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  • L'Iran à l'offensive contre l'Hollywoodisme

    L'Iran à l'offensive contre l'Hollywoodisme La troisième conférence internationale de réflexion sur l'Hollywoodisme s'est tenue à Téhéran du 2 au 6 février, avec les interventions d'une cinquantaine d'invités, parmi lesquels les Américains constituaient pour la première fois un groupe nombreux.

    Parmi eux, étaient présents Art Oliver, Jim Fetzer, Kevin James Barrett, Mike Gravel, William Engdahi, et l'anglais Rodney Shakespeare, hérauts de la contestation de la version officielle sur les attentats du 11 septembre, ainsi que le héros, le balayeur survivant devenu puissant militant William Rodriguez, Portoricain.

    Star montante, était attendu le petit fils de Malcolm X, Hadj Malcolm Shabbaz: mais le FBI l'a empêché de monter dans l'avion. Le bloc des musulmans arabes, africains, européens et américains était fourni et véhément. Leurs positions rejoignaient complètement celles des chrétiens, dans leur diversité: chaldéen, catholique, presbytérien, orthodoxe. Samba Diagne a dénoncé l'homosexualisme comme nouvelle utopie. Michael Jones a fourni la formule choc qui résume les enjeux, autour de l'outrance sexuelle: c'est Jésus contre Dracula. Son exposé a montré que les Irlandais ont un temps (entre 1933 et 1965) contré les juifs à Hollywood, qui ont infesté d'obscénité le cinéma. La campagne contre le prophète Mohammed (qui sévit maintenant chez les Guignols de Canal +) est le nouveau chapitre pour réduire en esclavage mental les musulmans comme cela a se poursuit depuis longtemps pour les chrétiens (l'affaire des Pussy Riots constitue l'offensive contre le monde orthodoxe). Le Marquis de Sade, après l'expérience de la prison, avait parfaitement établi de lien entre dégradation par la débauche et tyrannie. Thierry Meyssan a souligné l'apparition de la justification de la torture dans les séries télévisées, et la désorientation du public, rongé par le conflit des références.

    Des personnalités politiques, des partis républicain, démocrate, libertarien, des USA, mais aussi de Pologne et d'Angleterre, donnaient de la voix; des militaires témoignaient, tel Kenneth O'Keefe l'Irlandais qui était dans le Marmara attaqué par les Israéliens, Darnell Summers, vétéran du Viet Nam, et Monica Witt, ancienne combattante de la guerre d'Irak, convertie au chiisme.

    Relations incestueuses mises en œuvre par Hollywood, entre sionisme et gestion politique de l'Amérique, cannibalisme, monstruosité, "Sin city" sont quelques raccourcis critiques à réutiliser, en opposition à la résistance spirituelle iranienne, saluée par tous. Mais Merlin Miller a souligné que Hollywood perd maintenant des parts de marché, la demande de vrais héros positifs et de pureté est bien là... et le contre-festival "Progies" en est à sa cinquième année.

    Un groupe d'avocats s'est constitué pour attaquer en justice les films commandés par le Pentagone pour dénigrer l'Iran et préparer psychologiquement l'opinion publique au vaste projet de la "destruction nécessaire" (J. M. Vernochet) de l'Iran. Les films Argo (2012) , Zéro Dark 30 (2013), La lapidation de Soraya (2008), Les 300 (2007), Une nuit avec le roi (2006), Prince of Persia (Les sables du temps, 2010), Unthinkable (2010), et ceux qui ne manqueront pas de venir, ont pris la suite de Jamais sans ma fille (1991), mais la contre-offensive se prépare.

    "L'hégémonie Hollywood, arme de destruction massive", la conjonction entre industrie du divertissement et Pentagone a été étudiée en profondeur. Le neveu de Freud, Edward Bernays, avait pour le compte de la famille Rockefeller, dès la première guerre mondiale, dessiné l'industrie de la propagande. Chaque nouveau film constitue maintenant une nouvelle phase de l'"opération terreur" contre les sentiments naturels, pour que chacun accepte une nouvelle attaque impériale contre un pays ou un autre, où se mêlent inextricablement attentats bien réels, effets spéciaux et scénarios ad hoc ayant précédé les massacres programmés,et la caricature infamante de chaque type national ou religieux, y compris les Français, avec, en amont et en aval, espionnage des réseaux sociaux pour bien saisir le degré de confusion du public.

    La surprise est la convergence de spécialistes autour de la déconstruction des attentats du 11 septembre, chef d'oeuvre de l'ingénierie d'Hollywood, mais dont les failles sont désormais béantes. Nul doute que les organes israéliens se déchaînent, et donnent de fait le plus grand retentissement à ce qu'ils appelleront une provocation iranienne. Le président Ahmadinejad leur fait confiance! 2006, première invitation de Robert Faurisson, premier émoi israélien; 2011, 2012 et 2013, présence remarquée de Dieudonné, remise de distinctions par le président en personne aux représentants français du révisionnisme, Faurisson en tête.

    L'accent mis cette fois-ci sur les mensonges du 11 septembre se situe dans le cadre d'une offensive diplomatique iranienne bien précise: le gouvernement argentin accepte désormais de siéger aux côtés des Iraniens pour l'enquête sur l'attentat de 1994 à Buenos Aires, contre le centre communautaire juif AMIA. Tous les spécialistes sont convaincus que l'Iran n'est pour rien dans l'affaire, et que c'est Israël qui cherche depuis les années 1990 à faire accuser l'Iran de terrorisme d'Etat, à travers le montage sous faux drapeau de cette opération. D'ailleurs, le dirigeant communautaire argentin Borger, ténor de l'indignation israélienne, vient de se trahir, en annonçant à l'Argentine un nouvel attentat, à quoi la présidente Cristina Fernandez a répondu sans se démonter: "Ah bon, et comment le savez-vous ?... et qui donc en seraient les commanditaires ?" [1] Comme l'affirment les Israéliens, l'Amérique latine est bel et bien en train de basculer du côté de l'Iran, et en tout cas ne se laisse absolument plus manipuler par les menaces et chantages sionistes. Merci les Iraniens, de ranimer le courage de tous !

    Maria Poumier http://www.voxnr.com

    Notes :

    1 - Lu sur yahoo.com.ar (la présidente s'est exprimé par twitter...)
    "Ayer, Borger emitió su crítica más fuerte hasta el momento respecto del acuerdo. "Algunos dicen que es un paso adelante. Esto puede ser un paso adelante al precipicio. Porque si esto avanza estaríamos dando lugar a un tercer atentado muy lamentable", dijo.
    Esta tarde, Cristina dijo que leyó "con preocupación" esas declaraciones. "Estremece", opinó, sobre la frase sobre la idea de "un tercer atentado".
    "Considero a Borger una persona respetable. ¿Qué es lo que sabe para una afirmación tan terrible? Si hubiera un atentado por el acuerdo con Irán. ¿Quién sería el autor intelectual y material?", se preguntó en Twitter.
    "Está claro que nunca podrían ser los países firmantes -continuó la mandataria-. ¿Serían quienes se oponen al acuerdo? ¿Países, personas, servicios de inteligencia? ¿Quiénes? Pero además, ¿quién o quiénes serían? ¿O seríamos los objetivos?"
    "Me viene a la cabeza como un relámpago el dolor y las palabras de Zulema Yoma [la ex mujer del ex presidente Carlos Menem] afirmando que la muerte de su hijo fue el tercer atentado terrorista luego de la voladura de la Embajada de Israel y AMIA. Siento que se me hiela el alma", agregó.
    Cristina cerró la docena de tuits de hoy con la conclusión: "Creo que el Pueblo Argentino en general y la Justicia en particular deben y merecen conocer lo que sabe Guillermo Borger, titular de AMIA".

  • Les adversaires du mariage pour tous bloquent les Champs Elysées

    Concert de klaxons, drapeaux bleus, blancs, roses et voiture de mariés : plus de 200 opposants au mariage homosexuel ont organisé dimanche un « happening » sur les Champs Elysées, a constaté une journaliste de l’AFP.

    Ils étaient environ 250 à bloquer momentanément la célèbre avenue de la capitale, a-t-on appris de source policière, la figure de proue des opposants au texte sur le mariage homosexuel Frigide Barjot, évoquant de son côté la présence de « plus de 400 voitures ».

    Rendez-vous avait été donné à la presse au petit matin devant le Conseil d’Etat, près du Palais-Royal.

