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  • la fraude des mots et l'extention du domaine du marché

    Comme les lecteurs de Polémia le savent, « la perversion de la Cité commence par la fraude des mots » (Platon). « Mariage pour tous », « homoparentalité », mais aussi « gestation pour autrui », « don de gamètes » : autant que les mots « sans-papiers », « migrants », « jeunes » ou « incivilités », ces termes sont biaisés et mensongers. Certes, l’euphémisme trompeur n’est pas nouveau dans le domaine de la sexualité et de l’intime, l’IVG (et l’IMG ou interruption médicale de grossesse) ayant depuis longtemps remplacé le vilain « avortement ». Mais, parce que « la pensée est impuissante sans parole et qu’un certain vocabulaire condamne non seulement au mensonge exprimé mais au raisonnement tordu » (*), il nous faut refuser les mots du politiquement correct et dénommer clairement ce dont il s’agit.


    Le mariage pour tous existe déjà. Tous les célibataires peuvent se marier, mais pas avec n’importe qui : on n’épouse pas un parent proche, plusieurs personnes, une personne de même sexe ou une personne déjà mariée. Le prétendu « mariage pour tous » est donc en fait un mariage entre personnes de même sexe et c’est comme cela qu’il doit être nommé (ce que les Anglo-Saxons ont l’honnêteté d’admettre puisqu’ils parlent de same-sex marriage). Le terme de « mariage pour tous » est destiné à nous sidérer et à désarmer la critique. Car comment peut-on être contre le mariage « pour tous » ? Une si jolie expression qui évoque la culture pour tous, la santé pour tous, ou encore une manif sympa, « Tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais ».

    De même, le terme homoparentalité est-il tout sauf neutre. Ce néologisme a été forgé en 1997 par l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens – un lobby s’il en est. Le fait qu’il soit largement admis et repris aujourd’hui est une victoire sur les cerveaux. On impose le mot afin de banaliser la chose. Et l’ouverture de l’adoption aux couples homosexuels va faire monter les enchères sur le marché de l’adoption internationale, en augmentant la demande pour une offre stable ou en baisse du produit le plus convoité : un enfant en bas âge et en bonne santé (prix dans les agences américaines : 30.000 dollars). Bien sûr, là encore, on joue sur les mots en parlant de frais d’agence, de compensation des frais de grossesse, de donation (obligatoire) à l’orphelinat, ou autres euphémismes destinés à masquer la réalité de ce qui est un business.

    Penchons-nous à présent plus avant sur les questions autour de la procréation médicalement assistée (PMA), puisque le débat est en train d’émerger et que beaucoup moins de choses ont été dites sur ce point pour le moment.

    La Gestation pour autrui (GPA) d’abord : quelle jolie expression, n’est-ce pas ? Et ils y tiennent, à ce qu’on l’utilise, et font les gros yeux à ceux qui parlent de « mère porteuse » (les lecteurs qui auraient eu le courage de regarder Interdits d’enfants, le téléfilm de propagande diffusé sur France 2 le 9 janvier, comprendront de quoi je parle). Elle est si jolie, cette expression, se terminant par un mot français un peu désuet – autrui. Dans « autrui », on entend altruisme. « Autrui » nous rappelle aussi les Évangiles : « Fais à autrui ce que tu voudrais qu’il te fasse ».

    Pourtant si l’on examine la chose, où est l’altruisme ? Les mères porteuses sont rémunérées. Elles sont rémunérées parce que si elles ne l’étaient pas, il n’y aurait pas de mères porteuses. C’est aussi simple que cela. Au pays phare de cette innovation, les USA, le prix de la location d’un ventre est de 40.000 euros en passant par une agence (et beaucoup moins si les parties se mettent d’accord directement). L’autorisation de cette pratique dans d’autres pays a permis de casser les prix : c’est 10.000 euros en Inde et 20.000 en Ukraine. Seule une petite partie de ces sommes va aux mères porteuses elles-mêmes.

    Quant à la réciprocité (« Fais à autrui… ») qui est au fondement de la règle d’or de l’éthique et des Évangiles, parlons-en. On n’a encore jamais vu une Américaine de la classe moyenne supérieure louer son ventre à une Ukrainienne pauvre ! Les femmes qui louent leur ventre pour neuf mois ont toujours moins d’argent que celles qui ont recours à ce service. Comme souvent, ce rapport économique a aussi une dimension raciale. Ce sont souvent des femmes de couleur qui louent leur ventre pour la gestation de bébés le plus souvent blancs : des Noires américaines et maintenant, avec le développement du tourisme procréatif, des femmes indiennes ou thaïes. Il y a aussi, bien sûr, aussi des femmes blanches : des Américaines blanches de la petite classe moyenne qui ont besoin d’argent, par exemple pour payer la scolarité de leurs propres enfants, et aussi des Ukrainiennes et des Géorgiennes depuis 1997, c’est-à-dire depuis l’effondrement économique des pays ex-soviétiques.

    La « gestation pour autrui » est donc bien mal nommée. Sans doute est-ce volontaire. C’est un slogan publicitaire qui masque la violence du rapport de force économique. Il serait plus honnête de parler de mères porteuses et de maternité de substitution, comme le font les Anglo-Saxons, avec les termes surrogate mothers (opportunément abrégé en surrogates) et surrogacy. Mais ce qui gêne les tenants de la dite « GPA » dans le terme de « maternité de substitution », c’est qu’on nomme « mère » celle qui n’est pour eux que la gestatrice et en aucun cas la mère de l’enfant. La dite « GPA » a d’ailleurs explosé depuis que, après avoir séparé maternité sociale et maternité biologique, les évolutions de la médecine ont permis de diviser la maternité biologique elle-même en deux. En effet, les mères porteuses étaient rarissimes du temps où il fallait en passer par un rapport sexuel, et rares encore avec l’insémination artificielle car peu de femmes sont prêtes psychologiquement à abandonner ainsi leur enfant et à affronter le stigmate social qui va avec. Mais depuis que la fécondation in vitro (FIV) est maîtrisée, la porteuse ne fournit souvent que l’utérus (et tout son environnement évidemment), l’ovule ayant été fourni par une autre femme, laquelle peut être ou pas la mère d’intention ou mère sociale. Les Anglo-Saxons parlent alors de gestational surrogacy. Il faut toujours un ovule fécondé par du sperme et qui grandit dans un utérus pour faire un enfant, mais si l’ovule et l’utérus n’appartiennent plus à la même personne, alors la situation change du tout au tout et la « GPA » peut sortir de la marginalité. En effet, le lien de l’enfant avec la gestatrice est affaibli si celle-ci n’est pas aussi la mère génétique et surtout la situation juridique devient plus sécurisante pour les parents sociaux (le couple qui paye), en particulier si la mère sociale est aussi celle qui a fourni l’ovule. Dans ces conditions, la meilleure mère porteuse sera simplement celle qui a déjà des enfants, besoin d’argent, un mode de vie sain et qui présente le moins de risques de changer d’avis par la suite – finalement des conditions assez faciles à remplir, d’où l’explosion de la pratique.

    Et la meilleure « donneuse » d’ovules sera celle qui a le meilleur patrimoine génétique.

    Ceci nous amène à notre dernier point : le « don de gamètes » (ovules et spermatozoïdes).

    La rémunération des donneurs de gamètes est interdite en France. Il s’agit donc bien d’un don, mais malheureusement, du coup, il n’y a pas assez de donneurs. Et surtout il n’y a presque pas de donneuses d’ovules – leur extraction étant autrement plus compliquée et médicalement contraignante que celle du sperme. Donc les gamètes se vendent et s’achètent sur un marché procréatif mondialisé. Le sperme danois s’exporte dans le monde entier. Alors, combien ça coûte ? En Europe, le prix d’une FIV avec « don » d’ovules frais va de 4 500 à 6 500 euros, selon les pays et les cliniques, plus le voyage et le séjour dans les pays où cela se fait (Espagne, Grèce, certains pays de l’Est). De cette somme rondelette la donneuse reçoit au maximum 1.000 euros. C’est bien le moins pour un « don » qui implique des piqûres et des médicaments tous les jours pendant un mois, puis une opération avec anesthésie locale ou générale pour recueillir les ovules. Sans parler des conséquences à long terme sur la santé, que l’on ne connaît pas vraiment. A la différence de l’Europe, les tarifs aux États-Unis sont beaucoup plus différenciés car ils dépendent de la qualité génétique présumée de la donneuse. Des agences spécialisées présentent des catalogues de donneuses, avec antécédents médicaux et familiaux, mensurations, niveau d’étude et bien entendu photos (de la donneuse adulte et enfant). Une étudiante de Harvard de haute taille peut vendre ses ovules dans les 50.000 dollars, alors que les ovules les moins chers coûtent dans les 3.000 dollars. La loi du marché n’opère pas avec une telle brutalité en Europe dans la mesure où les receveurs (en général des couples) n’ont accès à pratiquement aucune information sur les donneuses.

