain de la « droite ferme » face au laxisme de la gauche et de la partie molle de l’UMP et du centre. M. Valls joue ce même rôle au sein de la gauche et du PS, dont il incarne l’aile droite.

    Dans cette perspective M. Valls forme avec Mme Taubira un binôme très utile, les deux acteurs se répartissant les rôles. Les positions laxistes du ministre de la justice permettent à son collègue d’apparaître par contraste comme une personnalité ferme et réaliste. « Il est quand même moins pire que Taubira » estime le militant ingénu de l’UMP. « Heureusement tout de même qu’il est là », pense l’électeur socialiste ou centriste (qui préfère tout de même in petto que les cambrioleurs soient en prison plutôt qu’ils viennent s’en prendre à son pavillon).

    Ces électeurs candides ne voient pas qu’ils sont en présence d’un arrangement tout à fait étudié entre les deux duettistes : tandis que l’un fait les gros yeux, l’autre insiste sur les injustices dont seraient victimes ceux qui se laissent aller à des actes violents. Ce partage des rôles permet au gouvernement de conserver la sympathie des différents courants qui composent la gauche.

    Il s’agit là d’un grand classique de la politique de ces dernières décennies : le ministre de l’intérieur et celui de la justice font traditionnellement mine de s’opposer et de se critiquer, ce jeu-de-rôle abusant les naïfs à tout coup. Au sommet de l’État, M. Sarkozy et M. Fillon s’étaient de la même manière distribués les rôles avec un objectif similaire : le cogneur volontariste et énergique d’un côté, le responsable prudent et bien élevé de l’autre.

    D’autres ministres du gouvernement actuel ont chacun leur partition dans ce théâtre. Les gauchistes, comme Mme Duflot, prennent des positions en pointe, souhaitant par exemple que les communes soient contraintes d’accueillir un nombre croissant de logements sociaux, ou sommant l’Église de prendre en charge les mal-logés (les bénéficiaires potentiels des projets de ce ministre étant en pratique le plus souvent des immigrés).

    Ces positions de boutefeu sont utiles pour M. Hollande qui pourra apparaître le moment venu dans une position d’arbitre au dessus de la mêlée. Elles sont également profitables à M. Valls, dont elles mettent en évidence par différence la posture de fermeté. 

    • La vigueur des paroles, la vacuité des actes

    Il va sans dire que cette position de fermeté relève du marketing politique : elle ne correspond à aucune conviction et ne traduit aucune volonté d’agir. M. Valls, et M. Sarkozy avant lui, ont choisi le positionnement qui leur paraît électoralement le plus efficace : ils seraient tout à fait à même de tenir le discours inverse si cela leur était profitable.

    C’est ainsi que l’action de M. Valls, comme c’était le cas pour son prédécesseur, repose sur la parole, la gesticulation, la mise en scène. Les actes ne tiennent dans cette stratégie marketing qu’une place accessoire. M. Valls multiplie les déclarations de fermeté : « Je ne laisserai pas faire ceux qui… » ; « Les délinquants doivent savoir que… » ; « Le gouvernement mettra tout en œuvre pour… » ; « L’État ne tolèrera pas que… », etc. Tous les ministres de l’intérieur se coulent d’ailleurs dans ce rôle de composition. On se souvient de M. Pasqua assurant qu’il allait « terroriser les terroristes », ou de M. Sarkozy promettant de « nettoyer les quartiers au Karcher ».

    M. Valls comme M. Sarkozy savent qu’à l’ère médiatique, seules comptent la parole et l’apparence, les actes étant de peu d’importance. Les mots en effet sont prononcés en prime time devant les caméras dûment convoquées, dans le cadre d’une mise en scène étudiée. Tandis que les actes, ou plutôt l’absence d’actes, restent tout à fait inaperçus.

    Pour s’apercevoir que les rodomontades de M. Sarkozy ne se traduisaient pas aucun acte sérieux, voire même qu’elles s’accompagnaient de décisions exactement contraires aux proclamations martiales, il fallait suivre attentivement l’actualité, faire le tri entre les annonces, les projets et les textes effectivement votés, consulter les statistiques rendant compte des résultats, détailler les rapports, les tableaux, les sites spécialisés. Le nombre d’électeurs qui se livrent à ce travail est évidemment infime.

    Aucun électeur UMP ou presque n’a vraiment pris conscience, entre autres nombreux exemples, de ce que M. Sarkozy avait supprimé de fait la « double peine » (en rendant inexpulsables les étrangers délinquants se trouvant dans l’une des situation suivantes : nés ou arrivés en France avant l’âge de 13 ans ; conjoints de Français ou de résident régulier ; parents d’enfants Français ; résidant en France depuis 20 ans ; loi du 26 novembre 2003) ; ou qu’il avait fait passer de un à deux ans la durée en deçà de laquelle les condamnations à la prison ferme ne donnent pas lieu à un emprisonnement effectif (article 132-25 du code pénal modifié par la loi du 24 novembre 2009).

    Quoique de grande portée, de telles mesures techniques ne peuvent que rester inaperçues. De même que sont passées « comme lettre à la poste » les 200 000 entrées légales d’immigrés intervenues chaque année pendant son mandat. Marine Le Pen les a seule dénoncées : elle a fait dix points de moins que M. Sarkozy, lequel n’a raté la réélection qu’à un peu plus d’un point.

    Seules, donc, importent les paroles. La raison de cet état de fait est facile à saisir. Abreuvé d’informations superficielles, l’électorat ne retient que très peu de choses de ce qu’il entend, voit et lit : il capte des impressions. Il retient le ton de voix, le style et la posture politique d’ensemble. C’est ainsi qu’avec un costume seyant, un titre de ministre, le prestige qui s’attache à la fonction, les gardes du corps qui vous entourent, les gendarmes qui vous saluent, les portes qui claquent, les motos qui démarrent, il n’est pas difficile d’être perçu comme quelqu’un d’important, qui dit des choses importantes, qui fait des choses importantes ; il n’est pas difficile de donner l’image d’un chef.

    M. Valls a bien compris la leçon de M. Sarkozy. Dès qu’un acte délinquant grave est commis quelque part, il se précipite, et prononce face aux caméras, entouré de policiers, le regard sombre, la mâchoire serrée, le ton étudié, des paroles martiales qui conduisent le spectateur à penser que l’État est tout de même tenu : « Nous ne laisserons pas… Les délinquants doivent savoir… Il n’est pas acceptable… ». Avec des ministres prestidigitateurs comme MM. Sarkozy et Valls, les évènements délinquants n’apparaissent nullement comme des preuves de leur inefficacité : par la gesticulation ils parviennent au contraire à les transformer en manifestation de fermeté et en occasion de se faire valoir.

