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Génération identitaire lance des tournées pour aider des SDF « Français de souche » (+Reportage BFM)
L'aide ciblée aux sans-abris français de souche... par BFMTV« Aujourd’hui, on a une ministre du Logement (Cécile Duflot) qui soutient les régularisations massives des sans-papiers, qui soutient l’immigration massive et qui soutient les clandestins… et qui en même temps va nous faire croire qu’avec toutes ces entrées sur le territoire français, elle va résoudre le problème du logement. Nous, on est là pour critiquer ce discours-là. »
Addendum 25/01/13 :
SOS Racisme demande l’interdiction des maraudes des identitaires pour aider les SDF « Français de souche » Le Parisien
Sondage : Faut-il interdire les maraudes « préférentielles » ? Midi Libre
Contraste: ’Une chorba pour tous’ : Un communautarisme qui ne choque personne ?
« Une chorba pour tous » a été créée en 1992. Constatant qu’à Paris, aucun organisme ne proposait d’aide alimentaire adéquate au moment du ramadan, les fondateurs, tous de confession musulmane, décident d’y remédier en créant une association aux horaires et à la nourriture adaptés. Ils s’installent rapidement dans le 19e arrondissement, rue de l’Ourcq puis 168 rue de Crimée, où elle se situe toujours aujourd’hui. « Nous sommes très attachés au 19e, explique Amaria Tlemsani. C’est là que se sont installées les première et seconde générations de migrants. »
Dixneufinfo.com (19.08.2011)
Addendum 24/01/13 :
Peut-on interdire les maraudes xénophobes des identitaires auprès des SDF ?
Addendum 23/01/13 :
- Le « Collectif 69 de vigilance contre l’extrême droite » demande l’interdiction de la distribution de nourriture par GI
« La préfecture du Rhône n’aura de toute façon pas d’autre choix que de faire interdire cette distribution illégale qui risque, de plus, de provoquer des troubles à l’ordre public ». Jean-François Carenco a pourtant annoncé mardi qu’il ne prendrait aucun arrêté sur ce sujet. Lyon Capitale
- Le Progrès du 23/01/12
NB : Contactés par Fdesouche.com, les responsables de GI précisent que les rations alimentaires présentées comme « halal » dans le reportage de TLM sont en fait des rations de l’armée française (sans viande), très souvent estampillées « halal ». Il s’agit d’un don d’un militaire français.
_________________________________Le mouvement d’extrême droite Génération identitaire a annoncé lundi qu’il allait lancer des maraudes et des tournées de « solidarité » pour aider des sans-abri « Français de souche » à Lyon.
Génération identitaire Lyon a prévu de présenter ce projet mardi à la presse.
« On a en réalité commencé dimanche soir, on va livrer de la nourriture et du matériel à des sans-abri, mais c’est une opération que nous lançons dans toute la France », a affirmé à l’AFP Damien Rieu, porte-parole du mouvement.
A la question de savoir comment ces militants reconnaîtraient un « Français de souche », celui-ci a seulement indiqué: « on aide tout le monde, on ne va pas faire demi-tour (face à un sans-abri qui aurait l’air étranger, ndlr), mais il y aura cette préférence ».
Ce groupe utilisera ses fonds et des dons privés pour financer cette opération.Le Parisien – Lire aussi l’article plus détaillé de Lyon Capitale
Le collectif de vigilance 69 dénonce « la soupe aux cochons » de Rebeyne. Lyon Mag
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Grèce : Face à la gabegie et à l’immigration, l’Aube dorée s’impose au… biceps
Photo ci-dessus : distribution de nourriture et de vêtements par l’Aube dorée à la partie des grecs en voie de clochardisation.
C’est devenu le paradoxe grec. Fin janvier, à Athènes, des milliers de gauchistes ont manifesté contre les “ratonnades” d’immigrés illégaux organisées par le parti « néo-nazi » Aube dorée… Mais rien n’y fait ! Malgré ces protestations, le parti le plus radical du paysage politique grec continue sa course en avant
Le parti Aube dorée, groupusculaire tout au long des années 2000, entré au Parlement en juin 2012 avec 7 % des voix, est désormais crédité de 13 % d’intentions de vote, devenant la troisième force politique du pays ! Un succès que l’on ne peut séparer d’un discours ultranationaliste et de méthodes musclées, sur fond de démission des autorités.
L’Aube dorée a commencé sa longue conquête électorale dans le quartier athénien d’Agios Panteleimonos, connu pour accueillir un grand nombre d’étrangers. Face aux multiples violences et perturbations causées par les immigrés illégaux, touristes et badauds finissaient par déserter ce coin populaire de la capitale. Même les riverains n’osaient plus sortir de chez eux…
Jusqu’à ce que l’Aube dorée constitue des patrouilles et entreprenne de nettoyer l’endroit par la force. « Avant que les membres du parti viennent s’en prendre aux immigrés pour assurer notre sécurité, personne ne sortait après 17 heures. On tremblait de peur », avouent Pavlos et Vaguélia, deux habitants du quartier interrogés par des journalistes suisses interloqués.
Véritable porte d’entrée de l’immigration irrégulière à destination de l’Union européenne, la Grèce est terrassée par la crise (le chômage vient d’atteindre 26 %) et l’insécurité. Dans ce contexte, nombre d’immigrés illégaux venus bénéficier du système social ont versé dans la délinquance et la criminalité. L’Etat, lui, est accusé de ne pas jouer son rôle. Yiannis tient un kiosque dans le quartier depuis six ans. Selon lui, « la Grèce se passerait bien d’Aube dorée… si seulement la police était plus efficace ! Je l’ai appelée plusieurs fois car des immigrés volaient ma marchandise. Elle n’est jamais venue. L’Aube dorée comble donc le vide de l’Etat à sa manière. »
La Grèce prête pour le grand saut ?
Entre les chasses à l’homme contre les dealers et les proxénètes ou les attaques de marchands à la sauvette, le parti multiplie les actions violentes. Mais cela ne choque plus ! Georges Contogeorgis, professeur de sciences politiques à Athènes, sans légitimer ces méthodes, les replace dans leur contexte: « Il ne suffit pas de blâmer le succès d’Aube dorée, il faut essayer de comprendre. En agissant sur le terrain, le parti répond aux inquiétudes de la société que les autres politiques ignorent, enfermés derrière leurs privilèges. »
Si l’Aube dorée souffre de son image, les membres du parti s’en nourrissent pour inverser la tendance. Artémios Mathéopoulos, député Aube dorée de Thessalonique analyse le succès de son parti: « Nous n’avons pas peur de parler des problèmes et de proposer des solutions concrètes pour aider notre pays. Les politiques et les médias nous accusent d’être violents et déforment la réalité car ils ne savent pas à qui s’en prendre. Mais les sondages montrent que cela ne marche pas. Contrairement aux politiques mises en place depuis toujours, nous ne volons pas le peuple et ne mentons pas. Nous sommes la solution et pas le problème d’une Grèce devenue dépendante. »
Face à une asphyxiante politique économique dictée par la technocratie bruxelloise, l’Aube dorée a, une fois de plus, décidé d’agir sur le terrain pour aider une population en voie de clochardisation.
En véritable ONG, le parti ouvre les portes de ses locaux, désormais implantés partout en Grèce. La préférence nationale y est appliquée avec soin. Et cela marche! Après avoir prouvé sa nationalité, chacun peut venir y chercher des sacs de nourriture et de vêtements. Si Artémios Mathéopoulos assure que le parti a toujours agi ainsi, l’entrée d’Aube dorée au Parlement a favorisé une meilleure organisation et permis d’accroître les moyens.
« Chacun de nos députés donne 3000 euros, pris sur son salaire, afin que nous puissions aider davantage les Grecs. » Après la mise en place d’une banque de sang, le parti vient de créer une sorte de Pôle emploi pour aider les chômeurs. Là encore, priorité nationale, solidarité et proximité sont les maîtres mots: « On connaît les gens qui viennent dans nos locaux et si je sais que, parmi eux, il y a un électricien, je ferai appel à lui et non à un inconnu », explique le député.
Grâce à ces actions sécuritaires et sociales, fondées sur la solidarité nationale, ainsi que sur la critique pertinente d’un Etat démissionnaire et de partis ayant fait la preuve de leur incompétence, l’Aube dorée rassemble largement au-delà des fanatiques et des déçus d’une société mise à mal. Elle devient même une alternative possible au Système. Selon le politologue et historien anglais Antony Beevor, « si une nouvelle crise se préparait avec la troïka (FMI, BCE, zone euro), le gouvernement d’Antonis Samaras [ndlr: qui ira prochainement demander une nouvelle aumône à Berlin], n’y résisterait sans doute pas: ce serait alors un vrai saut dans l’inconnu pour Athènes. »
Patrick Cousteau http://fr.novopress.info
Article de l’hebdomadaire “Minute” du 6 février 2013 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.
