Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 49

  • La Question Sociale n'est pas un détail ! :

     

    Les délocalisations et les plans dits « sociaux » (sic !) frappent de plus en plus durement les travailleurs français depuis quelques mois, nous rappelant que la mondialisation n’est pas vraiment heureuse quand elle n’est plus que la recherche du profit immédiat, par l’achat (pour les consommateurs) ou par la spéculation (pour les financiers)… La crise qui perdure et s’aggrave dans notre pays comme chez nos voisins du sud de l’Europe fait donc resurgir de plus en plus la question sociale que les gouvernements et les institutions européennes proclamaient, il y a quelques années, « éteinte »… Une tromperie ou, dans le meilleur des cas, une illusion…

    En fait, la question sociale n’a pas disparu, comme certains l’espéraient, avec la société de consommation et la prospérité indéniable des Trente Glorieuses ni même avec la mondialisation présentée comme la panacée universelle, censée donner à tous les moyens de vivre dignement et « selon ses besoins ». Bien sûr, dans le cas français, le niveau de vie des ouvriers tout comme leurs conditions de travail d’aujourd’hui (du moins pour ceux qui en ont un…) n’ont plus rien à voir avec ceux du début du XXe siècle, et c’est tant mieux. Mais la question sociale ne s’est évidemment pas éteinte pour autant, et la globalisation (mot plus exact et explicite que celui de « mondialisation »), en rebattant les cartes de l’économie et des puissances, a entraîné, au sein même de notre société, des remises en cause douloureuses et des interrogations sur la nature des rapports sociaux, sur leur territorialisation ou sur leurs formes. Globalisation rime aujourd’hui, pour les travailleurs français, avec délocalisations tandis que l’Union européenne évoque, elle, le terme de libéralisation en insistant sur son caractère de nécessité absolue, sans prendre en compte les exigences de la justice sociale et du bien-être moral des populations laborieuses des pays d’Europe, mais en appliquant des règles peu compatibles avec l’intérêt des industries fabriquant localement en France pour vendre aux Français, par exemple : la récente mise en garde de la Commission européenne contre le « protectionnisme » de M. Montebourg, et surtout les arguments mis en avant par celle-ci, le prouvent à l’envi. Doit-on, même, évoquer l’actuelle crise de la zone euro dont les victimes expiatoires semblent être aujourd’hui les Grecs, les Irlandais, les Espagnols et les Portugais avant, demain peut-être, les Français ? Les banques, il y a quelques années, ont eu droit à plus de sollicitude de la part de la Commission européenne et des gouvernements…

    Ainsi, avec la crise et la sempiternelle épée de Damoclès du financement des retraites, la question sociale revient au cœur des problématiques françaises, comme le souligne l’hebdomadaire « Marianne » au fil de plusieurs numéros récents avec un ton peu amène à l’égard des institutions financières et des capitalistes internationaux. Bien sûr, le « nouveau prolétariat » évoqué par ce journal n’est plus celui de 1900, mais, au-delà de ses difficultés présentes, sa nature reste la même ; c’est-à-dire une masse de travailleurs interchangeables sans autre lien avec le Travail que celui que les détenteurs de l’Argent veulent et voudront bien lui allouer, à titre temporaire, pour en tirer des profits substantiels sans être obligés de les redistribuer à ceux qui en sont les producteurs « de base », mais plutôt et seulement aux actionnaires ou aux cadres dirigeants, les uns se confondant parfois avec les autres : c’est d’ailleurs là un des éléments forts du « scandale social » qui voit d’immenses fortunes se bâtir sur de simples jeux boursiers (mais aussi sur quelques coups de pied heureux…) et non plus sur la qualité du travail effectué en tant que telle.

    Le « nouveau prolétariat » comme l’ancien se caractérise par la « dépossession » : aujourd’hui, les ouvriers ou les artisans sont condamnés par une logique comptable qui fait qu’il est plus simple de fabriquer à grande échelle et à moindre coût dans des pays lointains où les règles sociales et environnementale sont peu contraignantes voire inexistantes, que dans notre pays attaché à une certaine qualité du travail et à la préservation des travailleurs. Ainsi, de nombreux métiers et savoir-faire disparaissent-ils, dans l’indifférence générale, puisque le consommateur ne regarde le plus souvent que le prix de l’étiquette sans penser au deuxième coût, beaucoup plus élevé, le coût social : ne pas acheter français quand on en a l’occasion sous le prétexte, fort compréhensible d’ailleurs, que le « même » produit fabriqué en Chine est moins cher, est, à plus ou moins long terme, suicidaire, comme le signalent certains économistes et l’ont rappelé, durant la dernière campagne présidentielle, des candidats aussi différents que M. Bayrou et M. Mélenchon (malheureusement pour des raisons souvent plus politiciennes que véritablement sociales)… Car, à trop dépendre des productions étrangères, que pourra-t-on vendre demain à des sociétés à qui nous aurions abandonné toutes nos technologies, nos méthodes de travail et pour qui nous aurions sacrifié nos propres outils de production ? Le cas récent d’Airbus est, à ce sujet, tristement éclairant : désormais des dizaines d’avions seront construits à l’étranger, en Asie, tandis que la Chine, à qui la société EADS a « transféré » les technologies de ses appareils, se targue de bientôt vendre à la France et à l’Europe des… Airbus, chinois bien sûr, y compris sous un autre nom…

    Devant cette nouvelle donne qui voit le capitalisme libéral sacrifier les travailleurs de France sur l’autel de la rentabilité, gémir ne sert à rien : il faut désormais « repenser la question sociale », sans vaine illusion ni désespérance. Chercher des pistes alternatives à ce jeu malsain qui se moquent des frontières comme des personnes, des familles ou des traditions. Les royalistes, fidèles à la méthode maurrassienne de l’empirisme organisateur et conscients des enjeux, ne feront pas « la politique du pire qui est la pire des politiques » comme l’affirmait avec raison Charles Maurras. Ils ne doivent pas chercher à créer des utopies mais à imaginer, à inventer de nouveaux modèles économiques et sociaux, sans perdre de vue qu’il s’agit, malgré la difficulté, de remettre « l’économie au service des hommes » et non l’inverse.

