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  • Le BLOC-NOTES de François MARCILHAC

    Commentant le souhait récent de Marine Le Pen de voir supprimer du droit français le principe de la double nationalité, à la suite des graves incidents ayant émaillé, en France même, de la part de supporters « franco-algériens », les matchs de l’équipe d’Algérie au Mondial, Thomas Legrand, qui sévit sur la matinale de France Inter, a comparé, ce lundi 30 juin, leur statut ainsi que celui de Manuel Valls, espagnol naturalisé français, à la situation des Bretons et des Corses vivant en France en dehors de Rennes ou d’Ajaccio et auxquels il conviendrait d’ôter le droit de vote aux municipales là où ils se sont installés. Il faut que la notion de nationalité soit aujourd’hui profondément obscurcie pour qu’on puisse, sans soulever un véritable tollé, en arriver à comparer la situation de binationaux à celle de provinciaux — un mot que nous assumons car nous n’y trouvons rien de désobligeant — installés dans la capitale ou dans une autre métropole française. Faut-il rappeler que, contrairement à l’Algérie ou à l’Espagne, la Bretagne et la Corse sont des provinces françaises ?

    En comparant des Corses et des Bretons à des binationaux, ayant donc double passeport, Thomas Legrand révèle à quel point la qualité de Français n’a plus guère aujourd’hui de signification pour les chiens de garde de la mondialisation qui ne pensent plus en termes de nationalité mais de communautarisme. Alors oui, une fois la France dissoute, un Breton, un Corse ...ou un Bobo parisien pourront devenir l’équivalent d’un Algérien « bi-national »... Tel n’est pas encore le cas.

    UNE NATIONALITÉ BRADÉE

    Qu’on puisse avoir des fidélités multiples, nul mieux que Maurras ne l’a compris, qui soulignait : « Je suis de Martigues, je suis de Provence, je suis de France, je suis Romain, je suis humain ». Mais encore faut-il que ces fidélités soient complémentaires et non concurrentes, ce qui exclut la bi-nationalité, absurdité à la fois conceptuelle et juridique, qu’il conviendrait évidemment de supprimer de notre droit, à la condition toutefois que l’Etat se sente suffisamment armé pour en accepter les conséquences au plan international...

    Mais nous n’en serions pas là si la notion même de nationalité n’avait pas été bradée depuis des décennies. Comment ? Par les effets conjugués d’uneimmigration devenue folle — 200 000 arrivées par an —, et de l’invention d’une citoyenneté européenne artificielle. La notion même de nationalité se trouve ainsi attaquée à la fois de manière concrète, par la naturalisation annuelle quasi automatique de dizaine de milliers de migrants — on sait que, sur ce plan, Valls ne fait que poursuivre la politique entamée par Sarkozy —, et dans son essence même : l’invention ex nihilo, d’un patriotisme constitutionnel européen, monstre historico-juridique, vise à déposséder les jeunes générations de ce « devoir de piété » qu’est le patriotisme envers cette « société naturelle » qu’est la patrie et tout ce qui la constitue : « son histoire, ses traditions, sa langue, sa conformation naturelle elle-même » (Jean-Paul II in "Mémoire et identité"), au profit d’un simple artefact — l’Europe —, dont la seule réalité est d’être le ventre mou de la mondialisation. On comprend pourquoi l’Europe encourage l’immigration. La dissolution des peuples historiques européens réels ne peut qu’aider à faire du continent un laboratoire grandeur nature du village planétaire.

    LA RÉPUBLIQUE CONTRE LA NATIONALITÉ FRANÇAISE

    Que les défenses immunitaires du peuple français soient particulièrement affaiblies, comment s’en étonner ? Depuis plus de deux siècles, l’idéologie et la pratique républicaines ont largement anticipé la tentative idéologique européenne — être « européen », ce n’est rien d’autre que partager l’idéologie des droits de l’homme — en confondant les qualités de Français et de républicain. Le débat « sur l’identité nationale et républicaine », lancé par Sarkozy en 2009 ...en vue d’être diabolisé par une gauche pavlovienne et d’abuser ainsi le militant moyen de l’UMP, l’a amplement prouvé, avant d’être rapidement avorté : La « France, mère des arts, des armes et des lois », coupable d’être née et de s’être épanouie avec la monarchie, en était par définition évacuée.

    Pourquoi ? Pour mieux réduire notre pays à des a priori idéologiques, républicains ou humanitaires, c’est-à-dire à la République et à la laïcité — ce que fait désormais le FN-nouveau aux côtés de l’ « UMPS » —, et donc noyer la France dans un discours à prétention universaliste qui la nie comme nation historique et charnelle. N’oublions pas que dans sa lettre de mission du 31 mars 2009 à Eric Besson, alors Ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, Sarkozy lui demandait d’ « engager les actions permettant de valoriser les principes de la République et les valeurs fondamentales de notre communauté nationale » notamment « en renforçant la place des emblèmes et symboles de la République, de sa langue, de son drapeau, de son hymne, des valeurs contenues dans la devise “Liberté Egalité Fraternité”, et de la Marianne qui les incarne ». Et s’il lui demandait aussi de lutter contre le communautarisme, c’était pour la perspective, puisqu’il se contredisait aussitôt en affirmant : « Notre Nation est métissée. L’immigration constitue une source d’enrichissement permanent de notre identité nationale. [...] La France dont nous défendons les couleurs est une France ouverte sur les autres, sur le monde, sur l’avenir. C’est une France qui évolue avec son temps. C’est une France à laquelle chaque nouvel arrivant, chaque nouveau Français apporte son histoire, les richesses de son origine, sa contribution. ». Qu’il s’agisse de Hollande ou de Sarkozy il s’agit toujours de « faire France »,... pour mieux la défaire, comme l’a rappelé le comte de Paris, dans une tribune retentissante, lors de la publication des rapports socialistes de l’automne 2013 sur la réforme de l’intégration, rapports qui auraient pu être commandés aussi bien par l’UMP. Deux projets de loi sur l’asile et l’immigration ne feront bientôt que confirmer la fuite en avant dans ce domaine.

