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  • CRISE BALKANIQUE, CRISE EUROPÉENNE

    ◘ 1. Les Balkans, point d'acupuncture en Europe
    Toute vision géopolitique de l'Europe pose celle-ci comme un organisme vivant, qui a des points vulnérables et d'autres mieux protégés, en bref, des points faibles et des points forts. Tous les pays et tous les peuples européens ont leur fonction propre dans l'ensemble continental mais certains territoires ou certaines ethnies ont une importance prépondérante, si prépondérante que la santé ou la maladie du corps-Europe entier en dépend. Aujourd'hui, vu les circonstances, personne ne niera que les Balkans sont un point particulièrement sensible dans l'ensemble géopolitique européen. Dans cette région en effervescence, 3 forces géopolitiques majeures de l'Eurasie se trouvent face à face, créant de la sorte un noud inextricable de problèmes. S'il y a harmonie dans les Balkans, l'organisme européen fonctionne plus ou moins bien. Quand on touche à l'équilibre toujours précaire des Balkans, quand on y suscite des conflits, quand on se livre à des provocations dans cette région instable, quand les grandes puissances européennes interviennent dans les conflits balkaniques, les répercussions se font immédiatement ressentir dans tout le continent et on risque une guerre européenne comme en 1914.
    En effet, la Première Guerre mondiale a commencé à Sarajevo. Pendant la seconde guerre mondiale, les territoires de la Yougoslavie – surtout les nouveaux États croate et serbe – ont été les foyers de conflits atroces, tragiques et sanglants. En vase clos, les peuples balkaniques vidaient leurs querelles : oustachistes croates, musulmans pro-allemands, tchetniks serbes monarchistes et nationalistes, internationaux communistes de Tito, Bulgares alliés à l'Axe, Albanais et Macédoniens, etc. s'entretuaient à qui mieux mieux. Ces luttes intérieures étaient marquées par une violence extrême, par des génocides épouvantables, par la guerre ou plutôt la guerilla totale, où participaient et mouraient femmes, enfants et civils, sans exception. Aujourd'hui, l'histoire se répète : la guerre est revenue dans les Balkans. Et une fois de plus, c'est une guerre totale. Génocides, massacres de civils, déportations, tortures, viols, atrocités, décapitations, étripages, yeux crevés font partie du décor quotidien. Hallucinant !
    Le conflit dans l'ex-Yougoslavie est pourtant différent des autres conflits sanglants qui agitent l'Eurasie. Arméniens et Azéris, Moldaves et Russes "transnistriens", Géorgiens et Abkhazes, etc. luttent pour des intérêts locaux, étroitement déterminés parles appartenances ethniques. Ni en Azerbaïdjan ni en Armenie, on ne parle de guerre religieuse. Les Azéris ne parlent pas de djihad. Les Arméniens ne font aucune référence à la défense de la Chrétienté. Dans l'ex-Yougoslavie, la situation est radicalement différente ! C'est une guerre entre Slaves : avec, comme protagonistes, les Serbes orthodoxes, les Bosniaques (Serbes et Croates ethniques convertis à l'Islam il y a 5 siècles) et les Croates (Slaves catholiques). Il s'agit donc d'une guerre religieuse, où toutes les parties sont profondément conscientes de l'essence métaphysique et de la perspective géopolitique qu'ils défendent.
    La guerre actuelle dans les Balkans risque d'être le commencement d'une grande guerre continentale. Les arguments des pacifistes ne compteront plus. Tant sont profondes les forces mises en jeu dans cette région. Le site géographique de cet affrontement est trop important pour l'Europe et pour l'harmonie continentale. Ceux qui disent d'ores et déjà que la guerre grande-continentale a commencé, n'ont peut-être pas tout-à-fait tort.

    ◘ 2. Trois forces, trois peuples
    Dans les Balkans, on aperçoit 3 forces géopolitiques qui sont entrées en conflit mortel.

    • a) Les Serbes
    Quand on parle des Serbes dans le conflit actuel, il s'agit des Serbes de Serbie et de la Kraïna (terres peuplées de serbes et gouvernés par des irréguliers serbes dans les territoires de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie). En Bosnie, les territoires contrôlés par les Serbes occupent 60 % de la superficie de la République. Ces serbes de la Kraïna et de Bosnie ont proclamé une "République serbe" indépendante. Ils représentent le monde de l'orthodoxie. Ils s'identifient à la Russie, et par logique géopolitique, à l'Eurasie, mais au sens limité, petit-eurasien, que lui donnaient les philosophes eurasistes russes, qui posaient l'équation "Russie = Eurasie" et soulignaient la présence, dans l'ensemble étatique, impérial, culturel et religieux russe, d'une grande composante territoriale asiatique. Les Serbes représentent une force qui s'identifie à l'Orient de l'Europe. Aujourd'hui, à cette heure critique et dramatique de leur histoire, tous les Serbes, depuis les intellectuels jusqu'aux simples paysans, en passant par tous les soldats et les miliciens, ont conscience que leur pays représente quelque chose de beaucoup plus grand que la petite Serbie, que la petite ethnie slave du Sud-Est européen. Certains Serbes sentent derrière eux la présence des vastes étendues sibériennes; un pays du Nord de la Bosnie, s'appelle "Simberie"; il est peuplé de Serbes. Le célèbre peintre et mystique serbe Milosc de Matchva affirme que les mots "Serbie" et "Sibérie" ont une même racine ancienne. Serbes et Monténégrins ont un dicton : "Nous et les Russes sommes 200 millions d'hommes". Et encore : "Du haut des plus hautes montagnes des Balkans, on peut apercevoir Moscou si la nuit est claire".

    • b) Les Croates
    Ils vivent sur 70 % du territoire de la République croate. Les 30 % restants relèvent de la Kraïna serbe. Les Croates occupent également 20 % du territoire de la Bosnie-Herzégovine, où ils ont annoncé la création d'un nouvel État croate de Bosnie-Herzégovine. La langue des Croates ne diffère guère de celle des Serbes. Ils sont en majorité catholiques. Dans la situation actuelle, les Serbes convertis au catholicisme (qui habitent surtout dans les régions méridionales de la Croatie) sont absolument solidaires des Croates. Ceux-ci représentent dans les Balkans l'Europe centrale, la Mitteleuropa, bien qu'il ne faut pas oublier qu'à l'époque de la création de la Yougoslavie et de la désintégration de l'empire austro-hongrois, les Croates étaient les premiers à voter pour la sécession d'avec l'empire danubien/centre-européen et pour l'unification avec les autres Slaves du Sud.
    Quoi qu'il en soit, les Croates, pendant la seconde guerre mondiale et aujourd'hui, s'associent explicitement aux intérêts de la Mitteleuropa, de l'Autriche catholique et de l'Allemagne. Ils se considèrent comme "européens" et "civilisés" par contraste avec les Serbes qu'ils décrètent "asiatiques" et "barbares". Chez les Croates – du moins chez ceux qui soutiennent Tudjman ; ce n'est pas le cas de ceux qui sont engagés dans les rangs du HOS de Dobroslav Paraga – l'idée d'Europe et le mythe de la Mitteleuropa s'associent avec l'engouement pour le "monde moderne". Mais en dépit de ce modernisme, on repère chez eux une certaine "judéophobie", répondant à une certaine "judéophilie" des Serbes. En effet, chez les Serbes, on éprouve une certaine sympathie pour les juifs, parce qu'on se sent proche d'eux; on est solidaire du peuple hébreu qui a subi un génocide, à l'instar des Serbes.
    Les Croates sont extrémistes dans leur catholicisme. On voit chez eux des prêtres qui bénissent les armes et encouragent les "opérations spéciales" de "purification ethnique", car ils considèrent que la guerre contre les Serbes est une guerre sainte contre l'"Asie".
    Derrière les Croates, il y a la Mitteleuropa, l'Allemagne et surtout le catholicisme des provinces méridionales et de l'Autriche. Les Croates se veulent des représentants de l'Occident européen, face aux Serbes orthodoxes et aux Bosniaques musulmans. Les Serbes appellent les Croates les "Oustachistes" et parfois même les "Allemands". De leur côté, les Croates appellent les soldats du bataillon russe de l'ONU, les "tchetniks russes". Pour les Croates "allemands", les Serbes sont "russes" et les Russes sont "serbes".