    Quant aux actes, rien de sérieux n’est entrepris. Et ce pour une raison simple. Non que MM. Sarkozy, Valls ou Hollande aient nécessairement plaisir à ce que s’installe le désordre et s’étende la délinquance. Peut-être préfèreraient-ils à titre personnel mener s’ils le pouvaient une politique d’ordre. Mais ils savent bien qu’une telle politique leur est de toute façon interdite.

    Une politique de remise en ordre nécessiterait en effet des actes de rupture (tels que l’arrêt de l’immigration légale, l’interruption du regroupement familial, l’arrêt de la délivrance de visas dans les pays d’immigration, la réservation des prestations sociales aux seuls nationaux, le renvoi des clandestins et des délinquants étrangers ou encore la mise à l’écart des récidivistes par un fort durcissement des règles pénales à leur égard).

    La classe politique ne peut se permettre de telles mesures : elles seraient en effet en contravention avec les analyses qu’elle met en avant depuis quarante ans ; et surtout elles seraient contraires à ce que souhaitent les véritables maîtres du système d’ensemble (propriétaires et dirigeants des multinationales et des groupes financiers, membres des lobbys, réseaux et sociétés secrètes).

    Les actes pris par des ministres de l’intérieur comme MM. Sarkozy ou Valls se limitent dès lors au registre de la mise en scène. C’est ainsi que M. Valls a fait procéder au cours de l’été à de nombreux démantèlements de camps de Roms, devant les caméras. Ces scènes de cinéma sont évidemment sans efficacité, les camps étant immédiatement reconstitués un peu plus loin (à moins que les Roms en question ne soient séance tenante hébergés à l’hôtel aux frais du contribuable). 

    • La stratégie des deux bords : un pied à gauche, un pied à droite

    M. Valls affiche bruyamment sa fermeté contre la délinquance et contre le terrorisme. Dans le même temps, sur les questions les plus sensibles, celles de l’immigration et de l’intégration, il prend, plus discrètement, des positions ouvertes, les mêmes que celles de M. Sarkozy.

    Il distingue ainsi soigneusement les islamistes, qu’il entend combattre, et « l’immense majorité des musulmans » désireux, selon lui, de s’intégrer et qu’il faudrait accompagner dans cette démarche en s’appuyant sur le concept de laïcité : la république étant censée être neutre vis-à-vis des religions, elle permet selon M. Valls aux adeptes des différents cultes de s’y agréger.

    C’est ainsi que M. Valls est favorable à la construction d’un islam de France et à l’édification de mosquées. « Notre responsabilité, c’est de progressivement construire un islam de France, un islam qui trouve pleinement ses racines dans notre pays » (Inauguration de la mosquée de Cergy, 06/07/12).  « L’islam a toute sa place en France car l’islam de France c’est aussi la France »« Soyez fiers de l’islam que vous bâtissez »« La République tend la main. C’est à l’islam d’aller avec confiance vers la République. » (Inauguration de la mosquée de Strasbourg, 27/09/12).

    Notons au passage que les deux mosquées inaugurées récemment par M. Valls ont l’une et l’autre bénéficié de financements publics, en violation de la loi de 1905 (la ville de Cergy a garanti à hauteur de 50% l’emprunt de 2,2 millions d’euros souscrit par la fédération musulmane maître d’ouvrage et a consenti un bail emphytéotique de 99 ans sur le terrain qui accueille l’édifice ; la grande mosquée de Strasbourg a été financée à 22% par les collectivités et pour le reste par le Maroc, l’Arabie Saoudite, le Koweït et les fidèles ; sources : AFP).

    De même M. Valls s’est déclaré en faveur d’une augmentation des naturalisations. Dénonçant la baisse enregistrée ces dernières années, il déclare : « Nous voulons revenir aux chiffres d’il y a deux, trois ans » et ajoute « Il ne faut pas avoir peur de ces nouveaux Français qui sont une force pour la République ». (28/09/12) Dans cette perspective il a fait paraître le 28/09/12 une circulaire assouplissant les critères de la naturalisation (suppression du QCM de culture générale, suppression de l’obligation de détenir un CDI).

    De même encore il se déclare en faveur du vote des étrangers. « J’ai suffisamment défendu le droit de vote des résidents étrangers à la tribune de l’Assemblée pour dire qu’il faut y arriver « , mais « il ne faut pas se précipiter si on veut réussir et tenir cet engagement » (20/09/12)

    Ce positionnement était très précisément celui de M. Sarkozy : à la fois ferme (en paroles…) contre la délinquance et l’intégrisme ; et favorable à l’intégration des immigrés au nom des valeurs républicaines. Cette posture habile, alliant la rigueur et l’esprit progressiste, le place à la fois à droite et à gauche. Elle a plusieurs avantages :

    A court terme, M. Valls réduit les angles d’attaque et désarme une partie des opposants. Même si elle réprouve son orientation droitière, l’aile gauche de la majorité modère ses critiques envers un ministre qui donne régulièrement des gages de conformité progressiste et républicaine. La droite le ménage également dans la mesure où il apparaît pour elle « moins pire » que les autres socialistes. A plus long terme cette méthode permettra à M. Valls de se trouver dans une position centrale lorsqu’il se présentera à une future élection présidentielle, pouvant ainsi espérer recueillir les voix des centristes et de la droite modérée.

    Ce positionnement quelque peu ambigu démontre la bonne connaissance qu’ont des gens comme MM. Sarkozy et Valls de la façon dont fonctionnent la plupart des électeurs.

    Un premier élément joue en faveur de M. Valls. Beaucoup sont tout prêts à penser que M. Valls ne va pas aussi loin qu’il le souhaiterait parce qu’il n’est « que ministre ». De nombreux électeurs de droite avaient ainsi exonéré M. Sarkozy de tous les échecs de son passage au ministère de l’intérieur : « Il n’a pas les mains libres : ce sera différent lorsqu’il sera président ». M. Valls bénéficiera probablement à son tour de la même bienveillance des électeurs crédules.

