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  • Ces craquements qui annoncent l'effondrement de l'UE

    Lu dans Le Bulletin d'André Noël :

    "Pour une fois, nous sommes d’accord avec le député écolo-européiste et agitateur politico-médiatique Daniel Cohn-Bendit, à propos du referendum helvète : « Si on avait organisé en France un référendum comme celui qui s’est déroulé en Suisse, ça aurait été pire, 60% pour le oui. » Mais, voilà ! On ne laisse pas la parole aux citoyens français pour leur demander s’ils veulent redevenir maîtres chez eux. C’est à mettre, certes, au débit de nos dirigeants successifs mais aussi à celui de Bruxelles qui pose une chape de plomb sur les velléités d’émancipation des peuples, en exerçant un chantage à la subvention. Mais cela n’empêchera pas le couvercle de sauter ; la colère monte de partout…

    C’est ainsi que « le début de la fin » de l’empire soviétique s’est enclenché: par des craquements de plus en plus sonores dans les pays satellites qui aspiraient chaque année davantage à l’indépendance et à la liberté. Et puis, un jour, tout a craqué ; l’empire s’est effondré comme un château de cartes. Loin de nous l’intention d’assimiler Bruxelles à Moscou et l’Union européenne à l’URSS ! Mais, par-delà les régimes et les époques, il y a toujours une volonté des peuples de se libérer d’une tutelle étrangère, même si on tente de leur expliquer qu’elle n’est là que pour leur bien !

    Outre le cas de la Suisse que nous venons d’évoquer et qui ne fait pas partie de l’Union, lorsqu’on met bout à bout tous les signaux qui se manifestent, force est de constater que l’Union entre dans les convulsions de l’agonie et l’euro avec elle. Ainsi, la Finlande préfère se préparer à sortir de l’euro plutôt qu’à payer les dettes des autres pays de la zone, a déclaré la ministre des Finances Jutta Urpilainen, ajoutant : « La Finlande ne s’accrochera pas à l’euro à n’importe quel prix et nous sommes prêts à tous les scénarios, y compris à abandonner la monnaie unique européenne. »

    En Grande-Bretagne, le parti du Premier ministre David Cameron a déposé une proposition de loi qui garantit la tenue d'un référendum d’ici 2017, pour ou contre l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union. Selon un premier sondage réalisé depuis cette annonce, 40% des personnes interrogées voteraient en faveur d'une sortie et 37% accepteraient d'y rester. Extrapolant le vote des 23% d'indécis, le sondage réalisé par l’institut Populus pour le Times estime que 53% des Britanniques sont favorables à une sortie de l'U.E., contre 47% qui veulent rester en son sein.

    Partout, en Europe, l’euroscepticisme croît. Les peuples n’ont plus confiance : on leur avait promis la prospérité, la croissance et l’emploi ; ils constatent une hausse de la misère, du chômage et de la récession. Même les pays nouvellement adhérents n’y croient déjà plus ! La Lettonie a adopté l’euro au 1er janvier dernier ; or, selon l’institut SKS, 25 % des Lettons approuvent le passage à l’euro et 50 % sont contre. C’est leur gouvernement qui les y a conduits à marche forcée, sous la férule de Bruxelles. En Pologne, l’euro devait faire son apparition en 2015 ; face à la crise de la zone euro, son gouvernement a demandé à Bruxelles l’autorisation de différer son adoption.

    La fin de l’Union et celle de l’euro sont inscrites en filigrane dans ces faits. On le constatera également dans le résultat du scrutin européen qui ne permettra plus aux fédéralistes de faire ce qu’ils veulent face à une importante minorité de blocage. La seule question est de savoir si nous allons subir cet effondrement dans le désordre et les convulsions ou si nous allons l’accompagner dans l’ordre, selon un calendrier maîtrisé. Bruxelles, hélas! par son aveuglement semble avoir choisi la politique du pire."

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2014/02/ces-craquements-qui-annoncent-leffondrement-de-lue.html

  • Entrepreneurs : versez votre taxe d'apprentissage à un lycée catholique

    Toutes les entreprises payent à l'état un impôt appelé Taxe d'Apprentissage, à moins d'en verser l'équivalent à un établissement dispensant une formation technologique ou professionnelle.

    C'est le cas par exemple du Lycée Frassati (Tél. 03 29 09 86 18). N'hésitez pas à solliciter vos amis : cela ne coûte rien mais aide grandement !

    Michel Janva

  • Le cercle Dextra Versailles reçoit Aymeric Chauprade

    La section versaillaise de Dextra (pour plus d’information sur ce cercle de formation politique, voir l’article de nos camarades de Nouvel Arbitre) recevait mercredi dernier le géopolitologue Aymeric Chauprade.
    Venu présenter la dernière édition de sa Chronique du Choc des civilisations, celui qui fut professeur de géopolitique à l’Ecole de Guerre pendant près de dix ans reçut un accueil nombreux et chaleureux au bar le « Franco-Belge ».
    Les relations internationales ? Il les explique par le conflit saisissant surtout deux grilles de lecture du monde : la volonté américaine d’un monde unipolaire face aux réalités et velléités d’autres puissances d’entériner un monde multipolaire. Pendant près d’1h30, Aymeric Chauprade offre à son auditoire son analyse de l’actualité politique (conflit ukrainien, OTAN, place de la France…) et métapolitique : autonomie et identité semblent être les deux maîtres mots de la « pensée » chaupradienne pour comprendre les relations internationales. Deux notions qui s’inscrivent parfaitement dans la doctrine politique de Dextra.
    Rencontre avec Pierre-Louis, responsable de la section versaillaise de Dextra 
    1/ Pierre-Louis, cette conférence d’Aymeric Chauprade a attiré beaucoup de monde… Pourquoi choisir de faire venir Aymeric Chauprade ?
    Oui, c’est une réussite, merci surtout à Aymeric Chauprade. C’est un géopolitologue très renommé donc il a forcément des choses intéressantes à nous dire. Il a une vision assez originale, avec une grille de lecture qui s’appuie particulièrement sur l’identité des peuples et sur l’indépendance des nations donc cela rentre tout à fait dans notre ligne. Nous sommes là pour défendre la nation française donc évidemment l’identité française.
    2/ Que retenez-vous de cette conférence ? 
    Je relèverai deux points. Tout d’abord, le constat fait sur l’état du monde entre unipolarité (prôné par les USA et dont l’UE fait partie) et la multipolarité qu’on observe dans les faits. Ensuite, un aspect plus prospectif et assez encourageant du rôle prépondérant de la nation, que la nation devra jouer. L’avenir est clairement à la souveraineté nationale. Si la nation est aujourd’hui endormie, elle est appelée à prendre une place de plus en plus importante
    3/ Comment êtes-vous entré en contact avec Aymeric Chauprade ? Pourquoi ne pas avoir évoqué avec lui son engagement au sein du RBM dans le cadre des prochaines élections européennes ?
    C’est lui qui nous a contactés. Notre ligne l’a intéressé et il voulait venir parler chez nous. Ceci dit, c’est le géopolitologue que nous avons invité. Nous n’avons pas dissimulé son engagement politique, mais ce n’était pas le thème de la conférence d’aujourd’hui.
    4/ Parlons de Dextra, particulièrement de la section versaillaise qui est assez récente. Pourquoi une section à Versailles et pourquoi maintenant ?
    La section de Versailles a été montée l’année dernière pour répondre à une demande et s’adresser à toutes les personnes qui habitent à Versailles et dans les Yvelines qui n’ont pas forcément la possibilité de se déplacer sur Paris pour les conférences hebdomadaires de la section parisienne (tous les vendredis ndlr). On a donc une conférence par mois. Le but, c’est de continuer la formation politique, faire en sorte que ceux qui assistent à nos conférences en sortent mieux avertis de la situation de la France et de celle du monde et arrivent à réfléchir, au-delà de ce que nous servent les media de masse.
    5/ Quelle est votre ligne politique ? Qu’est-ce qui vous différencie d’autres mouvements de la « galaxie identitaire » comme Génération identitaire par exemple ?
    Les deux grands axes de notre doctrine sont autonomie et enracinement : autonomie, d’abord de la nation et également de tous les corps intermédiaires. Ce terme exprime notre volonté de promouvoir le principe de subsidiarité et la liberté des corps intermédiaires. Pour ce qui est de l’enracinement, on ne peut aller de l’avant que si l’on sait d’où on vient et qui on est. Nous sommes français mais nous faisons aussi partie d’une province ou d’une région.
    Je pense que la spécificité de Dextra vient d’abord de l’insistance sur la formation intellectuelle. On a un mode d’action atypique puisqu’on cherche d’abord à former les gens, à leur offrir des connaissances et aiguiser leur esprit critique.
    Moi-même, je me suis engagé à Dextra pour avoir les armes qui permettent de penser le monde et d’agir en politique, pour faire ma part du travail dans le relèvement de la France.
    6/ Dextra existe depuis quelques années maintenant. Comment expliquez-vous que ce mouvement ne dispose que d’une visibilité relativement faible aux yeux du grand public ?
    Dextra c’est d’abord un cercle de formation politique, on n’a pas forcément vocation à s’afficher ou « sortir dans la rue avec des banderoles ». On a aussi une action de terrain mais on sait qu’elle sera plus efficace politiquement sans nécessairement afficher la bannière « Dextra ». 
    Plus d’informations sur Dextra sur leur site officiel. Retrouvez également la page facebook de la section versaillaise