    • c) Les Bosniaques
    Les Bosniaques vivent dans le territoire de la République de Bosnie-Herzégovine, mais leurs terres sont éparpillées, dispersées sur toute la surface de la république. Il n'y a que 3 espaces homogènes, relativement grands, en Bosnie-Herzégovine, qui sont peuplés de Musulmans : le rayon de Bekhatch (nord-ouest de la République), les terres autour de Tuzla (dans le Nord) et l'espace au Sud de Sarajevo. La population de cette dernière ville est à 60 % musulmane.
    Les Bosniaques sont des Serbes ethniques qui sont entrés en Islam à l'époque de la conquête turque. Paradoxalement, les Musulmans bosniaques sont ethniquement plus "purs" que les Serbes orthodoxes. Beaucoup de Musulmans de l'ex-Yougoslavie présentent des types dolicocéphales à pigmentation claire. Pour quelle raison ? Les troupes turques-ottomanes ne violaient pas les femmes de ceux qui s'étaient convertis à l'Islam. Les Serbes orthodoxes sont beaucoup plus turquisés que les Musulmans bosniaques sur le plan racial. N'omettons pas de signaler un événement historique très important dans l'évolution de la mosaïque balkanique : les Musulmans actuels sont en gros des anciens Bogomils, une secte dualiste opposée aux églises constituées et persécutée tant par Rome que par Byzance; le roi des Bogomils, Tverdko, s'est converti à l'Islam pour des raisons religieuses plus que par opportunisme. En fait ce sont les Musulmans de Bosnie qui sont les descendants de la noblesse serbe médiévale, surtout dans le sud du pays. Les paysans et les serbes de condition modeste ont conservé en revanche la foi orthodoxe, surtout dans le Nord de la république.
    Les Musulmans bosniaques se considèrent comme partie intégrante de l'Umma islamique malgré leur parenté ethnique avec les Serbes orthodoxes. Pour eux, le modèle est la Turquie, quoiqu'Alia Izetbegovitch, le président de la République de Bosnie actuelle, est un fondamentaliste, très influencé par les idées de la Révolution islamique iranienne. Du fait qu'il ait affirmé jadis que la République de Bosnie-Herzégovine était un "pays musulman", il a déclenché la rebellion des Serbes orthodoxes et des Croates catholiques.
    Les Bosniaques, sur le plan territorial, sont dans une situation désastreuse; leur territoire n'est pas homogène, leurs frontières sont démembrées et il n'y a aucune zone compacte dans laquelle ils pourraient se rassembler. Mais ils sentent que le monde musulman les appuie. Et que la Turquie est prête à les aider pour reprendre pied dans les Balkans. Enfin, que les Saoudiens sont prêts, eux aussi, à leur apporter de l'aide, surtout sur le plan financier. Paradoxalement, malgré les sympathies pro-iraniennes d'Izetbegovitch, le facteur iranien est fort peu présent en Bosnie.
    Les Musulmans se considèrent comme les représentants du Grand Sud islamo-turc ou islamo-arabe. Pour eux, les Serbes sont des "nationaux-bolchéviques", des "soviétiques" ou des "tchékistes". Les Croates sont "modernistes" et "utilitaristes". Ils sont prêts à proclamer la guerre sainte, la djihad, pour protéger la foi islamique et établir l'État islamique. Ils soutiennent l'idée de "Grande Turquie" annoncée par Özal, "de la Mongolie jusqu'à Sarajevo". Les Bosniaques forment plus ou moins 49 % de la population de Bosnie-Herzégovine mais sentent derrière eux l'appui de plusieurs centaines de millions de Musulmans.
    Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Bosniaques musulmans étaient solidaires des Croates, la Bosnie-Herzégovine faisant d'ailleurs partie de l'État oustachiste croate d'Ante Pavelic ; selon les Serbes, les Musulmans étaient partie prenante dans le génocide anti-serbe. Aujourd'hui, la situation est légèrement différente : il y a une certaine solidarité entre Bosniaques et Croates dans les régions contrôlées par les Serbes, mais, en même temps, il y a aussi un antagonisme entre Musulmans et Croates dans le Sud-Ouest du pays, là où les Croates ont proclamé la République croate de Bosnie-Herzégovine. À Sarajevo, les Croates subissent le même traitement brutal que les Serbes dans les quartiers de la ville contrôlés par les milices d'Izetbegovitch et, souvent, dans de tels cas, les Croates collaborent avec les Serbes pour tenter de quitter Sarajevo.
    En conclusion, nous pouvons dire que le conflit actuel qui secoue l'ex-Yougoslavie est un conflit d'importance continentale voire mondiale. Trois forces métapolitiques voire métaphysiques majeures sont entrées en conflit et risquent de faire basculer la Grande Europe dans une guerre terrible. Si ces forces vivaient en harmonie et s'alliaient, l'Europe vivrait dans la stabilité et la sécurité. À cause du conflit balkanique, on risque une nouvelle querelle entre Russes et Allemands (l'axe Orient-Occident) ou, autre scénario, on verra se former une alliance entre Russes et Allemands contre le monde musulman turc et arabe (l'axe Nord-Sud). À qui profiteront ces conflits potentiels ?

    ◘ 3. Chercher l'intérêt américain
    L'opposition entre l'atlantisme et l'eurasianisme est la constante géopolitique majeure dans l'histoire moderne; les représentants les plus sérieux de la discipline géopolitique le reconnaissent : depuis Mackinder et Kjellen jusqu'à von Lohausen et Béhar, en passant par les Américains Spykman et Gray. L'histoire du XXe siècle a confirmé plusieurs fois la pertinence des thèses de Karl Haushofer : la défense de l'Europe dépend directement de la possibilité de l'alliance géopolitique des puissances du bloc eurasien, soit l'Axe Berlin-Moscou-Tokyo. Les puissances continentales conscientes de leurs intérêts géopolitiques ont toujours soutenu cette alliance. La politique atlantiste, anglo-saxonne, depuis quelques siècles et, dans le chef des Américains, depuis 1945, a toujours cherché à briser ce bloc continental, à provoquer des luttes intérieures sur le continent pour mieux pouvoir réaliser la "stratégie de l'encerclement", ou la "politique de l'anaconda".
    La France et l'Angleterre ont provoqué la création de la Yougoslavie pour détruire l'Empire centre-européen qu'était l'Autriche-Hongrie, de façon à affaiblir l'Allemagne et pour engager la Russie dans l'alliance suicidaire, contre nature, avec l'Occident, contre la seule puissance logiquement amie de la Russie, la Mitteleuropa unifiée ou l'Allemagne. En guise de récompense, la Russie a reçu la révolution bolchévique et l'Allemagne, en guise de punition, le Traité de Versailles. Les Croates, eux, ont reçu la Yougoslavie artificielle qui a réduit en bouillie leurs libertés ethniques. Seules les puissances atlantiques et anglo-saxonnes ont tiré des avantages des carnages de 1914-18 : des positions fortes dans les rimlands de l'Eurasie qui leur permettaient de préparer la domination géopolitique et stratégique du monde.
    Pendant la Seconde Guerre mondiale, un scénario identique s'est répété. Les Allemands ont attaqué les Russes qui, après avoir encaissé un choc très rude, se sont ressaisis et ont écrasé les Allemands. Les Soviétiques soutenaient Tito, communiste croate ; les Anglais et les Américains soutenaient les tchetniks serbes contre l'Europe centrale unie sous la poigne allemande. Après 1945, la Russie souffre d'"hypertension impériale" parce qu'elle doit défendre des frontières immenses sur le continent et contrôler des groupes d'États différents et opposés les uns aux autres. Pendant ce temps, les Américains préparent dans leur Grande Île facilement défendable le dernier round pour obtenir la domination mondiale unipolaire, qu'ils nommeront, lors de la guerre du Golfe, le "Nouvel Ordre Mondial".
    Après la destruction de l'URSS, les atlantistes devaient, tout logiquement, inventer un autre moyen d'affaiblir le continent rival (l'Eurasie). On connaît la recette : susciter une nouvelle guerre inter-européenne. Et la faire débuter dans les Balkans, parce que c'est le point le plus sensible de l'architecture européenne, comme on l'enseigne dans tous les collèges militaires et dans les écoles de diplomates, tous lieux où on n'oublie pas les vieilles leçons de la géopolitique.
    Détail intéressant : les 3 parties engagées dans le conflit actuel qui ravage l'ex-Yougoslavie s'accusent mutuellement d'être "les marionnettes du Nouvel Ordre Mondial". Les Serbes sont bien conscients de la campagne mondiale anti-serbe, dont les exagérations, la fausseté et le caractère manipulatoire sautent aux yeux aujourd'hui. Les sanctions contre la Serbie auraient été prises sans qu'aucune preuve tangible n'ait vraiment été établie. Tout cela a été orchestré par les Américains qui, après avoir soutenu une monstruosité géopolitique  (la Yougoslavie)  en soutiennent deux autres, la Bosnie-Herzégovine et la Croatie dans leurs frontières actuelles qui ne correspondent à aucune réalité historique, ethnique ou religieuse. Or, face à ces critiques serbes, les Croates sont bien conscients du rôle fatidique que jouent les États-Unis dans la région : bon nombre d'observateurs croates accusent les "atlantistes" de pratiquer leur stratégie habituelle : soutenir l'Orient de l'Europe pour mieux écraser la Mitteleuropa germano-centrée.
    Pour des raisons plus précises encore, les Musulmans de Bosnie considèrent que leurs ennemis sont les "agents géopolitiques des États-Unis" parce que, disent-ils, Serbes et Croates luttent objectivement en Bosnie contre le régime "traditionaliste" et "fondamentaliste" d'Izetbegovitch, donc contre une alternative vivante et efficace au monde moderne dont la citadelle est l'Amérique. Les Serbes se mobilisent, se mettent en état d'alerte, face à la perspective d'une intervention américaine. Plusieurs combattants serbes de Bosnie-Herzégovine m'ont confirmé qu'ils étaient prêts à lutter contre les troupes américaines au cas où celles-ci pénètreraient de force dans le pays.
    Après l'Irak, c'est donc la deuxième guerre contre l'Europe que mènent les Américains (pour reprendre l'expression du Général Jordis von Lohausen) depuis le début de la décennie 90. Mais cette fois, les forces vives de l'Europe, les grandes puissances européennes, sont beaucoup plus directement impliquées.
    Il me semble parfaitement légitime de qualifier le conflit actuel dans les Balkans comme une "guerre des atlantistes contre les Eurasiens". Comme une guerre de l'Amérique contre l'Europe.