    Ces propos de Charette restent d’une actualité d’autant plus brûlante aujourd’hui que le patriotisme républicain a fini, en toute logique, par se diluer dans son (faux) universalisme congénital : « Notre patrie, c’est notre Foi, notre terre, notre Roi... Mais leur patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? ... Ils l’ont dans le cerveau ; nous l’avons sous les pieds. »

    François Marcilhac - L’AF 2889

    http://www.af-provence.com/

  • Projet pédagogique autour du film Cristeros

    Les distributeurs du film Cristeros en France estiment que ce film constitue une opportunité pédagogique et pastorale très riche : plusieurs directeurs d’établissements privés ou de responsables de la pastorale collège et lycée les ont déjà contacté pour programmer ce film à la rentrée scolaire pour leurs collégiens ou lycéens. Voici par exemple le témoignage de Caroline, bénévole à la pastorale des jeunes à Saint Nazaire :

    «Nous avons contacté Cinéville et convenu de la semaine du 15 au 21 octobre. Nous ferons une grande matinée pour les lycéens (450 jeunes) et on invitera quelqu'un d'AED pour parler de la condition actuelle des chrétiens dans différents pays (une demi-heure seulement car le film est déjà long). Les professeurs étudieront aussi en classe les dossiers que "Il est vivant " propose au sujet du film. On fera aussi le 16 au soir une projection tout public avec le même animateur. Et Cinéville souhaite garder le film toute la semaine. C'est plus qu'on en rêvait ! »

    C’est un exemple parmi d’autres qui montre que c’est assez simple à organiser. Il suffit de prendre contact avec le cinéma (même mono-écran) de votre quartier pour lui demander de bien vouloir programmer, à une date qui vous convienne, une ou plusieurs séances scolaires en journée à tarif réduit pour vos collégiens et lycéens. La salle concernée s’occupera de tout le reste et se mettra notamment en contact avec les distributeurs pour les aspects techniques de la programmation (Davy Antoine - davy.antoine@orange.fr).

    Sur le fond, le film présente en effet de très nombreux intérêts pour les élèves :

    • sur le plan pastoral, c’est un film profondément chrétien qui présente des témoignages historiques bouleversants et aborde les questions de liberté religieuse, de non-violence, de conditions d’une guerre juste, etc.),
    • sur le plan philosophique, il pose à chaque spectateur la question fondamentale : "Et toi, que ferais-tu dans une telle situation ?" et montre à travers les différents personnages, un panel de réactions possibles. Il soulève également les questions de liberté de conscience.
    • sur le plan historique (histoire du 20ème siècle au Mexique et aux Etats-Unis, rapprochement avec ce qui se passe alors dans le monde : montée du fascisme en Italie, du communisme en Russie, prémices du nazisme en Allemagne, révolutions techniques comme la traversée de l’Atlantique par Lindbergh, etc.)
    • sur le plan de la culture générale : découverte de grands acteurs (Andy Garcia, Eva Longoria, Peter O'Toole bien sûr, mais aussi Oscar Isaac, Santiago Cabrera, Catalina Sandino Moreno, Ruben Bades et Edouardo Verastegui), du réalisateur Dean Wright (Seigneur des anneaux, Narnia), du compositeur James Horner (Avatar Titanic et bien d’autres), parallèle avec leurs autres œuvres, découvertes des effets visuels, les registres dramatiques, etc.
    • sur le plan linguistique : le film existe en VF mais également en anglais pour la VO sous-titrée, dans un anglais très accessible.

    Michel Janva

  • Roberto Michels : un socialisme au-delà des oligarchies

    1. Roberto Michels,un homme, une carrière

    Michels.gifRoberto Michels, le grand sociologue italo-allemand, principal représentant, avec Vilfredo Pareto et Gaetano Mosca, de l'école "élitiste" italienne. Michels est né à Cologne en 1876, dans une famille de riches commerçants d'ascendance allemande, flamande et française. Après des études commencées au Lycée français de Berlin et poursuivies en Angleterre, en France et à Munich en Bavière, il obtient son doctorat à Halle en 1900, sous l'égide de Droysen, en présentant une thèse sur l'argumentation historique. Dès sa prime jeunesse, il milite activement au sein du parti socialiste, ce qui lui attire l'hostilité des autorités académiques et rend difficile son insertion dans les milieux universitaires. En 1901, grâce à l'appui de Max Weber, il obtient son 1er poste de professeur à l'Université de Marbourg.

    Ses contacts avec les milieux socialistes belges, italiens et français sont nombreux et étroits. Entre 1904 et 1908, il collabore au mensuel français Le Mouvement socialiste et participe, en qualité de délégué, à divers congrès sociaux-démocrates. Cette période est décisive pour lui, car il rencontre Georges Sorel, Edouard Berth et les syndicalistes révolutionnaires italiens Arturo Labriola et Enrico Leone. Sous son influence, s'amorce le processus de révision du marxisme théorique ainsi que la critique du réformisme des dirigeants socialistes. La conception activiste, volontariste et antiparlementaire que Michels a du socialisme ne se concilie pas avec l'involution parlementariste et bureaucratique du mouvement social-démocrate. Ce hiatus le porte à abandonner graduellement la politique active et à intensifier ses recherches scientifiques. A partir de 1905, Max Weber l'invite à collaborer à la prestigieuse revue Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik. En 1907, il obtient une chaire à l'Université de Turin où il entre en contact avec Mosca, avec l'économiste Einaudi et avec l’anthropologue Lombroso. Dans ce climat universitaire fécond prend corps le projet de son œuvre fondamentale, Zur Soziologie des Parteiwesens. Pendant la guerre de Tripoli, Michels prend position en faveur des projets impériaux de l'Italie et contre l'expansionnisme allemand. De cette façon, commence son rapprochement avec le mouvement nationaliste italien ; ses rapports avec Max Weber se détériorent irrémédiablement.

    Pendant la période italienne, un travail fécond

    Au début de la Ière Guerre Mondiale, en 1914, il s'installe à l'Université de Bâle en Suisse. C'est la période où Michels resserre ses liens avec Pareto et avec l'économiste Maffeo Pantaleoni. En 1922, il salue avec sympathie la victoire de Mussolini et du fascisme. Il retourne définitivement en Italie en 1928 pour assumer la chaire d'Économie Générale auprès de la Faculté des Sciences Politiques de l'Université de Pérouse (Perugia). En même temps, il enseigne à l'Institut Cesare Alfieri de Florence. À cette époque, il donne de nombreuses conférences et cours en Italie et ailleurs en Europe. Ses articles paraissent dans la fameuse Encyclopaedia of the Social Sciences (1931). Il meurt à Rome à l'âge de 60 ans, le 2 mai 1936.