    La table ronde

    http://www.oragesdacier.info/2014/02/le-cercle-dextra-versailles-recoit.html

  • Garde à vue - Veillée des sentinelles au jour du vote contre l'euthanasie des mineurs !

  • PMA et GPA, libération ou libéralisation ?

    Le gouvernement, à la suite de l’hostilité apparue en réaction à la question de la PMA et de la GPA dans le débat public, a décidé, de manière stratégique, d’annoncer qu’aucune loi sur la famille ne serait débattue en 2014. Il s’agit de reculer pour mieux sauter.

     

    Ces divers projets sociétaux, comme l’était le Mariage pour Tous (demain la question de l’Euthanasie pour Tous ?), sont la raison d’être de la Gauche. Pour elle, les immondes hordes de manifestants ­dignes héritiers du 6 février 34 (On aurait remplacé le colonel La Rocque par Béatrice Bourges, les camelots par des enfants brandissant des drapeaux roses ?)­, n’ont fait que retarder le processus républicain de l’Égalité. Ce n’est que partie remise, car l’inégalité et les préjugés sont encore et toujours vivaces dans la vieille France sclérosée.

     

    Car il est, pour le militant de Gauche, uniquement question ici d’égalité et de liberté. Grâce à l’accès des couples homosexuels à l’institution du mariage, ces couples sont les égaux des couples hétérosexuels. Il est donc anormal que la procréation et l’éducation des enfants soient l’apanage d’un seul type d’organisation familiale, excluant les autres formes légales d’unions hors du droit.

     

    Inégalité dites­-vous ? Les champions de la Gauche sociétale ne peuvent bien entendu laisser passer cet affront à la République, et à l’égalité entre tous les citoyens. Les carcans traditionnels familiaux occidentaux, mais également les lois de la génétique* ­forcément réactionnaires et contre le progrès de l’humanité­ empêchaient jusqu’à présent la réalisation de la structure de la parenté homosexuelle.

     

    Fort heureusement le militant de Gauche, le lecteur de Libération, des In­rocks, et parfois du Monde Diplomatique, ne fonctionne pas avec des œillères réactionnaires. Il est pour la liberté et l’égalité. De quel droit le mariage, institution sociale et civilisationnelle, ne pouvait pas autoriser le mariage pour tous, entre deux hommes, ou deux femmes, qui s’aiment ? Aujourd’hui, de quel droit empêcherait­-on les couples homosexuels mariés, victimes (?) d’une stérilité sociale (sic) d’avoir accès à l’adoption ?

     

    Pourquoi les femmes homosexuelles mariées, biologiquement et physiologiquement aptes à concevoir, ne peuvent pas avoir le droit, comme toutes les femmes stériles (stérilités médicales cette fois…) à une assistance médicale à la procréation ? (Les lois de la génétique, elles aussi, sont impénétrables…) Il est également totalement injuste et insupportable, car source d’inégalité, que les couples homosexuels masculins ne puissent concevoir biologiquement leur descendance. Il est donc tout à fait normal que le droit à la gestation pour autrui leur soit accordé, afin de passer outre cette inégalité biologique. Il ne s’agit pas d’un privilège communautaire, mais d’une juste avancée du progrès moral, de l’égalité entre tous les citoyens et des valeurs de la République. Les homosexuels sont ainsi, enfin, les égaux des autres citoyens. Rien de plus. La Gauche, le PS, toujours à la pointe du progrès social, a encore une fois fait reculer les barrières infamantes de la Tradition et des stéréotypes.

     

    C’est donc au nom des valeurs du socialisme, et pour créer une société plus décente, plus humaine, plus rationnelle, que ces champions de l’humanité travaillent. Dormez braves gens, tout est sous contrôle.

     

    La problématique me semblerait être totalement autre.

     

    Liberté ou liberté du marché ?

     

    « Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA ou l’adoption. Moi je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant. »

    Pierre Bergé

     

    Sous couvert de liberté, d’égalité, d’amour, la Gauche est le meilleur vecteur du libéralisme triomphant. Le parti Socialiste actuel, n’est rien d’autre que la forme nouvelle des Radicaux de Gauche et du Centre Gauche de la troisième République.