    Finalement, quelle attitude adopter face à tout cela ? D’abord, lutter pour redonner aux mots leur sens. Ensuite, informer sur la réalité de ces pratiques complexes, sans juger à l’emporte-pièce les personnes en situation d’avoir à payer pour ce que les autres ont gratuitement. Enfin, prendre le pouvoir, au moins sur les esprits, et éduquer les jeunes générations pour les détourner de la marchandisation de l’humain. Sinon, de FIV en GPA et d’IVG en DPI (diagnostic pré-implantatoire), nous allons tout droit vers une nouvelle humanité inhumaine. Les publicitaires trouveront bien un sigle désincarné pour masquer le clonage vers lequel nous allons à brève échéance (les pratiques les plus en pointe de la FIV touchent d’ores et déjà au clonage) ou l’utérus artificiel qui, lui, est un horizon plus lointain.

    Catherine Cardaillac
    23/01/2013

    (*) Vladimir Volkoff, Petite Histoire de la désinformation. Du Cheval de Troie à Internet, Editions du Rocher, 1999, 314 pages

    Bibliographie et webliographie

    Deborah Spar, The Baby Business, Harvard Business School Press, 2006 (les chiffres sont datés mais les idées et les tendances y sont).

    Les agences spécialisées sont légion. A titre d’exemple :