Crédit photos : Aube dorée.
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Si on se faisait un printemps français ?
De Me Trémolet de Villers dans Présent :
"Assistons-nous à la venue du blé en herbe ? [...] En tout cas, « l’imagination au pouvoir », l’autogestion de ses forces, la spontanéité éclairée de l’initiative sont des traits qui s’imposent depuis quelques mois et qui, je l’espère, vont s’accentuer dans les semaines qui viennent jusqu’au printemps. Si on se faisait, en France, en 2013, un printemps français ? Comme d’autres se sont fait un printemps arabe ! C’est ça qui serait vraiment déroutant, neuf… la vraie surprise, l’incroyable ?
Toutes les conditions sont réunies : il y a les troupes, qui sont à la fois jeunes et expérimentées. Il y a le nombre, nous l’avons vu et nous le reverrons. Il y a l’intelligence, et, dans cette intelligence celle qui domine les autres facultés : le coup d’œil et le sens du terrain.
Cette guerre est médiatique. Les grands médias nous sont, en majorité, hostiles. Mais les grands médias, plus encore que les autres, sont à la remorque de l’événement. Qui sait créer, intelligemment, l’événement, en surprenant et en se rendant sympathique, occupe, bon gré, mal gré, les médias. La journée des banderoles sur les boulevards périphériques parisiens l’a bien prouvé. Amitié des automobilistes. Surprise amusée et bientôt complice. Alerte des infos, et du coup passage en boucle, qui, en une journée, relance la présence et donc le moral des troupes.
A ce rythme, il importe, bien sûr, de l’emporter et de peser suffisamment sur les pouvoirs publics pour que ce projet soit retiré. Mais le bénéfice est déjà immense de la lutte elle-même, de l’exercice mené, de l’organisation d’une présence politique, sociale du laïcat catholique… alliée à d’autres bien sûr, sinon ce serait la négation même de l’efficacité, mais sachant être moteur, serviteur, et serviteur utile.
Si cette trajectoire se confirme, alors elle ne s’arrêtera pas en chemin. C’est dans ces actions que se révéleront les hommes d’action, et les vraies élites, non celles qui sont ainsi auto-décrétées, ou qui se cooptent parce qu’elles sortent des mêmes écoles et fréquentent les mêmes clubs, ou les mêmes partis (les mêmes loges), mais celles qui ont entraîné les autres et que leurs compagnons ont reconnues comme telles.
Je ne voudrais pas me livrer à ce que Péguy appelait « un enthousiasme qui ne serait pas ceinturé » mais la perspective de voir se dessiner un cursus honorum pour ceux qui ont l’angor patriae (que de latin ! un chemin des honneurs ou des charges pour ceux qui ont l’angoisse de la patrie), autre que les échelons gravis dans un parti pour obtenir l’investiture dans une circonscription, la sortie possible des routines pseudo-démocratiques qui nous ont valu les Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande… et les cliques qui les suivent, font l’effet d’un grand courant d’air frais.
A l’aune de cet espoir, on en viendrait à souhaiter que le pouvoir fasse encore durer, ne serait-ce que pour parfaire l’enchaînement des temps… mais, rassurons-nous le pain ne manquera pas sur la planche. Après le mariage, la famille, et là, il y a du travail pour au moins deux quinquennats.[...]
Restons attentifs aux signes de l’instant. Nous n’en sommes qu’au printemps du printemps."
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Le complexe d’Orphée (Jean-Claude Michéa)
« « Déracinés de tous les pays, unissez-vous sous l’égide du marché mondial ! » ; tel pourrait donc être, en somme, le nouveau mot d’ordre de la gauche libérale. »
Le lecteur du nouvel essai de Michéa ne sera guère surpris. Le thème central en est à peu près toujours le même : démontage en règle du libéralisme, critique de la Gauche d’un point de vue authentiquement socialiste (donc réactionnaire), défense des gens ordinaires. Aucune surprise donc, mais seulement a priori, car en repartant d’Orwell anarchiste tory en 1995 jusqu’à son dernier bouquin intitulé La double pensée en 2008, on comprend tout de suite l’intérêt de ce nouvel opuscule.
Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un degré supplémentaire – et à mon avis son plus complet – dans la somme qu’il constitue depuis plus de quinze ans. Sociologie, histoire, philosophie, anthropologie, toutes les disciplines sont ici convoquées dans un substantiel bouillon de culture.
Au regard des sociétés humaines, du quotidien des gens ordinaires et de la socialité propre à chaque civilisation, une certitude apparaît : le mythe progressiste et libéral (pléonasme) est une aberration. Chacun en rirait s’il ne provoquait toutefois tant de souffrances et ne menaçait pas de toujours plus tout emporter sur son passage. Michéa s’inscrit en faux [contre] cette théologie.
Comme Maurras en son temps – mais sans être réactionnaire contre-révolutionnaire – il invite néanmoins à revenir sur nos pas pour corriger urgemment les ravages des malades du complexe d’Orphée : ceux qui par peur de perdre Eurydice se doivent de ne jamais regarder en arrière, vers un passé sombre, nauséabond et intrinsèquement fasciste, cela va de soi.
Seront ici privilégiés les éléments nouveaux de la réflexion de Michéa, bien que sa manière de démontrer l’alliance objective entre « sociologues de gauche et économistes de droite » soit toujours aussi brillante, tout comme la corrélation entre l’extrême-gauche libérale et le MEDEF (Schweitzer, ancien directeur de la HALDE, est président du MEDEF international et membre éminent du Siècle, apprend-on ; quant à Cordier et Hessel l’indigné citoyen sans-frontières, ils ont fourni avec leur club Jean Moulin plusieurs cadres à la Trilatérale) et la mise au pilori de la bêtise et de l’incompétence du « néo-journalisme ».
Historiquement, la Gauche n’est pas le socialisme. Le terme de Gauche désignait au contraire depuis le début du 19ème siècle le parti du Mouvement et du Progrès, inspiré par les Lumières. Fatalement, leurs adversaires tombaient sous la dénomination de Droite, laquelle était encore au 19ème siècle partisane de la Restauration. Le socialisme ouvrier, mouvement indépendant, entendait rester une force de troisième voie.
Ce n’est qu’avec l’affaire Dreyfus que notre « géométrie électorale » s’est polarisée de manière bipartite (1), lorsque les socialistes décidèrent de faire alliance avec la Gauche pour défendre le « front républicain ». A partir de là, le socialisme fut à tort assimilé au progressisme. Ce, malgré les dernières tentatives ouvrières pour rester autonomes : le syndicalisme révolutionnaire et la charte d’Amiens.
Les deux modèles civilisationnels, Socialisme et Gauche, sont profondément antinomiques. La Gauche entend édifier une société nouvelle, construite sur la ruine des enracinements et de l’expérience sensible, et fait l’apologie du bougisme (Michéa parle de gauche kérosène, « celle pour qui le déplacement perpétuel est devenu une fin en soi »). Le croyant de gauche récuse l’idée que les choses pouvaient être mieux avant, ce qui mène aujourd’hui à un véritable double bind : les « socialistes » critiquent la dégradation de la vie des classes populaires, mais refusent tout de même de reconnaître que les choses étaient mieux avant, sous peine d’hérésie au dogme.
Le progressisme est une Réaction inversée, adepte du « ce sera mieux demain » perpétuel, aidé par la surenchère mimétique des crétins de l’extrême-gauche. Rien ne saurait donc faire obstacle aux droits de l’homme, toute critique est perçue comme une discrimination. Michéa nous offre ici l’exemple récent de l’affaire Zemmour (voir annexe de la présente fiche [de lecture]) et des arguments illogiques au possible du système et de ses accusations de crime-pensée. La seule discrimination que tolère cependant le système reste bien entendu la discrimination de classe, que l’écart jusqu’alors jamais vu entre salaires vient confirmer tous les jours.
Résumé d’un mot, la défense du peuple est le populisme. L’antipopulisme de la Gauche est donc une démophobie. Michéa en conclut donc logiquement, par ce qu’il nomme le « théorème d’Orwell », que « quand l’extrême-droite progresse chez les gens ordinaires (classes moyennes incluses), c’est d’abord sur elle-même que la gauche devrait s’interroger. »
Car en fin de compte, quelles sont les valeurs propres aux gens ordinaires ? Pas que d’aujourd’hui, mais dans les diverses civilisations et à travers les âges ? La continuité historique, l’enracinement et la filiation. Bref, l’identité, ce minimum de valeurs partagées qui permettent d’établir les bases d’une société décente autour d’un fait social total qui fasse sens pour la collectivité. C’est-à-dire qu’une base anthropologique viable ne saurait passer outre certains éléments conservateurs, dont la permanence doit être assurée et reproduite sous peine de chaos.
