Tiré du mépris où l'avait tenu l'Université, panthéonisé pour services rendus à l'idée républicaine, Alexandre Dumas connaît une gloire médiatique neuve ou presque.
Études, essais, rééditions se succèdent.
Alain Decaux fut l'artisan de cette renaissance ; elle lui doit tout, depuis le sauvetage du château de Monte Cristo, qu'il arracha, dans les années soixante-dix, aux promoteurs immobiliers jusqu'aux cérémonies de 2002 qui tirèrent l'écrivain de sa tombe familiale à Villers-Cotterêts. La popularité de l'académicien a fortement aidé à ranimer celle de Dumas, dont, à une époque pas si lointaine, il était devenu difficile de lire autre chose que Les Trois Mousquetaires.
Un dictionnaire lassant
Il allait de soi de lui demander un Dictionnaire amoureux de Dumas, conforme aux critères d'une collection réclamant une parfaite connaissance d'un sujet, une grande passion mise à l'évoquer, et ce qu'il faut de subjectivité quand il s'agit d'amour. Il n'est pas défendu, et Decaux ne s'en prive pas, de parler de soi. Pour le reste, la fantaisie prévaut. Au bout du compte, on aura fait le tour des principales facettes du personnage, des événements de sa vie, des oeuvres phares, et d'amours tumultueuses. Tout cela est brillant, instructif, mais d'un politiquement correct lassant. On s'était peu avisé jadis que les Dumas aient pu souffrir de leur métissage, ni être victimes de racisme, pour l'excellente raison qu'ils assumaient leurs origines et que peu de gens avaient la sottise d'y faire allusion. Le fait a pris aujourd'hui une telle importance, nonobstant le sang normand et valoisien d'Alexandre, qu'il devient un écrivain noir, ce qui est excessif. Il en va de même pour beaucoup de notices par trop dans l'air du temps. Au point, c'est un comble, que l'on émerge de ce Dictionnaire amoureux en aimant moins Dumas...
Que resterait-il de Dumas s'il s'était cantonné, comme il en avait l'intention, dans l'écriture théâtrale ? Peu de choses, car nul ne monte ou ne lit plus ses drames. D'Antony ne surnage que l'ultime réplique : « Elle me résistait, je l'ai assassinée ! » qui prête plus à rire qu'à pleurer. Le salut lui vint d'une reconversion forcée, quand l'immense succès qui avait salué ses premières oeuvres retomba. Il fallait vivre, d'autant qu'il avait, avec panache, résilié ses fonctions de bibliothécaire du duc d'Orléans, devenu Louis-Philippe, pour ne point sembler l'écrivain officiel de la monarchie de Juillet. Ce fut le journalisme, et le goût nouveau des lecteurs pour l'histoire, racontée de manière attrayante. Dumas donna dans le récit historique et la biographie, glissa au roman historique sous forme de feuilleton, une innovation, là encore. Il ignorait qu'il y trouverait gloire, succès et fortune.
C'est ce tournant capital qui fit du dramaturge un romancier que raconte Simone Bertière dans Histoire d'un chef d'oeuvre, Dumas et les trois mousquetaires. Tout y est passé au crible, des procédés d'écriture aux sources, de la relation avec Maquet, à qui certains, dès les premiers triomphes, voulurent attribuer la paternité des romans, au contexte politique. La trilogie des aventures de d'Artagnan est intelligemment analysée, les ressorts de sa popularité mis en évidence. Démonstration qu'un très grand écrivain, et Dumas en était un, peut écrire un classique et faire un coup commercial...
Inspirateur de Druon
En 1832, Dumas, dont la presse légitimiste avait annoncé, à tort, qu'il était mort fusillé, tel un héros de Hugo, sur la barricade de la rue Saint-Merri, quitte Paris pour l'Italie. Lorsqu'il revient, en 1836, Paris l'a oublié. Il se recase à La Presse, quotidien que vient de fonder Girardin, y entame la publication d'une chronique romancée des débuts de la guerre de Cent ans, La Comtesse de Salisbury. Dumas avouera que ce n'était pas son meilleur livre ; on ne le contredira point. Reste qu'au-delà d'une intrigue inconsistante - Edward III d'Angleterre s'éprend d'Alix de Granfton, épouse du comte de Salisbury ; profitant de ce que celui-ci est prisonnier, il abuse de la jeune femme... - la mise en scène des prétentions du prince anglais au trône de son aïeul Philippe le Bel est si admirablement conduite que Druon s'en souviendra lorsqu'il écrira Les Rois maudits ; quant au style, c'est du grand Dumas, et cela suffit à justifier la réédition du livre.
Il faut attendre 1842 pour que paraisse un roman historique digne de ce nom, même si Dumas le laissera de côté. C'est que Sylvandire, s'il contient en germe tous les ingrédients qui assureront les triomphes à venir, est un vaudeville en costumes d'époque. En 1705, le jeune Roger d'Anguilhem quitte la Touraine pour défendre les droits familiaux dans une succession qui le ferait riche et lui permettrait d'épouser Constance, qu'il aime mais qui est promise à plus fortuné. Hélas, en guise d'épices, un magistrat lui demande d'épouser sa propre fille, ravissante mais dangereuse. Décidé à se démarier, Roger ne reculera devant rien... Drôle, enlevé, Sylvandire est une petite merveille méconnue, et inattendue.
En 1843, sort Le Chevalier d'Harmental, mettant aux prises ce seigneur nivernais avec le Régent qui lui a enlevé son régiment et sa maîtresse. Furieux, Raoul se jette dans la conspiration de la duchesse du Maine. Emporté par son amour pour une jolie voisine, il mêle imprudemment à ce complot le tuteur de la charmante. Or, le sieur Buat, s'il n'est pas très fin, est honnête homme, et bon Français... Le jeune duc d'Orléans était mort l'année précédente, et Dumas, son ami et protégé, ne s'en consolait pas. En défendant la mémoire du Régent, Alexandre paya ses dettes envers la maison d'Orléans, de si belle manière que le livre fut ensuite pillé par les meilleurs. Il suffit pour s'en convaincre de le rapprocher du Bossu de Féval : les emprunts y sont évidents.
En 1845, en parallèle du Vicomte de Bragelonne, Dumas publie La Guerre des femmes, chronique de la Fronde des Princes vue du côté des dames, histoire de l'infortunée princesse de Condé, modèle de dévouement conjugal haïe d'un mari qui n'avait point pardonné cette mésalliance avec la nièce de Richelieu. Prétextant une démence familiale, il la fit plus tard interner à vie... Autour d'elle, Dumas ressuscite cette campagne de Guyenne menée avec une audace que le vainqueur de Rocroi n'aurait pu désavouer et un monde d'intrigues amoureuses et politiques, entrelacées et qui débouchent, de façon inattendue, sur un dénouement tragique des plus romantique. Personnellement, quelles qu'en soient les qualités, ce n'est pas mon Dumas préféré...
Le texte intégral est enfin de retour
La Tulipe noire ne fut longtemps disponible qu'en édition pour la jeunesse édulcorée. La version originale dépasse pourtant de loin les mièvres amours du docteur van Baerle, accusé à tort de complicité avec son parrain, Corneille de Witt, qui, pour défendre la république des Pays-Bas contre les ambitions de Guillaume d'Orange, s'était rapproché de Louis XIV. Au delà d'une passion monomaniaque pour les tulipes et d'une chaste romance avec la fille du geôlier, il y a là des chapitres fulgurants sur l'ingratitude des peuples, la violence de la populace, l'horreur de l'émeute, les ravages que la jalousie provoque dans une âme, une réflexion étonnante sur la justice, passages qui, pour leur brutalité, avaient disparu, c'était impardonnable, de la plupart des éditions. Le Lièvre de mon grand-père figure pareillement dans le corpus dumasien destiné aux enfants. Erreur ! Il s'agit d'un conte d'épouvante pour adultes. Brodant sur un thème cher à ce grand chasseur et vantard, la poursuite d'un gibier mythique, c'est l'histoire, là encore, d'un passe-temps dévorant qui détruit un homme, puis fait de lui un meurtrier hanté par une bête démoniaque. Démence ou vengeance d’outre-tombe ? Il y aurait à dire sur les rapports de Dumas, anticlérical mais ni athée ni ennemi du christianisme, avec l'idée de Dieu. Cette longue nouvelle en est une preuve supplémentaire.
Pour la libération des Balkans
Sait-on qu'alors qu'il soutenait Garibaldi et militait contre les États pontificaux, Dumas s'enflammait pour la libération des Balkans sous le joug musulman ? C'est à Naples qu'à l'automne 1862, un prétendu prince épirote, président de la junte gréco-albanaise, vint demander son soutien moral, politique, et financier, dans la lutte de libération du Nord de la Grèce et de l'Albanie. Soulevé d'enthousiasme, Dumas marcha à fond, publia, en italien, une étude sur Ali Pacha, sanguinaire maître de Janina, bien connu de ses lecteurs comme l'un des ressorts du Comte de Monte Cristo. Prétexte à glorifier la lutte des klephtes contre les Turcs. Il y a là des morceaux de bravoure à ravir les philhellènes... Ils n'eurent pas l'occasion de les lire car la police prévint Dumas que son champion de la liberté grecque était un vulgaire escroc. Déconfit, il n'en parla plus jamais. Cette parution en français constitue donc un inédit et de belle qualité !
Faut-il vouloir tout publier, même l'impubliable ? Claude Schopp, spécialiste de Dumas, en a pris le risque, en voulant à toutes forces terminer, se basant sur les notes et brouillons de l'écrivain, la suite du Chevalier de Sainte-Hermine, roman des temps napoléoniens interrompu par la mort de Dumas. Le Salut de l'Empire, continuation possible, voire probable, d'un livre inachevé, est bien ficelé, crédible même. Reste et définitivement, que ce n'est pas du Dumas, rien qu'une très bonne imitation...
Anne Bernet L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 6 au 19 janvier 2011
✓ Alain Decaux : Dictionnaire amoureux d'Alexandre Dumas, Plon, 640 p., 24,90 €.
✓ Simone Bertière : Dumas et les mousquetaires, Fallois, 300 p., 20 €.
✓ Alexandre Dumas : La Comtesse de Salisbury, Les Belles Lettres, 415 p., 23 €. Sylvandire, Phébus, 400 p., 21,50 €. Le Chevalier d'Harmental, Phébus, Libretto, 690 p., 14 €. La Guerre des femmes, Phébus, 580 p., 24 € ; ou Libretto, 13,50 €. La Tulipe noire, Motifs Le Rocher, 380 p., 9 €. Le Lièvre de mon grand-père, Motifs Le Rocher, 190 p., 6,50 €. Ali Pacha, Phébus Libretto, 230 p., 10 €.
✓ Alexandre Dumas, en société avec Claude Schopp : Le Salut de l'Empire, Phébus, 735 p., 25 €.
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Immigration et écologie
Une politique d'immigration a des effets néfastes sur l'équilibre écologique, la surconsommation, la démographie mondiale et l'environnement.