    Correspondance Polémia – 10/02/2013

  • Entretien avec Michel Mohrt

    L’écrivain Michel Mohrt, membre de l’Académie Française, nous a fait l’honneur de nous recevoir. Elégant dans tous les sens du terme, d’une gentillesse et d’une simplicité à toute épreuve, il revient pour nous sur toute une vie de bruit et de fureur qu’il a observée avec son œil de peintre. Moteur !
    R&A : Aujourd’hui, nous parlons beaucoup de l’Europe. Dans l’un de vos articles (De bonne et de mauvaise humeur, Le Rocher, 1999), vous disiez que vous aviez compris la nécessité de faire l’Europe en 1940. Pourquoi ?
    Michel mohrt : Quand on a vécu la défaite de 1940 comme moi… Enfin, je l’ai vécu un peu différemment puisque j’étais dans les Alpes, face aux Italiens et non aux Allemands. J’ai quand même ressenti terriblement la catastrophe de la défaite. J’ai pensé que la France n’était plus le grand pays que j’avais connu et espéré après la victoire de la première Guerre Mondiale. Déjà, dès 1930, j’avais compris que la France était un pays en décadence. La IIIe République ne la préparait pas à cette guerre qui est arrivée. Je sentais que la France allait perdre ses colonies, ce qui arriva peu de temps après. Elle n’avait qu’une chance, c’est d’appartenir à une entité politique plus grande qu’elle-même et où elle pourrait jouer un rôle important : l’Europe. Je n’ai pas cru dès 1940 (et je ne l’ai pas entendu d’ailleurs) au message de De Gaulle. Je pense que de Gaulle a été un homme politique extrêmement habile mais il n’a nullement détruit les effets malheureux de la défaite de 40.
    R&A : En fait, vous vous êtes posé les mêmes questions que Renan et bon nombre d’intellectuels français au lendemain de Sedan. Ce fut d’ailleurs l’objet de votre livre Les Intellectuels français devant la défaite de 1870 (Gallimard, 1944 - réédition Editions du Capucin, 2004)…
    Michel Mohrt : Exactement. Les gens qui viennent de relire mon livre à la faveur de sa réédition m’ont dit qu’il n’avait pas vieilli et qu’il était toujours d’actualité. En effet, on voit que les Renan, les Taine, au lendemain de 1870, ont dit que la France devait faire des réformes qu’elle n’arrive toujours pas à faire. D’où ce besoin d’Europe.
    R&A : De plus, il y a en Europe une unité de civilisation plurimillénaire…
    Michel Mohrt : Oui, c’est ce qui fait que je me suis senti tout à fait européen dès 1940. Et je le suis resté. Ce pourquoi aussi, je ne suis pas aujourd’hui pour l’entrée de la Turquie dans l’Europe. Je suis aussi attaché à l’Europe chrétienne. Il suffit de traverser la France en chemin de fer pour voir ses villages avec leurs clochers.
    R&A : Dans vos livres, vous préférez observer, témoigner que vous engager. Je pense notamment à votre roman Mon royaume pour un cheval où vous expliquez cette attitude en rendant aussi hommage à l’engagement de votre ami Bassompierre. C’est un trait de votre caractère de vous méfier de ces aventures politiques ?
    Michel Mohrt  : En effet… D’abord, je n’aime pas la foule. Je me rappelle, en 1940, quand on a fait le SOL (Service d’Ordre Légionnaire), très vite, je me suis dépris de ce mouvement auquel j’adhérais au début car je n’aime pas la foule, perdre mon temps avec des palabres qui n’aboutissent à rien. Je me sens un observateur, un romancier. Et le roman suppose un décalage par rapport aux évènements que l’on veut raconter. J’ai toujours pris de la distance vis-à-vis des évènements et de mes propres engagements qui sont demeurés purement intellectuels d’une certaine façon. Je n’ai pas voulu m’impliquer dans un mouvement politique quelconque et je ne le ferai toujours pas.
    R&A : Tout en témoignant ainsi par le biais du roman, vous avez quand même une indéniable estime pour « cette race d’hommes faite pour vivre entre hommes, race de moines et de soldats durs à eux-mêmes comme aux autres, race de demi-soldes, éternelle race des héros, des terroristes et des saints ». A travers Bargemont (double romanesque de Bassompierre dans Mon royaume pour un cheval), vous rendez hommage à l’amitié mais aussi au courage d’hommes comme lui…
    Michel Mohrt  : Bassompierre était un ami avec qui j’ai fait la guerre. Il commandait le Fort de la Colmiane dans les Alpes, juste au dessus de la Vésubie. Moi, je commandais une section d’éclaireurs-skieurs devant ce fort. Nous nous sommes vus beaucoup après la Drôle de Guerre, en attendant l’invasion allemande. C’est lui, avec quelques autres, qui a fondé le SOL. Très vite, j’ai pris cette distance mais j’ai continué à le voir durant l’Occupation. Et quand il m’a appris qu’il partait sur le Front de l’Est avec la LVF, cela ne m’a pas étonné car il l’a fait par anti-communisme. Aujourd’hui, on a oublié qu’à l’époque, le communisme apparaissait comme le vrai et principal danger. Sans les troupes alliées en Europe d’ailleurs, nous aurions eu le communisme en France. De Gaulle a été obligé de pactiser avec eux et de prendre Thorez qui s’était courageusement planqué à Moscou, en quittant l’armée pendant la guerre. J’ai dit à Bassompierre de laisser cela aux gens qui n’avaient rien dans la tête et qu’on avait besoin de gens comme lui pour refaire la France. Mais non, il voulait mettre son action en rapport direct avec ses idées. C’était très courageux de sa part d’entrer dans la LVF, d’accepter de porter l’uniforme allemand avec toutefois l’écusson tricolore.
    R&A : Vous étiez au Canada lorsqu’il a été fusillé…
    Michel Mohrt  : Hélas ! A cette époque, on ne traversait pas l’Atlantique en quelques heures. Le bateau mettait 5 à 9 jours. J’ai regretté mais son avocat m’a dit que mon témoignage n’aurait servi à rien. Tous ses anciens compagnons d’armes qui avaient servi sous ses ordres dans les Alpes dirent quel homme admirable il avait été, en pure perte puisqu’il fut fusillé.
    R&A : Vous avez dit que « le devoir de mémoire ne consiste pas à perpétuer les drames, à attiser les haines qui ont dressé les uns contres les autres les fils d’un même pays. Ce devoir c’est d’apaiser les discordes et de rassembler ceux que la mort a déjà unis. » Dans vos articles, vous avez célébré le courage des brigadistes internationaux, partis aider les républicains espagnols. Par contre, croyez-vous qu’un jour, les bobos du Nouvel Observateur ou BHL reconnaîtront à leur tour la pureté de l’engagement des soldats de la Charlemagne comme Bassompierre ou assistons-nous à « un Nuremberg permanent dans l’Europe » comme vous l’avez écrit, toujours 50 ans après ? Que pensez-vous de cette supercherie intellectuelle qui fait des uns des héros et des autres des salauds ?
    Michel Mohrt  : C’est le politiquement correct. On ne reproche pas, en effet, aux gens d’avoir été communistes alors que l’on sait l’effroyable bilan humain du communisme. Des gens comme Bassompierre se sont battus par idéalisme. J’avais écrit cet article que vous citez après une déclaration de Mitterrand en Allemagne où il disait très justement qu’il y a eu deux sortes de Français à cette époque : ceux qui ont voulu être dans l’action et les autres. Mitterrand et moi étions ces autres. Bassompierre, lui, a voulu s’engager. Mitterrand avait ajouté que, quelque soit l’uniforme sous lequel ils se sont battus, nous devions le reconnaître.
    R&A : Ce qui montre qu’avec un bilan politique aussi catastrophique, Mitterrand était sur ce sujet plus lucide et courageux que Chirac et, bien entendu, beaucoup plus cultivé, avec des goûts littéraires très marqués à droite…
    Michel Mohrt  : Mitterrand avait été vichyssois. Sa formation fut la même que la mienne. Il a été chez les curés puis militant à droite (avec l’Action Française) puis il a été vichyssois. Ce n’est que parce qu’il avait une ambition politique qu’il a compris qu’il devait finir à gauche.
    R&A : Pompidou l’avait bien défini en disant qu’il était « l’aventurier de sa propre ambition ».
    Michel Mohrt  : C’est une très bonne formule en effet. Il a compris qu’il fallait devenir résistant. Comme l’ont compris beaucoup de Français qui avaient été vichyssois.
     R&A : Comment expliquez-vous ce basculement politique du monde intellectuel de l’Après-guerre, après l’Epuration en fait…
    Michel Mohrt  : Déjà, la gauche et la droite ne veulent plus dire grand chose. La « droite » et la « gauche » gouvernent en fait au centre et font des politiques difficilement distinguables. En 1981, Mitterrand et Mauroy ont voulu faire une politique réellement de gauche. Ca a duré deux ans et, pour moi, Mitterrand l’a fait exprès pour montrer que la chose était impossible. La France ne peut pas rester à rebours contre le reste du monde.
    R&A : Pour revenir à ce que nous disions d’hommes comme Bassompierre, un roman comme les Réprouvés de Von Salomon vous avait-il plu ?
    Michel Mohrt  : J’avais lu cela au début de la guerre. J’ai trouvé que c’était très beau. La France est un peu responsable, comme Bainville l’a montré dans Les Conséquences politiques de la paix. Le Traîté de Versailles était trop faible pour ce qu’il avait de dur. Notamment vis-à-vis de l’Allemagne et je comprends que Salomon n’ait pas pu accepter cette humiliation et cette occupation française sur son sol.
    R&A : La Bretagne tient une grande place dans vos livres (Le Serviteur fidèle, Les Moyens du bord, La Prison maritime)…
    Michel Mohrt  : Je suis breton. En dépit de mon nom d’origine germanique, mon grand-père paternel avait épousé une bretonne qui parlait très bien le breton d’ailleurs. Il l’écrivait aussi et avait même eu une correspondance avec un barde (Taldyr). Puis leur fils, mon père, a épousé une bretonne 100%, de Brest. Je suis donc plus qu’aux trois-quarts breton par le sang et je suis né en Bretagne que je n’ai quittée qu’à 23 ans pour aller dans le midi, pour voir autre chose. Mais je me sens profondément breton. Ma famille avait une maison à Locquirec, sur les Cotes d’Armor. Maison où je vais toujours. C’est dans la baie de Lannion que j’ai appris à naviguer et je suis 100% breton. J’y vais souvent, je parle un peu breton.
    R&A : Que pensez-vous des gens, comme ceux de Breizh Atao hier, qui luttent pour une Bretagne plus forte et reconnue ?
    Michel Mohrt  : Je les comprends même si je n’ai jamais cru que la Bretagne pouvait devenir indépendante. Par contre, un certain provincialisme oui. L’Europe va permettre à des pays comme la Bretagne, la Corse, la Savoie, le Pays Basque de retrouver une partie de leur identité. Je le crois profondément. Les Bretons ont une langue qui n’a cependant pas donné de grands ouvrages littéraires. Ils ont eu la chance de pouvoir s’exprimer en français mais cela date d’après la reine Anne. Depuis, la Bretagne est française et je pense que c’est tant mieux pour elle car elle est quand même restée la Bretagne. Dans ma jeunesse, on se sentait très loin de Paris, à Brest ou Morlaix, au bout de la terre (Finistère). On se sentait un peu abandonné et donc c’est là qu’est né Breizh Atao. Je les ai d’ailleurs côtoyés quand je faisais mes études de Droit à Rennes. J’ai souvent discuté avec eux tout en leur disant que leur idéologie était à mon avis irréalisable. J’étais par contre ravi qu’ils aient fait sauter devant la mairie de Rennes une statue représentant la Bretagne à genoux devant la France ! Ce sont des nuances tout cela. Je n’ai jamais cru que la Bretagne pouvait ou avait intérêt à devenir indépendante. Le breton est une langue celtique. Il est d’ailleurs émouvant qu’il n’y ait qu’un seul mot en breton pour désigner deux couleurs, le bleu et le vert : glass. Pour un pays qui est entouré de mer, et ce sont les couleurs de la mer, je trouve cela très beau.