    Il leur revient de rappeler que la nation est la première protection sociale, que c’est le plus vaste des cercles communautaires à mesure humaine et historique et qu’il offre des solidarités fortes en son sein, en son espace souverain, au-delà des différences professionnelles ou culturelles.

    Aussi, la question sociale est une question éminemment politique, et, là encore, le « Politique d’abord » doit être compris comme la nécessité d’utiliser ce moyen pour limiter les excès de la globalisation ; susciter une véritable impulsion de l’Etat pour les grandes réformes sociales (et pas seulement en vue d’équilibrer les comptes publics) qui sont urgentes et son arbitrage pour les conflits de « légitimité sociale » entre les divers « décideurs » et les « acteurs du travail », et cela sans tomber dans l’étatisme ou le dirigisme ; permettre et accompagner un véritable aménagement du territoire qui ouvre la voie à une relocalisation de nombreuses activités et à une prise en compte véritable du « souci environnemental » ; etc.

    Aujourd’hui, traiter la question sociale signifie « ne plus laisser faire la seule loi du Marché » (dont on voit les ravages dans la crise grecque, dans cette crise qui, désormais, touche de plus en plus de pays de l’Union européenne) mais redonner au Politique des moyens de pression sur l’Economique : si l’on veut inscrire cette démarche dans la durée et l’indépendance, l’Etat doit lui-même disposer de la durée et de l’indépendance, et être respecté à l’intérieur comme à l’extérieur. Au regard de l’Histoire comme de la réflexion et de la pratique politiques, il n’en est qu’un qui, en refusant de sacrifier les hommes à une logique totalitaire ou marchande, soit possible et souhaitable : la Monarchie à transmission héréditaire, politique et sociale à la fois. Une Monarchie sociale et active, « à la française », décisionniste et volontariste, au-delà des préjugés ou des timidités. Voilà, en fait, la meilleure réponse à une « économie sauvage » dont les seules valeurs sont financières : pour retrouver, demain, le sens de la mesure et de la justice sociale que la République des Ayrault, Proglio et autres Tapie foule aux pieds…

    Jean-Philippe Chauvin http://www.actionroyaliste.com

  • Mariage, Manif et « Affaire » pour tous !

     

    Décidément, on n’est jamais à l’abri d’une surprise en politique. Bonne ou mauvaise, c’est selon… Qui eût crû que le projet de loi autorisant le mariage entre homosexuels provoquerait autant de divisions dans l’opinion ?

    On se croirait revenu à l’époque de « L’Affaire », soit entre 1894 à 1906, une douzaine d’année qui bouleversèrent la société française… Alors en cause, Alfred Dreyfus, capitaine de l’armée française condamné pour haute trahison dont l’innocence est désormais sinon admise par tous, du moins jugée obligatoire pour tous sous peine de subir les foudres du politiquement correct.

    Gageons que le barouf du passage autorisé devant monsieur le maire de « deux messieurs ou de deux madames » ne durent pas autant. L’époque a changé et, audimat oblige, il faut toujours du nouveau pour capter l’attention du citoyen et engranger les recettes publicitaires.

    Le « mariage pour tous » sera donc sinon digéré par tous, du moins quasiment oublié par le plus grand nombre d’ici l’été, voire même le printemps, sans doute.

    Mais pour l’heure, il chauffe l’opinion qui a en a bien besoin en ce week-end où la température a brusquement chuté et rappelé que nous sommes tout de même en hiver.

    Oui, c’est étonnant comment un tel projet de loi, censé ne concerner qu’à peine 6 % d’environ 6 % de la population(1) si l’on se fie aux chiffres des couples homosexuels actuellement « pacsés »(2) a pris une telle ampleur.

    Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore, dit l’adage populaire… Quoique le cœur, en l’occurrence…

    Quoiqu’il en soit, remarquons tout de même que si, pour certains, c’est l’heure de la gloire médiatique, pour d’autres, c’est le taux d’emmerdements maximums qu’ils n’avaient pas vu venir.

    Il y a d’abord ceux que « l’Affaire » du mariage pour tous a projeté sur les devants de la scène…

    Frigide Bardot, jusqu’alors connue des seuls lecteurs des facétieuses publications du groupe Jalons et apprécié pour cela à juste titre, se retrouve figure de proue du mouvement, du moins dans la rue… Nouvelle Jeanne d’Arc moderne dont l’incontestable dynamisme déjanté entraîne derrière son étendard une foule aussi impressionnante que fort disparate d’homosexuels, de musulmans… et de catholiques, religion dont elle se revendique elle-même, mais de stricte obédience vaticane.

    Les catholiques plus méfiants à l’égard de l’actuel successeur de Pierre et de ses derniers prédécesseurs, se regroupent, eux, au sein de l’association Civitas… dont on n’a jamais tant parlé qu’à cette occasion et pour cause : il faut un épouvantail aux médias qui ne se gênent pas pour les accuser de tous les maux possibles et fantasmés, notamment d’avoir l’outrecuidance de ne pas se laisser insulter et perturber par les hystériques en petites culottes du mouvement Femen.