De nombreux aspects qui, par aveuglement humanitaire ou idéologique, ne sont pas abordés, sont les conséquences, sur l'écologie, d'une politique d'immigration des habitants du tiers monde vers les pays développés.
Un des plus grands défis qui se pose à l'humanité est la réduction de la natalité globale (on a chaque année 90 millions d'individus supplémentaires). La population mondiale atteindra 12 milliards d'individus dans cinquante ans. Les ressources alimentaires et énergétiques ne suivront pas cette croissance démographique et il est à craindre que l'humanité n'arrive plus à satisfaire ses nouveaux besoins.
Or, toute politique d'immigration favorise la natalité des habitants des pays émigrants. En effet, les immigrés bénéficient dans les pays d'accueil d'allocations familiales et de logement qui favorisent les naissances et peuvent être même leur unique source de revenus (ces familles se retrouvant dans l'obligation d'avoir perpétuellement de nombreux enfants, leur raison sociale et économique d'exister, le prestige d'un père de famille pouvant être le fait de posséder une nombreuses progéniture, plus que le travail).
En acceptant les excédents de population de ces pays, les Occidentaux n'incitent pas ceux-ci à réduire leur natalité puisqu'ils envoient l'excès de leur population en Europe ou en Amérique du Nord.
On a heureusement l'exemple de la Chine qui a fait de gros efforts pour réduire sa natalité et n'a pas, jusqu'à maintenant, cherché à exporter vers l'extérieur une démographie qui aurait pu être galopante.
L'immigration réduit à néant cet équilibre des naissances qui s'était passé sans coercition dans les pays européens (avec deux enfants au moins par famille).
Les habitants d'Europe, avec l'arrivée d'immigrés, se sentant menacés démographiquement dans leur propre pays, peuvent même par réaction augmenter leur natalité.
L'immigration favorise la consommation puisque les immigrants épousent très vite les habitudes de consommation des pays développés, ce qui a pour effet de polluer un peu plus la planète, alors que les habitudes de consommation occidentale ne devraient plus être un modèle pour le reste de l'humanité. Quand ils retournent chez eux durant leurs vacances, ils propagent ce mode de vie à grande consommation. L'immigration implique aussi un effet d'entassement et de surpopulation dans des mégapoles déjà saturées avec tous les effets néfastes de pollution supplémentaire aggravante et même dangereuse sur la nature et l'esthétique des banlieues autour de ces grandes villes. A ceci s'ajoutent tous les phénomènes inévitables de drogue, violence, délinquance, affrontements entre populations d'origines diverses en plus de nouvelles émissions de produits polluants, actuellement très nocives pour les citadins des grandes villes.
Après avoir constaté toutes ces nuisances écologiques: natalité mondiale favorisée, surconsommation aggravée, destruction de l'environnement des pays d'accueil, les pays occidentaux doivent stopper leur politique d'immigration (et pourquoi pas favoriser l'aide au retour), inciter au contrôle des naissances des pays émigrants tout en les aidant à subvenir à leurs besoins alimentaires locaux. Cette politique mondiale concourra à limiter les effets dévastateurs d'une démographie galopante et d'une surconsommation généralisée. Les pays occidentaux qui ont de façon naturelle déjà contrôlé leur natalité, quant à eux, doivent faire l'effort d'une consommation moins néfaste pour l'environnement.
La vision et la pensée nationales non seulement ne s'opposent pas, mais au contraire sont complémentaires d'une politique écologique mondiale, les intérêts nationaux pouvant être en phase avec ceux de l'espèce humaine.
Il ne faudrait pas ainsi que l'on se trouve dans une situation perverse, où les pays européens paient pour une politique d'immigration qui détruise leurs pays et participe à la destruction de la planète.
Patrice Gros-Suaudeau -
TROP D'IMPOTS TUE L'IMPOT
L'adage ci-dessus doit être rappelé avec force à l'heure où la folie taxatoire de Hollande-Ayrault ne s'arrête pas. Nous proposons l'adage inverse : moins d'impôts multiplie l'impôt. Avant de l'expliquer évoquons cette furie taxatoire.
Les sages autoproclamés du Palais Royal ont censuré la taxe à 75 % sur les hauts salaires. Elle serait injuste et confiscatoire dans certains cas. Quels que soient les arguties juridiques, c'est un raisonnement dénué de sagesse car tout impôt est confiscatoire. Quant à Hollande, il a promis sans tarder de la rétablir dès que possible par un texte adapté, ce sur quoi les connaisseurs disent que c'est impossible. Pour bien montré qu'il ne perdait rien de son allant, il a remarqué que la majorité des nouveaux impôts prévus pour 2013 étaient passés sans encombre, ceci pour un total de plus de vingt milliards.
Les médias ont détaillé le menu des réjouissances pour cette année 2013. Tout le monde est taxé : entreprises, riches, pauvres, familles, retraités, titulaires de niches, stock-options, retraites chapeaux. Par exemple pour un prétexte environnemental le pouvoir, sans que personne ne proteste vraiment, vient de créer une écotaxe sur les camions : tout le monde en souffrira par réduction du pouvoir d'achat. Grâce à la solidarité républicaine, rien n'est prévu pour rogner les privilèges scandaleux des élus nationaux et locaux.
EXPLIQUER L'ADAGE
L'explication de l'adage et de son contraire est simple. L'excès d'impôt ralentit nécessairement la croissance et, diminue donc la matière à taxer : au bout du compte l'impôt pourrait disparaître. S'il n'y a plus de riches, il n’y aura que des pauvres pour payer. L'adage inverse s'explique ; l'allègement et, mieux encore, la suppression totale de certains impôts déclenche la création de richesse.
À cet égard, il faut mettre en vedette le rôle des entrepreneurs, seuls vrais créateurs de richesse. En combinant sans cesse des capitaux, du travail, de la recherche, et maints autres éléments, ils créent des surplus qui n'existeraient pas sans eux ; ce type d'action est aussi bien valable pour l'entreprise d'un seul que pour celle de milliers de personnes. La suppression de certains impôts les frappant durement déclenche le cercle vertueux de la création de richesse et augmente la base fiscale des impôts restants.
À Londres, il y a une nouvelle Silicon Valley qui fonctionne très bien : Tech City. Le nombre de start-up y a triplé depuis deux ans, pour atteindre 700 entreprises. Il est sur que si rien ne change les Français qui voudront fonder une start up seront attirés par Tech City. Des entrepreneurs importants avec des noms prestigieux partent de la France en disant qu'ils ne partent pas pour des raisons fiscales : il est sur que c'est pour ces raisons. Des facteurs divers s'ajoutent dans l'exode : instabilité des lois fiscales, risque de nationalisation, difficultés pour la transmission des entreprises. Les gens qui prennent des risques importants en créant une entreprise, veulent pouvoir récolter le fruit de leur travail.
Bien entendu, il ne peut être question de diminuer seulement des impôts, ce qui ne crée pas de choc, car un impôt diminué revient toujours. Il faut supprimer complètement certains impôts bien ciblés : plus de déclarations, plus de fonctionnaires, plus de bureaux, plus de contentieux, plus de contrôles.
L'économiste Auguste Laffer avait bien mis en lumière l'adage en traçant sa célèbre courbe. C'est une modélisation économique fondée sur l'idée que la relation positive entre la croissance du taux d'imposition et la croissance des recettes de l’État (l’État étant défini au sens large, c’est-à-dire que le terme représente ici toutes les administrations publiques) s'inverse lorsque le taux d'imposition devient trop élevé. Cela vient comme expliqué plus haut de ce que les agents économiques ne sont plus incités à travailler.
UN CERCLE VERTUEUX
Dans la perspective du cercle vertueux, si un pouvoir voulait l'appliquer, il devrait réfléchir à l'équilibre des comptes publics sous l’œil attentif des marchés. Il pourrait s'appuyer sur le jeu mécanique du nouvel adage, mais cela risquerait de ne pas être rapide et suffisant.
Il serait impératif de faire des économies ; là aussi il ne faudrait pas se contenter de mesurettes. Les économies devraient être massives, immédiates et certaines. Dans un pays socialisé à 70 % la marge de manœuvre est immense.
Un pouvoir le fera-t-il ? Ce serait un coup de tonnerre, la France étant accusée par tous ses voisins de ne pas se réformer. Le pouvoir actuel pourrait le faire : il faudrait à cette fin qu'il abandonne ses intérêts électoraux pour s'occuper enfin du bien commun.
MICHEL de PONCINS http://libeco.net -
De la liberté d'expression
HENRY de Lesquen répète souvent, sur Radio Courtoisie, que les entraves à la liberté d'expression ne datent pas de la loi Gayssot de 1990 (qui interdit la recherche historique), mais de la loi Pleven de 1972, qui condamne les propos racistes. En remontant un peu dans le temps, on trouve aussi le décret-loi Marchandeau, qui date de 1939. Robert Brasillach en a laissé un témoignage amusant dans son livre Notre avant-guerre : « L'antisémitisme, écrit Brasillach, malgré l'éloignement de M.Blum, s'affermissait. Un décret-loi étrange prévit des sanctions "contre ceux qui exciteraient à la haine, pour des motifs de race ou de religion, contre les citoyens de la France ou même de ses habitants" ». Et Brasillach ajoutait avec ironie : « On n'appela plus les Juifs que les "habitants". » Les "habitants", fraîchement naturalisés, étaient surtout dénoncés à cette époque par les "autochtones" pour être des bellicistes poussant furieusement à une guerre contre l'Allemagne.
VICHY, LA FRANCE ET LA JOIE DE VIVRE
Le décret-loi Marchandeau fut heureusement abrogé par le gouvernement de Vichy en 1940, et les Français, pour quelques années, redevinrent à nouveau libres de dire ce qu'ils pensaient de tous ces étrangers qui s'étaient incrustés chez eux sous la République. Ce fut une époque bénie. On n'avait pas ri comme ça en France depuis bien longtemps. Sur les Juifs, les Noirs et les Arabes, on s'en donnait à cœur joie. Tout le monde laissait libre cours à son imagination : on se moquait de leurs travers, de leurs physiques ingrats ; on faisait des bons mots sur leurs mœurs douteuses. A ce jeu-là, les meilleures plumes du journalisme français rivalisaient avec adresse, et les caricatures les plus farfelues faisaient se tordre de rire le petit peuple. Ah la la, quelle heureuse époque !
C'ÉTAIT LE BON TEMPS
Evidemment, il y avait la guerre. Ce n'était pas facile tous les jours, mais on ne se plaignait pas trop : on savait bien qu'à des milliers de kilomètres de là, sur le front russe, de valeureux soldats de toutes les nations d'Europe combattaient le judéo-bolchevisme à visage inhumain. Pour les "Franzouses", il y avait là encore matière à plaisanter. On raillait à qui mieux-mieux ces visages horribles de commissaires politiques bolcheviques, tous, invariablement, sortis des ghettos de Pologne, d'Ukraine et de Moldavie. Nos pioupious en étaient tellement hilares que les gens en uniforme noirs étaient parfois obligés de les rappeler à l'ordre : « Ho ! les gars ! Ça va maintenant ! La guerre, c'est sérieux ! Et n'oubliez jamais que ces crapules ont massacré des millions de chrétiens. » (Dit en allemand, d'un ton impérieux, c'est plus impressionnant). On se calmait un peu en graissant nos fusils et en cirant nos croquenots, mais vraiment, on a tous gardé d'excellents souvenirs de cette période.