La famille, l’effort physique comme « clé ultime de tout perfectionnement individuel et de toute estime de soi », l’attachement à une éthique défiant le pur technicisme du pragmatique contemporain, telles sont les valeurs indépassables d’une société qui entend jeter des bases saines et fécondes pour sa reproduction. Michéa reste toutefois lucide, et c’est pour cela qu’il parle de la décence comme base de départ. Une conscience morale et la bonne volonté des gens ordinaires ne suffit pas à faire fonctionner une société décente, il faut y adjoindre des connaissances techniques.
Politiquement, que choisir ? Le socialisme ouvrier est-il souhaitable ? Une fois de plus, Orwell représente pour Michéa une piste de réflexion privilégiée. On le sait, l’Anglais aimait provoquer en se qualifiant d’anarchiste tory (anarchiste conservateur) – un anarchisme par-delà droite et gauche, quand on le lit. Il serait une alternative face à « l’anarchisme de pouvoir » (le sadisme) dont parle Pasolini et que reprend Michéa. Cet anarchisme tory ne représente cependant pas de contenu distinct, mais peut proposer des éléments viables.
L’anarchisme suppose ici de mettre fin à la domination de classe, et non l’avènement d’une société sans classes. (2) La dimension conservatrice implique de ne pas confondre émancipation (socialisme ouvrier) et omni-modernisation (la Gauche) : savoir garder ce qui convient, tout en faisant preuve d’esprit critique sur les évolutions présentées comme des avancées. De plus, toute critique du capitalisme se doit de comporter des éléments conservateurs, qui seuls protègent les fondements de la vie en commun. Une fois de plus, il faut en revenir à l’originarité du cycle de don / contre-don, au fondement des sociétés humaines et qui suppose de savoir se fixer des limites.
L’individu socialisé doit donc devenir un sujet mature et apte à vivre de manière décente parmi ses semblables, loin de la soif de pouvoir de l’enfant gâté jouisseur et transgresseur : « C’est d’abord cette forme d’équilibre intuitif entre le « solitaire » et le « solidaire » qui constitue la marque la moins discutable d’un « anarchisme tory ». » Partant, ce que Michéa qualifie de moment « conservateur » de toute théorie radicale requiert de « restaurer des équilibres écologiques compromis par la « croissance » [...] préserver les conditions morales, culturelles et anthropologiques d’un monde décent. » En premier lieu, restaurer les face à face contre les « réseaux sociaux » virtuels à la Facebook et Twitter.
Il convient pour cela de mettre fin au règne de l’économie de marché et à l’impératif de croissance – et ses indicateurs bidon comme le PIB ou l’IDH. Mais une société socialiste n’est pas une société collectiviste. Le secteur privé doit rester présent et la logique marchande un tant soit peu conservée. Si les besoins et les désirs des individus étaient collectivisés, un des fondements de la vie privée serait aboli, et le terrain propice au totalitarisme. Une société socialiste se doit donc de conserver un secteur privé, mais il faudra toutefois que celui-ci ne s’érige pas en marché comme c’est maintenant le cas.
L’économie doit être « réenchassée » dans un tissu de relations, pour reprendre Polanyi qui reste une référence fréquente de Michéa – renouer ainsi avec l’éthique des sociétés traditionnelles. En pratique, deux pistes nous sont ici proposées, avec 1) une partie des revenus réinjectée dans les « circuits courts » pour favoriser l’économie de proximité, qui favorise le tissu social, de par ce caractère justement de proximité et 2) nationalement ou internationalement, la mise en place de la « monnaie fondante » proposée par Silvio Gesell : « Sous ce nom, Gesell désignait une « monnaie socialiste » dont la valeur « fondait » progressivement avec le temps lorsqu’elle n’avait été ni dépensée pour couvrir les besoins quotidiens des individus ni épargnée dans le but de parer aux aléas inévitables de la vie. »
Comme Alain de Benoist, loin du centralisme destructeur jacobin, Michéa précise toutefois qu’une société socialiste est plurielle. Ainsi, une communauté locale pourra si elle le décide refuser le système de l’échange marchand.
L’enracinement est nécessaire pour trois autres raisons. 1) Le principe de mobilité présente un risque énergétique majeur, 2) il entraîne une généralisation de l’emploi, interchangeable, au détriment du métier (3), savoir acquis par l’homme et qui lui confère une relative autonomie, 3) un tel monde monde serait « peu propice à l’exercice d’un pouvoir populaire. » Sans territorialisation, la démocratie communale deviendrait un concept vidé de sa substance car dénué d’expérience historique et culturelle partagée. Ceci encouragerait notamment la corruption, par l’absence de proximité avec ses compatriotes. Sans pour autant interdire les voyages, Michéa note qu’une société décente refusera l’obligation du nomadisme.
Pour lutter effectivement contre le marché mondial, la prise de conscience doit être internationale – au sens de la coopération entre nations, l’exact opposé du cosmopolitisme libéral-libertaire. Un socialisme international qui se respecte se doit de respecter à son tour les cultures enracinées, libérées de l’aliénation occidentale des droits de l’homme et de la fausse bonne conscience humanitaire. Des médiations doivent pour cela être créées afin que les peuples puissent s’appréhender dans leur universalité tout en restant fidèles à leurs culture et identité.
Pour paraphraser Michéa, il nous faut promouvoir un monde commun de la diversité des cultures enracinées, avec une coopération des peuples, contre un monde de l’uniformisation libérale par le règne bicéphale du marché et du droit.
Enfin, philosophiquement, une société décente « implique, entre autres, qu’on réhabilite les idées de lenteur, de simplicité volontaire, de fidélité à des lieux, des êtres ou des cultures et, avant tout, l’idée fondamentale selon laquelle il existe (contrairement au dogme libéral) un véritable art de vivre dont la convivialité, l’éducation du goût dans tous les domaines et le droit à la « paresse » (qui ne saurait être confondue avec la simple fainéantise) constituent des composantes fondamentales. »
On l’aura compris, Michéa a définitivement franchi le Rubicon et rejoint le camp de la Bête Immonde du populisme. Contrairement au think tank PS d’Olivier Ferrand, Terra Nova, Michéa entend encore défendre les gens ordinaires et les formes saines de la socialité, bases indépassables d’une société décente.
Et s’il nous rappelle qu’Orwell était considéré comme le « Chesterton de gauche », Michéa est quant à lui un « Imatz de gauche », tant la lecture – comparative et complémentaire – des deux sommes que sont Par-delà droite et gauche d’Arnaud Imatz et de ce Complexe d’Orphée s’avèrent indispensables pour construire une troisième voie digne de ce nom, celle des inter-nationalistes anti-mondialistes contre le totalitarisme mondialiste du marché global et de ses serviteurs liberticides, que ceux-ci se situent à l’une ou l’autre « des deux ailes du château libéral. »
Notes :
(1) Maurras faisait le même constat dès 1941, dans La seule France. Une entreprise qu’il nomma la « troisième révolution anglaise », faisant suite à 1789 et 1848.
(2) Michéa s’appuie très fréquemment sur Le Quai de Wigan de George Orwell, dont la lecture est recommandée afin de mieux cerner son socialisme et les reproches qu’il adressait déjà aux progressistes et professionnels de la révolution.
(3) Michéa opère la distinction suivante : le métier est le travail concret qui produit des valeurs utiles, tandis que l’emploi est le travail abstrait qui produit des valeurs d’échange.