    R&A : Une mer qui ne vous sépare pas tant que cela de vos cousins celtiques. Vous devez vous sentir un peu chez vous au Pays de Galles (la langue déjà) ou en Irlande ?
    Michel Mohrt  : La côte ouest de l’Irlande est la même que la côte bretonne. Bien sûr que je me sens tout à fait chez moi là-bas. Sans aucun doute. J’aime beaucoup l’Irlande, le Connemara notamment. Ce dernier ressemble d’ailleurs à mes Côtes d’Armor qui sont restées assez sauvages, qui n’ont pas été abîmées par le béton (par rapport au sud de la Bretagne). Cette côte qui va de Saint-Malo jusqu’à Brest est vraiment très très belle. Je l’ai faite en bateau bien des fois. Cela dit, il y avait chez moi (il est mort aujourd’hui) un palmier !
    R&A : Vous disez que « nous assistons à la mort de l’art oratoire dans les prétoires, dans les églises, dans les assemblées politiques » que vous reliez avec raison avec la mort des humanités. N’a-t-on pas aujourd’hui un désert idéologique où l’économique a tué le politique ?
    Michel Mohrt  : La diminution du latin et du grec, qui sont des langues oratoires, a été pour beaucoup dans la décadence de l’art oratoire. Il n’y a plus qu’à l’Académie que l’éloquence garde un certain sens. L’éloquence a disparu, même chez les avocats (même s’il en reste quelques grands) ou chez les prêtres où il n’y a plus de sermons. Le ton est devenu celui de la télévision. On dit les choses rapidement, n’importe comment, dans un mauvais français truffé d’anglicismes.
    R&A : C’est la mort de Cicéron et Bossuet…
    Michel Mohrt  : Hélas oui. Curieusement, par opposition à cette décadence de la langue parlée, il y a chez maintenant chez de jeunes écrivains une certaine préciosité de la langue écrite. Cela m’a frappé dans des romans récents.
    R&A : Malgré votre attachement à notre langue, vous avez beaucoup apprécié et popularisé la littérature anglo-saxonne, notamment Faulkner. Et un roman comme L’Ours des Adirondacks est très américain…
    Michel Mohrt  : J’ai personnellement été plus influencé par Hemingway que par Faulkner. Quoique mon roman Le Serviteur fidèle (qui vient de ressortir chez Albin Michel) avait été qualifié par le critique Jean-Louis Bory de faulknerien.
    R&A : La Bretagne c’est votre Oxford à vous…
    Michel Mohrt  : Oui, c’est mon Sud ! Cela dit, ces romanciers américains avaient eux-mêmes été inspirés par les romanciers anglais du XVIIIe siècle. Les premiers romans étaient épistolaires. Un roman par lettres c’est un roman parlé. Simplement, les lettres remplacent les voix.
    R&A : Avant, il y avait eu Madame de Lafayette et sa Princesse de Clèves…
    Michel Mohrt  : Madame de Lafayette, en effet, ainsi que les Liaisons dangereuses de Laclos. C’était très fréquent les romans épistolaires à cette époque. Je suis venu de plus en plus, au travers d’Hemingway, au dialogue. Mon dernier roman, On liquide et on s’en va, est tellement dialogué qu’il n’est pas un roman. Je l’ai d’ailleurs qualifié de sotie.
    R&A : D’autres Américains vous ont-ils influencé également ? Miller, Steinbeck, Dos Passos ?
    Michel Mohrt  : Steinbeck moins qu’Hemingway. Miller non. Dos Passos non plus : il a beaucoup influencé Sartre par contre.
    R&A : Et les auteurs français ?
    Michel Mohrt : Tout d’abord Flaubert. Avec mon roman le plus important (La Guerre civile), j’ai voulu faire l’équivalent pour mon époque de L’Education sentimentale.
    R&A : Stendhal, ce souffle épique, ce style ?
    Michel Mohrt  : Ah oui, Stendhal, le mouvement rapide, la sensibilité qui galope. Que l’on puisse lire dans le Chasseur Vert trois fois dans la même page « Madame de Chastelet était charmante… Madame de Chastelet était très charmante… Elle était vraiment très charmante », eh bien, cela ne me gêne pas. Car c’est enlevé par un mouvement de grande rapidité. Pour moi, un style c’est une voix. Si un romancier n’a pas le courage de faire comme Stendhal, il n’écrira pas de roman.
    R&A : Vous rejoignez le point de vue d’un Céline qui disait que le style c’est tout. Céline, c’est quelqu’un qui vous touche ?
    Michel Mohrt  : Ah oui beaucoup, beaucoup. Surtout le Voyage.
    R&A : Vous aviez consacré votre premier livre à un hommage à Montherlant. Vous l’avez connu ?
    Michel Mohrt  : Je l’ai en effet connu à la suite de ce livre. Mon livre l’avait touché. Contrairement à ce que l’on pouvait penser, c’était un homme très simple et ouvert. J’ai souvent déjeuné avec lui, quelquefois à Paris lorsque j’arrivais à passer de la zone sud à la zone occupée. Nous mangions au Voltaire. La conversation était facile avec lui. Pas du tout comme on l’imagine, le menton haut sur la cravate. Maintenant, écrire un livre sur un auteur, c’est un peu le tuer, se débarrasser d’une influence.
    R&A : Un adieu à sa jeunesse en quelque sorte…
    Michel Mohrt  : Oui, Montherlant m’a moins marqué ensuite. J’avais été davantage touché avant la guerre par ses textes lyriques (Tombeau pour les morts de Verdun, Service inutile, Mors et vita…) que par les Jeunes filles. Service inutile a beaucoup marqué bon nombre de gens de ma génération.
    R&A : Plutôt que Montherlant, on vous aurait davantage vu près de Drieu qui, comme vous, est très anglais (Mémoires de Dirk Raspe), élégant voire dandy et grand amateur de femmes… Il vous correspond plus que Montherlant.
    Michel Mohrt  : En effet ! J’ai été marqué par Drieu aussi. C’est une question de chance aussi. j’ai découvert ses romans plus tard. J’ai même rencontré Drieu une fois. C’était quelques mois avant la fin de la guerre et donc son suicide. Je me rappellerai toujours cette après-midi passée dans son appartement qui était juste derrière les Invalides. Il avait une vue superbe sur le dôme des Invalides et sur Montmartre dans le lointain. Je venais alors d’écrire un article sur L’Homme à cheval. Je venais de le découvrir pour ainsi dire. On s’est très bien entendu. A la fin de cet après-midi, il allait rejoindre des amis aux Champs-Elysées pour aller au cinéma. Je me rappelle encore de ses derniers mots. Il s’est retourné sur le quai du métro et il m’a lancé : « Alors on se revoit ! Où on se voit souvent où on ne se voit jamais. »
    R&A : C’est une belle formule ! Et son roman qui vous a le plus marqué ?
    Michel Mohrt  : L’Homme à cheval donc et Rêveuse bourgeoisie qui tombait sur beaucoup des problèmes que je connaissais moi-même. Quant à Gilles, je l’avais dans ma cantine durant la Drôle de Guerre.
    R&A : Comme les Pensées de Pascal pour Drieu ! Et chez les écrivains depuis 1945, qui aimez-vous ?
    Michel Mohrt  : Ca m’est difficile de répondre. Ce sont mes contemporains. Ce sont les anciens qui m’ont influencé, comme pour tout écrivain. J’aime bien entendu mon ami Michel Déon. Ceci dit, je n’étais pas un Hussard. J’étais plus vieux de 10 ans qu’eux. Eux n’ont pas fait la guerre…
    R&A : Ce sont les fameux 20 ans en 45 !
    Michel Mohrt  : Oui, et la guerre est une expérience qui a beaucoup compté pour notre génération. Avant, j’avais terminé un service de 3 ans en 1939 puis la guerre a éclatée. De sorte que je suis resté 4 ans sous l’uniforme. C’est beaucoup 4 ans dans la vie d’un homme, surtout entre 24 et 28 ans ! Ca compte ! C’est une époque où quelques années de différence comptaient presque autant qu’une génération. Nous avions ressenti la défaite plus cruellement qu’eux et puis nous en avions assez des armes. J’avais donné et j’avais envie d’écrire, de travailler. Cette différence d’âge fut énorme : « Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà » !
    R&A : Vous vous intéressez au cinéma ?
    Michel Mohrt  : J’ai fait de la critique de cinéma au Figaro pendant longtemps. J’ai assisté aux débuts du parlant après avoir connu le cinéma muet. Maintenant, je n’y vais plus. Je regarde la télévision. Je vais même vous avouer que j’attends avec impatience le samedi soir pour revoir la fameuse série Dallas. C’est remarquablement fait, astucieux. J’adore J.R. qui est devenu mon ami de la semaine.
    R&A : C’était la première série soap c’est vrai à arriver sur nos écrans européens… Et la musique ?
    Michel Mohrt  : La musique m’a beaucoup aidé, notamment à vivre sous l’Occupation. Le Quatuor LowenGoethe qui a donné tous les quatuors de Beethoven m’a énormément touché. J’aime beaucoup la musique, tout particulièrement la musique de chambre. La chanson française me barbe. J’en suis resté à Charles Trénet. J’ai bien aimé le jazz aussi et les negro-spirituals. J’adore les chansons de mer. J’en connais des tas que je pourrais vous chanter. Mon ami François-Régis Bastide m’avait dit que j’étais un taureau et que la partie importante du taureau (astrologique) est le cou. Il paraît que le taureau aime chanter. Dans mon cas, c’est tout à fait vrai. Je me rappelle même avoir chanté en breton, notamment un soir avec Pierre-Jakez Hélias.
    R&A : On parle de mer. Vous avez eu une tendresse pour les flibustiers, ces gentilhommes de fortune ?
    Michel Mohrt  : Oh bien sûr ! LE roman qui m’a le plus marqué de toute ma vie et que j’ai voulu imiter dans la Prison maritime c’est L’Ile au Trésor de Stevenson.
    R&A : Qui n’a pas rêvé sur ce livre !
    Michel Mohrt  : Je l’ai lu et relu. C’est mon père qui me l’avait donné. Il a beaucoup compté pour ma formation littéraire.
    R&A : Pour finir cet entretien, que pensez-vous de notre monde moderne ?
    Michel Mohrt  : Je n’en pense que du mal. L’autre jour, j’ai vu le débat actuel sur le mariage des homosexuels. Il y a quelque temps, j’aurais pris cela à la rigolade. Mais là, ça m’a foutu le cafard. J’étais triste. Dans quel monde va-t-on vivre demain ? Je viens de fêter mes 90 ans et je n’ai qu’une envie c’est de m’en aller lorsque je vois où nous en sommes arrivés !
    R&A : Et l’immigration qui dénature notre Europe ?
    Michel Mohrt  : Malheureusement j’ai bien peur qu’il ne soit trop tard. On s’est battu à Poitiers et l’Espagne a retrouvé sa terre après la Reconquista. Mais là, nous vivons une autre conquête de manière pacifique. Si j’étais plus jeune, je fuirais en Californie, dans cette Amérique où j’ai vécu 7 ans (on dit d’ailleurs que pour bien connaître un pays, il faut y payer ses impôts et y tomber amoureux, ce que j’ai fait là-bas !). La côte ouest de la Californie ressemble assez curieusement à la côte ouest de la Corse qui est superbe. La France et l’Europe me déçoivent de ce côté là. Heureusement que sur mes Côtes d’Armor, rien n’a bougé. Je déteste Paris.
    Recueilli par Pierre Gillieth, Réfléchir & Agir n°18, automne 2004