    Frigide Barjot, vêtue de son désormais incontournable sweat-shirt rose, y a réclamé que le Conseil rende public son avis sur la question qu’elle juge « tenu secret » ce qui illustre, dit-elle, une « volonté de ne pas dire la vérité aux Français ».

    Selon elle, « la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire administratif a rendu un avis qui dit clairement les choses sur le fait que le mariage a été explosé par la volonté d’égaliser les couples de même sexe avec les couples de sexe différents ».

    Les membres de l’institution y « soulignent que cela crée une différenciation irréductible entre les mariages de personnes de sexe différent et les mariages de personnes de même sexe en faisant disparaître la présomption de paternité. C’est très grave », dit-elle.

    « Il va falloir le dire aux Français, cette loi (...) institue que la filiation est changée et que donc la PMA (procréation médicalement assistée) et la GPA (gestation par autrui) se trouvent inévitables », estime l’humoriste catholique, bien que ces questions ne figurent pas dans le texte.

    « Y a pas d’ovules dans les testicules »

    Après une escale au pied de l’obélisque de la place de la Concorde, où les militants ont notamment brandi devant ce symbole phallique une pancarte « Y a pas d’ovules dans les testicules », ils ont remonté la plus célèbre artère parisienne en chantant la Marseillaise ou des slogans comme « Les Français parlent au François » et « Hollande, ta loi, on n’en veut pas ».

    Un couple de mariés en tenue « Charlène et Etienne » a alors rejoint le cortège à bord d’une voiture décapotable, un jeune maire célébrant fictivement leur mariage en lisant les articles du code civil, qui sera amené à être modifié avec le projet.

    Le débat-marathon sur le projet de loi s’est achevé samedi après environ 110 heures de discussions. Le texte doit être adopté mardi par l’Assemblée nationale mais il devra ensuite franchir l’étape du Sénat, à partir du 18 mars.

    Les opposants, qui avaient rassemblé 340.000 personnes d’après la police, 800.000 à un million selon les organisateurs le 13 janvier, appellent de nouveau à descendre dans la rue le 24 mars, l’événement de dimanche constituant selon Frigide Barjot, un « teaser » de cette « grande manifestation ».

    Malgré le cheminement du texte au Parlement, les anti-mariage gay assurent qu’ils ne baissent pas les bras, leur figure de proue soulignant que « la marche parlementaire n’empêche pas la marche du peuple ».

    Ils ont de nouveau réclamé dimanche la tenue d’un référendum et indiqué qu’ils comptaient « interpeller toutes les institutions » du pays contre le projet. Ils prévoient notamment de se rendre devant l’Assemblée mardi pour y tenir « un bureau de vote » de 9 heures à 18 heures, invitant aussi les Français à se prononcer contre le texte sur leur site internet (lamanifpourtous.fr). Ils prévoient également de déposer le 15 février une pétition ayant recueilli « plus de 500.000 signatures » au Conseil économique, social et environnemental(Cese).

    Libération

    LIRE ÉGALEMENT : Pourquoi Barjot veut 500.000 signatures contre le mariage pour tous DECRYTPAGE - Les opposants au mariage pour tous ont lancé une pétition et espèrent recueillir 500.000 signatures pour saisir le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Une manière, selon eux, de pousser le gouvernement à retarder le projet de loi, qui arrive mardi à l’Assemblée nationale. Sur Le JDD

    http://www.actionfrancaise.net

  • Du mariage gay à la G.P.A. en passant par la P.M.A., le spectacle du fétichisme marchand se révèle comme le triomphe universel de la vie inversée… par Gustave LEFRANÇAIS

    « Les enfants sont là transformés en simples articles de commerce… »

    Marx en 1847, rédacteur de l’« Adresse inaugurale » de l’Association internationale des travailleurs pour l’abolition de l’argent et de l’État

     

    « Le facteur déterminant, en dernier ressort, dans l’histoire,

    c’est la production et la reproduction de la vie immédiate »

     

    Engels en 1884, L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État

     

    « Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la P.M.A., la G.P.A. ou l’adoption… Moi je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine,

    quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant…»

     

    Pierre Bergé en 2013, entrepreneur en confection de luxe, homme d’affaires et mécène de toutes les impostures du marché narcissique du faux triomphant

     

    Il y a bientôt près de deux siècles, les groupes maximalistes de la critique radicale qui défendaient une conception ontologique et émancipée de la famille humaine eurent l’intelligence et la profondeur de démontrer que la famille policée, progressivement domestiquée par la civilisation du profit ne pouvait déboucher, par la nécessité historique implacable des affaires, que sur la prostitution universelle dans l’artificiel illimité.

     

    Des vieilles insurrections paysannes de jadis aux soulèvements ouvriers qui ne cessèrent de s’ensuivre contre la modernité capitaliste de l’oppression, les solidarités vivantes de la filiation familiale ont toujours constitué des axes dynamiques et expressifs autour desquels l’indiscipline, la mutinerie et le soulèvement communautaire pouvaient durablement s’installer contre le travail d’atomisation des spéculations du négoce. Le Chouan de 1793, le Communard de 1871 et le Sidérurgiste de 1979 avaient la force et la volonté de se battre parce que leur lutte de classe contre l’ignominie économique et politique se charpentait d’emblée sur la détermination enracinée des relations affectives qui faisaient la solidité de la maisonnée et de la parentèle. Et ce parentage historique, vivace par delà les pesanteurs obscurantistes limitées de l’Ancien Régime qui avait dû composer avec la puissance établie des communaux ancestraux, conservait fondamentalement le sens de la tradition primordiale de la longue durée millénaire, là où la communauté organique, ignorant la loi de l’argent et de l’État, produisait pour le seul bien vivre humain.

     

    Avec la domination pleinement réalisée de la marchandise, les lignages d’avant le règne absolu de l’accaparement qui pouvaient être encore utilisés à contre-pied lors de la phase d’ascension du Capital, n’ont plus décidément aucune utilité puisqu’ils témoignent justement de ce temps révolu où la généalogie des hommes échappait encore pour une part au cannibalisme de l’appropriation. Par la dialectique de l’obscurantisme illimité de la démocratie du calcul et de l’avilissement, la séparation généralisée des hommes de leur propre existence exulte, et ainsi doit disparaître toute pratique unitaire de la réalité, toute communication personnelle directe entre les humains qui ne serait point préalablement médiée par la représentation narcissique des échanges. Selon le progrès moderniste de l’accumulation capitaliste d’une production obligatoirement séparée et séparante, l’unité et la communication deviennent l’attribut exclusif du fétichisme de la marchandise. La réussite du système historique de la séparation spectaculaire est alors la marchandisation exemplaire du monde de tous les comportements des humains asservis.

     

    Comme le dit Marx, dès ses premiers textes, et ce au total rebours de tous les idiots utiles du progressisme du mondialisme du bénéfice : dans la société de l’Avoir, la production ne produit pas seulement l’homme comme une marchandise, la marchandise humaine, l’homme destiné au seul rôle de marchandise, elle le produit conformément à cette destination, « comme un être déshumanisé aussi bien intellectuellement que physiquement… Immoralité, dégénérescence et ilotisme… »

     

    Le système du fétichisme marchand édifié sur l’isolement est une production circulaire de l’isolement narcissique. L’isolation spectaculaire assure la technique de développement de la marchandise et le développement technique de la marchandisation isole toujours et toujours plus en retour. Chaque pas en avant de la libération des mœurs telle que prônée par l’extrême gauche du Capital qui n’est là pas autre chose que l’avant-garde de la profitabilité générale, aboutit de fait à marchandiser toujours davantage les corps, les cœurs et les âmes, et tous les avancements sélectionnés par le système spectaculaire sont de la sorte ses armes nouvelles pour le renforcement constant des conditions d’isolement et d’esclavage des pitoyables et incommensurables foules solitaires.

     

    L’origine et le principe du spectacle de la marchandise c’est la perte d’unité du vivre authentique, et l’expansion gigantesque de la sexualisation marchande par la mercantilisation systémique du sexe exprime la totalité de cette corruption où la vraie jouissance radicale du qualitatif réfractaire est transmutée en vulgaire faux plaisir de la quantité commerciale. Le spectacle de la liberté des mœurs n’est que le langage commun de cette séparation où ce qui relie les spectateurs apprivoisés n’est finalement qu’un rapport irréversible à leur propre vie fausse laquelle maintient leur isolement infini dans ce spectacle de schizophrénie mégapolitaine où l’orgasme illusoire réunit des errances humaines séparées mais en ne les réunissant toujours qu’en tant qu’épaves séparées dans la grande déambulation égarée des braderies lamentables.