Citations :
« Puisque tout essai se doit d’avoir un titre, j’ai donc choisi de désigner sous le nom de complexe d’Orphée ce faisceau de postures a priori et de commandements sacrificiels qui définit – depuis bientôt deux siècles – l’imaginaire de la gauche progressiste. Semblable au pauvre Orphée, l’homme de gauche est en effet condamné à gravir le sentier escarpé du « Progrès » (celui qui est censé nous éloigner, chaque jour un peu plus, du monde infernal de la tradition et de l’enracinement) sans jamais pouvoir s’autoriser ni le plus léger repos (un homme de gauche n’est jamais épicurien, quelles que soient ses nombreuses vantardises sur le sujet) ni le moindre regard en arrière. »
« C’est pourquoi il devait inévitablement venir un temps – et nous y sommes, de toute évidence, arrivés – où, derrière la conviction autrefois émancipatrice qu’on n’arrête pas le progrès, il deviendrait de plus en plus difficile d’entendre autre chose que l’idée, à présent dominante, selon laquelle on n’arrête pas le capitalisme et la mondialisation. Car tel est bien, en vérité, le lourd tribut à payer (dont l’abandon par la gauche moderne de toute critique socialiste du mode de vie capitaliste ne représente qu’un effet secondaire) pour tous ceux dont le « complexe d’Orphée » continue à organiser – consciemment ou non – la compréhension de l’histoire et de la politique. Que ce soit en raison de leur appartenance sociale (les nouvelles élites mobiles du marché global) ou de leur rapport psychologique personnel à l’univers familial et à l’idée de filiation. C’est donc d’ici qu’il va falloir repartir si nous tenons encore à vivre dans un autre monde que celui qui advient. »
« Aux yeux de l’intellectuel de gauche contemporain, il va nécessairement de soi que le respect du passé, la défense de particularismes culturels et le sens des limites ne sont que les trois têtes, également monstrueuses, de la même hydre réactionnaire. »
« La religion du progrès épargne, par définition, à ses nombreux fidèles ce que Tocqueville appelait le « trouble de penser ». Devant n’importe quel « problème de société » – déjà présent ou bientôt à nos portes (comme, par exemple, la légalisation de l’inceste ou l’abolition de toutes les formes de « discrimination » entre l’homme et l’animal) –, un esprit progressiste n’est, en effet, jamais tenu par les contraintes de la réflexion philosophique. Il lui suffit de répondre – avec l’aplomb caractéristique de ceux qui savent qu’ils naviguent dans le sens de l’histoire – que de toute façon la discussion n’a pas lieu d’être puisqu’un jour viendra inévitablement où l’humanité rira (c’est la formule habituellement employée par les progressistes lors des débats télévisés) de ce que l’on ait pu s’opposer à une évolution du droit aussi naturelle et évidente. Dans une société progressiste intégralement développée, la philosophie n’aurait donc plus la moindre place (ou alors seulement en tant que théorie de la « déconstruction » perpétuelle des préjugés « conservateurs » et des idées « nauséabondes »).
Annexe :
L’« affaire » Zemmour (pp.204-208)
« Lorsque le développement logique du libéralisme atteint le point où toute expression publique d’un jugement personnel ferme et précis (et l’existence des « nouvelles technologies » – à l’image du téléphone portable – permet aujourd’hui de rendre publique n’importe quelle conversation privée ou off) commence à être perçue comme une volonté perverse de nuire à tous ceux qui sont d’un avis différent, la société entre alors dans ce que j’ai appelé la « guerre de tous contre tous par avocats interposés ».
Les effets de cette guerre juridique moderne (qui, ne nous leurrons pas, n’en est encore qu’à ses débuts) apparaissent d’autant plus inquiétants que ceux qui se sont arbitrairement institués en gardiens officiels du temple libéral (mais le nom de policiers de la pensée leur conviendrait mieux) semblent à présent tenir la logique (et, avec elle, le vieux principe de contradiction) pour une fantaisie purement privée qui ne saurait, à aucun titre, peser le moindre poids dans un débat public (on reconnaît là l’une des conséquences extrêmes de cette curieuse épistémologie postmoderne pour laquelle la science elle-même ne serait, en fin de compte, qu’une simple « construction sociale » arbitraire).
De ce point de vue, la récente « affaire » Éric Zemmour est assurément emblématique. Ce journaliste (l’un des rares représentants du « néoconservatisme » à la française autorisé à officier sur la scène médiatique) ayant, en effet, déclaré, lors d’un débat télévisé, que les citoyens français originaires d’Afrique noire et du Maghreb étaient massivement surreprésentés dans l’univers de la délinquance (et notamment dans celui du trafic de drogue), la police de la pensée s’est aussitôt mobilisée pour exiger sa condamnation immédiate – voire, pour les plus intégristes, sa pure et simple interdiction professionnelle (Beruf verboten, disait-on naguère en Allemagne).
Je me garderai bien, ici, de me prononcer officiellement sur le bien-fondé de l’affirmation d’Éric Zemmour, et ce pour une raison dont l’évidence devrait sauter aux yeux de tous. Dans ce pays, l’absence de toute « statistique ethnique » (dont l’interdiction est paradoxalement soutenue par ces mêmes policiers de la pensée) rend, en effet, légalement impossible tout débat scientifique sur ces questions (un homme politique, un magistrat ou un sociologue qui prétendrait ainsi établir publiquement que l’affirmation de Zemmour est contraire aux faits – ou, à l’inverse, qu’elle exprime une vérité – ne pourrait le faire qu’en s’appuyant sur des documents illégaux).
Il n’est pas encore interdit, toutefois, d’essayer d’envisager toute cette étrange affaire sous l’angle de la pure logique (« en écartant tous les faits », comme disait Rousseau). Considérons, en effet, les deux propositions majeures qui structurent ordinairement le discours de la gauche sur ce sujet.
Première proposition : « la principale cause de la délinquance est le chômage – dont la misère sociale et les désordres familiaux ne sont qu’une conséquence indirecte » (comme on le sait, c’est précisément cette proposition – censée s’appuyer sur des études sociologiques scientifiques – qui autorise l’homme de gauche à considérer tout délinquant comme une victime de la crise économique – au même titre que toutes les autres – et donc à refuser logiquement toute politique dite « sécuritaire » ou « répressive »).
Seconde proposition : « les Français originaires d’Afrique noire et du Maghreb sont – du fait de l’existence d’un « racisme d’Etat » particulièrement odieux et impitoyable – les victimes privilégiées de l’exclusion scolaire et de la discrimination sur le marché du travail. C’est pourquoi ils sont infiniment plus exposés au chômage que les Français indigènes ou issus, par exemple, des différentes communautés asiatiques ». (Notons, au passage, que cette dénonciation des effets du « racisme d’Etat » soulève à nouveau le problème des statistiques ethniques mais, par respect pour le principe de charité de Donald Davidson, je laisserai de côté cette objection.)
Si, maintenant, nous demandons à n’importe quel élève de CM2 (du moins si ses instituteurs ont su rester sourds aux oukases pédagogiques de l’inspection libérale) de découvrir la seule conclusion logique qu’il est possible de tirer de ces deux propositions élémentaires, il est évident qu’il retrouvera spontanément l’affirmation qui a précisément valu à Zemmour d’être traîné en justice par les intégristes libéraux (« Le chômage est la principale cause de la délinquance. La communauté A est la principale victime du chômage. Donc, la communauté A est la plus exposée à sombrer dans la délinquance »).
Les choses sont donc parfaitement claires.
Ou bien la gauche a raison dans son analyse de la délinquance et du racisme d’État, mais nous devons alors admettre qu’Éric Zemmour n’a fait que reprendre publiquement ce qui devrait logiquement être le point de vue de cette dernière chaque fois qu’elle doit se prononcer sur la question.
Ou bien on estime que Zemmour a proféré une contrevérité abominable et qu’il doit être à la fois censuré et pénalement sanctionné (« pas de liberté pour les ennemis de la liberté » – pour reprendre la formule par laquelle Saint-Just légitimait l’usage quotidien de la guillotine), mais la logique voudrait cette fois (puisque ce sont justement les prémisses de « gauche » qui conduisent nécessairement à la conclusion de « droite ») que la police de la pensée exige simultanément la révocation immédiate de tous les universitaires chargés d’enseigner la sociologie politiquement correcte (ce qui reviendrait, un peu pour elle, à se tirer une balle dans le pied), ainsi que le licenciement de tous les travailleurs sociaux qui estimeraient encore que la misère sociale est la principale cause de la délinquance ou qu’il existerait un quelconque « racisme d’État » à l’endroit des Africains (au risque de découvrir l’une des bases militantes privilégiées de la pensée correcte).
Le fait qu’il ne se soit trouvé à peu près personne – aussi bien dans les rangs de la gauche que dans ceux des défenseurs de droite d’Éric Zemmour – pour relever ces entorses répétées à la logique la plus élémentaire en dit donc très long sur la misère intellectuelle de ces temps libéraux.
