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  • « S'il n'y a pas de souveraineté politique, il n'y a pas de nation »

    Mai 68 vient d'avoir lieu. Michel Pinton, polytechnicien, rencontre Valéry Giscard d'Estaing. Le trentenaire voit en l'ancien ministre des Finances une « forme rajeunie du gaullisme » (1). En 1974, il sera de ceux qui le porteront à l'Elysée. A la création de l'UDF, en 1978, il en devient le secrétaire général. Michel Pinton, qui a aussi été député européen, est aujourd'hui maire de Felletin (Creuse). Ce conservateur souverainiste et catholique, qui n'est pas sans rappeler Jean Jaurès, se bat contre les effets de la mondialisation et contre « l'idéologie européiste » (2).

    ☟Le Choc du mois: A la suite de quels désaccords vous êtes-vous séparé de Valéry Giscard d'Estaing ?
    ☝ Michel Pinton : Ce qui a provoqué la rupture entre nous, c'est la différence croissante de nos visions du monde après la chute du mur de Berlin et la signature du traité de Maastricht. Pour vite résumer les choses, je dirais que Giscard a tiré de l'effondrement du communisme et de la marche vers la monnaie unique une idée principale, à savoir qu'il fallait que l'Europe s'unisse, et même, plus encore, qu'elle « s'approfondisse », comme on disait à l'époque. Il mettait toute sa foi dans une sorte de fusion entre la France et l'Allemagne et la création d'une fédération supranationale entre ces deux pays, ce qui me semblait une mauvaise analyse de la situation mondiale et européenne. Je pensais que la chute du mur de Berlin démontrait au contraire que cet élargissement de l'Europe devait aller de pair avec la diversité des choix, et que si l'on cherchait à mettre de force tous les peuples dans le même carcan, cela ne marcherait pas.
    Notre rupture pratique est donc venue au moment du traité de Maastricht et de nos divergences sur ce que devait être le devenir de l'Europe : il était naturellement un chaud partisan de l'euro, dans lequel il voyait un instrument essentiel pour faire de l'Europe une unité solide et prospère ; moi j'en avais une vision exactement inverse : celle d'un moule monétaire. Nous nous sommes donc séparés à ce moment-là, et en dépit d'une amitié qui demeure, sans aucun doute, vivace entre nous, nos avis sont désormais trop éloignés pour que nous puissions à nouveau travailler ensemble. L'âge qu'il a aujourd'hui, de toute façon, fait que cela n'a plus grande importance.

    « Le pouvoir est ailleurs que dans la volonté du peuple français »

    ☟ Pour quelles raisons êtes-vous si attaché à la souveraineté nationale ?
    ☝ La souveraineté nationale, pour moi, c'est une évidence : s'il n'y a pas de souveraineté politique, il n'y a pas de nation. La souveraineté a été le fondement de la politique française depuis plus de mille ans. Par conséquent, si elle disparaît, il n'y a plus de France, tout simplement. Or, on essaie précisément aujourd'hui de nous mener vers cette voie, consistant à partager notre souveraineté avec d'autres pays voisins. En réalité, on ne partage rien : on ne fait que donner le pouvoir à une technocratie irresponsable. Il ne faut pas s'étonner que cela ne soit pas populaire. Le peuple français voit bien, depuis quinze ans, que ses votes ne servent plus à grand-chose et que le pouvoir est ailleurs que dans sa propre volonté.

    ☟ Vous avez intimement connu Jacques Chirac. Quelles impressions vous a-t-il laissées ?
    ☝ Je l'ai connu en 1968, en même temps que Giscard. Nos rapports personnels ont été bons jusqu'à ce que, comme secrétaire général de l'UDF, je sois conduit à prendre parfois position contre le RPR, ce qui bien sûr ne lui a pas plu. C'est un homme qui a adopté avec l'âge des positions idéologiques qu'il n'avait pas quand il était plus jeune. Il était très sensible, à l'époque, à une certaine forme de réalisme politique, même si par ailleurs son opportunisme n'avait rien de méchant ou d'agressif. Il faisait avant tout ce qu'il fallait pour plaire à l'opinion et être élu. Je ne l'ai jamais connu animé par les préoccupations ultérieures de ses deux mandats présidentiels, lorsque, une fois président, il s'est fait le champion des droits de l'homme, des minorités et de la repentance anti-vichyste. Dans les années 70-80, ces questions ne l'intéressaient même pas.

    ☟ Peut-on considérer que vous êtes un dissident à l'intérieur de la droite française ?
    ☝ Sur certains points, oui, mais il faut savoir exactement ce que l'on entend par la droite. Il y a une droite avec laquelle je ne me suis jamais senti à l'aise, celle qui est européiste, atlantiste, mondialiste, et qui, à mon avis, a renié ses propres racines. Cette droite-là n'a jamais été la mienne. Car c'est aussi une droite qui n'aime pas regarder en face ses propres carences et ses erreurs, et je pense qu'il faut toujours avoir le courage de regarder ses erreurs en face. Par contre, je me sens proche d'une droite qui est avant tout une fibre populaire et une manière de sentir la France.

    « On enferme les peuples européens dans un carcan »

    ☟ Quelles ont été pour vous les fautes politiques principales de Giscard et de Chirac ?
    ☝ La principale faute de Giscard, c'est de ne pas avoir compris - ou plutôt de ne pas avoir voulu comprendre, car il était assez intelligent pour le faire - qu'ayant été élu en 1974 contre Jacques Chaban-Delmas par un électorat populaire de droite, il ne pouvait ensuite passer une bonne partie de son temps à essayer de séduire des partis de gauche en prenant des mesures que son électorat ne demandait absolument pas. Son européisme, notamment, qui était très fort, ne correspondait pas du tout aux attentes de ceux qui l'avaient élu. Sa défaite a été pour lui une grande surprise, car il était persuadé que ce qu'il faisait répondait aux désirs des Français, ce qui n'était pas vrai.
    En ce qui concerne Chirac, c'est un peu la même aventure : il a été élu lui aussi par des votes populaires, qui manifestaient une grande méfiance envers l'Union européenne. Il a été élu en 1995, à l'époque de la préparation de l'euro, et il avait promis lors de sa campagne qu'il y aurait un nouveau référendum après celui de 1992 pour l'application de la monnaie unique ; du reste, sa promesse centrale de réduire la fracture sociale impliquait forcément que l'on ne fît pas l'euro. Or, à peine élu, Chirac s'est dépêché de trahir cet électorat et de mener une politique favorable aux intérêts de Bruxelles, ce qu'il a payé très cher, en décembre 1995. en 1997 et en 2005.
    Les deux hommes, en fait, ont commis l'erreur de vouloir s'affranchir de leur électorat. de ne pas tenir les promesses implicites qu'ils lui avaient faites, et de se laisser ainsi attirer par le mirage du centre ou du centre-gauche, qui n'est jamais qu'un faux consensus exalté par une presse en trompe-l'œil.

