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  • L'impact macro-économique de l'immigration

    Introduction

    A côté des coûts budgétaires, que l’on pourrait qualifier de micro-économiques, bien caractérisés par des écritures comptables inscrites dans un budget – ce qu’ont fait avec talent nos intervenants précédents – on peut identifier des coûts macro-économiques, diffus, quasi invisibles car noyés dans la masse, qui se reflètent dans les agrégats macroéconomiques de la France ou dans la comptabilité nationale ; mais qui existent bien quand même.

    Les immigrés constituent désormais un segment important de la population française, soit 12,6% de la population totale Or, quand une large partie de la population change sous l’effet d’une immigration rapide, intense et prolongée –c’est le cas de la France –, on peut imaginer aisément que cette nouvelle population d’immigrés, et de leurs descendants, va exercer une influence significative, d’une part, sur les divers agrégats macro-économiques : consommation, épargne, investissement, qui constituent le produit national, et, d’autre part, sur les grands équilibres économiques qui conditionnent son évolution : endettement, chômage, niveau des salaires, productivité ; sans compter le coût des biens sociaux majeurs que sont la santé, l’éducation et le logement.

    I

    L’immigration et les grands agrégats économiques

    1°/ Immigration et consommation

    Que les immigrés contribuent à la production des biens et des services de la nation est indéniable. Toute la difficulté est de savoir combien.

    • A/ La contribution des immigrés à la production

    La seule façon de mesurer la contribution des immigrés aux ressources est de prendre en compte le total cumulé de leurs salaires. En supposant, ce qui est admis, que le salaire moyen des immigrés est de 15% inférieur au salaire moyen en France, cela donne, en cumulé, pour 2,6 millions d’immigrés au travail, environ 37 milliards d’euros sur un total de PIB 1.933 milliards (à prix courants). Il faut y ajouter les impôts et charges sociales qui, selon la comptabilité nationale, représentent 50% des rémunérations, soit 18,5 milliards, ou encore 55,5 arrondis à 56 milliards au total.

    • B/ La consommation des ménages immigrés

    La consommation, faute d’épargne significative des immigrés, pourrait être évaluée au montant cumulé des salaires, soit 37 milliards. La consommation des ménages dans les comptes nationaux atteint 1.084 milliards d’euros. La part des immigrés, 10% de la population, devrait donc atteindre 10% de ce total, soit 108 milliards. La différence entre ces deux chiffres, soit 71 milliards, laisse un peu perplexe. Comment cette consommation est-elle financée ?

    Il faut supposer que ce soit, en partie, les prestations sociales reçues par les immigrés à divers titres, calculées selon certaines sources à 58,6 milliards, qui permettent de financer cette consommation. A ce chiffre s’ajouterait le montant de la fraude, de la délinquance et du travail au noir, estimé à 13,6 milliards (sans doute bien davantage). Ce qui, avec 72 milliards, permet de retomber à peu près sur nos pieds.

    Il en ressort que les immigrés reçoivent à peu près deux fois plus qu’ils ne produisent et que la communauté immigrée vit largement de l’aide sociale et d’activités hors marché. Ce qui, à vrai dire, n’a rien de bien surprenant.

    • C/ La contribution des immigrés à la croissance

    Dans ce contexte, il nous reste un dernier devoir à accomplir, à savoir à tordre le cou à ce « canard » persistant, véhiculé par une gauche à la conscience troublée, que « les immigrés sont indispensables à la croissance et qu’ils vont payer pour nos retraites ».

    Regardons plutôt ce que disent des chercheurs sérieux, à l’étranger. Aux USA, les travaux de George Borjas, qui fait autorité en la matière, ont démontré de façon irréfutable que le gain annuel procuré par les immigrés était infime : moins de 0,1% du PIB par an. Même son de cloche en Angleterre où les études menées à la demande de la Chambre des Lords (en 2008, citée par Michèle Tribalat) parviennent à des résultats identiques : l’apport économique dû à l’immigration est quasi nul, 0,1% du PIB. Les enquêtes conduites aux Pays-Bas sont également sans équivoque : le PIB global augmente un peu, certes, mais le PIB par habitant, celui qui mesure le niveau de vie, diminue.

    L’enseignement principal de ces travaux est que le gain obtenu par le travail des immigrés va aux immigrés eux-mêmes mais nullement à la population d’accueil qui est perdante dans l’affaire.

    C’est ce que le simple bon sens aurait déjà donné : l’immigration a un effet d’appauvrissement sur l’ensemble de la population d’accueil, bien que les immigrés eux-mêmes recueillent largement les bénéfices de leur situation.

    En France, bien entendu, c’est l’ « omertà » : on ne veut pas savoir.

    2°/ Incidence de l’immigration sur l’investissement et le commerce extérieur

    Pour l’investissement, la réponse est simple : les immigrés épargnent peu ou pas et ne peuvent contribuer en aucune façon à la formation de capital fixe.

    Pour le commerce extérieur, c’est une autre affaire. Certes, on se doute bien que les immigrés ne peuvent apporter de contribution, même minime, aux exportations. Mais il y a un lien direct entre importations et consommation des ménages. Avec une consommation de 108 milliards, et un marché de 7 à 8 millions de consommateurs nouveaux, l’incidence des ménages immigrés sur les importations doit être sensible.

    Nos importations, composées aux trois quarts de pétrole et de produits manufacturés ont atteint 537 milliards en 2010. L’application de la règle de proportionnalité donnerait donc un montant de 54 milliards imputables aux produits importés au bénéfice des immigrés.

    Avec un déficit commercial de 71 milliards, on pourrait en déduire que la consommation de la communauté immigrée, sans contrepartie productive significative, suffirait à justifier une large part du déficit commercial de la France. On verra plus loin que l’on pourrait en dire autant du déficit budgétaire.

    En ce qui concerne la balance des paiements maintenant, on observera des transferts annuels de l’ordre de 5 milliards, le cinquième du total des transferts courants. On observera avec chagrin que ces transferts ne servent pas à financer l’investissement et le développement comme on pourrait le souhaiter mais servent simplement de soutien alimentaire au bénéfice des familles restées au pays.

    II

    L’immigration et les grands équilibres économiques

    1°/ Immigration et chômage

    En septembre 2011, la France comptait 4.176.000 chômeurs, 4.442.000 avec les DTOM, plus de 10% de la population active. Comment mesurer l’incidence de l’immigration sur ce total ?

    Les difficultés d’insertion d’une population, peu ou pas qualifiée, sur un marché du travail déjà saturé sautent aux yeux. Avec un taux de chômage de 13,2%, sur les trois millions d’immigrés que compte la population active, 2,6 millions d’immigrés seulement auraient un emploi, 400 000 seraient au chômage.

    En fait, pour ce qui concerne l’immigration légale, trois solutions se présentent :

    1.  ou bien les immigrés ne trouvent pas d’emplois et sont donc au chômage ;
    2.  ou ils trouvent des emplois, mais poussent les natifs vers le chômage ;
    3. ou ils trouvent bien des emplois, mais ce sont des emplois aidés, donc qui coûtent cher à l’Etat.

    En conséquence, en termes de coûts :

    • - Le coût des immigrés au chômage serait de 3,4 milliards.
    • - Un emploi jeune sur quatre bénéficie d’une aide de l’Etat qui prend en charge environ 70% des coûts, soit, pour 450.000 contrats, un coût budgétaire de 4,2 milliards d’euros.
    • - Mais le plus important est ailleurs : le coût des natifs chassés par éviction vers le chômage peut être estimé à 22 milliards (à 700 euros par mois, soit 8.500 euros par an, pour 2,6 millions de nouveaux chômeurs natifs).

    Le total de ces trois rubriques s’élève donc à 29,6 milliards d’euros.

    En d’autres termes, en période de sous-emploi chronique et de quasi-stagnation économique – c’est le cas depuis 10 ans et plus –, l’immigration, quelle soit légale ou non, exerce directement ou indirectement un effet fortement négatif sur les chiffres du chômage et sur les charges budgétaires.

    2°/ Immigration, salaires, productivité et désindustrialisation

    C’est en quelque sorte le corollaire du cas de figure précédent. L’immigration a, de toute évidence, tendance à tirer vers le bas le niveau moyen des salaires. C’est ce que démontrent abondamment les enquêtes menées à l’étranger, notamment celle de la Chambre des Lords en Angleterre en 2008 (déjà citée par Michèle Tribalat). Aux Etats-Unis, George Borjas, qui fait référence en la matière, a démontré que les salaires des immigrés, notamment les moins qualifiés, exercent un effet négatif d’environ 7% sur le niveau des salaires. On préfère évidemment ne pas trop savoir.

    En France on estime le niveau moyen des salaires des immigrés environ inférieur de 15% à celui des natifs, et cela d’autant plus que la grande majorité des immigrés travaillent dans le secteur des services à faible rémunération et à faible productivité : services domestiques (les nounous), restauration et hôtellerie, services de nettoyage, construction, etc.

    Tout cela entraîne des conséquences très sévères sur l’économie française.

    La première concerne l’investissement productif des entreprises dont on constatera avec inquiétude une lente dérive à la baisse depuis 10 ans. Cela se comprend. Devant une main-d’œuvre abondante et bon marché, l’entrepreneur aura naturellement avantage à substituer du travail au capital, à recruter du personnel à bas coût plutôt qu’investir. Et c’est bien ce que l’on constate. Les dépenses d’investissement en France prennent un sérieux retard, non seulement par rapport à l’étranger, mais aussi par rapport aux performances des années précédentes. De ce déclin tendanciel témoigne aussi la baisse des projets d’investissement industriels constatée ces dernières années.

    On assiste donc à une baisse de l’investissement productif privé mais aussi à une tendance à la désindustrialisation de notre pays. L’industrie ne procure plus que 14% de la richesse nationale contre 22% pour la moyenne européenne et 30% pour l’Allemagne. Depuis les années 1980, l’emploi industriel a chuté de 2 millions, de 350.000 postes depuis 2 ans. L’immigration a certainement eu une incidence sur ce phénomène. En France, à ce rythme, on ne fabriquera plus d’avions ou de TGV mais on construira des logements sociaux.