On en serait presque à regretter, en somme, la glorieuse époque de Staline et de Beria où chaque policier de la pensée disposait encore d’une formation intellectuelle minimale. Dans la long voyage idéologique qui conduit de l’ancienne Tcheka aux ligues de vertu « citoyennes » qui dominent à présent la scène politico-médiatique, il n’est pas sûr que, du point de vue de la stricte intelligence (ou même de celui de la simple moralité) le genre humain y ait vraiment beaucoup gagné. »
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La haine de l'homme blanc ne sauvera pas le monde de la famine (arch 2008)
❏ La culpabilisation bat son plein. À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la faim le 16 octobre, l'Organisation des Nations-Unies pour l'Alimentation et l'agriculture (FAO) avertissait que la crise mondiale née dans les pays du G7 allait considérablement « aggraver la situation alimentaire » alors que « 923 millions d'humains souffrent déjà de la faim dont 75 millions de personnes supplémentaires en 2008 ». Une semaine plus tôt, sur France 3, le magazine Pièces à Conviction, sous le titre « Les profiteurs de la Crise », entendait, selon sa responsable Elise Lucet, « poser les questions qui dérangent ». Résumé de l'émission : « Céréaliers, pétroliers, géants de l'agro-alimentaire et patrons de la grande distribution tiennent tous le même discours : la hausse des matières premières les a contraints à gonfler leurs prix. »
☞ ZIEGLER, PALADIN DU RACISME ANTI-OCCIDENTAL
Emission très à contre-temps puisque depuis plusieurs semaines, face à la récession mondiale, les prix des matières premières agricoles se sont écroulés sans aucun effet pour les consommateurs. Le blé est passé de 180 € la tonne à moins de 150. Le maïs est retombé en dessous des 100 €/t. D'une manière générale chaque tonne de céréale a perdu au moins 50 € et le soja est en perdition. Mais qu'importe, ce fut l'occasion une fois encore de tirer sur les agriculteurs. Pièces à Conviction se concentra sur un "gros" céréalier du centre de la France, spéculant sur Internet, ravi en effet d'un doublement de ses revenus en 2007. Comparer la part réelle mensuelle lui revenant - une fois 40 % de ses bénéfices subtilisés par la Mutuelle Sociale Agricole (MSA} - avec la feuille de salaire de Mme Lucet eut peut-être réservé quelques surprises. D'autant qu'en 2008, avec des cours mondiaux en chute libre mais les intrants d'origine pétrolière toujours en forte croissance, et une récolte moyenne, notre céréalier informaticien aura sûrement replongé dans le rouge,
Pour clore cette séquence Mme Lucet fit complaisamment appel au sociologue suisse Jean Ziegler, l'infatigable diffamateur de la race blanche et de l'Europe qu'il cloue au pilori dans tous les forums de la terre. La PAC assassine le Tiers-Monde. Les agriculteurs blancs ont fait fortune sur la misère de la planète. L'agriculture européenne se nourrit de la famine des pauvres. La blonde Mme Lucet, enchantée, appuyait sa diatribe du geste, du verbe et du regard.
On connaît le discours des procureurs de la fausse compassion. Les prix de l'alimentation sont-ils en hausse ? Des milliards de pauvres rejetés dans les bidonvilles du monde ont faim, 50 % de leurs "revenus" étant consacrés à la nourriture. Les prix s'effondrent-ils ? Des centaines de millions de paysans de l'hémisphère Sud, dont 75 % vivent en-dessous du seuil de pauvreté, sont menacés.
L'OMS, Organisation Mondiale de la Santé, ne tient pourtant pas la famine pour allant de soi. La terre pourrait même, dit-elle, nourrir 13 milliards d'habitants grâce à la science et à la technologie. C'est l'égoïsme et l'avarice des riches - les Blancs - et la scandaleuse répartition des richesses qui seraient seuls responsables des 850 millions de décès annuels dus à la faim.
Une étude de l'Université de Wageningen, aux Pays-Bas, tombe à pic. L'envolée des prix, au début 2008, responsable des « émeutes de la faim », ne serait qu'un épiphénomène dû à la simultanéité de mauvaises conditions météorologiques en Australie, en Ukraine et en Europe, des prélèvements des agrocarburants (4 à 5 %), de la forte demande des pays émergents asiatiques ainsi qu'à la pression exercée par les transports et les intrants agricoles sur les carburants fossiles. La spéculation boursière étant marginale. De sorte que les prix alimentaires reprendront rapidement la tendance baissière observée depuis des décennies. Il faudra cependant, disent les auteurs, mettre en culture d'immenses territoires en Russie et au Brésil, accélérer une gouvernance agricole mondiale qui imposera une "juste" répartition entre le Nord et le Sud, renforcer l'aide financière et technique du premier au second et développer la recherche sur les biotechnologies et les manipulations génétiques.
☞ 13 TRAITEMENTS POUR LA GOLDEN !
L'Helvète Ziegler, obnubilé par sa haine du Blanc, partage chacune de ces considérations et reste indifférent à l'immense détérioration provoquée sur l'environnement, la biologie des sols, les résistances organiquement acquises par les plantes et animaux au fil de millénaires de sélection, par un siècle d'agriculture chimique, industrielle, intensive, qui a multiplié les parasites dont la propagation a été facilitée par l'accélération de la circulation et du nomadisme. À force de soumettre ces autodéfenses, par hybridation et manipulations génétiques, à une production de masse au détriment de leur capacité à résister aux évolutions des climats et des espèces, on a livré celles-ci à toutes sortes de prédateurs chimiques, viraux ou simplement variétaux.
En revanche il n'est nulle part fait état de l'impact déjà très perceptible des nouvelles réglementations écologiques, celles tendant à réduire dans l'agriculture industrielle les effets toxiques des intrants chimiques ou la brutale augmentation des prix des carburants. En 2007 la seule réduction de 20 millions de tonnes de blé sur le marché mondial a provoqué le doublement du prix. Or les nouvelles législations, la limitation des intrants et leur moindre efficacité, entraîneront au cours des prochaines années une réduction spectaculaire des productions. De sorte que, quelles que soient l'amélioration des conditions climatiques et la baisse de consommation due à la récession économique mondiale, la forte pression démographique suffira à elle seule, répartition ou pas, à maintenir élevés les prix, et intacts les risques de famine planétaire.
D'autant que, et les grands moralisateurs mondiaux se garderont bien de mesurer l'ampleur du phénomène, cette agriculture ne survit depuis des années que par la multiplication de prouesses biochimiques de plus en plus hasardeuses. Il faut treize (13) traitements annuels pour assurer à la pomme Golden son lustre commercial ! Quant aux céréales, les centaines de molécules supposées lutter contre les maladies fongiques ne cessent de susciter de nouvelles résistances. Les organismes chargés de la prophylaxie font de la corde raide et, loin d'éradiquer champignons ou virus banalisés, compliquent les traitements devenus un des postes les plus onéreux de la grande culture céréalière. D'autant plus que les cultivars brevetés par quelques multinationales sont issus des mêmes souches fragilisées.
☞ LA ROUILLE NOIRE POUR AFFAMER LA PLANÈTE
Depuis des décennies la production industrielle du blé subit les méfaits de la rouille, une maladie cryptogamique qui, dans les années 1950, détruisit jusqu'à 40 % des récoltes nord-américaines. Les États-Unis sont aujourd'hui le premier producteur mondial avec 32,5 millions de tonnes en 2007.
Le Canada arrive en second avec 145 M de t. En 1980, la rouille jaune dévasta l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l'Asie du Sud-Est : 1 milliard de $ de dégâts. Depuis 1999 est apparue en Ouganda une nouvelle souche de rouille noire, contre laquelle on ne dispose d'aucune riposte, le Ug99. La plupart des résistances sur lesquelles la science a compté depuis un demi-siècle pour renforcer les variétés de blé ont été tournées par cette dernière. Passée aussitôt au Kenya puis en Ethiopie en 2003, au Yémen et en Egypte au début de 2008, elle est signalée en Iran, en Afghanistan, au Pakistan. On estime que 80 % des récoltes de blé d'Afrique et d'Asie pourraient être touchées dans les prochaines années. Dix-sept centres de recherche à travers le monde ont été mobilisés. L'Institut Cornell, financé par la Fondation Bill Gates, et une demi-douzaine d'universités américaines tentent, pour l'heure en vain soit de créer des variétés résistantes, soit d'introduire un gène résistant dans celles dont on dispose. La station de recherche suisse de Changins-Wadenswil travaille également sur des variétés d'orge dans le même but. Ces techniques agissent au détriment d'autres qualités de ces plantes, à leur tour susceptibles de développer de futures résistances.
Pour l'Américain Jim Peterson, président du Comité National pour l'Amélioration du Blé, la rouille, diffusée par les transports aériens, implique des méthodes de lutte trop lourdes et onéreuses pour le petit paysan archaïque. « La crainte est que survienne une année qui offre un environnement parfait à la pandémie et qu'elle ne devienne incontrôlable. Je ne vois pas comment il pourrait s'y opposer même si on lui donne les fongicides ».
En réalité, n'en déplaise aux Ziegler et autres zélateurs du village planétaire solidaire, là grande famine malthusienne est à nos portes. Et elle a deux causes systémiques. La nocivité cumulée de la science et de la technique. Et l'insupportable surpopulation mondiale.
✍ Petrus AGRICOLA. Rivarol du 31 octobre 2008 -
Russie : Synthèse démographique de l’année 2012
Alors que les enfants et les droits d’adoption sont au cœur de l’actualité, la situation démographique russe est curieusement comme passée de mode dans le monde des médias.
Pourtant les derniers développements démographiques russes sont extrêmement intéressants. Les lecteurs qui suivent mes chroniques sur RIA Novosti savent que la démographie a été l’un des principaux points de l’entreprise de dénigrement de la Russie.