     

    Par delà la ridicule comédie théâtrale du mariage gay qui ne concerne d’ailleurs pas la masse des spectateurs homosexuels mais plus exactement la nomenklatura étatique et médiatique de ceux qui entendent en contrôler le marché, il faut, en premier lieu, rappeler qu’il est dans la logique du Capital de dissoudre tout ce qui lui était antérieur après en avoir épuisé toutes les ressources possibles puis de le refaçonner à l’image du parcours totalitaire de la pure démocratie de la mesure mercantile à la page.

     

    Désormais, le spectacle du fétichisme marchand s’est emparé de la totalité du monde et la liberté despotique de l’argent est enfin parvenue à élaborer la fabrique démocratique universelle de cette marchandise si originale qu’est l’être humain chosifié jusqu’en son intimité sexuelle et émotionnelle la plus profonde. Tout s’achète et tout se vend dans le procès réalisé de la mondialisation capitaliste flamboyante qui a digéré toutes les manifestations du vivre humain pour les réécrire adéquatement au marché totalitaire des échanges narcissiques du commerce de l’aliénation consommatoire.

     

    Ainsi, le sexe est d’abord une transaction affairiste et son commerce accru depuis la libéralisation des marchés du désir machinique tant prônée par l’extrême gauche du Capital à partir de la mystification libéralo-libertaire de 68 qui est venue cacher la colère ouvrière radicale qui fit alors si peur, se montre essentiellement comme croissance et mobilité ininterrompues des innovations aliénatoires nécessaires à l’ajustement structurel du despotisme de la possession. La libération sexuelle est le mouvement par lequel la marchandise se libère des traditions de l’avant-marchandise pour imposer la pure domination du marché de l’offre et de la demande qui permet dès lors le trafic des hommes, des femmes et des enfants conformément à tous les désirs réifiés de la logique du marché des sexualités mécaniques librement circulantes.

     

    Quel esprit lucide doté d’un tant soit peu de vivacité intellectuelle pourrait s’étonner que l’économie politique du mariage gay et l’ensemble de ses conséquences, la P.M.A. (procréation médicalement assistée) et la G.P.A. (gestation pour autrui) correspondent impeccablement à une époque qui veut que nous cessions de ressembler à la souche subversive de notre provenance en la vieille communauté de l’Être qui fit tout à la fois, nos jacqueries incessantes, la Commune de Paris et les grèves séditieuses du siècle dernier, pour nous amener à devenir la stricte duplication conforme de l’industrie moderne de la misère généralisée de tous les marchés narcissiques concevables où il est tout à fait normal de louer ou d’acheter un utérus puisque l’enfant est bien entendu une fourniture comme une autre.

     

    L’argent qui possède la spécificité de pouvoir tout s’approprier est par son universalité advenue la toute-puissance spectaculaire d’un pouvoir sans bornes, celui du cosmopolitisme de la marchandise démocratique qui peut tout commercialiser ; les rêves, les peurs, le sang, le sperme, la vie et la mort. Ceux qui s’en étonnent ou s’en effraient et qui sont encore tellement aveuglés qu’ils croient qu’il pourrait en être autrement n’ont décidément rien compris et sont finalement les meilleurs alliés de ce à quoi ils prétendent s’opposer. La perversion et la confusion de toutes les qualités humaines et naturelles sont inhérentes à la nature déterministe de ce qu’est l’argent en son mouvement historique incœrcible. Et le fétichisme de la marchandise en tant que nature générique aliénée et aliénante de l’humain n’est rien d’autre que la puissance aliénée de l’humanité.

     

    Ceux qui espèrent pouvoir arrêter la folie de l’argent en demeurant sur le terrain de l’argent et en prétendant le contenir ne voient précisément pas que son identité est d’être expressément irrépressible et ingouvernable. Il n’y a pas d’argent propre car celui-ci est par essence la puissance de corruption qui déporte l’être dans une abjection générale qui confond et échange tout dans une dégradation absolue où toute activité se voit emprisonnée dans les infections du paraître et de l’avoir. Par là même, on en revient au vieux et seul vrai débat qui compte; celui de Misère de la philosophie rédigé en 1847 qui nous a clairement montré que l’argent n’a pas « un bon et un mauvais côté » et que la pensée défectueuse et rudimentaire qui récuse les effets abominables de la loi du fétichisme marchand tout en entendant préserver les catégories capitalistes du système des objets fait montre d’un cynisme d’emmuré.

     

    Que certains qui entendent pourtant demeurer dans la civilisation du travail du profit bougonnent contre la réforme capitaliste du mariage en s’alarmant que l’enfant y deviendra assurément une marchandise, illustre merveilleusement toute la perfidie d’un univers où le citoyen est constitutionnellement un consommateur d’illusions. La marchandise est cette illusion en tout lieu effectivement réalisée et le spectacle du monde de l’argent inéluctable sa manifestation générale. En effet, il y a bien longtemps que le spectacle du pécule est devenu l’autre face de la vie arraisonnée par l’artifice : l’équivalent général abstrait de toutes nos existences monétisables.

     

    On ne peut à la fois vouloir sauvegarder l’argent et préserver l’humain… Il faut choisir et il convient de se défaire de ce mythe qui nous conditionne à pouvoir envisager d’accepter l’absurdité d’une économie et d’une politique qui ne seraient pas ce qu’elles ont toujours été par nature et non point par accident; le long et douloureux arrachement des hommes à la vie cosmique et sacrale de la communauté d’antan, jetés dans des sociétés de profanation croissante dont le monothéisme de la marchandise est le stade suprême dorénavant accompli pendant que le temps des monarchies fut, lui, cette longue étape de transition indispensable qui permit aux spéculations du sacré de liquider graduellement les traces résistantes de l’immonayable sacral à proportion du profane qui s’étendait de plus belle.

     

    La théorie vraiment critique est ennemie de toute idéologie de l’argent amendé, épuré, purgé, purifié ou réaménagé, et elle sait qu’elle l’est parce qu’elle est avertie que la réalisation toujours plus poussée du fétichisme de la marchandise à tous les niveaux, en rendant toujours plus difficile aux humains de reconnaître et de nommer l’in-humanité de leur propre abaissement, les place dans l’alternative de refuser la totalité de ce déchoir, ou rien. La pensée qui pense en vérité a dû dès lors apprendre que l’on ne peut pas combattre l’aliénation de la monnaie et ses aboutissements sous des formes monnayant encore l’aliénation.

     

    Pour l’inter-collectif L’Internationale, Gustave Lefrançais http://www.europemaxima.com/

  • La faucille et le marteau… ou la flamme ?

    Le 36ème congrès du parti communiste « français » s’est achevé  hier dimanche à Aubervilliers par la réélection avec 100% des voix de Pierre Laurent -seul candidat au poste de secrétaire national. Il  a  indiqué la volonté de son parti  de  « réorienter la politique sociale-libérale du gouvernement », avec l’aide «de toutes les forces de la gauche». Parmi les priorités du PC, figurent ainsi  l’interdiction des licenciements boursiers, le droit de vote des étrangers, ou encore l’accord sur l’emploi. Annonçant pour 2012, 7000 nouveaux adhérents (sic), la direction communiste entend se rassurer sur sa pérennité en évoquant le sondage  Ifop paru jeudi dans L’humanité. Alors qu’en août 2010, le PC « F » était amené à disparaître pour une large majorité de Français (58%), cette idée ne serait  plus partagée aujourd’hui que par 47% des sondés. L’effet Mélenchon  – son OPA sur les scores traditionnels de l’extrême gauche à la dernière présidentielle avec ses 11 ,2%du premier tour- est indéniablement passé par là.

     La réalité c’est qu’un Parti communiste aussi falot que son secrétaire national se dissout  et s’efface au second plan avec la création du Front de Gauche (FG). Une  alliance qui fait frémir les « stals » et autres « cocos » à l’ancienne.  Soit le  rassemblement du PC, du  Parti de Gauche de l’ex socialiste et grand oriental Jean-Luc Mélenchon,  et de plusieurs groupuscules trotskystes. Une  main tendue par le  PC en 2009   aux « vipères lubriques », faut-il que la situation soit désespérée !