    Homme d'une très vaste culture, éduqué dans un milieu cosmopolite, observateur attentif des mouvements politiques et sociaux européens à la charnière des XIXe et XXe siècles, Michels fut, outre un historien du socialisme européen, un critique de la démocratie parlementaire et un analyste des types d'organisation sociale, un théoricien du syndicalisme révolutionnaire et du nationalisme, ainsi qu'un historien de l'économie et de l'impérialisme italien. Ses intérêts le portèrent également à étudier le fascisme, les phénomènes de l'émigration, la pensée corporatiste et les origines du capitalisme. À sa manière, il a continué à approfondir la psychologie politique créée par Gustave Le Bon et s'est intéressé, à ce titre, au comportement des masses ouvrières politisées. Il a également abordé des thèmes qui, à son époque, étaient plutôt excentriques et hétérodoxes, comme l'étude des relations entre morale sexuelle et classes sociales, des liens entre l'activité laborieuse et l'esprit de la race, de la noblesse européenne, du comportement des intellectuels et a brossé un 1er tableau du mouvement féministe. N'oublions pas, dans cette énumération, de mentionner ses études statistiques, tant en économie qu'en démographie, notamment à propos du contrôle des naissances et d'autres questions connexes.

    2. La redécouverte d'une œuvre

    Comme je viens de le signaler, son livre le plus important et le plus connu est intitulé Zur Soziologie des Parteiwesens in der modernen Demokratie ; il a été publié une 1ère fois en 1911 et une 2nde fois en 1925 (cette édition étant l'édition définitive). Il s'agit d'une étude systématique, consacrée aux rapports entre la démocratie et les partis, à la sélection des classes politiques, aux relations entre les minorités actives et les masses et au "leadership". La bibliographie de Michels comprend 30 livres et près de 700 articles et essais, dont beaucoup mériteraient d’être réédités (1). Son livre principal a été traduit en anglais, en espagnol, en français, en italien, etc.

    Malgré l'ampleur thématique, la profondeur et l’actualité de bon nombre d'analyses de Michels, son œuvre n'a pas joui du succès qu'elle mérite. Dans beaucoup de pays européens, on la cite mal à propos et les ouvrages critiques valables manquent. En compensation, plusieurs études de bonne tenue sont parues aux États-Unis, spécialement sur l'apport de Michels à la théorie du parti politique et à la définition du fascisme (2). Sa sympathie pour le mouvement de Mussolini est, évidemment, un des motifs qui ont conduit à l'ostracisation de son œuvre au cours de notre après-guerre. C'est un destin qu'il a partagé avec d'autres intellectuels, comme Giovanni Gentile (3). Autre motif : la diffusion en Europe de méthodes sociologiques américaines, lesquelles sont empiriques, descriptives, statistiques ou critiques / utopiques et ne prêtent guère d'attention à l'analyse des concepts et aux dimensions historiques et institutionnelles des phénomènes sociaux. Le style scientifique de Michels, qui est réaliste/réalitaire, anti-idéologique, démystifiant et dynamique, a été injustement considéré comme dépassé, comme l'expression anachronique d'une attitude éminemment conservatrice (4).

    Un retour de Michels s'annonce

    Récemment, toutefois, la situation a commencé à changer, surtout en Italie, pays que Michels considérait comme sa "nouvelle patrie". En 1966, on y publie, avec une étude préliminaire de Juan Linz, une traduction deZur Soziologie des Parteiwesens (5). En 1979 paraît une sélection d'essais sous la direction du spécialiste américain James Gregor (6). Une anthologie d'écrits relatifs à la sociologie paraît en 1980 (7). Deux ans plus tard, l'Université de Pérouse organise un colloque sur le thème de "Michels entre la politique et la sociologie" avec la participation des plus éminents sociologues italiens (8). A l'occasion du 50ème anniversaire de sa mort, d'autres publications ont été incluses dans les programmes des éditeurs. Les éditions UTET ont annoncé une vaste collection d' "écrits politiques". Giuffré a prévu, dans sa prestigieuse collection Arcana Imperii, une anthologie dirigée par Ettore Albertoni & G. Sola, qui portera le titre de Dottrine et istituzioni politiche. Ce même éditeur envisage également une traduction italienne de Sozialismus und Faschismus in Italien, œuvre parue initialement en 1925.

    Une contribution récente à la redécouverte de Michels se trouve dans le livre du professeur israëlien Zeev Sternhell, consacré à la genèse de l'idéologie fasciste en France (9). Selon Sternhell, Michels, comme Sorel, Lagardelle et De Man, incarne le courant "révisionniste", qui, entre 1900 et 1930, apporte une contribution décisive à la démolition des fondements mécanistes et déterministes du marxisme théorique, et à la critique de l'économisme et du réductionnisme matérialiste. Michels favorise ainsi la diffusion d'une conception de l'action politique fondée sur l'idée de nation et non de classe, couplée à une éthique forte et à une vision libre de la dynamique historique et sociale. D’après de nombreux auteurs, c'est là que résident les fondements où a mûri le fascisme avec son programme d'organisation corporative, de justice sociale, d'encadrement hiérarchique des institutions politiques et de limitation des corruptions dues au parlementarisme et au pluralisme partitocratique.

    Michels a été en contact avec les personnalités politiques et intellectuelles les plus éminentes de son époque, comme Brentano, Sombart, Mussolini, Pareto, Mosca, Lagardelle, Sorel, Schmoller, Niceforo, etc. Il nous manque encore pourtant une bonne biographie. Il serait très intéressant de publier ses lettres et son journal ; ces 2 éléments contribueraient à illuminer une période extrêmement significative de la culture européenne de ces 100 dernières années.

    3. La phase syndicaliste

    Dans la pensée de Michels, on peut distinguer 2 phases. La 1ère coïncide avec l'abandon de l'orthodoxie marxiste initiale et avec une approche du syndicalisme révolutionnaire et du révisionnisme théorique. La 2nde, la plus féconde du point de vue scientifique, coïncide avec la découverte de la théorie de Mosca sur la "classe politique" et de celle de Pareto sur l'inévitable "circulation des élites". Nous allons, dans la suite de cet article, examiner brièvement, mais avec toute l'attention voulue, ces 2 phases.