     

    Comme exemple flagrant on citera l’ouvrage au titre révélateur de Manuel Valls : Pour en finir avec le vieux socialisme et enfin être de Gauche (2008) :

     

    « Tu dis bien « tout détruire » ? Il faut tout remettre en cause, oui. Et d’après moi jusqu’au nom du parti. Parti socialiste, c’est daté. Ça ne signifie plus rien. Le socialisme, ça a été une merveilleuse idée, une splendide utopie. Mais c’était une utopie inventée contre le capitalisme du XIXe siècle ! Cela ne signifie rien aujourd’hui, dans la globalisation, l’économie virtuelle, la crise écologique ! Nous n’avons plus de Terre promise idéologique, acceptons-­le… Tu détestes vraiment ce mot, socialisme, et ce parti ? C’est exactement le contraire. Si je détestais ce parti, je n’y serais pas depuis plus d’un quart de siècle. Et c’est pour le prolonger que je veux le faire renaître. Quant à ce mot, socialisme, il réveille toujours en moi des trésors d’émotion. Mais cette émotion est trompeuse, si elle obère l’action. J’ai besoin d’un parti et d’une idéologie pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui. Je suis un politique du XXIe siècle, et c’est à cette aune que je prétends être jugé. »

     

     

    Le vieux parti radical abandonne enfin le masque usurpé, depuis la fin du 19ème, du socialisme pour enfin assumer son héritage philosophique et historique global et cohérent.

     

    Pour rappel, l’idéologie libérale est de Gauche, fille de la philosophie des Lumières. Bien que découlant lui aussi, en partie, des mêmes sources philosophiques, le Socialisme naît des conséquences du libéralisme concret et de ses applications (en France que l’on peut faire naître avec le décret Allarde et la Loi le Chapelier de 1791) et est pensé comme une alternative radicale à celui­-ci. Gauche et Socialisme originels sont donc des courants de pensée autres et rivaux, au même titre que la Droite anti­libérale d’un René de la Tour du Pin.

     

    Le 19ème siècle n’est que l’histoire de la récupération et du phagocytage des courants de pensée autres, tout d’abord les milieux conservateurs de Droite puis secondairement le Socialisme à partir de la deuxième Internationale des travailleurs (1889). La matrice idéologique libérale de la Gauche, le Progrès, (tout progrès est bon en soi) va alors contaminer l’idéologie socialiste (le Français Jules Guesde n’y est pas pour rien), cassant la radicalité critique du Socialisme originel, pour en faire une composante alternative du projet libéral. La mort réelle du Socialisme, suite à ses nombreuses compromissions, sera le ralliement et l’alliance à la Gauche, lors de l’affaire Dreyfus, source de la confusion actuelle qui veut que Gauche = Socialisme.

     

    Le Mariage pour Tous, la PMA, la GPA s’inscrivent totalement dans cette démarche libérale. Ces signes font sens. Sous le couvert de l’« égalité citoyenne », de la « lutte contre toutes les inégalités » (seraient­-ce les « inégalités » biologiques, avec le concept surréaliste de stérilité sociale) et contre « toutes les discriminations » (réflexions qui sont toujours plus en rapport avec le domaine de l’émotionnel, qu’avec avec un raisonnement logique, réellement soucieux de l’égalité réelle, et n’ayant que peu conscience que chaque avancée du progrès, chaque mutation sociétale, a des avantages, mais aussi un prix à payer), la Gauche se montre comme étant le bras armé du libéralisme victorieux et conquérant. La bonne foi de la majorité des individus pro-­mariage homosexuel, pro-­GPA, pro­-PMA, n’est pas ici remise en cause. Cette population est favorable car elle assimile ces « avancées créatrices d’égalité » au Bien. C’est en toute bonne foi qu’elle participe au combat « émancipateur ». Démarche honnête mais naïve. Naïve car ne voyant pas que ce qu’on leur vend comme étant un progrès de la liberté (projet qui en soi n’est pas contestable), est en réalité, selon le bon mot de Jean-Claude Michéa, une libéralisation :

     

    « De même en effet que l’hédonisme partout célébré dans le Spectacle, n’est qu’un substitut pathétique de tout hédonisme réel, de même que le triomphe présent de l’esprit « libertaire » a peu de chose à voir avec ce qu’on entendait autrefois sous ce nom. Il suffit simplement pour comprendre cet aspect des choses, de ne plus confondre les progrès de l’autonomie individuelle avec ceux de l’atomisation des individus, ni la libération effective des « mœurs » avec ce qui n’en a constitué jusqu’ici que la seule libéralisation. »

     

    Le libéralisme, historiquement et philosophiquement attaché aux valeurs de Gauche (qui rappelons­-le encore une fois n’a rien à voir avec le projet socialiste originel) a besoin de détruire les valeurs du système dans lequel il s’inscrit. On se libère toujours de quelque chose, par rapport à quelque chose. La liberté en soi ne veut rien dire. Or la référence à une liberté ontologique fantasmée, but ultime du projet libéral, n’est pas compatible avec les valeurs traditionnelles. Dans les mondes de la Tradition, où le vivre­ ensemble ne passe pas uniquement par l’interface de l’intérêt privé ni de l’acte marchand, tout ne s’achète pas, tout ne se vend pas. Des pans entiers de la société sont ainsi préservés de la notion de valeur d’échange et valeur d’usage, et sont ainsi mis hors du domaine de la marchandise. Bien loin d’être l’outil de domination de la classe bourgeoise, ces valeurs sont un des freins à l’extension de la sphère libérale, qui sans elles, plongerait le monde, selon la formule de Karl Marx, « dans les eaux glacées du calcul égoïste ».

     

    Au nom de la liberté et de la libération des mœurs, la Gauche sape les derniers barrages qui limitaient, au sein des classes populaires, propagation terminale de l’idéologie libérale. Ce qu’Orwell appelait la common decency, ce fond de décence commune, où règne la logique du Don (Donner ­Recevoir et Rendre), est mis à mal. La bourgeoisie libérale-­libertaire, ­selon l’excellente formulation d’un Michel Clouscard­, très bien représentée par la clique de bobos parisiens canalplusiens (de gôch’ bien entendu), prétend ainsi lutter contre les vieux relents réactionnaires. La Gauche anti­capitaliste, l’extrême-Gauche (à ne jamais confondre avec un socialisme radical), les anti­fa’ (qu’Orwell a bien identifié dans Hommage à la Catalogne comme étant toujours, en dernière instance, les meilleurs alliés objectifs du Capital, souvent à leur insu) pensent être engagés dans une lutte héroïque contre un des piliers de la domination capitaliste et traditionnelle, intrinsèquement fasciste (tout est fasciste pour un anti­fa). Or, Karl Marx et Engels l’avaient parfaitement identifié, dès 1872, la bourgeoisie est la classe par excellence qui modifie les rapports sociaux pour développer son système de domination. La bourgeoisie prédatrice est l’ennemie à la fois du prolétariat et des valeurs traditionnelles antérieures à son règne.

     

    Qui a parlé d’idiots utiles ?

     

    Loin d’être un appel à un retour à l’Ordre Moral, à la criminalisation de l’homosexualité (qui en tant qu’histoire d’un vécu individuel n’est pas condamnable) le refus de ces « avancées citoyennes », selon la novlangue libérale, est un appel humaniste.

