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  • Regard écologique sur la fiscalité écologique

    « L’idée de bâtir une fiscalité écologique est devenue une antienne incontournable. »
    Notre contributeur, Frédéric Malaval, nous a remis aux fins de publication une étude assez fournie sur la fiscalité écologique. Le sujet est rude et ardu. Néanmoins, en cette période politique que vivent les Français, où tout n’est que réformes (potentielles ou éventuelles), cette analyse est intéressante par le rappel des enjeux environnementaux et écologiques et la présentation d’une proposition fiscale simple. Voici cette étude, avec son introduction ci-après ...
    Polémia
    Introduction
    Confrontée à une situation financière délicate, la hausse des impôts suscite irritations et doutes sur son efficacité à moyen terme. Pour apaiser les esprits, le gouvernement de la Ve République promet une réforme fiscale. Une fois encore ce serpent de mer refait surface. En parallèle, l’idée de bâtir une fiscalité écologique est devenue une antienne incontournable.
    Pourtant, réaliser l’un et/ou l’autre est plus que délicat. Réformer la fiscalité revient à bouleverser les fragiles équilibres sociaux dont elle est une des conséquences ; quant à la fiscalité écologique, elle soulève davantage d’interrogations que de consensus.
    Aussi, cet article, trop bref, va-t-il  tenter d’en exposer les enjeux et aboutir à une proposition simple : supprimer la récupération de la TVA dans le processus de création de valeur ajoutée… monétarisée. Le pendant de cette mesure serait la suppression de tous les impôts, taxes et charges sociales sur les personnes physiques ou morales (IRPP, ISF, IS, CSG, etc.).
    Précisons d’emblée que ce sujet mériterait plusieurs ouvrages savants, mais le temps n’est pas encore venu de leur réalisation. Aussi ce court article se contentera-t-il de donner des pistes sans tenter de trop les argumenter. La production du soussigné, elle-même issue des écrits de grands noms de la littérature écologiste ou environnementale, permettra d’en saisir l’origine et les motivations. Une recherche sur Internet aidera à en savoir plus. Pour le moment, contentons-nous de lancer l’idée.
    La proposition structurant ce texte est issue d’une approche écosystémique. On attirera donc l’attention du lecteur sur le fait que tout ceci s’organise au sein d’un paradigme écosystémique en devenir, alors que la pensée contemporaine est encore largement nourrie d’un paradigme classique élaboré il y a plusieurs siècles, mais que les évolutions de l’écosphère pendant la seconde moitié du XXe siècle obligent à subsumer. Ceci est abordé dans l’article.
    Ces précautions étant posées, cet article commencera par une introduction aux différentes conceptions de la fiscalité à travers les âges. Puis, après avoir rappelé les principaux enjeux environnementaux et écologiques, nous résumerons les assises à partir desquelles sera développée la proposition centrale de cet article. La conclusion évoquera quelques pistes complémentaires.
    Voir le texte intégral en Pdf en cliquant ICI
    Frédéric Malaval, 3/03/2014
    http://www.polemia.com/regard-ecologique-sur-la-fiscalite-ecologique/

  • [Paris] Cercle du 14 mars 2014 : Théorie du pouvoir

    Le prochain cercle étudiant de l’AFE Ile de France aura lieu le vendredi 14 mars 2014 à 18h30 dans nos locaux, 10 rue Croix des Petits Champs, avec comme thème : "Théorie du pouvoir"

  • Un ex-chanteur de Boys band sauvé par la foi

    Un ex-chanteur de Boys band sauvé par la foi

    Steven Gunnel témoigne, après l'explosion du groupe et la spirale du désespoir, de ce qui l'a sauvé :

    1"Un conseil de ma mère: «Quand tu étais petit, tu avais la foi. Retrouve-la». Certaines vertus sauvent: j'ai obéi. J'ai poussé la porte d'une petite église, à Piccadilly Circus. Juste une croix au mur, le tabernacle, quelques bougies. J'ai senti soudain un immense relâchement de tout mon être, un repos indescriptible. Je n'ai rien vu, rien entendu, mais j'ai su. Qu'il y avait quelque chose, ou plutôt quelqu'un de plus grand, de plus vrai que tout ce en quoi j'avais cru avant. Dieu a refait mon âme, il a rendu toute chose nouvelle, comme dans l'Apocalypse. Je n'avais aucune éducation religieuse, je ne connaissais rien à tout ça, mais j'y suis retourné, plusieurs jours de suite.