    Après qu'il ait publié de nombreux articles de presse et prononcé de nombreuses allocutions lors de congrès et de débats politiques, les 1ères études importantes de Michels paraissent entre 1905 et 1908 dans la revue Archiv(cf. supra) dirigée par Max Weber. Particulièrement significatifs sont les articles consacrés à "La social-démocratie, ses militants et ses structures" et aux "Associations. Recherches critiques", parus en langue allemande, respectivement en 1906 et en 1907. Michels y analyse l’hégémonie de la social-démocratie allemande sur les mouvements ouvriers internationaux et y envisage la possibilité d'une unification idéologique entre les diverses composantes du socialisme européen. Ce faisant, il met simultanément en exergue les contradictions théoriques et pratiques du parti ouvrier allemand : d'un côté, la rhétorique révolutionnaire et la reconnaissance de la grève générale comme forme privilégiée de lutte, et, d'un autre côté, la tactique parlementaire, le légalisme, l'opportunisme et la vocation aux compromis. Michels critique le "prudencialisme" des chefs sociaux-démocrates, sans pour autant favoriser le spontanéisme populaire ou les formes d'auto-gestion ouvrière de la lutte syndicaliste. Selon Michels, l'action révolutionnaire doit être dirigée et organisée et, de ce point de vue, les intellectuels détiennent une fonction décisive. Car décisif est le travail pédagogique d'unifier le parti politique. Le mouvement ouvrier se présente comme une riche constellation d’intérêts économiques et de visions idéalistes qui doit être synthétisée dans un projet politique commun.

    Dans son 1er livre, Il proletariato e la borghesia nel movimento socialista, publié en italien en 1907, Michels perçoit parfaitement les dangers de dégénérescence, d'oligarchisation et de bureaucratisation, intrinsèques aux structures des partis et des syndicats. Dans cette 1ère phase de sa pensée, Michels envisage une "possibilité" [involutive] qui doit être conjurée par un recours à l'action directe du syndicalisme. Pour lui, l'involution virtuelle du socialisme politique ne révèle pas encore son véritable sens qui est d’être une inexorable fatalité sociologique.

    4. La phase sociologique

    En 1911, paraît, comme nous venons de le signaler, sa "somme" importante sur le parti politique (10), l'œuvre qui indique son passage définitif du syndicalisme révolutionnaire à la sociologie politique. L'influence de Mosca sur sa méthode historique et positive a été déterminante. À partir d'une étude sur la social-démocratie allemande, comme cas particulier, Michels en arrive à énoncer une loi sociale générale, une règle du comportement politique. Michels a découvert que, dans toute organisation, il y a nécessairement des chefs préparés à l'action et des élites de professionnels compétents ; il a découvert également la nécessité d'une "minorité créatrice" qui se propulse à la tête de la dynamique historique ; il a découvert la difficulté qu'il y a à concilier, dans le cadre de la démocratie parlementaire, compétence technique et représentativité. La thèse générale de Michels est la suivante : "Dans toute organisation humaine à caractère instrumental (Zweckorganisation), les risques d'oligarchisation sont toujours immanents" (11). Il dénonce ensuite l'insuffisance définitive du marxisme : "Les marxistes possèdent certes une grande doctrine économique et un système historique et philosophique fascinant ; mais, dès que l'on entre dans le champ de la psychologie, le marxisme révèle des lacunes conceptuelles énormes, même aux niveaux les plus élémentaires". Son livre est riche en thèses et en arguments. Jugeons-en sur pièces :

    1) La lutte politique démocratique a nécessairement un caractère démagogique. En apparence, tous les partis combattent pour le bien de l'humanité, pour l’intérêt général et pour l'abolition définitive des inégalités. Mais, au-delà de la rhétorique sur le bien commun, sur les droits de l'homme et sur la justice sociale, on sent poindre une volonté de conquérir le pouvoir et se profiler le désir impétueux de s’imposer à l'État, dans l’intérêt de la minorité organisée que l'on représente. A ce propos, Michels énonce une "loi d'expansion", selon laquelle tout parti tend à se convertir en État, à s'étendre au-delà de la sphère sociale qui lui était initialement assignée ou qu'il avait conquise grâce à son programme fondamental" (12).

    2) Les masses sont incapables de s'auto-gouverner. Leurs décisions ne répondent jamais à des critères rationnels et elles sont influencées par leurs émotions, par des hasards d'ordres divers, par la fascination charismatique qu'exerce un chef bien déterminé et influent, qui se détache de la masse pour en assumer la direction de manière dictatoriale. À la suite de l’avènement de la société de masse et de la croissance des grands centres industriels, toute possibilité de réinstaurer une démocratie directe est désormais définitivement éteinte. La société moderne ne peut fonctionner sans dirigeants et sans représentants. En ce qui concerne ces derniers, Michels écrit : "Une représentation durable signifie, dans tous les cas, une domination des représentants sur les représentés" (13). De l'avis de Michels, ce jugement ne signifie pas le rejet de la représentation, mais bien la nécessité de trouver des mécanismes qui pourront transformer les relations entre les classes politiques et la société civile, de la manière la plus organique possible. Aujourd'hui, le véritable problème de la science politique consiste à choisir des formes nouvelles 1) de représentation et 2) de transmission des volontés et des intérêts politiques, qui se fondent sur des critères organiques, dans un esprit de solidarité et de collaboration, orientés dans un sens pragmatique et non inspirés de ces mythes d'extraction mécaniciste, qui ne visent que le pouvoir des partis et non le gouvernement efficace du pays.

    La compétence, c'est le pouvoir

    3) La foi politique a pris le relais de la foi religieuse à l’ère contemporaine. Michels écrit : "Au milieu des ruines de la culture traditionnelle des masses, la stèle triomphante du besoin de religion est restée debout, intacte"(14). C'est là une anticipation intelligente de l'interprétation contemporaine du caractère messianique et religieux/séculier, si caractéristique de la politique de masse moderne, comme c'est notamment le cas dans les régimes totalitaires.

    4) "La compétence est pouvoir", "la spécialisation signifie autorité". Ces 2 expressions récapitulent pour Michels l'essence du "leadership". En conséquence, la thèse selon laquelle le pouvoir et l'autorité se déterminent par rapport aux masses, ou dans le cadre des conflits politiques avec les autres partis, est insoutenable. D’après Michels, ce sont, dans tous les cas, des minorités préparées, aguerries et puissantes qui entrent en lutte pour prendre la direction d'un parti et pour gouverner un pays.