    Assistera-t-on d’ailleurs, en ce dimanche très froid de janvier, à un lâcher de Femen ? Cela prouverait alors que ces dames n’auraient pas froid aux nichons…

    Mais à part Jeanne Frigide, Civitas et les Femen, il est clair que « l’Affaire » embarrasse plutôt tout le monde…

    En premier lieu l’actuel gouvernement qui doit être obsédé par le précédent de 1984 et la mobilisation du projet de loi Savary qui avaient vu 1 million trois cent milles Français battre le pavé et faire reculer François Mitterrand qui, échaudé, retira le projet de loi.

    Certes, le gouvernement Ayrault est revenu sur la quasi-totalité des promesses du candidat Hollande à la présidence de la République… Reste ce projet de loi dont il semblerait que tout le monde ne se foute pas… Si même ça, il n’était pas capable de le faire passer, il courait certainement le risque de rester pour la postérité un authentique gouvernement de… enfin, de gens comme ça, quoi ! Même et surtout aux yeux de leurs électeurs ! La honte !

    Mais l’opposition UMP n’en tire pas pour autant avantage. Au  contraire !… Déjà divisée par un combat de sous-cheffaillons et des élections internes où le ridicule l’a disputé au grotesque, il apparaît que même sur ce sujet de société, une fracture existe…

    Tout comme au Front national où sa présidente n’a pas vu plus loin que le simple bon sens en déclarant que « l’Affaire » était « … devenue une grossière tentative de récupération politicienne et d’enfumage sociétal de la part de l’UMP et du PS », affirmant que cette manœuvre était avant tout « destinée à détourner l’attention des Français des questions urgentes ».

    C’était oublier qu’il y a des évidences dont tout le monde se moque et qui semblent même dangereuses à énoncer lorsque la passion l’emporte.

    Il semblerait donc que la majorité de la classe politique souhaite ardemment que l’on passe à autre chose… et rapidement.

    Reste à savoir ce qu’une majorité de Français en pense désormais… On en aura sans doute un petit aperçu ce dimanche soir avec la comptabilisation des manifestants.

    Sinon, il y a quoi à la télé ce soir ?

    http://francephi.com

    Notes

    (1) « Une certaine littérature pro-homosexuelle affirme qu’entre 3 et 10 % de la population sont gays, alors que les statistiques les plus récentes et les plus fiables aux États-Unis aujourd’hui atteignent à peine le chiffre inférieur du pourcentage précédent. Pendant ce temps, les derniers chiffres les plus fiables en Grande-Bretagne montrent que seulement 1 % des hommes et moins d’une femme sur 200 ont eu une expérience homo­sexuelle quelconque, alors que seulement 0,4 % des hommes et 0,1 % des femmes revendiquent être exclusivement homosexuels dans leur pratique », Wellings, K. et al Sexual Beha­viour in Britain, p.183.

    (2) Rappelons que les homosexuel(le)s représentent à peine 6 % de la population et qu’il n’y a pas 1 % de ces 6 % qui envisage aujourd’hui ou demain, de s’enfiler… une bague au doigt ; pour preuve les statistiques du Pacte civil de solidarité (Pacs) depuis qu’il a été voté en 1999 : sur un million de pacsés en France au 1er janvier 2010, les couples homosexuels ne représentaient que 6 % du nombre total de pacsés début 2009. Tout ça pour ça ! (Sources : www.lefigaro.fr, 8 février 2011)

  • Des logements luxueux pour des ministres minables

    Hôtel particulier de Broglie : c'est là que réside la ministre marocaine Najat Belkacem

    Mais pourquoi les ministres de la gauche solidaire ne vont-ils pas habiter dans les banlieues sensibles ?… eux qui prônent le vivre ensemble ! Consultez cette liste : vous ne serez pas déçus.

    Jean-Marc Ayrault : 7 pièces, 309m2, au 57 rue de Varenne dans le 7e. Valeur* : 4 881 273 €

    Najat Vallaud-Belkacem : 149 m2 dans un hôtel particulier au 35 rue de Varenne : 2 195 307 €

    Manuel Valls : 117 m2 place Beauvau, dans le 8e : 1 574 001 €

    Laurent Fabius : 100 m2 au 37 quai d’Orsay : 1 003 100 € (je connais un peu le quartier, et 100m2 au quai d’Orsay c’est 5 millions d’euros)

    Bernard Cazeneuve : 110 m2 dans le 6e : 1 443 860 €

    Cécile Duflot : 60 m2 au 72 rue de Varenne : 871 800 €

    Jérôme Cahuzac (qui possède un appartement de 300m2 dans le XVIe) : 40 m2 à Bercy : 367 480 €

    Jean-Yves Le Drian : hôtel particulier au 14 rue Saint-Dominique : 1 167 500 € (estimation)

    Kader Arif : même punition et même adresse que Le Drian

    Vincent Peillon : duplex dans un hôtel particulier au 110 rue de Grenelle dans le 7e : 3 millions d’euros (estimation)

    Stéphane Le Foll : 60 m2 au 78 rue de Varenne face à l’hôtel Matignon : 815 160 €

    Sylvia Pinel : 58 m2 dans le bâtiment Colbert à Bercy : 536 520 €

    Valérie Fourneyron : 75 m2 au 20 avenue de Ségur dans le 7e : 739 950 €

    Marylise Lebranchu : 55 m2 dans un hôtel particulier au 80 rue de Lille, dans le 7e : 852 555 €

    Marisol Touraine : 4 pièces au 14 rue Duquesne dans le 7e : 1.5 millions d’euros (estimation)

    Marie-Arlette Carlotti : 109 m2 au 14 avenue Duquesne dans le 7e : 1 339 719 €

    Christiane Taubira : 65 m2 place Vendôme, 75001 : 1 495 000 €

    Michèle Delaunay : 35 m2 14 avenue Duquesne : 430 185 €> A noter que François Lamy, ministre délégué de la Ville, a refusé un logement de 200 m2 et préfère dormir à l’hôtel.