LA PESTE DU MONDE
Après la guerre, c'était moins tordant. Pendant un temps, on a même été obligés de se planquer, tellement les autres étaient remontés contre nous. Pourtant, on n'avait rien fait d'autre que de défendre notre pays et de rigoler un peu sur les étrangers, c'est tout ! Plein de gars y sont restés : tous ont été fusillés sans procès par les "Résistants". Les Juifs, surtout, avaient une haine pas possible et participaient à la répression avec un bel entrain. Mais il ne faut pas croire que c'était parce qu'ils avaient souffert pendant la guerre... En fait, ils étaient comme ça déjà avant la guerre. Tenez, regardez ce qu'écrivait Julien Benda en 1937, vous savez, l'auteur de La Trahison des clercs. Dans son livre intitulé Un Régulier dans le siècle, il écrivait : « Pour moi, je tiens que, par sa morale, la collectivité allemande moderne est une des pestes du monde et si je n'avais qu'à presser un bouton pour l'exterminer tout entière, je le ferais sur-le-champ, quitte à pleurer les quelques justes qui tomberaient dans l'opération. » À la "Libération", ils ne se sont pas gênés ; ça c'est sûr. Là, il faut l'admettre, on ne rigolait pas beaucoup ! C'était comme si une grave épidémie s'était abattue sur le pays et sur tout le continent.
BRASILLACH OU PICASSO ?
C'est à ce moment-là qu'on a fusillé Robert Brasillach. D'aucuns (toujours les mêmes) trouvaient ses écrits "abjects", "immondes", "nauséabonds", etc. - on connaît bien maintenant cette musique yiddish. Surtout, ses dons d'écrivain risquaient d'éclipser la prose des vainqueurs. Marcel Aymé, qui était resté neutre pendant la guerre, avait sollicité les signatures des principales figures littéraires et artistiques pour obtenir sa grâce : « Parmi ceux que je sollicitai personnellement, écrit-il en 1950, un seul refusa, ce fut M. Picasso, le peintre. Comme je lui demandais, avec toute la déférence à laquelle il était accoutumé, de signer cette pétition pour le salut d'un condamné à mort, il me répondit qu 'il ne voulait pas être mêlé à une affaire qui ne le regardait pas. Sans doute avait-il raison. Ses toiles s'étaient admirablement vendues sous l'occupation et les Allemands les avaient fort recherchées. En quoi la mort d'un poète français pouvait-elle le concerner ? »
LES NARINES DU GÉNÉRAL
Le problème est que l'on ne parvenait pas à mettre la main sur un procureur qui acceptât de soutenir l'accusation. On le trouva finalement, et la comédie du procès put commencer. Le général De Gaulle, qui venait de débarquer d'Angleterre, où il était resté pendant toute la durée de la guerre, avait les narines qui fumaient. Ecoutons encore Marcel Aymé, qui écrit, dans le numéro 11 du Crapouillot, en 1950 : « On chercherait en vain, dans sa vie publique, la moindre manifestation de générosité, de bonté, le plus petit élan de pitié ou de charité. L'homme est sec. » Dans son Hommage à Brasillach, en 1965, Marcel Aymé ironisait : « Par malheur, ce grand homme au grand cœur animé d'une grande foi chrétienne craignait de se laisser aller à son aimable naturel. Il redoutait l'excès de sa bonté. » Et c'est ainsi que Brasillach fut fusillé. Il avait d'ailleurs lui-même prévu cette fin : Et ceux que l'on mène au poteau.
Dans le petit matin glacé, Au front la pâleur des cachots, Au cœur le dernier chant d'Orphée, Tu leur tends la main sans un mot, O mon frère au col dégrafé...
LOURDE AMBIANCE
Cette atmosphère malsaine ne s'est pas dissipée dans les années qui ont suivi. Les journaux, dans leur totalité, avaient été confisqués par les vainqueurs, qui déversèrent dans les esprits une incroyable quantité de poison cosmopolite. Communistes, socialistes, démocrates-chrétiens : tout le monde était d'accord pour condamner les vaincus, et de ce côté-ci, rien n'a vraiment changé. Nous vivons encore dans l'atmosphère de 1944, et ce n'est vraiment pas amusant. Voici ce qu'écrivait ce bon Marcel Aymé en 1950 dans son article du Crapouillot intitulé L'Epuration et le délit d'opinion : « Aujourd'hui la notion de délit d'opinion est profondément ancrée dans l'esprit des Français de tous âges. Chacun se montre prudent et personne ne bronche... En fait, la liberté d'opinion n'existe pas en France et il n 'existe pas non plus de presse indépendante. »
LE POMMIER IDÉOLOGIQUE
Quant aux intellectuels les plus en vue, ils étaient déjà soigneusement triés pour leur conformisme aux idées dominantes. Dans le premier numéro de La Parisienne, en janvier 1953, le très paisible Marcel Aymé écrivait encore ceci : « Dans l'ensemble, les écrivains français sont très raisonnables. Ils se persuadent sans peine qu'ils jouissent d'une liberté suffisante. N'ont-ils pas le droit de farcir leurs livres de gros mots ? d'y évoquer les situations les plus scabreuses ? de tirer à boulets rouges sur la religion, les curés, le capitalisme, le marxisme, la famille, l'armée, les bons sentiments ? Dans le paradis des lettres françaises, il leur est permis de toucher à tout, sauf à un certain pommier bien en vue. Tel qui passe pour un écrivain d'une incroyable hardiesse n'a jamais touché et ne touchera jamais à l'arbre défendu. Il peut bien, cet audacieux porte-plume, déclarer qu'il est "engagé" des pieds à la tête, son engagement nous a tout l'air d'un alibi. Faire acte d'écrivain libre, c'est contrarier de gros intérêts, se rendre odieux à des individus et des groupes puissants et sans scrupules. En fait d'engagement, le reste n'est que foutaise et balançoire. Il suffit d'y réfléchir seulement une minute pour en être convaincu. »
C'EST DUR LA VIE
Marcel Aymé nous fait un peu penser à Marcel Pagnol, en ce sens que ses livres ne recèlent pas de mauvaises pensées. Ce sont des livres sains, des livres propres ; des livres écrits par des goys, pour nous... les goys ! Il faut les lire et les faire lire pour nourrir et nettoyer son esprit et celui de nos compatriotes. Les Contes du chat perché sont une petite merveille, il nous semble, à mettre entre les mains des enfants, des grands enfants et aussi des enfants plus âgés. On est ici très loin des histoires de drogués, de transsexuels et de désaxés en tous genres qui font la littérature et le cinéma d'aujourd'hui. Exemple : « À 32 ans, Steven est déchiré entre son amour pour Caria, une prof de gym, et sa passion pour Nik, son patron, avec qui il vit quelque chose de fort. Bientôt, sa rencontre avec Jeff, un jeune travesti déluré, va bouleverser sa vie. Le problème est que Jeff ne souhaite pas quitter Farid, un Pakistanais sans papiers, qui est en instance d'expulsion. Comment essuyer les affronts de la vie, sans papiers ? Bientôt, tous vont se mobiliser contre cette incroyable injustice. » « Un film bouleversant » (Le Bigaro) ; « un petit chef-d'œuvre » (Labération) ; « Le dernier film de Steven Choukroun est une perle rare » (Téléramala), etc.
Nous vivons une époque difficile, mes amis. Une bande de tarés s'est emparé du pouvoir médiatique et empêche les gens sains de s'exprimer, de rire et de chanter normalement. Le pire est qu'ils s'imaginent être la crème de l'humanité ! Si l'on n'a pas le droit d'en rire, on peut au moins en sourire ... Essayez d'être discrets !
Hervé RYSSEN. RIVAROL 11 MARS 2011 -
Droit du travail : socialisme ou barbarie
La pensée unique consiste à rendre naturelle une évidence, au point que, comme Monsieur Jourdain, on fasse de la prose sans le savoir. C’est tout l’art d’une propagande protéiforme, mais univoque : une seule voix se propage (d’où la propagande), comme un bruit de fond, une musique lancinante qui imprègne les cervelles sans qu’on y prenne garde, et d’autant plus persuasive qu’elle s’écoule par mille bouches, celles des responsables politiques, des journalistes, des « experts », du MEDEF, en somme, des autorités. Il n’en faut pas davantage pour qu’une doxa, une opinion d’ensemble s’impose, marginalisant toute contestation authentique, considérée comme farfelue ou dangereuse.
L’une de ces vérités patentes, outre le métissage de la société, l’abolition des frontières ou l’égalitarisme pour tous, consiste à présenter la loi des marchés et l’adaptation de la société, notamment du code du travail, comme des nécessités contraignantes, dont l’on ne peut s’abstraire. Hors de là, point de salut. C’est en quelque sorte notre destin.
Le fait vaut le droit. « C’est comme cela » équivaut à une loi. Il est vrai que le libéralisme s’est toujours voulu naturel, la main du marché étant l’analogie d’un mécanisme universel dont la dynamique aboutirait à un équilibre, un peu comme dans une jungle.
Tout ce qui gêne le mouvement vers le progrès, la liberté de traiter, de produire et de manœuvrer, doit un jour disparaître. La Commission de Bruxelles ne cesse de donner le la de cette symphonie mondialiste, en écho aux organisations qui régissent l’ordre économique international, et surtout en réponse aux marchés financiers dont les oracles sont les agences de notation.
Il est donc entendu qu’un salarié doit se laisser licencier avec bienveillance, presque avec des remerciements, que la population doit, avec la même gratitude, se voir déposséder de ses droits sociaux, de ses protections, parce que les charges qui en sont la source, les dispositifs législatifs, qui les pérennisent, constituent une gêne pour nos champions de l’industrie, du commerce, et surtout des affaires. Un kit lexical est à la disposition de tous les agents d’endoctrinement, qui usent volontiers, pour enfumer, comme des charlatans de foire, de termes comme « moderniser », « bouger », « archaïsme », « rigidité », « adapter », « flexibilité » etc. Tout responsable qui adopte ce jargon doit être considéré, par les classes populaires, comme leur pire ennemi.
Comme nous ne sommes plus dans un système politique autoritaire et répressif, toute la maestria de la gauche et de la droite consiste à faire passer la pilule en douceur. L’arnaque, en ce qui concerne les négociations sociales qui se sont achevées le vendredi 11 janvier, a consisté, de la part de certains syndicats, du patronat et du gouvernement, à présenter leur conclusion comme un accord « gagnant-gagnant. En réalité, il s’agit d’une régression sociale, sans doute la pire depuis 1945, car les décisions qui ont été prises démantèlent les principes affirmés par le Conseil National de la Résistance.