     Dans l’esprit des Français c’est justement le FG, notamment dans sa dimension mélenchoniste,  qui tendrait à incarner l’avenir des idées communistes. Aussi il est assez logique que 58% des sondés estiment que « l’existence du Front de Gauche risque de conduire à la disparition de l’identité et du Parti communiste », .idée  partagée par 45% des sympathisants du Front de gauche

     Au-delà de la pure arithmétique électorale,  il est assez évident que le communisme possède encore  dans notre pays une influence  délétère sans commune mesure avec son soutien dans l’opinion.

     Reflux dans les urnes et les cœurs qui se vérifient depuis des décennies. L’écroulement du rêve léniniste à l’Est est passé par là certes, mais surtout au tournant des années 90,  le choix stratégique qui a vu la place du colonel Fabien  abandonner  sa posture  patriotico-populiste  au profit du combat « sociétal », du  soutien apporté à toutes les minorités, de préférence  les plus exotiques.  Ce fut la deuxième  mort de Georges Marchais,  organisée par Robert Hue et Marie-Georges Buffet.

     Certes le PC possède encore quelques bastions municipaux :  28 communes  de plus de 30 000 habitants –principalement dans les banlieues plurielles- , 50 de 10 000 à 3 000 habitants, 761 maires communistes et apparentés et plus de 8 000 conseillers municipaux.

     Des fiefs qui se réduisent  comme peau de chagrin, d’autant que  le PC échappe au naufrage uniquement  grâce  aux largesses et aux accords passés avec  les traîtres sociaux-démocrates du PS. Socialistes  qui utilisent les cocos comme force d’appoint ou faire-valoir  et qui  marchandent toujours avec eux dans les assemblées d’élus pour former  des majorités. Quant à l’argent  du grand capital qui irrigua il est vrai la révolution bolchevique dès ses débuts,  il bénéficie encore  à un journal-vitrine  sans lecteurs,  L’Humanité qui , sans  l’appui financier de M. Lagardère,   aurait lui aussi disparu depuis longtemps.

     Autre face du Janus internationaliste, le communisme n’est plus en mesure depuis longtemps de s’opposer au mondialisme capitaliste constate Bruno Gollnisch. ultra-libéraux antinationaux qui  partagent avec les vieilles  barbes  rouges, le rêve d’un monde débarrassé définitivement  de ses frontières, de ses enracinements, de ses peuples différenciés remplacés par  des masses dociles de consommateurs interchangeables. Du passé faisons table  rase …

     Pierre Laurent est aussi accusé au sein même de son parti  de vouloir  liquider  définitivement ce qui reste du  le communisme de grand papa –dont est  issu il faut le dire des générations de militants exemplaires, fils du peuple  dont beaucoup ont rejoint par la suite les  rangs du Front National –   et d’achever la mue du « PC »F…Celle là même qui a conduit à la disparation corps et bien  du PC italien qui s’était engagé sur la voie d e la modernité…

     Ainsi,  sans débat interne ni avis du conseil national du parti, après avoir été retirés de très nombreux supports ces dernières années,  la faucille et le marteau, un des symboles fort de l’identité communiste,  ont été  également effacés   des cartes d’adhérent du PC. C’est tout sauf un détail sans importance. Symbole officiel de l’URSS dés 1922, adopté dans la foulée  par le PC en France, faucille et marteau  ont donc  été remplacés par la mention « gauche européenne » et l’étoile du Parti de la gauche européenne (PGE),  fédération de partis communistes ou assimilés, créée en 2004 et dirigée aujourd’hui par Pierre Laurent.

      La faucille et le marteau c’est « un sigle qui ne résume pas ce que l’on est aujourd’hui. Nous voulons nous tourner vers l’avenir » a expliqué le camarade Laurent. Il fait donc le choix symbolique de l’Europe, de la normalisation », de «  l’euro social-démocratie» a fustigé dans un communiqué le PCF du Bassin d’Arcachon.

     Emmanuel Dang Tran,  ancien candidat à l »investiture communiste à la présidentielle, secrétaire de section à Paris, assurait au  micro de France Info : « Tout le parti est choqué par ça », accusant Pierre Laurent « d’inféoder le PCF, avec le Front de gauche, des verts, des trotskistes, à la social-démocratie. »

     « Que représentent dans l’imaginaire le marteau et la faucille ? s’interroge le blog (communiste)  de « Diablo »,  commun commune : « Parti populaire, ouvrier et paysan –du moins il y a longtemps, NDLR- , le PCF a trouvé dans la faucille et le marteau un emblème dont la signification la plus évidente (l’union des travailleurs industriels et agricoles) semblait bien correspondre à son identité réelle (…) ». «  Le marteau, c’est le travail industriel assurément, mais c’est aussi l’ouvrier, plus généralement l’homme caractérisé par sa vigueur corporelle (…) Quant à la faucille, c’est loin d’être seulement un symbole du travail agricole (…) la faucille c’est l’outil de la femme à la campagne (…) . La faucille, c’est donc aussi la femme, ce que suggèrent peut-être implicitement ses formes arrondies. »

     « Il était normal qu’en France, où la pratique des symboles politiques était familière (avec le bonnet phrygien, par exemple), l’attirance pour le symbole nouveau fut vive. Dans la tradition républicaine et socialiste française, bien des éléments préparaient son adoption. La franc-maçonnerie avait déjà popularisé la représentation emblématique des outils du travail (le niveau, le fil à plomb). »

     Et de poursuivre: « un emblème a une certaine importance, puisque tant à travers sa perception consciente que par ce qu’il évoque dans l’inconscient, celui-ci doit aider à mobiliser les individus en faveur de la réalité qu’il évoque. »

     « Diablo » ne croit pas si bien dire car faucille et marteau ont aussi dans nos contrées, une résonance plus profonde, plus occulte peut être,  qui en  prolonge la symbolique  léniniste.  Tant il  est vrai que dans notre Age sombre d’inversion des valeurs, et de confusion  généralisée, l’emploi détourné de certains supports n’est jamais neutre, même si cela échappe à beaucoup de leurs utilisateurs.

     Le marteau, symbolise l’esprit l’intelligence, la volonté et d’autre part la brutalité, l’agressivité instinctive et destructrice. La faucille comme la faux, dans son acception négative, est associée à la planète Saturne et à la mort mais dans son acception positive  à la déesse latine Cérès,  la Déméter grecque, la première reprenant largement les attributs de la seconde.

      Soit la Déesse de l’agriculture, des moissons, protectrice de la terre cultivée et des animaux domestiques, personnifiant la terre nourricière. La faux (faucille)  symbolise aussi « l’élimination des incertitudes qui doivent  laisser place aux énergies nouvelles » (Laura Tuan).

     Le 2 février dans la Rome antique, on promenait dans les rues des lumignons et chandelles allumées car la tradition voulait que Cérès, recherchant sa fille Proserpine enlevée par Pluton,  ait allumé des torches au sommet de l’Etna

     C’est sur ce même volcan, l’Etna  que se fait la rencontre  entre  la faucille et  le  marteau, attribut du dieu forgeron Héphaïstos -le Vulcain des latins, qui façonna la première femme, génie protecteur des forgerons, et des batteurs de métaux, qui  s’identifiait à lui . Précipité du ciel par Zeus car laid et difforme,  Héphaïstos-Vulcain vivait sous l’Etna,  la porte de l’enfer.  Le dieu au marteau représente  la double nature du volcan : destructivité du feu  qui détruit le monde ancien  et fécondité de la lave rouge   qui le régénère…

     En abandonnant  faucille et  marteau, le PC abandonne donc  aussi symboliquement à la fois son attachement à la terre, aux paysans, aux ouvriers,  et sa dimension virile,  révolutionnaire, au profit de l’inaccessible  étoile à cinq branches du PGE, symbole ésotérique du microcosme.

     La flamme frontiste elle,  plantée bien droite  dans le sol de notre pays, restera un point de ralliement, un môle ; elle  continuera de réchauffer et d’éclairer tout ceux qui entendent  dissiper les ténèbres mondialistes. Le FN lui,  n’a pas  renoncé à  la révolution (patriotique) sous l’égide de laquelle se déroula le Congrès de Tours. Révolution, qui, étymologiquement, ne veut pas dire subversion et chaos mais précisément  l’opposé , à savoir  retour à un  point de départ et mouvement ordonné autour d’un centre…à mille lieux du communisme.

    http://www.gollnisch.com/

  • Pour les retraites, le changement c’est maintenant

    Des efforts seront demandés aux Français lors de la prochaine réforme des retraites et seront modulés selon les carrières professionnelles, a déclaré dimanche la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine.