    (Le ministère des Sports a refusé de dire qui occupe le logement de 260m2 qu’il possède au 246 bd St Germain et celui de 120m2 place de Fontenoy)

    * chiffres à minima de la Chambre des notaires de Paris - Source : JDN

    Sur le train de vie des ministres et de leurs cabinets, voir aussi lesprimes de Noël des ministres socialistes sur FPI-Le Gaulois

    http://www.francepresseinfos.com/

  • Taine et l’homme moderne rapetissé

     

    D’un paysage nous avons fait un potager.

     

    Dans "La Fontaine et les Fables", son meilleur livre, Taine règle ses comptes avec l’homme moderne. En profitant du culte qu’il voue à notre fabuliste et ses animaux, le grand théoricien si caricaturé par nos vilains manuels scolaires (« le vice et la vertu, le sucre et le vitriol »...), dresse un tableau des homoncules modernes, avec une inspiration et une précision qui font de lui l’égal de Nietzsche ou de Guénon (Nietzsche d’ailleurs le respectait beaucoup).

     

    L’homme moderne devient ainsi l’équivalent d’une grande ville où tout est laid, artificiel et fonctionnel :

     

    « L’homme aujourd’hui ressemble à ces grandes capitales qui sont les chefs-d’oeuvre et les nourrices de sa pensée et de son industrie ; le pavé y couvre la terre, les maisons offusquent le ciel, les lumières artificielles effacent la nuit, les inventions ingénieuses et laborieuses encombrent les rues, les visages actifs et flétris se pressent le long des vitrines ; les souterrains, les égouts, les quais, les palais, les arcs de triomphe, l’entassement des machines étalent et multiplient le magnifique et douloureux spectacle de la nature maîtrisée et défigurée. Nous en voulons sortir. Nous sommes las de ces coûteuses merveilles. »

     

    La France a joué un rôle sinistre au cours de sa révolution, Taine l’a montré mieux que personne ; c’est que la France est la terre par excellence du bourgeois étriqué et mesquin qui naît malencontreusement sous la monarchie de Louis XIV (et même avant, si l’on en croit Michelet, qui voit la farce poindre avec son maître Patelin) :

     

    « Le bourgeois est un être de formation récente, inconnu à l’antiquité, produit des grandes monarchies bien administrées, et, parmi toutes les espèces d’hommes que la société façonne, la moins capable d’exciter quelque intérêt. Car il est exclu de toutes les idées et de toutes les passions qui sont grandes, en France du moins où il a fleuri mieux qu’ailleurs. »

    Le bourgeois qui fleurit ! Naît alors l’homme moderne, le dernier homme de Nietzsche, le médiocre de Tocqueville, l’homme rapetissé de Taine qui le compare superbement au grand cordonnier de l’Athènes antique (ici aussi, Hippolyte, il faut prendre garde car le cordonnier de Démosthène n’est pas celui de Thémistocle !). Mais pourquoi notre bourgeois rapetisse-t-il ?

     

    « Le gouvernement l’a déchargé des affaires politiques, et le clergé des affaires religieuses. La ville capitale a pris pour elle la pensée, et les gens de cour l’élégance. L’administration, par sa régularité, lui épargne les aiguillons du danger et du besoin. Il vivote ainsi, rapetissé et tranquille. A côté de lui un cordonnier d’Athènes qui jugeait, votait, allait à la guerre, et pour tous meubles avait un lit et deux cruches de terre, était un noble. »

     

    Et là un grand épanchement qui survient comme une méditation guénonienne :

     

    « De là vient la laideur du monde moderne. Autrefois à Rome, en Grèce, l’homme, à demi exempt des professions et des métiers, sobre, n’ayant besoin que d’un toit et d’un manteau, ayant pour meubles quelques vases de terre, vivait tout entier pour la politique, la pensée et la guerre. Aujourd’hui l’égalité partout répandue l’a chargé des arts serviles ; les progrès du luxe lui ont imposé la nécessité du gain ; l’établissement des grandes machines administratives l’a écarté de la politique et de la guerre. »

     

    Enfonçons le clou sur la civilisation matérielle et le règne de la quantité !

     

    « La civilisation, en instituant l’égalité, le bien-être et l’ordre, a diminué l’audace et la noblesse de l’âme. Le bonheur est plus grand dans le monde, mais la beauté est moindre. Le nivellement et la culture, parmi tous leurs mérites, ont leurs désavantages : d’un paysage nous avons fait un potager. »

     

    Taine comprend que l’éducation industrialisée et forcée va détruire le vrai goût pour la culture et les humanités. Qui lit Virgile ou Shakespeare pour son plaisir de nos jours ? On se le tape avec le prof et puis on se précipite sur le dernier Rihanna !

     

    « Il est plus triste encore d’observer ce que devient la science tournée en métier. Les occupations nobles s’altèrent en devenant marchandises. Le sentiment s’en va et fait place à la routine. Une page de Virgile, que vous avez fait réciter à vingt écoliers pendant vingt ans vous touchera-t-elle encore ? Vous devez la lire tel jour, à telle heure ; l’émotion coulera-t-elle à point nommé comme quand on tourne un robinet? »

     

    Dès lors on comprend pourquoi Taine comme Nietzsche et les moralistes Français du Grand Siècle recommandent leurs âmes aux animaux !