     

    Non tout ne se vend pas, tout ne s’achète pas, n’en déplaise à M. Pierre Bergé. La PMA, la GPA sont des extensions de la sphère et de la logique libérale et marchande au corps humain. Les enfants ­et par-la même, la vie humaine­ deviennent une marchandise comme une autre, qui subira les lois de l’offre et de la demande, ainsi que celle de la spéculation. Autrefois hors de la logique du primat de l’intérêt privé, l’Homme et sa gestation voient leurs caractères sacrés rabaissés au même niveau que toute autre activité ou produit humain mesurable à l’échelle de l’échange marchand monnayable.

     

    Les « gestatrices » professionnelles qu’appellent certains de leurs vœux, rentreront dans le marché du travail, au même titre qu’un plombier, un gardien de prison ou un avocat. Elles vendront un savoir-­faire, gérant leur « entreprise et capital corps ». Il est bien entendu que, loi du marché oblige, les lois de la concurrence, feront que l’on délocalisera la « production », afin de satisfaire une « demande », en Chine ou au Nigeria, où des « usines à bébés » ont déjà vu le jour. (Peut­-on imaginer des périodes promotionnelles ? ­50% sur les filles !). On pourra « consommer français », ou bien faire le choix de la production étrangère « low cost ». Il en ira de même pour l’achat de sperme afin de satisfaire les demandes en PMA. La demande, le contrôle qualité, seront à l’origine d’une nouvelle forme d’eugénisme (tel couple voudra un garçon, l’autre une fille, l’autre d’origine africaine etc. créant par là un marché de la procréation, une mode de la procréation. Cet hiver les asiat’ seront top tendance). Le meilleur des mondes on vous dit ! L’incroyable opportunité qui sera offerte aux couples, homosexuels ou non d’ailleurs ­mais toujours appartenant aux groupes pouvant s’offrir le « luxe » de se payer un enfant­, se fera bien évidement par une augmentation des conditions de l’aliénation marchande sur les classes les plus fragiles. On voit bien ici tout le mensonge de cette prétendue égalité et liberté nouvelle. Encore une fois la liberté est toujours relative.

     

    L’homme et sa « production » (sic) devient une marchandise comme une autre, au même titre que du café, des sex­toys ou des voitures familiales. Bien sûr on rétorquera que la PMA et la GPA seront des actes marginaux, que la majorité de la population continuera à avoir des enfants de manière classique (devrait-on plutôt dire avoir des enfants de manière non ­socialement discriminatoire ?) et que l’opposition à ces projets sont le fait de réactionnaires qui feraient bien mieux de s’occuper de leurs affaires.

     

    Ce qu’il faut faire remarquer c’est qu’un acte a une cause, mais aussi des conséquences. Que si la Gauche se pare de nobles idéaux, cela ne doit pas nous cacher la réalité des modifications profondes, anthropologiques et sociales, que ces réformes portent en elles.

     

    Ici cela sera la transformation de la place et du caractère de l’Humain, quelle que soit la marginalité de ces actes. Le devenir-­marchandise de l’Homme intéresse par conséquent la totalité de l’espèce humaine.

     

    * : Bien plus que les chromosomes X et Y, marqueurs chromosomiques du sexe génétique, il existe des marqueurs moléculaires sexuels rendant impossibles, même par intervention humaine en laboratoire, de croiser le patrimoine génétique de deux individus de même sexe, rendant indispensable la procréation à partir de deux individus de sexe différents.

    Léo Goumert

    http://www.egaliteetreconciliation.fr/PMA-et-GPA-liberation-ou-liberalisation-23506.html

  • Pourquoi diaboliser l’Internet ?

    Le ton de la presse et de certains politiques concernant l’Internet et les réseaux sociaux est devenu bien grave ces derniers temps. Pourtant il n’y a pas si longtemps l’enthousiasme était de mise : ils étaient vus comme des outils de communication modernes indispensables dans une société ouverte et libre. Mais depuis l’affaire Dieudonné en particulier, nous assistons à un étrange mouvement de diabolisation. L’Internet serait dangereux. L’Internet devrait être contrôlé. Et déjà les paroles se traduisent en actes.

    Des philosophes comme Alain Finkielkraut se sont également exprimés, s’emportant dans les médias sur ce qu’il appelle « la malédiction Internet » et déclarant : « C’est quand même un monde sans foi ni loi », ou encore : « Internet devient un immense cloaque où les sphincters de la liberté ne cessent de déverser leurs productions innombrables. » Christophe Barbier, l’inénarrable écharpe rouge de l’Express, en vient même à déclarer sans sourciller : « Internet ça se régule ! Les Chinois y arrivent bien ! »

    Une campagne de diabolisation de l’Internet auprès de l’opinion publique semble donc engagée. De manière à peine subliminale, on installe dans les esprits l’idée que l’Internet est un outil certes utile mais qui, sans régulation, est dangereux pour la société et sa cohésion.

    Pourtant, tant que l’Internet était une plateforme de « divertissement », un relai de la société de consommation, un espace où fleurissaient la violence et la pornographie, personne ne semblait s’émouvoir. Mais il est peu à peu devenu une voie alternative d’accès à l’information. Une multiplication des sources et des opinions a ainsi eu lieu, des voix discordantes se sont affirmées, se confrontant directement avec celles véhiculées sur les canaux grand public.

    L’Internet leur offre un support, les réseaux sociaux, et par leur caractère viral, de la visibilité. Ainsi des questions complexes mais néanmoins centrales, totalement esquivées voire galvaudées par les médias traditionnels, prennent place sur la toile. Les problématiques liées à la création monétaire, le système de la dette et la loi de 1973, ou encore les traités européens sont désormais librement évoqués, suscitant un fort intérêt de la part du public.

    Mais dans un contexte de fortes turbulences économiques où les crises passées ont prouvé les excès et les défaillances d’un système à bout de souffle, la tolérance vis-à-vis de la libre (ré)information est un luxe que le pouvoir n’est plus en mesure de s’offrir. Il se tend d’autant plus que la crise et surtout sa soumission à Bruxelles et aux banques l’obligent à imposer aux Français des politiques de plus en plus visiblement contraire à leurs intérêts.

    Il n’est donc pas étonnant de voir journalistes et politiques feindre de s’offusquer pour un geste potache qui s’est développé grâce à la viralité des réseaux sociaux, mettre au pilori un humoriste qui doit en partie sa notoriété à internet, ou encore lâcher des cris d’orfraie pour chaque tweet injurieux. Le tout en insistant lourdement sur un retour du populisme des années trente et de ses dangereuses conséquences.

    L’idée sous-jacente est bien de décrédibiliser l’ensemble du contenu Internet dissident, y compris les réflexions socio-économiques alternatives, et de construire une légitimité à une future répression sur l’Internet. Cette répression se caractériserait par des prises en compte effectives et structurées des dénonciations, par des ingérences systématiques du pouvoir dans les plateformes de diffusion libre de contenus, et par à un nouvel arsenal législatif sur mesure.

    L’UEJF a montré la voie en attaquant Twitter, pour s’être rendu « complice » des « racistes et des antisémites » en ne livrant pas les informations permettant leur identification. En fin de compte, le réseau social a fini par céder et s’est exécuté [1].