    J'ai commencé à lire la Bible, et je me suis rendu compte que la plus grande part de ce qui avait pu me toucher dans les livres de pseudo spiritualité, ils l'avaient pris dans la Bible. Le Livre de la Sagesse m'a bouleversé, moi qui en avais tellement manqué. L'enfant qui a délaissé ses parents oublie même qu'un jour il a eu des parents. Moi, avec Dieu, c'était pareil. J'avais oublié qu'il m'aimait. Quelques mois plus tard, de retour à Nice, j'atterris à l'église Sainte-Rita, la patronne des causes désespérées. J'ai appris plus tard que, depuis un an, ma mère venait y prier tous les jours pour moi. L'évangile lu à la messe ce jour-là, me touche au cœur: le fils prodigue, qui retourne chez son père après avoir dilapidé l'héritage et que le père accueille les bras ouverts. C'est ce père qui m'a poussé à me réconcilier avec Quentin, avec moi-même et avec mon passé.

    [...] Le soir de Noël, en 2008, pour une fois j'ai demandé à Dieu ce que je pouvais lui offrir. Il m'a mis dans le cœur l'image de Quentin. L'amertume et la rancœur de ce passé m'étouffaient encore. J'ai mis quinze jours à réussir à lui écrire, via son site aux États-Unis, où il faisait déjà la carrière que nous savons. Dans ce mail, je vidais mon sac et je lui demandais pardon, en lui souhaitant d'être heureux. Je pensais n'avoir aucune réponse. Le lendemain même, je recevais un mail bouleversant d'une page. Quentin m'a fait cadeau de ce qu'il était vraiment, au fond de lui.

    Aujourd'hui vous avez quarante ans, vous êtes marié, père de deux enfants, heureux. Vous avez été acteur dans des pièces montées par Robert Hossein, vous êtes maintenant réalisateur. Que diriez-vous à des jeunes de vingt ans attirés par les métiers de la scène?

    Quentin, comme moi, comme les autres, on a été les victimes volontaires d'un système. On a voulu tout ça par orgueil, par naïveté, par manque de sagesse. J'ai fait comme tous les gosses qui s'embarquent sur l'Ile de la tentation… J'aurais envie de donner ce simple conseil: construisez-vous d'abord. Contrairement à ce que j'entends depuis toujours, ce ne sont pas les expériences qui nous construisent. «Goûte, tu verras bien par toi-même…» Goûter à l'héro, à la violence, à la dope, pour voir ce que ça fait?

    «Au lieu d'aller dehors, rentre en toi-même: c'est au cœur de l'homme qu'habite la vérité»: c'est du saint Augustin, qui s'était lui aussi pas mal cherché. Trouve-toi d'abord, avant de vouloir exister par le regard des autres, le succès…. Travaille. N'aie pas peur de mettre vingt ans pour apprendre et cultiver ton talent. La vie n'est pas une expérience, c'est un appel. Le mariage n'est pas une expérience, c'est une promesse éternelle. Avoir des enfants, ce n'est pas une expérience, c'est répondre au mystère d'incarnation de la vie, ce pour quoi on est fait. Construis-toi d'abord par ce mystère qui est en toi: la vie, la vraie."

    Michel Janva

  • Les Français d’abord!

    Selon l’enquête Ifop/JDD mise en ligne hier sur le site du journal,  44% des Français interrogés considèrent « que la révélation d’enregistrements clandestins de Patrick Buisson plus les soupçons de trafic d’influence ont un impact négatif sur l’image de Nicolas Sarkozy (…). Ce sondage montre le poids des affaires au moment où l’ancien président tente de revenir sur le devant de la scène politique (…). Pour la droite, ces scandales à répétition tombent au plus mauvais moment. Celui que les spécialistes de l’opinion baptisent le moment de la cristallisation des choix. L‘UMP, qui espérait nationaliser le scrutin en orchestrant un vote sanction, se retrouve inaudible, estime Frédéric Dabi ». Avec un grand risque poursuit cet article, celui « de nourrir davantage le camp des abstentionnistes et celui du vote populiste. Marine Le Pen, qui vient d’annoncer la présence record de 596 listes au premier tour des municipales, espère tirer profit de cette situation ».