     

    « Au contraire, voici un bon et honnête chat qui, les yeux à demi clos, sommeille au coin de l’âtre. Sa fourrure est à lui de naissance, comme aussi sa sagesse. Il n’a point sué pour l’obtenir. Il n’y a point pour lui de règle morale qui dégrade ses ruses ; il quête des épluchures d’assiette sans pour cela devenir bas, il n’est pas avili par la servitude. Il ne s’inquiète point de l’avenir ; il pourvoit au présent, et subit le mal patiemment quand le mal le rencontre. En attendant il dort et restera ainsi jusqu’au soir, sans avoir envie de changer de place. »

     

    La règle morale qui dégrade les ruses, thème typiquement nietzschéen ! La servitude, thème très digne de Tocqueville ! Taine va encore plus loin et voyait à l’instar de La Fontaine dans les animaux des modèles de liberté et de spiritualité :

     

    « Au fond, toutes les bêtes sont nobles. Si elles pouvaient parler, elles nous tutoieraient comme font les enfants. En effet, ce sont des enfants qui, arrêtés dans leur croissance, ont gardé la simplicité, l’indépendance et la beauté du premier âge. Leur cou ne porte pas les marques de la déformation que nous impose le métier, ni des flétrissures dont nous salit l’expérience. S’ils sont plus bornés, ils sont plus purs. »

     

    Je ne rappellerai pas qui nous demande d’être comme les enfants. On comprend dès lors, et l’on s’arrêtera en recommandant ce fabuleux bouquin, lisible en ligne, que la poésie vraie ait pour Taine une mission et des caractères sacrés :

     

    « C’est que les vers sont tout autre chose que des lignes non finies. Je crois que s’ils ont tant de puissance, c’est qu’ils remettent l’âme dans l’état sensitif et primitif. Ceux qui ont inventé le langage n’ont point noté les objets par des signes abstraits à la façon des algébristes ; ils ont joué en leur présence et pour les exprimer un drame figuratif et une pantomime ; ils ont imité les événements avec leurs attitudes, avec leurs cris, avec leurs regards, avec leurs gestes ; il les ont dansés et chantés. »

     

     

    Bon, il ne reste plus qu’à aller voter et prendre le métro, maintenant ! Je finis par La Fontaine (tout de même !), à ce maître suprême qui voit poindre ici sous la cour plein à craquer la plèbe sous contrôle affolée de people :

     

    Peuple caméléon, peuple singe du maître ;
    On dirait qu’un esprit anime mille corps ;
    C’est bien là que les gens sont de simples ressorts.

    http://www.france-courtoise.info

     

  • 1328 : l’avènement des Valois

    Après la mort de Charles IV le Bel, la loi salique s'impose, naissant de l'expérience des faits, comme toujours avec les Capétiens.

    Cette année-là, la sixième de son règne, Charles IV le Bel, trente-quatre ans, mourut à Vincennes le 1er février, sans héritier mâle direct. La chose se produisait pour la première fois chez les Capétiens, lesquels, depuis Hugues Capet, s'étaient toujours perpétués de père en fils sans contre-temps ; si le fils aîné mourait jeune, le premier des cadets prenait sa place dans la succession et la vie de la lignée continuait. Ce fut la grande chance des premiers Capétiens d'avoir, pendant trois cent trente-neuf ans, pu affermir leur dynastie sans se heurter à la moindre difficulté de succession.
    Le cas de Charles IV était exceptionnel. Troisième fils de Philippe IV le Bel et de Jeanne 1ère de Navarre, il était monté sur le trône après ses deux frères aînés, Louis X le Hutin et Philippe V le Long, lesquels étaient eux-mêmes morts sans laisser d'enfant mâle ! Pour être tout à fait exact rappelons que l'aîné Louis X le Hutin, roi de France de 1314 à 1316, avait eu de sa première épouse Marguerite de Bourgogne (répudiée pour adultère) une fille, Jeanne ; or sa seconde épouse, Clémence de Hongrie, était enceinte quand il mourut.
    Celle-ci mit au monde le 15 novembre 1316 un petit Jean qui décéda dès le 20 novembre et devait rester dans l'histoire comme Jean 1er le Posthume.
    Philippe, alors comte de Poitiers, frère du roi défunt, avait alors couru à Reims pour se faire sacrer sous le nom de Philippe V le Long, barrant ainsi la route à quelques partisans de Jeanne, le premier enfant du Hutin. Il avait fallu une assemblée des seigneurs de la cour et des docteurs de l'Université pour approuver l'exclusion de la petite fille de la succession, tout simplement parce qu'une fille reine pourrait en se mariant apporter un jour en dot la couronne de France à un prince étranger.
    Philippe V avait ensuite régné jusqu'à sa mort en 1322, n'ayant eu que des filles de son épouse Jeanne de Bourgogne, elle aussi soupçonnée d'adultère mais non répudiée.
    Le tour de Charles IV le Bel était alors venu, il avait remis de l'ordre dans les finances, avait oeuvré pour venir en aide aux chrétiens d'Orient, mais il avait dû répudier sa première épouse, Blanche de Bourgogne aussi volage que ses belles-soeurs, accusées toutes les trois par des rumeurs de s'être livrées à des ébats bien peu catholiques dans la tour de Nesle… Sa deuxième épouse Marie de Luxembourg, mourut enceinte dans un accident. La troisième, sa cousine Jeanne d'Evreux, n'eut que des filles, mais se trouvait enceinte en cette année 1328 quand mourut le roi, le 1er février.
    Loi fondamentale
    Philippe de Valois, fils de Charles de Valois, lui-même frère de Philippe IV le Bel, donc le plus proche par les mâles de la succession, fut désigné comme régent en attendant la naissance. Tout laissait à penser qu'il serait roi si une fille naissait. Ce ne fut pas l'avis d'Isabelle, soeur des trois rois défunts, qui venait de faire assassiner son mari Édouard II, roi d'Angleterre, par des intimes de son amant, Roger Mortimer : elle revendiqua la couronne de France non pour elle-même (question réglée depuis 1316), mais pour son fils, quatorze ans, petit-fils de Philippe le Bel, devenu Édouard III, roi d'Angleterre.
    Dès le 2 février une grande assemblée se réunit au Palais pour traiter « la plus noble cause qui fut oncques », dit le juriste Guy Coquille. Nul ne voulait comme roi de France d'un Anglais qui était par ailleurs vassal du roi de France pour ses possessions d'Aquitaine. Tous admirent et promulguèrent à jamais que « femme, ni par conséquent son fils, ne pouvait par coutume succéder au royaume de France ». Cette loi, qu'on allait appeler la loi salique pour la faire dériver d'un vieux texte franc, fut dès lors la première loi fondamentale du royaume, née non pas d'un texte abstrait posé a priori, mais de l'expérience des faits, comme toujours avec les Capétiens.
    Jeanne d'Evreux ayant accouché d'une fille, Philippe put se faire sacrer à Reims dès le 29 mai. La branche des Valois accédait ainsi au trône et allait se le transmettre brillamment jusqu'en 1589, s'éteignant là encore - et c'est assez singulier- avec trois frères rois sans enfants : François II, Charles IX, Henri III.
    Insistons encore sur le fait que la monarchie capétienne ne fut en rien antiféministe : les femmes, notamment les régentes, y jouèrent bien souvent un rôle primordial. Leur exclusion de la succession exprime seulement dès 1328 une haute conscience de l'unité et de la continuité françaises et des besoins défensifs de la nation. La couronne n'est pas une propriété qui peut passer en diverses mains, elle est un bien commun inaliénable. C'est ce qui la rend bienfaisante.
    MICHEL FROMENTOUX L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 4 au 17 décembre 2008
  • Programme « Viber » : attention, espionnage israélien