  • La tuerie de Sandy Hook

    Analyse critique de la tuerie de Sandy Hook du 14 décembre 2012 aux Etats-Unis officiellement perpétrée par Adam Lanza.

    http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • "Mariage" homosexuel aujourd'hui, PMA demain, GPA après-demain... Avec Civitas, proclamez NON ! Trois fois NON !

    1papa1maman.jpegPour les humoristes, c'est devenu un sujet de plaisanterie : "De la PMA au PMU, de la GPA au GPS, on ne s'y retrouve plus...", ironisait l'un d'eux lors d'une émission radio de grande écoute. Et il est bien vrai que ce qui se cache derrière les abréviations utilisées à foison dans les médias doit en réalité rester bien hermétique pour une bonne part de nos concitoyens. Ce n'est bien sûr pas un hasard mais la façon la plus certaine de faire avancer les pires projets en limitant l'inquiétude aux Français les plus attentifs. La gauche est à ce point consciente que ce qui se cache derrière ces abréviations barbares revêt un caractère monstrueux qui épouvanterait bon nombre de Français, qu'elle a choisi tactiquement de les dissocier du projet de loi dénaturant le mariage et la parenté que l'Assemblée nationale débat en ce moment.

    PMA pour "procréation médicalement assistée". GPA pour "gestation pour autrui". Des appelations cosmétiques pour désigner les artifices revendiqués par le lobby homosexuel pour assouvir ce qu'il considère être un "droit à l'enfant". Car le lobby homosexuel sait que la gauche étant au pouvoir (avec beaucoup d'homosexuels bien placés dans les états-majors politiques), il peut oser exiger que celle-ci satisfasse beaucoup de ses caprices.

    Alors, le PS choisit de mentir aux Français. Il leur dit que de PMA et de GPA, il n'est pas question. Le mensonge s'est toujours porté avec beaucoup de naturel au PS. Il suffit de se rappeler à quel point Elisabeth Guigou avait l'air si sincère lorsqu'elle promettait, lors du débat sur le PACS, qu'il n'y aurait jamais de "mariage" homosexuel qui suivrait. C'était hier. Le "mariage" homosexuel et l'adoption d'enfants par des duos homosexuels, c'est aujourd'hui. La procréation médicalement assistée, ce sera demain. Et la gestation pour autrui, après-demain. C'est cela la réalité du plan inique de cette gauche toujours révolutionnaire même si elle se vautre désormais dans le caviar.

    Dominique Bertinotti, adepte du double langage, ne vient-elle pas de déclarer à la radio : "Il faut procéder par étapes" ?

    Etape suivante ? La PMA sera examinée dans le cadre de la loi sur la famille présentée au conseil des ministres le 27 mars prochain.

    Et d'une étape à l'autre, le chemin n'est pas loin. Dans Le Monde (20 décembre 2012), Elisabeth Badinter écrivait : "La GPA est une pratique reconnue comme partie intégrante de la PMA par l'organisation mondiale de la santé".

    Lorsque Christiane Taubira, ministre de la Justice, dévoile une circulaire organisant le délivrement de certificats de nationalité française aux enfants nés de mère porteuse à l'étranger, c'est, quoi qu'elle en dise, un pas en faveur de la GPA.

    Il faut également rappeler le manifeste en faveur de la GPA publié dans le journal Le Monde du 13 décembre 2010. Parmi les signataires, on y trouvait Najat Vallaud-Belkacem, aujourd'hui porte-parole du gouvernement, Aurélie Filipetti, ministre de la Culture, Alain Vidalies, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement ou encore François Rebsamen, président du groupe socialiste au Sénat et très proche de François Hollande. Comment imaginer un seul instant qu'ils ont changé d'avis ? C'est bien une simple question d'étapes.

    Les plus cyniques préparent déjà le terrain.

    C'est le très fortuné Pierre Bergé, ex-"compagnon" d'Yves Saint-Laurent, patron de la société de haute couture éponyme, magnat de la presse, président du directoire du conseil de surveillance du journal Le Monde, co-fondateur de la revue homosexuelle Têtu et généreux soutien financier du parti socialiste, qui se permit à la télévision de considérer qu'il n'y avait pas de différence entre "louer le ventre d'une femme ou les bras d'un ouvrier".

    C'est l'avocate Caroline Mécary, marraine de la Marche des Fiertés LGBT, conseillère régionale écologiste d'Ile-de-France, qui dans Le Monde (7 février 2013), défend la gestation pour autrui en ces termes : "En définitive, permettre aux femmes, qui y consentent dans un cadre légal, d'offrir un enfant à un couple qui ne peut en avoir, ne serait-ce pas la plus grande subversion féministe que l'on puisse imaginer : s'affranchir enfin du devoir d'être mère ?".

    Au passage, relisez cet article en y notant combien de fois le journal Le Monde est impliqué dans cette promotion de la GPA. Bien sûr, on nous dira que le fait que Pierre Bergé en est le vrai patron n'est que pur hasard...

    En conclusion, je vous invite à rejoindre CIVITAS dans cette bataille livrée pour défendre la Famille, le mariage et l'enfant. Les prochaines semaines seront cruciales. Que les parlementaires sachent bien que nous n'oublierons pas leur attitude lors du vote de ce projet de loi dénaturant le mariage et la parenté et ouvrant la voie à la marchandisation de l'être humain.

    Alain Escada,

    président de CIVITAS

    Un millier de catholiques prient devant l'Assemblée nationale à l'appel de Civitas

    http://www.civitas-institut.com/

  • Lois mémorielles : nouvelles menaces

    Les intégristes barbus du jacobinisme n'en démordent toujours pas. En leur nom, le 30 janvier (1)⇓ le camarade Mélenchon adressait même une lettre assez singulière. Il osait protester auprès du président de France Télévisions M. Rémy Pflimlin contre le contenu d’une émission. Diffusée sur France 3 elle était intitulée "Robespierre, bourreau de la Vendée ?". Cette simple question lui semble un outrage.

    Sans doute se sentait-il diffamé en sa qualité d'héritier impénitent des persécuteurs qui, unanimes sur le point de massacrer les "brigands de la Vendée", siégèrent sans discontinuer au sein du "grand" Comité de Salut Public (1793-1794).

    Tous partagent certes la culpabilité criminelle de leur chef.

    D'un tel point de vue Carrier, le bourreau de Nantes nous donne la réponse. Voici ce que nous en rapporte Crétineau-Joly :

    "mis en jugement après le 9 thermidor. Il se défendit. Ne devait-il pas se sentir fort des crimes de tous ses collègues ? Ceux qui avaient panthéonisé Marat condamnèrent Carrier. En face de la Convention, il n'eut pour légitimer ses cruautés qu'un mot, mais un mot sublime d'horreur et de vérité : « Vous êtes tous aussi coupables que moi, s'écria-t-il, et jusqu'à la sonnette du président. » (2)⇓ .

    Il sera néanmoins guillotiné à son tour le 16 décembre 1794.

    Solidaire lui aussi, à deux siècles de distance, l'ex-candidat de la gauche "pure et dure" complétait son impudente démarche d'une signature liberticide incontestable : faisant cosigner sa lettre par le secrétaire national de son parti, le camarade Alexis Corbière il en adressait une copie à Olivier Schrameck, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel. Soulignant de la sorte la fonction de censure que s'est toujours discrètement octroyée ce singulier organisme, il demande même que "les historiens" (lesquels ?) puissent "bénéficier d’un droit de réponse" (comment ?).

    Du point de vue des certitudes de notre caricature nationale, le titre même de la série dans laquelle cette production prenait place ne peut paraître que suspecte : ça s'appelle "l'Ombre d'un doute". Ça commence donc franchement mal : un historien qui doute mérite une correction.

    Depuis la fameuse déclaration de Clemenceau de 1891, il ne s'agit pas seulement de considérer, en effet, que "la révolution est un bloc".

    Cette thèse historique, très discutable, et que je conteste (3)⇓ sert bel et bien de prétexte à l'interdiction de tout ce qui pourrait effriter ou démonétiser le bloc : à l'époque de Clemenceau une pièce de Théâtre opposant Danton à Robespierre, et qu'il fit interdire ; aujourd'hui une émission historique osant poser la question du rôle de l'Incorruptible dans la tentative d'extermination des Vendéens.

    On peut, on devrait en finir avec l'ensemble des lois mémorielles, légitimement toujours blâmables du point de vue de la recherche historique. Au moins cherchent-elles à défendre la mémoire des victimes : esclaves, arméniens, juifs, rwandais, etc. On peut malgré tout, sans en accepter la conservation, en comprendre les motivations.

    Au contraire la démarche de Mélenchon comme celle de Clemenceau tend à défendre celle des bourreaux.