La Russie a cette année 2012 connu 1.896.263 naissances, contre 1.793.828 l’année dernière, soit une hausse de 5,7% c’est-à-dire 102.435 naissances en plus. La mortalité elle continue à diminuer, puisque l’année a vu 1.898.836 décès, contre 1.925.036 décès l’année passée, soit une baisse de 1,4%, c’est-à-dire 26.200 décès en moins.
Beaucoup d’analystes ont en effet pris le train de l’information en marche, train qui affirmait à tort que la Russie ne se relèverait sans doute pas du terrible choc démographique qu’elle a connu au lendemain de l’effondrement de l’URSS. Un peu d’histoire s’impose donc.
De 1991 à 1999, en conséquence de l’effondrement de l’économie russe, l’état sanitaire de la population s’est considérablement détérioré et l’espérance de vie s’est écroulée ainsi que la natalité. En 1989 la Russie a connu 2.160.559 naissances et 1.583.743 décès et la population a augmenté de 576.816 habitants. 1991 a été la dernière année qui a vu une hausse naturelle de population (naissances – décès) avec 1.794.626 naissances et 1.690.657 décès soit une hausse de population de 103.969 habitants.A partir de cette année 1991, la Russie est entrée dans le cycle démographique infernal de la croix russe, c’est-à-dire une faible natalité et une forte mortalité. Le nombre de naissances est tombé à 1.214.689 en 1999 contre 2.144.316 décès, soit une perte nette de population de 929.627 habitants.
Le nombre de naissances remontera ensuite, n’atteignant de nouveau le niveau de 1991 (plus de 1,7 millions de naissances) qu’à partir de 2011. Quand aux nombre de décès, il restera très élevé et supérieur à deux millions également jusqu’à cette année 2011, qui verra 1.925.036 décès.
Cette évolution se traduira par une diminution de population continue, mais à une vitesse qui se réduira fortement à partir de 2005, la baisse naturelle de population étant de respectivement 687.066 habitants en 2006, 470.300 habitants en 2007, 363.500 habitants en 2008, 246.500 habitants en 2009, 241.400 en 2010 et finalement 131.208 en 2011. Les lecteurs voulant le détail des naissances et décès année par année de 1991 à 2011 peuvent le trouver ici.
Avec 1.896.263 naissances et 1.898.836 décès, la Russie frôle donc cette année l’équilibre naissances – décès, avec un solde négatif de 2.573 habitants. Les grands froids historiques que le pays a connu fin décembre ont cependant accru la mortalité, décembre 2012 ayant vu 2.698 décès de plus que décembre 2011.
Il est intéressant également de regarder ou se situe majoritairement cette hausse du nombre de naissances: Il y a tout d’abord l’oblast Omsk, la ville de Saint-Pétersbourg, les districts énergétiques de Khanty-Mansiisk, Tioumen et Lamalie, la république des Maris, le Tatarstan, le territoire de Krasnodar ainsi que les régions de Kalouga et de Lipetsk et enfin la région de Moscou.
Il y a donc des raisons d’être plutôt optimistes. Tout d’abord le nombre de naissances est dans une dynamique continue de croissance pendant que la mortalité est elle au contraire en décroissance. On imagine donc mal ces tendances soudainement s’interrompre et donc comment les prévisions démographiques d’une Russie de 130 millions d’habitants en 2015 pourraient arriver, scénario pourtant envisagé par les sources d’analyses les plus sérieuses (voir ici, la ou ici) jusqu’à il y a quelques années. La population russe devrait se situer aux alentours de 143,6 millions d’habitants en ce premier mois de l’année 2013, soit la prévision statistique démographique la plus optimiste des scénarios démographiques de l’état russe, qui aurait du être atteinte seulement en… Janvier 2015!
Pour beaucoup d’analystes ces résultats sont déjà exceptionnels et supérieurs aux prévisions des démographes russophiles les plus optimistes. Bien sûr le pire est devant puisque depuis 2004 on observe une baisse du nombre de femmes en âge de procréer (15-49 ans) et que depuis 2008 cette baisse concerne également les 15-29 ans, soit la tranche d’âge ou se concentrent actuellement 75% des naissances (voir pour bien comprendre ce schéma).
Cette baisse devrait se prolonger jusqu’à 2025, année durant laquelle les jeunes femmes russes de 25 ans seront vraisemblablement 35% moins nombreuses qu’aujourd’hui. Pour faire face à cette situation, il faudrait donc que le nombre d’enfants par femmes double littéralement, soit plus que les trois enfants que le président russe a dans son discours de fin d’année estimé comme le nombre d’enfants que devait avoir chaque famille russe normale.
Ou alors il faudrait que les femmes fassent des enfants plus tôt et/ou plus tard. Le changement des mentalités fait que les femmes russes ont des enfants de plus en plus tard. De plus, le nombre d’avortements est en forte baisse, passant de 1,8 million en 2004 à moins de 850.000 cette année. Enfin et peut être surtout l’immigration (de résidence) est en baisse mais stabilisée à 250.000 / 300.000 entrées annuelles.
Mais le facteur migratoire pourrait jouer un rôle important dans le futur puisque la chambre basse du parlement devrait élargir la liste des personnes pouvant prétendre à la citoyenneté russe via une procédure simplifiée. Le régime s’appliquerait aux “porteurs de la langue russe et de la culture russes, les descendants directs des ressortissants de l’Empire russe”.
Cette loi fait suite à une initiative du chef de l’État Vladimir Poutine qui en juillet 2012 avait soulevé la question de rapatriement des descendants de citoyens de l’URSS et de l’Empire russe en déclarant que “Les compatriotes expatriés voudraient être utiles pour leur patrie historique” et que “Les ressortissants de l’Empire russe font partie d’une même nation et civilisation”. Ainsi, via cette loi, les habitants de Finlande et de Pologne, ainsi que les Tcherkesses qui ont quitté le Caucase après la défaite dans la guerre du Caucase, pourraient obtenir la citoyenneté russe.
On imagine donc de plus en plus difficilement comment dans l’avenir la population russe devrait s’effondrer comme cela a souvent été répété. Et si 2013 voyait une hausse naturelle de population?
Par Alexandre Latsa Ria Novosti http://fortune.fdesouche.com
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La morale à géométrie variable
Il fut un temps où les Américains étaient assez réputés pour leur esprit inventif. Il est vrai que ce temps, point si lointain au regard de l'histoire, était celui où beaucoup d'entre eux n'étaient pas nés en Amérique et restaient, malgré leur désir d'assimilation à la nouvelle patrie, des Européens aux dents longues et à la hardiesse intellectuelle intacte. Le Dr Spock, M. Mac Donald, Mme Coca-Cola et l'institut Gallup ne les avaient pas encore passés à la moulinette.
Certes, les apports variaient selon les races et les cultures, mais si les Irlandais se bornaient à réinventer les pommes de terre et les Italiens la Cosa Nostra, les Ecossais industrieux et malins, les Allemands - juifs ou non - appliqués et tenaces, les Polonais et les Hongrois passant du brin de génie au délire éthylique apportaient à leur pays d'adoption des innovations techniques qui ne tardaient pas à faire le tour du monde.
Mais il est frappant de constater que ces innovations se limitaient, précisément aux plans technique et parfois scientifique. Elles ne se situaient jamais sur le plan des idées : où un pays qui se prenait déjà pour le premier du monde oscillait perpétuellement entre le vide total et la singerie hyperbolique. Je me souviens d'avoir, en ma lointaine et peu studieuse jeunesse, préparé un étrange diplôme sorbonnard qui s'intitulait pompeusement « certificat de civilisation américaine », ce que les bons esprits considéraient déjà comme une contradiction dans les termes - ce qu'on appelle un oxymoron dans les beaux quartiers. Pour mener à bien cette titanesque besogne, il suffisait de ce procurer contre une somme relativement modique un seul et unique volume, paru chez Gallimard, où l'on trouvait un résumé fidèle et complet de toutes les ondes cérébrales ayant parcouru les crânes américains de 1776 à 1950.
La lecture en était à la fois affolante et édifiante : en près de deux siècles, aucune idée philosophique, aucune construction intellectuelle nouvelle, n'avait pris naissance sur le continent américain. Tout s'y était résumé à l'importation frénétique et à la mise en application délirante des plus redoutables et imbéciles utopies ayant hanté l'Europe des XVIIIe et XlXe siècles. La poussée vers l'Ouest et les Indiens avaient, certes, mis un terme à un certain nombre d'extravagances ; les effectifs exacts des disciples de Saint-Simon ou du Père Enfantin morts de soif dans le désert du Colorado ou scalpés dans le Nebraska restent à déterminer. Mais le reste de la société américaine n'en continua pas moins à vivre intellectuellement - si l'on peut se permettre d'employer un tel adverbe en un tel cas - sur du Rousseau mal digéré et du Wesley poussé aux dernières extrémités. Sans plus ; nul ne saurait considérer comme des philosophes ce pornographe hypocrite de Benjamin Franklin ou ce touchant écolo d'Henry Thoreau Brice Lalonde avec du poil et de la plume en plus.