    « Viber » est un programme gratuit qui, installé sur les téléphones modernes, permet d’appeler gratuitement une personne équipée du même logiciel.
    On estime actuellement à 100 millions le nombre d’utilisateurs de Viber.

    Or il apparaît que le fondateur de la compagnie Viber Media et son propriétaire est Talmon Marko, un américano-israélien qui a servi 4 ans dans l’armée israélienne.
    Il aurait été nommé au poste de directeur exécutif responsable des renseignements au commandement central…

    « Sachant que le programme Viber offre un service gratuit à 100%, permet l’échange de vidéos et des messages textuels, et ne diffuse pas de publicité. Face à ces données, une question se pose : quel est l’objectif d’un tel service, gratuit à 100% ?
    La réponse est simple : le programme « Viber » sur les Androïd et Iphone par exemple est capable de lire tous les contacts figurant sur la liste des contacts téléphoniques, même ceux qui ne font pas partie du programme.
    Viber est aussi capable de localiser le lieu de l’utilisateur, ses comptes électroniques, l’enregistrement de sa voix, de vidéos et la prise de photos !
    Il a également la capacité d’espionner toutes les informations présentes dans les fichiers téléphoniques et de connaitre tous les programmes utilisés par les utilisateurs !
    C’est donc à travers ce programme gratuit très populaire, qu’on offre à « Israël » nos informations personnelles, gratuitement aussi ! »