    De même, après avoir obtenu de la justice la censure partielle d’une vidéo de Dieudonné postée sur Youtube, le syndicat étudiant communautaire a proposé à la plateforme de diffusion de « se rapprocher des associations pour voir dans quelles conditions ils respecteront à l’avenir leurs obligations légales », autrement dit, permettre aux organisations communautaires et autres relais du pouvoir de leur dicter des règles de modération [2]. Le gouvernement semble prêt à emboiter le pas, Manuel Valls ayant encore affirmé le 6 février dernier que certains « groupes » avaient une influence décuplée « grâce notamment à Internet » [3].

    C’est donc sous le sempiternelle prétexte de la menace brune que les premières étapes vers le contrôle de la toile sont franchies.

    La récente enquête intitulée « Nouvelles fractures française » [4] réalisée par l’IPSOS souligne un rejet massif des Français du système politique et médiatique. Elle démontre que 77 % des Français n’ont plus confiance en les médias traditionnels et 73 % en l’Assemblée nationale et le Sénat. Il y a le feu, le système l’a bien compris. Internet est devenu une malédiction qu’il est urgent de censurer.

    Ian Purdom

  • GMT : comment les USA vont continuer de dépecer l’Europe…

    Entretien avec Alain de Benoist
    Alors que François Hollande vient tout juste d’annoncer, depuis les États-Unis, une accélération des négociations concernant le Grand marché transatlantique (GMT), Alain de Benoist revient pour Boulevard Voltaire sur les conséquences dramatiques d’un tel Traité…
    Le GMT, gigantesque zone de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis, est le grand projet du moment. Mais les médias n’en parlent que fort peu. Pourquoi ?
    Parce que l’opinion est tenue à l’écart, et que les négociations se déroulent à huis-clos. C’est pourtant une affaire énorme. Il s’agit en effet de mettre en place, en procédant à une déréglementation généralisée, une immense zone de libre-échange, correspondant à un marché de plus de 800 millions de consommateurs, à la moitié du PIB mondial et à 40 % des échanges mondiaux. Le projet porte le nom de « Partenariat transatlantique de commerce et d’investissements ». S’ajoutant au « Partenariat transpacifique » également lancé en 2011 par les États-Unis, il vise à créer la plus grande zone de libre-échange du monde grâce à une vaste union économique et commerciale préludant à une « nouvelle gouvernance » commune aux deux continents.
    En créant une sorte d’OTAN économique, l’objectif des Américains est d’enlever aux autres nations la maîtrise de leurs échanges commerciaux au bénéfice de multinationales largement contrôlées par leurs élites financières. Parallèlement, ils veulent contenir la montée en puissance de la Chine, aujourd’hui devenue la première puissance exportatrice mondiale. La création d’un grand marché transatlantique leur offrirait un partenaire stratégique susceptible de faire tomber les dernières places fortes industrielles européennes. Elle permettrait de démanteler l’Union européenne au profit d’une union économique intercontinentale, c’est-à-dire d’arrimer définitivement l’Europe à un grand ensemble « océanique » la coupant de sa partie orientale et de tout lien avec la Russie.
    Ces négociations se font à haut niveau, sans que les gouvernements concernés aient leur mot à dire. Nouvelle défaite du personnel politique ?
    La « libéralisation » totale des échanges commerciaux est un vieil objectif des milieux financiers et libéraux. Le projet de grand marché transatlantique a discrètement mûri pendant plus de vingt ans dans les coulisses du pouvoir, tant à Washington qu’à Bruxelles. Les premières négociations officielles se sont ouvertes le 8 juillet 2013. Les deuxième et troisième rounds de discussion ont eu lieu en novembre et décembre derniers. Une nouvelle réunion est prévue à Bruxelles en mars prochain. Les partenaires espèrent parvenir à un accord d’ici 2015. Les gouvernements européens ne sont pas partie prenante aux discussions, qui sont exclusivement menées par les institutions européennes. Les multinationales y sont en revanche étroitement associées.
    Sachant qu’à l’heure actuelle, quelque 2,7 milliards de biens et de services s’échangent déjà tous les jours entre l’Europe et les États-Unis, la suppression des derniers droits de douane va-t-elle vraiment changer quelque chose ?
    La suppression des droits de douane n’aura pas d’effets macro-économiques sérieux, sauf dans le domaine du textile et le secteur agricole. Beaucoup plus importante est l’élimination programmée de ce qu’on appelle les « barrières non tarifaires » (BNT), c’est-à-dire l’ensemble des règles que les négociateurs veulent faire disparaître parce qu’elles constituent autant« d’entraves à la liberté du commerce » : normes de production sociales, salariales, environnementales, sanitaires, financières, économiques, politiques, etc. L’objectif étant de s’aligner sur le « plus haut niveau de libéralisation existant », « l’harmonisation » se fera par l’alignement des normes européennes sur les normes américaines.
    Dans le domaine agricole, par exemple, la suppression des BNT devrait entraîner l’arrivée massive sur le marché européen des produits à bas coûts de l’agrobusiness américain : bœuf aux hormones, carcasses de viande aspergées à l’acide lactique, volailles lavées à la chlorine, OGM (organismes génétiquement modifiés), animaux nourris avec des farines animales, produits comportant des pesticides dont l’utilisation est aujourd’hui interdite, additifs toxiques, etc. En matière environnementale, la réglementation encadrant l’industrie agro-alimentaire serait démantelée. En matière sociale, ce sont toutes les protections liées au droit du travail qui pourraient être remises en cause. Les marchés publics seront ouverts « à tous les niveaux », etc.
    Il y a plus grave encore. L’un des dossiers les plus explosifs de la négociation concerne la mise en place d’un mécanisme d’« arbitrage des différends » entre États et investisseurs privés. Ce mécanisme dit de« protection des investissements » doit permettre aux entreprises multinationales et aux sociétés privées de traîner devant un tribunal ad hoc les États ou les collectivités territoriales qui feraient évoluer leur législation dans un sens jugé nuisible à leurs intérêts ou de nature à restreindre leurs bénéfices, c’est-à-dire chaque fois que leurs politiques d’investissement seraient mises en causes par les politiques publiques, afin d’obtenir des dommages et intérêts. Le différend serait arbitré de façon discrétionnaire par des juges ou des experts privés, en dehors des juridictions publiques nationales ou régionales. Le montant des dommages et intérêts serait potentiellement illimité, et le jugement rendu ne serait susceptible d’aucun appel. Un mécanisme de ce type a déjà été intégré à l’accord commercial que l’Europe a récemment négocié avec le Canada.
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier., Le 13 février 2014
    Source : Boulevard Voltaire
    http://www.polemia.com/gmt-comment-les-usa-vont-continuer-de-depecer-leurope/

  • Fin du 1er Empire : La campagne de France

    L'épopée guerrière de Napoléon 1er, soit une dizaine d'années de guerres presque ininterrompues, se termine provisoirement en 1814 par la campagne de France et les émouvants adieux de Fontainebleau...