La tromperie vise à faire croire que la « sécurisation » regarde autant les employeurs que les employés. En réalité, ce qui est présenté comme avancée (extension des complémentaires santé, « portabilité » des droits en cas de changement d'entreprise, amélioration de la formation et de l'information des salariés sur la stratégie de l'entreprise, droits des chômeurs renforcés, taxation des emplois précaires …), pour autant qu’il en résulte des changements substantiels dans le sort des salariés ou des chômeurs, ne suffit pas à masquer l’essentiel, à savoir que, désormais, les patrons ont le droit de licencier à volonté. Mieux, ou pire : il n’existera plus de CDI. Le CDD deviendra la norme dans le secteur privé, et dans celui du public soumis aux règles contractuelles. Ce dont rêvait Sarkozy vient de se réaliser sous un gouvernement « socialiste ».
Nous savons tous que la rhétorique contemporaine relève du théâtre. On fait croire que l’on s’affronte, et l’on se répartit les tâches : une équipe entame le travail, que l’autre, après alternance, achève. Le jeu est de faire croire à l’existence d’une gauche, qui critique l’ « injustice » d’une droite au pouvoir, quitte à appliquer son programme une fois au gouvernail, ce que n’a pas manqué de faire le parti socialiste depuis trente ans, ou, pour la droite, de marquer aux talons une gauche trop « timorée » dans les « réformes indispensables », et que l’on taxe de « socialiste », de « fiscaliste », de façon à se donner des raisons de démolir encore plus le modèle français, considéré comme périmé.
Cette réforme du code du travail est, en vérité, une hypocrisie de plus, car loin d’ouvrir des perspectives à un patronat soi-disant étouffé, elle ne fait que rendre visible légalement l’état de fait qui meurtrit et déprime la société française : car de nos jours déjà, lorsque l’on n’est pas au chômage, si l’on cherche un travail, on a désormais toutes les chances de n’obtenir qu’un emploi précaire, dont le taux est même supérieur à celui de l’Allemagne. L’intérim a explosé, les CDD de moins d’un mois ont quasiment doublé. Du reste, la Grande Bretagne, en stagnation, comme d’autres pays engagés profondément dans le libéralisme, montrent que la flexibilité n’entraîne pas forcément une amélioration de la situation économique. On risque même d’assister à une surenchère dans le dumping social, chaque pays voulant s’aligner, dans un système ouvert, sur ceux qui proposent les moindres coûts du travail. Ainsi, face à la menace d’une perte d’emploi, que le patronat peut décider sans mesure, le salarié n’a plus guère le choix que d’accepter une baisse de salaire, une mutation, ou un temps partiel.
Laurence Parisot, présidente du MEDEF, peut prétendre alors que cet accord « marque l'avènement d'une culture du compromis après des décennies d'une philosophie de l'antagonisme social », il s’agit plutôt d’une victoire patronale totale.
Plus personne n’est surpris par la politique d’une gauche qui ne cache même plus son libéralisme enthousiaste. Les coups de gueule de Mélenchon ou de Pierre Laurent sont des pétards mouillés : tout devrait rentrer dans l’ordre au moment des élections municipales de 2014… Au demeurant, leur seul rôle est de donner l’impression qu’il peut exister encore une vraie gauche, ce dont seuls les journalistes, qui sont payés pour cela, font mine de croire.
Un satisfecit patronal pour Chérèque, secrétaire de la CFDT, un de ces traîtres de théâtre de boulevard comme on n’en fait plus, est aussi à mettre à l’ordre du jour. Il a d’ailleurs si bien rempli son devoir, depuis tant d’années, qu’il a été récompensé par son ami Hollande, qui l’a nommé à l’Inspection générale des affaires Sociales (8 000 € d’émoluments pour se rouler les pouces). Par la même occasion, il devient le président de la strauss khannienne Terra Nova (comme Nicole Notat avait présidé le très élitiste Dîner du Siècle), qui promeut frénétiquement l’idéologie californienne, combat qu’avait mené jadis Rocard, aux dernières nouvelles filant le grand amour avec Sarkozy.
Il est vrai qu’il est des marqueurs infaillibles. Il n’est pas anodin de désigner le « coût du travail » comme la source des difficultés économiques, tout en occultant les méfaits des licenciements boursiers, provoqués par les fonds de pension américains, ou les délocalisations, qui ne touchent pas seulement les entreprises employant de la main d’œuvre bon marché, mais aussi des savoir faire, des techniques, des industries de pointe et des secteurs de recherche.
La « gauche » française (nous mettons maintenant les guillemets qui s’imposent) s’insère sans complexe dans une « troisième voie » européenne, qui n’est en fait qu’une variante du libéralisme le plus cynique. Que ce soit avec Tony Blair, qui a suivi la politique thatchérienne, Schroeder (avec sa réforme du marché du travail dite Harz IV), Zapatero, pour qui abaisser les impôts est de gauche, Papandréou, dont on vient d’apprendre qu’il a reçu ses trente deniers pour avoir trahi son peuple, le social libéralisme, de moins en moins social, est devenu un recours capital pour le capitalisme en crise.
Le gouvernement Hollande n’a, par exemple, rien fait de mieux que de poursuivre, avec une célérité stupéfiante, et sans état d’âme, la politique entamée par son prédécesseur de « droite ». On n‘a même pas fait semblant d’œuvrer pour les plus pauvres. Le premier janvier, le smic a été augmenté de … 3 centimes de l’heure ! Quant à la mesure « emblématique » de la taxation des hauts revenus à 75%, projet qui a été invalidé par le Conseil constitutionnel, il paraît pour le moins étrange que des énarques, épaulés par une cohorte de spécialistes, ne se soient pas rendu compte du défaut incapacitant de cette loi. Tout laisse à croire que cet « échec » était prémédité, préparé avec la complicité de la droite, et qu’au fond, en cachette, la satisfaction est assurée de voir une mesure, qui aurait risqué de déplaire aux marché, renvoyée aux calendes grecques seule demeure.
De toute façon, cette réforme n’aurait touché que 3500 contribuables, et n’aurait presque rien rapporté à l’Etat. Le symbole était destiné en revanche à dissimuler une vilénie d’ampleur !
Dernièrement, le projet de « relance de la « compétitivité », présenté le 6 novembre 2012, s’est vue gratifié de la brillante étude d’un gestionnaire que la droite envie à la gauche, Louis Gallois, lequel considère le CDI comme obsolète. Le résultat fut un cadeau fiscal de 20 Milliards aux grandes entreprises, et une hausse de la TVA de 0,4%. Mais non, ce n’est pas la TVA sociale chère à Sarkozy, si décriée par la « gauche »… quand elle était dans l’opposition , le 30 janvier 2012 : « L’augmentation de la TVA est inopportune, injuste, infondée et improvisée. »
« Une révolution copernicienne ! » s’écrie le lyrique Moscovici. Et pour cause !
Sarkozy avait préparé la signature du Pacte de stabilité budgétaire, assorti d’une « règle d’or », qui consistait, à terme, à ne pas dépasser un déficit de 0,5%. Hollande et Moscovici ne firent pas mieux que de s’empresser de le signer, malgré ce qu’avait affirmé Hollande, le 17 mars 2012 : « J’aurai le devoir de renégocier ce traité » européen. » Mesure libérale, s’il en est. Les rentes financières seront consolidées, tandis que, par la force des choses, il faudra trouver des économies un peu partout. C’est la fonction publique qui est visée, les subventions sociales, enfin la vision keynésienne de l’Etat providence.
Ce même Etat n’est pas en odeur de sainteté. Ayrault fait l’apologie des marchés et du mondialisme, appelant de ses vœux un gouvernement planétaire. Ce ne serait pas lui, affirme-t-il, qui diaboliserait les patrons ! A Pessac, Hollande, répudie l’aide publique aux entreprises et vante les investissements privés
Il faut rappeler que l’une des stratégies de la « gouvernance » postmoderne est de présenter le socialisme étatique comme l’unique alternative, nécessairement discréditée par l’Histoire, au libéralisme. Ce qui est un mensonge, comme nous le verrons.
Souvenons-nous aussi : il était question, parmi les promesses du candidat Hollande, de séparer les activités de banque de dépôt et de banque d’investissement. Résultat ? Néant !
Il faut dire que le beau monde se bouscule autour du président. Tous des libéraux, qu’on a quelque peine à créditer de quelque souvenir socialiste : le sulfureux, douteux J. Cahuzac, accusé par Médiapart d’avoir dissimulé en Suisse, puis dans un paradis fiscal, une somme importante, et qui nie farouchement que la lutte de classe existe, JP Jouyet, D.G de la CDC, H. Lavenir, patron de la CNP, Moscovici, Villeroy de Gallot, de la BNPP, H. de Castries, d’Axa, Jean Hervé Lorenzi, de la banque Rotschild, le déjà nommé Louis Gallois, ex de la SNCF puis d’EADS, Pascal Lamy, secrétaire de l'OMC (qu’a dit Lamy au président, le 27 décembre 2012, à l’Elysée, pour que Jean-Marc Ayrault publie dans Le Monde du 3 janvier, un article intitulé « Pour un nouveau modèle français » ?), et last but not least, Emmanuel Macron, un ancien de la banque Rotschild, qui conseille le président sur toutes les questions économiques.
On est loin du discours du Bourget, du 22 janvier, où Hollande désignait la « finance » comme l’ « adversaire ». Il est vrai que quelques jours après, à Londres, il disait exactement le contraire.
Combien d’exemples encore pourrions-nous donner, comme le refus de supprimer la défiscalisation des investissements dans les DOM-TOM, malgré les promesses électorales ?.
La « gauche » actuelle ne fait que poursuivre une stratégie lancée, dès 1985, par des dirigeants comme Delors (dont Pascal Lamy était le bras droit), puis Fabius etc. Les privatisations, qu’accéléra Jospin, allaient s’avérer catastrophiques pour le pays. Les capitaux privés ont été massivement délocalisés, avec des technologies industrielles importantes.
Les finances publiques, exsangues, obligées de s’en remettre au marché financier, véritable usurier, devaient nécessairement entrer en déficit, entraînant chômage et endettement, ruine accrue par une ouverture des frontières déraisonnable, à la mesure d’une idéologie libérale bruxelloise, enivrée par le dogmatisme.
On doit donc rembourser la dette. La spéculation a le dernier mot. La volonté politique est à son service. Pauvre Jaurès … La nation est devenue l’esclave des agences de notation, de Goldman Sachs, qui impose ses pions, un à un, dans les pays d’Europe.
Et pourtant, l’Argentine et l’Islande ont réussi ce qui semble impossible, envoyer balader cette dette, reprendre les rênes du pays, et se libérer. Pourquoi pas nous ? N’y a-t-il pas des raisons inavouables ?
Contrairement à ce que prétend l’infâme Cahuzac, la lutte de classe existe bel et bien. Non pas uniquement parce que les Français l’affirment à 64% (40% le jugeaient ainsi en 1964, et 44% en 1967), mais parce que c’est le capital qui fait la guerre au peuple. Ce dernier n’en a pas toujours bien conscience, même si, pourtant, la trahison des ouvriers de Florange montre pour qui roule le gouvernement.