    ◘ 4. Trois révolutions conservatrices méconnues
    De la tragédie post-yougoslave, on peut donner une autre analyse, qui n'est plus globale, géopolitique, qui ne situerait plus seulement le drame des Balkans dans le cadre d'une stratégie atlantiste, visant à semer le chaos et à ébranler la stabilité continentale de l'Eurasie. Cette autre analyse part d'une prise en compte de la dimension intérieure des événements, dimension qui interpelle directement les peuples et qui révèle des choses extraordinaires.
    Quand la Yougoslavie s'est définitivement effondrée, quand cette création chimérique fondée sur la politique de Tito qui consistait à participer à l'encerclement de la masse continentale socialiste avec l'appui de Washington, tout en conservant  (paradoxe apparent)  des liens économiques et surtout stratégiques avec l'Union Soviétique et l'Europe orientale socialiste, les peuples ont perdu toute une série d'illusions modernistes. Après la disparition du communisme yougoslave, philo-américain et d'orientation nettement mondialiste, les peuples de l'ex-Yougoslavie ont été entraînés dans un courant très différent de celui dans lequel les autres peuples des pays ex-socialistes, Russie comprise, ont plongé. Si les autres pays ex-socialistes ont accepté le modèle du libéralisme cosmopolite, le paradigme américain et ont infléchi leur politique extérieure dans un sens clairement pro-américain, la guerre brutale entre Serbes et Croates, puis entre Serbes et Musulmans de Bosnie-Herzégovine, a provoqué les réveil de consciences nationales voire traditionnelles sans précédent. Les limites conventionnelles de l'utopie mondialiste ont été rompues, dépassées, et les énergies profondes des divers héritages religieux, nationaux, historiques et traditionnels se sont déchaînés dans le processus violent et ardent de cette triple révolution conservatrice balkanique, de ce Grand Retour aux essences traditionnelles et nationales, aux valeurs oubliées de l'identité.
    Lorsque j'ai rencontré le Président de la République serbe de Bosnie-Herzégovine, Mr. Karadjic, il a prononcé devant moi ces paroles extraordinaires : "On nous accuse d'être des "barbares", des "Asiatiques", etc. C'est vrai. Nous, les Serbes, nous ne sommes pas modernes. Parce que nous sommes orthodoxes, conscients de nos racines slaves, fiers de notre passé héroïque. Ici, dans la République serbe de Bosnie-Herzégovine, nous ne luttons pas contre les Musulmans et les Croates, nous luttons contre le monde moderne, contre la modernité. Ici, il n'y a plus de "temps vulgaire". Ici, notre temps est le temps national. Les héros serbes qui sont morts lors de la bataille du Kossovo, il y a plus de 600 ans, ceux qui sont morts pendant notre longue lutte contre les Turcs au cours du XIXe siècle, ceux qui sont tombés pendant les deux guerres mondiales de ce siècle, et ceux qui combattent aujourd'hui, tous appartiennent à un seul moment historique, à l'instant éternel de la Tradition, de notre Tradition religieuse et nationale. Aujourd'hui, c'est l'éternité nationale du peuple qui s'ouvre, qui se réveille, qui s'affirme au milieu de l'horreur, de la souffrance, de la violence, de l'héroïsme, de la guerre. Nous sommes reconnaissants vis-à-vis de nos ennemis : ils nous ont réveillés".
    Ces paroles, complètement inattendues dans la bouche d'une personnalité politique européenne de la fin du XXe siècle, me paraissent prophétiques. Elles témoignent que, chez les Serbes, après l'effondrement du communisme, c'est une sorte de révolution conservatrice qui se déploie, qui devient modèle national, qui refuse le cosmopolitisme libéral. Karadjic annonce une "troisième voie" serbe, à la fois traditionnelle et nationale. Le peuple serbe qui, il y a quelques années seulement, était une masse inconsciente, consumériste, conformiste, subissant deux tentations également perverses, celle du bureaucratisme soviétique et celle du capitalisme occidental, s'est transformé, s'est transfiguré en un organisme vivant, en un tout organique. Ce n'est pas un pas en arrière comme l'affirment les progressistes libéraux ou sociaux-démocrates, mais un Retour à l'Archétype national, qui, comme tous les archétypes, est a-temporel. En Serbie, partout on voit des popes orthodoxes, des militaires et des civils (travailleurs et paysans) armés :  les 3 castes de la trifonctionalité indo-européenne sont ressuscitées, réanimées, après tant d'années sous le règne de la quantité, de facture communiste ou démocratique. Cette guerre a guéri les Serbes, mais aussi les Croates et les Bosniaques islamiques, des miasmes de l'occidentalisme. Karadjic voit juste : c'est la guerre, en tant que manifestation purificatrice, et les ennemis, en tant qu'instruments du destin, qui ont guéri le peuple de sa médiocrité.
    Justement, que se passe-t-il chez les ennemis des Serbes ? Chez les Croates et les Bosniaques musulmans, la situation est tout-à-fait comparable. Alia Izetbegovitch, le Président actuel de la Bosnie-Herzégovine, est un partisan convaincu du gouvernement islamique, anti-libéral, traditionnel et fondé sur la S'hariat. Pour lui, la création d'un État fondamentaliste islamique en Europe signifie organiser un bastion d'avant-garde, un avant-poste, dans la lutte de l'Islam eschatologique contre le "Dar-ul Daddjal", le "monde du Satan". Il associait au "Dar-ul Daddjal", la Yougoslavie athée, pro-américaine et moderniste. Pour son engagement islamique, il a purgé une dizaine d'années de prison, avant que les modernistes communistes ne baissent la garde, avec la perestroïka de Gorbatchev. Les Musulmans bosniaques luttent non seulement pour le maintien de leur république  (face à un ennemi supérieur en nombre et avec des forces dispersées sur l'ensemble du territoire)  mais découvrent leur identité spirituelle et traditionnelle. C'est une véritable révolution conservatrice musulmane qui s'est déclenchée en Bosnie. On y assiste au même retour à l'"instant éternel" dont parle Karadjic, le principal ennemi d'Izetbegovitch. Pour les Bosniaques, la guerre actuelle est une véritable djihad, une guerre sainte menée contre la modernité, contre le Nouvel Ordre Mondial.
    Chez les Croates, même scénario. Pour eux, la lutte tragique qu'ils mènent, la défense acharnée de Vukovar – le "Stalingrad croate" – leur guerre totale, ont provoqué le réveil de la conscience nationale, de l'identité populaire et de la Tradition. S'il y a encore en Europe des Catholiques au sens intégral et médiéval du terme, il faut aller les chercher en Croatie. Pour ces Croates, la foi et la culture typiques de la Mitteleuropa, représentent aujourd'hui les valeurs existentielles pour lesquelles ils n'hésitent pas à mourir, à sacrifier tous leurs biens, y compris leurs familles. Ils associent les Serbes à la dictature aliénante et artificielle qui a empêché le peuple croate de suivre son destin, de se développer sur les plans national et culturel. La Croatie de Tudjman vit une révolution conservatrice croate qui a pour objectif de créer un nouveau régime traditionnel croate, ouvert à l'Europe et surtout aux autres pays de la Mitteleuropa, de l'ancienne monarchie austro-hongroise. Là-bas aussi, l'"instant éternel" est revenu et se heurte au mondialisme explicite de cette fin de siècle, incarné, à leurs yeux, dans la Yougoslavie moderne de Tito.