    http://www.contre-info.com/

  • En Souvenir de Julien Freund

    Le 10 septembre 1993, Julien Freund nous a quitté silencieusement. En Europe, il était l'un des plus éminents philosophe de la politique, une référence obligée pour tous ceux qui voulaient penser celle-ci en dehors des sentiers battus. La presse n'en a pas fait écho.
    Né à Henridorff, en Alsace-Lorraine, en 1921, il s'engage dans les rangs de la résistance au cours de la seconde guerre mondiale. Dans l'immédiat après-guerre, il enseigne d'abord la philosophie à Metz, puis devient président de la faculté des sciences sociales de l'université de Strasbourg, dont il assurera le développement.
    Inspiré initialement pas la pensée de Max Weber, un auteur peu connu dans la France de l'époque, Freund élabore petit à petit une théorie de l'agir politique qu'il formule, en ses grandes lignes, dans son maître-ouvrage, L'essence du politique (1965).
    "Le politique est une essence, dans un double sens : d'une part, c'est l'une des catégories fondamentales, constantes et non éradicables, de la nature et de l'existence humaines et, d'autre part, une réalité qui reste identique à elle-même malgré les variations du pouvoir et des régimes et malgré le changement des frontières sur la surface de la terre. Pour le dire en d'autres termes: l'homme n'a pas inventé le politique et encore moins la société et, d'un autre côté, en tous temps, le politique restera ce qu'il a toujours été, selon la même logique pour laquelle il ne pourrait exister une autre science, spécifiquement différente de celle que nous connaissons depuis toujours. Il est en effet absurde de penser qu'il pourrait exister deux essences différentes de la science, c'est-à-dire deux sciences qui auraient des présupposés diamétralement opposés; autrement, la science serait en contradiction avec elle-même".
    Ou encore : "La politique est une activité circonstancielle, causale et variable dans ses formes et dans son orientation, au service d'une organisation pratique et de la cohésion de la société [...]. Le politique, au contraire, n'obéit pas aux désirs et aux fantaisies de l'homme, qui ne peut pas ne rien faire car, dans ce cas, il n'existerait pas ou serait autre chose que ce qu'il est. On ne peut supprimer le politique - à moins que l'homme lui-même, sans se supprimer, deviendrait une autre personne".
    Freund, sur base de cette définition de l'essence du politique, soumet à une critique serrée l'interprétation marxiste du politique, qui voit ce dernier comme la simple expression des dynamiques économiques à l'oeuvre dans la société. Freund, pour sa part, tient au contraire à en souligner la spécificité, une spécificité irréductible à tout autre critère. Le politique, dans son optique, est "un art de la décision", fondé sur trois types de relations : la relation entre commandement et obéissance, le rapport public/privé et, enfin, l'opposition ami/ennemi.
    Ce dernier dispositif bipolaire constitue l'essence même du politique: elle légitimise l'usage de la force de la part de l'Etat et détermine l'exercice de la souveraineté. Sans force, l'Etat n'est plus souverain ; sans souveraineté, l'Etat n'est plus l'Etat. Mais un Etat peut-il cessé d'être "politique" ? Certainement, nous répond Freund :
    "Il est impossible d'exprimer une volonté réellement politique si l'on renonce d'avance à utiliser les moyens normaux de la politique, ce qui signifie la puissance, la coercition et, dans certains cas exceptionnels, la violence. Agir politiquement signifie exercer l'autorité, manifester la puissance. Autrement, l'on risque d'être anéanti par une puissance rivale qui, elle, voudra agir pleinement du point de vue politique. Pour le dire en d'autres termes, toute politique implique la puissance. Celle-ci constitue l'un de ses impératifs. En conséquence, c'est proprement agir contre la loi même de la politique que d'exclure dès le départ l'exercice de la puissance, en faisant, par exemple, d'un gouvernement un lieu de discussions ou une instance d'arbitrage à la façon d'un tribunal civil. La logique même de la puissance veut que celle-ci soit réellement puissance et non impuissance. Ensuite, par son mode propre d'existence, la politique exige la puissance, toute politique qui y renonce par faiblesse ou par une observation trop scrupuleuse du droit, cesse derechef d'être réellement politique ; elle cesse d'assumer sa fonction normale par le fait qu'elle devient incapable de protéger les membres de la collectivité dont elle a la charge. Pour un pays, en conséquence, le problème n'est pas d'avoir une constitution juridiquement parfaite ou de partir à la recherche d'une démocratie idéale, mais de se donner un régime capable d'affronter les difficultés concrètes, de maintenir l'ordre, en suscitant un consensus favorable aux innovations susceptibles de résoudre les conflits qui surviennent inévitablement dans toute société".
    On perçoit dans ces textes issus de L'essence du politique la parenté évidente entre la philosophie de Julien Freund et la pensée de Carl Schmitt.
    Particulièrement attentif aux dynamiques des conflits, ami de Gaston Bouthoul, un des principaux observateurs au monde de ces phénomènes, Freund fonde, toujours à Strasbourg, le prestigieux Institut de Polémologie et, en 1983, il publie, dans le cadre de cette science de la guerre, un essai important : Sociologie du conflit, ouvrage où il considère les conflits comme des processus positifs : "Je suis sûr de pouvoir dire que la politique est par sa nature conflictuelle, par le fait même qu'il n'y a pas de politique s'il n'y a pas d'ennemi".
    Ainsi, sur base de telles élaborations conceptuelles, révolutionnaires par leur limpidité, Freund débouche sur une définition générale de la politique, vue "comme l'activité sociale qui se propose d'assurer par la force, généralement fondée sur le droit, la sécurité extérieure et la concorde intérieure d'une unité politique particulière, en garantissant l'ordre en dépit des luttes qui naissent de la diversité et des divergences d'opinion et d'intérêts".
    Dans un livre largement auto-biographique, publié sous la forme d'un entretien (L'aventure du politique, 1991), Freund exprime son pessimisme sur le destin de l'Occident désormais en proie à une décadence irrémédiable, due à des causes internes qu'il avait étudiées dans les page d'un autre de ses ouvrages magistraux, La décadence (1984). Défenseur d'une organisation fédéraliste de l'Europe, il avait exprimé son point de vue sur cette question cruciale dans La fin de la renaissance (1980). Julien Freund est mort avant d'avoir mis la toute dernière main à un essai sur l'essence de l'économique. C'est le Prof. Dr. Piet Tommissen qui aura l'insigne honneur de publier la version finale de ce travail, à coup sûr aussi fondamental que tous les précédents. Le Prof. Dr. Piet Tommissen sera également l'exécuteur testamentaire et le gérant des archives que nous a laissé le grand politologue alsacien.
    Dott. Alessandra COLLA.
    (la version italienne originale de cet hommage est paru dans la revue milanaise Orion, n°108, sept. 1993)
    Publié par Alternative Europe 