Du reste, il ne s’agit pas de critiquer, en soi, un gouvernement qui prend des mesures impopulaires pour redresser le pays.
Mais le pays ne se redressera pas, car ces mesures obéissent à une logique qui a fait ses preuves, celle du libéralisme mondialiste, tombeau des peuples et de leur prospérité. Les règles déloyales de concurrence, qui mettent face à face des aires de civilisations complètement différentes, et de niveaux de vie inégaux, ne peuvent que nuire aux pays développés, sans garantir un progrès social et politiques chez ceux qui en profitent. En vérité, le libéralisme sème le chaos et la destruction, est facteur de conflits, de guerre, et déracine les traditions, au point que l’absence de repères jette les peuples dans le doute et le trouble, voire le désespoir.
Comme le rappelle opportunément Jean-Claude Michéa, le choix politique est avant tout une option morale. Ce n’est certes pas un critère que retiennent les thuriféraires du marché et de l’économie, les adulateurs du profit, de la spéculation et de l’argent-roi.
Et pourtant c’était ainsi que nos ancêtres voyaient la chose politique. Le socialisme n’avait alors rien à voir avec l’Etat ou la politique politicienne, encore moins avec le libéralisme. A l’époque de Pierre Leroux, inventeur du mot « socialisme », en 1832, auteur, en 1848, de la Ploutocratie ou le gouvernement des riches, pamphlétaire dont nous reproduisons la photographie, les souvenirs étaient encore vivaces, dans le peuple, des solidarités paysannes ou artisanales, des fraternités villageoises et des unions corporatives. Contre l’avidité d’une classe bourgeoise vulgaire et rapace, qui dénigrait autant la vieille France ancrée dans les traditions, que le peuple, troupeau digne d’être exploité, on estimait que certains comportements ne devaient pas exister.
Quoi de commun par exemple entre un ouvrier, un employé actuels, et un bobo enrichi, un parvenu de la politique qui a triché durant toute sa carrière, et a profité de manipulations propagandistes pour se faire un petit nid douillet ? Quoi de commun entre le chômeur ou le travailleur précaire, et le représentant syndical qui profite des dessous de table du patronat et roule dans une grosse voiture avec chauffeur ? Quoi de commun entre le SDF et le propriétaire de « gauche » d’un palais au Maroc ?
Le libéralisme est un utilitarisme qui place l’humain au service de la chose, de la consommation, de la production. Le progrès qu’il loue est l’accroissement des rentes versées aux actionnaires, l’augmentation du capital financier, seule forme de relation économique en adéquation totale avec l’abstraction universelle, la déterritorialisation, le déracinement, tous si bien incarnés par le nomadisme professionnel présenté sous le terme « flexibilité ». C’est le métier qui est nié, l’attachement à un travail qui humanise et intègre à la communauté, au profit du job, du boulot, de l’ « employabilité » fonctionnelle et condamnant à l’errance perpétuelle. Le système économique et social actuel est l’ennemi direct, mortel, du socialisme authentique, qui valorise la solidarité, la décence des relations, l’honnêteté et la vertu. L’individualisme en est la base, ainsi que l’atomisation forcée des personnes, devenues des individus réduits en esclavage.Claude Bourrinet http://www.voxnr.com
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Session 2008 de la Trilatérale : 200 messieurs-dames "sans importance "
La réunion annuelle de la Commission Trilatérale s'est barricadée du 25 au 28 avril à l'hôtel Carlton-Ritz de Washington. Néanmoins, une fois encore, Jim Tucker, l'infatigable lanceur d'alerte antimondialiste de l'American Free Press, a su en éventer les secrets bien gardés. Quelque deux cents personnalités parmi les plus influentes du temps entouraient David Rockefeller. L'humeur était au beau fixe, la farce présidentielle américaine se déroulant impeccablement. La machine Républicaine ne tourne-t-elle pas à plein régime afin d'interdire l'accès à la Convention de septembre à Ron Paul, l'empêcheur de magouiller en rond ? Les autres en effet sont bien tenus en main :
Hillary Clinton, Barack Obama - par le truchement de son mentor Zbignew Brzezinski, maître des cérémonies car Henry Kissinger, souffrant, s'était fait porter pâle - et John McCain qui depuis 1996 appartient à la famille.
Ainsi rien ne s'oppose au libre-échange et à la destruction programmée de la nation américaine. Quel que soit le futur hôte de la Maison-Blanche, le processus sera poursuivi, en dépit du battage médiatique tendant à présenter les deux Démocrates comme des protectionnistes forcenés. Clinton n'a cessé de démontrer comment, dans le dos de son propre électorat laborieux ou chômeur, elle pouvait « sans en rien changer » faire voter le NAFTA ou North American Free Trade Agreement.
DÉSINTÉGRER L'AMÉRIQUE
Obama, comme il le fait depuis des mois sur tous les sujets, a prononcé de violents réquisitoires contre la suppression des barrières douanières. Dommage pour lui qu'il y ait eu des fuites malencontreuses lorsque son principal conseiller économique Austin Goolsbee, voulant rattraper l'affaire auprès de diplomates canadiens, leur assura qu'il s'agissait seulement « de rhétorique de campagne » et que, élu, son patron, lui non plus, ne toucherait pas à une virgule du NAFTA.
Dès le 25 avril l'intitulé du premier atelier donna le ton : « La Politique étrangère et intérieure US : ébauches générales pour la nouvelle Administration ». Placé sous la direction de David Gergen, vieil habitué de la Trilatérale et éditorialiste irréprochable de l'US News and World Report - qui n'en souffla mot d'ailleurs -, il vit l'intervention des anciens secrétaires d'Etat Strobe Talbot, Kenneth Duberstein et Joseph Nye. Tous réclamant du futur président à la fois une forte augmentation de l'aide américaine au Tiers Monde et une ouverture massive de l'Amérique à l'immigration. Position que vint soutenir le néo-conservateur et Bilderberger Robert Zoellick, président de la Banque Mondiale.
Sujet central, sans doute puisqu'un "sous groupe" fut consacré uniquement « aux migrations et au développement ». Ce qui offrit à Peter Sutherland l'occasion d'une intervention très remarquée. Cet homme d'affaires irlandais, ancien directeur général du GATT (qui précéda l'OMC) et Commissaire européen sous Jacques Delors, est actuellement, entre autres, président de British Petroleum et de Goldman Sachs. En même temps qu'il occupe la présidence de la Trilatérale et du Bilderberg et la vice-présidence de la Table Ronde Européenne des Industriels ! Mais c'est au titre d'envoyé spécial des Nations Unies sur « les migrations et le développement » qu'il a invité les Etats-Unis à ouvrir complètement leurs frontières à l'invasion. Injonction à laquelle les trois candidats désignés ne peuvent manquer d'être sensibles puisqu'ils en ont fait un des points forts de leur plateforme présidentielle.
De bout en bout les Etats-Unis furent la cible des différents ateliers. Accusés sur le changement climatique, l'eau et la santé, outre d'être les principaux pollueurs, de ne pas suffisamment financer. Les attaques les plus virulentes émanèrent de Sylvia Matthews Burwell, présidente de Global Development Program, le bras armé de la Fondation Bill Gates.
L'IRAN EN LIGNE DE MIRE
Deux autres débats méritèrent une attention particulière. A la tête du premier, Robert Blackwill, chargé entre 2002 et 2003 de la liaison entre Paul Bremer à Bagdad et Condolezza Rice. Ancien ambassadeur en Inde et spécialiste du Pakistan, discret et efficace, il aura été au cours des vingt dernières années un des principaux agents d'influence de Washington. Ce qui le désignait pour superviser un débat ayant pour thème « Attaquer l'Iran et construire la paix dans la région du Golfe Persique ». Y participèrent Ray Takeyh, membre influent du Council of Foreign Relations, d'origine iranienne, Volker Perthes, directeur de l'Institut allemand pour les Affaires internationales et la Sécurité et un ancien vice-ministre des Affaires étrangères japonais, Hitoshi Tanaka. Sujet suffisamment important pour que, lors du dîner du samedi soir, John Negroponte, éminence grise neo-conservative de George Bush, y revienne dans un exposé sur les « perspectives de la politique étrangère US » justifiant les guerres d'Irak et d'Afghanistan et n'écartant pas l'éventualité d'une invasion de l'Iran.
Le second débat traita de la crise financière internationale et fut l'occasion d'une nouvelle attaque contre les Etats-Unis accusés de ne pas "intervenir" suffisamment pour aider les institutions financières multinationales. Il fut animé par quatre de ces personnes « sans importance » évoquées ci-dessous par Patrick Devedjian. Le sous-secrétaire d'Etat aux Finances, Robert Kimmit, ancien de la Banque Mondiale et de Lehman Bros et membre du CFR. Marty Feldstein, considéré comme un des dix économistes mondiaux majeurs - George Bush hésita entre lui et Bernanke pour succéder à Greenspan à la tête de la Réserve Fédérale (FED). David Rubenstein, co-fondateur du Carlyle Group, classé par Forbes 165e Américain le plus riche, avec 2,5 milliards de $. Et Sir Andrew Crockett, président de JP Morgan-Chase International, qui appartint au FMI, dirigea la Banque d'Angleterre, la Banque des Règlements Internationaux, et fut membre du «Club des Trente» où se retrouvent régulièrement les trente financiers les plus importants de la planète.
GUIGOU EN VEDETTE
Epouse d'un ancien conseiller de Michel Rocard, président de l'Institut de Prospective du Monde Méditerranéen (IPEMed), très impliqué dans le projet d'Union Méditerranéenne de Sarkozy, Elisabeth Guigou intervint personnellement en compagnie du Coréen Han Sung-Joo, qui fut ministre des Affaires Etrangères et envoyé spécial de l'ONU à Chypre et au Ruanda. Sur un thème bien en phase avec cette session de la Trilatérale : « Points de vue européen et asiatique sur la politique étrangère US et la sécurité ». La présence ici de cette responsable socialiste ne saurait surprendre et on rappellera qu'ils sont des dizaines Rocard, Delors, Lamy, Strauss-Kahn, Fabius, elle-même - à participer depuis des années aux travaux du Bilderberg. Elisabeth Guigou appartient au conseil d'administration de « Notre Europe », cercle de pensée créé par Jacques Delors, entouré de Tommaso Padoa-Schioppa, qui, membre aussi du « Club des Trente », appartint au directoire de la Banque Centrale Européenne, et de Pascal Lamy, directeur général de l'OMC. Elle y côtoie Joachim Bitterlich, ancien ministre de Kohl, vice-président de Veolia, Jean-Louis Bourlanges, membre de la Commission parlementaire européenne sur le commerce international, Laurent Cohen-Tanoudji, partisan actif de l'entrée de la Turquie dans l'Europe et adversaire des référendums nationaux, l'ancien ministre communiste Charles ("Chilek") Fiterman, l'ancien patron du Quai d'Orsay Jean-François Poncet, etc. dans un « réservoir de réflexion » (think tank) qui, au-delà du charabia convenu sur le « développement durable et solidaire », sur « l'ouverture des échanges et la réduction des inégalités sociales », sur « la défense de l'environnement et la réduction des graves disparités entre régions du monde », sur « la diversité et l'humanisme européens », est entièrement tourné vers une vision mondialisée et totalitaire de la planète.