    Dernière conséquence, souvent ignorée, et non des moindres, l’effet sur la productivité du travail en France. Chacun sait de quoi il retourne. C’est, en gros, la production tirée d’une quantité donnée de facteurs de production, le travail au premier chef. La productivité reflète le progrès technique. Si la productivité horaire en France apparaît à peu près satisfaisante, sous l’effet du chômage bien sûr, la productivité par salarié, la seule qui a un sens, en vérité, accuse un net déclin, non seulement par rapport à l’étranger (USA, Europe) mais aussi par rapport aux tendances passées, par manque de qualification et de motivations. Sous l’effet d’une immigration de masse, la France est donc tout doucement en train d’emprunter le chemin qui mène au sous-développement économique.

    3°/ Pour terminer, on peut estimer que le coût du surendettement des ménages immigrés s’élève à 2,5 milliards.

    III

    Regards croisés sur trois coûts sociaux majeurs sous estimés

    Que les immigrés soient de grands consommateurs de biens sociaux est une évidence que peu de monde se hasarde à nier. On ne peut manquer de se réjouir de cette générosité institutionnelle en progression constante, qui contribue sans doute à la paix sociale, pour un temps. Le malheur veut qu’elle ait un coût. Cette consommation à caractère social porte notamment sur ces trois secteurs majeurs que sont l’éducation, la santé et le logement.

    1°/ L’éducation nationale

    Chacun reconnaît la dégradation, grandissante, de notre système scolaire. Certes, des réformes, inutiles ou ineptes, sont passées par là, qu’il s’agisse de la méthode globale ou du collège unique, toujours dénoncées, jamais corrigées. Mais il y a un autre facteur majeur, rarement évoqué : l’immigration.

    L’éducation nationale coûte de plus en plus cher, pour de moins en moins de résultats, et d’ailleurs moins d’élèves (sauf d’enfants d’immigrés). Le budget de l’éducation nationale croît d’année en année, près de 61 milliards en 2011, une augmentation de 2% par rapport à l’année précédente.

    Mais comment ne pas établir aussi un lien de causalité manifeste entre le dépérissement du système scolaire et l’obligation faite à nos écoles d’accueillir des enfants d’immigrés toujours plus nombreux ? Leur place dans la population scolaire est passée de 14% à 16%, et maintenant près de 18%, en raison d’une fécondité deux à trois fois supérieure à la nôtre, celle des natifs. A cela s’ajoute une concentration très forte dans certaines zones, plus de 60 à 80% selon Michèle Tribalat, précisément celles qui sont le centre de violences permanentes dans les filières techniques, les lycées professionnels, ceux qui accueillent le plus d’immigrés.

    « Deux tiers des échecs scolaires concernent les enfants d’immigrés », a déclaré Claude Guéant, à la grande indignation des bien-pensants. C’est peut-être exagéré. Mais ce qu’il y a de sûr c’est que le taux d’échecs scolaires des enfants d’immigrés est le double de celui des autres enfants et que les enfants immigrés sortent deux fois plus souvent que les autres du système scolaire sans aucune qualification.

    En fait, l’afflux non maîtrisé d’enfants d’immigrés venant de familles déshéritées dont beaucoup maîtrisent mal la langue française provoque la saturation puis la décrépitude de l’ensemble d’un système scolaire largement plus inadapté à cette mission, quoi qu’on fasse.

    Comment calculer le coût social phénoménal résultant d’une situation de ce genre, à savoir une éducation au rabais dispensée aux enfants, tous les enfants de France, qu’ils soient ou non issus de la population immigrée ? Tout à l’heure, on a estimé à 1 milliard environ les coûts spécifiques du système scolaire liés à l’immigration. Je crois que cette évaluation est notoirement sous-estimée. Pour ma part, je pense qu’il faut, une fois de plus, appliquer la règle de proportionnalité : si les enfants d’immigrés forment 18% de la population scolaire, les coûts supplémentaires dus à l’immigration (18% de 61 milliards d’euros) peuvent être évalués à 11 milliards d’euros.

    2°/ Immigration et dépenses de santé

    Les dépenses de santé liées à l’immigration méritent que l’on s’y attarde. Car ce sont des coûts très importants qui sont en jeu ici et pour lesquels, par chance, l’on dispose d’informations statistiques, donc relativement sûres.

    Pour les immigrés clandestins, estimés à plus d’un demi-million, les statistiques de l’Aide médicale d’Etat affichent plus de 200.000 consultations par an pour un coût de 600 millions par an, soit plus de 30% du budget du ministère de la Santé.

    Mais l’essentiel est ailleurs, avec la CMU, la Couverture médicale universelle, complétée par la CMUC, complémentaire instituée en 1999 par Martine Aubry (laquelle s’affirme décidément, avec les 35 heures, comme un des grands fossoyeurs de l’économie française). On sait que, sous conditions de ressources minimales, ces deux systèmes permettent un remboursement à 100% des soins de santé, notamment des soins hospitaliers, les plus coûteux.

    Les études ont montré que le coût de soins ainsi gratuits était d’environ 13% supérieur au coût moyen de soins hors CMU et provoquaient une augmentation de 20% du volume des consultations. Ce qui n’est guère surprenant. La gratuité a toujours cet effet-là. Observons que cette surconsommation médicale des immigrés souvent en quête de placebos est d’ailleurs attestée par le témoignage de nombre de jeunes médecins installés en grande banlieue parisienne.

    En 2007, la CMU concernait 1,5 million de personnes bénéficiaires et la CMUC, avec l’Outre-Mer, 4,5 millions, soit, au total, 6 millions de bénéficiaires. Il s’agit souvent d’une population jeune, féminine et urbaine. Il est logique de penser que sur les 7 à 8 millions d’immigrés dont les ressources sont modestes, une grande majorité sont inscrits à l’un ou l’autre de ces deux régimes.

    Par ailleurs, le coût moyen annuel par tête, un secret d’Etat bien gardé, était estimé à environ 1.000 euros en 2006. Combien aujourd’hui ?

    Dès lors, le coût total du bilan santé de l’immigration s’établit à près de 6 milliards d’euros par an. Il s’alourdit, avec des flux migratoires de 250.000 par an, d’environ 250 millions d’euros chaque année.

    3°/ Le logement

    • a) La location

    Les immigrés sont en majorité locataires à hauteur de 75% (90% chez les immigrés d’origine africaine). Ils occupent 70% des logements dits sociaux à loyer faible ou modéré.

    Par ailleurs, 50% des loyers (charges comprises) sont couverts par les aides au logement. Le loyer médian s’élève à 430 euros, soit 5.160 euros par an.

    Pour 1.370.000 ménages d’immigrés en location, le total représente donc 7 milliards d’euros. Enfin, on estime qu’un locataire sur 3 connaît des difficultés de paiement ou ne paie pas.

    Dés lors, le coût, pour la collectivité, du logement des immigrés est de 50% du total des loyers, soit 3,5 milliards pour les aides et 1/3 pour les impayés soit 2,3 milliards, soit 5,8 milliards au total.

    A cela s’ajoute naturellement le coût de la rénovation urbaine dans le cadre de la politique de la Ville, soit 21 milliards sur 5 ans ou encore 4 milliards par an.

    Le coût du logement des immigrés frôle donc 10 milliards d’euros par an.

    • b) La construction de logements sociaux

    Elle fait l’objet d’une demande pressante et permanente. Il n’y aura jamais assez de logements sociaux.

    En 2010, l’Etat aura aidé au lancement de 131.000 chantiers, contre un rythme de croisière de 100.000 par an.

    A un prix moyen de construction TTC de 1.820 euros au m2, en 2007 le prix unitaire moyen d’un logement de 80m2 ressort à 145.600 (arrondi à 150.000 euros). Ce qui donne un coût annuel de construction de logements sociaux d’environ 20 milliards par an couvert par les financements de l’Etat ou des collectivités territoriales.

    4°/ Bilan des coûts

    1. Il convient à ce stade d’additionner les coûts sociaux :

    • logement : 30 milliards
    • santé : 6 milliards
    • éducation :11 milliards

    soit au total 47 milliards.

    2. Mais il faut y ajouter les coûts du maintien de l’ordre : 5,7 milliards, et celui des fraudes et de la délinquance : 13,6 milliards, du surendettement : 2,5 milliards et du chômage : 29,6 milliards, soit 51,4 milliards.

    3. A ces coûts il convient d’ajouter les prestations sociales reçues par les immigrés (retraites, famille, vieillesse, allocations diverses), soit 30,3 milliards.

    4. Nous arrivons ainsi à un chiffre de 128,7 milliards, dont il faut néanmoins défalquer la contribution des immigrés à la production de richesses, évaluée à 55,5 milliards, ce qui laisse un solde net de 73,3 milliards.

    Au total, les coûts nets directs ou indirects de l’immigration s’élèveraient ainsi à 73,3 milliards d’euros.

    5°/ Immigration et endettement de l’Etat

    En conclusion, la conséquence de tout ce qui précède est : l’endettement de la France, qui a fait couler tant d’encre et qui a manqué de pousser notre pays à la banqueroute.

    Qu’il y ait une corrélation étroite entre immigration et endettement public ne fait guère de doute.

    C’est ce que nous apprend le rapprochement des séries statistiques du déficit et de l’endettement. Car, quel que soit le chiffre final du coût de l’immigration qui ressortira de nos travaux en fin de journée, cette immigration est, qu’on le veuille ou non, financée en totalité ou en partie par le déficit budgétaire, 85 milliards d’euros, lequel alimente l’endettement de la France, 1.646 milliards d’euros (85% du PIB), dont on a tant parlé et si tardivement. Non seulement il nous a coûté notre cher triple A, mais il sera payé par nos enfants et nos petits-enfants. Financer par l’emprunt une immigration largement composée d’inactifs et d’assistés sociaux, et cela en pleine crise économique et financière, il n’y a qu’en France que l’on voit cela.