    ☟ Y a-t-il un centre politique en France, et quel sens donniez-vous à ce mot lorsque vous dirigiez l'UDF ?
    ☝ L'UDF, pour moi, c'était le centre-droit. Le RPR, à mes yeux, devait occuper une place tout à fait à droite : je voyais la vocation de Chirac comme étant en fait proche de ce qui serait ensuite celle de Le Pen. Or, Chirac a déplacé le RPR vers le centre et donc a fait surgir, par contrecoup, le Front national. Mais cette évolution n'était pas écrite à l'avance, loin de là, et la bataille entre le RPR et l'UDF, telle que je la voyais dans les années 80, était une bataille pour la possession de la droite populaire. Je ne pensais, pas non plus que l'UDF pût s'élargir depuis le centre-droit vers le centre-gauche. Cela a du reste été impossible : Giscard s'est heurté à l'union de la gauche. Il y a bien un électorat centriste en France, mais il est minoritaire : vous le retrouvez aujourd'hui dans les 7 % de François Bayrou en 2002 et au premier tour des dernières législatives.

    ☟ Pour quelles raisons êtes-vous devenu, vous le fondateur d'un parti qui se veut européiste, un adversaire déterminé de la construction européenne ?
    ☝ Je précise que je ne me suis jamais considéré comme un adversaire de l'Europe, mais je suis devenu effectivement un adversaire de l'idéologie européiste à partir du moment où elle a commencé à devenir ce qu'elle est aujourd'hui, c'est-à-dire à partir de 1986 et l'arrivée de Jacques Delors à la tête de la Commission.
    Ma vraie hostilité toutefois ne s'est manifestée qu'avec le traité de Maastricht, en 1992. Le projet d'arrimage du franc au mark qui a abouti à l'euro m'a semblé et me semble toujours néfaste, parce que c'est une contrainte qu'on impose aux peuples de l'Europe. On les enferme clans ce que j'ai appelé un carcan, à partir duquel tout découle : on fait de la monnaie unique le point d'ancrage des politiques économiques. Cela me paraît à la fois une hérésie sur le plan de la doctrine économique et une contrainte très forte appliquée à la vie des peuples.
    Désormais, à cause de cette politique, il n'y a plus d'ajustement possible que par la pression sur les salaires et sur l'emploi.
    C'est une manière de faire que je trouve inhumaine, et qui n'est absolument pas indispensable. Je sais bien qu'elle fait partie des modes actuelles, qui viennent pour l'essentiel des Etats-Unis, mais elle est appliquée avec une rigueur implacable par Bruxelles et par ceux qui nous gouvernent, sans que cela soit justifié par rien de sérieux.

    La nécessité d'un « dialogue fécond entre le temporel et le religieux »

    ☟Vous êtes également très attaché à une certaine forme de collaboration entre l'Etat national et l'Eglise catholique romaine. Pour quelles raisons ?
    ☝ J'ai surtout réfléchi à la signification profonde de la laïcité. Elle existe dans toutes les nations occidentales, en Europe et aux États-Unis : partout, il y a séparation entre l'Eglise et l'Etat. Mais il ne faut pas s'illusionner sur le sens de cette séparation : aujourd'hui, beaucoup veulent faire croire qu'elle signifie coupure. On pense couramment que les convictions religieuses sont seulement une affaire de choix personnel, qui n'ont rien à voir avec la vie publique, laquelle est censée être avant tout dans l'État.
    J'ai essayé de montrer que c'est faux : en réalité, la séparation entre l'Église et l'État signifie qu'il doit y avoir un dialogue permanent entre deux puissances qui ont besoin l'une de l'autre, même si leurs domaines d'activité respectifs sont tout à fait différents. Renvoyer les références religieuses au seul domaine privé est une idée dangereuse parce qu'elle nous conduit à des malentendus voire à des crises. D'autant que la voie vers laquelle nous entraînent la mondialisation et le libéralisme économique est quelque chose qui rend la vie des hommes de plus en plus insupportable : on étouffe dans ce système inhumain et mécanique. il bouscule les hommes, détruit les emplois, met de plus en plus de gens au chômage ou les contraint à une vie trépidante.
    Nous avons ainsi toute une partie de nous-même qui est atrophiée à l'intérieur de ce système ; dès lors le seul moyen que nous avons de vivre comme des êtres humains, c'est d'avoir une ouverture spiritualiste vers autre chose. Les doctrines purement matérialistes du libéralisme ou du communisme ne peuvent pas suffire à diriger un peuple. Cela aboutit à des phénomènes qui nous troublent, et qui sont en effet troublants, parce qu'indices de déséquilibre.
    Je crois donc qu'on ne peut pas comprendre ce qu'est l'homme moderne si l'on ne comprend pas le danger de cette césure entre la vie politico-économique et la vie religieuse. Les deux sont nécessaires. Il ne s'agit pas bien sûr de revenir à une alliance entre l'Église et l'État, qui doivent restés séparés ; mais il faut parvenir à trouver un équilibre qui corresponde au besoin de liberté de l'époque actuelle par un dialogue constructif entre les deux puissances. L'histoire de France d'ailleurs nous apprend que les périodes durant lesquelles la nation est à la fois la plus rayonnante et la plus ordonnée sont celles où il y a ce dialogue fécond entre le temporel et le religieux. À l'inverse, quand les deux puissances se tournent le dos ou se combattent, progressivement, la nation se déchire et entre en déclin.

    « La centralisation administrative est allée beaucoup trop loin »

    ☟ Est-ce au nom de ces convictions que vous avez pris la tête du mouvement qui s'est opposé à l'adoption du Pacs ?
    ☝ Au moment du débat sur le Pacs, j'ai pris la tête d'un mouvement des maires, qui a d'ailleurs été une réussite puisque le gouvernement Jospin a dû renoncer à l'enregistrement des Pacs en mairie. Je l'ai fait au nom de convictions personnelles et républicaines. Mais je me sentais d'autant plus fort que j'avais aussi pour moi à la fois la raison et l'appui des différentes religions qui existent en France, dans la mesure où précisément le dialogue dont je vous parle sur ces matières était clair et aboutissait à une conclusion irréfutable.
    Je pense de même que la perspective du mariage homosexuel vise à introduire un conflit grave entre les deux puissances, dont nous aurons du mal à sortir. La conscience française sera déchirée, ce qui se traduit toujours chez nous par des oppositions politiques, des troubles sociaux, des conflits de toute sorte.
    Le malaise, d'ailleurs, est déjà là et croît de façon perceptible.