    Fabienne Manière

    Les Alliés franchissent le Rhin et les Pyrénées

    Après la «bataille des Nations», près de Leipzig, au coeur de l'Allemagne, du 16 au 19 octobre 1813, Napoléon 1er et ses troupes se préparent à une invasion du territoire français pour la première fois depuis une vingtaine d'années !

    Assaillis de tous côtés, ils doivent faire face à une sixième coalition qui rassemble pratiquement toute l'Europe, de l'Angleterre à la Russie en passant par la Prusse, l'Autriche, la Suède et les États allemands.

    Sur les Pyrénées, le général anglais Arthur Wellesley (44 ans) progresse depuis le Portugal. Ses exploits face aux maréchaux de Napoléon lui ont valu d'être anobli avec le titre de marquis et plus tard duc de Wellington.

    Après sa victoire de Vitoria, dans le Pays basque, le 21 juin 1813, il oblige les Français à repasser les Pyrénées et les franchit lui-même le 8 octobre 1813, à la poursuite du maréchal Soult.

    Au nord, les armées alliées, au nombre de trois, se disposent à franchir le Rhin. Craignant toujours les coups de griffe de Napoléon et divisées sur les buts de guerre, elles ne s'y décident qu'après que les Hollandais aient chassé les Français et acclamé le retour de leur ancien souverain, le prince d'Orange. 

    1- L'armée du nord entre en Belgique sous les ordres du Français Jean-Baptiste Bernadotte (50 ans), un maréchal d'Empire passé dans le camp ennemi (avec le titre de prince héritier de Suède), assisté du Prussien Frédéric-Guillaume von Bülow (58 ans).  

    Bernadotte caresse l'espoir que les Alliés lui offriront le gouvernement de la France après la chute de Napoléon. Il veut éviter d'avoir à tuer des Français pour ne pas gâter ses chances et ralentit en conséquence sa marche.

    Il en va autrement des autres armées.

    2- L'armée de Silésie est commandée par le feld-maréchal prussien Gebhard von Blücher (71 ans), une vieille connaissance des Français, assisté du chef d'état-major August von Gneisenau. Elle est composée de Prussiens mais inclut aussi des corps d'amée russes. Elle franchit le Rhin du côté de Coblence le 31 décembre 1813.

    3- L'armée de Bohême, avec le prince autrichien Charles Philippe de Schwarzenberg (42 ans) à sa tête, a traversé quant à elle le Jura dix jours plus tôt, le 21 décembre 1813.

    Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le vieux Prussien est aussi impétueux et désireux d'en découdre que son jeune allié autrichien est prudent et hésitant.

    Ajoutons que, de l'autre côté des Alpes, le vice-roi Eugène de Beauharnais, beau-fils de l'Empereur, doit défendre son royaume d'Italie contre la double offensive des Autrichiens et des Napolitains, lesquels sont commandés par leur roi, qui n'est autre que le maréchal d'Empire Joachim Murat, époux de Caroline Bonaparte, la soeur de Napoléon !

    Le jeune tsar Alexandre 1er (36 ans), auréolé par les succès de ses généraux dans la campagne de Russie, marche avec les armées d'invasion, de même que le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III (43 ans), lequel n'a jamais brillé par son énergie et son courage.

    Tous les deux espèrent agrandir leurs territoires après  la chute de Napoléon, au détriment de la Pologne pour le premier, des autres États allemands pour le second. Le Prussien souhaiterait même un dépeçage de la France.

    Ces perspectives inquiètent quelque peu le ministre autrichien des Affaires étrangères Metternich et l'empereur François 1er, restés à Vienne.

    Père de Marie-Louise et beau-père de Napoléon dont il a le même âge, l'empereur hésite encore sur la conduite à tenir : maintenir son gendre à la tête de la France ? le remplacer par son fils de trois ans, le roi de Rome, avec un Conseil de régence ? par Bernadotte ou un autre militaire ?...

    Seuls les Anglais ont une idée bien arrêtée. Ils veulent préserver sur le Continent l'«équilibre des puissances» et pourquoi pas? restaurer l'ancienne dynastie des Bourbons en la personne de l'héritier légitime, le comte de Provence (59 ans), frère du roi guillotiné, qui a pris le nom de Louis XVIII.

    Pour beaucoup de Français, cette hypothèse paraît fantasque car les Bourbons, qui ont quitté la France un quart de siècle plus tôt, sont pour eux devenus  des inconnus qui relèvent d'un passé révolu ! Mais dans l'ombre, le parti royaliste attend son heure.  

    Ultimes préparatifs

    À Paris, le 19 décembre 1813, débute la session du Corps Législatif. D'emblée s'éveillent les rancoeurs et les peurs chez les députés, lesquels doivent néanmoins leur statut à l'Empereur. 

    En réponse à Napoléon, qui en appelle à la solidarité nationale dans son discours du Trône, le député Laîné entame un violent réquisitoire qui aurait été impensable quelques mois plus tôt. En référence à l'alourdissement de la fiscalité et de la conscription, il condamne «l'excès des contributions, l'excès plus cruel encore du régime pratiqué pour le recrutement de nos armées».

    Napoléon laisse dire mais, le 1er janvier suivant, recevant les députés, les apostrophe violemment : «Le trône lui-même, qu'est-ce? Quatre morceaux de bois doré recouverts de velours? Non, le trône, c'est un homme, et cet homme, c'est moi, avec ma volonté, mon caractère et ma renommée ! C'est moi qui puis sauver la France et non pas vous. C'est en famille, ce n'est pas en public qu'on lave son linge sale...».

    Surpris que les Alliés lancent leur offensive en plein hiver, Napoléon hâte le rassemblement des troupes et anticipe même la levée de la classe 1815. Ces très jeunes conscrits enrôlés à la hâte savent à peine charger un fusil. On les surnomme les «Marie-Louise», du nom de la jeune impératrice. Élevés dans le culte de l'Empereur, ils compenseront leur inexpérience par leur courage. 

    Il tranche au passage le problème espagnol en rendant sa liberté au roi légitime Ferdinand VII et en rappelant ses troupes d'Espagne. Il libère également le malheureux pape Pie VII, cloîtré à Fontainebleau.

    Au palais des Tuileries, Napoléon 1er installe un Conseil de régence autour de l'impératrice, avec des personnalités indispensables mais dont la fidélité laisse à désirer (Talleyrand, Cambacérès...) ainsi que son frère aîné Joseph, médiocre parmi les médiocres. Ce conseil doit gouverner en son absence et dans l'éventualité de sa mort au combat.

    Le chant du cygne

    Dans son malheur, Napoléon 1er a la chance que les coalisés soient divisés sur les buts de guerre. Exploitant leur mésentente, il va les tenir en échec pendant trois mois en dépit d'une écrasante infériorité numérique. Mais à vrai dire, ses succès stratégiques n'auront d'autre effet que de retarder l'échéance tout en durcissant les exigences ennemies...

    L'armée de Silésie et celle de Bohême, les plus menaçantes dans l'heure, totalisent environ 250.000 hommes.