Cette complicité croisée entre le socialisme internationaliste et l'expression la plus violente du capitalisme prédateur méritait certainement d'être signalée.
Jim REEVES. Rivarol du 30 mai 2008 -
COMMENT L'ALGERIE FABRIQUE-T-ELLE DES CENTENAIRES ?
Savez-vous qu’on vit plus vieux en Algérie que partout ailleurs dans le monde ? C’est l’intéressante découverte faite par la Cour des comptes qui, en épluchant les comptes de la CNAV (caisse nationale d’assurances vieillesse), l’organisme qui paye les retraites, a constaté que le nombre de retraites des centenaires algériens était particulièrement important. Il était même supérieur au total des centenaires recensés par l’état-civil en Algérie.
Rolande Ruellan, présidente de la 6e chambre de la Cour des Comptes qui a présenté le 9 juillet dernier un rapport sur la fraude sociale devant une commission parlementaire reconnait le problème : « Il y a des retraités qui ne meurent plus dans les pays étrangers » dit-elle, insistant, en particulier, sur le nombre de retraités centenaires algériens.
Pourquoi ? Comment ? C’est ce qu’a tenté de savoir la Commission. « Il suffit de ne pas déclarer à la Caisse de retraite le décès de l’ayant-droit » précise la magistrate. « Mais il n’y a pas de contrôle ? » s’étonne un membre de la Commission. « En Algérie nous n’en avons pas les moyens. Il faudrait mettre des contrôleurs itinérants dans tous les pays. Ce n’est pas évident ! » , souligne-t-elle.
C’est ainsi que les Algériens bi-nationaux, ayant travaillé en France deviennent immortels à partir du moment où ils se retirent en Algérie pour leur retraite. Ce sont leurs enfants, voire leurs petits-enfants, qui continuent à percevoir la pension de retraite, bien après leur mort. Et il ne faut évidemment pas compter sur les autorités algériennes pour faire la chasse aux fraudeurs.
On peut s’étonner, tout de même, qu’un organisme comme la CNAV qui verse chaque année 4 milliards d’euros de retraite à l’étranger, dont 1 milliard pour la seule Algérie, ne soit pas en mesure d’effectuer un minimum de vérifications, soit en demandant, tous les deux ans par exemple, aux bénéficiaires de donner une preuve de leur existence - comme cela se fait en France pour les professions libérales notamment. Soit, en les invitant à se présenter dans les consulats de France pour percevoir leurs pensions.
Alors que le dossier des retraites est au coeur des préoccupations des Français, il serait bon que nos gouvernants se penchent aussi sur cette question.
Nous lançons cet appel sans beaucoup d'espoir.
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Banque Centrale Européenne : les opinions évoluent
La principale objection formulée contre le rôle des Banques centrales nationales était qu'elles généraient de l'inflation. En effet, au cours des années 1970, et jusqu'au début des années 1980, l'inflation a flambé : l'augmentation des prix était générale et durable. Il y a notamment inflation quand la banque centrale émet trop de monnaie, des billets, par rapport à la quantité de biens introduits dans le circuit économique. On comprend en effet que « l'argent facile » et abondant qui permet et crée une demande active mais artificielle en comparaison d'une offre limitée tire les prix à la hausse. Une demande active et une offre limitée créant de l'inflation n'ont cependant pas de lien automatique avec l'excès de création monétaire. L'inflation peut évidemment avoir pour seule et autre cause l'augmentation des coûts de revient, les salaires augmentant plus vite que la productivité ou les constituants des coûts (matières premières, services, prix de l'énergie) étant en hausse brutale et rapide. De même, des éléments structurels liés à des choix politiques, par exemple la hausse des prix agricoles quelle qu'en soit la raison. À ces causes rationnelles peuvent s'ajouter des facteurs psychologiques irrationnels. Ne s'agissant pas d'un cours d'économie, nous n'en dirons pas plus. Quant aux effets de l'inflation ils sont multiples. Certains les trouvent abominables, d'autres les considèrent bénéfiques. On se souviendra que dans les années 1970 et au début des années 1980 l'inflation a fluctué en France entre deux points relativement bas, 5,7 %,en 1970 et 5,8 % en 1985, avec des pointes supérieures à 13 %. Mais, comme les salaires suivaient parce qu'il y avait le plein emploi, et même si les taux d'emprunt étaient élevés, l'acquisition de biens à crédit s'amortissait plus facilement, peu se plaignaient de cette situation. Depuis que l'inflation est très faible, que les salaires ne progressent pratiquement pas, voire diminuent, mais que les taux d'intérêt sont bien supérieurs à la hausse des salaires, la chanson est différente.
LES EFFETS DE L'INFLATION
Néanmoins, l'inflation présente de sérieuses et graves conséquences. Elle favorise les importations par rapport aux exportations, et les détenteurs de biens ou d'actifs par rapport aux détenteurs de monnaie. On a vu que les acquéreurs de biens immobiliers à crédit ont plutôt apprécié l'inflation aussi longtemps que les débiteurs ne se sont pas prémunis contre les effets de l'inflation en introduisant des clauses permettant d'adapter les taux d'intérêt en proportion de celle-ci. Lorsque l'émetteur de monnaie la crée ex nihilo, c'était le privilège des États, en donnant des instructions à la Banque centrale, la Banque de France pour notre pays, l'inflation ainsi générée peut être assimilée à un impôt inavoué, faussement indolore, qui affecte les détenteurs de monnaie puisqu'elle se dévalue, et diminue donc le pouvoir d'achat. Cette création de monnaie permettait à l'État de réduire sa dette tant pour la part détenue par les nationaux que par les étrangers, mais les conséquences ont apparu trop négatives pour l'économie. Aussi, certains États ont-ils renoncé à créer de la monnaie. Seule alors l'inflation ne tirant pas son origine de la création de monnaie, permet aux États qui ont renoncé à créer de la monnaie, en abandonnant le plus souvent leur souveraineté monétaire, le pouvoir de battre monnaie, de réduire le poids de leur dette. Pour autant, on retiendra cette définition de Jacques Rueff, qui au retour du général De Gaulle, présida un comité d'experts pour remettre de l'ordre dans les finances publiques : « l'inflation c'est de subventionner des dépenses qui ne rapportent rien avec de l'argent qui n'existe pas ». Mais il avait affirmé aussi dès 1949 : « L'Europe se fera par la monnaie ou ne se fera pas. » Comme quoi, même les plus grands esprits peuvent se tromper...
LA MONNAIE AU POUVOIR DE LA TECHNOCRATIE
C'est à l'exemple de l'Allemagne et de la Suisse dont les banques centrales sont constitutionnellement indépendantes du pouvoir politique, pays où l'inflation était maîtrisée, que l'idée est venue de retirer aux Etats le pouvoir de donner des instructions à leurs banques centrales, donc de les rendre indépendantes de ceux-ci pour la création de monnaie. Soyons bref, la nouveauté donna satisfaction du milieu des années 1980 à 2000. Mais on était passé de la démocratie - des élus se présentaient-tous les cinq, six ou sept ans aux élections et pouvaient être changés, - à la technocratie inamovible ou presque. À des fonctionnaires non élus, les politiques avaient abandonné le pouvoir régalien de battre monnaie. C'était d'autant plus aberrant qu'il était extrêmement difficile de définir les limites du pouvoir d'action délégué à la technocratie. Le pouvoir monétaire avait été abandonné à des fonctionnaires non élus. Ils pouvaient en toute irresponsabilité, sans mandats électoraux, mettre en œuvre leurs propres idées et conceptions politiques et économiques. Charles Gave, économiste français, président de l'Institut Turgot, "think-tank" libéral francophone, auteur de nombreux livres traitant de la situation économique, politique et financière de l'Europe, et plus particulièrement des causes de la catastrophique situation de la France, mais présentant aussi des solutions pour en sortir, vient d'écrire sur son blog au sujet de la BCE : « En Europe, le but de nos technocrates non élus (si bien représenté par Monsieur Trichet) est de consolider leur tout nouveau pouvoir régalien et de le mettre à l'abri de l'électeur national en le passant à l'échelle européenne, l'idée étant de créer une monnaie indépendante de ces pouvoirs élus et que seuls nos fonctionnaires non élus pourraient administrer et gérer, à l'abri des pressions des électorats. Chacun peut voir aujourd'hui que ce tout nouveau pouvoir a des tendances dictatoriales et entend bien soumettre les élus des nations indépendantes à ses lois d'airain, avec tous les dégâts collatéraux que chacun peut voir. Tous les gardes fous qui avaient été mis par les Allemands pour éviter cette dérive sont bien sûr en train de sauter les uns après les autres et nous nous retrouvons là aussi avec une dictature technocratique. Les années qui viennent vont donc être marquées par une lutte sans merci entre les banquiers centraux devenus fous de pouvoir, et les peuples. Il est de bon ton de condamner les élus et d'encenser les technocrates. Je me permets de ne pas être d'accord. Je peux me débarrasser par l'élection des élus qui m'indisposent alors que nul n'a pu nous débarrasser de Monsieur Trichet, responsable d'au moins 1 million de chômeurs en France depuis sa prise de contrôle d'abord de la politique monétaire en France, puis ayant échoué dans son pays, promu à la tête de la BCE. ». M. Gavé donne également des conseils, très généraux, et sommaires de placements pour ceux qui disposeraient d'avoirs, il ajoute donc : « Parallèlement il faut concentrer ses avoirs dans des pays où la banque centrale, tout en étant autonome ou indépendante, gère au profit des intérêts du pays et non pas en fonction des foucades de quelque fonctionnaire se prenant pour Napoléon ou Charlemagne et ayant un projet politique de création d'un État européen dont personne ne veut. Parmi ces pays, on trouve la Suède, le Danemark, la Norvège, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie, Hong-Kong, Singapour et bien d'autres encore. » Il est probable que nombreux sont les membres de l'Institut Turgot qui, tel Claude Bébéar, créateur d'Axa, Paul Dubrule, cofondateur de la chaîne Novotel, coprésident du conseil de surveillance d'Accor, ancien sénateur UMP, exilé fiscal en Suisse en 2006, où il affirme économiser 2,3 millions d'euros d'impôts par an, ne partagent pas ses opinions, notamment sur l'Europe.