    ☟ Vous avez été successivement consultant privé à l'étranger et maire de votre ville natale dans le Limousin, Felletin. Ces deux expériences à l'opposé l'une de l'autre vous ont-elles enseigné des vérités différentes ?
    ☝ Elles m'ont surtout montré les deux faces apparemment contradictoires de notre époque. La carrière privée de consultant que j'ai menée en Europe et aux États-Unis m'a montré la face heureuse de la mondialisation, dont j'ai profité : celle des vastes sujets d'envergure internationale, de l'argent gagné facilement, des contacts multiples avec des gens de tous les pays. Mais, j'en ai vu aussi les limites : les échanges entre personnes s'y bornent à des rapports superficiels.
    Mon expérience publique dans le limousin, elle, m'a montré l'autre face de la mondialisation : celle des tout petits qui sont écrasés par le système, qui subissent la précarité, les bas salaires, la chute des petites entreprises traditionnelles. À Felletin, j'ai dû agir avec les pouvoirs limités du maire, qui n'ont rien à voir avec ceux d'un législateur ou d'un chef d'État, mais j'y ai appris qu'il était faux de croire que le meilleur barrage protecteur aux excès de la mondialisation soit l'État. Cette croyance est une erreur grave, dont témoigne par exemple l'évolution du Royaume-Uni, où Margaret Thatcher a ouvert le pays aux grands vents de la mondialisation avant que Tony Blair poursuive cette politique en tentant de l'équilibrer par un usage beaucoup plus important du rôle de l'État. Or, toutes les statistiques montrent que son succès est très limité. Si en France nous faisons la même chose et continuons à mettre tout notre espoir dans l'Etat, comme le fait notre classe dirigeante depuis vingt ans, nous subirons les mêmes déconvenues parce que cela ne fonctionne pas.
    En réalité, l'État et la mondialisation marchent main dans la main, au détriment de l'homme et de sa liberté. L'État place les individus détruits par le système sous sa tutelle, au moyen d'innombrables subventions qui les privent de toute responsabilité et donc de leur vraie dignité.
    Mon expérience limousine locale m'a prouvé au contraire que la solution se trouve dans la reconstitution de ce que j'appellerais des sociétés intermédiaires, bien compromises aujourd'hui. La commune et la région sont deux d'entre elles, et j'ai essayé de voir comment, même avec des moyens très faibles comme ceux dont dispose ma ville de Felletin, on pouvait très concrètement, sur le plan économique, écologique et social, résister au laminoir de la mondialisation. Et après douze ans d'exercice et de combats quotidiens, je peux dire que la réponse est positive,
    Encore faut-il que l'on puisse quelque peu se dégager de cet engrenage terrible dans lequel nous broie la puissance conjuguée de l'État et de la mondialisation. C'est d'abord une question de volonté de la part de nos dirigeants. Or, nos gouvernements sont très velléitaires, et les moindres ébauches de décentralisation sont toujours compensées par des mesures allant en sens inverse.

    ☟ La plupart des fédéralistes sont européistes et la plupart des souverainistes partisans de la centralisation. Y aurait-il donc un paradoxe Pinton ?
    ☝ Je crois qu'il s'agit d'un faux paradoxe, dans la mesure où la centralisation politique me paraît pour un pays comme la France, quelque chose de nécessaire : c'est la raison pour laquelle je suis un partisan farouche des institutions de la Ve République, et je suis sévère pour notre classe politique qui les a déviées et polluées. Mais la centralisation administrative, elle, est allée beaucoup trop loin et a abouti à cette double dictature de l'État et du marché qui n'est pas une bonne chose pour la société française.
    On a trop tendance à les confondre toutes les deux, ce qui rend le débat politique en France impossible.
     Philippe Marsay le Choc du Mois Juillet 2007
    1. « Je voyais sans doute à l'époque le giscardisme avec une certaine naïveté », nous confie-t-il aujourd'hui, ajoutant : « Les faits ont démontré qu'il y avait là une part d'illusion. »
    2. Michel Pinton vient de publier Le Maire et la Mondialisation, éditions François-Xavier de Guibert, 224 pages, 19 euros.

  • Sommes-nous vraiment ce que nous sommes ? (archive 1995)