    Elle a cependant précisé qu'aucune piste n'était privilégiée pour l'instant et que toutes les options étaient sur la table. "Il y aura des efforts, je le dis", a-t-elle déclaré lors de l'émission "Tous politiques" France Inter-Le Monde-AFP.
    "Il y aura des efforts nécessaires, et dans le même temps, il faut évidemment que ces efforts soient différenciés selon les carrières professionnelles", a-t-elle ajouté.
    Le déficit du régime des retraites devrait dépasser 21 milliards d'euros en 2017, selon le Conseil d'orientation des retraites, alors que la réforme de 2010 prévoyait l'équilibre en 2018.
    Un comité d'experts doit être constitué "dans quelques jours ou quelques semaines" pour faire des propositions, a confirmé Marisol Touraine, et le gouvernement engagera ensuite une concertation avec les organisations syndicales.
    Selon un sondage CSA, 60% des Français considèrent que le report à 65 ans de l'âge légal de départ à la retraite, contre 62 ans prévu par la réforme de 2010, sera à terme nécessaire.
  • Un grand historien nous a quitté : Jacques Heers

    40072.gifLes gros médias n’ont quasiment pas parlé de son décès, en dépit de sa renommée. C’est selon nous un hommage appréciable.

    Décédé il y a quelques semaines, à l’âge de 88 ans, Jacques Heers fut un historien français de grand talent et de grand renom.
    Spécialiste de l’histoire du Moyen Âge, professeur à la faculté des Lettres et Sciences humaines de Paris-Nanterre, puis directeur des études médiévales à Paris IV, ce catholique de conviction n’était pas soumis à l’historiquement correct.

    Vous pouvez retrouver ici ses ouvrages les plus connus (dont certains en poche), et en particulier son fameux et bienvenu Le Moyen-Âge, une imposture.

    Jacques Heers avait participé au Manuel d’histoire scolaire que nous avions évoqué à diverses reprises.

    http://www.contre-info.com/

  • Le « mariage » pour quelques uns est en fait une menace « pour tous »

    Dans le concert des arguments développés par les « pour » et les « anti » mariage gay, il est une voix qu’on n’a jamais entendue : celle de la langue française.

    Au cours de mes 40 années d’enseignement (collège et lycée) en qualité de professeur de Lettres Classiques, j’ai toujours attaché une grande importance à la valeur des mots. Choisir le mot exact, le « polir sans cesse » comme disait Boileau, c’est à la fois s’assurer qu’il exprime parfaitement ce que l’on veut dire mais c’est aussi s’assurer que l’on sera bien compris de son auditoire.

    La polémique que suscite le projet de loi sur le mariage gay offre un bel exemple de cette dilution de la pensée dans le brouillard d’une terminologie approximative. A force de triturer les mots dans tous les sens, les mots n’ont plus de sens et l’opinion déboussolée y perd son latin. Les slogans réducteurs répercutés par les médias ne font qu’entretenir la confusion au point qu’on a parfois l’impression d’avoir perdu le sens commun.  Prenons quelques exemples.

    Premier exemple : La notion de « couple » homosexuel est-elle adaptée ? La réponse est non.

    Si l’on se réfère à la terminologie du « Bon Usage », l’assemblage de deux éléments de même nature ne constitue pas un « couple » mais une « paire ». Ainsi, on dira une paire de ciseaux, une paire de lunettes et non un couple de ciseaux ou un couple de lunettes. Il en est de même pour les êtres vivants. Deux bœufs assemblés sous le même joug forment une paire de bœufs et non un couple de bœufs. Deux jumeaux de même sexe constituent une paire de jumeaux et non un couple de jumeaux. On pourrait multiplier les exemples.

    La langue française nous indique clairement que la notion de « couple » repose sur un principe de différenciation et d’altérité. Le couple, c’est « un homme et une femme unis par des relations affectives, physiques » (Robert 2012). La prise en compte de la fin de la définition ne doit pas faire oublier le début. La distorsion sémantique à laquelle on s’adonne chaque fois qu’on évoque un « couple » homosexuel crée une confusion dommageable que rien ne peut justifier, pas même une évolution des mœurs. Il s’agit bien ici d’appeler un chat « un chat ».

    Deuxième exemple : qu’est-ce qu’un parent ?

    La reconnaissance officielle du « couple » homosexuel entraîne nécessairement – tout le monde le sait – une modification du Code Civil. La disparition des mots « père » et « mère » au profit de la notion de « parent 1 » et « parent 2 » n’est en fait qu’une supercherie linguistique doublée d’un mensonge puisque le mot désigne étymologiquement les deux personnes (père et mère) qui conjointement sont à l’origine de toute naissance. En latin, le verbe parere veut dire « engendrer » pour le père, et « enfanter » pour la mère. Comment peut-on expliquer à un enfant que ce mot de « parent » (quel que soit son numéro) s’applique à une personne qui est totalement étrangère à sa naissance, un clandestin en quelque sorte ? La loi peut-elle cautionner ce mensonge ?

    Ces deux exemples suffisent à démontrer que la terminologie avancée par les partisans de la loi n’est qu’un écran de fumée destiné à masquer une stratégie plus sournoise que les récentes manifestations viennent d’ailleurs de confirmer. Il semble en effet que les partisans du « mariage pour tous » se soient déjà engouffrés dans une brèche : l’incohérence du projet de loi :

    Une incohérence interne à la loi : un « couple » homosexuel est par définition stérile. Il est donc logique que les homosexuels aient recours à des artifices s’ils veulent avoir des enfants. C’est le sens de leur revendication première : le droit à l’adoption, baptisé outrageusement « droit à l’enfant ». Le projet de loi prévoit cette disposition mais interdit la PMA (procréation médicalement assistée pour les femmes) et la GPA (gestation pour autrui pour les hommes c’est-à-dire le recours possible à une mère porteuse).

    Comment justifier cette contradiction alors que la loi du « mariage pour tous » est présentée comme une extension des droits ?

    Les récentes manifestations des partisans du mariage ont clairement démontré que les homosexuels entendaient s’appuyer sur cette contradiction pour pousser plus loin leurs exigences. Sur cette question, on note les premiers signes d’un fléchissement de la part des promoteurs de la loi. Le recours à la PMA, exclue dans un premier temps, pourrait faire l’objet d’un amendement présenté par les députés de la majorité. Cette concession, logique en elle-même, met à nu la vraie nature du débat.

    Le « mariage pour tous », présenté au départ comme l’objectif essentiel, apparaît de plus en plus clairement comme un simple point de passage, une étape transitoire pour obtenir « in fine » une égalité de droit pleine et entière avec les couples hétérosexuels stériles.

    Comme le droit à l’adoption ne changera pas grand-chose à la situation des homosexuels, vu les réticences de la plupart des états à confier des enfants à des homosexuels, c’est bien sur la PMA et la GPA que se concentre toute la pression. Une fois acquis le droit à la PMA pour les femmes homosexuelles, comment interdire aux hommes, au nom de ce même principe d’égalité, d’avoir recours à la GPA ? Si c’était le cas, il y aurait là une discrimination incompréhensible, voire une injustice, tout à fait contraire à l’esprit même du projet de loi.

    Le piège des slogans

    Il est une autre supercherie linguistique qu’il convient de dénoncer et qui tient au discours même des homosexuels.

    Pendant longtemps, leur combat a été placé sous le signe du « droit à la différence », droit qui leur a été reconnu par l’ensemble de la communauté nationale avec la création du PACS. Aujourd’hui, le thème du « droit à la différence » a totalement disparu du glossaire homosexuel. Bizarre !

    Ce virage à 180 degrés a quelque chose de surprenant et pourtant personne ne s’en étonne. Il est vrai que le slogan « le mariage pour tous » est plus rassurant et plus rassembleur que « le droit à la différence » jugé sans doute trop « clivant » pour employer un terme à la mode, un concept dépassé en tout cas que l’on range sans complexe au rayon des accessoires.