    A l’évidence les  dernières affaires éclaboussant la droite UMP ne devraient pas en effet améliorer la cote de confiance en une gauche qui protège bien mal la France et les Français des ravages de la crise. Comme l’a constaté avant elle la Cour des Comptes, la Commission européenne vient de juger que la dette publique de la France continuera à augmenter d’ici 2015 ; bref que la promesse de ramener le déficit  sous la barre des 3% , selon les critères imposés par Bruxelles, ne sera pas tenue. Personne ne sait non plus, dans les instances européistes comme ailleurs, de quel chapeau  le gouvernement   va sortir  les 50 milliards d’euros  d’économies annoncés par François Hollande dans le cadre de son pacte de stabilité.

    Invité le 12 février du débat de Beur FM,  l’ex ministre de l’Intérieur  Jean-Pierre Chevènement n’a pas été tendre sur le virage social-démocrate amorcé  (annoncé) par le chef de l’Etat : « Très franchement a-t-il dit, je ne crois pas qu’il s’agisse d’un tournant social-démocrate, parce que la démocratie implique un partage ! Il faudrait donc qu’il y ait des avantages pour les salariés, des augmentations de salaires, des congés payés, un régime social plus avancé… Là c’est tout le contraire qui se profile ! Là c’est plutôt du social-libéralisme. Mais est-ce bien du social ? N’est pas du libéralisme tout court ? Je pense que François Hollande est revenu finalement à sa source qui est le Delorisme . Jacques Delors mettait un peu de confiture sur la tartine, là il n’y a pas beaucoup de confiture en perspective… La politique suivie me parait extrêmement problématique et je pense qu’il est temps de prendre conscience de la nécessité de changer de politique ».

    Une nécessité dont est convaincue une majorité de nos compatriotes, même si ledit changement est parfois fort éloigné  des illusions archéo-socialistes  qui contaminent largement ce que les  idées de M Chevènement peuvent avoir de positives. Répétons-le, s’il s’agit de faire des économies, commençons déjà par inverser les courbes de l’immigration plutôt que d’accabler les Français d’impôts et de taxes, comme l’ont fait à qui mieux mieux  les gouvernements Juppé, Jospin, Raffarin, Fillon, Ayrault…

    Docteur en économie et spécialiste de l’économie du développement, Gérard Pince vient  d’apporter sa contribution aux travaux sur le coût du tsunami migratoire, dans un ouvrage au titre qui  annonce la couleur, Les Français ruinés par l’immigration,  publié l’année dernière aux éditions Godefroy de Bouillon.

    Il démontre à son tour, le prix Nobel d’économie Maurice Allais  l’ écrivait déjà en 1998,  que l’immigration sans frein nourrit le chômage, le déficit des comptes sociaux, opère une pression à la baisse sur les salaires  pour les emplois peu qualifiés, et  entraîne une part conséquente du chômage des natifs .   D’après son étude,  le surnombre des immigrés non européens génère   le chômage de 1 million de natifs et de 500.000  immigrés originaires des pays du Sud.  Il souligne aussi,  que le pourcentage des personnes «occupées» parmi l’ensemble des personnes en âge de travailler n’était que de 40% au sein de la population d’étrangers extra-européens tandis qu’il était de 64% dans l’ensemble rassemblant les nationaux et les immigrés d’origine européenne.

    Gérard Pince chiffre  le coût annuel de la présence des immigrés sur notre sol,   8,1 millions de personnes  selon ses calculs, à 115 milliards d’euros ,   soit 8.000€ par an pour une famille de quatre personnes en 2011

    Autre  scandale, celui des  « travailleurs détachés», principalement en provenance des pays de l’Est mais aussi d’Espagne et du Portugal (300 000 officiellement déclarés, certainement le double…) autorisés par Bruxelles  à  travailler partout au sein de l’UE.  La législation bruxelloise permet aux entreprises d’employer  leurs salariés dans tous les pays de l’Union à charge de respecter le droit du travail du pays d’accueil mais en payant les cotisations sociales dans le pays d’origine.

    Comme le rapporte très justement le Bulletin d’André Noël et comme Bruno Gollnisch l’a dénoncé à plusieurs reprises ces derniers mois, il s’agit d’ un véritable  « dumping social », particulièrement inique en cette période de chômage de masse.  Le député européen FN constate que  «les travailleurs détachés de certains pays  restent, même en cas de respect absolu des lois ou conventions collectives, moins chers que la main d’œuvre française», « travailleurs qui  coûtent de 30 à 40% moins cher que les salariés français».

    Pour que cette situation  ne puisse pas profiter au FN, le gouvernement  avait promis de réagir fermement avant les élections européennes. «Jean-Marc Ayrault, en novembre dernier, avait annoncé qu’il allait négocier avec nos partenaires européens afin de lutter efficacement contre les abus liés à l’emploi de travailleurs détachés. Il espérait un accord solide  et non  au rabais»… Or, «l’accord obtenu le 10 décembre dernier à Bruxelles ne change strictement rien à la situation qui prévaut».