    Plus généralement, on sait que les électeurs retiennent des déclarations des politiciens ce qu’ils ont envie d’entendre. Il s’agit là d’un mécanisme classique : désireux de conserver une espérance, la plupart des gens sont naturellement enclins, lorsqu’ils écoutent un leader en qui ils ont mis leurs espoirs, à percevoir ce qui les arrange et à occulter le reste. C’est ainsi qu’un électeur inquiet de l’évolution du pays vers la violence et le communautarisme se souviendra des déclarations martiales de M. Valls, mais aura tendance à oublier les moments où le même M. Valls se prononce par exemple pour la poursuite de la construction de mosquées.

    Mais il y a plus. Paradoxalement l’ambiguïté apparaît souvent profitable et contribue à forger une posture de présidentiable. Même lorsqu’ils s’aperçoivent des non-dits et des contradictions, les électeurs les portent au crédit des leaders à qui ils attribuent un « destin national ».

    L’ambiguïté en effet crée une distance avec les gens ordinaires, qui alimente par elle-même l’aura du leader. Elle laisse penser que celui-ci dispose d’informations et subit des contraintes qui restent ignorées de l’électeur moyen. Lorsqu’un leader pratique le double langage, l’opinion ne réagit pas en l’accusant d’hypocrisie : elle considère au contraire, dans le droit fil des analyses de Machiavel, que les dirigeants sont contraints d’appliquer les règles propres à l’univers du pouvoir, l’ambiguïté, la duplicité et le mensonge d’État  apparaissant comme la marque du monde des gouvernants.

    C’est ainsi que plusieurs dirigeants importants ont cultivé avec profit l’art de l’ambiguïté et du double langage. Le « Je vous ai compris » gaullien relève évidemment de ce registre. De Gaulle est aussi celui qui déclarait que la France devait rester un pays « de race blanche et de culture chrétienne… », tout en engageant la politique d’immigration de travail.

    M. Mitterrand était orfèvre dans ce domaine de l’hypocrisie et du double langage. Parmi les exemples fameux on se rappelle qu’il se faisait applaudir en dénonçant « ceux qui gagnent de l’argent en dormant », tout en laissant son gouvernement prendre d’énergiques mesures de libéralisation économique favorables au développement de la spéculation et de la sphère financière (libération des mouvements internationaux de capitaux, dérégulation …).

    Revenons à M. Valls. On se souvient de cet épisode enregistré à son insu au cours duquel, parcourant les allées d’un marché de la ville d’Evry dont il est maire, il demanda à son directeur de cabinet de prévoir davantage de stands tenus par « des Blancsdes White, des Blancos ». Il y avait là un modèle de déclaration ambiguë. Révélait-elle l’exaspération d’un maire constatant que sa ville est envahie par des immigrés ? Nous pensons plutôt qu’elle illustrait la volonté cynique de M. Valls de cacher la réalité.

    Il reste que cet épisode a contribué à installer l’image d’un personnage réaliste et en phase avec l’opinion, mais également d’une personnalité difficile à cerner et offrant une part de mystère : le profil du présidentiable se construit. 

    • Un personnage arriviste et cynique

    Comme celui de M. Sarkozy, le parcours personnel de M. Valls est entièrement dédié à la politique professionnelle. M. Valls est un militant actif du Parti socialiste depuis les années de lycée et n’a jamais eu d’activité professionnelle en dehors de la sphère politique. Élu pendant plusieurs années dans le Val d’Oise, il s’est transporté dans l’Essonne où l’ampleur des scores de la gauche lui permettait sans difficulté de devenir maire d’une grande ville (il va sans dire que, comme tous les politiciens, M. Valls ne réside pas dans la ville de banlieue dont il est maire).

    Comme M. Sarkozy, M. Valls a nourri probablement très tôt une ambition présidentielle. Son accession à un poste de ministre important à seulement cinquante ans est un facteur favorable : c’est à peu près au même âge que M. Sarkozy était devenu ministre de l’intérieur.

    L’abondance des points communs avec M. Sarkozy ne peut que frapper. Notons par exemple que, comme lui, M. Valls s’est remarié avec une artiste. Surtout M. Valls se révèle aussi cynique que son devancier : selon le Canard Enchaîné (17/10/12), M. Valls a usé de sa position pour faire évacuer, à la demande de sa femme, les SDF et les Roms du quartier parisien du 11earrondissement où il réside.

    • Une personnalité antifrançaise

    Tout montre que, comme M. Sarkozy avant lui, M. Valls n’aime pas les Français, du moins les Français de souche, et encore moins la France française.

    Comme on l’a vu plus haut, M. Valls est favorable à la construction de mosquées, à l’augmentation des naturalisations, au vote des étrangers et à la poursuite de l’immigration (« Notre pays est en capacité d’accueillir les étrangers à condition que cette immigration soit maîtrisée. » 06/12/12).

    Sur le plan économique, il a les mêmes positions libérales que M. Sarkozy, qui débouchent sur la mondialisation, les délocalisations et le chômage des Français. Membre dans sa jeunesse au sein du PS du courant Rocard favorable à l’économie de marché mondialisée, il a depuis maintes fois confirmé ces options.

    Comme M. Sarkozy, il entretient différents liens avec des pays étrangers. On sait que M. Sarkozy admire les États-Unis. M. Valls a lui fait partie, comme plusieurs autres oligarques français, des bénéficiaires du programme « Young leaders » de la French American Fondation. De même il a admis avoir participé en 2009 au séminaire du groupe Bilderberg, qui réunit des personnalités américaines et européennes favorables aux thèses atlantistes.

    Par ailleurs M. Valls est proche des différents réseaux qui ont pour objectif de promouvoir le mondialisme et les valeurs universalistes. Il est membre du club le Siècle, qui réunit le cœur de l’élite française, gauche et droite confondues. Franc-maçon, il a appartenu au Grand Orient de France (il indique l’avoir quitté depuis). Un ancien grand maître du GO, M. Bauer, est l’un de ses plus proches amis depuis les années d’université. M. Bauer est actuellement son conseiller officieux… après avoir été celui de M. Sarkozy. Au ministère de l’intérieur M. Valls retrouve de nombreux frères en maçonnerie, la hiérarchie de ce ministère étant traditionnellement, et ce depuis deux cents ans, fortement infiltrée.