    Conclusions

    La France connaît depuis plusieurs années un appauvrissement tendanciel. Le revenu par habitant plafonne depuis dix ans et recule depuis six ans. C’est le prix de la crise, d’un mauvais management de l’économie mais aussi d’une immigration excessive. L’immigration n’enrichit pas, elle appauvrit.

    Si les réformes de restrictions budgétaires retenues par le gouvernement sont mises en pratique, ce qui reste à voir, l’immigration, au lieu d’être payée par l’emprunt, sera payée par nos impôts. Ce qui est déjà un mieux. Mais il serait mieux encore de la ramener à un niveau proportionné aux capacités d’intégration ou d’assimilation de la France.

    Mais ceci est une autre histoire…

    Yves-Marie Laulan Polemia
    Colloque de l’Institut de géopolitique des populations
    16/02/2012

  • Najat Belkacem, du Maroc au PS

    Najat Belkacem, actuelle ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, était jusqu’au début de la campagne présidentielle, membre appointé du Conseil de la communauté marocaine de l’étranger, directement nommée par le Roi du Maroc, Mohamed VI.
    Une appartenance aux institutions d’un régime qui ne colle pas vraiment avec les leçons de morale socialistes sur la démocratie, le droit des femmes, la laïcité et la tolérance qu'elle prétend donner. Mais carrière oblige. Et la France dans tout cela ?... Bof ! C’est le cadet des soucis de Belkacem.
    Najat Vallaud-Belkacem, née Najat Belkacem le 4 octobre 1977 à Beni Chiker au Maroc.
    Elle est conseillère générale socialiste, nommée le 16 mai 2012 ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement dans le gouvernement Jean-Marc Ayrault, dont elle est la benjamine.
    En 2007, elle est porte-parole de Ségolène Royal pour l'élection présidentielle, puis de nouveau en mars 2009 en vue de la primaire présidentielle socialiste de 2011.
    Le 16 novembre 2011, François Hollande, candidat du PS pour l'élection présidentielle de 2012, la nomme porte-parole de sa campagne présidentielle.
    Depuis 2008, elle est conseillère municipale de Lyon.
    Elle a ainsi défendu les intérêts du Maroc de décembre 2007 à décembre 2011, au sein du Conseil de la communauté marocaine de l’étranger. Le journaliste marocain Thami Afailal définit d’ailleurs ce Conseil comme un « organisme qui est le Soviet suprême du Makhzen chargé de garder à l’œil les résidents marocains à l’étranger afin qu’ils gardent éternelle fidélité au régime et n’arrêtent pas d’envoyer chaque année les « flouss » qui maintiennent à flot le régime ».

    Qu’à cela ne tienne… Pour donner le change, Najat Belkacem explique que ce Conseil « s’exprime d’abord sur les sujets dont il est saisi par Sa Majesté en faisant valoir un point de vue de Marocains de l’étranger ». On notera au passage l’expression « Sa Majesté », pour parler de SON souverain.

    Au sein même de la gauche, les militants sont gênés par cette proximité de la « gôche » française avec le régime du monarque marocain. La vidéo qui suit montre ainsi la colère d’une jeune marocaine qui s’exprime lors d’un meeting des Verts pour dénoncer le régime de Mohamed VI, ses méthodes et l’accueil chaleureux de ses représentants par les partis de gauche français.

    Écoutez cette jeune femme victime du régime avec lequel Najat Belkacem a fièrement collaboré. Une belle charge également contre l’islam.
     
    En tribune, les responsables Verts sont gênés par l'attitude de la salle...

  • Benoît XVI : « L’approbation des idées les plus répandues n’est pas un critère auquel nous nous soumettons »

    Hier, à l’occasion de la fête de l’Épiphanie au cours de laquelle il a ordonné quatre nouveaux archevêques, Benoît XVI a condamné l’agnosticisme actuel, qui domine dans de nombreux pays, et ses attaques envers l’Église et la Foi. Il a souligné que « l’agnosticisme qui règne aujourd’hui a ses propres dogmes et est extrêmement intolérant vis-à-vis de tout ce qui pourrait le remettre en question, ainsi que des critères qu’il emploie« .

    Le Pape a rappelé alors que le chrétien ne devait pas plier devant l’idéologie dominante : « Celui qui vit et proclame la foi de l’Église est par de nombreux aspects en décalage avec la pensée dominante. L’approbation des idées les plus répandues n’est pas un critère auquel nous nous soumettons« , a-t-il déclaré. Rappelant ainsi les évêques à leur charge pastorale « En conséquence, il est particulièrement urgent pour un évêque aujourd’hui d’avoir le courage de contredire l’état d’esprit dominant. Il doit être courageux« , a-t-il conclu.

    N’est-il pas nécessaire en effet que Rome rappelle à ceux qui ont juridiction sur les âmes que le chrétien, qui est dans le monde mais qui n’est pas du monde, doit se soucier davantage sur la terre du regard de Dieu que de celui des hommes, fussent-ils les grands de ce monde ? Car la Foi, dont l’Église est dépositaire, ne se négocie pas et ne peut faire l’objet d’aucune tergiversation : elle se transmet sans altération.

    http://www.contre-info.com/

  • Politique de la ville : 30 années d’illusions

    Puits sans fond pour les finances publiques, elle est aussi le tombeau des illusions républicaines. Et si le problème résidait ailleurs que dans la “pauvreté” ?

    Le 14 août 2012, tandis que la France brûle sous le soleil, les voitures s’embrasent dans la banlieue d’Amiens. Trois semaines plus tôt, juste avant de partir en vacances, les magistrats de la Cour des comptes ont rendu un rapport qui, période oblige, passe alors totalement inaperçu : “La politique de la ville, une décennie de réformes”.

    Soit le bilan des actions engagées par la loi du 1er août 2003 (dite loi Borloo) instaurant le Programme national de rénovation urbaine (PNRU), lequel, en dépit d’un effort « sans précédent », déplore la Cour, « n’a pas atteint ses objectifs ». C’est le moins qu’on puisse dire quand on sait que l’Hexagone détient le record mondial des nuits d’émeute sans connotation politique. Une exception bien française qui ne semble pas inquiéter outre mesure la Cour, pas plus que les autres acteurs de la ville, exception faite d’une poignée d’élus de terrain comme Xavier Lemoine, maire de Montfermeil.

    Les magistrats de la Cour des comptes se donnent d’ailleurs le beau rôle en omettant de rappeler que leurs préconisations de 2002 sont à l’origine de la loi de 2003, qu’ils passent au crible de leurs critiques. À les écouter, l’échec de la politique de la ville procéderait de « défauts de gouvernance ». Qu’en termes galants, ces choses-là sont dites ! Et “les sages de la rue Cambon” d’égrener les dysfonctionnements récurrents : organisation éclatée, politiques insuffisamment pilotées, empilement de dispositifs, financement flou, mauvaise allocation des crédits, objectifs mal identifiés, absence de suivi et d’évaluation. Sur ce dernier point, la Cour avoue même son ignorance, pareille en cela aux ministres chargés de la politique de laVille, dont la Cour rappelle qu’il y en a eu 11 depuis 2002 (en réalité, 20 en vingt ans – ministres ou secrétaires d’État).

    Pour corriger ces “défauts de gouvernance”, la Cour préconise un « rééquilibrage territorial » qui passe par une simplification. Et de fait, on se perd dans cette avalanche d’acronymes byzantins et imprononçables – les Zus, les ZRU et autres ZFU – dont on ne sait s’ils relèvent de la politique de la ville ou de l’ufologie. Autant d’Opni, organismes publics non identifiés, qui confinent à l’illisibilité et renforcent l’opacité de l’ensemble. La Cour recense 751 Zus (zones urbaines sensibles), dont 461 en ZRU (zone de redynamisation urbaine), lesquelles comprennent 100 ZFU (zone franche urbaine). S’ajoutent à cela 2 493 quartiers ciblés par des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS), dont plus des deux tiers ne sont pas classés en Zus.

    Tous ces dispositifs s’enchevêtrent jusqu’à créer un indigeste millefeuille administratif et aboutissent aux mêmes résultats, ou plutôt à la même absence de résultats, puisqu’ils n’ont nullement réduit les écarts d’inégalité (qui ont tendance à s’aggraver), ni encouragé la mixité sociale. S’il y a du reste un endroit où l’on ignore la culture du résultat, c’est bien en matière urbaine, où règne “la culture de l’excuse”.

    Mais la Cour n’est guère diserte sur ce chapitre. Elle réussit le tour de force de produire un rapport de 300 pages sans jamais s’attarder, sinon incidemment, sur la question migratoire, tant et si bien qu’à la fin on a l’impression de lire une copie au concours d’entrée à l’Ena. Faut-il rappeler que des organismes tels que l’Insee et l’Ined (Institut national d’études démographiques) évaluent la part des étrangers vivant dans les Zus à plus de la moitié des personnes de 18 à 50 ans ?

    Mais on semble s’être donné le mot pour ne jamais aborder la question. On lui préfère l’éternelle rengaine sur “l’urbanisme criminogène”. Géographiquement et socialement relégués, les ghettos n’ont d’autre choix que de se soulever. Urbanisme et balistique. À quoi les pouvoirs publics répondent réhabilitation des quartiers, ravalement des façades et des cages d’escalier. On s’imagine ainsi qu’en dynamitant les barres d’immeuble, les barrettes de shit vont partir en fumée. Le quartier de la Villeneuve, à Grenoble, théâtre durant l’été 2010 des émeutes que l’on sait, était pourtant richement équipé en structures scolaires, sociales, culturelles, sportives (Valeurs actuelles du 11 octobre 2012). Même chose pour l’ex-cité des 4 000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), où la destruction de la première barre d’immeubles remonte à 1986 ; il n’empêche qu’on y tirait à l’arme de guerre sur la police en 2009. On pourrait multiplier les exemples.

    En réalité, la pauvreté a bon dos. La Seine-Saint-Denis est le 15e département le plus riche de France, la Creuse le 96e. Mais dans la Creuse, on ne règle pas ses différends de voisinage à la kalachnikov. Selon le géographe Christophe Guilluy, auteur de l’indispensable Fractures françaises, 85 % des ménages pauvres n’habitent pas dans les quartiers sensibles. Il serait donc peut-être temps de chercher ailleurs les causes de leur sensibilité (et même de leur hypersensibilité).

