Une critique du livre de Christine Chaillot (Editions de L’œuvre), proposée par LM De Woillemont :
"Un des signes de ralliement des chrétiens est le signe de la croix. C'est même le lieu et le moment de la victoire de la vie sur la mort, paradoxalement. Pour tous les chrétiens de la planète terre, en attendant les martiens et autres extra terrestres, cela n'a pas toujours le même sens. Pour quelqu'un que je fréquente depuis plusieurs dizaines d'années, moi par exemple, petit bourgeois occidental normalement endormi, le signe de la croix est une activité assez banale que je pratique à l’église ou lorsque je récite des prières. Il n'en est pas ainsi pour les Coptes ou les Coréens du Nord, voire les Chinois ou encore les Vietnamiens. Pour ces gens là le signe de la Croix est le signe de la victoire spirituelle certes mais surtout de mort sociale ou de mort tout court. Non sans souffrance diverses et variées.
Prenons la cas des Coptes. Le nom a un sens, déjà, il signifie «égyptien». D'une certaine manière ils peuvent prétendre être les seuls Egyptiens puisqu’ils sont les véritables héritiers des peuples de l’Égypte ancienne et reconnus comme tels. Pour éviter un mot interdit, on utilisera le mot d’ethnie. Ou, pour reprendre un terme utilisé en France, les «Égyptiens de souche» ceux qui étaient là avant l’envahisseur et colonisateur arabe. De même qu’Israël est revenu à son légitime propriétaire, on pourrait rendre l’Égypte aux Coptes.
Au XXeme siècle, les Coptes et les musulmans ont eu l'occasion de s'unir ensemble contre l'occupant britannique. Il y eut un grand moment de combat de la nation égyptienne sous la bannière du parti Wafd. Dina el-Khawaga intellectuelle musulmane laïque soutint en 1993 à Sc-Po Paris une thèse sur «Le Renouveau copte.1919-1942» dans lequel elle écrit :« Les dirigeants coptes défendent alors avant tout la nation au lieu de représenter les soucis et aspirations de l'ensemble des coptes». C'est aussi l'époque ou Hassan al-Bana crée le mouvement politico religieux des Frères musulmans qui milite en faveur de la charia. Le Coran est leur constitution, et leur mission «d'éduquer le monde selon les principes de l'islam». Le Frère musulman promet en outre de combattre pour accomplir cette mission tant qu'il vivra et de sacrifier pour cela tout ce qu'il possède». Il y a une dimension secte que l'on retrouve dans la Franc-Maçonnerie mais aussi et surtout le fanatisme musulman. Selon Al Bana «l'islam est à la fois l'injonction et l’exécution, tout comme il est la législation et l'enseignement la loi et le tribunal, pas l'un sans l'autre». Bref, comme l'indique frère Tariq l'islam est un «englobant». La difficulté c'est que les Coptes ne veulent pas être englobés.
Un moment de répit fut le régime du colonel Nasser qui interdit les frères musulmans et créa avec la Syrie la RAU (République Arabe Unie) entre 1958 et 1961. Il manifesta aussi beaucoup de respect pour le pape orthodoxe Cyrille V. Mais son successeur Anouar el Sadate se crut assez fort pour manipuler les frères afin de contrer les nasséristes et les marxistes. On connaît le résultat : ils l’assassinèrent. La vérité est que l’Égypte vit sous subvention US: 1,7 milliards et 415 millions pour l’aide civile, 1,3 Mds pour l'aide militaire et 1,8 millions pour la formation militaire. Sans oublier le G8 qui a promit 40 Mds de dollars pour aider la Tunisie et l’Égypte en 2011. Un des très rares revenus de l’Égypte est le tourisme, activité abhorrée de Frères, tout naturellement. Torpiller une des très rares ressources de l’Égypte, qui peut, en outre, ouvrir sa population au monde extérieur et faire découvrir les bienfaits de l'islam au monde entier et en temps réel, n’est pas du goût des Frères. Pour eux l'«Islam est la solution». L'énorme avantage de leur aventure du pouvoir politique, qui semble prendre fin en ce moment même, est bien de démontrer, a contrario, que l'islam est non pas la solution, mais bien plutôt, comme partout ailleurs, le problème.