    «Puisque l’on ne dénonce pas les traités européens qui permettent l’établissement en France de ces travailleurs», «c’est aussi le cas  l’UMP qui  reste favorable à la libre circulation des personnes et des biens», «les socialistes ne peuvent se pencher que sur leurs aspects secondaires. Il ne reste donc rien de la détermination annoncée par le gouvernement pour lutter contre ce fléau économique et social. La montagne de l’indignation socialiste accouche d’une souris !»

    Répétons le encore et toujours, l’indignation des Français elle, devant tant de mépris pour la défense de nos intérêts nationaux et tant d’impuissance,  ne   peut être stérilisée par l’abstention.  Elle peut, elle   doit trouver un débouché politique pour initier le changement   nécessaire. N’en doutons pas, un FN en tête au soir des élections européennes serait une étape importante  pour amorcer l’indispensable recomposition que nous appelons de nos vœux.

    http://gollnisch.com/2014/03/10/les-francais-dabord-ce-trop-demande/

  • Athènes antique

    Le chapitre d’Anthinéa dans lequel Maurras relate sa visite à Athènes en 1896 est reconnu comme l’un des textes les plus importants du corpus maurrassien. Il est également, avec certains passages du Chemin de Paradis, celui qui aura le plus alimenté les attaques des démocrates chrétiens et leurs accusations de mécréance. D’ailleurs, Anthinéa devait à l’origine recevoir pour titre Promenades païennes

    Dans les éditions courantes d’Anthinéa, ce texte nommé Athènes antique occupe le chapitre II du livre I, lui-même titré Le Voyage d’Athènes. Mais dans la toute première édition, celle de 1901 chez Félix Juven, il en constitue le chapitre III. Il se compose de 16 subdivisions, le sous-titre L’Acropole étant intercalé au début de la troisième, et un second sous-titre Les Collections au début de la huitième. Ces deux sous-titres figurent dans les sommaires de toutes les éditions d’Anthinéa. La seizième subdivision, la plus anti-chrétienne, a été supprimée de toutes les éditions postérieures à la Grande Guerre.

    Anthinéa est une collation d’articles consacrés à la Grèce, à la Toscane, à la Corse et à la Provence, publiés au cours des dernières années du dix-neuvième siècle, pour l’essentiel dans la Gazette de France. À n’en voir que la couverture, le fil conducteur qui relie ces différents récits de voyage y reste encore à deviner. Le sous-titre d’Athènes à Florence peut effectivement laisser penser qu’il s’agit d’un recueil de souvenirs touristiques, comme il s’en publiait beaucoup à l’époque.

    C’est à la lecture d’Athènes antique que le lecteur va comprendre qu’il s’agit de tout autre chose. Mais il ne faut pas s’être découragé avant. Dans l’édition de 1901, Athènes antique vient après les cinq Lettres des Jeux olympiques et une lettre à Henri Vaugeois sur l’Athènes moderne. Rien n’incite à commencer par là. C’est pourtant le cœur de l’ouvrage et de son argumentaire.

    Maurras, qui a alors vingt-huit ans, nous conte comment il découvre dans les vestiges de l’Acropole l’expression de l’universel. Certainement était-il préparé à quelque chose de semblable ; néanmoins il nous décrit cette rencontre comme une brutale révélation. Et les principes qui se dégagent des notes qu’il envoie à la Gazette de France, laquelle les fera paraître en sept fois, du 17 avril au 19 mai 1896, imprégneront sa pensée politique et anthropologique toute sa vie durant.

    On regrette que Maurras n’aît été « que » journaliste, et que ces brèves n’aient pas plus tard ouvert la voie à une somme philosophique plus conséquente. Mais tel était notre homme ; le grand œuvre ne vint jamais, et il nous faut nous contenter, sur ce point-là comme sur tous les autres d’ailleurs, de ses articles, d’abord de revues, ensuite de L’Action française quotidienne, là où Bergson aurait pondu trois volumes et Jaurès douze.

    Nous en contenter, c’est bien le mot qui convient. En quelques pages, Athènes antique fait rien moins que le tour de l’apparition du Beau, du Vrai, de l’Universel. Et c’est également en 1901 que Maurras publiera ses deux articles emblématiques sur l’Homme et sur la Civilisation. Et il s’en tiendra pratiquement là, même si, avec Corps glorieux ou Vertu de la Perfection, il reviendra en 1928 sur ses réflexions du voyage d’Athènes.