    Une question légitime se pose : quelle sera la force qui l'emportera au bout du compte, dans cet affrontement plein de paradoxes : sera-ce la force extérieure "atlantiste" qui répète les provocations et incite 3 régimes anti-modernes à lutter les uns contre les autres au lieu de s'entendre et de créer un front anti-mondialiste commun ? Ou seront-ce les énergies profondes des révolutions conservatrices balkaniques, vectrices d'essences immortelles, qui, quoi qu'il arrive, demeureront à l'état latent ? En d'autres termes, le lobby planétaire atlantiste pourra-t-il contrôler la situation, poursuivre ses manipulations, si les forces révolutionnaires-conservatrices et nationales se réveillent totalement et partout ? Les mondialistes peuvent bien se moquer des soldats serbes qui ont décidé de combattre les Américains si ceux-ci intervenaient directement. Mais qu'ils réfléchissent : si demain, au lieu d'avoir en face d'eux des Serbes, ressortissants d'un peuple numériquement faible, ils auront des Russes, dotés d'armes nucléaires ? Dans ce cas, les marionnettes de Washington n'auraient plus que des pouvoirs très limités, si de grandes nations européennes commençaient à refuser la logique du Nouvel Ordre Mondial, avec la même énergie que les Serbes, les Croates ou les Musulmans de Bosnie.
    Les tenants du Nouvel Ordre Mondial eux-mêmes cherchent à résoudre le problème : certains d'entre eux envisagent déjà de laisser l'Eurasie tranquille, acceptant, du même coup, qu'une nouvelle superpuissance voie le jour, combinant la haute technologie allemande et les matières premières sibériennes; d'autres, des faucons, veulent provoquer le plus vite possible un conflit balkanique de grande envergure, à l'échelle de toute la masse continentale eurasienne. La Russie actuelle serait le terrain idéal pour déclencher pareil cataclysme. Mais si les mondialistes optent pour cette stratégie bellogène, ils risquent, dans la foulée, de réveiller les nationalismes et les traditionalismes russe, allemand et musulman, de susciter cette gigantesque révolution conservatrice en 3 volets qui, à terme, menacera l'existence des États-Unis en tant que puissance mondiale et les chassera de l'Eurasie.
    ◘ Notre réponse
    L'expérience actuelle des Serbes, des Croates et des Bosniaques est importante pour l'Europe, pour l'Eurasie. Pour comprendre d'avance la logique de notre futur, il faut absolument se rendre dans l'une ou l'autre des républiques de l'ex-Yougoslavie. J'estime que c'est un impératif catégorique pour chaque Européen, soucieux des intérêts de son peuple, de son pays, de sa nation, de sa tradition, d'aller voir et de s'efforcer de comprendre ce qui se passe dans les Balkans. Il faut aller y sentir l'odeur de la mort, percevoir l'horreur de la torture et des violences, se rendre compte de la douleur, de la misère, de l'héroïsme. Il faut participer au drame balkanique parce que c'est notre drame. Sarajevo est en quelque sorte plus proche de Paris, de Bonn, d'Istanbul, de Rome, de Moscou que leurs propres banlieues! Les Balkans, au fond, sont à l'intérieur de nous-mêmes. Nous n'avons pas le droit d'être indifférents : ni par pacifisme abstrait ni par ignorance. Quel que soit le parti que nous soutenons là-bas, dans ce conflit atroce, nous devons prendre nos responsabilités. Le sang qui coule dans l'ex-Yougoslavie nous oblige à redevenir sérieux. Dorénavant, nos engagements réclament du sang, de la sueur, des larmes. Le fantasme de la "fin de l'histoire", c'est fini. Symboliquement, Fukuyama et les adeptes de ses thèses sont morts, les yeux crevés par un couteau oustachi ou tchetnik, étranglés par les mains poilues d'un combattant de la djihad bosniaque.
    Mais trêve de lyrisme. Quelle est notre réponse au défi balkanique ? Elle est simple : il faut "chevaucher le tigre", il faut accepter le jeu, aller jusqu'au fond de l'abîme pour entrevoir, enfin, la perspective d'une révolution conservatrice grande-continentale. La provocation cynique des Américains nous offre la possibilité de "convertir le poison en remède", de retrouver "l'instant éternel" de notre Tradition, de nos traditions aux modalités différentes, mais unies dans un même refus du matérialisme américain. L'aliénation qui nous éloigne aujourd'hui de notre propre identité est trop grande. Si, pour redevenir nous-mêmes, nous avons besoin de la guerre, de la mort, d'une "balkanisation", finalement, c'est mieux que la "fin de l'histoire" que nous suggérait Fukuyama, que la cellule dorée et confortable qui nous attendait dans cette prison planétaire qu'aurait été le Nouvel Ordre Mondial, la Pax Americana.
    Donc tel est notre choix : accepter la "balkanisation" de l'Europe, de l'Eurasie, puis nous efforcer de réorienter l'attention des révolutions conservatrices nationales pour qu'elles se retournent, en pleine pan-conflictualité, contre l'ennemi principal. Pour créer la Pax Eurasiana, nous avons besoin de sujets nationaux, libres, traditionnels et réveillés, régis par les principes de leur propre révolution conservatrice. L'Europe libérale-capitaliste, l'Eurasie libérale-capitaliste, ce sera la victoire totale des Américains, ce sera la fin de l'Europe et de l'Eurasie, ce sera le Nouvel Ordre Mondial.
    Les peuples actuels sont sourds. Pour qu'ils ré-entendent, il faut faire tonner les canons. Parfois, la haine guérit mieux que l'amour. Mais la future élite eurasienne doit être au-dessus des sentiments explosifs, passionnels, émotifs, violents et puissants de la masse. Notre tâche, c'est de consolider lentement les assises de la Grande Alliance Continentale, l'alliance des élites anti-modernes qui pourra véritablement transcender les conflits.
    Selon la perspective de la Tradition (dans ses modalités chrétienne, musulmane, hindouiste, etc.), le Nouvel Ordre Mondial n'est pas une simple construction abstraite et utopique, sortie des cerveaux rationalistes modernes. C'est la réalisation d'un événement cyclique extrêmement important. Pour certaines religions, cet événement est même décisif (tel est le cas de l'Église chrétienne). Les peuples de la Terre se définissent aujourd'hui par l'acceptation ou par le refus du modèle eschatologique que proposent les Américains et les mondialistes ou plutôt qu'ils essayent de nous imposer par la force.
    Ce choix actuel est inévitable. Les peuples des Balkans payent aujourd'hui leurs doutes, leurs hésitations, leur refus de ce modèle. Mais pas un seul pays, pas un seul peuple ne peut échapper à ce choix. Tous les espoirs en une "évolution pacifique" sont désormais dérisoires. Les canons de Vukovar ont tonné. Ils nous ont interpellés. Avons-nous entendu leur fracas ?
    ► Alexandre Douguine, Vouloir n° 97/100, 1993. VOULOIR