La constitution de 1971 en son article 2 institue l'islam comme religion officielle de l'état et mentionne la charia comme «une source» de la législation. En 1981, Sadate fit corriger le texte en la déclarant «source principale». On n'arrête pas le progrès.
Il y a aussi dans ce livre tout un chapitre sur les exemples de violence subies par les chrétiens. Un grand classique est l'assassinat à la sortie de la messe. Ou encore plus fort, pendant l'office. Un peu comme les FEM HAINE en plus violent naturellement. Avec à la clef le déni : soit l'impétrant est considéré comme malade mental, soit on nie le fait religieux en parlant de délinquant. L'assassin de la messe de Noël de Nag Hammadi fut condamné à mort parce que dans la fusillade il avait tué le policier musulman chargé de protéger l'église copte. C'est dire clairement que la vie d'un coopte ne vaut rien. Généralement au moment des funérailles des victimes, les chrétiens sont caillassés bastonnés voire couverts d’excréments.
Ailleurs, ce sont des moines qui sont kidnappés entravés, et sommés de cracher sur la croix et de réciter la chahada. Et cela dure depuis toujours, mais surtout depuis les années 70.
En février 2007 «le mufti de la confrérie des Frères musulmans le cheikh Al-Khatib publia une fatwa interdisant la construction d'églises en Égypte et recommandant la destruction de celles qui existaient».
Un chapitre important de ce livre concerne les propositions de changement. Car les Coptes aiment l’Égypte et se posent en force de proposition pour tenter de sortir ce pays de la mouise dans lequel l'Islam tente de l’embourber. A commencer par la faiblesse des revenus par rapport au coût de la vie, la difficulté d'accéder aux soins et à l'éducation, la mise en place d'une vraie justice, l'ouverture d'un vrai débat sur le sectarisme, la reconnaissance des droits fondamentaux et singulièrement la liberté religieuse, ce qui passe par une reforme de l'art 2 de la Constitution, une analyse saine des rapports entre religions et de l'histoire de la région en général. Depuis 2006, la moitié des chrétiens d'Irak a du fuir leur pays livré à la guerre fratricide que sunnites et chiites se sont promis. Un dialogue religieux semble très nécessaire. Mais «laïcité» est un mot proscrit en islam car il est compris comme athéisme.
Parfois, il se trouve cependant un musulman qui peut prononcer des paroles censées comme ce Libanais musulman Muhammad al-Sammak qui intervint à Rome en octobre 2010 lors du Synode: «je ne peux pas vivre mon arabité sans le chrétien arabe du Moyen orient. L'émigration du chrétien est un appauvrissent de l’identité arabe de sa culture et de son authenticité».
Parmi les solutions proposées par les Coptes pour l’Égypte, il y a ce principe du fondateur du parti Wafd : «La religion est à Dieu et la patrie à tous».
Le jésuite égyptien Henry Boulad propose quant à lui un dialogue «islamo-musulman entre modéré et radicaux»; il observe également que «l'islam est en pleine interrogation; le signe d'un doute fondamental qui n'arrive pas à composer avec la modernité», comprise dans le sens d'une mentalité.
L'engagement politique publique des Coptes est un fait nouveau (comme celui des catholiques en France). La question qui se pose est celle de l'identité de l’Égypte. Va-t-elle redevenir ce très vieux pays d’où est sorti un certain Moise, et quelques mathématiciens célèbres qui ont formatés les Grecs nos maîtres en philosophie et en démocratie, ou bien va t elle rester l'un de ces innombrables pays arabo-musulmans à la dérive. Avec, comme toujours, la même intoxication à l'islam, opium le plus dur pour les peuples et voie la plus sure de la servitude."
Le Salon Beige