    C’est donc en toute logique que M. Valls a repris la même posture que celle de M. Sarkozy vis à vis des mouvements nationalistes. En réponse à l’occupation de la mosquée en construction de Poitiers par le mouvement « Génération identitaire », M. Valls a ainsi dénoncé « la provocation haineuse et inadmissible », garantissant « que l’État fera preuve de la plus grande fermeté face aux manifestations d’intolérance qui déchirent le pacte social« .

    Il désigne de même le Front national comme un ennemi privilégié. « Marine Le Pen fait mal à la France ». (27/09/12 inauguration de la mosquée de Strasbourg). « Le discours de haine, de rejet ne peut pas être accepté, et renvoie à ce que sont Mme Le Pen et le Front national, un parti qui est très loin, tellement loin, des valeurs de la République » (23/09/2012). Lors d’une récente émission télévisée (06/12/12) il déclare que la laïcité « c’est la meilleure réponse contre le communautarisme mais aussi contre le FN ».

    Ajoutons que M. Valls vient d’annoncer le durcissement de la politique de sécurité routière, comme M. Sarkozy l’avait fait avant lui (nous avons essayé de montrer dans un article précédent que cette politique de diversion était de fait dirigée contre les Français moyens, que l’on essaie de faire taire et d’intimider en les assimilant à des délinquants).

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    A l’instar de son modèle M. Sarkozy, M. Valls apparaît comme un cynique avant tout préoccupé de lui même et de son ambition personnelle. Il est également un idéologue : ce point le distingue peut-être de M. Sarkozy, qui lui est manifestement dénué de toute conviction.

    M. Valls peut espérer réussir à tromper de nombreux électeurs, aussi efficacement que l’avait fait M. Sarkozy. Déjà l’on voit les électeurs de droite le considérer de façon assez favorable. Même des électeurs nationalistes se laissent aller à le juger « moins pire » que les autres.

    Il est pire pourtant, bien sûr, plus hypocrite donc plus dangereux. Il a manifestement l’étoffe pour rivaliser en matière de cynisme, dans la lignée des Mitterrand et des Sarkozy. Pour l’heure, Manuel Valls occupe à son tour avec talent le ministère de l’esbroufe.

    http://www.fdesouche.com

  • Cathophobie : démission de la ministre Delaunay !

     

    démission-delaunay-150x150.pngMichèle Delaunay, démission !!! La ministre insulte les catholiques

     

    Michèle Delaunay (PS) est ministre délégué « chargée des personnes âgées et de l’autonomie ». Hier, elle a diffusé sans honte un tweet offensant à l’égard de tous les catholiques. Si un tel “dérapage” avait visé une autre religion, le scandale ferait déjà la une des médias et cette provocation plongerait le gouvernement dans l’embarras.

     

    Catholiques de France, cessons de laisser notre foi insultée. Assez de ce laïcisme viscéralement antichrétien ! Avec CIVITAS, profitez du Net et des réseaux sociaux pour diffuser ce cri de colère : Michèle Delaunay, démission !

    http://fr.altermedia.info/

  • Moyen Orient : Le plan américano-israelien

    "D’abord nous devons en finir avec les régimes terroristes, à commencer par les trois grands : Iran, Irak et Syrie. Puis nous nous occuperons de l’Arabie saoudite. … Nous ne voulons de stabilité ni en Irak, ni en Syrie, ni au Liban, ni en Iran ou en Arabie saoudite. Nous voulons que les choses changent. La question n’est pas de savoir s’il faut déstabiliser mais comment le faire." The War against the Terror Masters (Guerre contre les maîtres de la terreur), Sept 2002, de Michael Ledeen, membre du groupe des néoconservateurs de Georges Bush.

    1. Introduction. Au lendemain des attentats du 11 septembre à de New-York, les Etats-Unis et Israël, ayant désormais les coudées franches au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste, entreprenaient, sur plusieurs années, un remodelage des pays arabo-musulmans, qui vont du Maghreb au Pakistan. Excipant divers prétextes pour convaincre la communauté internationale à les suivre – ou au moins à les laisser faire – cet « axe du Mal » allait utiliser la puissance militaire et les moyens subversifs pour réaliser cette recomposition au service de leurs intérêts géostratégiques bien compris. Dix jours après les attentats du 11 septembre, Donald Rumsfeld, le chef du Pentagone, présentait au général Wesley Clark (interview de celui-ci le 2 mars 2007) un mémo dans lequel il est précisé que sept pays arabo-musulmans devaient « passer à la casserole » : l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Liban, la Syrie, le Soudan et l’Iran.

    2. Diviser pour régner. L’idée maîtresse du plan, qui est de balkaniser le Monde Arabo-musulman « utile » est aujourd’hui ouvertement admise par des membres ou des conseillers importants des gouvernements américain et israélien. Cette politique du « diviser pour régner » nous rappelle une autre période noire de notre histoire : c’est l’époque des taïfas andalouses (1031 à 1492), qui annonçait l’élimination totale des arabo-berbères d’Andalousie. Une taïfa (mot arabe) est un petit royaume andalou. Durant les périodes d’instabilité politique et de décadence, l’Andalousie a été, sous les coups de boutoir des rois catholiques espagnols, morcelée en plusieurs taïfas, sortes de micros émirats. Le roitelet d’une taïfa est généralement faible et dépend de la protection d’un suzerain catholique. Il est aussi souvent concurrent, voire ennemi, de ses voisins musulmans. Les armées chrétiennes y effectuent périodiquement des razzias pour tirer butin, otages, esclaves ou encore, imposer aux taïfas de payer un paria (tribut).

    3. Un objectif de domination mondiale. Dans son livre « Le Grand Échiquier » Zbigniew Brzezinski (politologue américain , conseiller à la sécurité nationale US de 1977 à 1981) divise le monde en « zones dures » ou « acteurs géostratégiques » tels que les États-Unis, l’Inde, la Chine, la Russie, etc., alors que les « zones molles » désignent soit « l’ensemble des nations non souveraines » à l’image des nations africaines ou latino-américaines, soit les puissances ou civilisations anciennes (européennes, islamiques, etc.). La nature « molle » de l’Europe de l’Ouest est vitale pour les États-Unis dans la mesure où elle empêche qu’un bloc anti-hégémonique continental européen ne se constitue autour de l’Allemagne ou de la Russie. Il s’agit donc pour les États-Unis d’imposer leur politique unipolaire en s’opposant à toute velléité d’expansion des autres « acteurs géostratégiques » tels que la Russie ou la Chine en les encerclant jusqu’à l’étouffement. L’Europe de l’Ouest, L’Europe centrale, les anciennes républiques socialistes, l’Afrique, le monde arabe, les Balkans eurasiens et jusqu’aux bordures de la Mer Caspienne, tout cet espace couvrant la production et la circulation des hydrocarbures est condamné à ne constituer qu’un vaste ensemble de « zones molles » sous la tutelle de l’Empire israélo-américain, dénommé simplement « l’Empire » dans ce qui suit.