  • Congo ex-belge : « Sire, ils vous ont cochonné votre Congo »

    La Belgique sans vrai gouvernement a pris la présidence de l'Union européenne le 1er juillet alors que son roi participait la veille aux festivités de l'indépendance du Congo ex-belge. Un roi muet qui n'a pas plus parlé de Tintin au Congo que de la querelle linguistique au plat pays. Un roi trop absent estiment certains Belges et présent là où il aurait pu tout de même se dispenser d'aller. Car si l'indépendance est fêtée en tant que telle, elle fut le début de cinquante ans de malheur pour le centre de l'Afrique francophone non française et un calvaire pour certains Belges et Africains.
    Lorsque Léopold II avait été forcé de remettre l'État indépendant du Congo, jusqu'alors possession personnelle de la Belgique. il avait murmuré : « J'espère qu'ils ne vont pas me le cochonner ! » Le général Janssens, quelques jours après l'indépendance, de retour du chaos congolais. convoqua les journalistes devant la statue équestre de Léopold II à Bruxelles, près du Palais Royal, déposa une gerbe et s'écria : « Sire, ils vous l'ont cochonné ! »
    L'indépendance du Congo était déjà alors indiscutablement un naufrage sanglant, l'un des pires de la décolonisation.
    UN VOYAGE DU ROI POUR LE MOINS INOPPORTUN
    Mais il faut remonter à un autre Congo. L'État indépendant du Congo était un territoire sur lequel le roi Léopold II de Belgique exerça une souveraineté de fait de 1885 à 1908. Cet État était constitué par le territoire actuellement connu sous le nom de République démocratique du Congo. Le Congo belge fut le nom porté par le même territoire de l'actuelle RDC entre la fin de l'État indépendant du Congo et l'accession à l'indépendance congolaise effective le 30 juin 1960.
    La controverse historique sur ces deux possessions belges personnelles puis étatiques est toujours d'actualité et, sous la pression de l'anticolonialisme triomphant, dans la recherche historique orientée. Il convient cependant d'admettre que tout ne fut pas toujours pour le mieux dans la meilleure des colonies possibles. Mais depuis c'est pire.
    L'actuel roi des Belges a cru devoir participer cependant aux commémorations du 50e anniversaire d'une indépendance marquée par des actes de sauvagerie dans la plus pure tradition de cette Afrique au « cœur des ténèbres » Les massacres de Belges, le calvaire des religieuses, les épurations ethniques semblent passés par profits et pertes. Ce n'est pas cela en tout cas qui trouble les media quant à la présence du roi des Belges. Le voyage royal est plutôt perçu comme un soutien au pouvoir en place, qui se caractérise par des assassinats et de la corruption, rien de bien nouveau sur le fleuve Congo.
    Un pouvoir qui n'est même plus souverain sur l'ensemble du territoire puisque des troupes angolaises sont toujours basées à la frontière et que la guerre civile fait rage dans certaines régions de l'immensité congolaise. Marquée par un grand défilé militaire devant un parterre d'invités, dont des chefs d'Etat africains, le secrétaire général de l'ONU et le roi des Belges, ex-puissance coloniale, la cérémonie était en effet d'importance pour le pouvoir du président Kabila. Parmi les chefs d'État africains présents figurent le Rwandais Paul Kagame, réconcilié depuis 2009 avec son homologue congolais, l'Ougandais Yoweri Museveni, le Centrafricain François Bozize, le Congolais Denis Sassou Nguesso. Robert Mugabe (Zimbabwe), Idriss Deby Itno (Tchad), Paul Biya (Cameroun), Ali Bongo Ondimba (Gabon), étaient également présents à cette cérémonie. Initialement annoncé, le président sud-africain Jacob Zuma n'est pas venu. Rien que des protecteurs de la démocratie. Environ 15 000 militaires et policiers congolais, 400 chars et véhicules ont défilé sur le « boulevard Triomphal », totalement refait à neuf, qui jouxte le stade des "Martyrs". Excusez du peu ! Des Casques bleus des Nations unies, dont le patron Ban Kimoon est arrivé le mardi 29 juin au soir à Kinshasa, ont participé également au défilé militaire. Bruxelles en a, en revanche, exclu la présence de soldats belges. Tout de même.
    ÇA COMMENCE MAL ...
    Dans l'armée du nouvel État indépendant, en effet, les officiers belges blancs gardent le contrôle. La radio accuse alors les anciens colons de complot contre le nouvel État, ce qui provoque la colère des soldats bangalas et balubas qui se mettent à persécuter la communauté blanche. Le tribalisme n'aura pas attendu longtemps pour imposer ses lois de la jungle. La Belgique menace alors d'intervenir militairement. Sur ce, le premier ministre Lumumba appelle l'Union soviétique à l'aide. Les soldats balubas et bangalas n'étant pas représentés dans le gouvernement, ils commettent alors un coup d'État et renversent le Premier ministre. Au sein de l'armée, devenue complètement africaine, le général Mobutu Sese Seko prend les rênes et installe un gouvernement de commissaires. Mobutu est bientôt soutenu par les États-Unis, qui voient d'un mauvais œil le socialisme de Lumumba. C'est de ce coup d'État que profiteront, le 11 juillet 1960, les dignitaires du Katanga, sous la direction de Katenga Tshombé Moïse, pour faire sécession. (On peut relire sur cette sécession la formidable Chimère noire de Jean Lartéguy). Les autorités du Katanga créent alors leur propre monnaie et leur propre police. Lumumba accepte la venue des Casques bleus. Le Sud Kasaï proclame également son indépendance. Ainsi le gouvernement central perd-il ses deux provinces minières et Lumumba se retrouve-t-il sans argent. Les troupes de l'ONU censées intervenir pour mettre fin à la sécession n'agissent pas, tandis que Lumumba, prisonnier de Mobutu, est déporté au Katanga où il trouvera la mort.
    La première guerre du Congo commence en 1962. Le gouvernement central s'attelle à reconquérir les provinces sécessionnistes. L'assassinat de Patrice Lumumba en 1961 et la reprise du Katanga et du Sud-Kasaï marqueront le début de l'ascension du général Mobutu Sese Seko.
    Le titre « République démocratique », un nouveau drapeau et une nouvelle devise sont adoptés. En 1964, Stanleyville, aujourd'hui Kigaliville, est occupée par les guerriers Simbas qui prennent la population en otage. Stanleyville est reprise au cours de l'opération Dragon rouge menée par le 1er régiment para commando de l'armée belge.
    En 1965, le Congo est pacifié. Toutes les révoltes tribales, ethniques ou des partisans de Lumumba ont été matées. Mais ce n'est qu'une parenthèse. Toute la région de Kigali vit des atrocités qui firent au moins 500 000 morts, civils et militaires. Il faudra l'intervention de troupes étrangères pour mettre fin à ce carnage .
    ... ET ÇA CONTINUE
    En fait, des provinces entières (par exemple l'Équateur, le Katanga, le Kivu du Nord, le Kivu du Sud, le Maniema et le Kasaï oriental) sont passées progressivement sous contrôle étranger, c'est-à-dire presque la moitié du territoire national. Beaucoup de Congolais constatent que ces provinces sont désormais gérées par l'Ouganda et le Rwanda comme des "protectorats" mis à leur disposition. Des colonies de peuplement tutsis s'y sont constituées et un plan secret prévoyait une réduction des populations autochtones bantoues.
    En plus du Rwanda, de l'Ouganda, de l'Angola, du Zimbabwe et de la Namibie, plusieurs autres pays sont intervenus directement ou indirectement dans le conflit au Congo-Kinshasa : le Burundi, le Tchad, le Soudan, l'Érythrée et même le Maroc. La France, pour sa part, a été accusée d'apporter une assistance alimentaire aux rebelles sous forme d'« aides humanitaires » et les États-Unis, de leur côté, de former les militaires rwandais, ougandais et rebelles, auxquels ils apportent une aide logistique et financière. Enfin, l' Afrique du Sud est accusée d'assurer un appui militaire important au Rwanda et aux rebelles du Congo. Pour bien des observateurs, la présence des 40 000 soldats angolais, zimbabwéens, namibiens et tchadiens (sans oublier l'appui logistique de la Libye) aux côtés des Congolais rappellerait celle des soldats français, belges et marocains aux côtés des Zaïrois à l'époque de Mobutu ; on pourrait évoquer aussi la participation des milices togolaises, maliennes et sénégalaises à l'époque de Léopold II. Ce pays est un trou noir.
    FÊTER QUELLE INDÉPENDANCE ?
    Après quelques jours de désarroi et de tension autour de la mort de Kabila 1er surnommé depuis le Mzee (le "Sage"), le « Parlement provisoire » du Congo-Kinshasa choisit alors la « solution dynastique » et proclama, le 24 janvier 2001, en tant que « président de la République », le général-major Joseph Kabila, fils aîné du président assassiné. Depuis son arrivée au pouvoir, Kabila II a vu son pays s'enfoncer dans les guerres ethniques. Le Congo-Kinshasa est aux prises avec des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants en train de se faire massacrer parce qu'ils ne sont pas de la « bonne ethnie ». Cet immense pays semble trop grand au point que cela devient son drame. Les cérémonies du mercredi 30 juin avaient un côté surréaliste.
    On peut dire aussi que le conflit linguistique belge s'est invité dans le Congo d'aujourd'hui ou ce qu'il en reste. Les Wallons investissent dans ce territoire alors que les Flamands préfèrent de loin l'Afrique du Sud. Où le racisme, linguistique ne va-t-il pas se cacher ? Le Congo est aussi dans le jeu de la France-Afrique et pas besoin même de parler du Katanga ou du Rwanda. Sur le terrain diplomatique, Mitterrand puis Chirac ont encouragé leur ami Mobutu, au grand dam de Bruxelles. D'un point de vue financier, la percée spectaculaire de grands groupes français comme Thomson montre que Paris veut s'imposer dans la région. Enfin, Kinshasa a été intégrée dans la politique de francophonie par la France et non par la Belgique.
    Mais aujourd'hui la Chine pourrait mettre tout le monde d accord, l'ancien colonisateur comme le parrain francophone, sans toutefois répondre à la question : le Congo ex-belge est-il viable en tant qu'État indépendant ? Et plus généralement, la colonisation a-t-elle été une fatalité ou une nécessité ?
    Pierre-Patrice BELESTA. Rivarol du 16 juillet 2010

  • Russie : l’immigration illégale durement réprimée

     

    Le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine a signé une loi durcissant les sanctions pour les organisateurs de l’immigration illégale, révèle jeudi le site internet officiel du Kremlin.

    L’organisation de l’entrée illégale dans le pays ou du séjour des citoyens étrangers ou des personnes sans nationalité est désormais punie de 300.000 roubles (7.500 euros) d’amende, contre 200.000 roubles (5.000 euros) par le passé. Par ailleurs, la durée maximale du travail obligatoire passe de 360 à 420 heures, des travaux correctifs d’un à deux ans, et des travaux forcées de deux à trois ans. Enfin une nouvelle loi indique que l’aide à l’immigration illégale est passible d’une peine d’emprisonnement de cinq ans maximum, et de 7 ans si la finalité criminelle est constatée.

    En Russie le laxisme n’est pas de mise. On ne se contente pas de pérorer dans les médias, on agit. Il est vrai qu’en France, on ne risque pas d’agir dans ce domaine, puisque François Le Normal est un président immigrationiste, élu en partie grâce aux voix des immigrés.

    Source : RIA Novosti

  • DEXIA OU LE SCANDALE DE TROP

    Nous avons supporté le scandale du Crédit Lyonnais et bien d'autres. Voici maintenant Dexia dont les difficultés étaient connues depuis longtemps mais dont le sauvetage, organisé en urgence, nécessite des milliards d'argent public.
    Le gouffre est ancien, il est le fruit des énarchos-socialos au pouvoir depuis des décennies. Pour assurer le sauvetage les contribuables vont être invités à verser des sommes immenses, difficiles à évaluer.
    Il y a, d'abord, la part de la France dans une augmentation de capital réservée aux trois états, France, Belgique et Luxembourg, le feu vert ayant été obtenu le 21 décembre : il s'agit en quelque sorte d'une nationalisation à trois. Mais ce n'est qu'une broutille. En parallèle, les états donnent à Dexia une garantie de 85 milliards d'euros, la France en fournit la moitié environ. Pour des raisons que les lecteurs de ces flashs connaissent bien, de telles garanties se transforment toujours en pertes, car la garantie n'est qu'un habillage provisoire pour masquer le gouffre.
    Il y a encore DMA ou Dexia Municipal Agency, l'entité qui porte les crédits aux collectivités territoriales françaises dont 10 milliards de prêts toxiques. La France l'acquiert pour un euro symbolique. Parallèlement et sans rigoler du tout Dexia promet un retour à l'équilibre en 2018. Dans son actif, se trouve un portefeuille de 245 milliards d'euros de participations très liées au secteur public en Europe notamment en Espagne et en Italie ; cette description résumée ne présage rien de bon. Combien faudra-t-il provisionner ?