LA MANIPULATION IDÉOLOGIQUE DES "THINK TANKS"
Des voix se sont également élevées pour remettre à leur place les "think tanks". En fait d'experts indépendants qui expriment des avis argumentes, raisonnables et neutres, les membres de ces instituts sont des idéologues excessifs et intolérants, représentants de la pensée unique la plus conventionnelle. Leur priorité, leur rôle étant de déconsidérer et de faire passer pour des imbéciles ceux qui présentent dans leur programme la volonté de sortir de l'euro pour revenir au franc. Mme Le Pen et, dans une moindre mesure, Nicolas Dupont-Aignan étant la cible privilégiée et quasiment unique de leurs critiques. C'est, bien sûr, l'axe d'attaque autant du PS que de l'UMP à leur égard, comme si le bilan de l'économie française (dette, chômage, pauvreté, défit commercial) autorisaient leurs membres à plastronner, mais également des média et de journalistes qui s'autoproclament économistes, mais qui en réalité, comme des perroquets, sont la voix de leurs maîtres.
Par exemple, sur le site LePoint.fr, le 4 février dernier, on pouvait lire sous le titre : Marine Le Pen, l'erreur économique, les commentaires suivants : « Marine Le Pen ferait sortir la France de l'OMC et de l'Union européenne, qui interdit d'augmenter sans discernement les droits de douane et de le faire à l'échelle nationale uniquement. Pas seulement par idéologie, (sic !) mais pour éviter que les autres pays ne prennent des mesures de rétorsion [....]. Ensuite le retour au franc. Dans l'esprit de Marine Le Pen, cela redonnerait de la compétitivité à la France par la dévaluation. Mais à quel prix ? (sic, on ne le saura pas, car le journaliste n'en sait rien). La candidate précise bien qu'il ne peut s'agir que d'une sortie de l'euro concertée avec les partenaires européens. Encore faut-il les convaincre de laisser tomber ce qu'ils ont eux-mêmes bâti : une monnaie qui réduit les coûts des échanges européens. (Où a-t-il été chercher ça ? L'euro "fort" a détruit ou affaibli l'industrie française et italienne au profit de l'Allemagne). Si l'euro disparaissait, les entreprises étrangères, qui ont créé 30 000 emplois dans le pays en 2010, n'auraient plus forcément envie (sic) défaire de l'Hexagone leur porte d'entrée sur le marché européen [...]. À supposer que Marine Le Pen fasse preuve de persuasion et que la dette française soit convertie en francs, cela générerait une dépréciation de la monnaie de près de 10 % (selon les chiffres du FN). Avec, à la clé, de l'inflation importée [...]. Les gains attendus à l'exportation seraient donc plus que compensés par l'explosion du prix des importations. Les salariés réclameraient à cor et à cri des hausses de salaire, enclenchant par là même une spirale inflationniste destructrice pour la croissance. Les marchés craindraient, à tort ou à raison (sic !), de ne jamais être remboursés et fuiraient les titres de dette française. Marine Le Pen serait bien en peine de trouver les quelque180 milliards d'euros par an que la France emprunte chaque année sur les marchés pour refinancer sa dette et combler le déficit budgétaire. Les taux d'intérêt réclamés exploseraient et pousseraient la France au défaut de paiement pur et simple. (Quel visionnaire, ce journaliste !) Alors, Marine Le Pen pense avoir trouvé une seconde parade : obliger la Banque de France à financer l'État à hauteur de 100 milliards d'euros par an pour se libérer enfin des marchés financiers et des intérêts qu'ils réclament. Ce qui revient à faire marcher la planche à billets et à renforcer la spirale inflationniste, avec le risque de faire du franc une monnaie de singe. » On appréciera la conclusion de cet article : « Car l'euro est une monnaie crédible, grâce à la lutte contre l'inflation poursuivie depuis des années par la BCE. Il en serait tout autrement pour le nouveau franc piloté par Marine Le Pen. » La BCE dont Charles Gave souligne la nuisance.
Ce journaliste du Point a pris à son compte les excès de l'Institut Montaigne qui s'est décrédibilisé en publiant il y a quelques semaines une étude économique selon laquelle la sortie de l'euro serait une catastrophe. Un million d'emplois perdus - cela a été fait depuis 2007, sans sortir de l'euro - ; de 6 à 19 points de PIB en moins ; 500 milliards de dollars dilapidés... Sans rien démontrer. De "vrais" experts étrangers pensent au contraire que la France serait peu affectée, et même qu'elle en tirerait avantage. Voilà une manipulation, une fantaisie, une outrance reprise en boucle par les politiques, les média, les journalistes, les économistes aux ordres.
Mais en ce qui nous concerne, sortir de l'Union européenne, abandonner l'euro, revenir au franc, redonner à la Banque de France, sous le contrôle des politiques - on parie sur leur compétence, leur indépendance, leur patriotisme - le pouvoir de créer de la monnaie en limitant toutefois l'inflation, et retrouver le privilège qui lui a été retiré en 1973 de prêter à l'État à taux nul ou faible pour les besoins des investissements de la nation, voilà le programme national garant de l'indépendance, de la souveraineté et de la prospérité de la France et des Français, qu'il faut promouvoir et appliquer.
Pierre PERALDI Rivarol du 10 février 2012 -
Avortement : quand la mort rôde
À l'heure où Simone Veil est reçue en grande pompe Quai Conti, avec le faste que l'on sait, revenons un instant sur les techniques abortives mises au point et gérées par l'Etat souverain. Dans quel cas la femme libérée - ne la traitons pas de « Marie couche-toi-Ià », au risque de passer pour ringard - peut-elle actuellement recourir à l'IVG ?
Le législateur est formel : « L'avortement est accessible à toute femme en situation de détresse du fait de sa grossesse. La femme est seule juge de cette situation et est libre de sa décision. » Le délai légal d'avortement a été porté en 2001 par les socialistes de la 10e à la 12e semaine de grossesse, soit 14 semaines (plus de trois mois !) après le 1er jour des dernières règles. C'est Martine Aubry qui, à la suite d'un rapport établi par le Professeur Israël Nisand en 1999, institua cette nouveauté sociétale. À ceux qui auraient les yeux de Chimène pour la Lilloise, rappelons que cette loi a considérablement durci les dispositions Veil, notamment parce que la propagande et la publicité pour l'IVG ont cessé d'être sanctionnées comme avant, ou que les chefs de service des hôpitaux publics ont reçu l'ordre formel d'assurer l'organisation des IVG au sein des établissements.
Inutile de préciser qu'à ce stade avancé du développement de la grossesse, 12 semaines dorénavant, il y a bel et bien génocide d'un enfant formé, ce qu'atteste toute radiographie ou échographie. Les adeptes de l'avortement objectent qu'un fœtus n'est rien : comment interprètent-ils alors les clichés à 8,10 ou 12 semaines ? Ce sont des décalcomanies ? La jeune fille désirant avorter et qui n'a pas la majorité doit en théorie avoir l'autorisation de l'un des titulaires de l'autorité parentale ou, le cas échéant, de son représentant légal. Dans les faits, elle s'en passe : en cas de « dialogue familial impossible » (intitulé flou qui ouvre toutes les options laxistes), elle doit pour tout sésame se faire accompagner par une personne majeure de son choix, ou même simplement recevoir l'imprimatur d'un membre du Planning familial - dont on sait que par essence il ne refusera jamais l'acte abortif.
Évoquons le médecin à présent. Outre l'examen clinique d'usage, il doit informer la patiente des méthodes médicales et chirurgicales en cours et lui présenter les risques et les effets secondaires potentiels. Il doit également lui remettre un "dossier-guide" qui comprend le rappel des dispositions législatives concernant l'lVG, la liste des établissements autorisés à pratiquer l'lVG et leurs adresses, la liste des établissements d'information, de consultation et de conseil familial, des centres de planification et d'éducation familiale, des services sociaux et d'autres organismes agréés. Le médecin peut également proposer un dépistage de maladies sexuellement transmissibles (MST) et prescrire un futur mode de contraception. Il est à noter qu'un disciple d'Hippocrate n'est pas tenu de prendre en charge lui-même la demande d'IVG ; néanmoins sa liberté de conscience reste relative puisqu'il a l'obligation légale d'orienter la demanderesse vers des confrères susceptibles de réaliser l'intervention, que ce soit en établissement ou en médecine de ville. Autrement dit le médecin catholique a le droit de refuser en conscience de fourbir l'avortement, mais pas celui d'empêcher l'acte, qu'il doit au contraire promouvoir par un conseil éclairé.
On a beau être libéral et "in", reste qu'avorter, c'est supprimer un être vivant. Heureusement, le législateur gêné aux entournures a pensé à tout... Écoutons le baratin officiel : mené par une « personne qualifiée » (sic), un ''dialogue'' permettra « d'apporter une assistance et des conseils appropriés à la situation de la femme enceinte », chaque fois que « cela est possible »... La récipiendaire est donc invitée à se rendre à un rendez-vous de bla-bla avec son compagnon. Mais ce pseudo-échange est facultatif ! Dans les hôpitaux publics, les centres d'IVG sont tenus d'accueillir en leur sein des permanences destinées à ce type d'entretien, afin de permettre à la femme enceinte de "parler" mais dans la réalité au quotidien d'accomplir l'ensemble des démarches, consultations et intervention en une seule fois. Ce n'est nullement une mise à l'épreuve morale, c'est au contraire une procédure d'accélération et de gestion avisée de la démarche.
Il existe deux méthodes industrielles pour mener l'opération à son terme. La méthode instrumentale (ou "chirurgicale") est exclusivement pratiquée en établissement de santé et nécessite dans la plupart des cas une hospitalisation inférieure ou égale à 12 heures. On utilise alors différents moyens, incluant la dissection par scalpel et le curetage, mais le plus courant est de nos jours l'aspiration du futur enfant par une sorte d'aspirateur géant, acte pratiqué sous anesthésie locale ou générale. La méthode médicale ou "médicamenteuse" est réalisée en deux prises éloignées de médicaments, l'un interrompant la grossesse, l'autre provoquant des contractions et l'expulsion de l'embryon. Selon l'âge gestationnel et les risques hémorragiques, elle peut être pratiquée en médecine de ville, en établissement de santé ou en centre de planification familiale. Une consultation de contrôle et de vérification de l'IVG est réalisée entre le 14e jour et le 21e jour qui suit l'interruption de la grossesse. A cette occasion, le médecin ou la sage-femme envisage alors de prolonger l'acte en quelque sorte, puisqu'il ou elle décide avec la patiente quel moyen de contraception sera ensuite le mieux adapté à sa situation.