Mais il ne faut jamais désespérer. Et, en cette dernière décennie d'un XXe siècle qui s'en finit pas de mal finir, voilà que les Américains se sont décidés à inventer une notion philosophique nouvelle : la morale à géométrie variable - comme les chasseurs-bombardiers du même nom.
Ce système, mis au point par M. George Bush - avec, sans nul doute, l'amical concours de son gourou Billy Graham - mais considérablement perfectionné par son successeur, M. William Lewinsky Clinton, vous permet, au nom du respect des Droits de l'homme et de la préservation de la paix mondiale, d'assassiner tous ceux dont la tête ne vous revient pas, qui prétendent gérer eux-mêmes leur pays ou qui se refusent à manger les bananes à goût de navet produites par les colonies économiques américaines, tout en s'abstenant soigneusement de toucher à des tortionnaires installés dans leurs meubles du totalitarisme ou des massacreurs opérant en toute liberté sur plusieurs continents.
N'est-il pas, en effet, tragiquement cocasse qu'au moment précis où avions et fusées d'une OTAN honteusement détournée de ses buts et de son sens s'acharnent à "casser du Serbe", une délégation commerciale de Chine communiste débarque à Los Angeles et une équipe sportive américaine se rend da!!s le Cuba de Fidel Castro ? Peut-être M. Slobodan Milosevic aurait-il dû apprendre à jouer au base-bail pendant qu'il était encore temps. C'est presque aussi beau que M. Tony Blair, surnommé "Clinton's poodle" - le caniche de Clinton - par une partie de la presse britannique, saisissant l'occasion d'une visite officielle à Pékin pour lancer, en avant-première des actuelles agressions, un « grand appel au respect des Droits de l’homme ».
Rappelons à toutes fins utiles que si au Kosovo, les troupes serbes opéraient dans une province serbe, les troupes chinoises, au Tibet, ont envahi un pays souverain et l'ont réduit en esclavage en y pratiquant un « nettoyage ethnique » en règle. Rappelons que les méthodes employées par les troupes israéliennes dans les territoires occupées pourraient appeler certaines remarques. Rappelons surtout qu'il y a un an, près d'un million de personnes étaient massacrées dans des conditions atroces au Burundi sans que la « communauté internationale » intervienne.
Pourquoi, vous demanderez-vous peut-être, la communauté internationale n'est-elle pas intervenue ? Tout simplement parce que les États-Unis s'y sont opposés. Et pourquoi les États-Unis s'y sont-ils opposés ? Par peur. Peur toute simple, physique, immédiate. Parce que l'opinion américaine ne s'était pas remise lors de l'opération ratée de Somalie. En revanche, les mêmes Américains moyens acceptent fort bien de voir, sur leurs écrans, des villes serbes ou irakiennes écrasées par les fusées, tant que les "boys" ne sont pas en danger.
La vérité est que les Américains adorent faire la guerre à la condition expresse de ne pas risquer de s'y faire tuer. On a souvent dit que les États-Unis étaient allés directement de la barbarie à la décadence sans passer par la civilisation. En considérant ce qui est devenu une nation d'enfants gâtés, obèses, arrogants et lâches, j'ai parfois peur que ce ne soit vrai.
Et pourtant, j'aimais tant Jack London, Louis Armstrong et James Stewart ...
Jean BOURDIER National Hebdo du 22 au 28 avril 1999Lien permanent Catégories : actualité, culture et histoire, géopolitique, international 0 commentaire -
La France est-elle encore juridiquement souveraine ?
Que reste-t-il de souveraineté à la France, dès lors que les règles de l'Union européenne l'emportent sur ses lois ? Une peau de chagrin.
Les prochaines élections européennes conduisent à s'interroger sur l'indépendance juridique qu'a encore la France. La question est d'importance, bien qu'elle ne soit pas souvent abordée, sans doute parce que le sujet est quelque peu technique. Pour comprendre la situation, il est nécessaire de se placer, d'une part, du point de vue européen et, d'autre part, du point de vue français, même si les deux systèmes convergent.
La primauté du droit communautaire
Le droit communautaire est constitué de deux ensembles : d'un côté, le droit institutionnel (composé de tous les traités ayant concouru à l'établissement de l'Union européenne) et, de l'autre, le droit matériel qui est l'ensemble des règles élaborées par les institutions européennes. Au sein de ce dernier, il faut distinguer le règlement de la directive. Le premier est un texte à portée générale qui s'applique directement et immédiatement dans les États membres. La seconde est un texte fixant un objectif aux États, ces derniers devant le transposer dans leur droit interne. Mais, quelle est la force de ce droit de l'Union ?
La Cour de justice des communautés européennes (CJCE) a profité de son rôle d'application et d'unification du droit de l'Union pour imposer le principe de la primauté de ce dernier sur les droits nationaux. Quatre arrêts doivent retenir particulièrement l'attention. La CJCE a affirmé que l'ordre juridique communautaire ne concerne pas seulement les États mais aussi les citoyens (Van Gend en Loos, 1963). Elle a, ensuite,considéré que cet ordre est intégré à celui des États membres (Costa c. ENEL, 1964). Mais, elle est allée encore plus loin : l'acte communautaire, même contraire à la constitution d'un État membre, doit être appliqué (International Handelsgesellschaft, 1970). Enfin, le juge communautaire a dicté sa conduite aux juges des États : ces derniers ne doivent pas appliquer une règle nationale contraire à un texte européen (Simmenthal, 1978). Ainsi, du point de vue de l'Union, la chose est claire : les droits nationaux doivent plier devant la règle communautaire.
Face à cela, les systèmes juridiques des États membres ont-ils résisté ? Du point de vue français, deux questions doivent être distinguées : quelle est la place des engagements internationaux (et donc notamment du droit communautaire) d'une part, par rapport à la constitution française et, d'autre part, vis-à-vis de la loi nationale ? Quand la France veut signer un engagement international, en particulier un traité européen, si ce dernier comporte des clauses contraires à sa constitution, celle-ci doit être révisée (art. 54 de la constitution de la Ve République). Elle s'efface donc derrière le texte international ou communautaire. La logique veut donc que ce dernier ait une valeur supérieure à la constitution.
L'effacement du droit français
Mais, les plus hautes juridictions françaises - Conseil d'État, Sarran (1998), Cour de cassation, Fraisse (2000), Conseil constitutionnel, TCE (2004) - ont affirmé que, puisque c'est la constitution qui prévoit, elle-même, qu'elle doit être révisée, elle reste donc, en droit interne (la précision est d'importance) la norme supérieure. L'hypocrisie, à moins qu'il ne s'agisse de la politique de l'autruche, atteint ici son comble.
Pour ce qui est de la loi, la situation est encore plus défavorable au droit national. L'art. 55 de la constitution prévoit que le droit international a une valeur supérieure à la loi interne. Ce principe s'applique explicitement vis-à-vis des lois votées avant la ratification du texte international. Mais la jurisprudence a également appliqué ce principe vis-à-vis des lois postérieures, c'est-à-dire que si le Parlement français vote une loi sur une question déjà traitée par le droit communautaire, celle-ci n'aura aucune force réelle : elle ne s'appliquera pas. La Cour de cassation a, la première, affirmé cette position (Jacques Vabre, 1975). Le Conseil d'État a rejoint cette analyse (Nicolo, 1989). La haute juridiction administrative a, ensuite, étendu le bénéfice de ce régime à l'ensemble des actes de droit communautaire : les règlements (Boisdet, 1990) et les directives (Rothmans, 1992). Il est même allé jusqu'à affirmer la responsabilité de l'État si la loi française est contraire aux textes internationaux (Gardelieu, 2007). La conclusion de tout cela est limpide : non, la France n'est plus juridiquement souveraine !
Bernard Lhéritier monde & vie 6 juin 2009 -
L'Afrikistan en panne
L'Afrikistan est mal barré. Ce qui doit bien ennuyer les éditocrates et think-tankistes qui vivent de l'alarme. On peut dire que le pas de clerc des bandes terroristes islamisées au Mali fonçant sur Bamako a porté un coup sérieux au projet verdâtre des fondamentalistes musulmans déroulés dans les amphis de géopolitique. Les séismes dont on annonçait les répliques sont au nombre de cinq, et paraissent plus que jamais réparables. Ce qui en soi n'est pas une mauvaise nouvelle, et d'abord pour le continent africain qui n'a pas besoin de perdre du temps avec ces foutaises théologiques. Les défis économiques et sociaux sont des falaises autrement plus hautes à grimper que le salut dans l'au-delà par l'asservissement des âmes. Il faut déjà vivre un peu avant de mourir.