    La France est devenue ce qu'elle est grâce aux intuitions providentielles de rois qui ont su accorder dans leur projet la nature d'un peuple à celle d'un sol. Et se garder de rêves irréalisables. Comme quoi être, c'est inclure, et c'est exclure.
    Une main secourable m'adresse un grand article de Taguieff sur l'identité française. La thèse en est en gros que, si on la fonde si peu que ce soit sur la religion, l'ethnie et les similitudes de comportement qu'elles engendrent, il s'agit d'un mythe, mais que, sous couleur de détruire ce mythe, les "antiracistes" ordinaires détruisent la nation, c'est-à-dire la faculté pour un groupe d'hommes de vivre ensemble dans le cadre politique le plus performant, l'utopie mondialiste demeurant une utopie.
    ✑ André Taguieff est un adversaire, mais un adversaire qui tâche de réfléchir. Tâchons de lui répondre, puisque nous sommes au moins d'accord sur l'action destructrice et hypocrite des «antiracistes». Il rappelle fort opportunément que la nation est un phénomène formé par l'histoire et que le sentiment national n'apparaît pas d'emblée (Encore d'ailleurs en situe-t-il trop tardivement la naissance à la Révolution. Il faudrait faire une étude plus poussée des mentalités, selon les lieux, les classes, les ordres : la guerre de Cent ans n'attendit pas Michelet pour révéler à certains qu'ils étaient Français.) Quoiqu'iI en soit, là où Taguieff caricature franchement, c'est en présentant Le Pen et ceux qui le suivent comme des idolâtres benêts d'une inexistante « France éternelle » donnée une fois pour toutes dès l'origine des temps. Il est évident qu'en attribuant à l'adversaire de telles énormités, il n'est pas difficile de le convaincre ensuite d'erreur.
    ✑ Roger Nimier, patriote ombrageux qui mettait son béret basque pour les matchs de rugby et dont l'abandon de l'Algérie rongeait le cœur, n'en ironisait pas moins sur la « France éternelle ». Pour en faire sentir l'incongruité, il proposait, selon un procédé cher aux manuels de grammaire, de la remplacer par un équivalent. Par exemple : Le Honduras For ever. L'expression France éternelle appartient d'ailleurs moins au vocabulaire lepéniste qu'au vocabulaire gaullien. Le général l'accompagnait d'une belle image : « La France, cette princesse venue du fond des âges. »
    Ces façons de parler, que certains trouveront touchantes et d'autres ridicules, veulent dire que la France n'est pas seulement une entité administrative et politique, mais qu'elle existe réellement. Que c'est un organisme vivant, sinon fixé depuis l'origine du monde, du moins reconnaissable depuis le commencement de l'Histoire, même si celle-ci en a retardé la cristallisation (pour parler comme Stendhal) à la fin du Moyen-Âge ou à l'Epoque moderne.
    Cette réalité organique, l'historien Fernand Braudel la postule dans son monumental ouvrage L'Identité de la France, même s'il peine à en préciser les contours. Et l'enseignement de la République l'affirme aussi : « Nos ancêtres les Gaulois » ne doit pas s'entendre comme une simple métaphore, Si la phrase de Léopold Senghor, « Nous sommes les fils de la Grèce », n'est vraie que d'un point de vue purement intellectuel lorsqu'on l'applique aux universitaires sénégalais, il existe des liens charnels entre les contemporains de Vercingétorix et nous ; de même que d'autres liens vous unissent à Rome, aux envahisseurs germains. Et les lieux, les bâtiments, l'aménagement des campagnes, bref, le sol répondent aux hommes. Il n'est pas indifférent que nombre de nos chemins remontent au néolithique, que certaines de nos forêts aient dépendu directement de l'administration royale. L'identité française est une réalité organique complexe qui célèbre les noces d'un sang et d'un sol.
    ✑ Quel sang, bon Dieu, répond Taguieff ! Toutes les études sérieuses montrent la diversité des peuplements en France, et, jusqu'à une date assez récente, la juxtaposition des ethnies. Malgré l'exode rural qui a modifié les choses, il n'est pas malaisé, aujourd'hui encore, de discerner dans beaucoup de Lillois de véritables modèles de Fouquet et sous certains Niçois de purs Ligures. Certes, mais répondons avec Lévi-Strauss que, si ce n'est pas la race qui fait l'Histoire, l'Histoire, peu à peu, pour toutes sortes de raisons, sélectionne une race dans un peuple donné. (Et ajoutons ce que l'évidence nous dicte : que ce soit pendant la protohistoire, dans l'Antiquité, au Moyen-Âge ou à l'Époque moderne, la race française (au sens de Barrès) s'est constituée d'ethnies assez proches les unes des autres. C'est un melting pot en camaïeu. Avec bien sûr des apports contrastés, mais statistiquement peu importants. À l'époque, les chansonniers eurent beau noter que Clemenceau avait des pommettes de Mongol et Laval une tête de Maure, cela ne nous dit pas comment furent peuplées la Vendée ou l'Auvergne.
    Aussi, l'opinion suivante : « Nous sommes une nation de métèques marquée par une forte idéologie anti-métèque », citée par Taguieff ne reflète-t-elle pas la réalité, la formation progressive de la France, et le sentiment de ceux qui étaient en train de la former.
    Nous sommes d'accord avec Taguieff pour demander qu'en ces matières délicates on avance avec la prudence d'un chat sur des œufs de caille et que l'on pèse certaines influences aussi ineffables que déterminantes dans des balances de toile d'araignée. Il est d'autant plus nécessaire de poser des repères très nets. Pourquoi sommes-nous les fils de Clovis ? Parce que le conquérant franc a passé avec le sol et le ciel qui le couronne un pacte fondateur. Pour se rendre maître d'un peuple majoritairement celte, l'envahisseur germain s'est glissé dans un rêve romain (le patrice Aétius se sentait le défenseur de l'empire contre Attila aux Champs Catalauniques, Clovis fit de même à Tolbiac contre les Alamans) dont l'expression la plus caractéristique fut la conversion au christianisme orthodoxe. En écrasant les ariens, Clovis, secondant par le glaive le concile de Chalcédoine qui précisait celui de Nicée, fondait l'Europe que nous connaissons, et la fondait sur l'alliance intime de la France et de Rome. Cette alliance intime fera que la première croisade sera prêchée par le pape Gerbert, à Clermont-Ferrand. Et, bien avant, que la France, dès Pépin le Bref, s'introduit en Terre Sainte : elle demeurera jusqu'à nos jours la protectrice des chrétiens du Levant.
    ✑ Notre deuxième père est Hugues Capet. Son pouvoir fut fragile et son œuvre petite, mais son intuition juste. A Bouvines. Philippe Auguste la traduira dans les faits : il s'agissait de refuser les illusions symétriques que furent à des moments divers le Saint Empire romain germanique et le conglomérat britanno-neustrien, l'empire Plantagenêt. On peut rêver sur la figure incroyable d'Henri Il Hohenstauffen ; on peut apprécier Jersey, l'abbaye de Fontevrault et un certain air que les Anglo-Normands ont donné à la Charente ou au Bordelais, mais l'Histoire a tranché, refusant ces chimères. Les Capétiens, avec leur pré carré, ont senti que la géographie suggérait de borner à la Gaule les conquêtes franques - et cela fut la France.
    Et Charlemagne dans tout ça ? Alain Peyrefitte vient de préfacer un bouquin de Marc Rousset intitulé La nouvelle Europe de Charlemagne, qui, derrière une foule d'arguments inégaux, révèle une nostalgie active de la splendeur carolingienne. Sans doute celle-ci inspira-t-elle les fondateurs de la CECA. Hélas Bismarck a détruit pour toujours l'idée carolingienne. Celle-ci regroupe, avec les régions qui forment aujourd'hui la France, l'Italie et le Bénélux, la part de la Germanie colonisée par les Romains. Certes l'empereur à la barbe fleurie pacifia-t-il les Saxons, mais cela fut dur et fragile. Pas plus que l'Angleterre Le Reich allemand, avec ses provinces du Nord et de l'Est, ne peut s'intégrer dans l'espace carolingien. Charlemagne était roi des Francs, et le royaume des Francs se dit en allemand : Frankreich, la France. D'ailleurs, la papauté ne s'y est pas trompée en choisissant pour interlocuteur, parmi les enfants de Charlemagne, Charles le Chauve, roi de France.
    ✑ Depuis lors, nous sommes simplement devenus ce que nous étions, ce que de géniales intuitions sur la nature des choses nous conduisaient à devenir. Chacun dans son cœur peut garder une nostalgie supplémentaire, une tendresse pour un rêve inabouti (moi, c'est la Lotharingie et les Royaumes francs du Levant, d'autres, c'est l'Empire) mais voilà ce que nous sommes. Ce que la réalité nous a faits, pour le meilleur et pour le pire.
    ✍ Martin PELTIER National Hebdo du 24 au 30 août 1995