    Au contraire, « le mariage pour tous » sonne comme un appel à la fête, à la fusion universelle de toute l’humanité, un remake d’ « Embrassons-nous, Folleville », en somme une préfiguration du « paradis pour tous ». Qui peut résister à un tel programme ?

    Malheureusement, cette vision édénique du mariage est en décalage complet avec la réalité des faits.

    Il est d’abord étrange que le PACS ait eu si peu de succès auprès de la communauté homosexuelle alors que cet aménagement de la législation était notamment prévu pour elle. Et si le mariage présente tant d’attraits, comment expliquer que tant d’hommes et de femmes, de la base jusqu’au sommet de l’Etat, choisissent l’union libre c’est-à-dire le non-mariage ?

    Il est notable également que nombre d’homosexuels vivent leur vie le plus naturellement du monde sans réclamer nécessairement le passage devant Monsieur le Maire. Certains même s’étonnent de ce déchaînement médiatique sur une question qui leur est totalement étrangère. Alors, au bout du compte, que penser de tout ce tapage, de tout ce galimatias ?

    Pas grand chose, sinon que derrière ces acrobaties sémantiques ou stylistiques, il y a la volonté de nier une évidence.

    La négation d’une évidence

    Quel que soit le mode de procréation choisi, la naissance d’un enfant est nécessairement le résultat de la rencontre de deux cellules, masculine et féminine. La différenciation sexuelle est constitutive de l’être humain, même si les choix de vie peuvent ensuite amener certains individus à la vivre différemment. De ce fait, on ne peut admettre qu’une simple évolution des moeurs soit un argument suffisant pour modifier le statut du couple et celui de la famille, tels qu’ils nous ont été transmis depuis les origines de notre civilisation.

    Les Romains eux-mêmes, qui pratiquaient librement et indifféremment les deux formes de sexualité, n’ont jamais songé à remettre en question ce mode d’organisation de la famille pour une raison très simple mais essentielle : cette structure de la cellule familiale est la seule à garantir la filiation. Grands législateurs (ne pas oublier au passage que notre Code Civil découle directement du Droit Romain), ils ont toujours tenu à préserver ce socle de l’organisation sociale.

    Quant à l’adoption, très courante à Rome, elle a toujours été soigneusement encadrée par tout un arsenal juridique de manière à préserver l’intégrité des liens du sang. De ce fait, l’adoption n’était juridiquement admise que dans le cadre d’une famille déjà constituée et sur le modèle du couple hétérosexuel.

    Jamais deux sans trois

    Mais il y a plus grave : la stérilité naturelle du « couple homosexuel » induit nécessairement l’intervention d’un tiers de l’autre sexe pour le rendre fécond. Dès lors, l’accès à la PMA ou à la GPA (quelle que soit la procédure adoptée, c’est-à-dire avec ou sans rapport sexuel) conduit à s’interroger sur la nature de ce prétendu « couple » qui ne peut assurer à lui seul son désir d’enfant. Ce qui revient à dire que le contrat de mariage que signeraient deux personnes de même sexe inclut nécessairement l’intervention prévisible d’une troisième personne. Il ne s’agit donc plus d’un « couple » mais d’une « triade », une forme d’adultère biologique accepté et reconnu par la loi. Sans parler des inévitables dérives financières qu’entraînera nécessairement la recherche effrénée de donneurs et de mères porteuses. Dans certains pays, on assiste déjà à des combinaisons multiples où les homosexuels s’adjoignent – pour un temps ou pour longtemps et moyennant finances – le concours d’une ou plusieurs personnes pour mener à bien leur projet. Nous sommes là devant le risque majeur d’une marchandisation de l’enfant et par extension de la vie humaine. L’embryon devient un objet de convoitise assimilable à n’importe quel produit de consommation. Dans un proche avenir, on peut même imaginer l’achat en pharmacie de paillettes de sperme ou d’ovules congelées qu’on pourrait se procurer aussi facilement que la pilule contraceptive ou le Viagra, le tout remboursé par la Sécurité Sociale, au nom de ce « droit à l’enfant » brandi comme un dogme par les partisans de la loi.

    Au terme de cet argumentaire, une conclusion s’impose

    Le « mariage » pour quelques-uns est en fait une menace « pour tous » :

    A l’évidence, l’adoption de ce projet de loi fait courir à notre société un danger d’autant plus grand qu’il est paré de toutes les vertus aux yeux du plus grand nombre.

    Pour employer le langage des internautes, c’est un dangereux « cheval de Troie » qu’on introduit dans la législation française. « Malheureux citoyens, quelle folie est la vôtre ! » s’écriait Laocon en voyant les Troyens disposés à introduire ce cheval maudit dans les murs de leur ville (Enéide, II, 42).

    Abandonné sur la plage, ce cheval imaginé par Homère avait tous les attraits d’un cadeau des dieux. Les Troyens sont restés sourds à l’avertissement de Laocoon. Ils ont fait mieux. Pour faciliter l’entrée du cheval dans la ville, ils n’ont pas hésité à abattre une partie de leurs murailles. On connaît la suite ! …

    Il est vain d’imaginer qu’on puisse contenir toutes les dérives inhérentes au projet de loi tel qu’il est présenté aujourd’hui. C’est bien sur la notion même de « mariage pour tous » qu’il faut se battre et résister. Si cette digue saute, le risque de submersion est hors de tout contrôle.

    Daniel Godard
    Professeur de Lettres Classiques
    Nephtar et Nephtali
    28/01/2013  http://www.polemia.com

  • Quand la chimie contamine notre eau

    Peut-on boire sans crainte l’eau du robinet ? C’est ce qu”affirme Janez Potocnik, commissaire européen en charge de l’environnement. Mais les scientifiques qui analysent les substances rejetées dans nos eaux se montrent plus réservés. En effet, ils observent chez les poissons et les amphibiens des troubles de la masculinisation, des hypertrophies du foie et des branchies… Chez l’homme, les phénomènes d’allergies et de résistance aux antibiotiques progressent.

    Dans les pays en voie de développement, la situation est plus dramatique encore : en Inde, où l’industrie pharmaceutique européenne a délocalisé une partie de sa production, le chercheur Joakim Larsson a mesuré des concentrations en antibiotiques un million de fois supérieures à la normale. Maladies chroniques, fausses couches, naissance de nourrissons handicapés se multiplient.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Lépante, du mythe à la réalité

     

    Le 7 octobre 1571 au large de Lépante en Grèce se déroula une gigantesque bataille navale entre les flottes ottomane et de la Sainte-Ligue qui s’acheva par le triomphe incontestable des marines catholiques, fortes de leur supériorité technique et militaire.

     

    Publié par IDées, la maison d’édition du Bloc identitaire, 1571. Lépante est un « ouvrage collectif [qui] vient de célébrer le 440e anniversaire de la victoire de Lépante. Victoire de l’Europe coalisée face à l’Envahisseur, victoire d’une Europe dépassant les querelles et égoïsmes “ nationaux ” pour faire face (p. 11) ». Son objectif est d’abord d’inciter à réfléchir « autour de Lépante, davantage que sur Lépante uniquement (p. 11) », d’où la contribution de militants plutôt que d’historiens chevronnés. On y trouve aussi en annexes des textes de Cervantès – qui en perdit la main gauche -, de Voltaire et de G.K. Chesterton.

     

    Comme tout travail collectif, les articles sont inégaux. Outre la reprise d’un texte de février 2003 signé par les Jeunesses identitaires, « La Turquie ne passera pas ! », on peut lire « Assaut contre l’Europe » par Benoît Lœuillet, une belle description de « Don Juan d’Autriche, un héros pour les temps présents » par Guillaume Luyt ou l’évocation par Jean-David Cattin de l’Ordre de Malte qui, au XVIe siècle, incarne « l’élite guerrière de l’aristocratie européenne (p. 54) ». Y participent enfin Frédéric Pichon d’Europæ Gentes, Philippe Vardon-Raybaud qui salue la figure d’André Provana de Leyni (1511 – 1592), « le Niçois de Lépante » et l’euro-député de Padanie, Mario Borghezio, qui entend célébrer « Une bataille pour l’Europe ».