    L'HISTOIRE DE DEXIA
    En 1987, il s'agissait d'une obscure petite division de la Caisse des Dépôts et Consignations, finançant les collectivités locales. Elle s'en émancipa pour devenir le crédit local de France, coté en Bourse et privatisé. En 1996, eut lieu un mariage avec le voisin belge du même métier, l'union recevant un nouveau nom : DEXIA. L'objectif était de devenir un leader mondial dans le financement des collectivités locales. L'inconvénient de ce métier est la faiblesse des marges. Au lieu de chercher à améliorer le cœur du métier, les dirigeants partirent à l'aventure.
    Ce fut, tout d'abord, la « transformation » ce qui est un péché capital dans le domaine financier. Ils empruntèrent à court terme pour pas très cher et prêtèrent à long terme pour plus cher ; une mécanique infernale était lancée. Comme cela rapportait beaucoup d'argent, les mêmes dirigeants se lancèrent dans une boulimie d'acquisition d'entreprises, d'activités, ou même de portefeuilles : Espagne, Italie, Japon, États-Unis étaient leurs terrains de chasse. Tout baignait, mais ce n'était qu'une apparence. En 2008, brusquement, DEXIA eût besoin de 260 milliards d'euros, la banque n'ayant que quatre jours de liquidités devant elle. Les États belges, français et luxembourgeois furent appelés au secours. Chemin faisant, l'action a perdu 94 % de sa valeur. Pendant cette course folle, DEXIA a poussé les collectivités territoriales à s'endetter pour réaliser des projets des élus en les chargeant d'emprunts toxiques : la révolte gronde chez des responsables locaux découvrant la ruine par des contrats insensés et se tournant vers l'Etat pour compenser. Constatons que des palais pour des collectivités ont été bâtis avec des emprunts toxiques !
    Nous savons tous que par le poids insupportable de leur organisation et du train de vie de leurs dirigeants, ces collectivités génèrent une partie appréciable de l'ouragan fiscal écrasant l'économie. DEXIA a ajouté au malheur en poussant à des investissements inutiles au gré des caprices des élus.

    NE PAS RECOMMENCER
    Avant la découverte de la catastrophe, les avertissements n'ont pas manqué ; les responsabilités sont innombrables : luxe et nombre des administrateurs, représentants des collectivités, Caisse des Dépôts et Consignations, ministères. Les barbichettes se sont tenues les unes avec les autres.
    DEXIA nous renvoie comme dans un miroir les défauts de l'économie administrée : gâchis des interventions publiques dans le domaine économique, irresponsabilité générale, folie des grandeurs, légèreté dans le choix des investissements, course absurde vers l'étranger lointain et dangereux.
    Il ne faut surtout pas recommencer ; or c'est ce que fait le pouvoir provisoirement en place. Il vient de créer la banque publique d'investissement ou BPI qui double plusieurs organismes déjà existants et les élus salivent à l'avance. Un nouveau futur scandale s'annonce.
    MICHEL de PONCINS http://libeco.net

  • CRISE ET CHATIMENT

    Les nouvelles sur le front du chômage ne sont pas réjouissantes surtout en France, mais aussi dans d'autres pays de la CEE. En France, sur un an, la progression est de 6,2 %, les seniors étant particulièrement touchés ; le pouvoir en est réduit à se réjouir d'un ralentissement léger de son accroissement.
    La spirale de l'endettement sans limite gagne partout. Des plans d'austérité se préparent et, déjà, en Espagne, le futur plan est compris par le peuple, en grève générale, comme un châtiment pour des fautes qu'il n'a, certes, pas commises. Il est remarquable que Mariano Rajoy, le nouveau premier ministre, qui n’est pas responsable de la ruine infligée au peuple espagnol, souffre cette grève générale. Mais s’il persiste à persécuter son peuple par les faux remèdes de la CEE et du FMI réunis, il deviendra lui-même à son tour responsable.
    Dans cette conjoncture désastreuse, Angela Merkel se pose de plus en plus comme la Reine de Prusse. On a vu en France les Prussiens de trop nombreuses fois ; ce souvenir n'empêche pas le « petit » Français de courir aujourd'hui après la Prussienne.
    Plus étonnant : Angela Merkel veut davantage d'Europe. Elle se rêve, ainsi, en Reine du continent tout entier ; la CEE va-t-elle devenir une résurgence approximative du Saint Empire Romain Germanique ? La comparaison historique serait plaisante.
    Plus d'Europe, cela veut dire des parlottes pendant des lustres et la ruine par un flot torrentiel de directives reflétant un socialisme destructeur, avec, en sus, une incertitude juridique cancéreuse. Quant à la richesse des eurocrates elle s'étale dans tous les journaux. L'enrichissement personnel indu (EPI) de ces eurocrates est au cœur de la ruine. La dernière révélation, particulièrement déplaisante, est celle des droits aux congés extravagants des diplomates européens : 93 journée par an ! La Baronne Ashton, censée être ministre des affaires étrangères du « machin » européen, a bien conscience de sa propre inutilité puisqu'elle accepte de ne pas avoir à sa disposition en tout moment la totalité de son dispositif.
    Les remèdes imposés par la « communauté internationale », se fracassent sur de fausses équations et de mauvais raisonnements. On promet aux peuples abasourdis de souffrir au lieu de la richesse qu'ils devraient et pourraient facilement avoir. Nul ne peut s'étonner alors d'observer la percée toute récente dans les sondages en France du représentant patenté du communisme, idéologie la plus meurtrière du défunt XX°siècle.

    CROISSANCE, OU ES-TU ?
    La première fausse équation est l'idée que la croissance arrangera tout, à la fois pour le chômage et pour l'endettement. Ainsi s'explique la bataille des chiffres, la croissance étant officiellement annoncée comme molle. Pour que cette croissance résolve le chômage et l'endettement, il faudrait des niveaux à la chinoise. En outre, avant le moindre effet, les délais seraient considérables. Les pouvoirs socialisants dans toute l'Europe et, notamment, en France freinent de tout leur poids l'économie et, de ce fait, interdisent les rêves.
    La deuxième erreur est l'idée d'incitations officielles à cette croissance par des politiques publiques. Comme toute politique économique officielle, elles ne pourraient que se retourner contre leurs propres objectifs. A l'échelle européenne, le drame ne peut que se multiplier.
    Last, but not least : Angela Merkel a imaginé, le 30 mars, de renforcer le M.E.S. ou Mécanisme Européen de Stabilité en le dotant de milliards en plus. En programmant ainsi un flot de monnaie créé ex nihilo, elle oublie allègrement le souvenir cuisant de l'hyperinflation allemande au siècle dernier. Il est vrai que l'OCDE s'y met aussi en évoquant un pare-feu de mille pillards d'euros?
    Autre double erreur : afin de réduire les déficits, objectif louable en soi, les gouvernements se contentent de taper sur le contribuable pour prendre l'argent là où il est : c'est la chasse ouverte aux riches et aux « mauvais » capitalistes. Malheureusement, personne ne parle sérieusement de supprimer vigoureusement des dépenses publiques en commençant par les plus scandaleuses.
    Rappelons que, s'il existe un tribunal de l'histoire, la Prussienne devra répondre d'un double crime dû aux éoliennes : destruction de magnifiques paysages de son pays, ainsi que de ses sols où des milliers de tonnes de béton  resteront enfouis pour toujours!

    LA RICHESSE POUR TOUS
    La voie de la richesse pour tous est connue et largement ouverte.
    Elle passe par la double libération des entreprises seules aptes à créer de la richesse, que ce soit l'entreprise d'un seul, ou une TPE ou une entreprise de centaines de milliers d'employés.
    La première libération est le détricotage du code du travail qui compte plus de 2 600 pages, pèse 1 kilo et demi et est réparti en plusieurs tomes en croissance perpétuelle. Il ne peut, certes, être question de le détricoter à grande vitesse. Tout récemment, les pouvoirs, pourtant socialisants, de plusieurs pays ont montré la voie à emprunter en raccourci ; pour permettre aux employeurs d'embaucher il faut qu'ils puissent débaucher sans problème quand les commandes ne sont plus là. La généralisation de cette évidence dans toute l'Europe réduirait fortement le problème gravissime du chômage.
    La libération fiscale consisterait à supprimer totalement un ou deux des impôts les plus destructeurs pour les entreprises, avec évidemment la suppression des dépenses publiques correspondantes. En France il existe un fouillis inextricable de 6000 dispositifs d'aides aux entreprises dont le coût global est très supérieur à l'impôt sur les sociétés !