    Certes, la prospérité du “9-3” ne profite guère à ses habitants, mais l’économie informelle irrigue l’ensemble de ces territoires – le fameux “business”. Elle serait ainsi, d’après le criminologue Xavier Raufer, la quatrième industrie locale de la région Rhône-Alpes. Xavier Raufer a du reste eu maintes fois l’occasion de souligner l’antériorité de la délinquance sur la pauvreté. Discours inaudible à la plupart des acteurs de la ville et aux associations (12 000 d’entre elles bénéficient des crédits de la politique de la ville sans aucun contrôle).

    Le drame, c’est que la réflexion a été monopolisée par la gauche et l’extrême gauche. L’une et l’autre donnent le ton aux politiques de la ville, même quand la droite gouverne, puisque celle-ci en reprend le discours misérabiliste. À tous les coups, on nous ressort une version des Misérables réécrite dans le jargon de Pierre Bourdieu, grand gourou de la sociologie. Une école de rap qui ouvre, c’est une prison qui ferme, etc. Ce qui revient à dire que le problème des banlieues tient dans sa dimension sociale : inutile, donc, de lui apporter des réponses policières ou judiciaires.

    Les médias ont diffusé auprès du grand public et des politiques cette image univoque de la banlieue, “ghetto à la française”, créant ce que Christophe Guilluy appelle « une géographie sociale médiatique », devenue à force de répétition « le paysage social de référence », laissant accroire que les populations y résidant ont été laissées à l’abandon par les pouvoirs publics. Or, elles sont l’objet de toutes les sollicitudes : de la part des journalistes, des chercheurs et des politiques. Pas de quartier qui n’ait eu droit à son thésard, à son reporter ou à son ministre. En 2008, le journal le Monde avait recensé 174 déplacements ministériels rien que pour la Seine-Saint-Denis !

    Cette “géographie sociale médiatique” a accouché de l’idée d’un Hexagone structuré par un apartheid ethnique, très loin pourtant des réalités françaises. En 2006, le chercheur Dominique Lorrain avait mis en évidence la différence de traitement entre une zone sensible, en l’occurrence un quartier de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), et un quartier situé dans la périphérie de Verdun (Meuse), avec de part et d’autre des niveaux de précarité élevés, supérieur du reste de 20 % dans la sous-préfecture de la Meuse.

    Nonobstant, le programme de réhabilitation prévoyait à Villiers-sur-Marne 12 450 euros par habitant, mais seulement 11,80 euros à Verdun ! C’est là sans doute un cas extrême, certes, mais qui souligne bien l’écart entre la réalité et ses représentations.

    Au dire de Christophe Guilluy, tout se passe comme si la dynamique migratoire et démographique qui affecte ces zones sensibles ne comptait pour rien. Les Zus sont les territoires les plus mobiles de France (en 1999, le taux de mobilité des habitants des Zus se situait à 61 %!). Une raison à cela : ces zones accueillent, en flux continu, de nouvelles vagues migratoires, généralement peu ou pas qualifiées et ne pouvant constituer une immigration de travail, et qui viennent prendre la place de ménages en phase d’intégration sociale.

    On ne change pas une politique qui échoue !

    Devenus des zones de transit, ces quartiers se spécialisent dans l’accueil du trop-plein migratoire, ce qui se traduit par une insécurité structurelle. Or, les causes de la surdélinquance sont notoirement connues, du moins dans les pays anglo-saxons qui n’affichent pas notre timidité vis-à-vis des problématiques ethniques. Depuis les premières vagues d’immigration italienne, irlandaise et polonaise, le phénomène a été abondamment étudié outre-Atlantique. C’est la même conjonction de flux migratoires non maîtrisés et d’effondrement des solidarités traditionnelles.

    Mais là aussi, la Cour des comptes reste étonnamment muette sur le sujet, ne trouvant rien de mieux que de préconiser de concentrer les crédits sur les quartiers prioritaires de six départements qui rencontrent les plus grandes difficultés (Bouches-du-Rhône, Essonne, Nord, Rhône, Seine-Saint-Denis et Val-d’Oise). Les autres repasseront. Ainsi des zones de sécurité prioritaires (ZSP) voulues par Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, et qui font déjà polémique. De son côté, le ministre de la Ville, François Lamy, a rappelé que « le gouvernement mènera à bien le Programme national de rénovation urbaine, qui n’est aujourd’hui qu’à la moitié de sa réalisation ».

    Nul besoin d’être prophète pour annoncer que ce prochain plan échouera pareillement. On ne change pas une politique qui échoue avec une régularité désespérante depuis la première émeute urbaine, à Vaulx-en-Velin, en 1979, et qui réussit ce miracle dont on peut penser qu’il aurait plongé les alchimistes du Moyen Âge dans des abîmes d’interrogation : transformer l’or du trésor en plomb. Jusqu’ici, seuls les Soviétiques connaissaient la recette.

    Comme le dit Xavier Raufer avec une vigueur d’analyse et de style qui fait cruellement défaut au rapport des sages de la rue Cambon, l’échec de la politique de la ville « est si abyssal qu’on peut avec raison comparer cette “politique” à la défunte agriculture soviétique. Tout y est : conception purement idéologique, échafaudage en usine à gaz, acharnement illusoire – là où le premier Gosplan a échoué, le second triomphera ». Jusqu’à la ruine définitive du système ?

    Valeurs Actuelles  http://fortune.fdesouche.com

  • Comme en des creusets brûlants

    Montmirail, 18 juin 1940.
    Journal de Ernst Jünger

      Dans la matinée, une colonne de plus de dix mille prisonniers français traversa la ville. Elle était à peine surveillée. On ne voyait que quelques sentinelles qui les accompagnaient, baïonnette au canon, pareilles à des chiens de berger. On avait l'impression que ces masses harassées et proches de l'épuisement se hâtaient d'elles-mêmes vers un but inconnu. J'étais à l'école, et comme j'y disposais d'une centaine de Français et de Belges pour l'exécution des travaux de déblayage, j'envoyai réquisitionner dans un magasin des caisses remplies de biscuits et de boîtes de viande en conserve et ordonnai de les distribuer. Je fis encore verser du cidre, mais la colonne défilait en rangs si larges qu'à peine un homme sur vingt recevait sa part.

      Je voyais pour la première fois souffrir dans un espace restreint des masses aussi grandes ; on se rend compte qu'on ne peut plus distinguer les individus. On remarque aussi l'allure mécanique et irrésistible qui est propre aux catastrophes. Nous étions debout derrière la grille de la cour de l'école et nous tendions des boîtes de viande et des biscuits, ou les répandions dans le maquis de mains qui s'allongeaient vers nous, à travers les barreaux. Ce détail, surtout, avait quelque chose de troublant. Les suivants poussaient pour avancer, cependant que les hommes qui étaient au premier rang se bousculaient lorsqu'un biscuit tombait à terre. Afin que les plus éloignés dans chaque rangée reçussent aussi leur part, je fis jeter des boîtes de bœuf par-dessus la colonne, mais tout cela n'était qu'une goutte d'eau dans la mer. Plus de douze fois je tentai de lancer une boîte à un vieux soldat qui marchait clopinant — elles lui furent toutes arrachées dans un grouillement de mains, jusqu'à ce qu'enfin je le vis disparaître dans le flot. Un peu plus tard je donnai à la sentinelle l'ordre de faire entrer un très jeune soldat, pour le nourrir — elle en ramena un autre, qui d'ailleurs était lui aussi resté sans manger depuis deux jours. Le vacarme de ce défilé était dominé par la voix d'un crieur que Spinelli avait posté sur le mur et qui réclamait un tailleur, car notre linge avait grand besoin d'être reprisé. Ils passèrent ainsi comme une image du flot sombre de la destinée elle-même, et c'était un spectacle étrangement excitant et instructif que nous observions derrière la protection des grilles. La plupart de ces hommes étaient déjà complètement hébétés et ils ne posaient que deux questions : «Leur donnerait-on à manger?»«La paix était-elle signée?» Je fis répondre que Pétain avait proposé un armistice. Ils me lancèrent alors cette question désespérée : «L'armistice était-il signée?» L'inestimable valeur de la paix apparaissait à l'évidence.

      En queue de la colonne dont le passage dura près de deux heures, je vis paraître un groupe d'officiers grisonnants, porteurs de décorations de la grande guerre. Eux aussi avançaient avec peine, traînant les pieds, la tête basse. Leur vue me saisit ; je fis ouvrir la grille et les fis introduire dans la cour. Je les invitai à dîner et à passer la nuit sur place. Après les avoir remis au coiffeur, je ne tardai pas à les revoir, la mine reposée, assis autour d'une longue table dressée dans la cour, auprès de la cuisine. Nous eûmes une soupe excellente, de la viande, du vin en abondance, et surtout nos soldats firent preuve d'un politesse si naturelle que notre réception fût des plus réussies. Ces hommes exténués étaient visiblement dans l'état de dormeurs qui voient un affreux cauchemar prendre tout à coup une tournure favorable. Ils étaient encore étourdis par la défaite. Leur demandant s'ils s'expliquaient les raisons de cet effondrement si subit, j'appris qu'ils l'attribuaient aux attaques des bombardiers en piqué. La liaison, l'arrivée des réserves et la transmission des ordres s'en étaient trouvées empêchées dès le commencement, après quoi les armées avaient été découpées en morceaux par les armes rapides, comme au chalumeau. À leur tour ils me demandèrent si je pouvais définir les causes de notre succès — je répondis que je le regardais comme une victoire du Travailleur, mais il me sembla qu'ils ne comprenaient pas le vrai sens de ma réponse. C'est qu'ils ignoraient les années que nous avons vécues depuis 1918 et les leçons que nous avons recueillies comme en des creusets brûlants.

    http://www.nouveau-reac.org

  • De l'avortement à l'euthanasie

    Et toujours le même scénario

    Dans notre société sur-médiatisée, l'émotion est devenue le vecteur principal des réformes politiques. Pour faire passer des lois qui pourraient heurter l'opinion publique, les lobbies ont compris qu'il faut jouer sur la corde sensible des Français. Avortement. Mariage homosexuel Euthanasie. Le scénario est, depuis trente ans, toujours le même.
    - Le 5 octobre 1971, Le Nouvel Observateur publie le manifeste dit « des 343 salopes » qui contient l'appel à la désobéissance civile suivant : « Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont confrontées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l'une d'elles, je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre. » Ce manifeste est notamment signé par Catherine Deneuve, Yvette Roudy, Marie-France Pisier ou Françoise Sagan. Chacun des signataires s'expose à des poursuites pénales.