     

    Un nouvel intérêt pour Lépante

     

    Quelques mois plus tard, Flammarion publia un épais ouvrage de l’historien militaire italien Alessandro Barbero, riche en notes qui explique les origines et le déroulement de la célèbre bataille. Précédemment, en 2010, les éditions Les Amis du Livre européen avaient sorti Force & Honneur, un recueil de trente grandes batailles européennes dont Lépante traité avec brio par Robert Steuckers. L’ancien directeur des revues Vouloir et Orientations y donne une belle étude, mais du fait des contraintes de place et de mise en page, ne fut publiée qu’une version résumée. Robert Steuckers replace dans la longue durée cette lutte en Méditerranée orientale puisqu’il remonte aux temps des Croisades et insiste sur le désastre européen de Nicopolis en 1396.

     

    Sous le titre mystérieux de La bataille des trois empires, Barbero observe, lui, l’Empire ottoman à son apogée, l’Espagne de Philippe II présente en Italie avec le royaume de Naples et de Sicile, et la Sérénissime République de Venise dont les possessions maritimes (l’État de Mer) sont uniquement méditerranéennes.

     

    Ayant consulté les sources turques, Barbero explique les profondes, vives et sourdes rivalités qui traversent le Divan, le Grand Pacha et les pachas, ce qui n’empêche pas la Sublime Porte d’étendre son emprise plus à l’Ouest, ce qui signifie combattre Venise… Conscient de cette avancée menaçante, le pape Pie V en appelle à une nouvelle croisade qui exigerait une unité d’action des puissances chrétiennes. Il y arrive péniblement avec la Sainte-Ligue. Or « l’alliance est encore fragile, relève Lœuillet, et les rivalités commerciales entre l’Espagne et Venise semblent encore plus fortes que l’ennemi commun ottoman (p. 18) ». En effet, les tiraillements sont permanents entre Venise et sa rivale Gènes, Venise et les États de l’Église, Venise et l’Espagne. Les contentieux éclatent au grand jour d’autant que l’entreprise destinée en théorie à reprendre Chypre coûte chère.

     

    Alessandro Barbero rappelle aussi que dans l’espace méditerranéen, le navire adéquat reste la galère avec des rameurs tantôt volontaires, tantôt forcés (des esclaves, des prisonniers ou des repris de justice). La force de propulsion, leur entretien et celui des bâtiments, la fabrication de l’armement accroissent les dépenses si bien que les participants aimeraient que leur lourdeur soit prise en charge par leurs alliés. Dans cette ambiance souvent délétère, on peut imaginer – comme le fait Frédéric Pichon – que « le pape va faire preuve d’un sens du bien commun européen et percevoir la nécessité d’une unité européenne (p. 63) ». On en est en fait loin. Barbero signale que la population orthodoxe de Chypre soumise à l’aristocratie vénitienne accueille avec une joie certaine les Ottomans. Dans le même temps, les Albanais chrétiens, tant orthodoxes que catholiques, se soulèvent contre Istamboul à l’instigation de Venise qui les arment et les financent…

     

    Après maintes difficultés dues à des divergences liées aux intérêts économiques, aux considérations politiques et aux susceptibilités personnelles, Pie V parvient à former une coalition qui réunit Venise, Gênes, les États de l’Église, l’Espagne, la Savoie et l’Ordre de Malte. Enthousiaste, Jean-David Cattin s’exclame : « Ce qui rend cet exploit encore plus remarquable, c’est l’union et la profonde solidarité qui animaient ces Européens à une époque où les royaumes dont ils étaient issus se faisaient souvent la guerre. Dépassant ces querelles stériles, ils surent mourir côte à côte devant la plus grande menace que l’Europe ait connu depuis deux mille ans. Ensemble (p. 59). » Assertion que nuance Barbero, mais qui n’en demeure pas moins vraie. « Victoire européenne. Défaite turque. Un choc brutal, de grande ampleur pour l’époque, mais un choc bref. La bataille, en effet, ne dure que de trois à cinq heures. Mais, et c’est surtout cela qu’il faut rappeler aujourd’hui, elle s’inscrit dans une vaste épopée : celle de l’Europe, toujours divisée en fractions rivales, incapable de bander toutes ses forces dans un effort unique sur le long terme, souligne Robert Steuckers (p. 1).»

     

    Alessandro Barbero insiste, lui, sur des Européens convertis dans l’appareil administratif de l’Empire ottoman. Alger est ainsi à cette époque peuplé de renégats qui, pirates, participent à la mise en esclavage de leurs anciens coreligionnaires…

     

    Lépante et la France

     

    Les auteurs de 1571. Lépante, Guillaume Luyt en particulier, reviennent sur ce « non-dit français » qu’est Lépante. Si Luyt fustige avec raison la vision francocentrée et l’hostilité incessante envers toute idée européenne des nationalistes français, il faut cependant rappeler que la France subit depuis onze ans une guerre civile religieuse qui se traduira dans quelques mois par le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572). Par ailleurs, le Roi Très Chrétien est l’allié du Grand Turc (l’ambassadeur de France à Constantinople est le seul diplomate européen présent avec le représentant de Venise). Robert Steuckers indique qu’« en 1542, François Ier s’allie officiellement aux Ottomans. Pendant dix-sept ans, la guerre fera rage entre le binôme franco-turc et les autres puissances européennes. Le premier acte de guerre a lieu en mai 1543 : la flotte de Charles Quint quitte Barcelone sous les ordres de l’empereur lui-même, tandis qu’au même moment la flotte turque, commandée par Kheir ed-Din, quitte Modon/Methoni, un port du Péloponnèse. Elle est forte de 110 galères et de 40 bateaux à voiles. Son objectif ? Ravager le bassin occidental, à commencer par Reggio en Calabre. La malheureuse cité n’est pas la seule à recevoir la visite de Barberousse : Terracina, Civitavecchia et Piombino partagent bien vite son sort. Après avoir mis les côtes italiennes à feu et à sang, Kheir ed-Din cingle vers Marseille pour faire jonction avec la flotte française, dont le capitaine général est le duc d’Enghien. Ensemble, ils prennent Nice, alors italienne, et la mettent à sac. Les Français accordent aux Turcs et aux Barbaresques le droit de mouiller et de passer l’hiver à Toulon, qui est transformée en une enclave musulmane en terre provençale, une enclave que les Français doivent alimenter et approvisionner en toutes sortes de matériels (pp. 16 – 17) ».

     

    Cette alliance franco-ottomane est une exception dans le paysage géopolitique de l’époque. En effet, « le protocole diplomatique impliquait, remarque Barbero, le refus de reconnaître quelque légitimité que ce soit au pouvoir du sultan, assimilé au tyran qu’il est légitime de combattre et même de tuer, selon l’éthique thomiste. Le roi de France n’avait par contre aucun scrupule à commencer ainsi ses lettres adressées à Sélim : “ Très haut et excellent, très puissant, très magnanime et invincible Prince, le Grand Empereur des Musulmans Sultan Sélim Han, tout honneur et vertu abonde, notre très cher et vertueux ami, Dieu veuille augmenter Votre Grandeur et Hautesse avec fin heureuse ” (note 12 p. 584) ». Voilà pourquoi, outre une ignorance historique considérable, les Français restent de marbre à l’évocation de Lépante qui soulève au contraire l’enthousiasme des Corses, des Nissarts et des Savoisiens.

     

    Quelles ont été les conséquences de Lépante ? Est-il fondé d’avancer comme le fait Benoît Lœuillet que « c’est la première fois depuis le XVe siècle qu’un coup d’arrêt est porté à la suprématie turque en Méditerranée. L’expansionnisme ottoman est irréversiblement marqué par la défaite de Lépante (p. 23) » ? Oui, en relativisant le propos, car Barbero estime qu’« il est juste de conclure qu’elle en eut bien peu, et qu’il ne pouvait en être autrement parce qu’elle fut menée en octobre (p. 554) ». Barbero pense que « l’importance historique de Lépante tient surtout à son énorme impact émotif et à la propagande qui s’en suivit. La nouvelle de la victoire fut accueillie dans les capitales catholiques avec un enthousiasme sans précédent, et ce d’autant plus qu’elle arrivait après des années de frustration et de disette. Les célébrations partout proclamées laissèrent une impression durable sur un public pourtant habitué au contraste entre la misère de la vie quotidienne et le luxe somptueux des festivités de l’État (p. 555) ».