    LE TAM-TAM MEDIATIQUE
    Dans les périodes électorales, nous assistons stupéfaits à des gerbes de promesses intenables. A part cela on nous dit de toutes parts qu'il faudra « souffrir ».
    Pourquoi les dirigeants européens s'obstinent-ils dans l'erreur ? Il y a sans doute trois explications.
    Promettre de « la sueur, du sang et des larmes » est une attitude « churchillienne » qui plaît aux foules et est peut-être rentable sur le plan électoraliste, horizon indépassable de ces personnages.
    A force de prêcher l'erreur, avec l'aide du tam-tam médiatique, on finit par s’en convaincre soi-même.
    En dernier lieu, se tromper avec la foule n'est guère dangereux électoralement. Par contre, avoir raison tout seul demande du courage et de la clairvoyance, toutes denrées assez rares dans des démocraties plus ou moins frelatées.
    MICHEL DE PONCINS. http://libeco.net/

  • Criminels contre l'humanité

    Lénine par qui tout a commencé
    Bien avant le nazisme, Lénine a inauguré le génocide de masse et instrumentalisé les moyens pour y parvenir. Dès 1891, il confie à son ami Béliakov la nécessaire éradication de la classe paysanne. « En détruisant l'économie paysanne attardée, la famine nous rapproche objectivement de notre but final, le socialisme ». En 1914, trois ans avant le déclenchement de la révolution d'Octobre, il jette les bases de la guerre civile : « pas de révolution sans bain de sang ». « Le tribunal ne doit pas éliminer la terreur, il faut la justifier et la légitimer sur le plan des principes, clairement, sans fausseté, sans fard ». « Nous ne faisons pas la guerre contre les personnes en particulier. Nous exterminons la bourgeoisie comme classe. Ne cherchez pas, dans l'enquête des documents et des preuves sur ce que l'accusé a fait, en actes ou paroles, contre l'autorité soviétique. La première question que vous devez lui poser, c'est à quelle classe il appartient, quelles sont ses origines, son éducation, son instruction, sa profession ». Toute la pensée léniniste tourne autour de la négation de l'individu de son élimination physique et d'une culture discriminatoire : « Il y a des cafards et des punaises contre-révolutionnaires », les « paysans sont proches de la condition animale ». Une idéologie  par essence anti-démocratique au service d'une dictature délibérément terroriste et sanglante « Il serait vain d'attendre une majorité formelle en faveur des bolcheviks. Aucune révolution n'attend ça. L'Histoire ne nous pardonnera pas si nous ne prenons pas maintenant le pouvoir ».

    Staline, au service de son clan
    Culte de la personnalité et culture du clan. En succédant en 1924, à Lénine, Joseph Staline s'entoure d'hommes entièrement dévoués à sa cause qui constitueront le bras armé de la « transformation radicale de la société » souhaitée par Staline. Premières victimes du génocide de classe, les paysans. En 1931-1933, la collectivisation des terres et l'élimination des Koulaks en tant que classe saigne à blanc le pays. « Le grand assaut contre la paysannerie » souhaité par le petit père des peuples fera 6 millions de morts et plus de deux millions de déportés principalement en Ukraine*. Cette folie meurtrière touchera rapidement les groupes sociaux qualifiés de « socialement étrangers à la nouvelle société soviétique ». Membres du clergé, commerçants, artisans toutes personnes ayant une origine sociale suspecte, puis sous la Grande terreur, en 1936-1938, cadres et dirigeants du Parti, fourniront les quotas d'éléments contre-révolutionnaires à réprimer ! Des 200 membres du Comité central du Parti communiste ukrainien, 3 survécurent à l'épuration... Les militaires qui avaient mené les campagnes bolcheviques des années vingt contre les «Blancs» et héritiers de la pensée léniniste, vont être eux aussi purement et simplement éliminés. Une paranoïa obsessionnelle qui n'épargne pas les partis communistes étrangers jugés déviants. Pendant la guerre civile d'Espagne, Staline charge le NKVD de liquider ceux qui se mettent en travers de sa stratégie internationale. Le pacte germano-soviétique permet à Staline d'occuper fin septembre 1939 l'Est de la Pologne. Dès 1942 une note interne du Comité central, commandée par le maître du Kremlin dénonce la « place dominante des juifs dans les milieux artistiques, littéraires et journalistiques ». En 1949, Staline ordonne l'arrestation et la déportation de centaines d'intellectuels juifs, coupables d'alimenter la propagande antisoviétique et le prétendu complot des « Blouses blanches » contre des dignitaires du régime, visera à mener une nouvelle purge sanglante contre les Juifs, que seule la mort du dictateur en 1953 évitera.

    Trotski instaure le goulag et la famine organisée
    Léon Trotski, père de l'Armée rouge aura été le cerveau de la politique d'extermination du régime soviétique. Grand artisan de la terreur, il prône inlassablement l'éradication de la bourgeoisie « classe vouée à périr ». Cet idéologue fanatique instaure rapidement à travers tout le pays des camps de concentration destinés aux « éléments douteux » qui y seront systématiquement déportés dès 1918. A la tête des armées Rouges avec son ami, il martyrise la Volga, traque chaque opposant et planifie la liquidation en masse d'adversaires politiques ou de groupes sociaux entiers. La guerre civile à outrance et la politique de la terre brûlée qu'il mène d'une main de fer entraînent une famine sans précédent dans les années 1921-1922 : 5 millions de personnes, dont une majorité d'enfants en sont les victimes. La mort de Lénine, la stalinisation du pouvoir, les divergences idéologiques, poussent inexorablement Trotski dans l'opposition résolue au nouveau maître du Kremlin. Il est assassiné sur l'ordre de Staline en 1940 au Mexique.

    Mao : le plus grand assassin de l'histoire du monde
    Mao Zedong partage indubitablement avec ses homologues soviétiques ce culte de la personnalité et cette même folie meurtrière. La violence érigée par Mao en système de règne fera ses premières victimes au sein même des apparatchiks communistes. Dès 1931, des milliers de cadres du Parti et de l'Armée populaire de Libération sont exécutés. Selon le principe arbitraire : « Nous devons tuer tous ces éléments réactionnaires qui méritent d'être tués », 800 000 « contre-révolutionnaires » sont liquidés au lendemain de son arrivée au pouvoir en 1950-1951. L'aveuglement idéologique de Mao, sa frénésie à vouloir construire un socialisme triomphant et son obsession du développement industriel débouchent en 1958 sur le cataclysmique « Grand bond en avant ». En 4 ans, 30 millions de paysans sont victimes de la famine organisée par le régime et poussés pour une grande partie d'entre-eux au cannibalisme. Sa main mise sur le parti et la forte influence dont il jouit au sein d'une jeunesse endoctrinée, lui permet encore de lancer en 1966 la « Révolution culturelle », énième purification révolutionnaire menée par les « Gardes Rouges » contre les intellectuels, et autres « esprits reptiliens ». Pendant dix ans, répondant aux injonctions psychopathiques de Mao, ses miliciens (parfois de jeunes enfants) détruiront, humilieront, lyncheront, assassineront près d'un million de personnes «déviantes».
    Eric Domard
    * cf L'Ukraine n° 247-248 déc. 97

    LES COMMUNISTES INVENTENT L'EXTERMINATION AU GAZ

    1921 : le maréchal Toukhatchevski, bras droit de Lénine et Trotski, décide d'intensifier la répression contre les paysans, jugés anticommunistes. Sa directive 171, retrouvée dans les Archives soviétiques précise : « les bandits (sic) continuent à se rassembler dans les forêts. Elles doivent être nettoyées au moyen de gaz asphyxiants. Tout doit être calculé pour que la nappe de gaz pénètre dans la forêt et extermine tout ce qui s'y cache ». Le génocide de classe sociale a précédé le génocide de race...
    Durant la période stalinienne, un ancien gradé du KGB a confirmé récemment* que le régime avait eu recours à des gaz mortels pour éliminer certains prisonniers. Ainsi les déportations vers les camps du goulag s'accompagnaient d'une extermination chimique de certains groupes à l'aide de « camions à gaz ».
    *France 3, La Marche du siècle, déc.97
    Français d'abord ! Numéro spécial 2e quinzaine janvier 1998

  • La Mairie de Paris serait-elle christianophobe ?

    par Karim Ouchikh *

    Un vent de christianophobie soufflerait-il ces dernières années sur Paris ? Des signes alarmants abondent en ce sens qui attestent pareillement du rejet diffus des signes extérieurs de la religion chrétienne. Cette réalité préoccupante est désormais solidement installée dans la capitale.

    A bien à y regarder, l’épicentre de ce phénomène se niche dans les murs mêmes de l’Hôtel de ville, d’où se propagent, à intervalles réguliers, les symptômes d’une hostilité rampante envers une confession qui demeure pourtant infiniment présente dans l’inconscient collectif français.