    Elles ne font qu'une bouchée des armées des frontières, confiées aux maréchaux Macdonald, Marmont, Victor, Mortier et Ney. La première, la plus nombreuse avec 180.000 hommes, remonte la Seine et se dirige vers Troyes. La seconde arrive à Saint-Dizier et progresse vers l'Aube et la Marne.

     Face à elles, Napoléon 1er n'arrive à rassembler qu'un maximum de 70.000 hommes. Qu'à cela ne tienne. Le 25 janvier 1814, embrassant pour la dernière fois sa femme et son fils, il quitte Paris pour Châlons, en Champagne, où il retrouve Marmont, Ney, le vieux Kellermann et quelques milliers d'hommes.

    La campagne de France, 1814
    La campagne de France, 1814 La campagne de France, 1814 La campagne de France, 1814

    Retrouvant la virtuosité de ses jeunes années, l'Empereur des Français va dès lors voler de l'une à l'autre des armées ennemies en s'efforçant de n'affronter à chaque fois que des forces d'un effectif inférieur ou équivalent aux siennes.

    À partir de Saint-Dizier, il emprunte des chemins marécageux réputés impraticables et surprend Blücher et son état-major à  Brienne-le-château, le 29 janvier 1814, près de l'école militaire où il a suivi ses études ! Devenu indifférent au danger, il manque toutefois  d'être tué à bout portant par un Cosaque. 

    Schwarzenberg se précipite à la rescousse de Blücher de sorte que les Français, au nombre de 33.000 seulement, subissent un grave échec à La Rothière, un peu plus au sud, le 1er février, face à pas moins de 150.000 hommes. Ils doivent se replier sur Troyes. 

    Mais Prussiens et Autrichiens se séparent une nouvelle fois, chacun ambitionnant d'arriver le premier à Paris. Napoléon saisit cette chance inattendue. Chance supplémentaire, il reçoit d'Espagne deux nouvelles divisions en renfort.

    Tandis que ses généraux Victor et Gérard retiennent Schwarzenberg à Nogent-sur-Seine, lui-même se précipite sur Champaubert où il défait le 10 février, en deux heures, l'un des corps d'armée de l'armée de Silésie , celui du Russe Olsuviev (8.000 hommes). Sans attendre, il attaque dès le lendemain les corps d'armée de Sacken (6.000 hommes) et York (17.000 hommes) à Montmirail avec le concours de la Vieille Garde. Il étrille ce qui reste de l'armée de Silésie à Château-Thierry le 12 et à Vauchamps le 14.

    Après cette «campagne des Cinq-Jours» qui laisse Blücher exsangue, ses troupes parcourent une centaine de kilomètres à pied, sac au dos, pour attaquer l'armée de Bohême dans la vallée de la Seine, au Sud. Le 17 février, elles arrivent à Mormand. Pleines de confiance, avec l'Empereur à leur tête, elles s'élancent le lendemain à l'attaque de Montereau, au confluent de l'Yonne et de la Seine, et en chassent l'ennemi.

    Napoléon retrouve la fougue de sa jeunesse avec une touche d'inconscience suicidaire. Il pointe lui-même un canon et lance à ceux qui s'inquiètent : «Allez, mes amis, ne craignez rien, le boulet qui me tuera n'est pas encore fondu».

    Schwartzenberg offre un armistice. Napoléon le repousse : «Je suis plus près de Vienne que l'empereur d'Autriche de Paris !» Il reçoit le soutien inattendu d'un vieux et farouche républicain, le jacobin Lazare Carnot (60 ans), surnommé en 1794 l'«organisateur de la victoire». Il lui confie le gouvernement d'Anvers, en Belgique.

    Par ailleurs, il sermonne le timoré Augereau (56 ans), dans une lettre fameuse : «Si vous êtes toujours l'Augereau de Castiglione, gardez le commandement. Si vos soixante ans pèsent sur vous, quittez-le et remettez-le au plus ancien de vos officiers généraux. La patrie est menacée et en danger, elle ne peut être sauvée que par l'audace et la bonne volonté et non par de vaines temporisations (...). L'ennemi fuit de tous côtés sur Troyes. Soyez le premier aux balles. Il n'est plus question d'agir comme dans les derniers temps, mais il faut reprendre ses bottes et sa résolution de 93. Quand les Français verront votre panache aux avant-postes, et qu'ils vous verront vous exposer aux coups de fusil, vous en ferez ce que vous voudrez».

    Dernières illusions

    Les Alliés en viennent à douter d'eux-mêmes. Leurs soldats sont épuisés par ces courses-poursuites dans la boue, le froid hivernal, la pluie, le vent et la neige. Ils sont également harcelés par les partisans. Il est vrai que, depuis leur entrée sur le territoire français, ils ont multiplié les exactions à l'égard des paysans : pillages, incendies, meurtres, tortures et viols, de sorte que les civils se sont mués en combattants et en franc-tireurs. On les qualifie de «blouses-bleues» en référence à leur vêtement de travail.

    Pendant que se déroulent ces combats, les diplomates, réunis à Châtillon-sur-Seine, négocient un éventuel traité de paix. Le représentant de Napoléon 1er est son nouveau ministre des Relations Extérieures, le général Armand de Caulaincourt, duc de Vicence (c'est le frère aîné d'un autre général, Auguste de Caulaincourt, tué à la bataille de Borodino). Il a reçu de l'Empereur carte blanche pour négocier un traité de paix qui préserve autant que faire se peut les conquêtes de la Révolution (les «frontières naturelles» de la France) et bien sûr le trône impérial.

    Son adversaire le plus coriace est le Secrétaire d'État britannique, lord Castlereagh. Dans l'ombre, Charles Pozzo di Borgo conseille la plus extrême fermeté au tsar Alexandre 1er. Ce Corse a combattu aux côtés de Pasquale Paoli et voue depuis lors une haine inexpiable à Napoléon. 

    Le congrès de Châtillon s'étant soldé par un échec, le tsar, déterminé à abattre l'«ogre», réunit les Alliés à Chaumont et leur fait signer le 9 mars un pacte de vingt ans renouvelable ! Il servira plus tard de base à la Sainte-Alliance.

    Par ce pacte antidaté au 1er mars, Anglais, Prussiens, Russes et Autrichiens s'engagent à ne pas conclure de paix séparée et à maintenir chacun un contingent d'au moins 150.000 hommes jusqu'à la victoire.

    L'Angleterre, bien qu'à bout de souffle, garantit à la coalition un financement adéquat de six millions de livres par an (l'or anglais, arme essentielle dans la guerre contre Napoléon, est qualifié de «cavalerie de Saint-Georges»).

    Sur le terrain, c'est reparti mais le coeur n'y est plus. Les désertions se multiplient chez les Français et les maréchaux d'Empire n'ont plus qu'une ambition, sauver ce qui peut l'être de leur fortune, leurs hôtels particuliers et leurs titres et savourer enfin une retraite tranquille. Ils gardent rancune à l'Empereur de n'avoir pas négocié un traité de paix l'année précédente, en Allemagne, quand il en était encore temps.