    Le public ne s'y trompe pas, dans la mesure où cette émission de France 3 a connu un franc succès amenant les responsables de la chaîne à la programmer pour la 3e fois en moins d'un an.

    Si l'audimat avait montré une désaffection du public, le débat n'aurait pas été rediffusé.

    Car il s'agissait bien d'un débat. La responsabilité de Robespierre est affectée d'un point d'interrogation et les avis n'étaient pas unanimes.

    On peut, on doit regretter qu'il soit demeuré en cercle restreint, évacuant un certain nombre de réalités dérangeantes. Les défenseurs des royalistes ne sont pratiquement jamais conviés ; leurs travaux sont minimisés ; le principal historien de la Vendée militaire, Jacques Crétineau-Joly (4)⇓ , est une fois de plus occulté ; les causes de la guerre civile sont escamotées.

    L'impact national évident de leur contestation sera d'ailleurs toujours esquivé : quels furent les profiteurs de la révolution, de la terreur puis du bonapartisme ? qu'ont fait de la France les républicains qui s'en sont emparés et s'en prévalent aujourd'hui ? Ces questions de fond ne seront jamais abordées sur les médiats agréés par le CSA. Emmanuel Beau de Loménie qui se révéla jusqu'au bout l'un des plus éloquents à les soulever se trouva toute sa vie en butte aux persécutions et aux consignes de silence des "pollueurs de l'histoire".

    Aujourd'hui ne nous y trompons pas : sournoisement, comme un Peillon, ou grossièrement, comme un Mélenchon, on prépare un nouveau tour de vis, stigmatisant officiellement ceux qui remettent en cause la vulgate jacobine.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. cf. Libération 30 janvier 2013.
    2. cf. Crétineau-Joly "Histoire de la Vendée militaire" ed. Trident 2012 Tome II "De la Terreur au Concordat" page 78
    3. cf. Insolent du 30 jan 2008:"Non, la révolution n'est pas un "bloc". Seuls s'y trompent les absolutistes et les jacobins."

    Je travaille depuis plusieurs mois à la réédition de cette œuvre que j'ai la faiblesse de tenir pour majeure. [Je ne me fais, bien sûr, aucune illusion sur sa médiatisation.] Les tomes I et II sont déjà parus. Le tome III nous sera livré le 15 février. Le tome IV paraîtra en mars. Les lecteurs de L'Insolent peuvent encore bénéficier du prix de souscription.

  • Race et histoire (C. Lévi-Strauss)

    « Race et Histoire » est un court essai rédigé par Claude Lévi-Strauss en 1952, et publié dans le cadre des recherches de l’UNESCO. Ce texte est intéressant à deux titres : d’abord parce qu’il est en lui-même une réflexion fascinante, ensuite parce que venant d’une position anti-raciste (au bon sens du terme : c'est-à-dire qui prend position contre les préjugés racistes), il arrive à la conclusion que la diversité humaine est une réalité positive. C’est le point de vue d’un anti-raciste type 1950 qui révèle en contrejour l’escroquerie de l’actuel antiracisme, malhonnête et idéologique.
    Petite note de lecture, donc.
     * * * * *
    Lévi-Strauss observe, comme tout observateur de bonne foi, que l’humanité est constituée de plusieurs groupes humains bien distincts, dotés de caractéristiques bien distinctes. Il existe pour lui une humanité blanche européenne, une humanité jaune asiatique, une humanité noire africaine, et aux périphéries de ces humanités, des groupes spécifiques, parfois métissés. Cependant, ce n’est pas la donne raciale qui lui paraît déterminante. L’humanité, à ses yeux, est un produit culturel. En ce sens, l’humanité européenne n’est blanche qu’en surface. En profondeur, ce qui la distingue de l’humanité asiatique n’est pas la couleur de la peau, mais la production culturelle.
    Cette diversité culturelle est bien supérieure à la diversité biologique sur deux plans : d’abord elle définit un nombre d’unités de base bien supérieur (des milliers de cultures, seulement trois ou quatre grandes races), ensuite elle imprègne l’humain beaucoup plus profondément que la donne raciale (deux cultures périphériques situées dans le même espace racial peuvent être plus différentes entre elles que les cultures dominantes de deux grands groupes raciaux). Lévi-Strauss se donne pour objectif de l’analyser en profondeur.
    Cette diversité résulte, nous dit-il, de deux tendances fondamentales en renégociation permanente : l’une pousse à la diversification, l’autre à la convergence. Mais paradoxalement, comme la convergence peut se faire entre cultures d’origines diverses, elle crée elle-même de la diversification au sein de la culture racine. Ainsi, c’est la dialectique échange/spécialisation qui nourrit la diversité. Et Lévi-Strauss en tire sa première conclusion (hérétique pour l’antiracisme contemporain, issu du multiculturalisme) : les sociétés possèdent un optimum de diversité, en dessous duquel elles se sclérosent (faute de nouvelles synthèses à dégager), mais au-delà duquel elles cessent de fonctionner (parce qu’elles sont alors trop diverses pour que la recherche de la synthèse reste possible).
    Suit un chapitre où Lévi-Strauss commet, à mon avis, un contresens. Il explique que le fait de nier cette diversité en assimilant l’étranger au barbare (ce qui revient à dire : la seule humanité est la mienne) est précisément caractéristique du mode de vie ensauvagé. « Le barbare, » dit Lévi-Strauss, « c’est celui qui croit à la barbarie ». Ce n’est pas faux si l’on admet qu’un « barbare » est pour un Grec un homme inférieur dans l’absolu. Mais c’est faux, si l’on comprend qu’un « barbare » est aux yeux d’un Grec un homme inférieur au regard des valeurs spécifiques de la culture grecque. Cette confusion entre suprématisme et identitarisme explique pourquoi, déjà dans Lévi-Strauss, on trouve les germes des perversions ultérieures de la pensée antiraciste : le ver était dans le fruit, dès l’origine.
    Pour autant, si sa confusion entre suprématisme et identitarisme empêche Lévi-Strauss de tirer toutes les conclusions de sa propre pensée, il part d’un point de vue hétérodoxe au regard de l’antiracisme contemporain : pour lui, l’homme « partout égal » ne peut être qu’un homme abstrait, et l’antiracisme « totalisant » est donc une perversion (comme tout universalisme niveleur). A ses yeux, la croyance occidentale en une égalité potentielle de tous les hommes ramenés au modèle occidental n’est qu’une figure nouvelle du colonialisme – un suprématisme déguisé en universalisme.
    A partir de là, Lévi-Strauss opère une analyse à l’époque innovante de la notion de « progrès ». Pour lui, il ne s’agit pas d’une échelle que l’on gravit, mais d’un jeu complexe, un processus métonymique et dialectique procédant par une succession de saltations mutationnelles parfois concurrentes les unes des autres. Dans cette optique, la marche en avant de l’humanité passe par le maintien d’une grande diversité : les cultures spécifiques doivent être préservées, parce qu’elles rendent possible ce que Lévi-Strauss appelle l’histoire cumulative. De la diversité des cultures, la diversité des expérimentations, et de la diversité des expérimentations, la richesse de l’expérience globale et la fertilité des croisements. Le propos est riche d’enseignements, à une époque où l’on voudrait nous faire croire que le « métissage » est compatible avec la « diversité » - et cela même si Lévi-Strauss l’enrobe avec un argumentaire anti-occidentalo-centré qui peut parfois prêter à sourire (témoin le passage hilarant où il voudrait nous faire croire que les aborigènes australiens ont inventé le « seul » modèle social faisant de la famille le canevas sur lequel toutes les autres institutions se construisent, une position qui revient à ignorer complètement l’histoire de la société romaine).
    En conclusion, Lévi-Strauss introduit le concept de « groupe de sociétés » : les sociétés formées d’individus enserrés par les liens familiaux, explique-t-il, se constituent elles-mêmes en sociétés de sociétés, dont les « individus » sont les sociétés et les « familles » les sociétés apparentées fortement. C’est, dit-il, la capacité d’un « monde » à construire une telle « société de sociétés » qui lui ouvre les portes d’une histoire cumulative féconde. Si Lévi-Strauss a pensé cette conception en référence à la « civilisation mondiale », on observera avec intérêt qu’elle ouvre la porte à une critique positive du multiculturalisme.
        http://www.scriptoblog.com
    Note : en contrepoint, on pourra lire « La question raciale », publiée aux éditions Le Retour aux Sources. Où l’on comprend pourquoi il est difficile de défendre la diversité sans admettre la légitimité de la revendication identitaire…

  • Sait-on encore « ce qu'est la littérature ? »