  • Démondialisation et protectionnisme

    Longtemps, en France, Maurice Allais (Prix Nobel d'économie en 1988) a été un des rares économistes à s'opposer à la mondialisation et à ce qu'il appelait « l'idéologie libre-échangiste mondialiste ». À travers ses livres et ses articles, il n'a cessé de montrer que la mondialisation n'était « ni inévitable, ni nécessaire, ni souhaitable ». Le sociologue Emmanuel Todd, dans L'Illusion économique (1998), dénonçait lui aussi ce qu'il appelait « l'utopie libre-échangiste », mais il croit toujours aux vertus de la construction européenne et le protectionnisme qu'il prône est un protectionnisme aux frontières de l'Europe.
    Aujourd'hui, les économistes sont plus nombreux à prôner « un protectionnisme bien conçu » (Jean-Luc Gréau), une « démondialisation raisonnée » et « une certaine forme de protectionnisme » (Jacques Sapir).
    Le Front national n'est plus le seul parti à montrer les effets négatifs de la mondialisation et du libre-échange sans entraves. Jean-Luc Mélanchon, candidat officiel du Front de gauche aux élections présidentielles, Arnaud Monte-bourg, candidat à la candidature pour le Parti socialiste, Dominique de Villepin, venu de l'UMP, se déclarent désormais partisans du protectionnisme.
    Arnaud Montebourg publie un petit livre au titre - apparemment - sans ambiguïté : Votez pour la démondialisation ! (Flammarion). Dans un long entretien accordé au Point, il explique : « Le débat [sur la mondialisation] n'a jamais eu lieu. Il a même purement et simplement été interdit. On a décidé de faire l'Union européenne, où on a instauré la concurrence à 27, avec des pays qui n'étaient pas de même niveau de développement. En même temps, on s'est ouvert à l'extérieur. On a organisé la passoire de l'UE vis-à-vis de la mondialisation, pendant que toutes les autres grandes nations mercantiles et concurrentes, elles, prennent des mesures protectionnistes ».
    L'exemple de la Chine
    Les chantres de la mondialisation expliquent qu'elle favorise une croissance partagée, qu'elle profite aux pays émergents comme aux pays les plus riches et que des décisions protectionnistes pénaliseraient notre économie, car elles entraîneraient des mesures de rétorsion. La Chine ou l'Inde nous achèteraient moins de marchandises ou nous enverraient moins de touristes.
    Il y a quatre ans déjà, Jean-Claude Gréau montrait l'inanité de ce raisonnement. « La Chine, écrivait-il, mène une politique économique impérialiste dont ni l'Europe, ni les États-Unis, ni même l'Afrique ne bénéficient. Trois décisions majeures des autorités chinoises viennent d'illustrer cette ambition. D'abord, la création d'une société à capitaux publics pour être capable demain de construire un avion de ligne chinois concurrent de Boeing et d'Airbus. Ensuite la volonté d'utiliser une partie des immenses réserves de change de la Chine pour investir sur les marchés financiers occidentaux. Enfin la hausse de 30 % des droits de douane à l'importation de certains biens d'équipement pour protéger son industrie nationale. Et pendant ce temps, l'Europe reste inerte. »
    Quatre ans plus tard, le constat reste vrai et la Chine n'a cessé de gagner des parts de marché dans le monde. La Chine est devenue le 1er exportateur mondial. Le déficit commercial entre la France et la Chine a cru dans des proportions considérables : 5 milliards d'euros de déficit en 2000, 22 milliards en 2010. Comme le disent les analystes du ministère du Commerce extérieur, on assiste à une « montée en gamme des importations de Chine ». La Chine capitalo-communiste ne vend plus seulement des produits textiles et des jouets, mais aussi des produits informatiques et électroniques et bien d'autres choses. 1 téléphone portable sur 2 achetés en France vient de Chine et 3 ordinateurs portables sur 4.
    Les communistes chinois savent utiliser la mondialisation quand elle est à leur avantage (inonder le monde de la production de leurs usines, faire des placements financiers ou prêter aux États en déficit). Et ils se montrent protectionnistes quand leurs intérêts nationaux sont en jeu.
    Quel protectionnisme ?
    Le retour de la doctrine protectionniste dans le débat public ne doit pas faire illusion. Hormis au FN et au Front de gauche, elle est plus que minoritaire parmi les dirigeants du PS et de l'UMP. Par ailleurs, le protectionnisme prôné par Arnaud Montebourg et par des économistes comme Jacques Sapir, Emmanuel Todd ou Jean-Luc Gréau est un protectionnisme européen, un « protectionnisme altruiste, partagé » dit Arnaud Montebourg. Ils n'envisagent aucunement un protectionnisme aux frontières de la France, mais au niveau de l'Union européenne. Il faudrait, selon eux, que l'UE devienne véritablement une union douanière et érige des tarifs douaniers différenciés selon les produits et selon les pays. Une telle décision ne pourrait se prendre qu'au niveau européen. C'est pour cela qu'Arnaud Montebourg considère que la mise en place d'un gouvernement économique européen est une « urgence ».
    En fait, instaurer un protectionnisme au niveau européen risquerait d'aggraver encore plus les pertes de souveraineté de chacun des pays membres de l'Union européenne.
    Le protectionnisme le plus efficace et le plus durable ne peut se faire qu'au niveau national. Maurice Allais prônait un « protectionnisme éclairé », Marine Le Pen parle d'un « protectionnisme raisonné ». Il ne s'agit pas de pratiquer l'isolationnisme, voire de viser à l'autarcie. Il s'agit, par des accords d'État à État, de défendre les productions nationales et de se procurer ce dont on a besoin, d'imposer des taxes (qui peuvent être temporaires) sur certains produits.
    Et le protectionnisme ne saurait se limiter aux marchandises. Il doit s'étendre à la finance. Les investissements étrangers dans les entreprises nationales et la circulation mondiale des capitaux à court terme sont une autre forme d'invasion étrangère qui se fait au détriment des intérêts du pays. Une certaine définanciarisation de l'économie doit accompagner des mesures protectionnistes.
    Jean Rouvière Présent du JEUDI 23 JUIN 2011