    5) Analysant 2 phénomènes historiques comme le césarisme et le bonapartisme, Michels dévoile les relations de parenté entre démocratie et tyrannie et se penche sur l'origine démocratique de certaines formes de dictature. "Le césarisme, écrit-il, est encore de la démocratie ou, du moins, peut en revendiquer le nom, parce qu'il tire sa source directement de la volonté populaire" (15). Et il ajoute : "Le bonapartisme est la théorisation de la volonté individuelle, jaillie au départ de la volonté collective, mais émancipée de celle-ci, avec le temps, pour devenir à son tour souveraine" (16).

    Légitimité et "loi d'airain des oligarchies"

    6) Carl Schmitt, dans son livre classique Legalität und Legitimität (1932), a développé une analyse profonde autour de la "plus-value politique additionnelle" qu'assume celui qui détient légalement le levier du pouvoir politique; il s'agit d'une espèce de supplément de pouvoir. Michels a eu une intuition semblable en écrivant: "Les leaders, disposant des instruments du pouvoir et, de ce fait, du pouvoir lui-même, ont pour eux l'avantage d'apparaître toujours sous la lumière de la légalité".

    7) Le livre principal de Michels contient beaucoup d'autres observations sociologiques : sur les différenciations de compétences ; sur les goûts et les comportements, lesquels, en tant que conséquences de l'industrialisation, ont touché les ouvriers et brisé l'unité de classe; sur les mutations sociales comme l'embourgeoisement des chefs et le rapprochement entre les niveaux de vie du prolétariat et de la petite bourgeoisie ; sur la possibilité de prévoir et de limiter le pouvoir des oligarchies au moyen du procédé technique qu'est le référendum et par le recours à l'instrument théorique et pratique du syndicalisme.

    8) La 6ème partie du livre est centrale et dédiée explicitement à la tendance oligarchique des organisations. Michels énonce la plus célèbre de ses lois sociales, celle qui évoque la "perversion" que subissent toutes les organisations : avec l'accroissement du nombre des fonctions et des membres, l’organisation, "de moyen pour atteindre un but, devient fin en soi. L'organe finit par prévaloir sur l'organisme". C'est là la "loi de l'oligarchie" dont il résulte que l'oligarchie est la "forme établie d'avance de la convivialité humaine dans les organisations de grande dimension".

    9) Le livre de Michels contient, dans sa conclusion, une volonté de lutte qui, partiellement, rappelle la vision historique tragique de Max Weber et de Georg Simmel ; c'est une volonté d'approfondir le choc inévitable entre la vie et ses formes constituées, entre la liberté et la cristallisation des institutions sociales, lesquelles caractérisent la vie moderne.

    5. L'Histoire

    Avec la publication en langue italienne du livre intitulé L'imperialismo italiano. Studio politico e demo-grafico(1914), le "retournement" de Michels est définitif. Avec la parution de cette œuvre, s'écroule un mythe, celui de l'internationalisme et de l’universalisme humanitariste. Dans l'œuvre de Michels, le nationalisme apparaît comme le nouveau moteur idéal de l'action politique, comme un sentiment capable de mobiliser les masses et d'en favoriser l’intégration dans les structures de l'État. L'analyse sociologique du sentiment national sera approfondie dans un volume ultérieur, d'abord paru en allemand (1929), et puis en italien (1933), sous le titre deProlegomeni sul patriottismo.

    A partir de 1913, paraissent en Italie plusieurs études importantes en économie : Saggi economici sulle classi popolari (1913), La teoria di Marx sulla poverta crescente e le sue origini (1920). L'approche que tente Michels en économie est de nature rigoureusement historique. Selon lui, il est plus important de tenir compte de l'utilité pratique d'une théorie économique que de ses corrections spéculatives purement formelles. L'interprétation de Michels est pragmatique et concrète. Il critique l’inconsistance de l' "homo oeconomicus" libéral, parce qu'à son avis, il n'existe pas de sujets économiques abstraits, mais des acteurs concrets, porteurs d’intérêts spécifiques. Il critique ensuite l'interprétation du marxisme, laquelle pose l'existence d'un conflit insurmontable au sein des sociétés. Michels reconnaît par là la fonction régulatrice et équilibrante de l'État et la nécessité d'une collaboration étroite entre les diverses catégories sociales. Pour cette raison, le modèle corporatif lui apparaît constituer une solution. Sa valorisation du corporatisme est contenue dans l'opuscule Note storiche sui sistemi sindicali corporativi publié en langue italienne en 1933.

    6. Le fascisme

    Dans cette phase-là de son œuvre, son activité d'historien, il la consigne dans des livres, écrits d'abord en allemand, puis traduits en italien : Socialismo e fascismo in ltalia (2 vol., 1925) ; Psicologia degli uomini significativi. Studi caratteriologici (1927), Movimenti anricapitalistici di massa (1927) ; puis dans des écrits rédigés directement en italien : Francia contemporeana (1926) et Storia critica del movimento socialista italiano(1926). Parmi les personnalités "significatives" dont il trace la biographie, figurent Bebel, De Amicis, Lombroso, Schmoller, Weber, Pareto, Sombart et W. Müller. En 1926, Michels donne une série de leçons à l'Université de Rome ; elles seront rassemblées un an plus tard en un volume, rédigé en italien : Corso di sociologia politica, une bonne introduction à cette discipline qui s’avère encore utile aujourd'hui. Dans ce travail, il retrace les grandes lignes de sa vision élitiste des processus politiques, émet une théorisation de l'institution qu'est devenue le "Duce" et développe une nouvelle théorie des minorités. Le "Duce", qui tire sa puissance directement du peuple, étend sa légitimité à l'ensemble du régime politique. Cette idée constitue, en toute vraisemblance, un parallèle sociologique de la théorie élaborée simultanément en Allemagne par les théoriciens nationaux-socialistes du dit "Führerprinzip".