  • Bruxelles vole les Chypriotes – par Marc Noé

    Le plan dit « de sauvetage » qui vient d’être signé entre Chypre et l'Eurogroupe lundi va entrainer des sacrifices importants de la part des banques de l'île mais aussi de leurs plus gros déposants parmi lesquels figurent de « nombreux étrangers ». Comme si cette expression prenait tout à coup des allures de suspicion tout en servant d’excuse fallacieuse pour camoufler un vol planifié.
    Pour temporiser, l'Eurogroupe assure que les détenteurs de dépôts bancaires de moins de 100 000 euros (pour un total de 30 milliards d'euros) seront épargnés. Pour les eurocrates, au-delà de cette somme, un Chypriote est donc considéré comme un « riche » ! Pour travestir la manipulation, il n'est désormais plus question de « taxe sur les dépôts », mais de « perte contrainte et forcée » sur les comptes de plus de 100 000 euros. Question de vocabulaire… et d’hypocrisie ! La ponction ainsi opérée sur ces «gros comptes» dans les deux principales banques du pays devrait favoriser l’extorsion de 4,2 milliards d'euros.¢
    Dans ce montage frauduleux, la « Bank of Cyprus », première banque du pays, sera « sauvée » par la recapitalisation opérée à leur corps défendant par les détenteurs de comptes supérieur à 100 000 euros. Ceux-ci se verront alors amputés de 30 à 40% de leur épargne qu’ils seront ensuite « autorisés » à récupérer. Quelle délicatesse ! On parle bien d’argent privé ici. S’accaparer le bien d’autrui sans son consentement, c’est bien du vol… non ?
    Quant à la « Laiki Bank », la seconde de l’île, elle est maintenant purement et simplement mise en faillite. Les comptes inférieurs à 100 000 euros et les prêts de la Banque centrale européenne (pour un montant de 9 milliards d'euros) sont appelés à former la partie saine de la banque, la « good bank », qui sera, elle, intégrée à la « Bank of Cyprus ». Le reste est mis en liquidation. Les déposants n’auront plus que leurs yeux pour pleurer avec le maigre reliquat qui leur reviendra. « Que le Peuple s’amuse ! » Un Peuple qui n’est pourtant absolument pas fautif ni responsable des errements de ses « dirigeants ».
    Bruxelles joue ici sur du velours. Le Parlement de Nicosie ayant voté, vendredi dernier, une loi sur les faillites bancaires, l'accord de Bruxelles n'a plus besoin d'être approuvé… démocratiquement.
    Mais le diktat de l’Eurogroupe ne s’arrête pas là : privatisations, hausse de l'impôt sur les sociétés dans une fourchette de 10 % à 12,5 %... Tout cela sera précisé dans un « protocole » prévu pour le mois d’avril prochain. C’en est fini du caractère attractif pour les capitaux étrangers.
    Les Chypriotes n’ont pas fini d’en baver et les européistes s’en moquent. À moins que…¢
    © Marc NOÉ pour FPI-Le Gaulois
    Ancien Maire-Conseiller Général de Seine-et-Marne
    FPI-Le Gaulois

  • Ce dimanche sur Méridien Zéro : Survivre en ville

    Ce dimanche sur Méridien Zéro : Survivre en ville

    PARIS (NOVOpress) - Ce dimanche, de 23 heures à 00h30, Méridien Zéro reçoit Piero San Giorgio, auteur de l’ouvrage “Rues Barbares : Survivre en Ville” et Michel Drac, fondateur de Scriptoblog, essayiste et analyste économique pour évoquer avec eux la survie urbaine.

    A la barre le Lt Sturm accompagné de Jean-Louis Roumégace. A la technique Lord Igor.

    À écouter sur les sites :
    http://meridienzero.hautetfort.com/
    - ou http://www.radiobandieranera.org/
    - ou http://europaradio.hautetfort.com/

    http://fr.novopress.info/

  • L’éternel problème du lien de cause à effet

    [L'Etat a voulu rembourser à 100% avortement et « pilule ». On parle de plus en plus des effets néfastes de cette dernière sur la santé des femmes. L'occasion pour CI de passer cette tribune libre de Christine Dol, à propos de l'irresponsabilité. ]

    La jeune fille vient voir son « petit-ami » pour lui annoncer qu’ils ont un problème. « Bim », elle est enceinte. « Comment est-ce arrivé ? » rétorque spontanément le jeune homme.
    Une question se pose alors : est-il bête ou le fait-il exprès ? Ni l’un ni l’autre : son esprit n’est tout simplement pas au courant des réalités de la vie, il n’est pas élevé, pas éduqué. Dans le domaine de l’enfantement, il est souvent admis que les femmes ont davantage de logique ; cela peut s’expliquer biologiquement, et non intellectuellement. En effet, lorsqu’une fille « s’accouple naturellement » avec un homme, elle a conscience d’une possible procréation. Mais cette idée disparaît de son esprit quand elle a recours aux contraceptifs. C’est alors qu’on peut l’entendre, elle aussi, s’écrier : « comment est-ce arrivé ? » De même, nous nous demandons si elle est bête ou si elle le fait exprès, car la réponse reste tout aussi évidente. Au final, nous avons affaire à des cerveaux déconnectés du réel.

     Ce genre d’historiette quotidienne révèle un problème bien plus grave qu’un enfant surprise.
    Les êtres humains d’aujourd’hui ne semblent plus voir le lien entre la cause et l’effet, entre l’acte et la conséquence ; ils ne voient plus le monde avec son ordre et sa logique.
    Cette absurdité peut pousser un individu à se jeter d’un immeuble parce qu’il veut arriver plus vite en bas, et à être révolté de constater que son corps est amoché… Ainsi, la bêtise n’est pas dans son action mais dans sa tête.

     La journaliste Natacha Polony aborde ce sujet à travers son expérience dans l’éducation nationale en tant que professeur de français. Elle raconte que sur un groupe de 60 élèves de seconde, il y en avait 50 incapables de distinguer la cause de la conséquence dans une phrase (in Nos enfants gâchés). Cela ne concerne pas le domaine de la connaissance grammaticale mais bien du bon-sens, de la simple logique universelle.