    Après la chute du bloc de l’Est, Brzezinski réactualise sa théorie en s’inspirant du principe de l’« arc de crise » (zone géopolitique allant de l’Egypte au Pakistan) de l’islamologue britannique juif et sioniste, Bernard Lewis. Il préconise une stratégie « islamiste » dans la zone d’influence russe allant de la Turquie à l’Afghanistan, proposant de « balkaniser » le Moyen-Orient musulman pour créer des mini Etats pétroliers plus faciles à contrôler que les Etats souverains à forte identité. De la même manière, établir des régimes islamistes en Afrique du Nord permettrait d’ériger un autre rempart entre l’Europe d’une part, et l’Afrique-Asie de l’autre. Cerise sur le gâteau, des régimes pro-terroristes aux flancs de l’Europe, de la Russie, de la Chine et de l’Inde ne peuvent qu’affaiblir ces grands concurrents des USA.

    Au vu de cette théorie politique sous-jacente qui défend une sorte de nouvelle Guerre Froide, on comprend mieux les positions défendues par les Etats-Unis au Moyen-Orient et leurs véritables motivations à long terme dans la région. De ce point de vue, les récentes demandes de l’administration Obama rentrent parfaitement dans le cadre de la politique Brzezinski.

    Cette politique rejoint celle de l’autre camp, les républicains, et qui a été définie par un autre politologue, Henry Kissinger, et appliquée par les présidents Bush, père et fils (voir plus loin).

    Sur les ruines des états démantelés, arabes (Irak, Syrie, Arabie, Soudan, Libye, Algérie,…) et non arabes (Iran, Afghanistan, Pakistan, etc.), on installera des micro-califats islamistes et sous protection américaine, à l’instar des émirats du Golfe (Qatar, Koweït, EAU, Oman) ou des taïfas andalouses. On comprend pourquoi tous les islamistes travaillent de concert avec cette politique US : abrutissement systématique des populations, élimination des présences européennes au profit de l’Amérique et de ses agents arabes. Chaque chef islamiste se voit comme le calife de son bout de territoire que va lui concéder l’oncle Sam, à la condition qu’il soit aussi sage et avisé que les émirs et les rois du pétrole actuels.

    4. Le plan israélien de remodelage du Proche Orient. Le plan Oded Yinon (analyste du ministère israélien des Affaires étrangères) préconisait, en 1982, le démantèlement pur et simple des Etats arabes. Le plan passe en revue dix-neuf Etats arabes en répertoriant leurs principaux facteurs centrifuges, annonciateurs de désintégration. Après une ultime recommandation qui invite Israël à « agir directement ou indirectement pour reprendre le Sinaï en tant que réserve stratégique, économique et énergétique », Yinon conclut : « La décomposition du Liban en cinq provinces préfigure le sort qui attend le monde arabe tout entier, y compris l’Egypte, la Syrie, l’Irak et toute la péninsule arabe. Au Liban, c’est déjà un fait accompli. La désintégration de la Syrie et de l’Iraq en provinces ethniquement ou religieusement homogènes, comme au Liban, est l’objectif prioritaire d’Israël sur son front Est. A court terme, l’objectif est la dissolution militaire de ces Etats. La Syrie va se diviser en plusieurs Etats, suivant les communautés ethniques, de telle sorte que la côte deviendra un Etat alaouite chiite ; la région d’Alep, un Etat sunnite ; à Damas, un autre Etat sunnite hostile à son voisin du nord verra le jour ; les Druzes constitueront leur propre Etat, qui s’étendra sur notre Golan, dans le Hourane et en Jordanie du Nord ».

    D’autre part, Avi Dichter, ministre israélien, avait déclaré à Al-Ahram des 5 et 11 novembre 2009 : « La déstabilisation du Soudan est un objectif stratégique pour Israël, alors qu’un Soudan stable et fort renforcerait les Arabes et leur sécurité nationale…. Eliminer le rôle du Soudan pourrait être mené à bien par la continuation de la crise au Darfour, maintenant que la gestion du Sud a été réglée. »

    On ne peut pas être plus explicite quant à l’implication des sionistes dans les guerres civiles qui déstabilisent les pays arabes. Après le démantèlement de la Syrie et des autres pays arabes, le plan israélien vise à construire le grand Israël ci-dessus.

    5. Le Pentagone redessine le monde arabe. Michael Collins Piper, écrivain américain, abordait déjà la question de la déstabilisation et de la « destruction créatrice » du Moyen Orient dans son livre The high priests of war, paru en 2004. Il écrit : « La guerre contre l’Irak est menée à des fins beaucoup plus larges qu’un simple « changement de régime » ou une « élimination des armes de destruction massive » ; mais d’abord et avant tout dans le cadre d’un effort global pour établir les États-Unis comme l’unique superpuissance internationale, … ; ce n’est qu’une première étape d’un plan de longue durée et de grande envergure visant à déployer des frappes encore plus agressives contre l’ensemble du Moyen-Orient arabe, afin de « refaire le monde arabe » pour assurer la survie – et élargir la puissance – de l’état d’Israël ».

    En juin 2006, une carte fort parlante du futur Moyen-Orient a été publiée par la prestigieuse revue militaire américaine AFJ (Armed Forces Journal), intitulée « Redrawing the Middle East Map », voir ci-dessous. Elle recompose le Moyen-Orient sur des critères ethniques et religieux. La carte inclut tout ce qui se trouve dans un triangle Turquie-Afghanistan-Yémen, tel que les stratèges américains le souhaitaient à l’époque, et dont l’objectif global reste d’actualité. En fait, ce document est un prototype susceptible de connaître des changements que certains appelleraient des variables d’ajustement. Ce document confirme ainsi que les instances militaires et politiques des Etats-Unis se sont résolument engagées dans ce domaine de charcutage du Monde Arabe, et qu’ils n’hésitent plus à l’officialiser. En même temps, il confirme que cette entreprise doit se faire en adéquation avec Israël. Nous en donnons les points essentiels.