    Cette relative originalité de Michels n'a pas été suffisamment mise en évidence par les critiques, qui se sont limités à le considérer seulement comme un génial continuateur de Mosca et de Pareto. En 1928, dans la Rivista internazionale di Filosofia del Diritto, paraît un essai important de Michels : Saggio di classificazione dei partiti politici. Par la suite, de nombreux écrits italiens furent réunis en 2 volumes : Studi sulla democrazia e l'autorità(1933) et Nuovi studi sulla classe politica (1936). L'adhésion explicite de Michels au fascisme s'est exprimée dans un ouvrage écrit d'abord en allemand (L'Italia oggi) en 1930, année où il s'inscrit au PNF (Parti National Fasciste). Dans ces pages, Michels fait l'éloge du régime de Mussolini, parce qu'il a contribué de manière décisive à la modernisation du pays.

    7. Conclusions

    La plus grande partie des notules relatives à la vie de Michels sont contenues dans son essai autobiographique, rédigé en allemand (Una corrente sindicalista sotteranea nel socialismo tedesco fra il 1903 e il 1907) et publié en 1932 ; cet essai demeure encore et toujours utile pour reconstruire les diverses phases de son existence, ainsi que repérer les différentes initiatives politiques et culturelles qu'il a entrepris ; on découvre ainsi son itinéraire qui va de la sociale-démocratie allemande au fascisme, de l'idéologie marxiste au réalisme machiavélien à l'italienne, des illusions du révolutionarisme à son credo conservateur. En résumé, il s'agit là d'une œuvre vaste, de grand intérêt. Nous espérons, en guise de conclusion à cette brève introduction, qu’elle contribuera à faire redécouvrir ce grand sociologue et à valoriser de façon équilibrée son travail.

    Notes :

    1.  Une bibliographie des travaux de Michels à été publiée en 1937 par les Annali de la faculté de Jurisprudence de l'Université de Pérouse.
    2. Par ex. D. Beetham, "From Socialism to Fascism : The Relation Between Theory and Practice in the Work of R. Michels" in: Political Studies, XXV, nn. 1 & 2. Cf. aussi G. Hands, "R. Michels and the Study of Political Parties" in : British Journal of Political Science, 1971, n. 2.
    3. Sur ce thème, W. Röhrich, R. Michels vom sozialistisch-syndikalistischen zum faschistischen Credo, Berlin, 1972. Cf. également R. Messeri, "R. Michels : crisi della democrazia parlamentare e fascismo" dans l'ouvrage collectif Il fascismo nell'analisi socioligica, Bologna, 1975.
    4. Remarquablement intéressantes sont les études de E. Ripepe (Gli elitisti italiani, Pisa, 1974) et de P.P. Portinaro, "R. Michels e Pareto. La formazione e la crisi della sociologia" in : Annali della Fondazione Luigi Einaudi, Torino, XI, 1977.
    5. Roberto Michels, Les partis politiques, Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties,Flammarion, Paris, 1971.
    6. A. James Gregor, Roberto Michels e l'ideologia del fascismo, Roma, 1979. À la suite d'une longue introduction, on trouvera dans ce volume un vaste choix de textes de Michels.
    7. Roberto Michels, Antologia di scritti sociologici, Bologna, 1980.
    8. Les contributions à ce colloque ont été rassemblées par G.B. Furiozzi dans le volume Roberto Michels Ira politica e sociologia, ETS, Pisa, 1985.
    9. Z. Sternhell, Ni droite ni gauche, Seuil, 1983.
    10. À propos de la contribution de Michels à la "stasiologie" (science des partis politiques), voir G. Femàndez de la Mora, La partitocracia, Instituto de Estudios Politicos, Madrid, 1977, pp. 31-42. À propos de l'influence de Michels sur Ortega y Gasset, voir I. Sanchez-Camara, La teoria de la minoria selecta en el pensamiento de Ortega y Gasset, Madrid, 1986, pp. 124-128.
    11. Michels, Les partis politiques..., op.cit.
    12. (13)(14)(15)(16) Ibidem

    par Alessandro Campi

    Source : Alessandro CAMPI, revue Vouloir n°50/51 (nov. 1988). Texte issu de Diorama Letterario, Florence ; tr. fr. R. Steuckers.

    http://vouloir.hautetfort.com/index-13.html

  • La droite a un boulevard... Elle ne le voit pas

    Les causes du « séisme » des 25 % de votes « Marine » aux Européennes sont connues, la machine européenne qui s'emballe et dont plus personne ne veut sauf une Upper class très intéressée, qui devrait encore arriver à ses fins tant est grande la force de l'inertie.

    Il faut voir - sur internet - à ce sujet la dernière ZEN (Zemmour et Naulleau), une émission passionnante avec Alain Finkiel-kraut et Michel Onfray. En écoutant ces quatre intellectuels qui proviennent de la droite et de la gauche, j'ai été surpris de l'accord foncier qui se dégage de leurs propos, des propos qui par ailleurs apparaissent comme en rupture vis-à-vis du Politiquement correct.

    Nous vivons, ce me semble, un moment historique où la pratique (libérale et multiculturelle à tous crins) est en train de se séparer de la pensée (identitaire et nationale). Traité transatlantique de libre-échange avec les États-Unis (comme s'ils pouvaient jouer le jeu), intégration progressive de l'Ukraine à l'UE, la machine va de l’avant. Il n'est pas question de reculer. Les agriculteurs français vendront leur blé aux États-Unis au prix indiqué par les acheteurs qui vendront le leur au plus offrant. Ce sera la nouvelle PAC !

    Non, on n'est plus capable de verbaliser le grand Projet magique de la prospérité pour tous, dont s'est paré le libéralisme international. On sait bien - tout le monde sait bien - que les différences entre les très riches (quelques-uns) et les pauvres (de plus en plus nombreux), en Europe comme aux États-Unis, n'ont jamais été aussi importantes et qu'après l'ivresse de la mondialisation heureuse que nous prophétisait Alain Minc, il y a la gueule de bois technocratique.

    Miroir cassé

    La pratique libérale, assumée pourtant largement par la Gauche dans des Pensoirs comme Terra nova, n'ose plus se penser elle-même. Elle n'ose plus s'avouer à elle-même ce qu'elle est et ce qu'elle fait. Elle va jusqu'au bout de sa logique, on sent qu'elle y va de plus en plus vite parce qu'elle se sent menacée. L'Europe continue, l'Europe décide, elle force le passage vers l'avenir radieux imaginé naguère par Jean Monnet, cette alliance commerciale et politique avec les EU, à parité euro-dollars. Voilà le but, on le sent, on le sait. Mais l'Europe n'en parle pas, elle n'aime pas qu'on parle d'elle (quelle discrétion nouvelle cette campagne des Européennes !). L'Europe ne fait plus de promesse, elle ne défend plus un idéal d'avenir, parce que le calcul est trop visible et qu'il est trop laid. Elle garde pour elle la rationalité commerciale et financière, oui. On sait que les rationalisations européistes ne sont pas perdues pour tout le monde. Mais l'Europe a perdu la pensée. Elle ne se pense plus.