    Le débat ne porte plus guère cette année sur les réticences de la Mairie de Paris à l’installation d’une crèche dans les allées du marché de Noël des Champs-Elysées, qui fut à l’origine d’une polémique mémorable en 2011. Ces dernières semaines la controverse s’est déplacée sur un terrain moins anecdotique mais tout aussi symbolique : forte du soutien sans faille d’Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, l’équipe de Bertrand Delanoë vient de retoquer le projet de construction de l’église orthodoxe russe qui doit être édifiée devant le Pont de l’Alma, à proximité de la tour Eiffel. Motif de l’ire socialiste : la démesure de l’ouvrage, voulu en 2007 par Nicolas Sarkozy et Vladimir Poutine, qui ne s’inscrirait que peu dans le paysage architectural des berges de la Seine. C’est au nom sans doute de cette singulière conception des élégances esthétiques, - dont n’aura guère souffert l’Institut des cultures d’islam de la rue Stephenson (XVIIIème), réalisé pourtant selon une plastique des plus discutables - que la Ville de Paris refuse depuis trois ans l’érection sur le perron de l’église polonaise Notre-Dame de l’Assomption, place Maurice Barrès (Ier), d’une statue de bronze à l’effigie de Jean-Paul II : là encore, suivant la doxa artistique parisienne, bien peu convaincante, la conception de la sculpture façonnée et offerte par le directeur des Beaux-Arts de Moscou à la Mission catholique polonaise de France, ne serait en rien compatible avec le style architectural de l’édifice religieux…

    Cette volonté insidieuse de bannir de l’espace public parisien toute manifestation extérieure de la religion chrétienne s’exprime tous azimuts, y compris dans la toponymie de la capitale. Alors que le parvis de Notre-Dame de Paris fut rebaptisé en 2006, non sans peine, du nom de l’ancien pape Jean-Paul-II, n’a-t-on pas vu la station RER Eole-Evangile, - dénommée de la sorte en raison de sa proximité géographique avec la rue de l’Evangile (XVIIIème) - être subitement débaptisée en 2011 afin de lui attribuer, sans la moindre concertation, le nom de Rosa Parks, en hommage à la figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, sans doute plus conforme au politiquement correct du moment ! Au fait, la croix que les parisiens aperçoivent encore en bordure de cette même rue, - dont beaucoup ignore qu’il s’agit du dernier calvaire subsistant à Paris - survivra-t-elle au chantier de construction de la future gare Rosa Parks qui doit s’achever en 2015 ? [...]

    Lire la suite dans L’AF 2854  http://www.actionfrancaise.net

    * Karim Ouchikh est Président exécutif du SIEL (Souveraineté, Indépendance Et Libertés), Administrateur du Rassemblement Bleu Marine

  • Mariage gay : Le courrier délirant de Vincent Peillon où Petit Staline avoue instrumentaliser les plus jeunes pour "faire changer les plus jeunes"...

     

    Grâce au Salon Beige, voici le courrier délirant que Vincent Peillon vient d’envoyer aux recteurs afin que les Académies deviennent l’instrument de l’endoctrinement homosexualiste du pouvoir auprès des enfants "dès le plus jeune âge". Oui, proprement délirant !

     

     

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  • Manifestation du 13 janvier : oui à la famille, non à la tyrannie médiatique !

    La manifestation du 13 janvier 2013 contre le mariage gay peut être un grand succès. A une condition toutefois : que les organisateurs et les participants osent affirmer leurs convictions sans crainte du qu’en dira-t-on politiquement correct. La tyrannie médiatique, voilà l’ennemi !
    Polémia
     

    1-Le mariage homosexuel est la revendication de la minorité d’une minorité : quelques pour cent d’activistes au sein d’une minorité sexuelle représentant elle-même quelques pour cent de la population. Réussir à mettre au centre du débat politique la question du « mariage gay » est donc aussi étrange qu’artificiel.

    2-Cela n’est possible que parce que les médias ont fait du mariage homosexuel un sujet d’actualité majeur grâce à une technique simple : mettre en avant les sujets portant sur l’homosexualité et les « angler » dans un sens toujours favorable aux revendications homosexualistes. Ainsi le jour de la présentation en conseil des ministres de la loi sur le « mariage pour tous », le quotidien Le Parisien titrait : « Raphaëlle, heureuse avec deux mamans ». Davantage de la communication que de l’information. Et comme par hasard, du Figaro à France Télévisions, le bébé choisi comme « premier bébé de l’année » fut présenté comme l’enfant de deux lesbiennes. Le non-sens biologique rejoint ici l’arnaque chronologique. De même que parler de « mariage pour tous » relève de la novlangue puisque cela revient à changer le sens du mot mariage (l’union d’un homme et d’une femme selon le Code civil) et qu’au demeurant le projet de loi ne prévoit pas de revenir sur l’interdiction de l’inceste. Si la loi est votée, il y aura donc dénaturation du mariage mais non mariage pour tous. Quant au terme « homophobie », il est utilisé de manière terroriste pour tétaniser les adversaires du mariage gay. On ne débat pas sereinement sous la menace du Code pénal et du bannissement social.

    3-L’inscription dans le débat du mariage homosexuel relève à la fois du leurre et de la démarche idéologique : du leurre, puisque cela n’est pas la préoccupation de l’immense majorité des Français que l’on « distrait » ainsi d’autres sujets politiques ou tenant à leurs difficultés quotidiennes ; de la démarche idéologique aussi, puisqu’il s’agit d’une étape de plus dans la déconstruction des repères et des identités. On est ici au cœur de l’idéologie médiatique dominante fondée sur l’alliance du capital (attaché au mondialisme et à la suppression des frontières) et de la caste journalistique (attachée à la destruction des traditions). Après s’être attaqué à la nation (du latin « natio ») il est logique de s’attaquer à la naissance, au risque d'effacer les repères de la généalogie. Et porter un coup supplémentaire à la famille et au mariage, c’est choisir des cibles de choix pour qui veut établir une société indifférenciée. A contrario cela ne peut pas être accepté sans combat pour quiconque est attaché, par conviction religieuse ou philosophique, à l’ordre naturel dont la filiation est la clé de voute. D’où l’importance des manifestations hostiles.

    4-Manifestations de protestation contre le mariage homosexuel que les médias dénigrent. C’est ainsi que les chiffres de la grande manifestation du 17 novembre 2012 ont été fortement minorés : habituellement friands de chiffres donnés par les manifestants, l’AFP et les médias de l’oligarchie ont cette fois choisi les chiffres de la préfecture de police préalablement sous-évalués. Même opération le 18 novembre pour la manifestation de Civitas, association de chrétiens de tradition qui fut accusée de violences pour s’être défendue de l’agression dont elle a été l’objet de la part des mercenaires féministes des Femen.

    5-En revanche la manifestation pro-mariage gay du 16 décembre a, elle, fait l’objet d’une survalorisation : pour Le Monde du 18 décembre les partisans de la loi ont quasiment fait jeu égal avec ses adversaires. Il est vrai que cette fois l’AFP et les principaux médias ont choisi de retenir les chiffres donnés par les manifestants, pourtant sans aucun rapport avec les observations faites au point de départ (une Place de la Bastille vide) ni au point d’arrivée (la petite Place du Luxembourg remplaçant au dernier moment la Place de l’Opéra nécessitant 15.000 à 20.000 personnes pour être remplie). C’est ainsi qu’un rapport de 1 à 10 dans la réalité donne un rapport… de 1 à 1 dans les médias. Chapeau les désinformateurs !

    6-Il y a plus grave : le souci, malgré tout, de plaire aux médias s’infiltre chez les adversaires du mariage homosexuel. Pour les uns, il faudrait améliorer le statut fiscal des couples homosexuels comme si c’était une priorité dans un pays endetté frappé par la dénatalité. Pourquoi créer des niches fiscales pour ceux qui ne nichent pas ? Pour d’autres, il faudrait solenniser en mairie la signature du Pacte d’union civile. Pour la très médiatique organisatrice de la « manif pour tous », il faudrait lutter contre « l’homophobie » : ce qui revient à donner du crédit aux armes incapacitantes du lobby homosexualiste.

    7-La manifestation prévue pour dimanche 13 janvier 2013 s’annonce comme un grand succès par le nombre des participants attendus. Ce sera probablement la plus grande manifestation depuis celle de juin 1984 pour l’Ecole libre et celle du 30 mai 1968 contre la chienlit. Reste à savoir si ce succès de la majorité silencieuse se traduira en succès politique. Cela suppose de résister à l’intoxication et l’intimidation médiatiques :

    • -il ne faut pas se battre sur les chiffres de participants aux manifestations mais sur les mètres carrés occupés : pour mémoire la Place du Luxembourg c’est quelques milliers de mètres carrés, le Champ de Mars : 243.000 mètres carrés. A bon entendeur, salut !
    • -Il est inutile et nuisible de reprendre à son compte la thèse de « l’homophobie » car cela revient à « payer un droit de péage aux autoroutes de la pensée » (Philippe Bilger).
    • -Il est inutile et nuisible de chercher des slogans gnangnans ou consensuels ! A contrario « Oui à la famille », « Un enfant, c’est une maman et un papa », « Non au mariage homosexuel » se suffisent, pour peu qu’on dise « Non à la tyrannie médiatique ».
    • -Il est inutile et nuisible de chercher à finasser pour amender un projet de loi qui n’est « qu’une étape d’un long travail de sape visant à araser les repères de la vie des peuples » (Roland Hureaux).

    Le seul objectif digne d’être poursuivi est celui du retrait pur et simple de la loi, soit directement, soit à la suite de son rejet par référendum : un référendum que souhaitent 69% des Français.

    Polémia  4/01/2013

  • Les convergences financières de la droite et de la gauche, en image…

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