    Il ne faut cependant pas croire qu’Athènes antique ait été, dès l’origine, perçu et présenté comme une synthèse fondatrice. D’abord en raison de sa place dans le volume, comme précisé plus haut. Cependant dès l’édition de 1912, les Lettres des Jeux olympiques seront réduites à la portion congrue, la note à Henri Vaugeois rejetée en appendice, et un avertissement au lecteur l’aidera à saisir d’emblée la structure et la cohérence du recueil.

    Ensuite parce que le texte publié en 1901 conserve le style et l’apparence de notes prises sur le vif. Cela lui procure un ton naturel et authentique des mieux venus, mais qui ne prédispose pas à y trouver l’exposé de principes philosophiques fondamentaux. Là encore, dès 1912, la rédaction est reprise, arrondie, policée.

    Enfin et surtout parce qu’en 1896, Maurras est, sinon franchement païen comme l’ont suggéré de nombreux auteurs, du moins explicitement anti-chrétien. Au travers de ses propos sur l’art, sur les découvertes archéologiques, sur les différentes époques de la statuaire, sur les méthodes historiques, il ne cache pas son parti-pris. Le christianisme, affirme-t-il, participe à la corruption de la perfection atteinte par les Grecs classiques et la parachève en la souillant d’influences orientales. Plusieurs passages l’attestent, et pas seulement le chapitre XVI qui sera purement et simplement supprimé plus tard « en hommage au pape Pie X ».

    Le lecteur moderne, naturellement prompt à détecter toute expression suspecte d’antisémitisme, sera d’autant moins à même de comprendre que l’adjectif « juif » veut dire « biblique » et que « le juif », s’agissant de la décadence d’Athènes, n’est autre que le Christ.

    Tous ces éléments datés et anti-chrétiens ont été retirés des éditions d’après guerre, celles qui auront connu les plus gros tirages, de même que des éditions de luxe, depuis celle de Crès en 1922 jusqu’à celle de Josso en 1953. De fait, peu de gens auront eu accès à la version de 1901, ou même à celle de 1912, et en auront gardé la mémoire.

    Il ne faut pas cependant penser qu’à l’instar du conte de La Bonne Mort, la suppression de « l’article XVI » d’Athènes Antique n’ait été qu’une coupure de circonstance seulement destinée à ne pas heurter le public catholique de l’Action française. Car Maurras a effectivement changé d’avis, et il tient à rectifier. Il a peu à peu « réintégré » le catholicisme dans le cercle de la perfection classique, dont il voit désormais dans l’Église le meilleur et le plus sûr garant, transférant ses piques aux « hérésies » que sont le protestantisme et la démocratie chrétienne, lesquelles jouent désormais pour lui, avec la révolution et le romantisme, le rôle de « points cardinaux » de la barbarie.

    Il reste qu’Athènes antique conserve le rythme, le déroulé de sa version originale ; il n’était pas possible de faire autrement, sauf à tout massacrer. C’est sans doute la raison qui a conduit Maurras à composer, longtemps après, Corps glorieux qui en est comme la seconde partie et qui prend encore plus de signification quand on le relit juste après.

    Nous nous sommes efforcés de présenter de la manière la plus simple possible les évolutions entre le texte de 1901 et les versions tardives.

    Dans l’introduction (chapitres I et II), où les différences sont parfois sensibles, nous avons conservé l’expression la plus étoffée, et repris la variante en note. Dans le reste du texte (chapitres III à XV), les corrections ne touchent, presque toutes, qu’au style et nous avons privilégié la version retouchée, renvoyant en note à chaque fois le texte de 1901. Enfin, pour le chapitre XVI, qui a été entièrement supprimé à partir de l’édition Crès de 1922, nous avons repris le texte de 1901.

    Comme pour les autres livres d’Anthinéa précédemment publiés sur notre site, nous avons repris les illustrations de Renefer datant d’une édition de luxe de 1927.

    http://maurras.net/2013/12/12/athenes-antique/#more-2085

  • Pour revitaliser la vie sociale compte tenu des moyens du totalitarisme moderne, il faut une action multiforme

    Jean Ousset dans les principes fondamentaux de son livre l'Action, plaide pour la diversité des initiatives dans l’action et contre la tentation des organisations compactes vouées par nature à l’échec dans la durée puisqu’elles ne peuvent s’accorder au but poursuivi : celui d’une vie organique et non totalitaire des corps sociaux, fondée sur l’exercice ordonné et le plus autonome possible des responsabilités de chaque personne.