    La pensée, à droite et à gauche, ce qui reste de la pensée est désormais massivement anti-européenne, alors que la Upper class reste massivement européenne. Voilà le divorce auquel on assiste. Il risque d'y avoir de la vaisselle cassée.

    Tout changer

    L'émission ZEN, dont je parlais en commençant, montrait bien cette immense fracture entre la classe intellectuelle, un peu en avance, et la classe politique, toujours en retard. Il y en a un parmi les politiques qui a compris et analysé, ce divorce, c'est Laurent Wauquiez, le maire du Puy, un catho revendiqué, ça fait toujours plaisir, un européiste convaincu... et repenti. Il faut lire son Europe il faut tout changer (éd. Odile Jacob).

    Il souhaite, lui, aller non pas dans la logique du renoncement, de l'abstention et de l'autodestruction, non ! Il faut tout changer : « Sortons une bonne fois pour toutes de l'Europe à 28, reconstituons le noyau dur des premiers bâtisseurs, les pays qui ont porté sur les fonds baptismaux la construction européenne et qui partagent une vraie vision commune : la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, l'Italie et j'ajoute l'Espagne. Et c'est tout. J'exclus délibérément le Luxembourg et son paradis fiscal. Je ne songe pas un instant au Royaume uni. » Utopie ? Ras le bol surtout et certitude que CELA ne peut pas marcher.

    C'est un véritable consensus intellectuel anti-correetness qui émerge en ce moment et la dernière cette année de l'émission ZEN en était le signe irrécusable. Les deux invités étaient l'un de droite (Finkielkraut) et l'autre de gauche (Onfray), mais ils avaient le même discours, que Finkielkraut a résumé en sortant une citation de sa poche. La philosophe Elisabeth de Fontenay, qui n'est pas de droite, écrit ceci, qui aujourd'hui fait un consensus intellectuel à droite et à gauche, contre la Pensée unique : « C'est une erreur politique que de neutraliser l'un des éléments les plus vivaces de l'expérience humaine, le sentiment d'appartenance à une nation ou à un peuple, car cela engage les hommes à se précipiter dans l'abstraction marchande, qui les rend équivalents mais pas égaux. »

    Réponse sans âme a l'éternelle question

    Notre problème, non seulement politique mais spirituel et simplement humain, c'est celui de notre enracinement, de notre appartenance : qui sommes-nous ? Nous ne sommes pas des structures commerciales. L'Argent n'a pas d'âme. Et c'est notre âme qui nous manque. Si le combat de la droite a un sens aujourd'hui, c'est d'être un combat pour l'identité des personnes et des peuples, pour l'âme des personnes et des peuples, contre la réduction sordide de toute relation humaine au commerce et de tout commerce à l'idolâtrie du Veau d'or. Les gens qui réfléchissent, à droite et à gauche, j'ai cité quelques noms mais il y en a beaucoup d'autres, comprennent bien ce détriment d'âme, de quelque manière qu'ils le nomment.

    Seuls nos politiques (disons la plupart d'entre eux) semblent ne rien voir. Et pourtant, c'estquand il y a désaccord entre la politique et lapensée commune qu'ont lieu les révolutions...
    La prochaine révolution sera-t-elle identitaire etspirituelle ? Dans cette défense de l'âme ou del'identité des personnes et des peuples, la droitea un boulevard.

    Alain Hasso monde & vie 9 juillet 2014 

  • Le summum de la désinformation sioniste.

    Afin d’obtenir le soutien de la population américaine pour les crimes que l’armée israélienne commet avec son argent, les merdias US sont prêt à tout et surtout à faire passer les Israéliens pour les éternelles victimes.

    Afin de montrer à quel point les Israéliens souffraient des attaques du Hamas, le chaine ABC a montré une familles dite israélienne désemparée à côté de la maison qu’elle venait de perdre à cause d’un missile. Mais en réalité aucune famille israélienne, contrairement à des centaines de familles palestiniennes, n’a perdu sa maison. La chaines ABC, appliquant le principe au plus gros le mensonge au plus ça passe, a donc filmé une famille Palestinienne et raconté à son public qu’il s’agissait d’une famille israélienne.

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Les martyrs ont un nom.

    Ils s’appelait Fakher Al Ajouri, était agé de 22 ans. Il était commerçant et livrait les magasins avec son tricycle à cargo. Un drone Israélien l’a pris pour cible sans raison. Comme la très grande majorité des victimes des raids israéliens, il n’avait rien avoir avec le Hamas.

    Fakher était aussi le cousin de Mohammed Moussa, l’un de nos contactes sur Gaza. Toute nos pensées vont vers Mohammed et sa famille.

    J’ai eu l’occasion de lui parler depuis la mort de Fakher. Il était bien sûr bouleversé. Ce qui est terrible, c’est qu’en plus des crimes dont ils sont les victimes, les Palestiniens ont l’impression que tout le monde est indifférent à leur sort. C’est aussi pour leur montrer que ce n’est pas le cas que j’écris cet article. Faites le passer, c’est la moindre des choses que nous puissions faire alors que les alliés de «notre» gouvernement, dont le premiers ministre est éternellement attaché à Israël, tuent les membres de leurs familles ainsi que leurs amis.
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    Elle s’appelait Maryam Al-Misry et elle avait 9 ans. Elle était la joie de sa famille. Après 3 fausses couches, elle était l’enfant tant désiré. Elle a été assassinée par l’armée israélienne.

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    La nouvelle maison de la famille Al-Haj a été prise pour cible par un missile israélien, faisant 7 morts. La photos est ce qu’il reste de l’une des petites victimes.

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    Les familles Al-Misry et Al-Haj étaient proches de Marwan, l’un de nos contactes sur place, qui lui aussi à perdu un membre de sa famille lors d’une attaque israélienne, il y a quelques jours.