Voici les cinq foyers cancéreux dans le sens des aiguilles, et notre pronostic sans frais :
(AA) Parti islamiste Ennahda au pouvoir en TunisieParti de l'étranger dirigé par des émigrés revenus cueillir les fruits d'une révolte dans laquelle ils ne se sont pas mouillés, il s'avère incapable d'améliorer le sort des gens à divers motifs dont le plus évident est la crasse idéologique qui bloque les rouages économiques comme du cambouis. Ce parti instrumentalise des bandes salafistes et les gros-bras de la LPR (le SAC d'Ennahda) qui sous-traitent une "petite terreur" au quotidien pour faire tenir tranquilles les braves gens (la majorité silencieuse de là-bas).
L'insatisfaction monte rapidement dans une population qui vient de comprendre qu'elle a été bernée par les agents électoraux du parti Ennahda qui avait passé la promesse dans les villages : un vote, un emploi. La population tunisienne, plus éduquée que la moyenne des habitants de la rive sud de la Méditerranée, n'adhérera pas, l'argumentaire islamiste étant tout simplement trop bête. L'assassinat du chef de parti Chokri Belaïd peut dégoupiller une réplique de la révolte de 2011 capable d'emporter tout. L'impudence du pouvoir à vouloir passer en force en articulant un double langage qui ne trompe plus personne, convoque la complicité de l'armée qui est loin d'être acquise. Notre pronostic est une raclée électorale pour Ennahda dans un scrutin anticipé.
(BB) Frères musulmans au pouvoir en Egypte
A l'inverse d'Ennahda, c'est un parti "souchien" qui a 70 ans de travail de fond dans les quartiers défavorisés et dans les campagnes. Si c'est bien la "démocratie" qui a porté les Frères au pouvoir, le principe "un homme-une voix" n'a rien résolu quand à la légitimité des vainqueurs. Comme en Tunisie mais avec un coefficient 8, ce vieux pays a une culture ancestrale et une bourgeoisie éduquée. Il est aussi un vecteur de "modernisation" dans tout le Proche Orient. L'indigence (voire l'absence) des programmes économiques et la duplicité puérile du président Morsi ont disqualifié aux yeux de l'Opinion ces doctrinaires ne sachant que parler ou menacer, et les dérives salafistes que l'on rencontre en Tunisie n'ont déjà plus cours en Egypte, la "rue arabe" s'étant ressaisie !
Le "café" et le souk se gaussent des prétentions fraternelles à vouloir bâcher les compagnes ! Les villes du canal qui font l'Opinion sont en quasi-insurrection. Il y a plus urgent que la charia car la misère galope dans l'artisanat, le petit commerce, les petits boulots et combines paisibles car l'argent ne circule pas. Dans le vivier électoral traditionnel des Frères - les fellahs pauvres du delta - les choses ne vont pas mieux car le tourisme a disparu et l'activité vivrière est désorganisée. Notre pronostic est un pronunciamiento finissant la supercherie islamiste car l'armée est intacte.
(CC) Pirates islamisés de Somalie
Les Shebbab somaliens sont maintenant dans la tenaille de deux puissances régionales qui ne négocient plus mais sont décidées à les tuer. Le ratissage français au Mali qui ne fait pas de prisonniers les y encourage. Ainsi Kenya et Ethiopie vont-ils pratiquer la solution finale, surtout le Kenya qui avait été durement secoué par les bombes d'al-Qaïda. Depuis octobre 2011 - date de la prise d'otages de 4 travailleuses humanitaires blanches - ses raids ne sont plus des manoeuvres de pacification mais de destruction. L'Ethiopie inquiétée sur sa frontière nord par l'Erythrée, Corée du nord africaine qui soutient les insurgés de l'ex-Somaliland, veut en finir maintenant.
En mer, la piraterie étant directement liée à la prospérité des Shebbab, sa réduction est impérative et c'est sans doute la seule fenêtre de collaboration affichée avec le monde extérieur au continent. On peut concevoir que de plus en plus de pirates seront ramenés devant les tribunaux kenyans, la vieille punition "haut et court" n'étant plus d'application malgré son indéniable dissuasion ; mais on sera plus discret en coulant les barques. Notre pronostic est une liquidation générale des Shebbab avec malheureusement des dommages collatéraux dus à leur propension à se réfugier dans les jupes des femmes.
(DD) Boko Haram du NigeriaCette secte nombreuse sévit dans les provinces du nord, contiguëment au Niger. Ayant adopté les codes islamistes et le terrorisme d'application qui va avec, elle est combattue par les forces nigérianes qui hachent leurs rangs sans état d'âme. Des éléments nombreux sont montés au Mali renforcer AQMI mais il semblerait qu'ils se soient débandés devant la réplique française et nigérienne, ce qui est plus facile pour eux qui sont majoritairement des Haoussas (noirs). Si les pertes encourues n'entameront sans doute pas la ressource au Nigéria surpeuplé, elles encourageront l'action d'éradication des forces nigérianes (police et infanterie) et notre pronostic est la liquéfaction de la secte par découragement ou moindre propension au sacrifice. Des vierges, il y en a de très belles sur terre et Boko Haram vient de déclarer un cessez-le-feu ! Nous ne faisons pas de pronostic pour le moment.
(EE) AQMI-MUJAO au Sahara
Le groupe islamiste touareg Ansar Dine doit être dissocié des deux groupes arabes, même s'ils sont interpénétrés. Il est probable qu'une paix forcée entre le MNLA-MIA et le pouvoir noir de Bamako, réglant la question de la représentativité douteuse de ces Touaregs insurgés, conduise à une autonomie jouable à condition qu'elle soit couplée au développement économique du nord. Le dispositif retenu affaiblira terriblement l'élan de la rébellion islamiste touarègue qui pour la première fois ne dictera pas ses conditions. Son chef charismatique à demi-fou, Iyad ag Ghali, se terrera dans une grotte des Iforas à guetter l'hydravion blanc du Qatar qui viendra l'emporter, tandis que ses troupes même bien armées seront débandées par les escadrons méharistes des nations voisines convenablement soldés et sous appui-feu continu. On compte sur les Tchadiens, et les Touaregs ralliés qui se referont un pucelage et,... nous-mêmes un peu.Restent les deux composantes terroristes versées dans le narco-trafic¹ pour faire court. Les motivations religieuses affichées ne sont plus crédibles au sein des habitants du pays après la découverte des atrocités commises dans les villes prises. Il leur sera difficile de prospérer dans l'Adrar des Iforas avec l'hostilité déclarée ou contrainte des populations des vallées alentour. S'étant dévoilés comme des bandits cruels, ils ne pourront pas se muer en talibans afghans² vivant au milieu du peuple comme un poisson dans la rivière. Ils sont en plus perçus comme des "étrangers". C'est une courte vie de proscrits cernés qui les attend. Elle deviendra vite intenable quand les gardes-frontière des pays voisins auront été renforcés - l'Algérie a descendu 1400 hommes en renfort sur sa frontière - et qu'ils devront affronter sur leurs seules réserves Tchadiens, Maures et Touaregs marchant à la prime. En plus j'ai vu passer sur mon écran deux canons Caesar³ français qui montent vers le nord ! La chambre de décompression libyenne utilisée par Belmokhtar (Mister Malboro) qui joue à "chat perché" sera de plus en plus inaccessible par la reconstitution des forces libyennes.
La profession de djihadiste incandescent ne durera qu'aussi longtemps le permettra le trésor accumulé par le trafic et la prise d'otages. Notre pronostic est la neutralisation des zones de parcours par les Français et l'éradication par les drones américains des derniers noyaux durs protégeant leur fric, quand les plus fragiles seront retournés à la garde des chèvres.
Restent nos otages.
Actu: Ont été sauvés de l'incinération aérienne par les Touaregs les chefs de groupe terroriste Mohamed Moussa Ag Mouhamed (Ansar Dine) et Oumeïni Ould Baba Akhmed (MUJAO), capturés à In Hallil le 2 février. Direction sans doute le TPI.
http://royalartillerie.blogspot.fr/(1) on lira avec profit un billet dédié au narco-trafic et à son extension au-delà des groupes terroristes par ici.
(2) les Talibans afghans commencent à se rendre... selon Al-Jaezira.
(3) canon semi-automatique de 155mm Caesar porté sur camion, qui met 8 coups/minute à 40 kilomètres, acquisition des données et calcul automatique en temps masqué ; c'est une arme de saturation.Il y a de bonnes raisons de croire en la défaite de l'Afrikistan, mais la meilleure garantie de bonne fin sera une vraie gouvernance qui coupe les ponts avec la corruption endémique, permettant d'injecter des fonds de développement efficaces. Tous les pays africains sont concernés, tous y compris les pays non africains impliqués dans les projets !