    À Lyon, le maréchal Augereau n'en finit pas de tergiverser face aux demandes pressantes de l'Empereur d'attaquer l'ennemi sur ses arrières.

    Même réticence chez le prince Eugène, en Italie. Qui plus est, un certain général Moreau, qui commande la garnison de Soissons, en Picardie, livre la ville le 3 mars sans combattre. C'est un soulagement inespéré pour Blücher, qui n'a plus rien à craindre de ce côté.  

     Napoléon remporte néanmoins de nouveaux succès sur l'armée de Silésie. Sa cavalerie culbute les Cosaques à Berry-au-Bac le 5 mars.

    Le surlendemain, le 7 mars, les «Marie-Louise» remportent la victoire la plus sanglante de la campagne sur les Prussiens et les Russes sur le plateau de Craonne, en un lieu qui entrera un siècle plus tard dans le grand livre des tragédies de l'Histoire, le Chemin des Dames

    Mais l'ennemi se retire en bon ordre sur les hauteurs de Laon. Napoléon tente de le surprendre par un mouvement tournant les 9 et 10 mars, avec le concours du maréchal Marmont. Mais celui-ci est repoussé par le général d'York et ne doit son salut qu'à l'intervention de la Garde impériale.

    Blücher demeurant tétanisé sur la «montagne couronnée» de Laon, Napoléon en profite pour faire un tour du côté de Reims, qui vient d'être prise par les Alliés. Le 13 mars au soir, après un combat acharné, il en chasse les Prussiens et les Russes et fait une entrée triomphale dans la ville sous les acclamations de la population, à la lumière des torches. 

    Là-dessus, dans un dernier sursaut, il retourne ses dernières divisions contre l'armée de Bohême. Mais à Arcis-sur-Aube, le 20 mars, Schwarzenberg résiste à ses assauts. Rien ne semble plus pouvoir empêcher la marche des Alliés sur la capitale.

    Désespérant de protéger Paris, Napoléon décide par un coup d'audace de remonter sur Saint-Dizier, à l'Est, et de couper les lignes de ravitaillement des Alliés afin de les obliger à la retraite.

    Mais les Alliés ont intercepté un courrier porteur d'une lettre de Berthier à Macdonald dans lequel le premier exposait le plan de l'Empereur et un courrier de ce dernier à Marie-Louise qui confirmait son projet de remonter sur l'Est. Dans le même temps, ils saisissent des lettres du ministre de la Police Anne Savary, duc de Rovigo, dans lequel celui-ci fait état de l'extrême lassitude de la population parisienne. 

    Après une brève discussion sur un petit tertre aux environs de Sommepuis, les Alliés décident donc le 24 mars, à l'initiative - une nouvelle fois - du tsar, de jouer leur va-tout et de marcher sans plus attendre sur la capitale. Au passage, le lendemain, à Fère-Champenoise, ils refoulent Marmont et Mortier qui ont joué d'imprudence et prennent les devants pour gagner Paris.

    Enfin, les Alliés investissent la capitale le 29 mars. Après un baroud d'honneur de ses défenseurs Moncey, Marmont et Mortier, la ville se rend le lendemain sans se faire prier, après que l'impératrice et son fils l'aient quittée pour Chartres, de même que Joseph Bonaparte.

    Déjà Lyon, le 20 mars, a été abandonnée à l'ennemi par Augereau. Bordeaux, de son côté, s'est livrée à l'armée de Wellington dès le 12 mars au terme d'une mascarade organisée par le maire de la ville, le comte Lynch, secrètement partisan de la restauration des Bourbons. C'est la première manifestation publique des royalistes. 

    Défendue par Soult, Toulouse résistera quant à elle jusqu'au 10 avril 1814 à l'attaque de Wellington et ne se rendra que sur l'injonction du nouveau gouvernement.

    La chute du «tyran»

    Le 31 mars, après la difficile campagne de France, les Alliés entrent en vainqueurs à Paris. Les habitants, stupéfaits, découvrent les Cosaques campant sur le Champ-de-Mars ! Mais la haine n'est pas au rendez-vous et l'on reste entre gens du monde.

    Le 3 avril, le Sénat, habilement manoeuvré par Talleyrand, prononce la déchéance de l'empereur, «coupable d'avoir violé son serment (?) et attenté aux droits des peuples en levant des hommes et des impôts contrairement aux institutions».

    De son côté, l'empereur, déconfit, revenu en hâte vers la capitale, apprend à Juvisy la reddition de celle-ci. Déconfit, il se détourne sur Fontainebleau avec les 60.000 hommes qui lui restent. Là, ses plus fidèles compagnons, les maréchaux Ney, Berthier et Lefebvre, le pressent d'abdiquer en faveur de son fils. Il s'exécute le 4 avril. Le tsar, consulté, ne s'opposerait pas à une régence.

    Tout d'un coup, patatras. Voilà que l'on apprend la défection des troupes du maréchal Marmont, duc de Raguse, avec 10.000 hommes sous ses ordres. L'homme capitule sans en référer à l'empereur. Le tsar, voyant qu'il n'y a plus rien à craindre de Napoléon, exige dès lors une abdication sans conditions et se laisse convaincre par Talleyrand de restaurer la dynastie des Bourbons, en la personne de Louis XVIII, au nom du sacro-saint principe de légitimité dynastique : «La République est une impossibilité, lui dit-il. La Régence, Bernadotte, sont une intrigue. Les Bourbons seuls sont un principe».

    Acculé par ses propres maréchaux, l'empereur se résigne et signe l'acte d'abdication le 6 avril. Il se voit promettre en contrepartie la souveraineté sur l'île d'Elbe, une principauté italienne à la latitude de la Corse, ainsi qu'une pension de deux millions de francs par an qui doit lui être versée par la France. Il conserve le titre d'empereur !

    Cependant que les souverains alliés font, le 10 avril 1814, une entrée triomphale dans la capitale, le Sénat ne perd pas de temps. Il appelle Louis XVIII à monter sur le trône. C'est le «retour des lys» ! Le roi, qui se fait appeler le Désiré (!), quitte tant bien que mal sa retraite anglaise de Hartwell et débarque à Calais (obèse et impotent, il est presque incapable de marcher).

    En route vers Paris, il publie le 2 mai à Saint-Ouen une déclaration dans laquelle il promet un gouvernement représentatif et le respect des acquis de la Révolution. Soulagement chez les Français de tous bords, désireux de retrouver enfin la paix.

    On se quitte

    À Fontainebleau, l'ex-empereur, confiné dans le château, attend en vain l'arrivée de sa femme Marie-Louise et de leur fils, mais ceux-ci ont déjà pris le chemin de l'Autriche. Ses proches et ses compagnons de combat le quittent en songeant à leur reconversion. Le fidèle Berthier s'occupe de transférer l'armée sous les ordres du gouvernement provisoire. 

    Résigné, Napoléon fait le 20 avril ses adieux à la Garde impériale dans la cour du Cheval Blanc, devant l'escalier monumental du château, avant de prendre la route de l'île d'Elbe.

    http://www.herodote.net/Fin_du_1er_Empire-synthese-1894.php