     On se plaint souvent de l’inutilité pratique des matières littéraires. C’est oublier que celles-ci forment les esprits à connaître les réalités concrètes de la vie. Dans leur vie quotidienne, si ces « jeunes » – et moins jeunes – ne savent pas faire la différence cause/conséquence (ne serait-ce que répondre à la question : « qu’est-ce qui arrive en premier : la cause ou la conséquence ??? » tic tac, tic, tac..), ils ne pourront pas être responsables. Ils ne pourront pas agir selon un but, car ne verront pas les moyens logiques pour y parvenir. Ils n’arriveront pas à assumer les conséquences de leurs actes, car ne les comprendront pas… Un adage nous dit « dans le doute, s’abstenir »…

    Il est tout de même bien malheureux de faire de nos enfants des barbares…

     De même, les jeunes filles qui se plaignent, se scandalisent ou portent plainte parce que leur pilule leur cause des soucis de santé ou de fertilité ont agi avec une ignorance coupable. Elle sont en grande partie responsables des conséquences de la prise de ces « médicaments ».

     Notre État, qui n’en est plus un, souhaite donc encourager l’irresponsabilité en débranchant les cerveaux des citoyens, que ce soit par le biais de l’Éducation nationale ou par celui des lois. Qui pensait que la démocratie moderne avait ouvert la voie à la liberté ? Liberté des mœurs, sans doute ; mais pas celle de la réflexion : c’est dommage, c’est pourtant elle qui nous différencie des animaux.

     Oui, l’individualisme et le culte de l’envie sont coupables de la bêtise sociétale actuelle, mais le manque d’esprit logique est un mal supérieur. Il faut donc sauver la véritable intelligence, la faire fonctionner activement, très activement, sans chercher orgueilleusement à inventer des nouveaux concepts philosophiques.. De là découle la liberté.

    Christine Dol http://www.contre-info.com

  • Mélenchon contre les « tyrans médiatiques » et surtout les « blonds aux yeux bleus

    Tribune libre de Claude Lorne.

    Mémorable empoignade le 26 mars au journal matinal de France Inter entre le journaliste-animateur Patrick Cohen et Jean-Luc Mélenchon, invité du jour après sa sortie du samedi précédent, lors du congrès du Parti de gauche à Bordeaux, où il avait accusé le « salopard », Pierre Moscovici; de se comporter comme « quelqu’un qui ne pense pas français, qui pense dans la langue de la finance internationale ».

    Judaïsme et capitalisme sont-ils synonymes ?

    « Un vocabulaire des années 1930 que l’on ne pensait plus entendre de la bouche d’un républicain », s’était aussitôt indigné Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste, dans un amalgame hardi et plutôt maladroit entre judaïsme et capitalisme apatride, cependant que le ministre des Finances lui-même, rappelant son père déporté à Auschwitz et refusant de croire à un simple « dérapage », taxait implicitement Mélenchon d’antisémitisme. Ce à quoi l’agresseur-agressé répliquait en affirmant « tout ignorer de la religion du ministre » (de même feu Georges Frêche, président du Conseil régional de Languedoc-Roussillon, avait-il feint d’ignorer les origines de Laurent Fabius auquel il avait attribué « une tête pas très catholique »), avant de proclamer que « si Pierre Moscovici était victime d’antisémitisme », lui-même et le Parti de gauche « seraient au premier rang pour le défendre ».

    Un nouveau tribun du peuple, mais quel peuple ?

    L’incident ayant été de nouveau évoqué longuement sur France Inter par Patrick Cohen – épinglé le 19 mars aux « Bobards d’Or » pour avoir sommé son confrère Frédéric Taddeï de cesser d’inviter des personnalités aussi sulfureuses que Dieudonné ou Alain Soral (1) dans son émission de France 3, Jean-Luc Mélenchon éructa, explosa. Il se déchaîna contre les « curés médiatiques » qui tentent d’imposer leur credo, contre les « tyrans médiatiques » qui se rassemblent éplorés « autour de la momie d’Hessel », le prophète des « Indignés », mais pour lesquels « il faut s’indigner dans le langage de la bonne société, il faut dire prout-prout, parler gentiment » alors que « ce n’est pas comme ça que s’exprime la colère du peuple » : « Les gens en ont par-dessus la tête, ils ont besoin d’avoir des dirigeants qui parlent dru et cru, qui disent les choses comme elles sont. »

    Alors, bravo « Méluche » pour sa lecture attentive, voire son appropriation de La Tyrannie médiatique si efficacement démontée, et flétrie, par Jean-Yves Le Gallou dans son dernier livre ?

    Pas si vite ! Et pas question de se laisser prendre au jeu de dupes que nous jouent Mélenchon et les médias, les seconds permettant par leurs fulminations au premier de s’emparer en toute légitimité de la « fonction tribunicienne », si longtemps exercée par Jean-Marie Le Pen. Quitte à ce qu’un homme politique incarne la révolte populaire contre la Pensée unique en matière économique – et éventuellement la subvertisse – en parlant « dru et cru », mieux vaut que ce soit quelqu’un du sérail, dont la doxa soit impeccable en matière d’antiracisme et de métissage universel, ce qui est finalement l’essentiel pour les maîtres de la « finance internationale » anxieux de dissoudre au plus vite les identités nationales dans le village planétaire.

    La Normandie ou « l’horreur absolue »

    Or, sur ce plan, M. Mélenchon donne toutes garanties. Invité le 24 mars, soit le lendemain même du « scandale bordelais », de l’antenne marocaine Hit Radio, ce natif de Tanger, dont le père et la grand-mère espagnols parlaient arabe et desquels, « tout petit », il avait appris « le sens de l’ouverture », ne racontait-il pas complaisamment comment cela avait été « l’horreur absolue » pour la famille quand elle s’était retrouvée en Normandie, dans ce pays de Caux aux « campagnes extraordinairement arriérées » où « personne ne parlait une langue étrangère » mais où régnait « un alcoolisme épouvantable » ?

    Et l’ultra-cosmopolite Mélenchon d’enfoncer le clou : « Je ne supporte plus de vivre autrement que quand les gens sont mélangés… Je ne pourrais pas vivre dans le Ve ou le VIe arrondissement de Paris. Je ne peux pas survivre quand il n’y a que des blonds aux yeux bleus. »

    Un racisme anti-Blancs digne de BHL

    Vous avez dit racisme viscéral et primaire, digne des rappeurs les plus excités ? Mais, bizarrement, cette déclaration de guerre à la France des clochers (et des monuments aux morts) qui, que l’on sache, est encore majoritaire, n’a fait aucun buzz. Ce qui est d’ailleurs logique puisque cette pétition de principe, si semblable à celle de l’éditocrate Bernard-Henri Lévy dans la première livraison du Globe de Pïerre Bergé (« Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, béret, bourrées, binious, bref, franchouillard ou cocardier, nous est étranger, voire odieux »), apparaissait tout à fait naturelle et normale aux « curés médiatiques » dans la perspective du « monde à créer » dont le coprésident du Parti de gauche attend l’avènement avec impatience. Sans doute n’en aurait-on même rien su si le précieux site fdesouche.com n’avait mis la vidéo en ligne sur son site (2). On conviendra pourtant que l’assaut est bien plus violent, et ciblé, que celui visant le ministre des Finances. Mais sans doute s’agissait-il, en gonflant la non-affaire Moscovici, de montrer à l’ancien sénateur de l’Essonne que le sentier de son éloquence était balisé.