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Les Sentinelles essaiment en Italie

    Pour la première fois, Bisceglie, dans les Pouilles, a accueilli une centaine de Sentinelles hier :

    Bisceglie

    Une première aussi à Cagliari, en Sardaigne, le 9 juillet :

    Cagliari

    Le 30 juin, à Levanto (Ligurie) :

    Levanto

    ... Lire la suite

  • Regard sur l'actualité

    Varg Vikernes condamné

    Comme c’était à craindre, le musicien norvégien Varg Vikernes a été condamné à 6 mois de prison avec sursis et 8000 € d’amendes par la 17 e chambre correctionnelle. Pour nous qui suivons cette affaire depuis le départ, nous ne pouvons qu’être atterrés par une telle décision qui ne repose que sur du vent et les discours emphatiques des professionnels de l’indignation. C’est en tout cas la démonstration que la justice n’a plus comme raison d’être que de punir les récalcitrants au projet libéral mondialiste. Espérons simplement que cette décision n‘en entrainera pas d’autres et que Varg Vikernes pourra désormais tranquillement élever ses poules et planter ses salades en Corrèze. Et composer de la musique.

    Une institutrice assassinée….

    Fabienne Terral-Calmès, 34 ans, a été assassinée par une dénommée Rachida, qui aurait des troubles psychiatriques. Combien y a-t-il chaque année de professeurs qui sont agressés par des parents « mécontents » ? Entre enfant roi, déficience psychiatrique, dénigrement de la profession, citoyen-client et un zeste de déterminisme culturel, il n’est pas bien compliqué de se douter que nombreux sont les drames dont on ne parle jamais comme ces jeunes enseignantes molestées à qui l'on demande de garder le silence… L’omerta est devenue la règle dans l’Education nationale et il faut attendre des drames comme celui-là pour se dire que peut-être ce n’est pas un métier facile et que quelque soit aujourd’hui le lieu où l'on enseigne, on peut se faire agresser.

    … et une régularisation à la clef

    Edifiant aussi, le profil de cette enseignante qui œuvrait à la régularisation d‘une famille africaine. Et c’est ainsi qu’en sa mémoire, la régularisation a été acceptée. Moins d’insécurité mais toujours autant d‘immigration. C’est ça le programme et c’est pour ça qu’on devrait agir ? Cette affaire est la preuve qu’on peut-être victime de la violence quotidienne sans que cela ne conduise à une prise de conscience sur l’immigration. Si les deux sujets peuvent être liés, il faut être prudent lorsqu’on aborde l’un et l’autre. Lier la sécurité et l’immigration, cela peut aussi faire le jeu de la droite sécuritaire et de l’immigration choisie. C’est aussi mettre sur le tapis le contrôle de la population (caméra, etc…). Nous, on ne veut pas plus de flics, plus de caméras, plus de répression contre tout ce qui trouble la quiétude des « bons Français », on veut la remigration.

    Femmes, viols et violences

    A la suite des agressions dont ont été victimes des jeunes femmes, j’ai lu un chiffre édifiant, en France il y aurait 75000 viols par an et pas loin de 200000 tentatives ! Une femme se ferait violer en France toutes les 7 ou 8 minutes ! Ces chiffres sont particulièrement inquiétants et nous concernent tous. Cela sans compter les agressions multiples et répétées, les insultes et tous les comportements grossiers et outranciers dont sont victimes les femmes. Qu’il y ait certaines femmes avec des comportements inappropriées, c’est un fait, mais il faut arrêter de nous faire croire que les victimes sont forcément des « chaudasses qui l’ont bien cherché ». En réalité de tout ça, les femmes en parlent peu, souvent par crainte d’être jugées ou qu’on les culpabilise. Il faut à l’inverse être à l’écoute de sa femme, de ses filles ou de toute personne de votre entourage, et vous verrez que pour certaines femmes c’est un véritable enfer quotidien. Pour conclure, il me semble aussi qu’il est impossible d’avoir certaines attitudes vis-à-vis des femmes quand on prétend être un militant de la cause européenne. Réfléchissez-y.

    Le sport pris en otage

    C’est une grande habitude, les événements sportifs sont l’occasion d’une intense propagande dont les sportifs sont parfois les relais zélés. Au Brésil, tout a été fait pour retarder l’échéance. Cette pitoyable équipe du Brésil, la plus mauvaise jamais vue dans l’histoire de ce pays, aura tout de même atteint les demi-finales pour occuper les esprits. « Samba », « capoeira », « soleil », « plage » nous ont été vendus pour un tableau bien clichesque de ce pays dont la réalité est pourtant moins glorieuse : misère, épuration sociale, police militaire, police privée, manque de perspective pour la jeunesse, déforestation, OGM, … il concentre le pire de la mondialisation. Nous saluons son élimination et nous espérons de grandes et belles révoltes populaires dans ce pays. Nous espérons aussi que nos adversaires se rendront compte que les campagnes anti-racistes de la FIFA ne sont là que pour masquer son mépris des luttes populaires et de l’exploitation des travailleurs. C’est l’illustration éclatante que l’anti-racisme est un combat pour tartuffes alors que le vrai combat est toujours le même : contre l’oligarchie mondialiste qui assassine  les peuples.

    Les affaires de l’UMP

    Pendant que le foot occupe les esprits (26 millions de téléspectateur pour France – Allemagne d’après un dernier chiffre). L’UMP se déchire sous fond de magouilles en tout genre. Un tel niveau de magouilles n’a d’ailleurs me semble-t-il jamais été vu. On parle aussi d’une dette de 75 millions d’€. Une paille, en somme. Cette affaire ne fait que démontrer, et au fond les politiciens de droite, comme de gauche, le savent, les limites du système. Non seulement les sommes utilisées pour pérenniser leur pouvoir, leurs intérêts et donc leur système sont de plus en plus fortes pour des résultats peu reluisants mais cela traduit également l’impossibilité d’une démocratie véritable puisque seuls les plus riches (et non les plus avisés ou les plus talentueux) et ceux à qui l'on veut bien prêter peuvent faire de la politique. Ce système conduit donc inévitablement au copinage, aux collusions, aux conflits d’intérêts, … je ne sais pas comment font encore les électeurs pour voter pour ces partis, mais je ne peux pas rationnellement envisager que cela va pouvoir durer encore longtemps. Si l’argent a pu être source de mobilité sociale (parce que le système y avait un intérêt) il est aujourd’hui facteur de sclérose de la société.

    Jean / C.N.C http://cerclenonconforme.hautetfort.com/