    - L’Arabie Saoudite sera démantelée dans un proche avenir. Deux grandes entités territoriales échappent à l’autorité de Riyad. Sur la côte Ouest, au Hedjaz, il s’agit de créer un « Etat sacré islamique » regroupent La Mecque et Médine. Ce super Vatican musulman sera dirigé par un Conseil représentatif des principales écoles de l’Islam, et dont le Gourou islamiste tunisien, Rached Ghannouchi (« qu’Allah en soit satisfait », car l’Université tunisienne de la Zeïtouna, aux mains des Salafistes, vient de le consacrer comme l’équivalent des Compagnons du Prophète), viserait le califat.

    Une sorte d’Islam pro occidental, élaboré au cœur de cet Etat sacré islamique, permettrait de rayonner sur l’ensemble du monde musulman et de remodeler les esprits afin qu’ils épousent pleinement la philosophie impérialiste. Il est vrai que contrôler les esprits a toujours permis de contrôler les hommes. Sur la côte du Golfe persique, c’est la province de Hassa, dont la population est majoritairement chiite, qui est détachée de l’Arabie Saoudite et intégrée à un « Etat chiite arabe », vestige d’un Irak déjà démantelé. L’application de cette mesure entraînerait la mort économique du royaume car c’est à cet endroit que se concentre l’essentiel de l’extraction des hydrocarbures autour de la triade Dammam-Dharhan-Al-Khobar. Cet Etat chiite arabe inclurait aussi la région de Bassora (ex-Irak) et les provinces arabes d’Iran, riches en hydrocarbures jouxtant le Chatt-el-Arab (Arabes chiites du Khouzistan), et qui seraient détachées de Téhéran. De plus, Riyad perdrait ses provinces du Sud (Jizrane, Najran et l’Assir) au profit du Yémen, territoires acquis en 1934 lors du Traité de Taëf, et qui ont conservé leur identité yéménite. Enfin, la curée sera complète avec l’octroi d’une façade maritime à la Jordanie, état pro-occidental et ami d’Israël, en arrachant à l’Arabie Saoudite les provinces de Tabouk et une partie du Jouf.

    - L’Etat irakien disparaît au profit de l’état chiite ci-dessus, d’un état kurde et d’un résidu d’Etat, appelé « Irak sunnite ». Ce dernier serait unifié avec une parcelle sunnite arrachée à la Syrie. LaSyrie aura perdu, entre-temps, sa façade maritime au profit de la zone chrétienne d’un Grand Liban. L’Etat kurde (Free Kurdistan), déjà construit sur le Nord de l’Irak, récupèrera le Sud Est de la Turquie, le Nord de la Syrie et l’Ouest de l’Iran. Il aboutirait à l’émergence d’un bloc kurde de plus de 30 millions d’habitants. Fort des installations pétrolières de Kirkouk, cet Etat kurde pro-américain et pro-israélien serait, avec l’Etat chiite arabe, le deuxième plus gros producteur d’hydrocarbures et de gaz du Moyen-Orient. L’importance de cet Etat kurde serait d’autant plus grande que l’oléoduc BTC qui évacue le pétrole de la Mer Caspienne à partir de Bakou (Azerbaïdjan), passe par Tbilissi (Géorgie) pour, ensuite, traverser tout le Sud Est de la Turquie et aboutir à Ceyhan en Méditerranée. Les Kurdes seraient donc les grands maîtres de ce corridor énergétique voulu par l’Empire. En plus du pétrole, il faut ajouter l’autre grande richesse, l’eau. Le « Grand projet anatolien » (GAP) poursuit l’objectif, grâce à 22 barrages, de dompter le Tigre et l’Euphrate qui prennent leurs sources dans les montagnes kurdes. L’achèvement imminent de ce projet, permettant l’irrigation de 1,7 million d’hectares et la production d’électricité, sera une arme redoutable aux mains de l’Etat kurde et pèsera lourdement sur la vie des habitants de tout le Moyen-Orient. Un énorme aqueduc souterrain fournira toute l’eau nécessaire au Grand Israël.

    - L’Empire a ensuite fixé les yeux sur les immenses richesses de la Libye et du Soudan : pétrole, gaz, plomb, fer, etc. L’Empire a voulu la sécession du Sud du Soudan et la conquête de la Libye et il les a eues tous les eux ; avec un bonus : l’installation de bases militaires en Libye. De telles bases représentent une menace tangible pour l’Algérie, et accessoirement, pour la Tunisie. La Libye serait découpée en lamelles, selon des critères tribaux. L’annonce récente de l’autonomie du Fezzan, encouragée par le nabot qatari, en est une première preuve. Après avoir détaché le Sud, riche en terres, en eau et en pétrole, c’est maintenant l’Ouest du Soudan (Darfour) qui est dans le collimateur de l’Empire.

    Seuls les Etats croupions, sortes de taïfas des temps modernes, (Oman, E.A.U., Bahreïn, Koweït, Qatar) échappent à ces modifications, pour des raisons évidentes : elles sont déjà sous le boisseau de l’Empire. Le Qatar, qui se démène comme un beau diable pour s’attirer les faveurs de l’Empire, espère récupérer un beau morceau du voisin saoudien, au grand dam de ce dernier, qui en est tout à fait conscient. En épousant la cause du Qatar dans le projet de démantèlement de la Syrie, qu’espère récolter le gouvernement provisoire tunisien ?

    Quant aux pays non arabes, comme l’Iran, l’Afghanistan, la Turquie et le Pakistan nous n’allons pas détailler le charcutage qui les attend.

    6. Des Etats détruits. Des révolutions confisquées. Ces plans israélo-américains sont en cours. Ils sont en train de mettre à feu et à sang les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Que constatons-nous ? L’Irak est détruit et démembré : trois régions autonomes se livrent une guerre par terrorisme interposé, faisant des dizaines de morts innocentes chaque jour. Le Soudan est démembré. Pour conserver leur pouvoir à Khartoum, les islamistes soudanais ont cédé la partie la plus riche de leur pays à l’ennemi. Sous d’autres cieux, ils auraient été condamnés pour haute trahison. Au Soudan, en Irak, en Libye, au Yémen, et en Somalie, l’Etat est en décomposition avancée. Le Liban ne se remet pas des coups de boutoir assénés par Israël. Sans le Hezbollah chiite, et sans les soutiens syrien et iranien, le Liban aurait été dépecé depuis longtemps. La Palestine est à l’agonie. La Syrie, comme l’Algérie il y a quelques années, lutte pour sa survie. L’Algérie a pu échapper à ce complot au prix de deux cent mille morts, grâce à la ténacité et au courage de son peuple.