    Un drame réel, des témoins de « moralité », une émotion intense, une loi
    Un an plus tard s'ouvre le procès de Bobigny. Cinq femmes se trouvent dans le box des accusés. Parmi elles Marie-Claire, une jeune fille de seize ans, qui a avorté après avoir été violée par un garçon de son lycée. A ses côtés, quatre autres femmes : sa propre mère, une modeste employée de la RATP, qui l'a conduite à l'hôpital pour qu'elle y subisse un avortement, et trois membres du corps médical qui ont pratiqué l'acte interdit par une loi de 1920. La justice se trouve face à un drame. Un drame humain épouvantable. L'horreur du viol. L'innocence d'une gamine souillée à tout jamais. Une mère démunie qui élève seule sa fille. Personne, même parmi les plus farouches adversaires de l'avortement, ne peut rester insensible face à cette tragédie.
    - Le lobby de l'avortement, qui, depuis les événements de Mai 1968, tente de faire sauter le verrou, va l'instrumentaliser avec succès. La défense des accusées est assurée par Maître Gisèle Halimi. Le tribunal va lui servir de tribune pour prendre l'opinion publique à témoin. Son argument est simple. Une jeune fille, victime d'un viol, se retrouve face à la justice, pour avoir refusé de garder son enfant. Ce n'est pas elle qui est coupable, c'est la loi qui interdit l'avortement.
    - Les témoins défilent. Le scientifique et académicien Jean Rostand. Les Prix Nobel et biologistes Jacques Monod et François Jacob. La comédienne Françoise Fabian. L'homme politique Michel Rocard. L'écrivain Simone de Beauvoir. Le professeur Paul Milliez, médecin et catholique, qui affirme à la barre : « Je ne vois pas pourquoi nous, catholiques, imposerions notre morale à l'ensemble des Français. » Aux termes de la plaidoirie de Gisèle Halimi, la jeune fille, est relaxée. Les autres accusées le sont également ou simplement condamnées à des peine de sursis.
    - Dans tout le pays, l'émotion est intense. Pour ou contre l'avortement. Le débat est lancé. Chacun prend position. Articles de presse. Pétitions, livres. Le sujet n'est plus tabou. Il faut légiférer. Le 26 novembre 1974, Simone Veil monte à la tribune de l'Assemblée nationale. La discussion du projet de loi relatif à l'interruption volontaire de la grossesse peut commencer. Le 17 janvier 1975, la loi autorisant l'avortement est publiée au Journal officiel. En deux ans, l'exploitation d'un drame incontestable a permis de transgresser l'interdit absolu. Celui de se débarrasser de l'enfant à naître. 

    Conseils aux scénaristes en manque d'imagination
    Le 16 janvier 2004, un homosexuel, Sébastien Nouchet, est grièvement brûlé par trois individus qui, affirme-t-il, l'auraient attaqué en raison de son orientation sexuelle. La machine médiatique se met en branle. Un homme a été brûlé vif en France parce qu'il est homosexuel. On évoque Himmler et son fameux discours contre les pédérastes. La France, patrie des droits de l'Homme, ne peut pas tolérer de tels actes. Quelle que soit l'opinion de chacun sur l'homosexualité, personne ne peut accepter qu'un jeune soit brûlé pour une telle pratique. Il faut donc légiférer. Le 8 décembre, les parlementaires votent une loi créant la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité et incluant un dispositif contre l'homophobie.
    - En janvier 2005, le député UMP, Christian Vanneste, donne son point de vue sur l'homosexualité : « L'homosexualité est une menace pour la survie de l'humanité.  [...] Je n'ai pas dit que l'homosexualité était dangereuse. j'ai dit qu'elle était inférieure à l'hétérosexualité. Si on la poussait à l'universel, ce serait dangereux pour l'humanité. [...] Pour moi leur comportement est un comportement sectaire. » Ça ne vous rappelle rien ? Himmler bien sûr : « Si j'admets qu'il y a un à deux millions d'homosexuels, cela signifie que 7 à 8 % ou 10 % des individus de sexe masculin sont homosexuels. Et si la situation ne change pas, cela signifie que notre peuple sera anéanti par cette maladie contagieuse. A long terme, aucun peuple ne pourrait résister à une telle perturbation de sa vie et de son équilibre sexuel. »
    - Le 14 janvier 2006, Vanneste est condamné en premier instance pour ses propos. L'élu, qui est la première victime de la loi, fait appel. Le 25 janvier 2007, suivant en cela les réquisitions du parquet, la cour d'appel de Douai confirme, et même aggrave la décision des premiers juges. Forts du pacs et d'une loi qui interdit toutes remarques qui ne constituerait l'éloge de la sodomie, le lobby homosexuel entend passer à la vitesse supérieure. L'ultime étape est clairement annoncée : la reconnaissance du mariage entre homosexuels et le droit à l'adoption d'enfant, par ces derniers. Le scénario est déjà écrit. D'ici quelques mois, les médias nous présenteront un enfant abandonné dans un orphelinat (Mieux choisi que Sébastien Nouchet ? Sa plainte a débouché sur un non-lieu. Le magistrat instructeur a conclu à « l'absence d'élucidation des circonstances dans lesquelles sont survenues les brûlures ». Il a fait appel.
    - Alors imaginez. Le regard désespéré d'un enfant sans parent. L'ambiance lugubre d'une maison d'accueil pour un enfant seul. Son désir légitime d'être aimé. Personne ne veut de lui. Personne ? Si, justement, deux femmes veulent l'adopter. Elle sont belles. Elles travaillent. Elle sont maternelles. Elles lui apportent du réconfort depuis des années. Va-t-on le laisser grandir loin de leur affection ? Ce n'est pas envisageable. Des adultes viendront témoigner. Ils ont été élevés par deux hommes ou deux femmes. Ils ont toujours été heureux. Epanouis. Choyés. L'enfant tentera de mettre fin à ses jours. Il n'en pouvait plus d'être seul. Séparé de celles qui veulent l'élever. Comme deux vraies mamans. Le législateur interviendra. Et l'impossible se réalisera. Les homosexuels pourront adopter.

    L'euthanasie s'invite dans les urnes... funéraires
    Le 24 septembre 2000, le jeune Vincent Humbert devient tétraplégique, aveugle et muet à la suite d'un accident de voiture. Une vie brisée. Une vie désormais privée de toute espérance terrestre. Un drame ignoble pour le jeune homme. Un calvaire pour sa mère. La France découvre cette souffrance incommensurable. Chacun se sent concerné. Le 24 septembre 2003, la mère tente d'abréger ses souffrances en lui injectant un produit mortel. Il sombre clans le coma. Elle est arrêtée.
    - Les médias se saisissent de l'affaire. Deux jours plus tard, son médecin traitant met un terme définitif à ses souffrances. Vincent Humbert décède. Le 2 janvier 2006, le parquet requiert un non-lieu à l'encontre de la mère et du médecin. La campagne en faveur de la dépénalisation de l'euthanasie est lancée. Toutefois, elle patine. Le corps médical est réticent. Les parlementaires hésitent. L'opinion publique est incertaine. Le choc de Vincent Humbert n'a pas suffi.
    - En 2007, la campagne électorale bat son plein. Air du temps : le compassionnel. La campagne pour l'euthanasie redémarre. Le 7 mars, deux mille soignants lancent un manifeste : « Nous soignants, avons aidé un patient à mourir. Parce que, de façon certaine, la maladie l'emportait sur nos thérapeutiques, parce que, malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques et psychologiques rendaient la vie du patient intolérable, parce que le malade souhaitait en finir, nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence. Tous les soignants ne sont pas confrontés à ce drame, mais la majorité de ceux qui assistent régulièrement leurs patients jusqu'à la mort, utilisent, dans les circonstances décrites, des substances chimiques qui précipitent une fin devenue trop cruelle, tout en sachant que cette attitude est en désaccord avec la loi actuelle [...] Aussi nous demandons l'arrêt immédiat des poursuites judiciaires à l'encontre des soignants mis en accusation ; une révision de la loi dans les plus brefs délais, dépénalisant sous conditions les pratiques d'euthanasie, en s'inspirant des réformes déjà réalisées en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas ; des moyens adaptés permettant d'accompagner les patients en fin de vie, quels que soient les lieux,  (domicile, hôpital, maisons de retraite) et les conditions de vie. Il s'agit là, d'accorder à chaque personne, une singularité, une valeur absolue, qui se nomme, selon le préambule et l'article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 : la dignité. »
    - Ce « manifeste des 2 134 » - cela ne vous rappelle rien ? - n'est pas dû au hasard. Il est intervenu trois jour avant l'ouverture, devant la cour d'assises de Périgueux, du procès de deux femmes, une infirmière et un médecin, accusées d'empoisonnement et encourant trente ans de réclusion criminelle pour avoir administré une dose mortelle de chlorure de potassium à une malade atteinte d'un cancer du pancréas en phase terminale.
    - Une fois encore, le cancer est une maladie qui bouleverse tous ceux dont un proche en est mort. ta souffrance. La déchéance physique, lente, mais irrémédiable. Lorsque le cœur s'arrête de battre, c'est un corps décharné qui s'arrête de vivre. A quoi bon prolonger une vie qui ne vaut plus la peine d'être vécue ? L'euthanasie est donc nécessaire.
    - 1975, la vie amputée à son commencement. 2007, la vie amputée à son terme. Le scénario a parfaitement fonctionné. A quoi servent les enfants handicapés ? A rien. Certains ont sans doute la solution.
    Thierry Normand Le Choc du Mois Mars 2007

  • L'Amérique éclatée

    Par Paul Sigaud 

    L’Amérique éclatée : l’indépendance des cinquante Etats est-elle possible ?