    Armand Gouzien, Gabriel de Yturri, Henri Houssaye, Ernest Judet, autant de célébrités dont le nom ne dit strictement plus rien à nos contemporains. D'où vient alors qu'on prend tant de plaisir à la réédition des Souvenirs littéraires de Léon Daudet (1867-1942) ?
    DAUDET LE MAGNIFIQUE
    D'abord grâce à l'allégresse du style, à la cocasserie des métaphores, à la vivacité des portraits - fût-ce de parfaits inconnus - troussés de main de maître, qu'il s'agisse d'amis chers ou d'adversaires. À preuve : « [Paul Déroulède] était un héros de Corneille égaré dans une pièce de son oncle Emile Augier, moitié Don Quichotte, moitié basochien. Il portait du feu dans un verre vide. L'assentiment d'autrui le grisait. » Ou encore : « Le marquis de Ségur est inexistant comme écrivain, insignifiant comme historien, craintif de tout ; mais c'est un lapin blanc des plus aimables (...). À force de trotter à travers la Société et la Revue des Deux Mondes, il est arrivé à rencontrer un fauteuil académique. Personne ne lui en veut de s'y être installé et d'y brouter, en jetant de-ci de-là des yeux inquiets, maints feuillets de sa salade anecdotique. » À part chez le cher Ghislain de Diesbach, aussi svelte que Daudet était enveloppé mais lui aussi grand dîneur en ville et commensal de toute la "Société", où trouve-ton aujourd'hui cette joyeuse férocité ?
    On l'a vu avec l'évocation de Déroulède, ces Souvenirs ne se bornent pas au monde littéraire. Lui-même praticien, l'auteur des Morticoles épingle sévèrement la sphère médicale et ses mandarins (même « Charcot Imperator », ami de son père Alphonse et qu'il admire profondément, n'échappe pas à son scalpel), la basse-cour journalistique sur laquelle régnait au début du XXe siècle le directeur du Gaulois, Arthur Meyer, maître en délation (« Son désir est logé à l'enseigne de Judas ») vivant entouré d'« hommes d'affaires mystérieux, en scheim, en as, en poulo, en cohn et tronc de cohn introduits par des portes dérobées », et bien sûr la nomenklatura politique à laquelle le député Daudet Léon appartient de droit. Si, comme plus tard un certain Sarkozy, il est plein d'indulgence pour Georges Mandel et d'éloges pour « sa lucidité, son implacabilité, son érudition politique, son vouloir », d'autres sont en revanche descendus en flèche : Edouard Herriot, faux dur qu'on « sent flottant, sous ses formules friables, comme un costume de saindoux dans un caleçon de tulle illusion » ou Léon Blum, « sorte de lévrier hébreu, minaudant et hautain, type classique de dupeur du peuple, chéri des salonnards et salonnardes qu'il éblouit avec des manchettes étincelantes et des prédiction de Grand Soir ».
    Commun à toute l'Action Française, l'antigermanisme rabique de Léon Daudet, qui lui fait admirer Clemenceau et exécrer Briand, ne surprend pas. Plus étonnante, du moins pour qui n'a pas lu son Voyage de Shakespeare, est son empathie avec la littérature anglaise et même la Grande-Bretagne. La campagne écossaise, l'aquarium et le jardin zoologique de Londres l'enchantent ainsi que Westminster - « Notre Panthéon parisien, avec l'innommable Zola et l'outre vide de Jean Jaurès, est à la fois grotesque et honteux. L'abbaye de Westminster, où dorment toutes les gloires authentiques de l'Angleterre, est grandiose ». Il porte aux nues George Meredith en lequel il voit l'un des plus grands écrivains du siècle, auquel la postérité rendra forcément justice. Prédiction qui ne s'est pas réalisée.
    Michel Toda n'a sans doute pas eu tort d'écrire : « Sans la rencontre de Charles Maurras dont la pensée rigoureuse le brida et le disciplina pour son plus large profit, Daudet, emporté par son trop-plein d'énergie, par sa surabondance de vie, n'aurait pas évité les abîmes. » Mais ce sont justement ces emballements parfois immérités, ces attaques souvent injustifiées, ces outrances" hugotiformes" (le mot est de Daudet lui-même) qui, portés par une plume superbe, font près d'un siècle plus tard le prix de ces Souvenirs.
    DES ÉCRIVAINS TROP TRANQUILLES... SAUF ZEMMOUR
    Que paraissent raisonnables et convenus, en comparaison, les écrivains interrogés - d'ailleurs intelligemment, et avec une fine connaissance de leurs œuvres - par Joseph Vebret dans ses Causeries littéraires ! Bernard-Henri Lévy pose à la victime et pontifie comme à son habitude, Amélie Nothomb joue en virtuose de la fausse confidence, Patrick Poivre d'Arvor et Jean d'Ormesson rient de se voir si fascinants dans le miroir et même les provocateurs patentés comme Michel Houellebecq, Frédéric Beigbeder, Patrick Besson, Jean Dutourd ou Gabriel Matzneff restent dans le Politiquement Correct. Auquel seul déroge Eric Zemmour quand il soutient : « Depuis les années 1980, le gouvernement, les media, les élites - et particulièrement les élites juives - ont fait des Juifs LE peuple victime de la Shoah LE crime absolu de l'histoire de l'humanité, et, de fait, ont ouvert la boîte de Pandore de la concurrence victimaire. » Ajoutant que ce « crime de la concurrence victimaire » s'accompagne du « crime de la désaffiliation : plus personne, dans cette génération, ne se sentant français, on reprend ses billes ethniques, communautaires et/ou religieuses ».
    Un leitmotiv dans cette quarantaine d'interviews dont, malgré leur sagesse, beaucoup sont intéressantes : les références à Céline, de très loin l'écrivain le plus cité par les auteurs contemporains, de Pierre Assouline pour qui le Dr Destouches « surplombe tous les autres » à Zemmour, encore lui, qui en fait « le plus grand écrivain du siècle », ajoutant : « Aujourd'hui, Céline est devenu une insulte suprême, parce qu'il était antisémite. Mais c'est toujours la même chose. Premièrement : on ne sait plus ce qu'est un écrivain. Deuxièmement : on ne sait plus ce qu'est la littérature. Troisièmement : on a fait de l'antisémitisme le crime absolu. Et les trois s'emboîtent. »
    Il est décidément loin le temps où Léon Daudet, patriote mais fou de littérature, se battait aux déjeuners du jury Goncourt pour faire attribuer en 1919 le prix tant envié à Proust et à ses Jeunes filles en fleurs plutôt qu'à Roland Dorgelès pour ses Croix de bois, puis récidivait en 1932 en faveur du Voyage au bout de la nuit, manifeste pacifiste à mille lieues de ses propres options idéologiques...
    Hervé DEMESTRE. Rivarol du 22 octobre 2010
    L. Daudet : Souvenirs littéraires, éd. Grasset, collection Les Cahiers rouges. 574 pages. 13,80 €. Regrettons l'absence d'un index, indispensable dans un si gros livre, mais on se console avec la fine préface de Kléber Haedens.
    J. Vebret : Causeries littéraires, éd. Jean Picollec. 448 pages (cette fois avec index !). 24,90€.