     

    Actualité géopolitique d’un affrontement passé

     

    Très réaliste, Mario Borghezio considère, pour sa part, que « l’Europe catholique avait remporté son défi vital mais était en train de perdre, sans s’en rendre compte, sa prépondérance économique et militaire au profit des pays protestants du Nord du continent (p. 78) ». Aujourd’hui, les Anglo-Saxons soutiennent la Turquie et l’islam sunnite djihadiste. Les Jeunesse identitaires regrettaient qu’« à l’axe Paris – Berlin – Moscou (et pourquoi pas Pékin ?), on aura préféré pour notre malheur un axe Washington – Londres – Ankara – Tel Aviv. Ne l’oublions pas, les Turcs savent jouer sur toutes les cordes, l’islamisme le plus radical mais aussi la carte américaine et la carte israélienne (p. 72) ».

     

    Prenons toutefois garde de ne pas tomber dans un anti-islamisme primaire ou dans une quelconque turcophobie stérile. « Il semble vain d’agiter le spectre légitime de l’islam s’il s’agit simplement de défendre la civilisation du Mac Donald, de la Star Ac’, de l’individualisme, du délitement des mœurs et de l’athéisme. Autant combattre les mains liées avec une béquille de bois (p. 64) », avertit Frédéric Pichon pour qui le recours au christianisme catholique s’impose. « Notre civilisation est blessée au cœur et c’est en renouant avec Celui qui est la source de tout bien, à savoir au Dieu créateur, personnel et infiniment bon, que l’on pourra constituer une alternative opérante à l’expansion de l’Islam (p. 66). » Or le déclin de l’Europe ne provient-il pas du monothéisme dont les valeurs ont été sécularisées et qui saturent maintenant toute la société postmoderniste ? Le remède monothéiste contre un autre péril, monothéiste lui aussi, n’est guère probant. Pour sa part, Robert Steuckers estime qu’« aujourd’hui, avec le déclin démographique de l’Europe et l’amnésie généralisée qui s’est emparé de nos peuples dans l’euphorie d’une société de consommation, le danger turc est pourtant bien présent. Une adhésion à l’U.E. submergerait l’Europe et lui ferait perdre son identité géopolitique, forgée justement pendant plus d’un millénaire de lutte contre les irruptions centre-asiatiques dans sa périphérie ou carrément dans son espace médian. L’Europe doit être vigilante et ne tolérer aucun empiétement supplémentaire de son territoire : à Chypre, dans l’Égée, dans le Caucase, sur le littoral nord-africain où subsistent les “ presidios ” espagnols, dans les Canaries, il faut être intransigeant. Mais dans quel esprit doit s’inscrire cette intransigeance ? Dans l’esprit de l’Ordre de Saint-Jean, bien évidemment, qui a toujours refusé de lutter contre une puissance chrétienne ou de s’embarquer dans des alliances qui s’opposaient à d’autres pactes où des puissances chrétiennes étaient parties prenantes : on a en tête les alliances contre-nature que concoctaient les Byzantins sur leur déclin et qui ont amené les Turcs en Thrace. L’Ordre a toujours su désigner l’ennemi géopolitique et en a tiré les conséquences voulues. L’idéal bourguignon du XVe siècle, très bien décrit dans le beau livre de Bertrand Schnerb, correspond parfaitement à ce qu’il faudrait penser aujourd’hui, au-delà des misères idéologiques dominantes et des bricolages insipides de nos intellectuels désincarnés ou de nos médiacrates festivistes. Notre idéal remonte en effet à Philippe le Bon, le fils de Jean sans Peur et d’une duchesse bavaroise, qui prête à Lille, le 17 février 1454, le fameux “ Vœu du Faisan ”, un an après la chute de Constantinople. Le “ Vœu du Faisan ” est effectivement resté un simple vœu, parce que Trébizonde est tombée à son tour. Les Ducs de Bourgogne voulaient intervenir en Mer Noire et harceler les Ottomans par le Nord. Deux hommes ont tenté de traduire ce projet dans les faits : Waleran de Wavrin et Geoffroy de Thoisy. L’idéal de la Toison d’Or et l’idéal alexandrin de l’époque s’inscrivent aussi dans ce “ Vœu ” et dans ces projets : il convient de méditer cet état de choses et de l’actualiser, à l’heure où ces mêmes régions balkaniques, pontiques et caucasiennes entrent en turbulences. Et où, avec Davutoglu, la Turquie s’est donné un ministre des affaires étrangères qui qualifie ses options géopolitiques de “ néo-ottomanes ”. Lépante est l’aboutissement d’une guerre longue (pp. 25 – 26) ». Et si le Sahel devenait le nouveau terrain d’action des Européens enfin conscients d’eux-mêmes ?

     

    La survie européenne passe nécessairement par le recours à l’archaïque, la remise en cause complète des valeurs d’une civilisation dorénavant naufragée et la redécouverte d’une vieille mémoire historique collective enfouie – « La longue mémoire, dans les guerres longues, est une arme redoutable, précise Steuckers (p. 26) ». Un autre Moyen Âge doit être devant nous.

     

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/

     

    • Alessandro Barbero, La bataille des trois empires. Lépante, 1571, Flammarion, coll. « Au fil de l’histoire », Paris, 2012, traduction de Patricia Farazzi et Michel Valensi, 684 p., 29 €.

     

    • Robert Steuckers, « 7 octobre 1571 : bataille de Lépante. Réflexions historiques et géopolitiques sur l’aboutissement d’un conflit trois fois séculaire », version intégrale transmise par l’auteur dont sont extraites les citations. Une version condensée a été publiée dans Collectif, Force & Honneur. Ces batailles qui ont fait la grandeur de la France et de l’Europe, Les Amis du Livre européen, Boulogne-Billancourt, 2010, 352 p., 45 €.

     

    • Collectif, 1571. Lépante, IDées, Nice, 2011, 108 p., 10 €.

  • Égypte : Les Frères Musulmans veulent islamiser l’armée

    LE CAIRE (NOVOPress) – Devant la révolte actuelle contre le régime islamiste, les Frères musulmans souhaiteraient que l’armée réprime l’opposition, comme du temps de l’ancien régime. Une tâche que les militaires égyptiens ne semblent pas prêts à assumer.

     

    Après avoir décrété le 27 janvier l’état d’urgence dans trois provinces (Port-Saïd, Ismaïlia et Suez) situées sur le canal de Suez, le gouvernement égyptien des Frères musulmans voudrait que l’armée soit à nouveau en première ligne pour mater la rébellion. Or, l’armée ne se laissera pas entraîner à affronter les citoyens, surtout sous la direction des islamistes.

    Le général Abdelfattah Al-Sissi, ministre de la Défense et chef des Armées, ne semble pas très emballé à l’idée de jouer ce rôle. Il se rappelle le prix que l’armée a eu à payer pendant la période de transition d’un an et demi quand elle avait dirigé le pays et avait été amenée à se battre contre les forces politiques et les manifestants.

    La question est de savoir si l’armée se mettra au service du président Mohamed Morsi et des Frères musulmans, ou si au contraire l’armée défendra la souveraineté du peuple. Les « Frères » ont donné à l’armée le droit d’arrêter des civils et lui demandent d’appliquer un couvre-feu alors qu’au moment de leur prise du pouvoir, ils ne cessaient de revendiquer leur réussite suite à l’exclusion de l’armée du pouvoir.

    Ce que souhaiteraient « les Frères », c’est une armée à la pakistanaise. Sur le modèle de Zia ul-Haq, ex-président du Pakistan et conséquent chef des armées de son pays, qui avait transformer une armée apolitique en armée islamiste. A l’époque, ce dernier, avait commencé par introduire l’enseignement religieux dans les académies militaires. Pour avancer dans sa carrière, un officier devait non seulement être un bon professionnel, il devait aussi lire les préceptes coraniques concernant la guerre.

    Pour y parvenir à son but, Morsi espère qu’Al-Sissi continuera d’occuper le ministère de la Défense jusqu’aux élections législatives d’avril prochain, élections qu’il espère encore pouvoir remporter. Ensuite, puisque les Frères Musulmans auront le pouvoir de le faire, nul doute qu’ils chercheront à écarter ce général.

    Comme nous le confirme le journal AsiaNews.it, le but du pouvoir en place semble d’être l’islamisation de toutes les couches de la société égyptienne. Si cet objectif de prise de contrôle de l’armée aboutit, plus rien ne pourrait en effet empêcher Morsi de faire de l’Égypte une nouvelle dictature islamique.

    Julien Lemaire http://fr.novopress.info