    Trop monstrueuse, tentaculaire, apoplectique: l’Amérique, boulimie permanente, orgueil pathologique des chiffres, fuite en avant du gigantisme. Plus de 330millions d’habitants, une dette de 13trillions de dollars, des aides médico-sociales évaluées à 100trillions et des élus au Congrès dont chacun représente 750000 citoyens. Le corps aux dimensions d’un continent reste le même — un damier irrégulier, cohérent, naturel de cinquante Etats — mais c’est la tête qui a gonflé. Démesurément. Washington joue à la capitale en ignorant qu’elle passe de plus en plus pour une hydrocéphale chronique. Elle pompe au pays énergie et créativité pour ne lui restituer que lois, décrets et règlements. Le fédéralisme, instrument subtil et fragile, tient encore par la peinture d’une Constitution, mais dans les coulisses, les tireurs de ficelle ont du mal à sortir d’une caricature de démocratie. L’Etat est devenu trop envahissant, ses rouages trop complexes, ses agents trop nombreux. Trois personnes travaillent pour lui sur cinq que l’on croise dans les rues de Washington. La ville ne s’assimile plus à un symbole planté sur un périmètre neutre : c’est un abcès. Aristote, quatre siècles avant Jésus-Christ, avait recommandé l’échelle humaine pour toutes les communautés au nom du bon sens, de la logique, de l’autonomie économique et de l’efficacité politique. Thomas Jefferson, le plus visionnaire des Pères fondateurs, auteur de la Déclaration d’indépendance et président à deux mandats (1801-1809), batailla toute sa vie contre les dangers du jacobinisme centralisateur et pour l’affermissement des droits des Etats. George Kennan, diplomate, politologue, historien, mort en 2005, avait prédit en pleine guerre froide l’éclatement de l’URSS et annonça en pleine croissance l’implosion des Etats-Unis. Pour deux raisons : taille ingérable, et donc, asphyxie bureaucratique.

    VELLEITES SECESSIONNISTES

    Forts du patronage intellectuel et de la complicité idéologique d’Aristote, Jefferson et Kennan, les plus tenaces, les mieux organisés parmi les indépendantistes fidèles au célèbre slogan “Small is beautiful” (ce qui est petit est préférable), lancèrent des pétitions dans les cinquante Etats au lendemain de la réélection de Barack Obama à la présidence. Leur stratégie : entretenir plus que jamais la flamme bicentenaire de l’esprit de sécession, souvent pâlotte, parfois négligée, rarement perdue, toujours renaissante. Leur tactique : profiter de deux brûlantes fractures jaillies des urnes — socialisme contre tradition et minorités contre Blancs — pour porter un fer rouge contre Washington. Face à une capitale grossie de toutes les perversions d’un système obsolète, cinquante Etats se dressent au nom de la liberté et de la diversité. Face à un establishment bruissant de tous les calculs d’un régime douteux, cinquante pays se rebiffent au nom de l’Histoire et de leur avenir. Il s’agit de droits bafoués qui entretiennent une interminable polémique. Il s’agit de sortir d’une ornière qui risque de se transformer bientôt en impasse. Ils sont légion, ceux qui veulent sauter en marche du train fédéral, tailler dans le vif, opérer à froid. Divorce à l’amiable ? Cassure en fanfare ? Dans un cas comme dans l’autre, il est encore trop tôt. Il faut que les choses mûrissent, ou plutôt s’enveniment. Il faut qu’un mécanisme d’un autre âge s’enraye dans l’inadmissible, l’absurde. Déjà, dans une vingtaine d’Etats dont la Floride, le Colorado, New York et la Caroline du Nord, les forceurs d’Histoire — comme il existe des forceurs de barrage — ont recueilli une moyenne de 25 000 signatures. En Louisiane, le chiffre atteint 40 000 et au Texas il approche 120 000. Normal. Parmi les rebelles, les Texans sont les plus décidés : fiers de leur quinzième rang dans le monde économique. Et fiers d’ancêtres ayant conquis une indépendance qui dura neuf ans de 1836 à 1845. 

    LES TEXANS EN POINTE 

    Ainsi, dans la mouvance d’une cuisante défaite de l’homme blanc — c’est le sceau le plus éclatant du vote du 6 novembre — plus de 800 000 militants et sympathisants séparatistes se mobilisèrent autour de ressorts aussi variés que nombreux. L’événement : la réélection de Barack Obama à la magistrature suprême sidéra la majorité du peuple blanc, qui l’a considérée comme une machination élaborée par un establishment anti-national dans le but d’affermir une double idée, celle d’une suprématie inévitable des minorités et celle de la marginalisation souhaitable du sang européen. Les textes : l’occasion était trop belle de relancer une fois de plus, à travers une Constitution sur ce point fâcheusement imprécise, l’ancien débat interminable opposant, d’un côté, les fédéralistes partisans acharnés de toutes les forces centripètes et, de l’autre, les indépendantistes défenseurs fidèles de toutes les pressions centrifuges. L’économie : la lente mais inexorable glissade de Washington vers un étatisme à vocation socialisante montre aux cinquante morceaux de l’Union que c’est sur eux d’abord que retombent indirectement les conséquences de toutes les extravagances financières du pouvoir fédéral dont l’odieux sauvetage de banques véreuses restera le plus spectaculaire. La fiscalité : la présence de deux pouvoirs parallèles situés à deux niveaux différents (l’un proche, l’autre lointain) devait forcément générer deux sortes d’impôts sur le revenu fatalement analysés sous des angles opposés par les contribuables : l’argent qui reste sur place leur paraît légitime, celui qui court vers Washington leur semble gaspillé. L’histoire : lorsqu’on évoque le passé dans tout récit sur ce genre d’opération chirurgicale, on bute nécessairement sur la guerre entre les Etats, de 1861 à 1865, qui demeurera jusqu’à la fin des temps, pour les anti-fédéralistes, l’illustre précédent, l’exemple héroïque, la borne incontournable de l’espérance martyre et, pour les fédéralistes, l’inadmissible rébellion de sabreurs égarés. La race : les Blancs savent qu’ils deviendront une minorité comme les autres en 2040 — autrement dit, dans une génération—, et ils ont compris que leur seule planche de salut est l’application d‘une politique d’endiguement — les chariots en cercle des pionniers de l’Ouest contre les Indiens — bâtie dans des Etats racialement homogènes à l’intérieur de frontières sûres. 

    A ces six raisons de prendre le large pour des fédérés en colère, s’en ajoutent deux autres : la première relève d’une constatation mondiale, la seconde d’une expérience constitutionnelle. Si l’on mettait en paramètres puis en équation les 223 pays du monde membres de l’ONU en faisant intervenir superficie, population, richesses, production, etc., on s’apercevrait que 79 d’entre eux sont plus petits que la moyenne des Etats américains — moyenne soumise, bien sûr, au même prisme de calcul. Donc, l’argument de la taille avancé souvent par les enragés de l’Union ne tient pas. Non seulement il ne tient pas, mais il est souligné, amplifié par un autre élément encore plus décisif : plus des trois-quarts des pays considérés comme prospères sont petits. Quelques exemples : […]
    A lire dans RIVAROL

    http://rivarol.over-blog.com

  • La guerre qui vient: de la contre-insurrection rurale à la contre-insurrection urbaine