    Que, blonds ou pas, les derniers résistants du « terroir » ne se fassent donc aucune illusion : ce n’est jamais en leur faveur que s’exprimera le zélateur du « parler dru et cru ».

    Claude Lorne http://www.polemia.com
    27/03/2013

    Notes

    (1) L’offensive du censeur Cohen, vite relayée par Roger-Pol Droit sur le site du Monde, semble avoir réussi : le vendredi 22 mars au soir, les invités de Taddeï étaient Marcela Iakub, Alain Finkielkraut et Daniel Cohn-Bendit.
    (2) http://www.youtube.com/watch?v=3Xsdo4GcClE&feature=player_embedded

  • Crise de la zone euro : Faisons sauter les paradis fiscaux !

     La crise chypriote a révélé au grand jour le statut fiscal particulier de l’île au sein de la zone euro. Mais il n’est pas très différent de celui d’autres pays européens, comme le Luxembourg ou les îles Anglo-Normandes : des aberrations qu’il faudrait purement et simplement abolir.

    Pourquoi fait-on couler Chypre, alors que les autres paradis fiscaux – le Luxembourg ou les petites îles britanniques comme Man et Guernesey – ne sont pas inquiétés ?

    Cette attitude de victime qu’adopte Chypre est assez bête. Si quasiment personne ne va fouiller dans ces enclaves, c’est parce qu’elles ne demandent pas à leurs partenaires européens de les sauver de la faillite.

    Ce n’est pas tout, en revanche, car le cas chypriote est tout de même hallucinant. Jusqu’en 2007, c’est tout juste si l’île collectait des impôts. Dans les années 1990, c’est à Chypre que Slobodan Milosevic est venu cacher les 800 millions de dollars qu’il avait raflés dans les caisses yougoslaves. Ce sont les banques chypriotes qui placent, blanchissent et réinjectent l’argent sale venu de Russie, et notamment les capitaux issus de la spéculation pétrolière. Selon la CIA, l’île participe aussi à la traite de femmes philippines et dominicaines pour leur exploitation sexuelle. Le grand port de Limassol est la capitale des navires qui échappent aux réglementations et dont les activités sont opaques et irresponsables, car ils profitent du pavillon chypriote – qui s’apparente presque à un drapeau pirate.

    Liste noire

    Par ailleurs, l’élite financière maintient, tout comme en Irlande, des relations incestueuses avec la droite politique : c’est le ministre des Finances, Michalis Sarris, qui a cherché à faire ami-ami avec Moscou pour apaiser les blessures des banques ; c’est aussi lui qui, en 2012, était président du conseil d’administration de l’institution financière dont l’état est le plus catastrophique, le groupe Laïki.

    En réalité, Chypre n’est pas un paradis fiscal, si l’on se fie à la définition vague de l’OCDE. Il est vrai que les impôts sont extrêmement bas, condition sine qua non pour être inscrit sur la liste noire. Pourtant, l’île ne répond pas aux deux autres critères nécessaires : l’opacité totale et l’impossibilité pour les pays tiers d’obtenir des informations fiscales.

    D’autres petits détails enlaidissent et fragilisent l’île. Son secteur financier a une ampleur démesurée (les actifs équivalent à 7,1 fois le PIB) – tout comme l’Irlande, dont le sauvetage était aussi lié à la taille de l’économie –, soit le double de la moyenne européenne (où les actifs atteignent 3,5 fois le PIB) et de l’Espagne (3,1), mais le tiers du Luxembourg (21,7).

    Ainsi, Chypre n’est pas un paradis fiscal au strict sens juridique du terme, même si elle n’en n’est pas loin, tout comme le Luxembourg, bien que les deux ne soient plus inscrits sur la liste grise de l’OCDE.

    Le mal chypriote couve

    Le Luxembourg ? Parlons-en. Le Grand-Duché est le pays le plus riche au monde, grâce à 200 banques étrangères et plus de 3.000 milliards d’euros en actifs financiers extraterritoriaux (sur les 20.000 milliards existants dans le monde), qui bénéficient d’un système fiscal extrêmement généreux. La situation actuelle n’est plus aussi paradisiaque que l’ancien régime dont bénéficiaient les entreprises de type “Holding 1929″, qui étaient exemptes de tout impôt et retenue. Toutefois, depuis 2007, certaines sociétés de gestion de patrimoine familial (SPF), qui ne sont redevables à aucun moment de leurs rentes, leur patrimoine ou de la TVA, se voient tout de même prélever quelques retenues et une taxe de 0,25 %. Voilà ce qu’on pourrait appeler les limbes fiscaux.

    Un jour, peut-être que le Luxembourg, la Suisse et les égouts insulaires de Londres (et… de Singapour) contracteront le mal chypriote. Ces territoires couvent déjà la maladie, en un sens. Ainsi, pour éviter de faire appel au contribuable allemand ou espagnol pour les sauver et pour empêcher que les détenteurs de dépôts non garantis ne paient les pots cassés, il y a une solution : dynamiter les limbes fiscaux.

    Comment ? Il faut mettre en œuvre une grande harmonisation fiscale, qui complétera la partie consacrée aux recettes dans le traité budgétaire, dont l’objectif est la maîtrise des dépenses. La stratégie consiste à harmoniser les types d’impôts et les bases imposables en ce qui concerne les taxes sur le capital, mais aussi à mettre en place des tranches plus petites pour l’impôt sur le revenu, éliminer les exceptions à la TVA, harmoniser à la hausse l’impôt sur les sociétés, taxer les bénéfices engrangés dans les limbes fiscaux par les sociétés marchandes étrangères et imposer une taxe progressive sur les transactions financières.

    De telles transformations ne seront pas simples. Au sein de l’UE, les accords fiscaux nécessitent l’unanimité. Ceux qui profitent des limbes fiscaux et tous leurs amis ont un droit de veto. Et ils s’en servent, pour l’instant. Dynamitons aussi ce veto. Faites passer le mot.