    Cependant, des responsables algériens, estiment que » l’Algérie est incluse dans la liste du plan américain dit Grand Moyen-Orient (GMO) « . Ils estiment que « les appels à la révolte, émis sur des sites Internet et sur le réseau social Facebook, sont soutenus par la CIA, Al Qaïda, et le Mossad, qui tentent de déstabiliser notre pays, comme c’était le cas en Lybie, en Syrie, au Yémen… » d’après Le Quotidien d’Oran. La création récente d’un état islamique au Mali, au flanc sud algérien, en est une première étape.

    Après des révolutions prometteuses, la Tunisie et l’Egypte ont été vite remises dans le droit chemin par des islamistes dont les références mystico-idéologiques sont quelque part entre le Qatar et les Frères Musulmans. Les nouvelles autorités tunisiennes s’impliquent activement, aux côtés du frère qatari et de l’Empire, dans les plans de déstabilisation/démantèlement d’autres états arabes. En Egypte comme en Tunisie, l’Etat est affaibli, incapable d’assurer la sécurité et la tranquillité des citoyens. La société civile et le peuple sont désemparés, conscients d’avoir payé le prix du sang pour rien. Une nouvelle oligarchie islamiste succède à l’oligarchie précédente. Elle étend petit à petit ses tentacules un peu partout : les rouages de l’Etat, la rue, l’université, la mosquée. Elle attaque les syndicats et les journalistes, coupables de jouir encore de quelques espaces de liberté. Etc…

    7. Si la barbe donnait la sagesse, toute chèvre serait doctoresse. En Tunisie, des groupes salafistes, cornaqués par le parti islamiste Ennahdha au pouvoir, sèment la terreur et l’insécurité, en s’attaquant en priorité aux femmes, aux universitaires, aux journalistes ; à ceux qui ont la capacité de penser du de créer et à ceux qui paraissent modernes, intelligents ou cultivés. Après les salafistes, en ce début de juillet 2012, des rafles anti jeunes sont organisées par la police dès 22 heures, dans les avenues de Tunis et d’autres grandes villes. Elles se traduisent par des coups et des insultes. Si le jeune est une jeune fille sans nikab, d’autres insultes plus adaptées pleuvent…

    Les problèmes sociaux-économiques s’aggravent de jour en jour. Le gouvernement patauge. Il ne pense qu’à quémander un peu d’argent auprès de ses sponsors arabes (Qatar, Arabie) pour essayer de boucler ses fins de mois difficiles, mais ces derniers ne donnent rien pour rien. Alors on leur cède des pans entiers de la souveraineté et de l’économie nationales.

    Lors des dernières inondations hivernales de 2011 / 2012, une scène ahurissante, mais hautement significative, m’a été rapportée. Des citoyens démunis se seraient plaints à l’envoyé spécial du gouvernement du manque de prévoyance et du peu d’assistance devant pareilles catastrophes. L’envoyé spécial aurait rétorqué que « ce qui arrive ne dépend que de la volonté de Dieu », autrement dit « Vous n’avez qu’à vous adresser à Lui, peut-être vous viendrait-il en aide ». Le Gouvernement n’y peut rien, puisque c’est Dieu qui décide de tout.

    Cela me rappelle l’anecdote suivante, racontée dans : Bush à Babylone, la recolonisation de l’Irak, par Tariq Ali, Editions La Fabrique, Paris, 2004. Quand le chef mongol Hulagu Khan attaqua Bagdad en 1248, ni le peuple de Bagdad ni l’armée n’ont voulu défendre le roi abbasside Al-Mustaasim Billah. Ce dernier ordonna donc à ses serviteurs de ramasser tous les objets de valeur dans le palais et de les offrir à Hulagu en espérant avoir la vie sauve. Après avoir reçu ces cadeaux, Hulagu les distribua à ses soldats. Puis il demanda à Al-Mustaasim pourquoi il ne s’est pas déplacé au-delà des ponts de Bagdad pour lui barrer la route. Al-Mustaasim lui expliqua que c’était la volonté de Dieu et qu’il n’y pouvait rien. Et Hulagu de répondre : puisque c’est la volonté de Dieu qui a fait que tu n’as pas voulu me résister, alors je vais ordonner de te décapiter par la volonté de Dieu. Et il le décapita devant sa cour. C’est le drapeau de ce « calife » félon et veule qui est l’emblème des salafistes.

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  • Les causes géopolitiques de la chute de l’empire romain

     

    Pourquoi l’empire romain au sens fort s’est-il effondré au cours du Vème siècle de notre ère, même s’il a survécu sous une forme abâtardie autour de Constantinople ? Son échec est-il contextuel, Rome rencontrant une résistance qui au fur et à mesure du temps s’est étoffée jusqu’à pouvoir déferler sur l’empire même ? Ou bien son effondrement était-il inscrit dans ses gênes ?

    A l’heure où on parle encore de la Méditerranée comme d’un espace de prospérité en devenir entre l’Europe et l’Afrique du nord, le président français Hollande rentrant à peine d’Algérie, nous y reviendrons, il est intéressant de s’interroger sur cet empire méditerranéen par excellence qu’a été Rome.

    A l’origine, Rome avait vocation à unir autour d’elle les différentes cités et tribus de l’Italie, ce pays d’élevage de bœufs (« Vitalia »), toutes apparentées. Romulus et Numa surent unir Latins et Sabins et petit à peu les peuples italiques rejoignirent l’ensemble, non sans combattre. Picéniens, Mamertins, Ombriens, Sabelliens et Samnites deviendront des Romains. Etrusques et Gaulois de Cisalpine, Grecs des colonies, tribus siciliennes, tous rejoindront cette Italie unifiée bien avant Garibaldi.

    Rome fut alors confrontée à deux ennemis qui menaçaient l’intégrité de la péninsule. Ce n’était pas tant les turbulents Gaulois, qui avaient pourtant pillé Rome une première fois, qui inquiétaient les Romains, que la Macédoine et Carthage. Au cours du IIème siècle avant J.C, la Macédoine fut conquise et la Grèce, libérée en apparence, unie à Rome. Les Scipions finiront de leur côté par vaincre la puissante cité phénicienne qu’était Carthage, au bout de trois conflits sanglants. Enfin, les royaumes hellénistiques s’effondreront comme un château de cartes sans combattre. Rome est ainsi à la tête de la Méditerranée orientale, alors même que son cœur est en Europe.