    O« La doctrine chrétienne de l’action politique et sociale est l’expression du droit naturel et chrétien considéré d’une façon pratique, avec le souci constant des réalisations possibles…

    Obligation, donc, non seulement de connaître le BUT (le PLAN), mais de savoir encore distinguer que la nature de ce BUT, l’ordonnance de ce PLAN commandent de… s’y prendre de telle et telle sorte.

    Avec une suffisante précision.

    Car il est une façon de dire ce qu’il faut faire qui n’a rien de pratique, parce que trop générale. Parce qu’elle ne dit pas le « comment faire », le « comment s’y prendre », le moyen particulier d’y parvenir…

    [L’expérience nous enseigne la] seule méthode d’action pratique, au spirituel comme au temporel.

    Méthode qui, dès que le choix est délicat, consiste à comparer :

    1. les avantages de ce qu’on projette…
    2. les inconvénients de ce même projet…
    3. les avantages qui peuvent en résulter si on l’écarte…
    4. les inconvénients de ce rejet…

    Formule qui se résume :

    1. le pour du pour…
    2. le contre du pour…
    3. le pour du contre…
    4. le contre du contre…

    Cela peut faire sourire, mais n’en reste pas moins excellent pour développer l’automatisme d’un certain tour d’esprit, d’un sens rapide et clair des possibilités concrètes.

    « Peser le pour ; peser le contre ». Combien s’y appliquent vraiment ?...

    Procédés susceptibles de développer un sens plus vif de la complexité des choses, et par là, offrant l’avantage de désenchanter notre goût du mouvement unique, de l’opération qui prétend tout sauver à elle seule. Organisations hors desquelles toute action est déclarée vaine et malfaisante.

    Cette conception unitaire du combat politique et social a été et demeure cause de nos échecs.

    …Nécessité, donc, de développer ce sens d’une action plurielleSans cet esprit, point d’action efficace.…

    Mais tout aussi vaine est la recherche d’une unité par choix exclusif d’un organisme ou moyen particulier.

    Comme si, dans le combat qui s’offre à nous, un seul groupe, un seul mode d’action pouvait suffire.

    « Gardons-nous bien du sélectivisme bourgeois », disait Lénine.

    Maxime, qui pour un coup, vaut d’être retenue !

    Folie de qui prétend jouer qu’une carte, une recette, un homme. Cet homme est-il battu ? Tout semble perdu. Cet homme est-il vainqueur ? Tout paraît assuré, et l’on ne s’inquiète plus de rien. Alors qu’un devoir d’active vigilance continuerait à s’imposer…

    En conséquence, persuadons-nous qu’il ne peut être de salut que dans l’ordonnance d’une action pleine, forte, rigoureusement pensée… La vérité est qu’il n’y a pas de « seul moyen ». Tout doit servir. « Autant que… pas plus que… »

    Nous avons à rendre sa vraie santé au corps social […par une] action multiforme où tout doit s’ordonner

    À besoins divers, il faut des formules diverses.

    Et c’est au degré de l’esprit, au plan de la doctrine que doit s’établir la seule unité possible vraiment souhaitable. Unité des esprits sur l’essentiel, sur la doctrine. Quant aux actions, aux fonctions, il importe qu’elles soient nombreuses et variées.

    Plus que jamais, face au Léviathan du totalitarisme moderne, il importe de dresser un jeu de forces souples, manœuvrières, peu vulnérables, faciles à reconstituer, riches en ressources variées, capables de poursuivre simultanément plusieurs objectifs. Un style d’action adapté aux conditions de lutte contre le totalitarisme moderne. Totalitarisme qui dispose de presque tous les moyens d’information et qui peut faire croire ce qu’il veut : salir, discréditer les initiatives les plus respectables, bafouer les meilleurs, faire incarcérer, torturer, condamner, massacrer des innocents, sans que les gardiens d’une conscience dite « universelle » osent ou daignent élever la voix.

    L’action, ça se pèse. Et ça se patiente.

    Contre un ennemi parvenu à ce point de victoire, il est vain d’escompter remporter quelque avantage en progressant en formation compacte.

    Il faut une autre méthode. Celle d’une action souple… susceptible de compenser un manque évident de force matérielle, numérique, par un surcroît (éminemment qualitatif) de valeur, de zèle individuels. Action toute d’intelligence et de mobilité."