    - Article original en espagnol : El País

    - Traduction française : Presseurop

    http://fortune.fdesouche.com

  • Le vrai but du mariage homosexuel : imposer la théorie du Genre (Gender)

  • Lessive géopolitique… A qui profite la situation coréenne ?…

    Pertinente analyse des experts russes, qui mène à l’éternelle question à 10 Euros: A qui tout cela profite t’il ? Il est clair que la Corée du Nord ne fait rien sans l’aval de la Chine, donc, gigoter de la sorte donne un prétexte au pays du goulag levant de renforcer son dispositif militaire en Asie pour isoler la Chine plus avant. Ceci immanquablement va étirer l’armée de l’empire et la rendre bien plus inefficace sur les théâtres de conflit au Moyen-Orient et en Afrique. D’un autre côté on peut toujours se demander à quel jeu joue vraiment la Chine ? Son rapprochement récent avec la Russie est-il un leurre ? Vu les énormes intérêts économiques en jeu et l’intérêt que porte l’oligarchie à la Chine depuis plus de 40 ans, tout ceci n’est-il pas qu’un leurre ? La Chine jouera t’elle à terme dans le camp de l’empire ? Cette nouvelle monté de mayonnaise façon américano-sino-coréenne est encore un air de pipeau pour faire monter le sentiment d’insécurité de plusieurs crans… Dans quel but ?

    A suivre de près…

    – Résistance 71 –

    La Russie redoute une situation hors de contrôle en Corée du Nord (Lavrov)

    Al Manar, Le 29 Mars 2013

    url de l’article original : http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=104220&cid=19&fromval=1&frid=19&seccatid=33&s1=1

    La Russie a mis en garde vendredi contre des « actions unilatérales » qui risquent de faire « perdre le contrôle de la situation » en Corée du Nord, où le régime prépare ses missiles pour d’éventuelles frappes contre les Etats-Unis.
   
 »Nous pouvons perdre le contrôle de la situation, elle s’engage dans la spirale d’un cercle vicieux », a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, au cours d’une conférence de presse.
   
 »Nous sommes préoccupés par le fait que des actions unilatérales, consistant à intensifier les activités militaires, sont entreprises autour de la Corée du Nord parallèlement à la réaction appropriée du Conseil de sécurité de l’ONU et à la réaction collective de la communauté internationale », a-t-il ajouté.

    La Russie appelle tous les pays « à s’abstenir de montrer leur force militaire et à ne pas utiliser la situation actuelle pour atteindre des objectifs géopolitiques dans la région par des moyens militaires », a-t-il encore dit.

    Selon un expert militaire russe interrogé par l’agence de presse Interfax, la Corée du Nord multiplie les « provocations » sans avoir les moyens d’atteindre les Etats-Unis.
   
 »Pour le moment, la Corée de Nord ne dispose pas de lanceur qui pourrait atteindre les Etats-Unis ou leurs bases dans l’océan Pacifique », a déclaré l’expert sous couvert de l’anonymat.
   
 »Les Coréens du Nord sont aussi loin de fabriquer des têtes nucléaires qui pourraient équiper un missile intercontinental balistique », a-t-il ajouté.

    L’expert a estimé que les photos publiées vendredi par les médias nord-coréens semblant témoigner de projets d’attaque des Etats-Unis étaient de « nouveaux épouvantails » agités par Pyongyang.
   
 »Je ne crois pas à la possibilité de telles frappes. Les Nord-Coréens ont eu recours périodiquement à telles menaces, déjà avant Kim Jong-Un », a-t-il souligné.
   
 »Les déclarations de la Corée du Nord, qui relèvent de la provocation, donnent en réalité un très bon prétexte à Washington pour étendre ses capacités de défense anti-missile dans la région Asie-Pacifique », a encore dit l’expert russe.

    http://resistance71.wordpress.com/

  • Mariage homo : Un comité d’accueil attendait Najat Vallaud-Belkacem à Rennes

    Mariage homo : Un comité d’accueil attendait Najat Vallaud-Belkacem à Rennes

    RENNES (NOVOpress Breizh) – « On veut du boulot, pas du mariage homo ! », « Hollande, ta loi on n’en veut pas ! » Hier après-midi en gare de Rennes plus de 200 personnes du collectif « La manif pour tous » – parmi lesquelles de nombreux militants identitaires bretons – ont réservé à Najat Vallaud Belkacem un accueil dont elle se souviendra longtemps.

    C’est en effet sous les huées, les sifflets et au milieu d’une grande bousculade que la porte-parole du gouvernement, a pu gagner – au pas de charge et sous forte escorte policière – la voiture qui devait la conduire au Théâtre national de Bretagne, où elle devait prendre la parole, dans le cadre du forum Libération, sur le thème de… la « présidence normale » (!).

    Intervenant, le 15 octobre dernier, au collège André Chêne de Fleury-les-Aubrais, dans le Loiret, la ministre des Droits de la femme s’était fait remarquer en n’hésitant pas à déclarer devant de jeunes élèves de 4ème : « Le mariage pour tous, cela veut dire que pourront se marier des gens qui s’aiment même s’ils sont de même sexe, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Ca va permettre plus d’épanouissement, plus de liberté, plus d’égalité dans la société. Il faut comprendre ça comme une avancée. » Ce discours de propagande, tenu devant de jeunes adolescents, avait été filmé par BFMTV. Jugé gênant par la ministre, son service de communication avait, selon cette chaîne, demandé – en vain – la suppression de ce reportage.

    Récemment, la ministre s’est encore illustrée en déclarant, à propos du projet de loi sur le mariage forcé, que « ça ne concerne pas que les sociétés musulmanes, vous voyez. C’est aussi de ce point de vue-là qu’il faut, je pense, arrêter les amalgames ou la stigmatisation : le mariage forcé, ça peut concerner des sociétés catholiques (sic). » Des propos qui avaient sidérés tous ceux qui connaissent la doctrine catholique en matière de mariage, fondée justement sur la liberté du consentement (“Si cette liberté manque, le mariage est invalide”)

    Porte-parole d’un gouvernement dont l’identité de « gauche » ne tient plus que grâce à quelques mesures « sociétales » – mariage gay, salles de shoot etc. – à défaut de pouvoir mettre en place d’authentiques mesures sociales, madame Vallaud Belkacem, qui maîtrise par ailleurs parfaitement la novlangue du Système, semble donc tout à fait à sa place dans cet emploi. Pas certain, toutefois, que ce soit précisément ce qu’attendent aujourd’hui les Français.

    Crédit photo : DR.

    http://fr.novopress.info