    Par la suite, la république puis l’empire élargiront ses frontières, tant en Occident qu’en Orient. César ajoute à Rome la Gaule et la frontière germanique mais aussi l’Egypte. Auguste finalise la conquête de l’Espagne et s’empare de la Thrace. Claude conquiert la Bretagne. Trajan s’empare de la Dacie. L’empire a atteint sa taille maximale, mais est devenu très composite. C’est l’Oronte déferlant sur le Tibre que dénonce Juvénal. Rome n’est plus dans Rome, mais le monde entier est à Rome.

    Or cet empire comprend des populations qui n’ont fondamentalement rien en commun et que le hasard historique a intégré à une même structure. La romanisation échoue en Orient là où l’hellénisation semble en revanche avoir percé. La démonstration en est le plus romain des Dieux, Mars lui-même, dont le culte va se répandre dans toute l’Europe mais sera totalement absent en Orient. En Afrique, certes, on l’honore mais parce que ce sont des colons italiens, vétérans des légions, et installés dans cette province, qui pensent à leur dieu tutélaire.

    Non seulement les populations africaines et asiatiques de l’empire n’ont aucune affection pour ce conquérant au caractère si européen, même si elles s’installent à Rome même, faisant de la cité d’Auguste une métropole de plus d’un million d’habitants, mais elles réagissent à cette tutelle en affichant leur religiosité orientale puis en s’emparant du christianisme comme d’une arme contre l’Occident romain et européen. Ce n’est pas un hasard si au IIIème siècle de notre ère, quasiment absent en Europe, le christianisme devient un phénomène incontournable à Carthage, à Alexandrie et à Antioche, chez les anciens ennemis du peuple romain. Dans ces cités cosmopolites où une langue grecque dégénérée, un « graecula », domine, les dieux de Rome sont absents.

    En outre, les Romains ont bien trop de frontières. Pour avoir échoué à conquérir la Germanie, alors que Germanicus y était presque parvenu mais avait été rappelé à Rome par décision de Tibère, celle-ci était demeurée une zone frontière périlleuse. Les Germains, qui pourtant n’aspiraient qu’à être romains lorsque l’occasion leur était donnée, restèrent en dehors. Leur société guerrière se renforça alors même que la barbarie venue des steppes de la profonde Asie menaçait de s’abattre sur la petite Europe. Les Calédoniens, eux-aussi restés indépendants, malgré l’action de Septime Sévère pour les mâter, représentaient une autre frontière non maîtrisée, et ce malgré la construction de murs de protection. L’exemple chinois et la ligne Maginot démontrent qu’on n’a jamais empêché une invasion en bâtissant une frontière de pierre.

    En Afrique, les tribus berbères indépendantes continuaient de menacer aux frontières, alors que le vigoureux empire perse, qui a pris la place des Parthes au début du IIIème siècle, espère reprendre les territoires perdus depuis l’époque de Darius. Pour conserver la Syrie et l’Egypte, pour maintenir la paix aux frontières face aux tribus germaniques et celtes, l’empire romain devait se démultiplier, or il n’en avait pas les moyens.

    Du temps de la grandeur, les légions romaines tenaient bons, mais formées de professionnels et non plus de conscrits, elles faisaient et défaisaient les empereurs. Mais si par malheur des attaques simultanées avaient lieu à ses frontières, Rome n’aurait pas les moyens de les enrayer. C’est ce qui finit par arriver au Vème siècle de notre ère. Usée par ses guerres à répétition contre les Perses, Rome fut incapable d’empêcher les Germains de déferler sur sa partie occidentale, poussés par la furie hunnique.

    Avec le recul, on comprend que Rome ne pouvait pas géopolitiquement tenir quatre frontières en même temps. Par ailleurs, malgré des richesses indiscutables, la première richesse est l’homme. Celtes et Germains, Daces et Illyriens, mais aussi les Slaves, auraient fait d’excellents romains, et ceux qui étaient déjà dans l’empire l’avaient prouvé. Leurs dieux étaient sous d’autres noms ceux de Rome. Indo-européens comme eux, proches de ce que les Romains avaient été à l’origine, ce que ne manqua pas de signaler un Tacite, ils auraient renforcé l’empire au lieu de contribuer bien malgré eux à sa destruction.

    En renonçant à conquérir la Germanie, au profit du puits financier sans fonds qu’était l’orient, Rome commit une erreur géopolitique fatale. Alors qu’Auguste avait défendu l’Europe contre l’Asie, c’était l’Asie qui au final dominait. Constantin abandonna Rome au profit de Byzance, qui restait malgré tout une ville européenne, mais surtout choisit d’adopter le christianisme, vengeance morale de l’Orient afrasien contre l’Occident aryaque qui l’avait dominé. Dernière née des religions orientales, favorisée par les élucubrations de quelques philosophes séduits par la pensée asiatique, préparée moralement par ceux qui sapèrent la religion traditionnelle (Socrate en tête), la religion chrétienne triompha par la trahison de l’empereur. Constantin trouva dans le christianisme les charmes qu’Antoine avait trouvés chez Cléopâtre. Et ainsi trahit-il Rome, comme l’a si bien dit l’historien André Piganiol.

    Après quelques siècles, toutefois, le christianisme parvint à s’adapter à un environnement demeuré fondamentalement païen et à se colorer ainsi de formes de religiosité spécifiquement européennes, par le biais notamment de la réintroduction du principe du héros sous sa forme médiévale, par le culte des saints, par la construction de lieux de culte sur les anciens sanctuaires. »

    Rome devait unifier l’Europe, tel était son destin, et voir dans la Mare Nostrum un espace frontière. C’est avec les conquêtes islamiques que la Méditerranée redevint ce qu’elle était au départ, une césure entre deux mondes. Le drame du colonialisme, français notamment, a été de faire la même erreur que les Romains deux millénaires auparavant. Enseigner « nos ancêtres les Gaulois » en Afrique ne pouvait pas davantage réussir que d’enseigner « nos ancêtres les Romains » aux Egyptiens d’Alexandrie.

    Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE) http://www.reseau-identites.org