    «La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens» (Clausewitz). La technologie la plus sophistiquée constitue la modalité contemporaine de la guerre (…). La gauche radicale n’a pas l’habitude de s’intéresser à la politique militaire. Pourtant la guerre est partout. Non seulement sur les champs de bataille. Mais aussi sur les écrans et les consoles de jeux. A tel point qu’on pourrait parler d’un complexe militaro-industriel-ludique. La guerre est devenue un divertissement à part entière. Nos villes s’équipent insidieusement pour la guerre. Une guerre de classe. La mondialisation marchande est une mondialisation armée.
    Par Claude Luchetta (septembre 2012).
    Ce que je voudrais montrer c’est qu’une nouvelle stratégie militaire se met en place à l’ombre des états impérialistes. Stratégie qui construit ses propres cibles et délimite un nouvel espace géographique et mental.
    Pour contrer la baisse  tendancielle du taux de profit, le capital investit massivement dans les  armes de haute technologie.
    Cette réorientation stratégique de l’impérialisme s’inscrit dans un contexte marqué par :
    - La fin de la guerre froide.  L’ effondrement de l’URSS semble dégager l’horizon pour une l’hégémonie américaine. Une hégémonie aujourd’hui fragilisée. Du même coup, l’ancien ennemi s’évapore (le péril rouge). Il faut reconstruire un  ennemi adaptée à la nouvelle donne géostratégique et incarnant le mal absolu.
    - L’approfondissement de la crise provoquée par la financiarisation de l’économie. A noter qu’aux Etats-Unis le taux de profit décline dès septembre 2006. C’est à dire bien avant la crise. Il y a conjonction entre une crise économique mondiale et une crise de la domination américaine.
    - Le développement exponentiel des nouvelles technologies qui permettent de classer, repérer, poursuivre et cibler. Ces nouvelles technologies constituent l’un des vecteurs de la mondialisation libérale.
    - Le déplacement des conflits des zones rurales vers les zones urbanisées ou semi-urbanisées des grandes métropoles en voie d’expansion. Bref du Vietnam on passe à Bagdad, Kaboul, Gaza. Demain: Téhéran ? J’y reviendrai.
    Depuis 2001, La notion de «guerre illimitée au terrorisme» a pour horizon une guerre civile impitoyable et sans fin. La guerre est à elle-même son propre but. La guerre devient permanente et se fragmente en guerres régionales. Guerres régionales qui mettent en oeuvre des forces non-étatiques. La guerre recourt de plus en plus aux troupes mercenaires. Ces dernières représentaient en 2005, la deuxième force d’occupation en Irak.
    Si la guerre devient illimitée dans l’espace et dans le temps, l’ennemi n’est plus qu’un monstre insaisissable. Un monstre qu’il faudra finir par exterminer. Aucune paix n’est possible.
    Le terroriste  échappe à tout statut juridique ou social. Il est un criminel pathologique. Rien ne s’oppose à sa liquidation. La notion de guerre au terrorisme permet d’évacuer toute dimension politique des conflits. La mondialisation libérale suscite d’ailleurs une crise sans précédent du politique.
    Non pas que l’intervention de l’Etat soit devenue inutile. Etat qui serait réduit à son rôle purement régalien. Au contraire. «La concurrence libre et non faussée» ne peut s’exercer qu’à partir de l’intervention de l’appareil d’Etat. Intervention législative, juridique, policière, militaire. L’économie de marché n’est pas une donnée naturelle mais une construction étatique. Dans le cadre du néolibéralisme, le capital financier s’associe à l’Etat afin d’élaborer de nouvelles règles de fonctionnement.
    Dans un premier temps je montrerai comment on est passé du rural à l’urbain. Les cibles militaires de l’impérialisme ne sont plus directement situées dans les rizières, les forêts ou les terres arides mais plutôt dans les villes, les banlieues, les ghettos, bidonvilles et favelas. Puis dans un deuxième temps je montrerai comment la capital financier a structuré un nouvel urbanisme placé en permanence sous contrôle. La guerre robotique met en oeuvre les nouvelles technologies permettant de cibler et de tuer ce nouvel ennemi abrité dans les profondeurs des nouvelles mégalopoles. Enfin, nous verrons justement comment «la stratégie du choc» parfaitement analysée par Naomi Klein permet d’éclairer la nouvelle politique militaire de l’impérialisme.
    2 – Du rural à l’urbain
    Les guerres coloniales se déroulent dans un environnement principalement rural (Indochine, Algérie, Vietnam). L’ennemi est un indigène-partisan (Viêt, guérilléro, fellagha) enraciné dans son milieu. Cet ennemi ne se distingue guère du civil. Il est caché au sein d’une population essentiellement rurale. Il se fait à la fois invisible et omniprésent. Durant la guerre d’Algérie, la DGR (Direction Générale du Renseignement) propose de quadriller le territoire algérien. Quadrillage qui consiste à répertorier l’ensemble des habitants, leurs lieux de vie et leurs mouvements pour les surveiller en permanence. L’objectif est de couper la population du maquis. Lors de la bataille d’Alger en 1957, le Dispositif de protection urbaine (DPU) a pour objectif de rationaliser l’emploi de l’armée en ville en mettant en oeuvre un quadrillage de la ville et, plus particulièrement, des quartiers musulmans. Ce dispositif devait éviter le retour en ville du FLN et favoriser la mobilisation en cas de crise. C’est d’ailleurs ce dispositif qui a constitué un des points d’appui du coup d’Etat du 13 mai 1958.
    Face à la guerre froide, paniquée par la perte de l’Empire et la menace révolutionnaire,
    une partie de la classe dominante est convaincue de la nécessité du contrôle total de la population.
    La guerre coloniale devient le laboratoire de ce projet. Le général Allard déclarait en 1956 : «L’étude de la guerre révolutionnaire n’est pas, ne doit pas être l’apanage des seuls militaires, car la guerre révolutionnaire n’est pas dans son essence une guerre militaire de conquête territoriale, mais une lutte idéologique de conquête des esprits, des âmes.» La propagande devient une arme essentielle dans la contre-révolution.
    Ce qui s’est passé à Paris le 17 octobre 1961 constitue un tournant. La manifestation de la  population musulmane a été gérée comme une véritable émeute armée. La police elle-même était armée. Il y eut planification systématique de la répression. La figure de l’indigène-partisan a été détruite  symboliquement et physiquement. A partir des années 1970, on reconstruit la figure de l’ennemi intérieur sur une base socio-ethnique. Désormais, l’espace urbain sera quadrillé par un dispositif. militaro-policier qui va ouvrir la porte au modèle sécuritaire. A partir de 1990, à la suite des révoltes dans les quartiers populaires (Vaulx-en-Velin, Sartrouville, Mantes-la-Jolie et Meaux) les renseignements généraux se reconvertissent dans la surveillance «des subversions cachés dans les cités».
    La défense opérationnelle du territoire (DOT) planifie la poursuite et l’élimination de l’ennemi intérieur depuis 1962. L’instauration du plan Vigipirate en 1978 accentue le quadrillage et la surveillance du territoire, intensifie les niveaux d’alerte, les patrouilles en armes et la psychose de peur. Il s’agit d’une politique délibérée de mise en condition de l’opinion publique.
    Le colonel Jean-Louis Dufour, spécialiste de la guerre en milieu urbain écrit en 1992 dans la revue Défense nationale:
    «Terroriser et démoraliser l’adversaire et  donc détruire ses cités sont deux exigences de la guerre totale…la ville est l’objectif majeur des guerres civiles.».
    Du 25 au 28 février 2008 se tient au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie  un exercice commun gendarmerie-police-pompiers permettant de tester plusieurs opérations de maintien de l’ordre en milieu périurbain sensible. Sont employés: tireurs d’élite et véhicules blindés. Désormais c’est la vie urbaine qui est progressivement placée sous surveillance et militarisée. Ce phénomène va se développer et s’amplifier dans toutes les grandes métropoles américaines et européennes. Il s’agit maintenant de contrôler et de criminaliser les populations des grandes métropoles.
    Les banlieues françaises sont désormais considérées comme des «colonies intérieures»
    Les années 1990 constituent un tournant. De 1989 à 2000, 23 émeutes dans le monde ont été déclenchées par la mort d’un jeune. La responsabilité des forces de l’ordre a toujours été engagée. On peut citer la France, les Etats-Unis, la Chine. La mondialisation et la hausse des prix alimentaires sont au coeur des émeutes à Kinshasa en décembre 1990. Les grandes villes de la république du Congo en septembre 1991 et janvier 1993, du Venezuela de mars à juin 1992, du Brésil, etc. sont le théâtre,  d’émeutes de la faim. En novembre 1999, le mouvement altermondialiste affronte les forces de police à Seattle. En 2001, c’est la manifestation contre le G8 à Gênes. Manifestation contre laquelle les forces de l’ordre mettent en place une véritable stratégie militaire. En France, c’est l’embrasement des banlieues de novembre 2005, les émeutes de Cergy, Saint-Dizier, Vitry-le-François et le Champ-de-Mars de Juin  2008, d’Asnières le 14 juillet. Entre 2006 et 2008, l’Etat assiège la ville d’Oaxaca au Mexique. Le port marocain de Sidi Ifni a fait l’objet d’un raid militaire à la suite d’un banal conflit sur l’emploi. La ville de Redeyef dans le sud tunisien, à la merci du monopole des mines de phosphate, a connu des émeutes alternant avec des offensives militaires  pendant six mois, de janvier à juin 2008. Silence total des médias.
    Une nouvelle configuration de la révolte  se met en place. L’intervention des forces de l’ordre se militarise.
    «Guerre aux frontières, ennemis à l’intérieur. Ennemis aux frontières, guerre à l’intérieur. La confusion des genres qui ouvre à la militarisation de l’action publique et à la déqualification symbolique de pans entiers de la population peut alors se généraliser. C’est exactement la logique qui a été adoptée par la politique du gouvernement français vis-à-vis des banlieues.»  Alain Bertho.
    3 – Le nouvel urbanisme
    L’espace urbain devient progressivement un point de focalisation déterminant de la lutte politique et de la guerre de classes.
    La ville constitue le lieu de valorisation par excellence du capital  financier et symbolique. La financiarisation libérale colonise l’espace urbain. Au centre ville, on cherche à se retrouver entre soi. C’est le phénomène    de gentrification combiné au développement des banques, bureaux, commerce de luxe, musées et  quartiers réservés. La mégalopole se construit ainsi par l’exclusion. David Harvey montre comment aux Etats-Unis en 2007 «quelques deux millions de personnes, principalement des mères célibataires et leur famille, des Afro-Américains vivant dans les grandes villes  et des populations blanches marginalisées,  de la semi-périphérie urbaine, se sont vus saisir leur maison et se sont retrouvés à la rue. C’est ainsi que de nombreux quartiers des centres-villes et que des communautés périurbaines entières ont été dévastées à cause des prêts consentis par les prédateurs des institutions financières.». Dans les mégalopoles des pays pauvres et émergents, les agences de développement financées par la banque mondiale bâtissent et protègent des «îlots de cyber-modernité au milieu des besoins urbains non  satisfaits et du sous-développement général.» (Mike Davis). La mégalopole monstrueuse devient un lieu de relégation sociale. Elle est perçue comme une obscure menace par les classes dominantes. Désormais, la doctrine de la guerre sans fin renforce la militarisation de la vie urbaine. Les grandes métropole mondiales organisent les flux financiers, façonnent le territoire et le développement géographique. «Avec leurs marchés boursiers, leurs technopoles, leurs salons de l’armement et leurs laboratoires d’Etat dédiés à la recherche sur de nouvelles armes, ces villes sont les cerveaux du processus actuel de mondialisation dans lequel la militarisation joue un rôle majeur.» (Stephen Graham). Les nouvelles techniques militaires urbaines  favorisent un urbanisme de plus en plus prédateur et permettent de mettre en place des infrastructures hypermodernes dédiées à la financiarisation, à la consommation de luxe et au tourisme. Du même coup, «les forces ennemies» se dissimulent dans l’environnement urbain et les zones industrielles. Il faut domestiquer la ville. Cette domestication passe par la mise en place d’une technologie hypersophistiquée. Ces techniques élaborées dans les laboratoires militaires transforment les armées occidentales en forces contre-insurrectionnelles high-tech. Chaque citoyen est une cible potentielle pouvant être identifiée et surveillée en permanence. Les grandes agglomérations mondiales deviennent potentiellement les principaux champs de bataille.