  • France : La financiarisation prend le dessus sur l’industrialisation

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Repenser le populisme

    Appelant le peuple à reprendre le pouvoir contre les oligarchies, les partisans du populisme entendent construire une nouvelle doctrine politique sur les cendres du conformisme.
    Encore aujourd'hui assimilé aux pires pathologies de l'espèce humaine, le populisme devient peu à peu un marqueur clivant qui ne constitue plus l'apanage des éternels bosseurs grognards, que nos intellectuels urbains rangeaient allègrement dans la case de "l'esprit gaulois impulsif". Non, il jaillit désormais aussi bien du côté de l'éternelle droite poujadiste que de celui de la gauche ouvrière. Il élargit son auditoire jusqu'aux classes moyennes au fur et à mesure que celles-ci poursuivent leur déclassement social. Il pénètre l'inconscient des hommes et femmes politiques qui y voient le gain de leur irresponsabilité, manipulations et autres démagogies gracieusement rémunérées par le contribuable durant près de trente années.
    Idéologies complices
    Avant d'évoquer une tentative de promotion d'un système politique populiste, il convient tout d'abord d'en finir avec le caractère prométhéiste des deux idéologies maîtresses du XXe siècle que sont le libéralisme et le socialisme. Si le socialisme s'est éteint avec la chute de l'URSS au début des années quatre-vingt-dix, le libéralisme, dans sa variante américaine, vient d'avorter à son entrée dans le XXIe siècle. Ce qu'il faut cependant comprendre, c'est que la vieille opposition fratricide de ces deux idéologies fondatrices de la modernité est totalement périmée. Si l'on s'en tient à la théorie de la discrimination ami-ennemi développé par Carl Schmitt, on peut même y déceler des principes totalement complémentaires qui fondent une nouvelle doctrine que certains appellent "mondialisme" ou "libéralisme libertaire".
    En effet, si le socialisme n'a pas su emprunter au libéralisme sa puissance économique pour dépasser ses contradictions mortelles, le système libéral a, lui, totalement digéré le caractère totalitaire du socialisme pour renforcer son immunité face aux violentes attaques dont il est l'objet depuis dix ans. Ainsi, l'internationalisme moral, l'interpénétration du politique dans toutes les sphères constitutives d'une société, la promotion d'une culture du désir, la foi dans le progrès, la liquidation des valeurs traditionnelles ont été chantés par le système libéral en vue d'étendre sa capacité de neutralisation des contestations humaines. Le philosophe Jean Claude Michéa, dans son essai intitulé L'Empire du moindre mal, insiste sur la nécessité de faire tomber le faux masque du libéralisme qui, pour mieux prospérer, ne cesse de se définir comme système économique du moindre mal. Or, comme le montre très bien Michéa au travers d'une lecture orwellienne, il existe une unité du libéralisme tant sur le plan économique que culturel, philosophique, sociétal et religieux. Le libéralisme ne peut plus être pensé comme un principe de réalité mais comme un projet qui absorbe toute la culture de gauche jugée compatible. Ainsi, le démantèlement de la famille traditionnelle, historiquement défendu par la gauche au nom de l'émancipation individuelle, est aujourd'hui totalement intégré dans la logique libérale d'atomisation de la société humaine. Personne ne s'étonnera dès lors que la marque de chaussure Eram lance une nouvelle campagne de promotion des nouvelles formes de famille en insistant sur le caractère sacré non pas de la famille mais du projet vendu au consommateur.
    Culture globale
    Le libéralisme a muté, il a fusionné avec les oripeaux de la culture de gauche et fonde aujourd'hui ce que l'on peut appeler la Global Culture, mise au service d'un mondialisme dont la marge de progression dépend de sa capacité à rogner les libertés du comportement humain en société. Les prémonitions de George Orwell sur le risque d'établissement d'un totalitarisme soft mais irréversible sont dès lors plus que jamais d'actualité. Bien sûr, les penseurs de la tradition et de la subsidiarité, à l'image de Charles Maurras, voyaient déjà poindre l'embastillement de l'homme réel, la dématérialisation politique de son environnement par l'hypertrophie républicaine légale ; d'où leur proposition de distinction du pays réel-pays légal. S'il faut bien sûr comprendre l'aspect totalitaire du système qui s'impose à nous, il faut également répondre de manière dialectique en puisant dans les contestations éparses, une force constitutive d'une nouvelle réflexion politique. Et celle-ci est déjà toute désignée par ses ennemis jurés : la pensée populiste.
    Au-delà de Poujade
    Si, dans les années cinquante, le populisme était caractérisé par des réactions impulsives et incohérentes d'une frange de la société traditionnellement contestataire et dont la traduction politique s'inscrivait dans le poujadisme, il dégage aujourd'hui une tout autre saveur et propose de nouvelles perspectives. Déjà au temps de Pierre Poujade, il illustrait les réactions des petits commerçants, des artisans et des petits patrons ; forces créatrices et gestionnaires des villes, des quartiers, de la vie en communauté. Bien entendu, ce sont également les premiers à supporter fiscalement l'extension du champ d'action des pouvoirs publics tout en subissant les conséquences du cadenassage de leur activité professionnelle. Cependant, jamais cette forme de populisme n'a pu déboucher sur une action politique consciente, se cantonnant à des réactions pulsionnelles sans lendemain, sans jamais comprendre que le seul vecteur d'action durable demeurait l'État.
    Alors, comment définir le populisme et l'organiser sur le plan politique ? Le populisme doit d'abord être envisagé comme une conceptualisation politique du peuple à partir d'une prise de conscience de son antagonisme à l'égard des élites qui ne le représentent plus. Dans un deuxième temps, il doit incarner un modèle de société qui fait fi d'une conception moderne des droits de l'homme pour lui préférer la défense des libertés des hommes dans le réel, c’est-à-dire dans le respect du principe de subsidiarité. Un État ayant pour doctrine le populisme ne s'arrogera pas le droit de décider ou non de l'interdiction de fumer, ni de prendre un arsenal répressif à l'encontre des automobilistes. Enfin, dans un troisième temps, le populisme proposera l'unité d'action des hommes en fonction de leur activité, de leurs lieux de vie et de leur statut social. Il n'opposera plus les Français en fonction de critères idéologiques gauche-droite, solidarisant dans l'enceinte de l'UMP, par exemple, un grand banquier avec un petit patron de PME et, au PS, un chanteur millionnaire avec un ouvrier smicard. Il défendra l'éthique de la proximité et de l'enracinement comme garant de la liberté de l'homme contre les processus oligarchiques. Un nouveau bloc de constitutionnalité permettra, par exemple, de contrôler l'action de l'État non plus dans une logique droit-de-l'hommiste, mais avec une finalité populiste de défense des libertés locales et des intérêts du peuple.
    La conquête de l'État
    À l'inverse de George Orwell et de Michéa, qui ne proposent pas d'alternative politique, la doctrine populiste envisage la conquête de l'État comme indispensable à la manifestation du pouvoir du peuple contre les oligarchies. L'État symbolise également l'opposition au mondialisme et c'est pourquoi le populisme du XXIe siècle, loin dénoncer la puissance publique, en fera un acteur incontournable pour faire naître les bases d'une société populiste. C'est pourquoi l'État total, selon les mots de Carl Schmitt, aura vocation à interpénétrer tous les ordres sociaux pour contrecarrer l'État total ennemi. Il entreprendra toutes les actions nécessaires pour reconstituer le tissu familial volontairement démantelé par l'État ennemi, pour promouvoir le statut des associations, des syndicats de professions, des conseils d'arrondissement, des provinces. Il ne s'agit donc en aucun cas d'esquisser les contours d'une société idéale, ni de proposer un système politique alternatif finalisé, mais bien d'ouvrir les champs de réflexion et d'études pour que la pensée politique renaisse des cendres du conformisme. C'est ainsi, par exemple, que les magistères de Charles Maurras, de Sainte-Beuve, des penseurs de la communauté, du socialisme Français, de la décroissance pourront être réactualisés et redécouverts en vue de fonder la nouvelle pensée politique alternative au mondialisme.
    Jean Goursky L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 1er au 14 décembre 2011

  • bientôt 500 000 !

    “Pour vérifier la véracité des nombreuses informations diffusées par mail, je me suis rendu personnellement au Chesnay dans la salle où sont dépouillées les pétitions qui arrivent de toute la France et ai recueilli des informations vérifiées auprès des responsables du dépouillement..

    Au 5 Février, 295000 pétitions avaient été vérifiées et validées. La date limite pour le retour des pétitions a été fixées au 12 Février prochain (cachet de la poste faisant foi). Il reste donc une petite semaine pour convaincre que se trompent ceux qui imaginent qu’il est trop tard ou que cela ne sert à rien.

    Le rythme d’arrivée des pétitions est compris actuellement entre 30 000 et 50 000 par jour. Le seuil de 500 000 peut être atteint. Il serait dommage que les défaitistes fassent qu’il manque 10 000 signatures. Plus de 100 bénévoles se relaient de 9 h à 23 h pour ouvrir le courrier, le trier, le vérifier et le classer. La ruche est impressionnante. Les pétitions doivent être remplies complétement et acheminées par voie postale ( mails ou télécopies ne peuvent être pris en compte)

    Au 6 Février, 350 000 pétitions avaient été vérifiées et validées. La date limite pour le retour des pétitions a été fixées au 12 Février prochain (cachet de la poste faisant foi). Il reste donc une petite semaine pour convaincre que se trompent ceux qui imaginent qu’il est trop tard ou que cela ne sert à rien.

    Ce qui est faux : La Poste ne fait aucune rétention de courrier et les postiers qui apportent chaque jour des centaines de kg de lettres sont très désapointés que l’on puisse imaginer qu’ils se préteraient à une telle manœuvre.Les mails qui circulent à ce sujet sont des hoax et il ne faut pas les rediffuser.”

    On apprend que hier soir, 7 février, les 400 000 ont été atteintes… Il en faut encore. Vous avez tous un voisin, un ami ou un membre de votre famille qui n’a pas signé ! Cliquez ici.

    http://fr.altermedia.info