    Lire et télécharger dans son intégralité le premier chapitre de l'Action de Jean Ousset.

    Au moment où des Français se lèvent pour défendre la dignité de toutes les personnes et de toute la personne, en particulier des plus fragiles, que faire pour une action durable ? Ce livre est un maître livre pour bien penser l’action en fonction du but poursuivi. Tout homme ou femme d’action le lira avec profit pour inspirer son engagement. Jean Ousset est le premier en effet à avoir méthodiquement formalisé une doctrine de l'action culturelle, politique et sociale à la lumière de l'enseignement de l'Eglise pour, concrètement répondre au mal par le bien. Action de personne à personne et actions multiformes en réseau, ses intuitions sont mises en œuvre magnifiquement dans l'utilisation d'internet. A l'encontre des pratiques révolutionnaires et de la dialectique partisane, si l'amitié est le but de la politique, Jean Ousset nous montre comment pour agir en responsable, l'amitié en est aussi le chemin.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2014/03/pour-revitaliser-la-vie-sociale-compte-tenu-des-moyens-du-totalitarisme-moderne-il-faut-une-action-m.html

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  • Le problème bosniaque dans les Balkans

    Les désordres qui ont secoué la Bosnie ont pour motif la situation économique dramatique du pays mais ces désordres vont aussi dans le sens voulu par Washington
    La Bosnie-Herzégovine semble avoir emprunté la voie pour devenir un “Etat failli”. Dans plusieurs villes de la partie la plus grande du pays, celle qui se trouve sous l’autorité de la “Fédération croato-bosniaque”, des milliers de citoyens sont descendus dans la rue pour protester contre la gabegie régnante: une économie chancelante, une corruption généralisée et un chômage qui atteint les 45% de la population active. Au cours de ces nombreuses manifestations, les protestataires se sont heurtés aux forces de l’ordre.
    Cet Etat balkanique multiethnique et multiconfessionnel pose désormais problème au beau milieu de la péninsule balkanique, une région qui devait abriter cette Bosnie-Herzégovine “stable, viable, multiethnique et unie”, comme le voulait l’UE quand elle posait ses objectifs politiques pour rendre définitivement indépendante cette république autrefois constitutive de l’ancienne Yougoslavie fédérale et socialiste. De ces voeux pieux, rien ne subsiste aujourd’hui. On sait très bien pourquoi la “communauté internationale”, c’est-à-dire l’UE et les Etats-Unis, se trouvent face à un champ de ruines en Bosnie. Le Traité de Dayton a certes pu mettre un terme à la guerre mais n’a pas pu faire émerger un Etat pour tous, capable de fonctionner sans heurts, en dépit des clivages qui opposaient entre eux les Bosniaques, les Croates et les Serbes.
    “L’ordre politique fabriqué lors des accords de Dayton est intenable”, expliquent les organisations protestataires actuelles que sont “Udar” (le “Coup”) et “Revolt”, animatrices des manifestations qui ont secoué le pays. L’objectif de ces organisations est donc clair: les manifestations doivent faire pression pour aboutir à une réforme constitutionnelle afin que l’appareil d’Etat, trop complexe et trop lourd, fasse la place à une forme étatique plus svelte et plus centralisée. Les Serbes de Bosnie, dont la “Republika Srpska” jouit d’une large autonomie, se sont opposés, jusqu’ici, et avec succès, à toute tentative de centralisation.
    Les organisations “Udar” et “Revolt” veulent, par leurs revendications, s’aligner sur une politique voulue en dernière instance par l’UE et les Etats-Unis. Ces derniers sont profondément agacés par l’édifice étatique qui structure la Bosnie aujourd’hui parce que l’objectif américain est d’inclure le pays dans l’OTAN. La décentralisation bosniaque empêche toute manoeuvre en ce sens. Comme le rappelle Patrick Keller de la “Fondation Konrad Adenauer” en Allemagne, “l’intérêt pour une adhésion à l’OTAN n’est guère populaire en Republika Srpska”. Voilà pourquoi, subitement, en dépit des accords de Dayton, on plaide maintenant pour la création d’un Etat bosniaque unifié et “fort”.