Le coût forfaitaire d'une IVG chirurgicale dans un établissement public ou privé se situe entre 300 € et 450 € , mais peut varier considérablement en fonction de la durée de l'hospitalisation, du recours à l'anesthésie locale ou générale, etc. Le coût forfaitaire d'une IVG médicamenteuse est d'environ 280 €. Le coût total des avortements en France se situe dans une fourchette comprise entre cent et cent vingt millions d'euros. Depuis le 31 décembre 1982, la loi Roudy (qui se souvient encore de la suffragette Yvette Roudy, ministre et maire de Lisieux, ville natale de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus ?) a instauré le remboursement de l'IVG par la Sécurité sociale. L'IVG pratiquée en établissement est remboursée à 80 % par l'assurance maladie. L'IVG médicamenteuse pratiquée en médecine de ville ou en consultation externe d'un établissement hospitalier est prise en charge à 70 %. La différence reste à la charge de l'assuré(e) ou de sa mutuelle, si celle-ci le prévoit. Pour les bénéficiaires de la CMU (couverture maladie universelle) complémentaire, la prise en charge est de 100 % ! Le financement de l'acte par nos impôts est quant à lui intégral pour les mineures non émancipées qui n'ont pas obtenu le consentement parental. En outre, aucune demande de paiement n'est présentée pour les dépenses relatives aux consultations médicales et sociales, à la consultation préanesthésique, aux frais de soins et d'hospitalisation ou relatives à une IVG par mode médicamenteux. Les documents nécessaires au remboursement des praticiens sont établis selon une procédure spéciale, de façon anonyme. Terminons par le meilleur, si l'on peut dire : les femmes en situation irrégulière qui résident en France depuis plus de 3 mois (elles doivent être en mesure de prouver la durée de leur séjour par tout moyen), peuvent bénéficier de l'aide médicale de l'Etat (l'AME) et se faire avorter gratuitement - d'où la multiplication de filières, spéciale IVG. Pourquoi du reste se gêner : l'assistante sociale du service hospitalier peut même les aider dans cette démarche... ce dont certains se réjouiront.
Que penser de tout cela ? A vrai dire soyons mesuré, puisque depuis le 27 janvier 1993, la loi Veil est complétée par la loi Neiertz : celle-ci prévoit un délit d'entrave à l'IVG. Elle sanctionne « toute entrave ou tentative d'entrave à l'IVG de deux mois à deux ans de prison ferme et d'une amende de 2 000 à 30 000 francs ». Autrement dit, nous avons l'obligation légale de trouver du dernier chic l'avortement ; poser par écrit ses réserves sur le sujet, n'est-ce pas au fond s'attaquer à son libre développement, pour le plus grand bien des masses ?
Voilà pourquoi nous nous fondrons dans le servum pecus et conclurons en claironnant : vive le fait de supprimer des enfants, quel indéniable progrès !
Grégoire DUHAMEL. Rivarol du 9 avril 2010 -
Aux sources de l’islamisme allemand contemporain
L’islamisme allemand contemporain trouve ses racines chez les volontaires musulmans levés contre l’URSS de Staline
Depuis un discours controversé du Président fédéral Wulff, on discute de plus en plus intensément en Allemagne pour savoir si l’islam est propre à ce pays ou non. Les débatteurs ne sont à l’unisson que sur un point: l’islam est désormais présent en terre germanique. La même remarque vaut pour l’islamisme. Ce qui conduit tout naturellement à la question: comment l’islamisme est-il arrivé en Allemagne ?
Vu l’immigration de plusieurs millions de Turcs musulmans, on peut supposer que l’islamisme présent aujourd’hui en terre allemande provient de cette vague migratoire. Toutefois, on doit bien constater que l’infiltration initiale d’un islamisme en Allemagne n’est pas un effet de l’immigration, après 1945, de travailleurs de confession musulmane. Deux livres publiés récemment le démontrent:
Stefan MEINING,
Eine Moschee in Deutschland. Nazis, Geheimdienste und der Aufstieg des politischen Islam im Westen, Verlag C. H. Beck, München, 2011, 316 pages, 19,95 euro.
&
Ian JOHNSON,
Die vierte Moschee. Nazis, CIA und der islamische Fundamentalismus, Verlag Klett-Cotta, Stuttgart, 2011, 360 pages, 22,95 euro.
Ces deux livres sont parus quasi simultanément, leurs titres se ressemblent fort et leurs couvertures également: ce qui pourrait faire penser à une action concertée. Cependant, à la lecture, on s’aperçoit quand même qu’il s’agit d’un hasard.
Les deux ouvrages décrivent le même phénomène. Stefan Meining, rédacteur du magazine politique “Report München”, dépendant de l’ARD, se concentre sur la responsabilité des services allemands dans l’émergence de l’islamisme, tandis que Ian Johnson, Prix Pulitzer, met surtout l’accent sur celle des services secrets américains. La lecture de ces deux ouvrages nous donne une belle image d’ensemble et nous permet de constater, en plus, que l’islamophilie peut prendre de multiples visages. La direction nationale-socialiste —rien moins!— fut la première a faire venir délibérément en Allemagne des représentants de la haute hiérarchie de l’islam politique, à commencer par Hadj Mohammed Amin al-Husseini, Grand Mufti de Jérusalem et chef religieux de la communauté musulmane de Palestine. Le motif de cette démarche se trouve dans la ferme résolution de Hitler lui-même, de son Ministre des affaires de l’Est Alfred Rosenberg, ainsi que des chefs de la Wehrmacht et de la Waffen-SS, d’utiliser et d’engager l’islam comme arme secrète contre l’URSS. Dans le cadre de cette politique, plusieurs centaines de milliers de musulmans du Caucase et d’Asie centrale ont été, jusqu’en 1945, enrôlés dans des unités de volontaires comme la “Division SS musulmane Nouveau Turkestan”. Ces unités avaient tout naturellement besoin d’un accompagnement politique et religieux.
La plupart de ces légionnaires musulmans, qui ont eu la chance, après la défaite de l’Allemagne, de ne pas avoir été rapatriés de force et d’avoir ainsi échapper à la mort par fusillade, se sont installés à Munich et ses environs. Parmi eux: quelques imams qui avaient auparavant servi dans les unités de la Wehrmacht ou de la Waffen-SS. Trois cents de ces “oubliés” fondèrent en 1953 la “Religiöse Gemeinschaft Islam” (“Communauté religieuse islamique”). Dès ce moment, le jeu a repris car le gouvernement fédéral allemand avait, lui aussi, l’intention d’utiliser à son profit les émigrants de confession musulmane. L’acteur principal de cette politique, côté allemand, fut le “Ministère fédéral des expulsés, réfugiés et victimes de la guerre”. A cette époque-là, ce ministère était placé sous la houlette de Theodor Oberländer (membre du parti “Gesamtdeutscher Block”/”Bund der Heimatvertriebenen und Entrechten” – “Bloc pour toute l’Allemagne”/”Ligue des Expulsés et Spoliés”). Pendant la guerre, Oberländer avait été le commandeur d’une unité spéciale de la Wehrmacht, la “Bergmann”, au sein de laquelle servaient d’assez nombreux volontaires musulmans venus du Caucase. L’objectif d’Oberländer était d’utiliser la “Religiöse Gemeinschaft Islam” pour faire éclater l’Union Soviétique en provoquant une révolte généralisée des peuples non russes, ce qui aurait entraîné, comme effet second, la réunification de l’Allemagne dans les frontières de 1937. C’est la raison pour laquelle, par l’entremise d’Oberländer, l’association musulmane de Munich a reçu le soutien financier du gouvernement fédéral allemand.
L’islam politique a été une arme pendant la Guerre Froide
Parallèlement aux tentatives ouest-allemandes d’enrôler l’association musulmane de Bavière, la CIA, et son organisation satellite, l’AMCOMLIB (“American Committee for Liberation from Bolshevism”) commencent, elles aussi, à s’intéresser aux exilés ex-soviétiques et musulmans de Munich et de sa grande banlieue. Or les Américains paient beaucoup mieux que les Allemands: les membres de la “Communauté Religieuse Musulmane”, fixés à Munich, vont progressivement se faire recruter pour agir dans le cadre de la guerre psychologique menée par les Etats-Unis. Ils vont commencer par une collaboration au micro de “Radio Liberty” où ils vitupèreront contre la politique soviétique à l’égard des nationalités et de la religion islamique. L’islam politique allemand s’est donc transformé en un instrument américain dans la Guerre Froide, chargé de “tordre le cou” au communisme athée, avec, pour corollaire, d’amener à une révision générale des conséquences de la seconde guerre mondiale.
Les ex-légionnaires anti-soviétiques, qui se laisseront embrigader dans les services allemands ou américains, ne se présenteront pas, à l’époque, comme des fondamentalistes musulmans, à l’instar de ceux que nous connaissons aujourd’hui: ces anciens soldats de la Wehrmacht ou de la Waffen-SS s’étaient assimilés au mode de vie allemand; ils aimaient boire de l’alcool et se livrer à de joyeuses libations; leurs femmes et leurs filles ignoraient délibérément les prescriptions vestimentaires islamiques; toutes les autres consignes religieuses n’étaient pas davantage prises au pied de la lettre. Chose curieuse et digne d’être rappelée: c’est justement cette liberté par rapport aux prescrits rigoureux de la religion musulmane qui va provoquer une mutation décisive de la situation. Elle a eu lieu à l’occasion de la première “conférence islamique d’Allemagne”, tenue le 26 décembre 1958 dans la salle paroissiale catholique Saint-Paul à Munich.
Lors de cette manifestation, pour la première fois, des étudiants très croyants et très rigoristes, venus des pays arabes, rencontrent les émigrés issus des régions islamisées de l’URSS. Au départ, il n’y a pas de confrontation directe entre les deux groupes: tous s’accordent pour que soit réalisé un premier objectif, celui de construire un lieu central de prière à Munich. Pour y parvenir, ils créent au début du mois de mars de l’année 1960, une “Commission pour la Construction de la Mosquée”. Le directeur de cette commission, que les participants ont élu, n’était pas un ancien légionnaire issu du Turkestan ou du Caucase mais l’Egyptien Said Ramadan, figure de proue du mouvement des “Frères musulmans” qui était aussi, à l’époque, secrétaire général du “Congrès islamique mondial”. La raison principale qui a justifié l’élection de Said Ramadan fut qu’on espérait qu’il ramènerait des subsides en provenance des pays arabes pour la construction de l’édifice religieux. C’est ce qu’il fit. Mais, simultanément, il entama une campagne de dénigrement des anciens légionnaires des armées allemandes, parce que leur mode de vie n’était plus “pur”, ce qui conduisit à leur marginalisation totale.
Au bout de ce processus d’éviction, qui se situe en mars 1962, les protagonistes arabes d’une interprétation pseudo-traditionaliste et rigide de l’islam ont pris le contrôle de la Commission, qui, quelques mois plus tard, allait se dénommer “Islamische Gemeinschaft in Süddeutschland” (“Communauté Islamique d’Allemagne du Sud”). Depuis le 4 décembre 1982, elle s’appelle, en bout de course, “Islamische Gemeinschaft in Deutschland”. Depuis lors, l’organisation établie à Munich a servi de plaque tournante à un réseau islamiste qui n’a cessé de croître à la manière d’un rhizome sur tout le territoire de la République fédérale, sans que les autorités allemandes ne s’en alarment outre mesure.
Celles-ci n’ont montré de l’intérêt pour ce réseau qu’à partir du 11 septembre 2001, lorsque le troisième président en fonction, le Syrien Ghaleb Himmat, fut soupçonné de terrorisme: d’après les renseignements fournis par le “Financial Crimes Enforcement Network”, une instance dépendant du Ministère américain des finances, il aurait fonctionné comme fournisseur de fonds pour al-Qaïda.
Wolfgang KAUFMANN.
(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°35/2011; http://www.jungefreiheit.de ).
par R.Steuckers