    A noter que dans de nombreux pays occidentaux, les zones rurales et périurbaines sont devenues le coeur du militarisme et du patriotisme le plus archaïque. Stephen Graham remarque que les ruraux sont majoritaires au sein de l’armée américaine. Entre 2003 et 2004, 44,3% des soldats morts au combat au cours des opérations en Irak étaient issus des agglomérations de moins de 20 000 habitants. La culture militaire américaine se caractérise par la haine des villes imaginées comme des lieux de décadence. Mutatis mutandis, on peut rapprocher ce phénomène de l’implantation rurale et périurbaine du vote Front National en France. L’isolement géographique, la fragmentation sociale, la dissolution des rapports de solidarité favorisent la construction des réflexes de peur et des crispations identitaires.
    Le nouvel urbanisme libéral doit tout à la fois valoriser et consolider les grands pôles économiques et financiers tout en contenant dans d’étroites limites les populations considérées comme dangereuses, capables de mobilisation sociales ou de terrorisme infrastructurel. Il faut séparer les grandes villes du nord des multitudes menaçantes situées aux delà des barrières urbaines. Les manifestations, la désobéissance civile, le militantisme syndical sont criminalisés et considérés comme des actes de guerre urbaine nécessitant une réponse militaro-policière adaptée.  D’où la mise en place des projets de guerre high-tech. Une guerre propre et vertueuse !
    4 – Les villes sous contrôle
    La puissance militaire doit se déployer aussi dans l’espace urbain. Pour les experts du Pentagone, il faut pouvoir identifier et suivre les «cibles de guerre non conventionnelles», telles que «les individus et les groupes insurgés ou terroristes qui ont la particularité de se mêler à la société.».
    La surveillance et le renseignement se concentrent désormais sur des techniques d’extraction de données, de pistage et de surveillance. La vidéosurveillance se démultiplie. Par exemple, les anglais sont surveillés par près de 2 millions de caméras. En France, les drones surveillent les Cités depuis plusieurs années. La biométrie, l’iriscopie, l’ADN, la reconnaissance de la voix, du visage, de l’odeur et de la démarche permettent de coder et de pister toute personne suspecte ou tout individu qui passera les frontières. Une agence américaine liée à la défense (Darpa) envisage de mettre au point un programme de détecteurs censés rendre les édifices urbains transparents. D’autres branches de la recherche militaire développent de nouveaux radars intégrés à d’énormes dirigeables qui survoleraient en permanence les villes occupées afin de réaliser des collectes massives de données. Des essaims de micro et nano-capteurs pourraient être lâchés dans les villes pour fournir de l’information aux armes automatisées. Des robots tueurs son déjà à l’oeuvre sur les terrains d’opération. En 2006, les premiers robots armés de mitrailleuses et contrôlés à distance ont été utilisés à Bagdad. En 2007, l’armée israélienne annonce que la frontière entre  Israël et Gaza sera la «première frontière automatisée» au monde avec des snipers robotisés.
    L’armée américaine se concentre désormais sur les techniques de ciblage et de  géo-localisation par satellite. Une guerre appuyée sur les réseaux est envisageable. Cette guerre devient une guerre propre et indolore pour la domination militaire américaine. Bref, on assiste à un tournant high-tech et urbain de la guerre. Les systèmes de surveillance doivent permettre de scruter tous les détails de la vie quotidienne dans les zones urbaines. La première étape est constituée par la surveillance permettant d’alimenter les bases de données. Une deuxième étape est caractérisée par «le développement d’armes terrestres et aériennes robotisées qui, une fois connectées aux systèmes de surveillance et d’identification (…) seront déployées pour (…) détruire sans relâche et de manière automatique.» (Stephen Graham). Les chercheurs de l’armée américaine développent déjà le concept d’insectes robotisés et armés qui reproduiraient le vol des insectes biologiques. On pourrait même envoyer des essaims de micro-robots volants qui pourraient s’attaquer à l’ADN d’un individu et lui injecter des armes biologiques dans le sang. Il est vrai que la mentalité  américaine est fascinée par la littérature science-fictionnelle. Cette fascination est largement exploitée par le complexe militaro-industriel et par l’industrie du divertissement. La guerre robotique est partout. Dans les jeux vidéo, les films et les  romans.
    Cette préparation à la guerre construit également des simulacres urbains destinés à conditionner et entraîner les futures troupes de l’impérialisme dominant. Une centaine de villes en miniature sont en construction autour du globe. La majeure partie se trouve aux Etats-Unis. D’autres sont situées au Koweït, en Israël, en Angleterre, en Allemagne et à Singapour. Elles simulent les villes arabes et les villes du tiers monde.  Ces villes artificielles mobilisent tous les clichés racistes: orientalisme de pacotille, magma labyrinthique, absence de société civile. Les insurgés sont coiffés de keffiehs et armés de kalachnikovs AK47 et de lance-roquettes. Ces villes ne sont que des théâtres opérationnels aptes seulement à recevoir les marchandises produites par les multinationales. En quelque sorte, ce sont des villes poubelles dépourvues de toute humanité. Il existe un simulacre électronique de Jakarta. Une portion de la ville de  vingt kilomètres carrés a été numérisée dans tous ses détails avec une reproduction en trois dimensions. Une ville palestinienne a été reconstituée par des ingénieurs américains dans le désert du Néguev. Des jeux vidéo proposent même une réplique virtuelle de Bagdad. «L’armée américaine considère que jouer aux jeux vidéo est une forme d’entraînement militaire préalable tout à fait efficace.». Les systèmes de contrôle des drones s’inspirent directement des consoles Playstation. D’une certaine façon, la robotisation rend la guerre acceptable et la violence propre. La mort, le sang, la souffrance et les cris s’évaporent au profit du divertissement.
    L’armée américaine s’inspire directement des pratiques israéliennes. La bande de Gaza est devenue un véritable laboratoire. L’armée israélienne y a expérimenté des nouvelles techniques de contrôle et de guerre anti-insurrectionnelle. Cette guerre s’accompagne du déni total des droits accordés aux populations palestiniennes. Le mur de béton érigé en Cisjordanie sert de modèle aux troupes américaines afin de quadriller les quartiers de Bagdad. Israël se pose en exemple planétaire de l’urbanisme militaire contre-insurrectionnel et devient le quatrième plus gros exportateur d’armes et d’équipement de sécurité au monde. A la suite de la guerre au Liban en 2006, Israël a connu l’une de ses meilleures années au plan économique. La bourse de Tel-Aviv a gagné 30 %.
    Il faut noter que cette hyper-sophistication de la guerre se combine avec une accélération de la tendance à la privatisation. La guerre est sous-traitée.
    En Irak, les services de santé, les hébergements, l’approvisionnement et le soutien logistique  sont privatisés. Il y a convergence entre le gouvernement américain obsédé par les nouvelles technologies de l’information et les industries de la sécurité. Naomi Klein considère qu’il s’agit de «a définition même du corporatisme: la grande entreprise et le gouvernement tout puissant combinant leurs formidables puissances respectives pour mieux contrôler les citoyens.»
    5 – Le capitalisme du désastre
    Cette domination médiatico-sécuritaire relève à la fois d’une machine à commander et d’une machine à produire du spectacle.
    Machine à commander parce qu’elle exerce un pouvoir réel d’injonction et de contrôle sur les populations. Machine à spectacle parce qu’elle cherche à mettre en scène les menaces pour susciter peur et résignation. En France, les quartiers populaires sont soumis à une surveillance et à une répression expérimentales liées à la mise en place, à l’échelle mondiale, du capitalisme sécuritaire.
    La guerre qui vient cherche à créer un enfer urbain. C’est à dire à démoderniser, en particulier, les villes et les sociétés du Moyen-Orient. C’est à dire à détruire leurs infrastructures vitales, à rejeter les habitants au-delà du centre ville et à leur dénier tout droit. L’US Air Force  proclamait qu’elle bombarderait l’Afghanistan  jusqu’à ce qu’il «retourne à l’âge de pierre.». A propos de l’Irak, le sous-secrétaire général des Nations-Unis Martti Ahtisaari, faisant état de sa visite en Irak en mars 1991 déclare: «Presque tous les moyens de subsistance de la vie moderne ont été détruits ou  fragilisés. L’Irak a été relégué, pour encore quelques temps, à l’ère préindustrielle, mais avec tous les handicaps liés à une dépendance postindustrielle reposant sur une utilisation intensive d’énergie et de technologie.». La majorité des décès (111 000 personnes) sont attribués aux problèmes de santé de l’après-guerre. L’UNICEF a estimé qu’entre 1991 et 1998 il y avait eu plus de 500 000 morts excédentaires parmi les enfants irakiens de moins de cinq ans.
    L’ultralibéralisme met à contribution crises et désastres naturels pour imposer partout la loi du marché et la barbarie spéculative. C’est ce que Naomi Klein appelle «le capitalisme du désastre». La guerre en Irak est exemplaire de ce point de vue. Elle accouche d’un «modèle de guerre et de reconstruction privatisée». Ce modèle est exportable dans le monde entier. Toute entreprise liée à la haute technologie (biotechnologie, informatique, télécom) peut facilement se présenter comme dédiée à la sécurité et justifier des mesures draconiennes en termes de ciblage et de surveillance. On peut penser que la guerre sans fin finisse par éradiquer la démocratie elle-même. Rien ne peut rester extérieur à la guerre totale.
    Mais la guerre robotisée se heurte à ses propres limites. La crise de l’hégémonie américaine est accentuée par les échecs en Irak et en Afghanistan. Les effets dramatiques de la crise économique amplifient la menace de déstabilisation intérieur. Un ancien officier de l’armée de terre notait en 2008:

    «L’extension massive de la violence à l’intérieur des Etats-Unis contraindrait l’appareil de défense à réorienter ses priorités en urgence afin de défendre l’ordre intérieur fondamental et la sécurité humaine.»

    L’espace urbain virtuel,  numérisé par les laboratoires militaires, ignore la dimension humaine. Il  néglige l’homme dans sa dignité, dans sa capacité de résistance et de solidarité. Il ne prend pas en compte l’opinion publique internationale. De New-York à Athènes et de Madrid au Caire, la vieille Taupe poursuit son travail: Hic Rhodus, hic salta !…