    Pour téléguider les événements de Bosnie dans le “bon sens”, les Américains ne s’épargnent ni peine ni argent. L’USAID, l’instance chargée d’aider au développement, déclare vouloir “aider la Bosnie à parfaire les réformes nécessaires pour pouvoir adhérer à l’UE et à l’OTAN”. Dans son budget de 2013, l’USAID a dégagé la somme de 45,5 millions de dollars, notamment pour créer “une structure militaire unitaire, laquelle répondrait aux critères nécessaires pour assurer la sécurité du pays et pour aboutir à une adhésion à l’OTAN”. En 2008, Washington a enregistré un bon succès en Bosnie, lorsque Sarajevo a adhéré à une “Charte Adriatique”, initiative visant à préparer les Etats des Balkans occidentaux à entrer dans l’OTAN.
    Dans les postes “Financements militaires à l’étranger” et “Formation et écolage militaires à l’échelle internationale”, 5,5 millions de dollars sont prévus pour la Bosnie. Avec ces budgets, il faudra, selon les Américains, “combler les déficits graves dans la formation des personnels” chez “ce parternaire potentiel de l’OTAN” et former des “unités spéciales”, dont l’Alliance Atlantique “a un besoin réel”, c’est-à-dire des unités capables d’éliminer des matériels de combat, des troupes d’infanterie, des équipes d’ingénieurs militaires. Le rapport de l’USAID se fait louangeux à l’endroit de l’armée bosniaque parce qu’elle a fourni 55 hommes pour l’IASF en Afghanistan.
    Le deuxième objectif majeur des Américains, et aussi de l’UE, est de promouvoir en Bosnie “une société civile”. Pour le réaliser, on a surtout mobilisé le “National Endowment for Democracy” (NED), le bras civil de la CIA, de même que les fondations attachées aux grands partis américains, la NDI (“National Democratic Institute”) et l’IRI (“International Republican Institute”). La “Fondation Konrad Adenauer” est également très active.
    En 2012 (pour 2013, on ne dispose pas encore de chiffres), la NED a soutenu toute une série d’organisations bosniaques visant la création de cette fameuse “société civile”. “Revolt” a reçu 31.500 dollars, notamment pour contrôler “les travaux du gouvernement local et cantonal de Tuzla” et pour mener une campagne de mobilisation “de jeunes activistes pour préparer les élections locales”. L’année précédente, “Revolt” avait reçu 30.000 dollars de la NED pour mener à bien des activités similaires.
    Les Occidentaux veulent donc créer en Bosnie une démocratie de type occidental et financent la formation et l’écolage d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques qui permettront, à terme, de réaliser plus aisément le grand but de la dite “communauté internationale”, soit de créer une Bosnie “multiethnique”. Dans les rapports de la “Fondation Konrad Adenauer”, on peut lire: “Investir dans les futurs cadres porteurs des structures démocratiques constitue l’action première de notre travail. Prodiguer des conseils, imaginer des scénarios, organiser des journées d’écolage et des séminaires interactifs, bref, offrir une formation politique permanente aux forces d’avenir, voilà les principales activités que nous menons à bien en Bosnie-Herzégovine”.
    Les Etats-Unis ont réellement pris les choses en mains en Bosnie, au détriment des Européens, parce que les Bosniaques sont mécontents de la politique menée jusqu’ici par l’UE. Déjà en 2009, le magazine “Foreign Policy” écrivait: “L’UE n’a pas de politique réellement porteuse en Bosnie, si bien que Washington est contraint de jouer de son influence pour faire avancer les choses pour qu’à terme le pays puisse adhérer à l’UE”.
    Bernhard TOMASCHITZ.
    (article paru dans “zur Zeit”, Vienn, n°8/2014, http://www.zurzeit.at ).

  • Fabius – Juppé, face à face et vie à vie

    Toujours droit dans ses bottes, l’homme impopulaire et un peu amer qu’il était devenu fait l’unanimité comme maire de Bordeaux.
    Tous les deux normaliens, tous les deux agrégés, tous les deux énarques, tous les deux du même âge, à un an près… il y a quelque chose de fascinant dans la similitude du profil et le parallélisme du parcours de ces deux têtes bien faites et bien pleines, même si tôt dépouillées de ces cheveux où Samson voyait les racines de sa puissance, assimilation archaïque que ne font plus les crânes d’œuf contemporains, qui se portent volontiers tondus.
    Tous deux passent naturellement par les étapes traditionnelles du cursus honorum à la française, et si l’un attache son destin au char de la gauche, l’autre à celui de la droite, on nous permettra de dire sans méchanceté, mais simplement parce que c’est ainsi que fonctionne hélas notre vie politique, que leur choix résulte plutôt du hasard des rencontres, des circonstances et à la rigueur des affinités que de la force des convictions. Quoi qu’il en soit, tous deux, de l’avis général, sont très tôt promis au plus grand avenir.
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